Les immigrants travaillent-ils dans leur domaine d'études?

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Contrairement aux vagues d'immigrants arrivés dans les années 1950 et 1960, ceux qui sont arrivés au Canada depuis les années 1970 possèdent des niveaux de scolarité relativement élevés. Cette situation est attribuable en partie à l'adoption d'un système de sélection des immigrants par pointage, qui accorde une grande importance aux critères axés sur le « capital humain », dont la scolarité, l'expérience de travail et la connaissance d'au moins une langue officielle. Ce système repose sur le principe selon lequel l'application de ces critères de sélection accroît l'employabilité des nouveaux immigrants et facilite leur transition au marché du travail canadien (Reitz, 2007).

Selon Boudarbat et Chernoff (2009), si l'une des principales fonctions de la scolarité, obtenue au pays ou à l'étranger, consiste à inculquer des compétences qui serviront plus tard dans l'emploi, le fait de ne pas utiliser ces compétences sur le marché du travail canadien constituerait alors un gaspillage des ressources, tant pour le travailleur que pour l'ensemble de la société.

Méthodologie : Les immigrants travaillent-ils dans leur domaine d'études?

Le principal indicateur servant à déterminer si une personne travaille dans un emploi correspondant à son domaine d'études est le « taux de concordance études-emploi ». Ce taux est calculé pour chaque programme d'enseignement conduisant aux professions ciblées désignées par le Programme de reconnaissance des titres de compétences étrangers (PRTCE) de Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC) (voir, à l'annexe 3, la liste des professions ciblées).

Le taux de concordance études-emploi est égal au quotient obtenu en divisant le nombre total de personnes qui travaillent dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur par le nombre total de personnes qui détenaient un diplôme d'études postsecondaires conduisant normalement à cette profession.

Comme on peut le voir ci-dessous, la méthodologie servant à déterminer si une personne travaille dans son domaine d'études ne se limite pas à la concordance entre un programme d'enseignement donné et la meilleure profession correspondante; elle tient également compte du concept de « niveau de compétence » (c'est-à-dire de la concordance entre un programme d'enseignement donné et une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur), présenté dans la « Matrice de la Classification nationale des professions » établie par RHDCC en 2006 (voir l'annexe 4).

Pour un programme d'enseignement désigné donné, une personne peut donc :

  1. travailler dans la meilleure profession correspondante; les personnes de cette catégorie travaillent dans leur domaine d'études;
  2. ne pas travailler dans la meilleure profession correspondante, mais dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur; les personnes de cette catégorie travaillent dans une profession équivalente;
  3. travailler dans une profession exigeant un niveau de compétence inférieur; les personnes de cette catégorie travaillent dans une profession pour laquelle elles sont surqualifiées.

Dans la présente analyse, on entend par « taux spécifique de concordance études-emploi » la concordance entre un programme d'enseignement donné et la meilleure profession correspondante. En élargissant cette définition, on entend par « taux global de concordance études-emploi » la concordance entre un programme d'enseignement donné et la meilleure profession correspondante ou une profession équivalente.

Veuillez consulter l'annexe 5 pour obtenir plus de renseignements sur cette méthodologie et pour voir la liste des programmes d'enseignement conduisant normalement aux professions ciblées désignées par le PRTCE de RHDCC.

La présente section porte sur la proportion et les caractéristiques des immigrants formés à l'étranger qui travaillent dans leur domaine d'études ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur par rapport aux immigrants ayant obtenu des titres de compétences semblables au Canada et aux Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires. Comme le montre l'encadré ci-dessus, la méthodologie utilisée dans le présent rapport pour déterminer si une personne travaille dans son domaine d'études ne se limite pas à la concordance entre un programme d'enseignement donné et la meilleure profession correspondante; elle tient également compte d'un vaste éventail de professions exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur (par exemple, des personnes possédant un diplôme d'études collégiales qui travaillent dans une profession exigeant ce niveau de scolarité ou un niveau supérieur). Nous analysons uniquement la situation des personnes qui n'étaient pas aux études en 2006, car le type et la qualité de leur travail sont sans doute différents de ceux des personnes qui étaient aux études.

En 2006, un peu plus de 1,0 million d'immigrants de 25 à 64 ans formés à l'étranger détenaient un diplôme d'études postsecondaires dans un domaine conduisant normalement à l'une des professions ciblées désignées par le PRTCE de RHDCC. De ce nombre, environ 87 % (ou 881 600) n'étaient pas aux études en 2006; cette proportion est semblable à celles des immigrants formés au Canada (85 %) et des Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires (90 %).

L'administration fédérale et d'autres parties intéressées ont entrepris d'élaborer de nouvelles mesures stratégiques visant à faciliter l'intégration au marché du travail canadien des travailleurs de certaines professions formés à l'étranger. En conséquence, la section suivante porte sur les taux de concordance études-emploi des personnes ayant suivi des programmes d'enseignement qui conduisent normalement à l'une des professions désignées dans le Cadre pancanadien d'évaluation et de reconnaissance des qualifications professionnelles acquises à l'étranger.

