Du rêve au diplôme et au travail dans le secteur de la santé

Avertissement Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

Johanne Plante, Rita Ceolin and Sylvie Ouellette
Centre de la statistique de l'éducation
Statistique Canada

Introduction
Intérêt pour les professions du secteur de la santé
Immigrants - une autre source d'étudiants dans les programmes d'études universitaires ou collégiales en santé
Le corps professoral des programmes universitaires en santé
Étudiants inscrits à des programmes universitaires d'études en santé
Expérience sur le marché du travail des récents diplômés des programmes d'études en santé
Participation des travailleurs de la santé dans la formation continue formelle ou informelle
Conclusion

Introduction

Il a beaucoup été question récemment du risque de pénurie dans l'offre de travailleurs canadiens des professions de la santé. Au Canada, comme à l'échelle internationale, des efforts considérables sont déployés afin de surveiller et de comprendre la mesure dans laquelle l'offre de travailleurs dans les professions de la santé répond (et répondra) aux besoins de la population en matière de santé.

Cette publication présente une partie des renseignements actuellement disponibles qui nous permettent d'aborder certaines questions essentielles que les Canadiens doivent se poser aujourd'hui. Y a-t-il au Canada suffisamment de personnes possédant les compétences nécessaires et qui sont intéressées à travailler dans le secteur de la santé? Le Canada est-il doté de l'infrastructure, de la capacité et du système d'éducation efficace nécessaires pour garantir une offre de travailleurs de la santé suffisante pour satisfaire à la demande de soins de santé future?

Nous donnons dans le présent article certains renseignements importants sur ce qui survient avant, pendant et après les études en santé, renseignements tirés des principales sources de données de Statistique Canada reliées à l'éducation des Canadiens. Nous nous penchons sur l'intérêt des jeunes pour les professions du secteur de la santé, sur les caractéristiques des étudiants et du corps enseignant des programmes universitaires en santé, sur les expériences sur le marché du travail des nouveaux diplômés et sur la participation des travailleurs de la santé à la formation continue formelle et informelle1.

Concepts et définitions

« Profession » est un terme standard utilisé par Statistique Canada pour décrire toutes les formules de travail. Le terme « profession » ne suppose pas nécessairement l'établissement de normes « professionnelles » par un organisme professionnel ou une autre autorité. Les professions sont classées en fonction de la (Classification type des professions (CTP 1991) ou la Classification nationale des professions pour statistiques de 2001 (CNP S 2001)) selon la source de données.

Les professions du secteur de la santé et professions connexes couvrent un vaste éventail de professions liées aux services de santé et à leur prestation (sauf les vétérinaires et les technologues et techniciens vétérinaires et en santé animale). Les professions dans le secteur de la santé et professions connexes comprennent, mais sans s'y limiter, les praticiens des soins de santé.

Les travailleurs de la santé sont les personnes qui exercent des professions de la santé ou des professions connexes.

Les programmes d'études en santé et d'études connexes couvrent une vaste gamme de programmes dans les domaines d'études menant à des professions liées aux services de santé et à la prestation de ces services. Ils comprennent, mais sans s'y limiter, les programmes de formation de futurs praticiens en soins de santé. Les données sur les domaines d'études sont codées et présentées par Statistique Canada selon la Classification des programmes d'enseignement (CPE), Canada, 2000.

Intérêt pour les professions du secteur de la santé

Pour comprendre le flux des personnes qui suivent les programmes d'études en santé, il importe tout d'abord d'en apprendre davantage sur la taille et la nature de la population qui s'intéresse aux professions de la santé et de savoir si leurs aspirations changent avec le temps.

Intérêt pour les professions du secteur de la santé

Dans le cadre de l'Enquête auprès des jeunes en transition (EJET), on interroge les jeunes sur le type de carrière ou de travail qu'ils seraient intéressés à faire à 30 ans. Les réponses sont ensuite codées en fonction de la Classification type des professions de 1991 (CNP 1991). Ces professions reflètent donc la connaissance des professions qu'ont les jeunes, mais ces données perdent leur exactitude lorsqu'elles sont détaillées. Par exemple, le nombre de jeunes qui souhaitent devenir infirmiers auxiliaires autorisés (IAA) est faible, probablement en raison de la réponse générique « infirmier », qui serait codée comme infirmier autorisé (IA).

