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    Les expériences des jeunes sur le marché du travail après la fin des études : l'effet des cheminements scolaires au fil du temps

    Les expériences des jeunes sur le marché du travail après la fin des études : l'effet des cheminements scolaires au fil du temps

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    Chapitre 1
    Introduction et survol des études publiées

    Au cours des dernières années, de nombreuses études ont porté sur les cheminements scolaires au Canada. Dans l'une des plus récentes, Doray, Picard, Trottier et Groleau (2009), de la Fondation canadienne des bourses d'études du millénaire, conceptualisent les cheminements scolaires selon trois paradigmes différents : la sélectivité du système d'éducation, la complexité des cheminements scolaires et, enfin, la transition à l'âge adulte. Sur le plan conceptuel, il s'agit de trois points de départ importants dans l'analyse des cheminements scolaires empruntés par les jeunes. Si la nature sélective du système est importante en soi, ce sont plutôt les deux autres paradigmes conceptuels qui nous intéressent. Par exemple, les jeunes ne suivent pas tous le même parcours scolaire : certains jeunes passent directement des études secondaires aux études postsecondaires, d'autres reportent ce passage et d'autres encore ne font jamais d'études postsecondaires. De plus, pendant qu'ils sont aux études, les jeunes passent habituellement par une ou plusieurs phases de la transition à l'âge adulte. Ils peuvent quitter le foyer parental, fonder une famille (avoir des enfants ou vivre en couple) et entrer dans la population active, ou du moins songer aux perspectives d'emploi qui les attendent à la fin de leurs études. L'éducation joue donc à cet égard un rôle crucial, car elle influe sur la transition à l'âge adulte.

    Nous savons qu'au milieu et à la fin de la vingtaine, une grande partie des jeunes adultes ont terminé leurs études et que la majorité d'entre eux font maintenant partie de la population active. Par exemple, à l'aide des données de l'EJET, Shaienks et Gluszynski (2009) constatent qu'environ 70 % de la cohorte de jeunes âgés de 18 à 20 ans en 2000 n'étaient plus aux études et travaillaient à temps plein en décembre 2007, à l'âge de 26 à 28 ans. De plus, la vingtaine étant une période de grands changements, on a besoin de données longitudinales pour étudier ces changements et processus importants. Cooksey et Rindfuss (2001, p. 733) résument ainsi les processus qui ont lieu durant cette phase de la vie : « [b]y the time young men and women reach their middle 20s, they have already experienced diverse life histories, in terms of their family backgrounds and their work, education, marriage, and family formation pathways since leaving high school. » Les expériences de la vie n'étant pas compartimentées, mais vécues simultanément, la décision de poursuivre des études ou d'y renoncer peut influer sur d'autres aspects de la vie.

    L'un de ces aspects de la vie est le bien-être socio-économique. Nous savons que l'emploi et les gains constituent des indicateurs importants de la réussite socio-économique à toutes les étapes de la vie. Au début de l'âge adulte, les gains suivent une trajectoire abrupte qui est inextricablement liée à l'éducation (Luong et Hébert, 2009). De plus, le lien entre l'éducation et le statut socio-économique à long terme est bien documenté. Par exemple, Chen et Caplan (2003) ont constaté des effets directs et indirects de l'échec scolaire au cours des premières années d'études sur le bien-être socio-économique au début de l'âge adulte.

    En matière d'éducation, plusieurs facteurs s'avèrent pertinents lorsqu'on examine les cheminements scolaires empruntés par les jeunes. Le premier concerne le décrochage des études secondaires. Les jeunes décrocheurs peuvent être très désavantagés sur le marché du travail, au début et à long terme, surtout s'ils ne retournent jamais aux études. Nous connaissons, par exemple, les difficultés qu'éprouvent les personnes peu instruites (Chen et Caplan, 2003; de Broucker, 2005a et b; Hango et de Broucker, 2007; Rumberger et Lamb, 2003). Elles sont plus susceptibles d'être sous-employées ou, si elles sont occupées, elles travaillent dans des secteurs de l'économie où la rémunération est très faible. Pourtant, il importe de tenir compte de l'incidence du retour des décrocheurs aux études secondaires (Looker et Thiessen, 2008). Ces sortants du secondaire peuvent être en mesure de regagner en partie le terrain perdu sur le marché du travail en finissant par obtenir un diplôme ou une formation supplémentaire (Hamil-Luker, 2005; Rumberger et Lamb, 2003). Palameta et Zhang (2006) observent, par exemple, que le retour aux études ou, de façon plus générale, l'éducation des adultes, s'avère rentable sur le marché du travail, mais seulement chez les titulaires d'un certificat d'études postsecondaires.

