Profil de littératie des membres des Premières nations vivant hors réserve et des Métis qui résident dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan : Résultats de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes de 2003

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Evelyne Bougie
Culture, Tourisme et Centre de la statistique de l'éducation
Statistique Canada

Définition et mesure de la littératie : L'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes de 2003
La littératie mise en contexte
Profil de littératie des membres des Premières nations vivant hors réserve et des Métis qui résident dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan
Répartition des niveaux de compréhension de textes suivis
Le sexe et la compréhension de textes suivis
L'âge et la compréhension de textes suivis
Le niveau de scolarité et la compréhension de textes suivis
La situation d'activité et la compréhension de textes schématiques
Conclusion

De toutes les provinces canadiennes, le Manitoba et la Saskatchewan comptent les plus fortes proportions d'Autochtones. Selon les données du Recensement de 2001, les Autochtones représentaient environ 14 % de la population totale de chacune de ces deux provinces. Par comparaison, la troisième proportion en importance revient à l'Alberta, dont la population n'était formée que de 5 % environ d'Autochtones.

De plus, la population autochtone au Manitoba et en Saskatchewan croît rapidement. Dans ces deux provinces, de 1996 à 2001, elle a augmenté de 17 %, comparativement à une croissance de moins de 1 % de la population totale du Manitoba et à une diminution d'un peu plus de 1 % de celle de la Saskatchewan1. Selon les projections, deux segments de la population autochtone au Manitoba et en Saskatchewan devraient connaître une forte croissance d'ici 2017 : les enfants de 0 à 14 ans et les jeunes adultes de 20 à 29 ans. Les projections démographiques indiquent que, d'ici 2017, 37 enfants sur 100 en Saskatchewan (26 % en 2001) et 31 sur 100 au Manitoba (24 % en 2001) pourraient être Autochtones. Quant à la proportion de jeunes adultes autochtones, elle pourrait presque doubler en Saskatchewan et atteindre 30 % en 2017, alors qu'elle était de 17 % en 2001. Au Manitoba, la proportion de jeunes adultes autochtones devrait passer de 17 % en 2001 à 23 % en 20172.

Les incidences de la forte concentration et des taux élevés de croissance démographique des Autochtones au Manitoba et en Saskatchewan sont nombreuses. Plus précisément, les services d'enseignement et le marché du travail pourraient faire face à des défis particuliers associés au grand nombre d'enfants et de jeunes adultes autochtones au sein de la population au cours des 10 prochaines années. Il importe donc d'acquérir une connaissance des caractéristiques de la population autochtone au Manitoba et en Saskatchewan pour bien comprendre ces défis et les relever.

La population autochtone du Canada n'est pas un groupe homogène. Le Recensement de la population permet de recueillir des renseignements sur l'identité autochtone de déclaration volontaire (Indien de l'Amérique du Nord3, Métis et Inuit), ainsi que le lieu de résidence (réserves, régions urbaines et régions rurales). D'après les données du Recensement de 2001, la majorité des Autochtones au Manitoba et en Saskatchewan vivaient hors réserve, soit respectivement 65 % et 64 % d'entre eux. La majorité des Autochtones vivant hors réserve au Manitoba étaient des Métis (57 %) et à peu près 40 % appartenaient aux Premières nations. En Saskatchewan, un peu moins de la moitié de la population autochtone vivant hors réserve était composée de Métis (49 %), tandis qu'une proportion semblable (48 %) était formée de membres des Premières nations4. En outre, les données du recensement révèlent que, en 2001, 54 % des Autochtones vivant hors réserve au Manitoba et 42 % de ceux en Saskatchewan habitaient dans de grands centres urbains comptant au moins 100 000 habitants.

Les données sur les caractéristiques démographiques et socioéconomiques des membres des Premières nations vivant hors réserve et des Métis au Manitoba et en Saskatchewan ont été examinées dans des rapports précédents de Statistique Canada. Ainsi, en utilisant les données du Recensement de 2001, de l'Enquête auprès des peuples autochtones de 2001 et de l'Enquête sur la population active de 2004 2005, O'Donnell et Ballardin ont présenté des rapports détaillés sur les caractéristiques démographiques et socioéconomiques de la population autochtone provinciale et territoriale vivant hors réserve. Ces rapports contenaient des renseignements sur la scolarité, la fréquentation de pensionnats, la technologie de l'information, l'emploi, la mobilité, le logement, la santé et la langue5. Siggner et Costa ont fourni des renseignements sur la structure démographique de la population autochtone vivant dans onze grandes villes – dont Winnipeg, Saskatoon et Regina – et sur les tendances relatives au niveau de scolarité de cette population d'après les données du recensement (1981, 1996 et 2001) et de l'Enquête auprès des peuples autochtones de 20016.

Encadré 1 :
Profil de la population autochtone vivant hors réserve au Manitoba et en Saskatchewan

Le profil scolaire de la population autochtone vivant hors réserve au Manitoba et en Saskatchewan s'améliore. Selon les données du recensement, la proportion d'Autochtones de 25 ans ou plus ayant des titres postsecondaires au Manitoba est passée de 29 % en 1996 à 35 % en 2001. En Saskatchewan, la proportion correspondante est passée de 32 % à 37 % sur la même période.

De nombreux Autochtones font des études postsecondaires au niveau collégial et dans des écoles de métiers. Au Manitoba, parmi les Autochtones de 25 ans ou plus, 29 % des Métis et 25 % des membres des Premières nations vivant hors réserve détenaient un certificat ou un diplôme d'un collège ou d'une école de métiers. En Saskatchewan, les proportions correspondantes étaient de 30 % pour les Métis et de 23 % chez les membres des Premières nations.