Le Cadre décrit l'engagement des provinces, des territoires et du gouvernement du Canada à œuvrer de concert pour améliorer la situation des immigrants au Canada. Dans le cadre de cet engagement, les immigrants qui souhaitent exercer une profession ou un métier réglementé au Canada recevront des renseignements clairs le plus tôt possible au cours du processus d'immigration; ils feront l'objet d'un traitement équitable durant la procédure d'évaluation, et les décisions relatives à la reconnaissance de leurs qualifications professionnelles leur seront rapidement communiquées. Tant ces personnes que les employeurs bénéficieront de mesures de soutien afin de faciliter l'intégration des immigrants au marché du travail (FMMT 2009).

D'ici la fin de 2010, selon le Cadre, on fera en sorte que les personnes de huit groupes professionnels (les architectes, les ingénieurs, les vérificateurs et comptables, les technologues médicaux, les ergothérapeutes, les pharmaciens, les physiothérapeutes et les infirmiers autorisés)1 sachent au bout d'un an au plus tard2 si leurs qualifications sont reconnues, ou qu'elles soient informées, le cas échéant, des exigences supplémentaires auxquelles elles doivent satisfaire pour obtenir leur accréditation, ou encore qu'elles soient orientées vers des professions connexes qui correspondent à leurs compétences et à leur expérience. D'ici la fin de 2012, on ajoutera six autres groupes (les dentistes, les techniciens en génie, les infirmières auxiliaires, les technologues en radiation médicale, les médecins et les enseignants des niveaux préscolaire, primaire et secondaire).

Proportion d'immigrants travaillant dans leur domaine d'études ou dans une profession équivalente

Les résultats du recensement montrent qu'en 2006, parmi les immigrants de 25 à 64 ans formés à l'étranger, moins de un sur cinq travaillait dans son domaine d'études. En effet, parmi les 881 600 immigrants formés à l'étranger qui n'étaient pas aux études en 2006 et qui détenaient un diplôme d'études postsecondaires dans un domaine conduisant normalement à l'une des professions ciblées désignées par le PRTCE de RHDCC, environ 17 % (ou 147 600) travaillaient dans la meilleure profession correspondante (par exemple, des diplômés en génie travaillaient comme ingénieurs). Cette proportion grimpait à 41 % dans le cas de professions exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur (par exemple, des diplômés en génie travaillaient comme architectes ou comme gestionnaires) (tableau 14).

Les résultats du recensement de 2006 ont montré que les immigrants formés au Canada et les Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires étaient plus susceptibles que les immigrants formés à l'étranger de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur; un peu moins de 30 % ont indiqué travailler dans la meilleure profession correspondante et cette proportion s'est accru à un peu plus de 60 % lorsque les professions exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur ont été prises en considération (tableau 14).

Tableau 14 Situation d'emploi des personnes de 25 à 64 ans selon le statut d'immigrant, la période d'établissement et le lieu des études, Canada, 2006

Une proportion considérable d'immigrants formés à l'étranger (43 %) travaillaient dans une profession pour laquelle ils étaient surqualifiés, alors que 16 % ne travaillaient tout simplement pas. Un peu plus de la moitié (53 %) de ces immigrants surqualifiés formés à l'étranger étaient des femmes et environ 60 % appartenaient au groupe d'âge d'activité maximale (de 35 à 54 ans). Un peu moins de la moitié (47 %) vivaient au pays depuis plus de dix ans; 33 %, depuis cinq ans ou moins et 21 %, depuis six à dix ans. À l'échelle provinciale, les plus fortes proportions d'immigrants surqualifiés formés à l'étranger se trouvaient au Manitoba (64 %), au Québec (60 %), en Colombie-Britannique (60 %), en Ontario (58 %), en Alberta (56 %) et en Saskatchewan (53 %). Les provinces de l'Atlantique et les territoires enregistraient les proportions les plus faibles, soit, respectivement, 49 % et 46 %.

Galarneau et Morissette (2008) ont observé que « la proportion d'immigrants de longue date possédant un diplôme universitaire et occupant des emplois qui requièrent un faible niveau d'instruction, comme ceux de commis, de camionneur, de vendeur, de caissier et de chauffeur de taxi, avait augmenté régulièrement entre 1991 et 2006 ». Notre analyse des données du Recensement de 2006 aboutit à des constatations semblables.

Comme le montre le tableau 15, indépendamment de leurs titres de compétences étrangers, plus de la moitié (54 %) de ces immigrants surqualifiés formés à l'étranger (ceux qui travaillaient dans une profession exigeant un niveau de compétence inférieur) travaillaient dans le domaine de la vente et des services (32 %) ou dans celui du commerce, de la finance et de l'administration (22 %). Par ailleurs, 15 % travaillaient dans le domaine de la transformation, de la fabrication et des services d'utilité publique.

Tableau 15 Professions des immigrants de 25 à 64 ans formés à l'étranger qui travaillaient dans une profession exigeant un niveau de compétence inférieur, Canada, 2006

En outre, les professions dans lesquelles les immigrants surqualifiés formés à l'étranger travaillaient en 2006 variaient selon leurs diplômes d'études postsecondaires. Dans le cas des diplômés en génie, par exemple, 19 % effectuaient un travail technique dans le domaine des sciences naturelles et appliquées, 17 % exerçaient une profession propre au secteur de la transformation, de la fabrication et des services d'utilité publique et 9 % occupaient des emplois de bureau. Dans le cas des diplômés en médecine, 26 % travaillaient dans le domaine technique et spécialisé de la santé; 12 %, dans des emplois de bureau et 10 %, dans le domaine du soutien des services de santé3.

