Transition et progression : persévérance dans les études postsecondaires dans la région de l'Atlantique, données du SIEP

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Ross Finnie , Université d'Ottawa
Theresa Qiu, Statistiques Canada

Sommaire

Le présent rapport fournit de nouvelles données empiriques concernant les cheminements au niveau postsecondaire dans la région de l'Atlantique, à partir de l'ensemble de données du Système d'information sur les étudiants postsecondaires (« SIEP »). Le SIEP a été élaboré à Statistique Canada, à partir de dossiers administratifs d'étudiants soumis en format standard par les divers établissements postsecondaires (publics). La région de l'Atlantique est particulièrement bien placée pour profiter du SIEP, du fait de sa participation quasi universelle au projet entre 2001 et 2004 inclusivement, la période couverte par la présente analyse.

Dans le cadre du présent projet, les enregistrements de personnes données ont été couplés pour chacune des années visées (dans le cas où la personne était inscrite à plusieurs programmes) et au fil du temps (lorsque la personne figurait dans les données pour plus d'une année), ce qui nous a permis de déterminer – et de suivre – les cheminements des étudiants au niveau postsecondaire. En outre, ce qui constitue l'une des forces particulières (et uniques) du SIEP, c'est que la vaste couverture et le couplage longitudinal nous permettent de suivre les étudiants qui passent d'un établissement à un autre. Ce suivi comprend ceux qui poursuivent leurs études d'une année à l'autre en changeant d'établissement (c.-à-d. les « migrants »), ainsi que ceux qui abandonnent les études et reviennent (les « raccrocheurs »). Nous obtenons ainsi un aperçu beaucoup plus complet et précis des modèles de persévérance et nous pouvons corriger les perspectives plus limitées disponibles jusqu'à maintenant qui sont basées principalement sur des données pour des établissements particuliers (c.-à-d. lorsque les mouvements des étudiants entre les établissements ne sont pas observés).

Même si le SIEP comprend des enregistrements pour tous les étudiants, quels que soient leur type ou leurs caractéristiques, nous mettons l'accent sur ceux qui ont commencé de nouveaux programmes au cours de la période en question, et nous tentons de déterminer qui, pour chaque année d'étude, i) obtient un diplôme, ii) poursuit le même programme (c'est-à-dire qui n'a pas obtenu de diplôme, mais qui est toujours inscrit dans le même établissement), iii) change de programme (c'est-à-dire qui poursuit des EPS, mais dans un autre établissement, peut-être à un niveau différent ou même dans une autre province), ou iv) abandonne les EPS sans obtenir de diplôme.

Nous déterminons aussi le nombre de décrocheurs qui reviennent aux EPS après avoir abandonné, encore une fois, peu importe si c'est dans le premier établissement ou dans un autre, au même niveau ou à un niveau différent, et dans la même province ou dans une autre.

Enfin, l'analyse comprend un suivi des personnes observées qui obtiennent leur diplôme d'un programme au cours de la période, afin de déterminer combien poursuivent leurs études, directement ou après avoir pris une courte pause et, le cas échéant, où elles le font (niveau, province d'études, etc.).

L'étude porte sur les étudiants postsecondaires des établissements publics de tous les niveaux dans la région de l'Atlantique : collégial, baccalauréat, maîtrise, doctorat, et premier grade professionnel. Dans ce cas, toutefois, l'accent est mis sur les étudiants au collégial et au baccalauréat pour des raisons qui ont trait à la fois à la taille de l'échantillon, à la nature des profils et aux préoccupations stratégiques connexes présumées.

Le document vise en outre à déterminer de façon générale les forces et les limites du SIEP, ainsi qu'à souligner des façons de poursuivre l'examen de la question.

Compte tenu des attributs particuliers des données du SIEP, l'étude est la première du genre pour la région. Elle est toutefois, à de nombreux autres égards, aussi unique au Canada, et même au niveau international. Il se peut donc, par conséquent, que les résultats présentés ici intéressent les chercheurs universitaires, les administrateurs d'établissements, les responsables des politiques au niveau postsecondaire et d'autres personnes qui s'intéressent à cette dynamique, y compris les étudiants eux-mêmes, non seulement dans la région de l'Atlantique, mais aussi partout au Canada, et peut-être même dans d'autres pays.