Les Autochtones sont plus susceptibles de retourner à l'école à des âges plus avancés pour terminer leurs études. Au Manitoba, les données du Recensement de 2001 démontrent que 12 % des Autochtones de plus de 25 ans vivant hors réserve fréquentaient l'école, soit le double du pourcentage de leurs homologues non autochtones (6 %). La tendance était la même en Saskatchewan. Parmi les groupes autochtones des deux provinces, 17 % des adultes des Premières nations vivant hors réserve étaient inscrits à l'école, comparativement à 9 % des Métis.

Dans l'ensemble, les taux de chômage des Autochtones de 15 ans ou plus vivant hors réserve sont beaucoup plus élevés que ceux des non-Autochtones. D'après l'Enquête sur la population active de 2004 2005, 12 % des Autochtones vivant hors réserve au Manitoba étaient sans emploi en 2005, comparativement à 5 % des non-Autochtones. La population autochtone vivant hors réserve en Saskatchewan affichait le taux de chômage le plus élevé des provinces de l'Ouest. En 2004 2005, 16 % de la population autochtone vivant hors réserve était au chômage, comparativement à 5 % de la population non autochtone.

Parmi les membres des Premières nations vivant hors réserve et les Métis, ces premiers avaient les taux de chômage les plus élevés. En 2004 2005, 21 % des membres des Premières nations de la Saskatchewan et 15 % de ceux du Manitoba étaient sans travail, comparativement à 13 % des Métis de la Saskatchewan et à 10 % de ceux du Manitoba.

Selon le Recensement de 2001, le taux de chômage était particulièrement élevé parmi les jeunes Autochtones de 15 à 24 ans vivant hors réserve : 22 % comparativement à 10 % chez les jeunes non autochtones au Manitoba, et 24 % comparativement à 11 % pour les jeunes non autochtones en Saskatchewan.

Source : O'Donnell, V. et A. Ballardin. 2006. Enquête auprès des peuples autochtones de 2001 – Rapports provinciaux et territoriaux : Population autochtone hors réserve. Numéro 89 618 XIF au catalogue de Statistique Canada.

Jusqu'à tout récemment, cependant, des données fiables sur la littératie des Autochtones au Canada étaient plutôt rares. L'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) de 2003 a permis de recueillir des données auprès d'échantillons suffisamment vastes d'Autochtones vivant dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan et dans certaines collectivités des territoires pour répondre à des questions clés sur les compétences en littératie de ces populations. Le rapport sur les résultats canadiens de l'EIACA, qui s'intitule « Miser sur nos compétences »7 et qui a été publié en novembre 2005, présente une analyse des compétences en littératie en anglais ou en français des Autochtones et des non-Autochtones d'âge adulte de ces régions suréchantillonnées. Bien que les données de l'EIACA ne soient pas représentatives de l'ensemble de la population autochtone au Canada, elles offrent tout de même une occasion unique d'examiner les compétences en littératie de segments particuliers de la population autochtone au Canada.

Comme la population autochtone vivant hors réserve au Manitoba et en Saskatchewan comprend de fortes proportions de personnes qui disent être Métis ou appartenir aux Premières nations, il serait approprié de fournir des indicateurs de littératie distincts pour ces deux populations autochtones. Le questionnaire de base de l'EIACA permet aux chercheurs d'établir des distinctions en fonction du groupe d'identité autochtone de déclaration volontaire. Le but du présent rapport est donc de décrire le niveau et la répartition des compétences en littératie des adultes (telles qu'elles sont mesurées par l'EIACA) chez les membres des Premières nations vivant hors réserve et les Métis qui habitent dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan8.

Définition et mesure de la littératie : L'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes de 2003

L'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) de 2003 a permis d'évaluer les compétences en littératie des Canadiens de 16 ans ou plus des dix provinces et des trois territoires du pays. L'enquête a été conçue de telle façon qu'on puisse mesurer la littératie dans l'une des deux langues officielles du Canada (le français ou l'anglais). Dans le cadre de cette enquête, la littératie est définie dans un sens large comme étant « la capacité d'utiliser des imprimés et des écrits nécessaires pour fonctionner dans la société, atteindre ses objectifs, parfaire ses connaissances et accroître son potentiel »9.

La littératie n'est donc pas considérée comme un ensemble de compétences isolées associées à la lecture et à l'écriture. Bien au contraire, on présume que les adultes utilisent leurs capacités de lecture et d'écriture dans un contexte particulier et à une fin particulière. En outre, conformément à ce cadre, les compétences en littératie sont jugées essentielles pour qu'une personne réalise son plein potentiel personnel, social et économique et elles constituent le fondement à partir duquel les gens peuvent acquérir de nouvelles connaissances et compétences tout au long de leur vie adulte.

Cette définition de la littératie vise à englober un vaste éventail de situations dans lesquelles la littératie joue un rôle dans la vie des adultes, en privé et en public, de l'école au travail, puis à l'acquisition continue du savoir et à la participation active à la vie de la collectivité. Les contextes particuliers évalués dans le cadre de l'EIACA comprennent donc la vie familiale, la santé et la sécurité, la vie sociale et collective, l'économie de la consommation, le travail rémunéré, de même que les loisirs et la détente.

En outre, dans le cadre de l'EIACA, la littératie est considérée comme un continuum. Autrement dit, l'EIACA n'est pas une enquête qui consiste à distinguer ceux qui sont « alphabétisés » de ceux qui sont « analphabètes », mais plutôt à mesurer la littératie le long d'un continuum de compétences qui illustre à quel point les adultes sont capables d'utiliser l'information dans la société actuelle. Quatre domaines de compétences en littératie sont mesurés dans l'EIACA : la compréhension de textes suivis, la compréhension de textes schématiques, la numératie et la résolution de problèmes. Dans les domaines de la compréhension de textes suivis et schématiques et de la numératie, le niveau 1 est occupé par les répondants qui affichent le niveau d'habileté le plus faible et les niveaux 4 et 5, par ceux qui ont le niveau d'habileté le plus élevé.