Comme nous l'avons mentionné au début de la présente section, nous supposons que la sélection des immigrants qualifiés selon des critères axés sur le « capital humain », dont la scolarité, l'expérience de travail et la connaissance d'au moins une langue officielle, accroît leur employabilité à leur arrivée au Canada. Toutefois, la plupart des études révèlent qu'en général, la valeur des qualifications professionnelles des immigrants sur le marché canadien est inférieure à celle des Canadiens de naissance (Reitz, 2007).

En effet, notre analyse nous a permis de constater qu'environ 41 % des immigrants formés à l'étranger travaillaient dans leur domaine d'études ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur, comparativement à environ 61 % des immigrants formés au Canada et à 63 % des Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires (tableau 14).

Selon Reitz (2007), la faible valeur des qualifications professionnelles des immigrants sur le marché du travail canadien s'explique par des raisons quelque peu contradictoires. Par exemple, certains estiment qu'une scolarité acquise à l'étranger est de moindre qualité qu'une scolarité acquise au Canada ou n'est pas entièrement transférable au contexte canadien. D'autres avancent que les titres de compétences acquis à l'étranger répondent aux exigences du marché du travail canadien mais, pour diverses raisons, leur pertinence n'est pas reconnue par les employeurs canadiens ou par les organismes de réglementation qui régissent les professions et les métiers réglementés.

Ces obstacles ont des conséquences importantes sur le marché du travail, tant pour la personne qui n'arrive pas à travailler dans son domaine d'études que pour les employeurs et l'ensemble de la société. Selon un rapport de Boudarbat et Chernoff (2009), la non-concordance études-emploi risque d'entraîner l'insatisfaction au travail, d'accroître le roulement des employés et d'avoir un effet nettement négatif sur les salaires ou la situation d'emploi.

De même, la plupart des études montrent que l'expérience de travail acquise à l'étranger, elle aussi, a relativement peu de valeur sur le marché du travail canadien. On y voit habituellement une forme de discrimination mais, dans certains cas, les employeurs peuvent avoir raison de se demander si une personne ayant acquis ses compétences professionnelles à l'étranger réussira aussi bien dans le contexte canadien. Autrement dit, la transférabilité de l'expérience acquise à l'étranger peut constituer une variable, tout comme celle de la scolarité acquise à l'étranger (Reitz, 2007).

En outre, les taux de concordance études-emploi des immigrants reflètent non seulement la reconnaissance (ou la non-reconnaissance) des titres de compétences et de l'expérience de travail acquis à l'étranger, mais aussi d'autres facteurs comme la conjoncture du marché du travail (demande de main-d'œuvre dans certaines professions), les aptitudes linguistiques et les décisions personnelles, comme le désir de travailler dans la profession liée au domaine d'études ou dans une autre profession (Zietsma, 2010). Selon Boudarbat et Chernoff (2009), les travailleurs peuvent avoir diverses raisons d'accepter un emploi en dehors de leur domaine d'études. Il y aura toujours des facteurs qui aident ou qui empêchent une personne de trouver un emploi lié à son domaine d'études, mais les préférences personnelles jouent également un rôle. Par exemple, Heijke, Meng et Ris (2003) montrent que le taux de concordance études-emploi des personnes qui jugent important d'utiliser leurs connaissances et leurs compétences au travail est élevé.

Taux globaux de concordance études-emploi dans les provinces

À l'échelle provinciale, c'est dans les provinces de l'Atlantique que les taux globaux de concordance études-emploi (soit la concordance entre un programme d'enseignement donné et la meilleure profession correspondante ou une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur) des immigrants formés à l'étranger étaient les plus élevés (51 %). Ces taux globaux étaient aussi supérieurs à la moyenne nationale de 41 % en Saskatchewan (47 %) et en Alberta (45 %), provinces où le marché du travail était vigoureux en 2006. Les plus grandes provinces canadiennes, soit l'Ontario, le Québec et la Colombie-Britannique, enregistraient des taux de concordance études-emploi à peu près égaux à la moyenne nationale (entre 40 % et 42 %) (graphique 1.7).

Graphique 1.7 Taux globaux de concordance études-emploi des immigrants de 25 à 64 ans selon le lieu des études et la province, 2006

Titres de compétences et taux globaux de concordance études-emploi

Comme le montrent les données du Recensement de 2006, peu de programmes d'enseignement ont permis à la majorité des immigrants formés à l'étranger de travailler dans une profession correspondante ou équivalente, par rapport aux immigrants ayant obtenu leur plus haut niveau d'études postsecondaires au Canada. En effet, sur les 43 catégories de titres de compétences conduisant aux professions ciblées désignées par le PRTCE de RHDCC, seules 14 conduisaient la majorité des immigrants formés à l'étranger à une profession liée à leur domaine d'études ou à une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur, contre environ 36 dans le cas des immigrants ayant fait leurs études au Canada.