    Un deuxième facteur pertinent concerne l'écart entre les jeunes qui suivent un parcours scolaire direct et ceux qui reportent le passage des études secondaires aux études postsecondaires. Un nombre croissant d'études portent sur l'année de « pause » pendant laquelle les jeunes ne passent pas directement aux études postsecondaires après avoir obtenu un diplôme d'études secondaires. Si la « pause » d'une année est plus courante dans des pays comme l'Australie et le Royaume-Uni (Heath, 2007; Jones, 2004), cette tendance se répand également au Canada (Conseil canadien sur l'apprentissage, 2008; Hango, 2008). Les avis sont partagés quant à l'avantage ou à l'inconvénient de faire une pause, mais certaines études laissent entendre que les « stoppeurs » sont moins susceptibles de poursuivre des études postsecondaires et d'obtenir un grade universitaire (Bozik et DeLuca, 2005), ce qui pourrait peut-être avoir des répercussions à long terme sur leurs gains futurs. Light (1995), par exemple, a constaté qu'aux États-Unis, les personnes qui reportaient leurs études obtenaient des hausses de salaire inférieures à celles de leurs homologues qui poursuivaient leurs études. Pourtant, Hango et de Broucker (2007), ainsi que Dubois (2007), ne constatent pas d'écart important entre les travailleurs qui ont reporté leurs études postsecondaires et ceux qui ne l'ont pas fait. D'après les données de l'Enquête nationale auprès des diplômés (END), Dubois (2007) constate même que les diplômés collégiaux et universitaires qui ont reporté leurs études touchent, deux ans après l'obtention de leur diplôme, des gains plus élevés. Toutefois, des différences de définition entravent la recherche dans ce domaine et l'on ignore s'il existe un temps de « pause » optimal entre les études secondaires et postsecondaires.

    Un troisième aspect, abondamment étudié, du lien entre l'éducation et le marché du travail concerne le plus haut niveau de scolarité atteint (voir dans Card, 1999, un examen des études publiées sur le lien entre les facteurs économiques et le niveau de scolarité). Selon la théorie économique bien établie du capital humain, un niveau de scolarité élevé et l'acquisition de connaissances et de compétences accroîtraient la valeur du capital humain d'une personne, que cette dernière utilise ensuite sur le marché du travail (Becker, 1964). De plus, le modèle de l'accession au statut proposé par Blau et Duncan (1967), selon lequel il existe un lien étroit entre l'éducation, la profession et la situation sur le marché du travail, s'est imposé dans le domaine de la recherche sociologique (voir dans Kerckhoff, Raudenbush et Glennie, 2001, un exemple de comparaison entre différentes approches théoriques). De façon générale, toutefois, quelle que soit l'approche théorique adoptée, on constate uniformément, au Canada et ailleurs, que les diplômés universitaires affichent les taux de réussite les plus élevés sur le marché du travail (Blundell, Dearden, Sianesi, 2005; Ferrer et Riddell, 2002; Kerckhoff et coll., 2001).

    Outre l'importance de l'éducation sur le marché du travail, il existe de nombreux autres facteurs pertinents. Par exemple, il faut tenir compte du sexe en raison des différences entre les parcours scolaires des hommes et des femmes et entre leurs expériences sur le marché du travail (Bobbitt-Zeher, 2007; Frenette et Coulombe, 2007). Aussi, le lieu de naissance et le niveau de scolarité des parents sont également importants (Caspi, Wright, Moffitt et Silva, 1998; Ferrer et Riddell, 2008), surtout si l'on tient compte de l'importance de l'adaptation des immigrants au pays d'accueil et aux domaines de l'éducation et du travail, ainsi que de l'influence du niveau de scolarité des parents.

    De plus, de nombreux facteurs présents pendant les études secondaires influent sur la poursuite des études et sur le marché du travail, notamment le fait de travailler pendant les études secondaires ainsi que les notes moyennes. Un certain nombre d'études ont documenté le lien entre le travail pendant les études secondaires et les résultats ultérieurs sur le marché du travail (Krahn, Lowe et Lehmann, 2002; Leventhal, Graber et Brooks-Gunn, 2001; Marsh et Kleitman, 2005). D'une part, certains soutiennent que l'expérience de travail acquise pendant les études secondaires permet aux jeunes d'acquérir le sens des responsabilités, voire de paraître sérieux, travaillants et responsables aux yeux de futurs employeurs. Par contre, le fait de travailler nuirait à l'achèvement des études secondaires car il serait lié à de faibles résultats scolaires, mais seulement à des niveaux très élevés (Sunter, 1993), alors qu'à des niveaux faibles ou modérés, il serait plutôt bénéfique (Ruhm, 1997). De plus, les notes scolaires sont étroitement liées à la poursuite d'études postsecondaires puisque de nombreux programmes exigent une note moyenne minimale comme condition d'admission; toutefois, le lien direct avec les résultats ultérieurs sur le marché du travail est moins évident. Pourtant, une étude intéressante de Green et Riddell (2001) révèle une corrélation positive entre les capacités scolaires élevées, mesurées par des tests de lecture et de mathématiques, et les gains futurs.