Pour comprendre la signification des résultats d'un particulier dans les domaines de littératie évalués par l'EIACA, il est important de définir un niveau de compétence minimum pour que les gens puissent faire face aux demandes grandissantes de compétences dans une société axée sur le savoir et l'information. Pour les domaines de la compréhension de textes suivis et schématiques et de la numératie, le niveau 3 de performance est le point de repère choisi parce qu'une performance à ce niveau ou au delà est généralement associée à un certain nombre de résultats positifs, comme une participation accrue à la collectivité, un meilleur succès et une plus grande autonomie sur le plan économique, ainsi qu'une amélioration des possibilités d'apprentissage continu. Dans des pays comme le Canada, les particuliers qui performent aux niveaux 1 et 2 ne maîtrisent généralement pas encore les compétences minimales en littératie nécessaires à l'exécution de tâches généralement considérées comme importantes pour une pleine participation à la vie sociale et économique. Pour cette raison, la plupart des analyses contenues dans le présent rapport fixent les échelles à un point de séparation situé entre les niveaux 2 et 3, faisant ainsi ressortir les répartitions au dessus ou au dessous de ce seuil.

La littératie mise en contexte

Aussi important soit il de comprendre ce que l'EIACA mesure, il faut également souligner ce que cette enquête ne mesure pas. La capacité d'utiliser et de comprendre le type d'information qu'évalue l'EIACA est loin de représenter l'éventail complet des pratiques de littératie auxquelles différents groupes ou cultures peuvent accorder de l'importance. Dans le contexte des Premières nations et des Métis, d'importants domaines de connaissance, comme les littératies associées au territoire ou au milieu naturel de même qu'aux traditions et aux visions du monde autochtones10 ne sont tout simplement pas mesurées par l'EIACA. Il est donc fondamental de reconnaître que les résultats en littératie provenant de l'EIACA ne tiennent pas compte des multiples littératies qui font partie des cultures des Premières nations et des Métis11.

Qui plus est, les indicateurs de littératie tirés de l'EIACA ne sont d'aucune façon représentatifs de la littératie effective des Métis et des membres des Premières nations dans une langue autochtone. À cet égard, le questionnaire de base de l'EIACA comprenait une question sur la première langue apprise à la maison dans l'enfance et toujours comprise. Ces données révèlent que, parmi les répondants des Premières nations vivant hors réserve, près du tiers (32 %) au Manitoba urbain et légèrement plus du quart (26 %) dans la Saskatchewan urbaine avaient une langue autochtone comme langue maternelle. La proportion ayant déclaré l'anglais comme langue maternelle était de 67 % et de 73 % respectivement. Chez les répondants métis, 3 % ont déclaré une langue autochtone comme langue maternelle au Manitoba urbain et 4 %, dans la Saskatchewan urbaine. La proportion ayant déclaré l'anglais comme langue maternelle était de 79 % et de 90 % respectivement, tandis que 17 % et 6 % ont déclaré le français comme langue maternelle. Il faut donc garder à l'esprit que, pour certains répondants autochtones visés par la présente étude, les indicateurs de littératie provenant de l'EIACA peuvent consister en une mesure de leur littératie dans une langue seconde, tout particulièrement pour les membres des Premières nations12.

En même temps cependant, il faut reconnaître l'importance relative des compétences en littératie comme celles que mesure l'EIACA pour bien composer avec les exigences de la vie dans un contexte urbain. Par exemple, bon nombre des contextes particuliers évalués sont directement liés à l'emploi. On pourrait faire valoir que les tâches incluses dans l'EIACA ne sont pas tout à fait culturellement universelles. Toutefois, dans un contexte urbain, la capacité d'utiliser et de comprendre le genre d'information qu'évalue l'EIACA est généralement susceptible d'être rattachée à un certain nombre de résultats positifs chez les gens. Par exemple, de faibles compétences en littératie peuvent limiter les options qui s'offrent du point de vue non seulement de l'accès à des professions et à des métiers qui nécessitent des compétences complexes en littératie, mais également de l'accès à des programmes d'éducation et de formation des adultes. À leur tour, ces limites sont susceptibles de se répercuter sur le sentiment de bien-être global des gens.

Profil de littératie des membres des Premières nations vivant hors réserve et des Métis qui résident dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan

Dans la présente section, nous décrivons le niveau et la répartition des compétences en littératie des membres des Premières nations vivant hors réserve et des Métis qui sont âgés de 16 ans ou plus et qui habitent dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan.

La question utilisée pour mesurer l'identité autochtone dans l'EIACA était la suivante : « Êtes-vous Autochtone, c'est à-dire Indien de l'Amérique du Nord, Métis ou Inuit (Eskimau)? » Dans la présente étude, nous avons analysé la littératie des particuliers qui ont dit être des Indiens de l'Amérique du Nord ou des Métis. De plus, nous n'avons étudié que les particuliers résidant dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan. Une région urbaine s'entend d'une région dont la concentration démographique est d'au moins 1 000 habitants et dont la densité de population est d'au moins 400 habitants au kilomètre carré, d'après les chiffres de population du Recensement de 2001.

Les répondants pouvaient choisir de faire évaluer leur littératie soit en anglais, soit en français. Tous les non-Autochtones et les répondants des Premières nations ont choisi l'anglais comme langue d'administration des tâches. Parmi les Métis, tous les répondants résidant dans la Saskatchewan urbaine ont choisi l'anglais, alors qu'une très faible proportion (un peu moins de 2 %) de Métis vivant au Manitoba urbain ont opté pour le français.