Comme le montre le tableau 16, parmi les dix principaux programmes d'enseignement « les plus favorables » (ceux pour lesquels la majorité des répondants travaillaient dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur), plus de la moitié ont conduit une majorité d'immigrants formés à l'étranger à des professions exigeant un niveau de scolarité inférieur au niveau universitaire; cinq de ces programmes ont conduit à des métiers réglementés : entretien et réparation d'équipement lourd / industriel – technologue / technicien; charpenterie / charpentier; travail de précision des métaux; installation / installateurs de systèmes de transmission d'énergie et d'électricité; et entretien et réparation de véhicules. Les programmes d'enseignement conduisant aux professions de la santé (médecins, technologistes médicaux et assistants en anatomopathologie, personnel technique en soins dentaires, etc.) et aux professions axées sur les compétences en mathématiques (technologues / techniciens en génie, professionnels en informatique et en sciences de l'information, etc.) enregistraient aussi des taux de concordance études-emploi relativement élevés (tableau 16).

Parmi les programmes d'enseignement conduisant aux sept professions ciblées désignées dans le Cadre pancanadien d'évaluation et de reconnaissance des qualifications professionnelles acquises à l'étranger, seulement trois ont conduit la majorité des immigrants formés à l'étranger à des professions liées à leur domaine d'études ou exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur : sciences de laboratoire médical / clinique et professions connexes (52 %), professions dans les domaines de la réadaptation et de la thérapeutique (51 %) et pharmacie, sciences pharmaceutiques et administration (50 %). Venaient ensuite les programmes suivants : sciences infirmières (49 %), génie (42 %), architecture (39 %) ainsi que comptabilité et services connexes et finance et services de gestion financière (36 %) (tableau 16).

Tableau 16 Les dix principaux programmes d'enseignement « les plus favorables » suivis par les immigrants de 25 à 64 ans formés à l'étranger, Canada, 2006

Les immigrants formés au Canada bénéficiaient de taux globaux de concordance études-emploi plus élevés que les immigrants formés à l'étranger. En effet, comme le montre le tableau 17, six des dix principaux programmes d'enseignement « les plus favorables » à cette population ont conduit à des professions de niveau universitaire, dont cinq, aux professions réglementées de la santé : dentisterie (D.D.S., D.M.D.) et programmes de résidence en médecine dentaire, médecine (M.D.) et programmes de résidence en médecine, médecine vétérinaire (D.M.V.) et programmes de résidence en médecine vétérinaire, pharmacie, sciences pharmaceutiques et administration, et professions dans les domaines de la réadaptation et de thérapeutique (tableau 17).

Avec des taux globaux de concordance études-emploi allant de 61 % à 80 %, tous les programmes d'enseignement conduisant aux sept professions ciblées désignées dans le Cadre pancanadien d'évaluation et de reconnaissance des qualifications professionnelles acquises à l'étranger ont conduit la majorité des immigrants formés au Canada aux meilleures professions, mais pas nécessairement aux professions correspondantes : pharmacie, sciences pharmaceutiques et administration (80 %), professions dans les domaines de la réadaptation et de la thérapeutique (73 %), sciences infirmières (65 %), architecture (64 %), génie (64 %), sciences de laboratoire médical / clinique et professions connexes (64 %), ainsi que comptabilité et services connexes et finance et services de gestion financière (61 %) (tableau 17).

Tableau 17 Les dix principaux programmes d'enseignement « les plus favorables » suivis par les immigrants de 25 à 64 ans formés au Canada, Canada, 2006

Toutefois, même avec des titres de compétences obtenus au Canada, les immigrants étaient un peu moins susceptibles que les Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires à travailler dans leur domaine d'études ou dans une profession équivalente. En effet, à l'exception du programme des professions dans les domaines de la réadaptation et de la thérapeutique (73 % contre 71 %), les taux de concordance études-emploi des immigrants formés au Canada dont les titres de compétences conduisaient aux six autres professions ciblées désignées dans le Cadre pancanadien d'évaluation et de reconnaissance des qualifications professionnelles acquises à l'étranger étaient inférieurs à ceux des Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires : pharmacie, sciences pharmaceutiques et administration (80 % contre 89 %), sciences infirmières (65 % contre 70 %), architecture (64 % contre 73 %), génie (64 % contre 69 %), sciences de laboratoire médical / clinique et professions connexes (64 % contre 71 %), ainsi que comptabilité et services connexes et finance et services de gestion financière (61 % contre 66 %).

Des études récentes ont révélé que les compétences en littératie des immigrants pouvaient jouer un rôle dans ces écarts. Bonikowska, Green et Riddell (2008) ont constaté, par exemple, que les immigrants étaient plus susceptibles que les personnes nées au Canada de détenir un grade universitaire, mais que les compétences des Canadiens de naissance en compréhension de textes suivis, en compréhension de textes schématiques, en numératie et en résolution de problèmes étaient nettement supérieures à celles des immigrants. De même, les compétences correspondantes des immigrants ayant fait une partie ou la totalité de leurs études au Canada étaient supérieures à celles des immigrants ayant fait toutes leurs études à l'étranger.

En outre, selon Picot et Hou (2009), lorsqu'il est difficile d'obtenir des renseignements sur les compétences d'une personne (en matière de productivité ou d'aptitudes linguistiques), l'employeur peut prendre une décision concernant l'embauche en fonction de sa notion (réelle ou perçue comme telle, exacte ou erronée) des aptitudes linguistiques ou de la productivité du groupe auquel appartient cette personne, plutôt que de celles de la personne en question.

