Faire une pause entre les études secondaires et les études postsecondaires : déterminants et premiers résultats sur le marché du travail

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Darcy Hango
Culture, Tourisme et Centre de la statistique de l'éducation
Statistique Canada

Renseignements de base au sujet des stoppeurs et des non-stoppeurs

Qu'arrive-t-il aux stoppeurs et aux non-stoppeurs sur le marché du travail? Conclusion

Les jeunes adultes peuvent choisir de nombreux parcours entre l'école secondaire et le marché du travail. Ils peuvent notamment décider de différer leurs études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires. Que ce soit en vue d'améliorer leur situation financière, de prendre le temps de choisir ce qu'ils feront ou simplement de faire une pause dans leur cheminement scolaire, bon nombre de jeunes ne se dirigent pas immédiatement vers un programme d'études postsecondaires (PES). Les recherches aux États-Unis suggèrent que le fait de faire une pause peut nuire à l'achèvement éventuel des études postsecondaires, car de nombreux jeunes qui font une pause ne retournent tout simplement pas aux études1. D'un autre côté, les jeunes qui interrompent leurs études afin d'acquérir une expérience de travail ont un avantage lorsqu'ils arrivent sur le marché du travail, puisque cela leur permet de développer des habiletés les rendant aptes à l'emploi.

Dans un rapport récent publié conjointement avec les Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques (RCRPP), les chercheurs de Statistique Canada Darcy Hango et Patrice de Broucker ont examiné les différents parcours empruntés par les jeunes entre l'école secondaire et le marché du travail. Ils se sont penchés sur le cas des jeunes qui empruntaient différentes trajectoires et sur les résultats sur le marché du travail qui y étaient associés2. Les auteurs ont, entre autres questions, tenté de répondre à celle-ci : Quel est l'incidence sur les premières expériences des jeunes Canadiens sur le marché du travail du fait de différer les études postsecondaires après avoir obtenu un diplôme d'études secondaires (les « stoppeurs »), comparativement au choix de passer directement à un programme d'études postsecondaires (les « non-stoppeurs ») ? Le présent article résume les conclusions des auteurs relativement à cette question.

Le rapport original ne prenait pas en compte les jeunes adultes qui fréquentaient toujours l'école en décembre 2003. Le rapport était plutôt axé sur les premiers résultats des jeunes de 22 à 24 ans qui n'allaient plus à l'école et qui étaient sur le marché du travail. L'analyse dont il est question dans le présent article inclut les étudiants, ce qui permet de fournir de l'information sur le cheminement scolaire des jeunes de 22 à 24 ans en décembre 2003. L'analyse est fondée sur l'Enquête auprès des jeunes en transition (EJET) de 2004. Dans l'encadré 1, on présente une vue d'ensemble des données de l'EJET et dans l'encadré 2, une définition de « stoppeurs » et de « non-stoppeurs ».

Encadré 1 :
Qu'est ce qu'Enquête auprès des jeunes en transition (EJET)?

L'Enquête auprès des jeunes en transition (EJET) est une enquête longitudinale qui permet d'examiner les tendances et les influences des transitions importantes dans la vie des jeunes, particulièrement en ce qui a trait à l'éducation, à la formation et au travail.

Les données ont été recueillies en 2000 auprès de deux groupes d'âge de jeunes dans le premier cycle de l'enquête. Le premier groupe d'âge comprenait des jeunes de 15 ans et le deuxième, des jeunes de 18 à 20 ans. Les deux cohortes devaient fournir différents renseignements sur leurs études et leurs expériences de travail ainsi que sur leur situation personnelle, par exemple sur leurs aspirations académiques.

L'analyse dont il est question ici est fondée sur la cohorte qui avait entre 18 et 20 ans en 1999, soit l'année de référence pour le cycle 1 de l'enquête. La première interview de suivi auprès des participants de l'EJET a eu lieu au début de 2002 (cycle 2) alors que cette cohorte avait de 20 à 22 ans. La deuxième interview de suivi (cycle 3) a été effectuée deux ans plus tard, alors que les répondants avaient de 22 à 24 ans.

Encadré 2 :
Définition de « stoppeurs » et de « non-stoppeurs »

Non-stoppeurs : jeunes qui ont débuté leurs études postsecondaires immédiatement (dans les quatre mois) après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires.

Stoppeurs : jeunes qui ont différé leurs études postsecondaires de plus de quatre mois après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires.