Les jeunes montrent beaucoup d'intérêt envers les professions de la santé. Comme le révèle l'Enquête auprès des jeunes en transition (EJET) de 2000, plus de 10 % des jeunes de 15 ans ont dit souhaiter travailler dans le secteur de la santé à l'âge de 30 ans. On note une préférence marquée pour la médecine : environ 7 % souhaitent devenir médecins (Graphique 1).

Graphique 1
Une proportion importante de jeunes souhaitent travailler dans le secteur de la santé, 2000

Graphique 1. Une proportion importante de jeunes souhaitent travailler dans le secteur de la santé, 2000

Nota :Les professions sont définies à l'aide de la Classification type des professions (CTP), 1991. Le groupe « infirmier » représente la catégorie infirmiers en chef et superviseurs et infirmiers diplômés (p. ex. infirmiers en chef et superviseurs, infirmiers autorisés, infirmiers psychiatriques autorisés, etc.)
Source :Enquête auprès des jeunes en transition de 2000, Statistique Canada.

Le nombre de jeunes intéressés aux professions du secteur de la santé est considérable lorsqu'on tient compte du fait que seulement 5 % de la population active travaillait dans le secteur de la santé en 2001 et que 1 % travaillait dans des secteurs connexes. En particulier, les médecins comptaient pour moins de 1 % de la population active en 20012. Les soins infirmiers représentaient un groupe professionnel beaucoup plus important, comptant pour presque 2 % de la population active. En 2000, environ 1 % des jeunes de 15 ans et 2 % des jeunes de 18 à 20 ans ont affirmé souhaiter travailler dans les soins infirmiers.

Population active dans le secteur de la santé

À l'aide des données du Recensement de 2001, Galarneau3 a déterminé qu'environ 808 000 personnes travaillent dans le secteur de la santé, ce qui correspond à environ 5 % de la population active au cours de cette année. Les professionnels de la santé comptaient pour 57 % des tous les travailleurs du secteur de la santé, la majorité étant des infirmiers (64 %), les médecins — des omnipraticiens et des spécialistes — se situant bien en arrière à 14 %.

Les femmes constituent une grande proportion des travailleurs de la santé. En 2001, près de quatre travailleurs de la santé sur cinq étaient des femmes (79 %), comparativement à un peu moins de la moitié dans les autres secteurs. L'âge moyen des travailleurs de la santé est généralement plus élevé que dans les autres secteurs (41,1 comparativement à 38,3). La moyenne chez les spécialistes était la plus élevée (45,7), suivie de près par celles des infirmiers en chef et superviseurs (45,4) et des omnipraticiens (45,2).

Même si la majorité des travailleurs de la santé (57 %) étaient employés à temps plein en 2001, ils étaient plus susceptibles de travailler à temps partiel que les travailleurs des autres secteurs (28 % contre 21 %). La plus forte fréquence de postes à temps partiel peut être reliée aux difficultés qu'éprouvent les infirmières à obtenir des postes à temps plein et à la grande proportion de femmes dans le secteur. Le taux de chômage des employés de la santé en 2001 était par ailleurs considérablement plus bas que chez les autres travailleurs (1,9 % comparativement à 5,6 %).

Le revenu d'emploi médian des travailleurs de la santé était d'environ 32 400 $ en 2001. Parmi les travailleurs de la santé, les professionnels ont le revenu d'emploi médian le plus élevé, soit 42 000 $, suivis du personnel technique (32 000 $) et du personnel de soutien (21 000 $).

Situation similaire à celle de la population active du secteur de la santé, près des trois quarts des jeunes qui souhaitent travailler dans le secteur de la santé sont des femmes. Les jeunes intéressés à travailler dans ce secteur sont également plus susceptibles de faire partie des minorités visibles, d'avoir au moins un parent ayant fait des études postsecondaires et de provenir de familles à revenu élevé. Par ailleurs, bon nombre de ces jeunes semblent avoir les aptitudes nécessaires. Par exemple, leurs aptitudes en lecture, en mathématiques et en sciences étaient plus élevées que la moyenne, de même que leurs notes (Graphique 2).