Notre analyse est effectuée au moyen d'un certain nombre d'échantillons différents, qui correspondent aux différentes situations des étudiants dont la dynamique nous intéresse. Les échantillons que nous privilégions imposent un ensemble plus strict de règles, afin que nous soyons davantage certains d'inclure les étudiants au début de leurs programmes. D'autres restrictions nous permettent de mettre l'accent sur ceux âgés de 17 à 20 ans au début de leurs études (et par conséquent plus susceptibles de se trouver au début de leurs EPS), mais nous rendons compte des résultats pour des échantillons plus larges que nous définissons aussi.

Nos principales constatations concernant les taux de persévérance de base comprennent les suivantes.

  • À partir du niveau universitaire, et en mettant l'accent sur nos échantillons les plus restreints (premier programme, étudiants de 17 à 20 ans au début de leurs études), nous déterminons que le « taux de décrochage » la première année, du point de vue des divers établissements (c.-à-d. en incluant les « migrants » ainsi que les véritables « décrocheurs ») est de 20,2 %, soit une proportion assez similaire aux fragments de données existants concernant cette dynamique.

  • Toutefois, certains de ces « décrocheurs » sont en fait des migrants : 5,1 % en termes absolus ou 25,2 % en termes relatifs lorsqu'on les compare à tous ceux qui quittent un établissement donné (c.-à-d. en comparaison avec les totaux de migrants et de décrocheurs indiqués précédemment). Nous remarquons ainsi que le fait de laisser de côté les changements d'établissement entraîne un biais substantiel dans les estimations des personnes qui abandonnent réellement les EPS. Les taux « réels » de décrochage (c.-à-d. des EPS entièrement) demeurent à 15,1 %.

  • Les taux de migration et d'abandon sont considérablement plus faibles la deuxième année, par rapport à la première, comme il fallait s'y attendre, mais ils demeurent substantiels. Par exemple, toujours à partir de l'échantillon des 17 à 20 ans, les taux d'abandon diminuent pour passer de 15,1 % à 11.7 %, tandis que les taux de migration passent de 5,1 % à 4.2 %.

  • L'élargissement de la liste des programmes dans lesquels les étudiants universitaires sont considérés comme des « migrants » (plutôt que des décrocheurs), en vue d'inclure les programmes qui ne sont pas de niveau postsecondaire offerts dans des établissements postsecondaires (p. ex., les cours de courtes durées, la formation linguistique, etc.) réduit le taux de décrochage un peu plus, le faisant passer à 13,8 %, et fait augmenter le taux de persévérance et les taux de migration en conséquence.

  • De ce point de vue, le « taux de décrochage » la première année passe de 20,2 %, lorsque l'on additionne les décrocheurs et les migrants (c.-à-d. « la perspective de l'établissement ») et qu'une gamme plus étroite de programmes est incluse dans le cas des migrants, à 13,8 % lorsque l'on tient compte uniquement des véritables décrocheurs et que les migrants comprennent les étudiants qui suivent des programmes qui ne sont pas de niveau postsecondaire dans des établissements postsecondaires. Cela représente une réduction de 6,4 points en termes absolus, ou de 32 % en termes relatifs du taux estimé de décrochage. Les données du SIEP fournissent pas conséquent une perspective substantiellement différente du nombre de décrocheurs au niveau postsecondaire par rapport à l'estimation à partir des données propres aux établissements.

  • Les taux de décrochage sont considérablement plus élevés chez les étudiants au collégial qu'au baccalauréat; 22,6 % (au collégial) comparativement à 15,1 % (au baccalauréat) la première année. En outre, la migration est presque négligeable dans le cas des étudiants au collégial, tandis que les chiffres sont élevés dans le cas des étudiants au baccalauréat.

  • Des taux de transition cumulatifs, qui correspondent essentiellement à la somme des enregistrements des différentes années, au fur et à mesure que l'étudiant progresse dans son programme (tout en tenant compte du fait que les données sont « censurées » au fil du temps) sont aussi fournis.

  • Il n'est pas étonnant de constater que les taux de décrochage sont beaucoup plus faibles chez les étudiants dans les programmes de maîtrise, de premier grade professionnel et de doctorat: la première année (et en fonction de restrictions d'échantillon quelque peu différentes, selon le cas) ils sont de 9,5 %, 5,5 % et 6,3 % aux trois niveaux respectivement. La migration est presque inexistante.

  • Les hommes ont des taux de décrochage considérablement plus élevés que les femmes au niveau universitaire (une différence cumulative de 28,4 %, comparativement à 21,9 % à la fin de la deuxième année), tandis que les taux de migration chez les femmes sont un peu plus élevés que chez les hommes. Les modèles selon le sexe sont toutefois plus partagés au niveau collégial : les taux de décrochage cumulatifs à la fin de la deuxième année sont presque identiques (31,3 % et 33,6 % respectivement).