Nous avons établi la période à quatre mois pour faire la distinction entre les stoppeurs et les non-stoppeurs, car habituellement, les étudiants qui ne diffèrent pas leurs études postsecondaires obtiennent leur diplôme en juin et commencent leurs études postsecondaires en septembre.

Renseignements de base au sujet des stoppeurs et des non-stoppeurs

Dans la présente section, on explique les caractéristiques générales des jeunes adultes qui ont différé leurs études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires et celles de jeunes qui ne l'ont pas fait. On y met l'accent sur 1) les caractéristiques démographiques; 2) la province où se trouve l'école secondaire; 3) les caractéristiques familiales et 4) les caractéristiques en matière d'éducation pendant les études secondaires. On y ajoute également les renseignements sur les jeunes adultes qui n'ont pas poursuivi leurs études postsecondaires.

Caractéristiques démographiques

Le tableau 1 montre qu'environ 40 % des jeunes adultes sont passés directement aux études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires (les « non-stoppeurs »), alors que 30 % avaient repoussé de plus de quatre mois leurs études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires (les « stoppeurs »); 30 % des jeunes adultes avaient obtenu un diplôme d'études secondaires ou un niveau inférieur à ce diplôme. Cependant, ces tendances ne demeurent pas valables pour toutes les caractéristiques démographiques de base. Par exemple, les femmes étaient beaucoup plus nombreuses que ne l'étaient les hommes parmi les non-stoppeurs (44 % comparativement à 35 %). Il n'y avait pas de différence de sexe chez les stoppeurs, ce groupe représentant environ 30 % des hommes et des femmes. Dans l'ensemble, environ 75 % des femmes de 22 à 24 ans avaient poursuivi des études postsecondaires en décembre 2003, comparativement à 64 % des hommes.

Tableau 1 :
Caracteristigues démographiques des jeunes de 22 à 24 ans1, selon le contexte et le niveau de scolarité, décembre 2003
 
Moins que le postsecondaire
Participants au niveau postsecondaire
Total
Non-stoppeurs
Stoppeurs
Pourcent
Total
30,6
39,4
30,0
100,0
Sexe
 
Femmes
25,4
44,2
30,4
100,0
Hommes
35,6
34,8
29,6
100,0
Lieu de naissance
 
Canada
31,0
39,6
29,4
100,0
Ailleurs
27,3
36,8
35,9
100,0
Résidence urbaine, cycle 12
 
Oui
28,7
40,2
31,1
100,0
Non
37,9
36,3
25,9
100,0
Presence of long-term
limiting condition, Cycle 12
 
Oui
49,4
25,1
25,5
100,0
Non
29,1
40,5
30,3
100,0

1 Comprend les étudiants et les personnes qui n'étaient pas inscrites à un programme d'études, décembre 2003.
2L'analyse dont il est question ici est fondée sur la cohorte qui avait entre 18 et 20 ans en 1999, l'année de référence pour le cycle 1 de l'enquête. La première interview de suivi auprès des participants de l'EJET a eu lieu au début de 2002 (cycle 2) lorsque cette cohorte était âgée de 20 à 22 ans. La deuxième interview de suivi (cycle 3) a été réalisée deux ans plus tard, alors que les répondants étaient âgés de 22 à 24 ans.
Nota : Les pourcentages ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre à 100.

Source : Statistique Canada et Ressources humaines et Développement social Canada, Enquête auprès des jeunes en transition (EJET) de 2004.

En ce qui a trait au lieu de naissance, nous avons observé une différence importante entre le cheminement des jeunes nés au Canada et ceux nés à l'extérieur du Canada. Par exemple, il y a environ 10 points de pourcentage de différence entre les stoppeurs et les non-stoppeurs chez les jeunes nés au Canada (29,4 % comparativement à 39,6 %), alors que la différence chez les jeunes nés à l'extérieur du Canada est négligeable, le pourcentage de chaque groupe étant d'environ 36 %.

Il semble y avoir peu de différence entre les jeunes des régions urbaines et ceux des régions rurales en ce qui a trait au parcours vers les études postsecondaires : dans les deux populations, il était plus fréquent que les jeunes n'interrompent pas leurs études entre l'obtention du diplôme d'études secondaires et le début d'un programme d'études postsecondaires. Nous avons cependant remarqué que, en règle générale, les jeunes des régions rurales étaient moins portés à poursuivre des études postsecondaires que les jeunes des régions urbaines (62 % comparativement à 71 %).