Graphique 2
Les jeunes qui souhaitent travailler dans le secteur de la santé ont des notes plus élevées que la moyenne, 2000

Graphique 2. Les jeunes qui souhaitent travailler dans le secteur de la santé ont des notes plus élevées que la moyenne, 2000

Nota :Les professions sont définies à l'aide de la Classification type des professions (CTP), 1991. Le groupe « infirmiers » représente la catégorie infirmiers en chef et superviseurs et infirmiers diplômés (p. ex. infirmiers en chef et superviseurs, infirmiers autorisés, infirmiers psychiatriques autorisés, etc.). Le groupe « domaine autre que la santé » englobe toutes les autres professions.
Source :Enquête auprès des jeunes en transition de 2000, Statistique Canada.

Entre 15 et 17 ans, toutefois, beaucoup de jeunes ont changé leurs aspirations. Lorsqu'on leur a demandé à 17 ans ce qu'ils voulaient faire à 30 ans, environ 60 % ont nommé une profession différente de ce qu'ils avaient répondu à 15 ans. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce changement : à mesure qu'ils vieillissent, les jeunes peuvent prendre connaissance de professions qui leur étaient totalement inconnues auparavant. En outre, à 15 ans, les jeunes peuvent avoir un « emploi de rêve » en tête, mais, plus le moment de prendre des décisions relatives à leurs études postsecondaires approche, plus leurs aspirations deviennent réalistes et concrètes.

Ce changement d'aspirations se produit également chez ceux et celles qui rêvaient au départ d'une profession dans le secteur de la santé. Interrogés à nouveau deux ans plus tard, 26 % des jeunes ont répondu la même profession, 20 % en ont donné une différente, mais toujours dans le secteur de la santé, 32 % ont donné une profession dans un secteur autre que la santé et 22 % n'ont pas répondu ou ne savaient pas. Dans l'ensemble, près de la moitié des jeunes de 15 ans ayant déclaré souhaiter travailler dans le secteur de la santé n'étaient plus intéressés par ce secteur à 17 ans. Par ailleurs, 8 % des jeunes qui espéraient travailler dans un secteur autre que la santé étaient maintenant attirés par ce secteur. D'autres travaux de recherche sont requis pour être en mesure de bien comprendre les facteurs reliés au gain ou à la perte d'intérêt pour les professions du secteur de la santé et ainsi savoir si ces jeunes réaliseront leurs aspirations.

Immigrants - une autre source d'étudiants dans les programmes d'études universitaires ou collégiales en santé

L'immigration est un facteur de plus en plus important de la croissance nette de la population au Canada4 et de nombreux immigrants font partie du bassin de personnes possédant des diplômes d'études postsecondaires. Selon les résultats de l'Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (ELIC) de 2003, environ 4 % des immigrants arrivés au Canada entre octobre 2000 et septembre 2001 avaient déclaré, avant d'arriver au pays, souhaiter travailler dans un secteur lié à la santé. Bon nombre d'entre eux doivent faire des études supplémentaires avant de pouvoir exercer au Canada et environ un tiers ont demandé l'évaluation de leurs titres de compétences par un établissement d'enseignement au cours des deux années qui ont suivi leur arrivée au pays5. De ce groupe, la plupart avaient déjà fait des études collégiales ou universitaires et sept sur dix ont obtenu une reconnaissance complète (36 %) ou partielle (35 %) de leurs titres de compétences.

Cependant, les résultats de l'ELIC révèlent également qu'une grande proportion (67 %) des immigrants qui désiraient travailler dans le secteur de la santé lorsqu'ils ont décidé d'immigrer au Canada n'avaient toujours pas demandé, deux après leur arrivée, la reconnaissance de leurs titres de compétences dans un établissement d'enseignement postsecondaire. Plusieurs raisons les ont empêchés d'entamer le processus d'évaluation et de reconnaissance des acquis (ERA), mais les plus fréquentes sont qu'ils ne savaient pas où aller ou comment s'y prendre, ou ils étaient convaincus qu'on refuserait de reconnaître leurs titres (Graphique 3).