Période d'établissement et taux globaux de concordance études-emploi

Les faibles taux globaux de concordance études-emploi des immigrants formés à l'étranger semblent indiquer que ces derniers ont du mal à trouver du travail dans leur domaine d'études ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur. Toutefois, dans une certaine mesure, la non-concordance entre les études et l'emploi diminue à mesure qu'augmente le nombre d'années passées au Canada.

Comme le mentionnent différentes études, le désavantage relatif des immigrants très récents par rapport aux immigrants établis au pays depuis longtemps tient pour une bonne part au fait que, souvent, les compétences acquises par les immigrants dans leur pays d'origine ne sont pas directement transférables à l'économie d'accueil. En outre, comme le mentionne Reitz (2007), les nouveaux venus doivent presque toujours traverser une période d'adaptation au pays et, notamment, au marché du travail. C'est le cas, en particulier, des immigrants issus de divers milieux culturels et qui arrivent au pays sans emploi réservé, situation typique de la plupart des immigrants au Canada. Avec le temps, ils peuvent, avec plus ou moins de succès, surmonter ces difficultés initiales et voir augmenter leurs perspectives d'emploi et leurs gains.

En effet, comme le montre le graphique 1.8, environ 45 % des immigrants formés à l'étranger établis au Canada depuis plus de dix ans ont déclaré en 2006 travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente, contre environ 34 % des immigrants très récents. Toutefois, même après dix ans au Canada, le taux de concordance études-emploi des immigrants formés à l'étranger était inférieur de plus de 15 points de pourcentage à celui des immigrants formés au Canada et des Canadiens de naissance.

Bonikowska, Green et Riddell (2008) ont constaté que si, avec le temps, les immigrants formés à l'étranger acquièrent de l'expérience de travail au Canada, un autre élément d'explication tient aux écarts dans les niveaux de compétence, surtout entre les immigrants formés à l'étranger et ceux qui ont fait une partie ou la totalité de leurs études au Canada. En effet, des travaux de recherche ont révélé que les compétences en compréhension de textes suivis, en compréhension de textes schématiques, en numératie et en résolution de problèmes des immigrants ayant fait toutes leurs études à l'étranger étaient inférieures à celles des immigrants ayant fait une partie ou la totalité de leurs études au Canada.

Graphique 1.8 Taux globaux de concordance études-emploi des personnes de 25 à 64 ans selon le statut d'immigrant, la période d'établissement et le lieu des études, Canada, 2006

Titres de compétences spécialisés et taux spécifique de concordance études-emploi

Les immigrants du principal groupe d'âge actif (de 25 à 64 ans) formés à l'étranger ne se heurtaient pas tous aux mêmes obstacles; en 2006, selon leur domaine d'études, certains étaient plus susceptibles que d'autres de travailler dans la meilleure profession correspondante.

Comme on pouvait s'y attendre, les immigrants ayant étudié dans des domaines où existait un lien évident entre les diplômes et la capacité de répondre aux exigences de la profession (c'est le cas de la plupart des professions et des métiers réglementés) ont enregistré en général des taux spécifiques de concordance études-emploi (soit la concordance entre un programme d'enseignement donné et la meilleure profession correspondante) supérieurs à ceux des immigrants qui avaient étudié dans un domaine d'études où ce lien était moins évident. Diverses études ont dégagé des conclusions semblables. Comme le mentionnent Boudarbat et Chernoff (2009), les diplômés de programmes spécialisés bénéficient, dans l'ensemble, d'une concordance beaucoup plus élevée que celle des diplômés de programmes généraux. Ce phénomène est attribuable au fait que ces programmes permettent d'acquérir des compétences spécifiques axées sur le marché de l'emploi.

Comme le montre le tableau 18, les taux spécifiques de concordance études-emploi des immigrants formés à l'étranger dont les titres de compétences spécialisés conduisaient aux professions réglementées de la santé (par exemple, les médecins (43 %), les dentistes (41 %), les pharmaciens (36 %), le personnel technique en soins dentaires et les assistants dentaires (35 %), les physiothérapeutes (32 %) et les vétérinaires (30 %)) étaient plus élevés comparativement à ceux qui possédaient des titres de compétences généraux conduisant à travailler dans des domaines comme le commerce, l'administration et le marketing (8 %). On observe également des taux spécifiques de concordance études-emploi élevés chez les immigrants formés à l'étranger dont les titres de compétences conduisaient aux métiers réglementés (par exemple, les charpentiers-menuisiers et les directeurs de la construction (37 %), les mécaniciens de chantier et mécaniciens industriels, et les mécaniciens d'équipement lourd (31 %), les soudeurs et opérateurs de machines à souder et à braser, les machinistes et vérificateurs d'usinage et d'outillage, et les outilleurs-ajusteurs (30 %)).

Tableau 18 Taux spécifiques de concordance études-emploi des immigrants de 25 à 64 ans formés à l'étranger selon le programme d'enseignement, Canada, 2006

Sexe, âge et taux globaux de concordance études-emploi

Les données du Recensement de 2006 montrent que les immigrants de 35 à 54 ans formés à l'étranger étaient proportionnellement plus nombreux que les immigrants plus jeunes (de 25 à 34 ans) et plus âgés (de 55 à 64 ans) à travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur.

En outre, les hommes étaient plus susceptibles que les femmes de travailler dans ces professions (49 % contre 33 %) et, comme le montre le tableau 19, on observe ce phénomène pour tous les programmes d'enseignement conduisant aux professions ciblées désignées par le PRTCE de RHDCC et dans le Cadre pancanadien d'évaluation et de reconnaissance des qualifications professionnelles acquises à l'étranger.