Enfin, la présence d'une condition restrictive de longue durée peut retarder la participation à un programme d'études postsecondaires. Près de 50 % des jeunes adultes ayant une condition restrictive de longue durée n'avaient pas été plus loin que l'école secondaire entre 22 et 24 ans. Ces jeunes adultes étaient également moins nombreux à s'engager immédiatement dans un programme d'études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires (25 % comparativement à 40 % pour les jeunes adultes n'ayant pas de condition restrictive de longue durée).

Province de l'école secondaire

Le tableau 2 montre que les jeunes du Québec étaient proportionnellement beaucoup plus nombreux que les jeunes des autres provinces à suivre un cheminement de non-stoppeurs que de stoppeurs. Cela est notamment lié à la structure du système d'éducation du Québec. Avant d'entrer à l'université, les jeunes du Québec doivent fréquenter un CÉGEP après avoir terminé leur 11e année, vers l'âge de 17 ans. Alors, la grande majorité d'entre eux vont directement au CÉGEP sans faire de pause. Le cheminement des non-stoppeurs est également plus fréquent dans des provinces de l'Atlantique, le Manitoba, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique. Les exceptions étaient l'Ontario et l'Alberta. En effet, en Ontario, une plus grande proportion de jeunes avaient retardé de s'engager dans un programme d'études postsecondaires (43 %) comparativement à ceux qui sont passés directement à un programme d'études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires (30 %); en Alberta, les proportions étaient environ les mêmes (29 %).

Tableau 2 :
Province où est située l'école secondaires, 22 à 24 ans1, selon le niveau de scolarité, décembre 2003
Dernière province d'études secondaires
Moins que le postsecondaire
Participants au niveau postsecondaire
Total
Non-stoppeurs
Stoppeurs
Percent
Terre-Neuve-et-Labrador
26,8
42,7
30,5
100,0
Île-du-Prince-Édouard
37,7
43,0
19,3
100,0
Nouvelle-Écosse
25,2
55,0
19,8
100,0
Nouveau-Brunswick
31,2
46,0
22,8
100,0
Québec
30,1
55,4
14,6
100,0
Ontario
27,0
30,0
43,0
100,0
Manitoba
35,8
36,5
27,7
100,0
Saskatchewan
31,7
40,2
28,1
100,0
Alberta
41,2
29,4
29,4
100,0
Colombie-Britannique
33,0
39,2
27,8
100,0

1 Comprend les étudiants et les personnes qui n'étaient pas inscrites à un programme d'études, décembre 2003.
Nota : Les pourcentages ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre à 100.

Source : Statistique Canada et Ressources humaines et Développement social Canada, Enquête auprès des jeunes en transition (EJET) de 2004.

Caractéristiques familiales

Il était plus fréquent pour les jeunes de tous les types de familles (nucléaire, chef de famille monoparentale et autres types de familles) qui poursuivaient des études postsecondaires d'emprunter un cheminement de non-stoppeurs que de stoppeurs; ce résultat correspond à ce que nous avons observé dans l'échantillon en général. De leur côté, les jeunes de familles reconstituées étaient proportionnellement beaucoup plus nombreux que ceux des familles monoparentales et des autres types de familles à repousser le début du programme d'études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires. Cependant, nous avons également observé que les jeunes issus de familles non-nucléaires étaient proportionnellement beaucoup plus nombreux à obtenir au mieux un diplôme d'études secondaires sans poursuivre d'études postsecondaires.

On observe également un fort lien intergénérationnel en ce qui a trait à l'éducation : 50 % des jeunes dont les parents n'avaient pas obtenu de diplôme d'études secondaires n'ont pas poursuivi leurs études au delà du niveau secondaire. En comparaison, moins de 20 % des jeunes dont les parents avaient obtenu un diplôme d'études collégiales ou universitaires avaient obtenu au mieux un diplôme d'études secondaires. Cependant, pour les participants à des programmes d'études postsecondaires dont les parents n'avaient pas de diplôme d'études postsecondaires, le cheminement des non-stoppeurs était plus fréquent que celui des stoppeurs. Enfin, une proportion légèrement supérieure de jeunes dont les parents n'avaient pas terminé leurs études postsecondaires ont suivi le cheminement des stoppeurs.