Graphique 3
Chez les immigrants qui souhaitaient travailler dans le secteur de la santé, le manque de renseignements est la principale raison qui les a empêchés de demander la reconnaissance de leurs titres auprès d'un établissement d'enseignement postsecondaire, 2003

Graphique 3. Chez les immigrants qui souhaitaient travailler dans le secteur de la santé, le manque de connaissances est la principale raison qui les a empêchés de demander la reconnaissance de leurs titres auprès d'un établissement d'enseignement postsecondaire, 2003

Source : Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, Cycle 2, Statistique Canada, 2003

Le corps professoral des programmes universitaires en santé

Les éducateurs ont une incidence sur la capacité ainsi que sur la qualité des programmes d'études liés à la santé. Conformément aux données provenant du Système d'information sur le personnel d'enseignement dans les universités et les collèges (SIPEUC), parmi les 37 000 professeurs à temps plein au Canada en 2003-2004, environ 21 % enseignaient principalement une matière liée à la santé; ce groupe était constitué d'hommes à environ 62 %. La plupart du personnel enseignant à temps plein à l'université possédait un doctorat ou un diplôme professionnel et, selon les modalités de travail (ou leur type de nomination), certains travaillaient dans le secteur de la santé en plus d'enseigner un sujet relié à la santé à l'université.

La direction des universités est aussi confrontée à la question du vieillissement du personnel enseignant universitaire. Les professeurs qui se préparent actuellement à la retraite ont été embauchés dans les années 1970 au moment où le système d'éducation postsecondaire connaissait une croissance importante. Avec la baisse de la population des jeunes dans les années 1980, le taux d'inscription a ralenti, ce qui a fait diminuer l'embauche de professeurs universitaires au cours de cette période. Ainsi, un bon nombre de professeurs embauchés au cours des années 1970 pendant la forte hausse des inscriptions sont maintenant prêts à prendre leur retraite d'ici les dix prochaines années, au moment même où on prévoit l'augmentation de la population des jeunes de 19 à 24 ans6.

Comme l'ensemble du personnel enseignant universitaire, les professeurs à temps plein des matières liées à la santé vieillissent. La moyenne d'âge varie entre 47 et 51 ans dans toutes les matières liées à la santé en 2003-2004, et près d'un professeur sur trois est âgé de 55 ans ou plus (Tableau 1).

Tableau 1. Parmi les professeurs d'université à temps plein dans le domaine de la santé, un sur trois est âgé de 55 ans et plus en 2003-2004
 
25 à 34
35 à 44
45 à 55
55 et plus
Principal sujet enseigné
Pourcent
Tous les sujets
7,6
26,7
33,2
32,4
Sujets reliés à la santé
5,7
26,5
36,9
30,9
Médecine dentaire
7,8
18,9
34,3
38,9
Sciences médicales
6,1
30,5
34,7
28,8
Spécialisations médicales et chirurgicales
3,4
27,4
39,8
29,3
Sciences paracliniques
2,4
24,4
37,0
36,3
Sciences infirmières
3,9
20,1
44,4
31,6
Optométrie
11,1
33,3
33,3
22,3
Pharmacie
8,5
33,9
37,3
20,3
Épidémiologie et santé publique
4,3
24,8
43,6
27,3
Ergothérapie
4,0
28,0
44,0
24,0
Réadaptation
8,8
26,5
44,1
20,6
Physiothérapie
5,7
28,6
45,7
20,0
Gestion des services de santé
8,3
16,7
41,7
33,3
Psychologie
9,3
25,9
29,5
35,2
Sciences de laboratoire médical/clinique et professions connexes
0,0
50,0
50,0
0,0
Autres sujets reliés à la santé
4,9
19,7
36,1
39,3
Autres sujets
8,1
26,8
32,2
32,8

Source: Système d'information sur le personnel d'enseignement dans les universités et les collèges, 2003-2004, Statistique Canada.