La discussion est axée sur les échelles de compréhension de textes suivis et schématiques de l'EIACA. Nous décrivons le lien qui existe entre la compréhension de textes suivis et un certain nombre de caractéristiques sociodémographiques clés (à savoir le sexe, l'âge et le niveau de scolarité), ainsi que le lien qui existe entre la compréhension de textes schématiques et la situation d'activité des répondants. Le meilleur moyen d'interpréter un indicateur est de le placer dans le contexte où il a été observé. Pour cette raison, en plus des résultats en littératie des Métis et des membres des Premières nations, nous fournissons les résultats des répondants non autochtones vivant dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan.

Répartition des niveaux de compréhension de textes suivis

Le niveau 3 de performance est généralement considéré comme le point de repère qui indique le niveau de compétences en littératie minimum pour qu'un particulier se débrouille bien dans une société complexe axée sur le savoir et l'information. Parmi les Premières nations, la proportion d'adultes de 16 ans ou plus qui n'ont pas atteint le niveau 3 était d'environ 72 % au Manitoba urbain et 70 % dans la Saskatchewan urbaine (graphique 1). Du côté des Métis, les proportions correspondantes étaient d'environ 54 % et 56 % respectivement. Par comparaison, chez la population non autochtone, 44 % au Manitoba urbain et 37 % dans la Saskatchewan urbaine se situaient en deçà du niveau 3.

Graphique 1
Répartition des niveaux de compréhension de textes suivis, membres des Premières nations, Métis et non-Autochtones de 16 ans ou plus dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan, 2003

Graphique 1. Répartition des niveaux de compréhension de textes suivis, membres des Premières nations, Métis et non-Autochtones de 16 ans ou plus dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan, 2003

Nota : Les chiffres pour les membres des Premières nations du Manitoba urbain se situant aux niveaux 4/5 sur l'échelle de compréhension de textes suivis sont trop peu fiables pour être publiés.

Source : Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes, 2003, Statistique Canada.

Les particuliers qui occupent le niveau 1 à l'échelle de compréhension de textes suivis ont une capacité très limitée de repérer, de comprendre et d'utiliser l'information. Chez les Premières nations, la proportion d'adultes qui se sont classés à ce niveau était d'environ 35 % au Manitoba urbain et 30 % dans la Saskatchewan urbaine. Parmi les Métis, les proportions correspondantes étaient d'environ 21 % et 19 % respectivement. Par comparaison, du côté des non-Autochtones, environ 18 % au Manitoba urbain et 12 % dans la Saskatchewan urbaine se situaient au niveau 1.

D'autres comparaisons portant sur les membres des Premières nations, les Métis et les non-Autochtones dans leur province respective ont révélé que les proportions de membres des Premières nations occupant le niveau 1 étaient significativement plus élevées que celles de leurs homologues métis et non autochtones, tandis que les proportions de Métis et de non-Autochtones se situant au niveau 1 n'étaient pas significativement différentes. Ainsi, les adultes qui risquent de ne pas pouvoir pleinement réaliser leur potentiel social et économique en raison de faibles compétences en littératie sont proportionnellement beaucoup plus nombreux chez les membres des Premières nations vivant hors réserve dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan qu'ils ne le sont chez les non-Autochtones et les Métis de ces mêmes régions. Ce phénomène tient peut-être en partie à des différences de niveaux de scolarisation et à l'emploi d'une langue maternelle autre que le français ou l'anglais.

Le sexe et la compréhension de textes suivis

Le tableau 1 illustre le lien qui existe entre le sexe et le niveau de compréhension de textes suivis chez les populations autochtones et non autochtones des régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan. En général, et conformément aux niveaux de scolarité plus élevés qu'on observe habituellement chez les femmes, il y a proportionnellement nettement plus d'hommes que de femmes de 16 ans ou plus qui n'ont pas atteint le niveau 3. Il y a deux exceptions à cette tendance. La première exception vise la population des Premières nations de la Saskatchewan urbaine, où nettement plus de femmes que d'hommes se situaient sous le niveau 3 à l'échelle de compréhension de textes suivis. La deuxième exception a trait à la population non autochtone de la Saskatchewan urbaine, où des proportions semblables d'hommes et de femmes n'ont pas atteint le niveau 3.

Tableau 1 :
Niveaux de compréhension de textes suivis selon le sexe, membres des Premières nations, Métis et non-Autochtones de 16 ans ou plus dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan, 2003
 
Niveaux 1-2
Niveaux 3+
Total
Pourcentage
Membres des Premières nations, Manitoba urbain
 
Hommes
76,7
 
F
 
100,00
Femmes
68,9
 
31,1
 
100,00
Membres des Premières nations, Saskatchewan urbaine
 
Hommes
67,0
 
33,0
 
100,00
Femmes
71,7
 
28,3
 
100,00
Métis, Manitoba urbain
 
Hommes
58,0
 
42,0
 
100,00
Femmes
51,7
 
48,3
 
100,00
Métis, Saskatchewan urbaine
 
Hommes
61,4
 
38,6
 
100,00
Femmes
52,4
E
47,6
E
100,00
Non-Autochtones, Manitoba urbain
 
Hommes
45,9
 
54,1
 
100,00
Femmes
41,2
 
58,8
 
100,00
Non-Autochtones, Saskatchewan urbaine
 
Hommes
37,8
 
62,2
 
100,00
Femmes
35,6
 
64,4
 
100,00
E à utiliser avec prudence


F trop peu fiable pour être publié

Source:Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes, 2003, Statistique Canada.

La différence la plus marquée quant aux proportions d'hommes et de femmes se classant sous le niveau 3 à l'échelle de compréhension de textes suivis s'observe chez les répondants métis de la Saskatchewan urbaine, parmi lesquels 61 % des hommes et 52 % des femmes n'ont pas atteint le niveau 3.