  • Les taux de décrochage augmentent de façon substantielle selon l'âge des étudiants au baccalauréat, mais les taux de migration diminuent avec l'âge. Dans le cas des étudiants au collégial, les taux d'abandon sont légèrement plus faibles chez les étudiants plus âgés (les taux de migration demeurent négligeables).

  • Selon la province, les différences sont peut-être étonnamment faibles, compte tenu de la nature diversifiée des divers systèmes d'EPS, du point de vue du nombre d'établissements dans chaque province, de leur emplacement, de la structure des frais de scolarité, etc. Les taux de décrochage chez les étudiants universitaires de Terre-Neuve-et-Labrador, de l'Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick se situent à quelques points les uns des autres, tandis que la Nouvelle-Écosse enregistre des taux légèrement plus faibles. Les taux de migration sont très similaires dans les quatre provinces. Au niveau collégial, les taux de migration la première année sont aussi similaires d'une province à l'autre, sauf à l'Île-du-Prince-Édouard, où ils sont plus faibles.

Lorsque l'on examine où vont les migrants, nous trouvons ce qui suit.

  • Parmi les étudiants au baccalauréat (en mettant toujours l'accent sur le groupe des 17 à 20 ans, les modèles étant à peu près les mêmes pour l'échantillon plus large), les taux de migration sont de 5,1 % la première année (et légèrement plus faibles la deuxième). Les deux tiers de ces personnes demeurent au même niveau d'études dans leur nouveau programme, et à l'intérieur de ce groupe, une part légèrement plus grande d'étudiants demeurent dans la même province par rapport à ceux qui partent (1,9 % comparativement à 1,5 % en pourcentages réels).

  • Parmi le tiers restant de migrants la première année qui changent de niveau d'études pour passer de l'université au collège, la plupart demeurent dans leur province d'origine (1,4 %), tandis que les autres (seulement, 3 % dans l'ensemble) changent à la fois de niveau d'études et de province pour la poursuite de leurs études.

  • Dans l'ensemble, ainsi, seulement 1,8 % de tous les étudiants à la première année du baccalauréat partent pour étudier dans une autre province (de l'Atlantique), au même niveau d'études ou au niveau collégial au début de la deuxième année. En résumé, la mobilité interprovinciale chez les étudiants au baccalauréat dans les provinces de l'Atlantique semble être assez faible.

  • Comme il est mentionné précédemment, il n'y a pas beaucoup de migrants au niveau collégial globalement : par exemple, seulement 1,3 % et ,8 % au cours des deux premières années dans le groupe des 17 à 20 ans.

Combien de personnes retournent aux études postsecondaires après avoir abandonné? Nos résultats indiquent ce qui suit.

  • La première année, 25,0 % de tous les décrocheurs au baccalauréat (toujours en mettant l'accent sur l'échantillon des 17 à 20 ans) retournent aux études postsecondaires. Les taux de décrochage globaux sont par conséquent substantiellement surestimés lorsque ce groupe de « décrocheurs – raccrocheurs » n'est pas pris en compte. Autrement dit, les décrocheurs « permanents » sont considérablement moins nombreux que ne le laisse supposer le nombre de « décrocheurs temporaires ». Il s'agit du phénomène très bien connu, mais très peu quantifié, de « pause ».

  • Parmi ceux qui reviennent aux études, environ la moitié (11,9 % des 25,0 % au total) reviennent dans le même établissement (et au même niveau, c'est-à-dire qu'ils demeurent à l'université). Un autre pourcentage de 5,8 % demeurent au même niveau (c.-à-d. universitaire), mais changent d'établissement, et ils sont répartis presque également entre ceux qui demeurent dans la province (2,8 %) et ceux qui déménagent dans une autre province de la région de l'Atlantique (3,0 %). Enfin, 7,4 % changent de niveau d'études (c.-à-d. qu'ils passent au niveau collégial), et la plupart d'entre eux (5,7 %) demeurent dans la province, les 1,7 % qui restent changeant à la fois de niveau et de province.

  • Une proportion beaucoup plus faible de décrocheurs au collégial reviennent aux études : 11,5 % (17 à 20 ans) et 10,4 % (tous les âges) la première année d'observation. La plupart d'entre eux retournent dans le même établissement (et au même niveau), soit 8,5 % et 8,4 % respectivement. Parmi les autres, le nombre le plus grand change de niveau (c.-à-d. qu'ils passent à l'université – 2,0 et 1,4 %), presque tous dans la même province. Un autre petit groupe change d'établissement au même niveau, dont la presque totalité dans une autre province (,9 et ,6 %).