Étudiants inscrits à des programmes universitaires d'études en santé

Les programmes d'études en santé cherchent à répondre aux besoins des jeunes et des travailleurs de la santé formés à l'étranger, en plus des Canadiens plus âgés qui retournent au collège ou à l'université dans le but d'actualiser leurs compétences ou leurs titres, de commencer de nouvelles études dans le domaine ou de prendre des cours dans le cadre de la formation continue.

Comme le révèle le Système d'information sur les étudiants postsecondaires (SIEP), environ 46 700 étudiants étaient inscrits dans les programmes d'études en santé dans les universités publiques canadiennes, au baccalauréat et autres programmes de premier cycle, en 2004-2005. Cela représente environ 7 % des effectifs du premier cycle. Les étudiants dans les programmes d'études en santé représentaient une proportion légèrement plus grande des étudiants à la maîtrise (8 %) que des étudiants au premier cycle ou au doctorat (6 %). Ainsi, les étudiants dans les programmes d'études en santé seraient plus susceptibles de se rendre au niveau de la maîtrise que leurs homologues des autres domaines d'études. Cette situation peut être due à plusieurs facteurs, y compris l'environnement de travail de plus en plus complexe dans le secteur de la santé et la hausse des exigences pour l'entrée en pratique, en particulier pour l'avancement vers les niveaux de gestion supérieure ou les postes administratifs, d'enseignement ou de pratique avancée (p. ex. infirmières cliniciennes spécialisées, infirmières praticiennes).

Dans les programmes d'études en santé, les résultats du Système d'information sur les étudiants postsecondaires ont révélé que quatre étudiants sur cinq au baccalauréat et autres diplômes de premier cycle (81 %) et à la maîtrise (79 %) ainsi que près des deux tiers (63 %) des étudiants au doctorat étaient des femmes (Graphique 4).

Graphique 4
Les femmes constituent la majorité des étudiants en santé, 2004-2005

Graphique 4. Les femmes constituent la majorité des étudiants en santé, 2004-2005

Source : Système d'information sur les étudiants postsecondaires (SIEP), 2004-2005, Statistique Canada.

Les étudiants inscrits aux programmes d'études en santé sont également plus susceptibles que l'ensemble des étudiants d'avoir déjà fait des études postsecondaires ou d'avoir travaillé à temps plein. C'est pourquoi les étudiants et les finissants en santé ont tendance à être plus âgés que la moyenne.

Expérience sur le marché du travail des récents diplômés des programmes d'études en santé

L'Enquête nationale auprès des diplômés (END) (cohorte de 2000) révèle qu'environ 270 000 étudiants ont reçu leur diplôme des collèges et universités publics canadiens (baccalauréat, maîtrise et doctorat) en 2000. Les diplômés des programmes d'études en santé au niveau collégial représentaient 14 % des 100 000 diplômés estimatifs tandis que les diplômés des programmes d'études en santé au niveau du baccalauréat représentaient environ la moitié de ceux au niveau collégial(7 % de 130 000 diplômés au baccalauréat).

Comme il a été observé chez les étudiants des programmes d'études en santé, la majorité des diplômés du domaine de la santé en 2000 étaient des femmes : près de 90 % au niveau collégial, 80 % au baccalauréat et à la maîtrise et plus de la moitié au niveau du doctorat.

Les résultats de l'END ont également révélé que les diplômés en santé étaient plus susceptibles d'avoir fait d'autres études postsecondaires auparavant (Graphique 5) et d'avoir travaillé à temps plein. Ils étaient aussi en général plus âgés que l'ensemble des diplômés et plus susceptibles d'être mariés.

Comme la demande pour leurs compétences est forte, les diplômés des programmes d'études en santé ont tendance à intégrer rapidement le marché du travail. Deux ans après avoir obtenu leur diplôme, plus des trois quarts des diplômés en santé travaillent dans le secteur de la santé ou dans des secteurs connexes. Presque tous les diplômés en santé (99 %) qui n'avaient pas suivi un programme d'études supplémentaire travaillaient deux ans après avoir obtenu leur diplôme, la plupart d'entre eux à temps plein. En outre, seulement deux ans après avoir obtenu leur diplôme, et même si certains d'entre eux (en particulier les médecins) étaient encore en résidence ou occupaient un poste au niveau d'entrée, les diplômés en santé avaient tendance à gagner plus que l'ensemble des diplômés (Graphique 5).