L'âge et la compréhension de textes suivis

Le lien qui existe entre l'âge et les compétences en littératie est complexe, car ces dernières peuvent s'acquérir, se perfectionner, se maintenir ou même se perdre tout au cours d'une vie. Les études laissent entendre que plusieurs mécanismes peuvent entrer en jeu. D'une part, la performance cognitive peut diminuer à mesure que les gens prennent de l'âge. D'autre part, la performance peut être rehaussée à mesure que les gens prennent de l'âge et acquièrent de l'expérience, des connaissances et des compétences. Ces deux phénomènes ne sont pas nécessairement simultanés, et ce dernier est plus susceptible que ce premier de survenir plus tôt dans la vie.

Comme le tableau 2 permet de l'observer, les particuliers de 56 ans ou plus étaient significativement plus susceptibles que ceux de 36 à 55 ans et ceux de 16 à 35 ans de se classer sous le niveau 3 et ce, chez tous les membres des Premières nations, les Métis et les non-Autochtones à l'étude . À leur tour, les particuliers de 36 à 55 ans étaient significativement plus susceptibles de ne pas atteindre le niveau 3 comparativement à ceux de 16 à 35 ans. Il y a deux exceptions à cette tendance. La première exception vise les Métis vivant au Manitoba urbain, chez qui des proportions semblables de particuliers de 16 à 35 ans et de ceux de 36 à 55 ans se situaient en deçà du niveau 3. La deuxième vise les non-Autochtones de la Saskatchewan urbaine, chez qui les particuliers de 16 à 35 ans étaient proportionnellement plus nombreux que ceux de 36 à 55 ans à ne pas atteindre le niveau 3.

Tableau 2 :
Niveaux de compréhension de textes suivis selon le groupe d'âge, membres des Premières nations, Métis et non-Autochtones de 16 ans ou plus dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan, 2003
 
Niveaux 1-2
Niveaux 3+
Total
Pourcentage
Membres des Premières nations, Manitoba urbain
 
16 à 35 ans
69,5
 
F
 
100,00
36 à 55 ans
74,2
 
25,8
 
100,00
56 ans ou plus
85,2
 
F
 
100,00
Membres des Premières nations, Saskatchewan urbaine
 
16 à 35 ans
67,5
 
32,5
 
100,00
36 à 55 ans
70,2
 
29,8
 
100,00
56 ans ou plus
86,6
 
F
 
100,00
Métis, Manitoba urbain
 
16 à 35 ans
51,7
 
48,3
 
100,00
36 à 55 ans
50,2
 
49,8
 
100,00
56 ans ou plus
78,5
 
F
 
100,00
Métis, Saskatchewan urbaine
 
16 à 35 ans
51,9
E
48,1
E
100,00
36 à 55 ans
57,3
 
42,7
 
100,00
56 ans ou plus
76,4
 
F
 
100,00
Non-Autochtones, Manitoba urbain
 
16 à 35 ans
33,2
 
66,8
 
100,00
36 à 55 ans
37,3
 
62,7
 
100,00
56 ans ou plus
66,2
 
33,8
 
100,00
Non-Autochtones, Saskatchewan urbaine
 
16 à 35 ans
30,4
 
69,6
 
100,00
36 à 55 ans
25,2
 
74,8
 
100,00
56 ans ou plus
61,0
 
39,0
 
100,00
E à utiliser avec prudence


F trop peu fiable pour être publié

Source :Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes, 2003, Statistique Canada.

Les compétences en littératie des Autochtones de 16 à 35 ans sont importantes quand on considère le fait qu'ils ont potentiellement plus de temps qu'en ont leurs aînés pour apporter leurs connaissances et leurs compétences à leur collectivité, à leur famille et au marché du travail, mais aussi parce que, selon les projections, la population de jeunes Autochtones vivant dans les régions à l'étude devrait connaître une forte croissance au cours de la décennie à venir. Nous constatons ici que 70 % des membres des Premières nations de 16 à 35 ans au Manitoba urbain et 68 % de ceux dans la Saskatchewan urbaine se situaient en deçà du niveau 3 à l'échelle de compréhension de textes suivis. Par comparaison, 52 % des Métis de 16 à 35 ans tant au Manitoba urbain que dans la Saskatchewan urbaine n'ont pas atteint le niveau 3. Parmi la population non autochtone, les proportions correspondantes étaient respectivement de 33 % et de 30 %.

De plus, les comparaisons portant sur les membres des Premières nations, les Métis et les non-Autochtones dans leur province respective ont révélé que les proportions de membres des Premières nations de 16 à 35 ans se classant sous le niveau 3 étaient significativement supérieures à celles de leurs homologues métis et non autochtones. À leur tour, les proportions de non-Autochtones de 16 à 35 ans qui n'ont pas atteint le niveau 3 étaient significativement inférieures à celles de leurs homologues des deux groupes autochtones.

Ainsi, bien que le groupe le plus jeune des populations métisses et des Premières nations ait généralement démontré des compétences en littératie plus fortes que les groupes plus âgés, les proportions plus élevées de membres des Premières nations vivant hors réserve et de Métis âgés de 16 à 35 ans qui n'atteignent pas le niveau 3 comparativement à leurs homologues non autochtones sont frappantes. En effet, même si plusieurs de ces jeunes sont susceptibles de fréquenter l'école et d'être en cours d'acquérir des compétences en littératie, cette situation pourrait avoir des effets défavorables sur leur réussite à l'école et/ou sur le marché du travail et limiter leur participation à d'autres activités d'éducation et de formation.

Le niveau de scolarité et la compréhension de textes suivis

De fortes assises en littératie sont étroitement liées à la réussite scolaire. Le lien qui existe entre les deux est également complexe. Par exemple, alors que certains adultes parviennent à atteindre un niveau relativement élevé de compétences en littératie même s'ils ont fait peu d'études, d'autres démontrent de faibles compétences en littératie malgré un niveau de scolarité assez élevé. Toutefois, on devrait généralement s'attendre à ce que les gens qui ont fait plus d'études aient de meilleures compétences en littératie.