Notre étude examine en outre combien d'étudiants observés obtiennent leur diplôme au cours de la période en question et poursuivent leurs études. Nous avons déterminé ce qui suit.

  • Les taux de poursuite des EPS sont relativement élevés, même si les nouveaux programmes suivis à l'extérieur de la province ne sont pas comptés parce que le fichier du SIEP utilisé dans ce cas se limite à la région de l'Atlantique. Au plus tard trois ans après avoir obtenu leur diplôme, 36,5 % des étudiants au baccalauréat s'étaient inscrits dans un autre programme d'EPS, tandis que 30,3 % des diplômés au collégial avaient fait de même. La grande majorité d'entre eux (aux deux niveaux) se sont inscrits à de nouveaux programmes la première année suivant l'obtention de leur diplôme; les « années de pause » ne semblent pas particulièrement courantes au niveau postsecondaire, même s'il s'agit certainement d'un cheminement suivi par certains.

  • Parmi les diplômés au baccalauréat qui poursuivent leurs études, toutefois, 34,8 % le font dans des programmes d'études postsecondaires non réguliers, y compris des cours de langue, des cours de perfectionnement de compétences particulières et d'autres cours. En résumé, un nombre substantiel de titulaires de baccalauréat semblent revenir aux études pour compléter leurs connaissances ou poursuivre des études à l'extérieur d'un programme régulier d'EPS. Seulement 4,0 % de ces titulaires de baccalauréat commencent un nouveau programme d'études postsecondaires (régulier) au niveau collégial, ce qui semble un nombre étonnamment faible compte tenu de toute l'attention accordée à ce cheminement dans la presse populaire.

  • Parmi les diplômés au collégial, 39,5 % de ceux qui se réinscrivent suivent de nouveaux programmes collégiaux réguliers, 20,3 % poursuivent des études au niveau du baccalauréat, 17,8 % sont inscrits à des programmes qui ne sont pas de niveau postsecondaire et 22,1 % suivent des programmes non réguliers dans des établissements postsecondaires. Il s'agit de cheminements intéressants et potentiellement importants, qui méritent probablement une analyse plus poussée.

Compte tenu de ces résultats, le présent document rend compte d'un certain nombre de vérifications de ces constatations qui ont été menées, y compris la comparaison des résultats et de ceux produits par l'Enquête auprès des jeunes en transition (EJET), une autre base de données de Statistique Canada qui est appropriée pour l'étude de la persévérance dans les études postsecondaires (d'une façon différente toutefois, compte tenu de sa couverture nationale et des éléments sous-jacents de l'enquête). Ces vérifications sont généralement rassurantes concernant la qualité des données du SIEP (et la structure de l'analyse).

Enfin, le rapport souligne un certain nombre d'orientations possibles pour les travaux à venir. L'une d'entre elles a trait à la possibilité de : i) procéder à d'autres vérifications, et ii) prolonger l'analyse à partir des couplages du SIEP avec deux autres bases de données de Statistique Canada. L'une d'entre elles est celle de l'EJET, qui permettrait à un chercheur de suivre des personnes simultanément dans les deux fichiers, et de déterminer ainsi avec précision les différences dans les données sur les études postsecondaires que nous avons observées.

L'autre est la Banque de données administratives longitudinales, qui est fondée sur les dossiers fiscaux des particuliers. Un couplage de la DAL et du SIEP permettrait encore une fois d'autres vérifications du SIEP, ainsi que l'ajout de données sur les antécédents familiaux de l'étudiant (type de famille, revenu, etc.) à l'analyse, et permettrait en outre de continuer de suivre les personnes une fois qu'elles ont quitté les études postsecondaires.

Parmi les autres domaines généraux de recherche figure l'utilisation de la modélisation économétrique pour analyser les modèles de persévérance dont il est question ici.

De nombreuses autres avenues de recherche pourraient sûrement être déterminées, selon les attributs particuliers du SIEP, ces sujets comprenant non seulement ceux qui s'inscrivent dans la foulée de la persévérance, mais d'autres liés à des enjeux différents des études postsecondaires. Il est à souhaiter que le présent document représente une première étape utile et comporte certaines nouvelles données intéressantes et utiles sur la persévérance dans les études postsecondaires dans la région de l'Atlantique, présente une évaluation utile des principales forces et limites des données du SIEP, et fasse ressortir les nouveaux travaux qui pourraient être entrepris.