Selon certaines études, les effets de divers facteurs sociodémographiques, dont l'âge et le sexe, sur la probabilité de travailler dans des domaines connexes semblent parfois contradictoires, et ces différences sont difficiles à expliquer (Boudarbat et Chernoff, 2009).

Tableau 19 Taux globaux de concordance études-emploi des immigrants de 25 à 64 ans formés à l'étranger et travaillant à temps plein toute l'année selon le programme d'enseignement et le sexe, Canada, 2006

Comme le montre le tableau 19, de même que c'était le cas pour les programmes d'enseignement menant aux professions de géologue, de géochimiste et de géophysicien avec un écart de 47 points de pourcentage, les plus vastes écarts entre les sexes chez les immigrants formés à l'étranger ont été observés parmi ceux qui menaient aux métiers réglementés désignés. C'est sans doute parce qu'au Canada, en général, les métiers réglementés sont dominés par les hommes (Skof, 2010). Comme le mentionne Scullen (2008), l'accès restreint est le premier obstacle auquel font face les femmes qui cherchent à travailler dans des métiers spécialisés. Malgré les progrès réalisés dans certains secteurs, les méthodes de recrutement et d'embauche qui reposent sur les réseaux traditionnels (par exemple, le recrutement par bouche à oreille) font souvent abstraction de la main-d'œuvre féminine. Cet obstacle peut s'avérer encore plus important pour les immigrantes qui, souvent, n'ont pas de réseau social à leur arrivée au pays et qui possèdent une connaissance limitée du marché du travail canadien. Inversement, l'écart entre les sexes était inférieur à sept points de pourcentage chez les immigrants formés à l'étranger dont les titres de compétences conduisaient aux professions suivantes : sciences infirmières (6 points de pourcentage), secrétaires, agents d'administration, adjoints administratifs et commis de bureaux généraux (5 points de pourcentage), technologistes médicaux et assistants en anatomopathologie (5 points de pourcentage), techniciens juridiques et personnel assimilé (4 points de pourcentage), et professionnels des sciences forestières (moins de 1 point de pourcentage).

Pays d'études et taux globaux de concordance études-emploi

Les pays dans lesquels les immigrants formés à l'étranger ont obtenu leurs titres de compétences les plus élevés avaient aussi une incidence sur la probabilité de travailler dans leur domaine d'études. Les résultats du recensement montrent que, dans l'ensemble, plus de 60 % des immigrants formés à l'étranger ayant obtenu leurs titres de compétences en Irlande (70 %), en Nouvelle-Zélande (66 %), en Israël (64 %) et en Australie (63 %) travaillaient dans leur domaine d'études ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur (tableau 20). Inversement, moins de 45 % des immigrants ayant obtenu leurs titres de compétences en Amérique centrale, dans la plupart des pays africains (à l'exception de l'Afrique du Sud), en Amérique du Sud, aux Antilles et aux Bermudes ainsi qu'en Europe orientale et méridionale avaient trouvé une concordance études-emploi sur le marché du travail canadien.

Ces résultats semblent corroborer le constat voulant que les compétences acquises grâce à l'éducation ou à l'expérience de travail dans le pays d'origine ne sont pas directement transférables au marché du travail canadien. D'autres facteurs, dont les barrières linguistiques et la discrimination, réelle ou perçue comme telle, peuvent aussi influencer la probabilité qu'un immigrant travaillera dans son domaine d'études. Il se peut aussi que les employeurs canadiens ne disposent pas de renseignements suffisants pour évaluer la qualité de la formation reçue dans certains pays.

Tableau 20 Taux globaux de concordance études-emploi : Dix principaux pays d'études des immigrants de 25 à 64 ans formés à l'étranger, Canada, 2006

L'importance du pays d'études semble aussi varier selon le titre de compétences que possède une personne. Dans le cas des professions réglementées, par exemple, plus de 90 % des immigrants ayant obtenu leur plus haut niveau de scolarité en médecine en Nouvelle-Zélande, en Suède, en Australie, aux États-Unis et au Royaume-Uni travaillaient comme médecins ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur. Par contre, c'était le cas de moins du quart des immigrants diplômés en médecine au Japon et en Corée du Sud.

Le pays d'études semblait moins compter pour les immigrants formés à l'étranger dont les titres de compétences conduisaient aux métiers réglementés. Parmi les diplômés en arts culinaires et services connexes, par exemple, les taux de concordance études-emploi étaient plus élevés chez ceux qui avaient obtenu leur titre de compétence le plus élevé en Océanie (65 %), alors que plus de la moitié des immigrants ayant obtenu les mêmes titres de compétences en Asie (57 %) travaillaient dans la meilleure profession, mais pas nécessairement la profession correspondante.

Dans le cas des titres de compétences conduisant aux professions non réglementées, c'est chez les immigrants formés à l'étranger dans les pays d'Amérique du Nord, d'Océanie et d'Europe qu'on observe les taux globaux de concordance études-emploi les plus élevés4.