Comme le tableau 3 permet de l'observer, parmi chacune des populations autochtones et non autochtones à l'étude, des niveaux supérieurs de formation scolaire sont systématiquement associés à des niveaux plus élevés de compétences en littératie. En effet, les personnes ayant fait des études postsecondaires sont significativement plus susceptibles d'atteindre au moins le niveau 3 comparativement à celles qui n'ont pas de diplôme d'études secondaires.

Tableau 3 :
Niveaux de compréhension de textes suivis selon le niveau de scolarité, membres des Premières nations, Métis et non-Autochtones de 16 ans ou plus dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan, 2003
 
Niveaux 1-2
Niveaux 3+
Total
Pourcentage
Membres des Premières nations, Manitoba urbain
 
Sans diplôme d'études secondaires1
88,2
 
F
 
100,00
Diplôme d'études secondaires ou l'équivalent
57,0
 
43,0
 
100,00
Études postsecondaires2
F
 
53,5
E
100,00
Membres des Premières nations, Saskatchewan urbaine
 
Sans diplôme d'études secondaires1
85,7
 
14,3
E
100,00
Diplôme d'études secondaires ou l'équivalent
64,2
 
35,8
 
100,00
Études postsecondaires2
40,7
 
59,3
 
100,00
Métis, Manitoba urbain
 
Sans diplôme d'études secondaires1
80,9
 
19,1
E
100,00
Diplôme d'études secondaires ou l'équivalent
43,6
 
56,4
 
100,00
Études postsecondaires2
F
 
74,6
 
100,00
Métis, Saskatchewan urbaine
 
Sans diplôme d'études secondaires1
84,3
 
15,7
 
100,00
Diplôme d'études secondaires ou l'équivalent
F
 
F
 
100,00
Études postsecondaires2
35,3
 
64,7
 
100,00
Non-Autochtones, Manitoba urbain
 
Sans diplôme d'études secondaires1
74,7
 
25,3
 
100,00
Diplôme d'études secondaires ou l'équivalent
40,2
 
59,8
 
100,00
Études postsecondaires2
27,1
 
72,9
 
100,00
Non-Autochtones, Saskatchewan urbaine
 
Sans diplôme d'études secondaires1
74,4
 
25,6
E
100,00
Diplôme d'études secondaires ou l'équivalent
32,4
 
67,6
 
100,00
Études postsecondaires2
22,8
 
77,2
 
100,00
1Comprend les personnes ayant fait des études secondaires partielles (non terminées) et les personnes n'ayant pas leur 7e année (y compris celles qui n'ont aucune formation scolaire).


2Comprend les personnes ayant fait certaines études postsecondaires (p. ex., certificat d'apprentissage ou études à un institut technique) et les personnes détenant un diplôme universitaire.


E à utiliser avec prudence


F trop peu fiable pour être publié

Source :Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes, 2003, Statistique Canada.

Par exemple, chez les Premières nations de la Saskatchewan urbaine, 59 % de la population de 16 ans ou plus ayant fait des études postsecondaires se situait au niveau 3 ou au delà à l'échelle de compréhension de textes suivis. Par comparaison, seulement environ 14 % de ceux qui n'avaient pas de diplôme d'études secondaires ont atteint le niveau 3. Nous observons une tendance semblable du côté des Premières nations du Manitoba urbain. Parmi les Métis vivant au Manitoba urbain, 75 % de ceux qui ont fait des études postsecondaires ont atteint le niveau 3, comparativement à seulement 19 % de ceux qui n'avaient pas de diplôme d'études secondaires. La tendance était semblable chez les Métis de la Saskatchewan urbaine.

Observation digne de remarque, ce sont les Métis du Manitoba urbain ayant fait des études postsecondaires qui présentaient le plus petit écart de compétences en littératie par rapport à leurs homologues non autochtones : 75 % de ces premiers ont atteint le niveau 3, comparativement à 73 % de ces derniers. Il n'y a donc guère de différence de compétences en littératie entre les Métis et les non-Autochtones du Manitoba urbain une fois que la scolarisation est prise en compte. Par comparaison, chez les trois autres populations autochtones, les écarts par rapport à leurs homologues non autochtones quant à la proportion de particuliers ayant fait des études postsecondaires qui se situaient au niveau 3 ou au delà variaient entre 13 et 19 points.

La situation d'activité et la compréhension de textes schématiques

Les différences entre les proportions de particuliers se classant aux extrémités inférieure et supérieure de la répartition des compétences en littératie chez les Autochtones et les non-Autochtones ne seraient pas importantes si ce n'était du fait que ces compétences semblent être associées à des résultats importants. L'un de ces résultats est la situation d'activité.

En premier lieu, nous constatons que le pourcentage de personnes inactives au sein de la population âgée de 16 à 65 ans était particulièrement élevé auprès des gens qui se situent aux niveaux 1 ou 2 à l'échelle des textes schématiques (entre 40 et 45 %), et ce du côté des Premières nations vivant au Manitoba urbain et des Premières Nations et des Métis vivant en Saskatchewan urbaine.

De plus, parmi les Autochtones de 16 à 65 ans faisant partie de la population active, la proportion de personnes occupées était significativement plus élevée chez ceux qui ont atteint le niveau 3 comparativement à ceux qui se sont classés sous ce niveau (tableau 4). Par exemple, du côté des Premières nations de la Saskatchewan urbaine, environ 77 % des particuliers qui ont atteint le niveau 3 à l'échelle de compréhension de textes schématiques étaient occupés, comparativement à 55 % des particuliers qui se sont classés sous le niveau 3. La tendance était semblable chez les membres des Premières nations vivant au Manitoba urbain. Parmi les Métis du Manitoba urbain, 92 % des particuliers qui ont atteint le niveau 3 à l'échelle de compréhension de textes schématiques étaient occupés, comparativement à 78 % des particuliers qui se sont classés sous ce niveau. Les Métis de la Saskatchewan urbaine présentaient une tendance semblable.