Dans l'ensemble, la différence la plus importante entre les stoppeurs et les non-stoppeurs a été observée chez les jeunes dont les parents avaient achevé des études postsecondaires : près de 50 % de ces jeunes sont passés directement à un programme d'études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires, alors qu'environ 33 % avaient différé leurs études postsecondaires de plus de quatre mois.

Caractéristiques en matière d'éducation pendant les études secondaires

Les facteurs éducatifs pendant les études secondaires peuvent également avoir des effets importants sur les résultats scolaires ultérieurs.

C'est sans surprise que nous avons noté que les résultats scolaires de la dernière année d'études secondaires étaient étroitement liés au parcours scolaire suivi après les études secondaires. Près de 90 % des jeunes dont la moyenne pondérée était inférieure à 60 % n'ont pas poursuivi leurs études au delà de l'école secondaire, alors que près de 97 % des jeunes ayant des moyennes élevées (au delà de 80 %) ont poursuivi des études postsecondaires. Les élèves ayant des résultats élevés avaient également beaucoup plus tendance à se rendre directement aux études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires plutôt qu'à faire une pause (59 % comparativement à 29 %).

Comme les auteurs d'ouvrages antérieurs, nous avons observé un lien positif entre le fait de travailler peu d'heures pendant la dernière année d'études secondaires et la probabilité de passer directement à un programme d'études postsecondaires après avoir obtenu le diplôme d'études secondaires3. Environ 46 % des adolescents qui travaillaient moins de 10 heures par semaine pendant leur dernière année d'études secondaires n'ont pas différé leur participation à un programme d'études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires. En comparaison, les adolescents qui ont travaillé beaucoup pendant leurs études secondaires (plus de 20 heures par semaine) étaient moins représentés parmi les non-stoppeurs que les jeunes qui travaillaient moins de 20 heures (26 % comparativement à plus de 40 %). Les jeunes qui ont travaillé de nombreuses heures étaient également davantage représentés parmi ceux qui n'ont pas poursuivi d'études postsecondaires.

Les attentes des parents jouent également un rôle important. Par exemple, près de 80 % des jeunes adultes qui ont rapporté que leurs parents croyaient qu'il n'était « pas du tout » important que leur enfant poursuive des études au delà de l'école secondaire n'avaient pas entrepris de programme d'études postsecondaires ou, s'ils l'avaient fait, ils étaient davantage portés à suivre le cheminement des stoppeurs. En comparaison, seuls 20 % des jeunes qui ont rapporté que leurs parents croyaient qu'il était « très » important que leur enfant poursuive des études postsecondaires ne les avaient pas poursuivies une fois rendus à l'âge de 22 à 24 ans. De plus, les jeunes qui ont poursuivi un programme d'études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires étaient davantage portés à suivre le cheminement des non-stoppeurs si les attentes de leurs parents étaient élevées.

Qu'arrive-t-il aux stoppeurs et aux non-stoppeurs sur le marché du travail?

La situation sur le marché du travail est-elle différente pour les stoppeurs et les non-stoppeurs? Pour cette partie de l'analyse, nous avons exclu les jeunes adultes qui étaient toujours aux études secondaires en décembre 2003, que ce soit à temps plein ou à temps partiel. (Les élèves représentaient environ 34 % des jeunes de 22 à 24 ans en décembre 2003.) Nous établissons également une distinction entre le type d'institution (école des métiers, école professionnelle ou autre, collège ou université) et selon qu'un diplôme a été obtenu ou non. Nous évaluons la situation du marché du travail de deux façons : le taux d'emploi selon le cheminement et le salaire total pour tous les emplois occupés en décembre 2003.

Taux d'emploi selon le cheminement

Le tableau 3 montre le taux d'emploi pour tous les jeunes de 22 à 24 ans qui n'étaient pas aux études en décembre 2003, ainsi que pour chacun des cheminements. Dans l'ensemble, le taux d'emploi était près de 80 %. Ce taux variait cependant en fonction du cheminement suivi entre les études et le marché du travail. Les décrocheurs au niveau secondaire avaient le taux d'emploi le plus faible (71 %), étant suivis par les « raccrocheurs » (72 %) et les sortants du postsecondaire ayant stoppé (73 %). Il est intéressant de noter que les sortants du postsecondaire n'ayant pas stoppé avaient un taux d'emploi plus élevé que les sortants du postsecondaire ayant stoppé (79 % comparativement à 73 %). En comparaison, le taux d'emploi le plus élevé se trouvait chez les jeunes qui avaient suivi un parcours collégial (qu'ils aient fait une pause ou non) et chez les jeunes qui avaient suivi le cheminement universitaire des stoppeurs : tous au delà de 85 %. Ces résultats correspondent à ceux d'autres études qui ont établi un lien étroit entre le niveau de scolarité et la réussite sur le marché du travail.