Gains provenant d'un emploi à temps plein toute l'année et taux de concordance études-emploi

En général, même s'ils possédaient la même formation scolaire et s'ils travaillaient à temps plein toute l'année dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur, les immigrants formés à l'étranger, qui touchaient en 2005 un revenu moyen de 56 300 $, gagnaient un peu moins que les immigrants formés au Canada (59 500 $) et que les Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires (57 200 $). Comme le montre le graphique 1.9, c'était le cas dans toutes les provinces, à l'exception des provinces de l'Atlantique. En effet, les gains médians des immigrants formés à l'étranger qui vivaient dans les provinces de l'Atlantique étaient généralement plus élevés (62 300 $) que ceux des immigrants formés au Canada (56 400 $) ou des Canadiens de naissance possédant un diplôme d'études postsecondaires (49 200 $).

Graphique 1.9 Gains médians des personnes de 25 à 64 ans qui travaillaient à temps plein toute l'année dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur selon le statut d'immigrant, le lieu des études et la province, 2005

En outre, les gains médians des immigrants formés à l'étranger qui travaillaient à temps plein toute l'année en Ontario (58 600 $) et dans les provinces des Prairies (57 700 $) étaient légèrement supérieurs à la moyenne nationale de 56 300 $. Par contre, les gains médians des immigrants du Québec (46 300 $) et de la Colombie-Britannique (53 800 $) étaient inférieurs à la moyenne nationale (graphique 1.9).

Comme le montre le tableau 21, les gains médians des immigrants formés à l'étranger variaient selon domaine d'études, allant de 23 300 $ pour les diplômés en soins de beauté et en soins personnels connexes à 109 000 $ pour les diplômés en médecine.

Les écarts entre les gains des immigrants formés à l'étranger et ceux des immigrants formés au Canada variaient aussi selon le domaine d'études. Comme le montre le tableau 21, en 2005, on observe les trois écarts les plus importants chez les immigrants dont les titres de compétences conduisent aux professions suivantes : médecins (109 000 $ contre 176 000 $, soit un écart d'environ 67 000 $), avocats (partout au Canada) et notaires (au Québec) (60 300 $ contre 92 200 $, soit un écart d'environ 31 900 $), et dentistes (70 700 $ contre 100 200 $, soit un écart d'environ 29 500 $).

Inversement, il existait en 2005 un écart de moins de 3 000 $ dans les gains des immigrants dont les titres de compétences conduisaient aux professions suivantes : secrétaires, agents d'administration, adjoints de direction et commis de bureau généraux (40 000 $ contre 38 900 $); techniciens en génie (55 900 $ contre 57 300 $); physiciens et astronomes (74 200 $ contre 74 300 $); physiothérapeutes (63 200 $ contre 61 000 $); assistants dentaires et professions connexes (39 500 $ contre 37 200 $); psychologues (61 000 $ contre 62 200 $); travailleurs sociaux (51 400 $ contre 51 300 $); coiffeurs et barbiers (23 300 $ contre 22 500 $); chefs et cuisiniers (33 800 $ contre 35 500 $); mécaniciens de chantier et mécaniciens industriels, et mécaniciens d'équipement lourd (64 800 $ contre 64 300 $); mécaniciens et réparateurs de véhicules automobiles, de camions et d'autobus (47 800 $ contre 48 700 $); et soudeurs et opérateurs de machines à souder et à braser, machinistes et vérificateurs d'usinage et d'outillage, et outilleurs-ajusteurs (54 800 $ contre 55 900 $).

Tableau 21 Gains médians des personnes de 25 à 64 ans qui travaillaient à temps plein toute l'année dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur selon le statut d'immigrant, le lieu des études et le programme d'enseignement, Canada, 2005

Les gains médians des immigrants formés à l'étranger et occupés à temps plein toute l'année qui travaillaient dans la meilleure profession, mais pas nécessairement dans la profession correspondante, étaient nettement supérieurs à ceux des immigrants qui travaillaient dans une profession pour laquelle ils étaient surqualifiés (56 300 $ contre 34 300 $) (tableaux 21 et 22).

Tableau 22 Gains médians des personnes de 25 à 64 ans qui travaillaient à temps plein toute l'année dans une profession pour laquelle ils étaient surqualifiés selon le statut d'immigrant, le lieu des études et le programme d'enseignement, Canada, 2005

Ainsi que nous l'avons observé plus tôt, même s'ils possédaient la même formation scolaire et s'ils travaillaient à temps plein toute l'année dans une profession pour laquelle ils sont surqualifiés, les immigrants formés à l'étranger gagnaient, en général, un peu moins (34 300 $ en 2005) que les immigrants formés au Canada (38 600 $) et que les Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires (39 100 $) (tableau 22).

Résumé

Si l'une des principales fonctions de la scolarité, obtenue au pays ou à l'étranger, consiste à inculquer des compétences qui serviront plus tard dans l'emploi, un faible taux de concordance études-emploi constituerait alors un gaspillage des ressources, tant pour le travailleur que pour l'ensemble de la société.

Les résultats du recensement montrent, pour 2006, de faibles taux de concordance études-emploi chez les immigrants formés à l'étranger. En effet, parmi les 881 600 immigrants formés à l'étranger ayant obtenu leurs titres de compétences  postsecondaires dans un domaine d'études qui conduit normalement à l'une des professions ciblées désignées par le PRTCE de RHDCC, environ un sur cinq (17 %) seulement travaillait dans la meilleure profession correspondante. Cette proportion grimpait à 41 % dans le cas de professions exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur.