Tableau 4 :
Niveaux de compréhension de textes schématiques selon la situation d'activité1, membres des Premières nations, Métis et non-Autochtones de 16 à 65 ans dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan, 2003
 
Niveaux 1-2
Niveaux 3+
Pourcentage
Membres des Premières nations, Manitoba urbain
 
Population active
59,6
 
69,4
 
Chômeurs
37,8
 
F
 
Personnes occupées
62,2
 
78,6
 
Population inactive
40,4
 
30,6
E
Total
100,0
 
100,0
 
Membres des Premières nations, Saskatchewan urbaine
 
Population active
55,4
 
84,0
 
Chômeurs
44,6
 
23,2
E
Personnes occupées
55,4
 
76,8
 
Population inactive
44,6
 
F
 
Total
100,0
 
100,0
 
Métis, Manitoba urbain
 
Population active
77,0
 
81,8
 
Chômeurs
F
 
F
 
Personnes occupées
78,3
 
92,4
 
Population inactive
23,0
 
F
 
Total
100,0
 
100,0
 
Métis, Saskatchewan urbaine
 
Population active
59,0
 
79,3
 
Chômeurs
22,3
E
F
 
Personnes occupées
77,7
 
90,7
E
Population inactive
41,0
E
F
 
Total
100,0
 
100,0
 
Non-Autochtones, Manitoba urbain
 
Population active
81,5
 
85,1
 
Chômeurs
F
 
3,5
Personnes occupées
93,6
 
96,5
 
Population inactive
18,5
 
14,9
 
Total
100,0
 
100,0
 
Non-Autochtones, Saskatchewan urbaine
 
Population active
80,7
 
82,5
 
Chômeurs
F
 
F
 
Personnes occupées
93,7
 
94,6
 
Population inactive
19,3
E
17,5
 
Total
100,0
 
100,0
 
1Selon la définition standard utilisée par Statistique Canada, les personnes occupées sont celles qui exercent un emploi ou qui exploitent une entreprise, tandis que les chômeurs sont les personnes qui sont sans emploi, qui sont prêtes à travailler et qui cherchent activement du travail. Ensemble, les chômeurs et les personnes occupées constituent la population active. Les personnes inactives sont celles qui ne désiraient ou ne pouvaient offrir ou fournir leurs services au cours de la semaine de référence (ceci comprend les personnes qui étaient actuellement aux études à temps plein). La période de référence utilisée dans l'EIACA pour la situation d'emploi était la date de l'interview. La question suivante a été posée aux répondants : « Quelle est votre situation actuelle d'emploi? »


E à utiliser avec prudence


F trop peu fiable pour être publié

Source :Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes, 2003, Statistique Canada.

L'écart des pourcentages de personnes occupées entre les particuliers ayant atteint le niveau 3 et ceux se situant sous ce niveau est le plus marqué parmi les membres des Premières nations de la Saskatchewan urbaine, avec 21 points. Par contraste, chez les populations non autochtones, cet écart est presque inexistant, c'est à-dire 2,9 points et 0,9 point respectivement au Manitoba urbain et dans la Saskatchewan urbaine.

Conclusion

Dans le présent article, nous avons peint un portrait général des compétences en littératie de deux segments très particuliers de la population autochtone au Canada, à savoir les membres des Premières nations vivant hors réserve et les Métis qui sont d'âge adulte et qui résident dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan. Nous réitérons le fait que les indicateurs de littératie provenant de l'EIACA ne sont d'aucune façon représentatifs de toutes les pratiques de littératie auxquelles on attache de l'importance dans les cultures métisses et des Premières nations, ni sont-ils représentatifs de la littératie effective des Métis et des membres des Premières nations dans une langue autochtone. Toutefois, dans un contexte urbain, la capacité d'utiliser et de comprendre le genre d'information qu'évalue l'EIACA est susceptible d'être généralement liée à un certain nombre de résultats positifs et mérite donc qu'on s'y attarde.

La constatation selon laquelle les membres des Premières nations vivant hors réserve et les Métis qui résident dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan tendaient à performer à des niveaux de littératie inférieurs à ceux de leurs homologues non autochtones est digne de mention. En effet, des répartitions inégales des compétences en littératie peuvent donner lieu à des inégalités sur le plan des résultats sociaux et économiques entre les groupes sociaux, ce qui peut rendre encore plus difficile le maintien des compétences et l'acquisition de nouvelles compétences. À cet égard, il importe de mentionner que les particuliers qui occupent le niveau de compétence en littératie le plus bas sont proportionnellement beaucoup plus nombreux chez les membres des Premières nations vivant hors réserve dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan.

L'analyse confirme l'importance de la scolarisation pour la littératie des membres des Premières nations vivant hors réserve et des Métis qui habitent dans les régions urbaines du Manitoba et de la Saskatchewan : comme c'est le cas chez la population non autochtone, des niveaux supérieurs de formation scolaire sont systématiquement associés à des niveaux plus élevés de compétences en littératie. De plus, il n'y a guère de différence de compétences en littératie entre les Métis et les non-Autochtones au Manitoba urbain une fois que la scolarisation est prise en compte.