Tableau 3 :
Situation par rapport à l'activité et aux gains hebdomadaires médians en décembre 2003, selon le cheminement des études au marché du travail
 
Occupé
Gains
hebdomadaires
médians
Pourcent
Dollars
Raccrocheurs - École secondaire ou plus1
72,0
450,00
Stoppeurs - Sortants du postsecondaire
73,3
460,00
Décrocheurs du secondaire
71,4
480,00
Non-stoppeurs - Sortants du postsecondaire
78,9
480,00
Diplômés de l'école secondaire seulement
79,6
500,00
Stoppeurs/non-stoppeurs - Métiers/autre
82,8
539,00
Stoppeurs - Université
87,5
540,00
Stoppeurs - Collège
86,2
550,00
Non-stoppeurs - Collège
85,1
552,00
Non-stoppeurs - Université
79,6
625,00

1 Répondants qui ont déjà abandonné l'école secondaire, mais qui sont retournés aux études à un moment donné pour obtenir un diplôme d'études secondaires ou faire des études postsecondaires (allant parfois même jusqu'à compléter un programme d'études postsecondaires) avant d'entrer dans la population active.

De plus, le taux d'emploi des stoppeurs (diplômés d'une université ou d'un collège) était plus élevé que celui des non-stoppeurs ; la différence était particulièrement notable pour les diplômés d'université. Qu'est ce qui peut expliquer cette différence? Il est possible que les stoppeurs aient un avantage associé avec l'expérience de l'emploi sur le marché du travail par rapport avec les non-stoppeurs, puisqu'ils ont eu plus souvent l'occasion d'acquérir de l'expérience de travail entre la fin des études secondaires et le début des études postsecondaires. En outre, nous savons que les jeunes qui abandonnent leurs études beaucoup plus tôt, notamment ceux qui ont décroché de l'école secondaire, ont eu plus de temps et d'occasions d'acquérir une expérience de travail que ceux qui ont fréquenté l'école depuis le secondaire (les non-stoppeurs, par exemple).

Salaires selon le cheminement

Le tableau 3 montre également les salaires hebdomadaires médians pour tous les emplois occupés en décembre 2003 par les travailleurs non étudiants. Dans l'ensemble, les salaires médians étaient d'environ 500 $ par semaine. Cependant, ce montant variait selon les cheminements, allant d'un sommet de 625 $ pour le cheminement universitaire des non-stoppeurs et 552 $ pour le cheminement collégial des non-stoppeurs à de faibles niveaux de 450 $ par semaine pour les « raccrocheurs » et 460 $ par semaine pour les sortants du postsecondaire ayant stoppé. Il est intéressant de noter que ce dernier groupe gagnait 20 $ de moins par semaine que les décrocheurs de l'école secondaire.

Ces conclusions suggèrent que, lorsqu'on ne tient pas compte du temps passé hors du système d'éducation, les personnes ayant obtenu un diplôme d'études secondaires et qui avaient différé le début de leur programme d'études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires et qui ont abandonné leur programme d'études postsecondaires avant de l'avoir achevé gagnaient moins que les personnes qui n'avaient jamais obtenu de diplôme d'études secondaires. Encore une fois, ce résultat peut s'expliquer en partie par les avantages, pour ce qui est des salaires, dont profitent les personnes qui ont passé plus de temps sur le marché du travail. Il souligne également l'importance d'achever ses études postsecondaires avant d'entrer sur le marché du travail.

Il est intéressant de noter que, même si le taux d'emploi des stoppeurs ayant achevé des études collégiales ou universitaires était légèrement plus élevé que celui des non-stoppeurs, nous observons une situation inverse en ce qui a trait à la rémunération médiane, surtout pour les diplômés d'université. Alors que le taux d'emploi des non-stoppeurs ayant un diplôme d'études universitaires était inférieur d'environ 8 points de pourcentage à celui des stoppeurs ayant un diplôme d'études universitaires, les premiers gagnaient environ 85 $ de plus par semaine pour tous les emplois. Cette différence peut être liée au fait que les stoppeurs ont passé moins de temps sur le marché du travail après leurs études et qu'ils ont donc eu moins de temps pour faire progresser leur trajectoire salariale.

