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Vers une géographie de la culture : l'écart entre l'urbain et le rural en matière de professions culturelles

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2001

Par Michael Schimpf et Paul Sereda

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Sommaire

Le rôle grandissant joué par la culture dans l’économie urbaine suscite une attention croissante  au cours des dernières années. De récents travaux ont mis en évidence le rôle que joue le secteur culturel pour ce qui est d’encourager la croissance économique, le renouveau urbain et l’amélioration de la qualité de vie d’une ville. Cependant, on a peu écrit dans le passé sur la question de savoir si la taille d’une ville influe sur la proportion de la population active ayant un emploi dans le secteur culturel. Par conséquent, le but premier de la présente étude est d’apporter des éclaircissements sur l’importance relative de l’emploi culturel dans un large échantillon de collectivités canadiennes, allant des régions rurales isolées du Canada à ses plus grandes villes. Plus particulièrement, nous cherchons à savoir si la culture est uniquement un phénomène de grande ville, ou s’il existe une vie culturelle dynamique dans les petites villes et les régions rurales.

Aux fins de la présente étude, on a divisé le Canada en 399 zones géographiques, que nous avons appelées « régions géographiques ».  Pour les régions urbaines, les régions métropolitaines de recensement (RMR) et les agglomérations de recensement (AR) sont utilisées.  Les RMR sont des régions urbaines comptant plus de 100 000 habitants; elles sont appelées « grandes villes » dans la présente étude.  Les AR sont des régions urbaines qui comptent au moins 10 000 habitants, mais moins de 100 000 habitants (appelées « petites villes » dans l’étude).  Les divisions de recensement (DR) sont utilisées pour définir les régions rurales.  Cette étude se fonde sur les données du Recensement de 2001. Nous avons défini 48 professions de nature culturelle, comme par exemple les professions d’écrivain, d’artiste des beaux arts, design, ainsi que diverses catégories d’emplois techniques et de fabrication reliées au secteur culturel. Nous avons calculé le nombre total de travailleurs culturels dans les 48 professions culturelles, cela pour chaque RMR, AR et région rurale. Cela nous a permis de déterminer, pour chaque région géographique, la proportion de la population active qui occupe des emplois dans le secteur culturel. Nous avons constaté que 32 régions géographiques présentaient des proportions de travailleurs culturels plus élevées que la moyenne nationale. Nous les avons appelées des « grappes culturelles ». Les grappes varient en taille, allant des grandes villes aux petites régions rurales. Elles sont décrites dans le document de recherche.

Nous avons en outre constaté que la taille compte, c’est-à-dire que la taille d’une région géographique, mesurée par sa population active, influe généralement de façon significative sur la proportion de travailleurs ayant un emploi dans le secteur culturel. Comparativement aux régions rurales et aux petites villes, les grandes villes ont tendance à avoir une proportion beaucoup plus importante de leur population active qui travaille dans le secteur culturel. Toutefois, notre étude a identifié 14 régions rurales et 9 petites villes qui présentent des proportions exceptionnellement élevées de travailleurs culturels dans leur population active. Nous pensons que les régions rurales et les petites villes où existent beaucoup d’emplois dans le secteur culturel exportent leurs biens et services culturels ailleurs au Canada ou à l’étranger, car leurs marchés locaux seraient trop restreints pour permettre à leurs activités culturelles de survivre. Par exemple, la ville de Stratford, en Ontario, attire à son festival de théâtre des publics en provenance des villes voisines de Toronto, Hamilton et Detroit.

De plus, nous avons calculé une mesure fondée sur l’entropie pour déterminer le degré de diversité des professions culturelles dans chaque région géographique, ce que nous avons appelé l’« index de diversité », ou ID. L’ID tient compte à la fois du nombre de professions culturelles représentées dans une région géographique et de la répartition des emplois culturels entre elles. Une région géographique où les 48 professions culturelles seraient présentes et où les emplois seraient répartis également entre elles se verrait attribuer un ID de 48, soit le score maximal. À l’opposé, une région géographique où tous les emplois culturels seraient concentrés dans une seule profession se verrait attribuer un ID de 1 seulement, ce qui dénote une extrême spécialisation de la population active du secteur culturel. Dans notre étude, nous avons établi que Montréal est la région géographique qui présente la plus grande diversité, avec un ID de 37,75.

Nous avons découvert que l’ID dépend dans une très large mesure de la taille de la population active. Chose peu surprenante, les grandes villes sont celles où l’on trouve les populations actives du secteur culturel les plus diversifiées. Les petites villes et les régions rurales sont plus spécialisées, même lorsque leur population active du secteur culturel est relativement importante.


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