L'analyse révèle l'existence d'un lien entre les compétences en littératie et les résultats sur le marché du travail observés chez les populations autochtones à l'étude. Les données indiquent que la proportion des membres des Premières nations et des Métis qui étaient occupés était systématiquement plus élevée chez les particuliers ayant atteint le niveau 3 à l'échelle des textes schématiques comparativement à ceux se situant sous ce niveau. Par contraste, cet écart était presque inexistant chez les populations non autochtones. Le lien entre la littératie et l'employabilité semble être particulièrement fort chez les membres des Premières nations vivant hors réserve en Saskatchewan urbaine.

L'âge est un facteur important à considérer lorsqu'il s'agit de tirer des conclusions sur la répartition des compétences au sein d'une population, et particulièrement quand vient le temps d'élaborer des stratégies pour améliorer ces compétences. À cet égard, les compétences moindres en littératie des membres des Premières nations vivant hors réserve et des Métis de 16 à 35 ans par rapport à leurs homologues non autochtones méritent une attention particulière. Un récent rapport démontre que les compétences en littératie tendent à diminuer avec l'âge, en particulier si les particuliers n'atteignent pas des niveaux élevés de compétences en littératie à un jeune âge dans un cadre scolaire. Par conséquent, non seulement les jeunes et les jeunes adultes des Premières nations et des Métis sont relativement plus susceptibles d'éprouver des difficultés à l'école et/ou sur le marché du travail, mais leurs niveaux actuels de littératie pourraient les empêcher d'accéder à des parties du marché du travail qui s'adressent à des personnes hautement qualifiées et qui pourraient les aider à acquérir des compétences en littératie ou du moins à les maintenir.

De nombreux autres facteurs importants qui sont susceptibles d'être associés à la littératie n'ont pas été examinés dans le présent article et, par conséquent, ces résultats gardent un caractère exploratoire, puisque bien des questions demeurent sans réponse. Par exemple, au delà de la formation scolaire, il est très clair que les expériences sur le marché du travail, les habitudes liées au mot écrit à la maison et au travail et la participation à diverses formes d'éducation et d'apprentissage continu des adultes jouent toutes un rôle important dans l'acquisition et le maintien des compétences. Nous n'avons pas étudié non plus l'effet d'avoir une langue maternelle autochtone sur les compétences en littératie des membres des Premières nations et des Métis. Il importe de comprendre les compétences en littératie relativement aux contextes linguistique, culturel, économique et social dans lesquels les gens vivent. Étant donné la forte proportion d'Autochtones et leur importante croissance projetée au Manitoba et en Saskatchewan, ces facteurs et leur association aux compétences en littératie des membres des Premières nations et des Métis devraient faire l'objet d'études ultérieures.

Références et notes

  1. O'Donnell, V. et A. Ballardin. 2006. Enquête auprès des peuples autochtones de 2001 – Rapports provinciaux et territoriaux : Population autochtone hors réserve. Numéro 89 618 XIF au catalogue de Statistique Canada.

  2. Projections des populations autochtones, Canada, provinces et territoires, 2001 à 2017. Numéro 91 547 XIF au catalogue de Statistique Canada.

  3. Nous utilisons le terme « membres des Premières nations » tout au long du présent rapport, même si les répondants ont déclaré, le cas échéant, être des « Indiens de l'Amérique du Nord ».

  4. Les Inuit représentent moins de 1 % de la population autochtone du Manitoba et de celle de la Saskatchewan.

  5. O'Donnell, V. et A. Ballardin. 2006. Enquête auprès des peuples autochtones de 2001 – Rapports provinciaux et territoriaux : Population autochtone hors réserve. No 89 618 XIF au catalogue de Statistique Canada.

  6. Siggner, A.J. et R. Costa. 2005. Situation des peuples autochtones dans les régions métropolitaines de recensement, 1981 2001. Numéro 89 613 MIF au catalogue de Statistique Canada, numéro 008.

  7. Ressources humaines et Développement des compétences Canada et Statistique Canada. 2003. Miser sur nos compétences : Résultats canadiens de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes. Numéro 89 617 XWF au catalogue de Statistique Canada.

  8. Parce que les Inuit représentent moins de 1 % de la population autochtone vivant hors réserve au Manitoba et de celle en Saskatchewan, la taille de l'échantillon de cette population est trop restreinte pour produire des indicateurs de littératie fiables. Un rapport futur de Questions d'éducation fondé sur les données de l'EIACA sera expressément axé sur la population inuite du Nunavut, qui a également été suréchantillonnée.

  9. Murray, T.S., Y. Clermont et M. Binkley. 2005. Mesurer la littératie et les compétences des adultes : Des nouveaux cadres d'évaluation. Numéro 89 552 MIF au catalogue de Statistique Canada, numéro 13, page 97.

  10. Conseil canadien sur l'apprentissage (CCA). http://www.ccl-cca.ca/CCL/Reports/RedefiningSuccessInAboriginalLearning/RedefiningSuccessModels.htm?Language=FR

  11. Battiste, M. 2005. State of Aboriginal Learning in Canada. Conseil canadien sur l'apprentissage (CCA).

  12. Pour une discussion générale au sujet des questions entourant la littératie et la langue, voir Corbeil, J. P. 2006. Le volet canadien de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes de 2003 (EIACA) : état de la situation chez les minorités de langue officielle. Numéro 89 552 MIF au catalogue de Statistique Canada – numéro 015.

  13. Les restrictions quant à la taille de l'échantillon nous ont empêché d'utiliser des groupes d'âge très précis pour la présente analyse. C'est pourquoi nous nous concentrons sur trois groupes d'âge : les particuliers de 16 à 35 ans, ceux de 36 à 55 ans et ceux de 56 ans ou plus.

  14. Willms, J.D. et T.S. Murray. 2007. Enquête internationale sur l'alphabétisation des adultes : Acquisition et perte de compétences en littératie au cours de la vie. No 89 552 MIF au catalogue de Statistique Canada, no 16.