Conclusion

Le présent article souligne les différences entre les jeunes qui ont suivi des parcours différents après leurs études secondaires, et met l'accent sur ceux qui ont pris une pause comparativement à ceux qui n'en ont pas pris avant d'entreprendre un programme d'études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires. Chez les jeunes adultes de 22 à 24 ans en décembre 2003, il était plus fréquent de passer directement (dans les quatre mois) à un programme d'études postsecondaires après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires.

Cependant, la probabilité du choix d'un cheminement en particulier variait, comme nous l'avons vu, selon de nombreux facteurs de base et des facteurs éducationnels au cours des études secondaires. Par exemple, le fait d'avoir de bons résultats scolaires pendant les études secondaires était étroitement lié au choix d'un cheminement qui se rendait directement aux études postsecondaires, sans interrompre leurs études. De la même façon, il était plus fréquent pour les jeunes adultes ayant des parents très instruits de suivre un cheminement direct vers les études postsecondaires plutôt que de faire une pause de plus de quatre mois après avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires.

Les premières réussites sur le marché du travail pour les personnes qui avaient fait une pause comparativement à ceux qui n'en avaient pas fait sont liées aux diplômes obtenus. D'un côté, le taux d'emploi variait parmi les personnes ayant obtenu un diplôme d'études collégiales, qu'elles aient fait une pause ou non. Par ailleurs, les diplômés de l'université qui n'avaient pas fait de pause avaient un salaire hebdomadaire considérablement plus élevé que les diplômés d'université qui avaient fait une pause.

Un élément commun aux stoppeurs et aux non-stoppeurs était cependant le faible rendement lors des premiers pas sur le marché du travail pour les sortants du programme d'études postsecondaires. Les personnes qui ont quitté un programme d'études postsecondaires avant d'obtenir leur diplôme avaient un taux d'emploi plus faible et des salaires moins élevés que les jeunes qui avaient obtenu un diplôme d'études postsecondaires. De plus, leurs salaires étaient inférieurs à ceux des jeunes qui avaient décroché à l'école secondaire.

Enfin, il importe de se rappeler qu'à l'âge de 22 à 24 ans, les jeunes adultes qui ne sont plus à l'école en sont toujours aux premières étapes de leur parcours sur le marché du travail. Certains sont des diplômés récents qui ont peu d'expérience sur le marché du travail ou qui cherchent peut-être encore un emploi. D'autres, qui peuvent avoir décroché de l'école secondaire avant d'avoir obtenu leur diplôme, ont pu avoir plusieurs années d'expérience de travail à temps plein. Il est probable que ces différences quant aux occasions d'acquérir une expérience de travail joueront un rôle pour les premières tendances en matière d'emploi et pour les niveaux de salaires. Des données longitudinales supplémentaires sont requises pour nous permettre de suivre les expériences subséquentes de cette cohorte d'âge à mesure que se poursuit sa transition vers le marché du travail.

Références et notes

  1. Par exemple, voir Bozick, Robert et DeLuca, Stefanie. 2005. « Better late than never? Delayed enrolment in the high school to college transition. », Social Forces, volume 84, numéro 1, page 527 à 550.

  2. Voir Hango, Darcy et Patrice de Broucker. 2007. Cheminements des jeunes Canadiens des études au marché du travail : résultats de l'Enquête auprès des jeunes en transition, Culture, Tourisme et Centre de la statistique de l'éducation, série de documents de recherche, produit numéro 81 595 MIF, numéro 054 au catalogue de Statistique Canada.

  3. Voir Tomkowicz Joanna et Bushnik, Tracey. 2003. Qui poursuit des études postsecondaires et à quel moment : parcours choisis par les jeunes de 20 ans, Culture, Tourisme et Centre de la statistique de l'éducation, série des documents de recherche, produit numéro 81-595-MIF, numéro 06 au catalogue de Statistique Canada. Tomkowicz et Busknik ont également relevé cette relation à l'aide d'une définition différente de stoppeur. Dans leur cas, ils ont défini les jeunes qui passaient directement aux études postsecondaires dans les 12 mois comme étant des « élèves immédiats » et les jeunes qui avaient fait une pause de plus de 12 mois comme étant des « retardataires ». Ils ont découvert que 26 % des retardataires avaient travaillé plus de 20 heures par semaine, alors que seulement 16 % des élèves immédiats avaient travaillé autant.