    Enfin, plusieurs facteurs contemporains, présents à peu près en même temps qu'une personne entre ou reste sur le marché du travail, influencent également la participation à la vie active. Il s'agit de facteurs géographiques, familiaux et individuels. Sur le plan géographique, la province canadienne de résidence a une incidence sur les gains et sur l'emploi, car le marché du travail varie d'une région à l'autre (Sharan, 2000). Les différences dans la taille de la population régionale peuvent aussi avoir une incidence sur la situation vis-à-vis de l'activité (Vera-Toscano, Phimister et Weersink, 2004). Sur le plan familial, les deux facteurs les plus importants à l'égard du marché du travail sont la présence d'enfants dans le ménage et l'état matrimonial. Les enfants ont souvent une incidence négative sur la participation à la vie active, surtout chez les femmes (Zhang, 2009), de même que le fait d'être marié, dans la mesure où le ménage compte des enfants. Enfin, des caractéristiques individuelles comme l'âge ou la présence d'un état physique ou mental limitatif peuvent avoir une incidence sur la situation sur le marché du travail (Knapp, Perkins, Beecham, Dhanasiri et Rustin, 2008).

    1.1 Objectifs et questions de recherche

    Le présent rapport vise trois objectifs :

    1. Mettre à profit l'étude de Hango et de Broucker (2007), basée sur les cycles 1 à 3 de l'Enquête auprès des jeunes en transition (EJET). Les auteurs ont étudié l'incidence du cheminement scolaire sur les premiers résultats sur le marché du travail, lorsque les jeunes de la cohorte B de l'EJET étaient âgés de 22 à 24 ans. La diffusion récente des données du cycle 5 permet d'étudier le lien entre l'éducation et les premiers résultats sur le marché du travail sur une plus longue période, à l'aide de données sur les jeunes âgés de 26 à 28 ans.
    2. Mesurer les résultats sur le marché du travail au fil du temps. Il est nécessaire d'évaluer le marché du travail au fil du temps afin de bien expliquer la transition des jeunes Canadiens à l'emploi et à la vie professionnelle. Finnie (1999, 2001), par exemple, laisse entendre que l'adaptation au marché du travail est un processus et qu'il faut donc étudier la transition à plus d'un moment. De même, Thomas et Zhang (2005) ont aussi évalué les résultats sur le marché du travail à deux points dans le temps.
    3. Examiner le lien entre l'éducation et les résultats sur le marché du travail pour tous les niveaux de scolarité. Les analyses fondées sur l'Enquête nationale auprès des diplômés tiennent compte uniquement des titulaires d'un diplôme d'études postsecondaires (Finnie, 1999, 2001; Thomas et Zhang, 2005). Elles brossent donc un tableau incomplet des premiers résultats sur le marché du travail, car elles ne saisissent pas l'éventail complet des cheminements scolaires empruntés par les jeunes vers la vie active. En effet, elles ne tiennent pas compte de certains jeunes adultes parmi les plus vulnérables de la société : ceux qui possèdent au plus un diplôme d'études secondaires. Au Canada, ce groupe est devenu plus restreint au fil du temps, mais il constitue toujours une population très vulnérable (de Broucker, 2005a).

    Quatre grandes questions de recherche sont abordées dans la présente étude; chacune est influencée par les trois objectifs susmentionnés, et toutes ont trait à l'incidence des cheminements scolaires sur les résultats des jeunes Canadiens sur le marché du travail.

    1. Les effets de l'éducation sur les résultats sur le marché du travail évoluent-ils au fil du temps?
    2. Le fait de faire une pause après les études secondaires a-t-il une incidence?
    3. Le retour aux études profite-t-il aux sortants du secondaire?
    4. Comment les titulaires d'un diplôme d'études postsecondaires se distinguent-ils entre eux?

    La section suivante décrit les données, les méthodes, le plan d'étude et la stratégie de modélisation adoptée; elle présente ensuite les résultats, répartis en trois volets : analyse descriptive, estimation de la probabilité d'emploi pendant toute l'année (à l'aide de la régression logistique) et estimation du logarithme des gains annuels (à l'aide de la régression des moindres carrés ordinaires). Toutes les analyses sont effectuées un an ou deux, puis cinq ou six ans après la fin des études à temps plein.

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