Comme on pouvait s'y attendre, les immigrants formés à l'étranger établis au Canada depuis longtemps étaient plus susceptibles que les immigrants récents de travailler dans leur domaine d'études ou dans une profession équivalente. En 2006, environ 45 % des immigrants formés à l'étranger établis au Canada depuis plus de dix ans travaillaient dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente, contre environ 42 % des immigrants récents et 34 % des immigrants très récents. Toutefois, même après dix ans passés au Canada, le taux de concordance études-emploi des immigrants formés à l'étranger était inférieur de plus de 15 points de pourcentage à celui des immigrants formés au Canada et des Canadiens de naissance.

Notre analyse révèle que la probabilité d'une bonne concordance études-emploi varie selon le pays dans lequel les immigrants formés à l'étranger ont obtenu leur plus haut niveau de scolarité. Dans l'ensemble, en 2006, plus de 60 % des immigrants formés à l'étranger ayant obtenu leurs titres de compétences en Irlande (70 %), en Nouvelle-Zélande (66 %), en Israël (64 %) et en Australie (63 %) travaillaient dans leur domaine d'études ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur. Par contre, les taux de concordance études-emploi des immigrants ayant obtenu leurs titres de compétences ailleurs qu'en Europe, en Océanie, en Amérique du Nord et en Afrique du Sud étaient inférieurs à 45 % en 2006.

Les immigrants formés à l'étranger ne se heurtaient pas tous aux mêmes obstacles; en 2006, selon leur domaine d'études, certains étaient plus susceptibles que d'autres de travailler dans une profession connexe. Comme on pouvait s'y attendre, les immigrants ayant étudié dans des domaines où existait un lien évident entre les diplômes et la capacité de répondre aux exigences de la profession (c'est le cas de la plupart des professions et des métiers réglementés) ont enregistré en général des taux de concordance études-emploi supérieurs à ceux des immigrants qui avaient étudié dans un domaine d'études où ce lien était moins direct.

L'importance du pays d'études variait aussi selon le titre de compétences. Ainsi, plus de 90 % des immigrants diplômés en médecine en Nouvelle-Zélande, en Suède, en Australie, aux États-Unis et au Royaume-Uni travaillaient comme médecin ou dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur. Par contre, c'était le cas de moins du quart des immigrants ayant obtenu un diplôme semblable au Japon ou en Corée du Sud. Le pays d'études jouait un rôle moins important dans le cas des immigrants formés à l'étranger dont les titres de compétences conduisaient aux professions de chef, de cuisinier, de coiffeur et de barbier.

En général, même s'ils possédaient la même formation scolaire et s'ils travaillaient à temps plein toute l'année dans une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur, les immigrants formés à l'étranger, qui touchaient en 2005 un revenu moyen de 56 300 $, gagnaient un peu moins que les immigrants formés au Canada (59 500 $) et que les Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires (57 200 $). Naturellement, les gains médians des immigrants formés à l'étranger et occupés à temps plein toute l'année qui travaillaient dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente étaient nettement supérieurs à ceux des immigrants qui travaillaient dans une profession pour laquelle ils étaient surqualifiés (56 300 $ contre 34 300 $).

Le sexe compte parmi les caractéristiques qui semblent faciliter la transition au marché du travail canadien des immigrants formés à l'étranger, les hommes étant plus susceptibles que les femmes de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente (49 % contre 33 %). On observe également des écarts selon l'âge : les immigrants de 35 à 44 ans et de 45 à 54 ans formés à l'étranger ont enregistré des taux de concordance études-emploi plus élevés que les immigrants plus jeunes (de 25 à 34 ans) et plus âgés (de 55 à 64 ans).


Notes

  1. Les ergothérapeutes figuraient dans les professions sélectionnées dans le Cadre pancanadien d'évaluation et de reconnaissance des qualifications professionnelles acquises à l'étranger, mais il ne s'agit pas d'une profession désignée par le PRTCE de RHDCC; elle est donc exclue de la présente analyse.
  2. Pour les besoins de cet engagement, le processus d'évaluation et de reconnaissance commence lorsqu'une personne présente les documents nécessaires à l'autorité réglementaire pertinente. Il s'agit habituellement du moment où les droits sont versés. L'engagement est respecté lorsque la décision de reconnaître les qualifications est communiquée au demandeur.
  3. Pour obtenir plus de renseignements sur les professions des immigrants formés à l'étranger qui ne travaillent pas dans leur domaine d'études ou dans une profession exigeant au moins le même niveau de compétence par type de titres de compétences, veuillez communiquer avec le Service à la clientèle, Culture, Tourisme et Centre de la statistique de l'éducation, Ottawa (Ontario) K1A 0T6, par téléphone au (613) 951-7608 ou sans frais au 1-800-307-3382; par télécopieur au (613) 951-4441; ou par courriel : educationstats@statcan.gc.ca.
  4. Pour obtenir plus de données sur les taux de concordance des immigrants formés à l'étranger selon le programme d'enseignement et le pays d'études, veuillez communiquer avec le Service à la clientèle, Culture, Tourisme et Centre de la statistique de l'éducation, Ottawa (Ontario) K1A 0T6, par téléphone au (613) 951-7608 ou sans frais au 1-800-307-3382; par télécopieur au (613) 951-4441; ou par courriel : educationstats@statcan.gc.ca.
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