Une plus forte probabilité d'emploi et des revenus plus élevés compensent pour le fait que les diplômés en santé sont plus susceptibles d'avoir une dette d'étudiant et de devoir une somme plus importante que les diplômés des autres secteurs. De plus, ils sont moins susceptibles de signaler des difficultés à rembourser leurs prêts et sont aussi susceptibles de l'avoir remboursé deux ans après l'obtention de leur diplôme. Ils sont également aussi susceptibles de s'attendre à avoir tout remboursé cinq ans après l'obtention de leur diplôme.

Graphique 5
Les diplômés en santé qui travaillent à temps plein sont généralement mieux rémunérés deux ans après l'obtention de leur diplôme, 2002

Graphique 5. Les diplômés en santé qui travaillent à temps plein sont généralement mieux rémunérés deux ans après l'obtention de leur diplôme, 2002

Source : Enquête nationale auprès des diplômés (cohorte 2000)), Statistique Canada. 2002

Participation des travailleurs de la santé dans la formation continue formelle ou informelle

On considère la capacité et la volonté des adultes de poursuivre leur formation tout au long de leur vie comme un élément important de l'avenir économique du Canada. La nécessité d'acquérir de nouvelles compétences a eu une profonde incidence sur les emplois dans la plupart des industries et des professions, sinon toutes. Étant donné les progrès réalisés sur le plan des connaissances et de la technologie dans le secteur de la santé, il importe que les adultes qui travaillent dans les professions de la santé puissent maintenir et accroître leurs compétences et leurs connaissances en suivant une formation continue.

La tradition veut que les « nouveaux » travailleurs, jeunes adultes et immigrants qui se joignent à la population active, apportent avec eux bon nombre de ces nouvelles connaissances. Cependant, les tendances démographiques indiquent que les cohortes de jeunes travailleurs qui entreront sur le marché du travail seront plus petites et, au fur et à mesure que la population active vieillit, les possibilités de connaître des pénuries de main-d'œuvre augmentent. On estime généralement que le « relèvement » des compétences des travailleurs qui font déjà partie de la population active constitue une mesure importante pour faire face à cette situation7.

Reconnaissant ce besoin d'apprentissage permanent, les employeurs encouragent et appuient souvent la formation continue. C'est particulièrement le cas dans les professions de la santé où les cadres réglementaires exigent très souvent le maintien et l'actualisation des compétences.

Les données de l'Enquête sur le milieu de travail et les employés (EMTE) de 2003 révèlent qu'environ 45 % des emplacements dans le secteur des soins de santé et de l'assistance sociale ont appuyé les activités de formation de leurs employés en 2003. Il n'est pas surprenant de constater que les emplacements de grande taille ou qui ont lancé des innovations au cours de l'année étaient plus susceptibles que d'autres d'appuyer de telles activités de formation.

Après leur entrée sur le marché du travail, les travailleurs de la santé continuent d'accroître leurs compétences, même si cela n'est pas requis de leur employeur ou des organismes de réglementation. De nombreux employeurs dans le secteur de la santé appuient la formation officielle et leurs travailleurs en tirent parti. Selon les résultats de l'Enquête sur l'éducation et la formation des adultes (EEFA) de 2003, environ 60 % des adultes des professions de la santé ont participé à des activités de formation officielle liée à l'emploi en 2002, taux qui représente le double de celui pour l'ensemble des professions. Ils étaient motivés principalement par le désir de mieux remplir leurs fonctions. Par ailleurs, alors que la plupart des cours avaient le soutien des employeurs, peu de cours suivis étaient imposés par eux. En même temps, toutefois, environ le tiers des adultes des professions de la santé ont déclaré avoir des besoins de formation non satisfaits, c'est-à-dire des cours de formation qu'ils voulaient suivre ou dont ils avaient besoin mais qu'ils ne pouvaient suivre.

Conclusion

Même si nous avons de bons renseignements sur les personnes intéressées aux études en santé et qui ultérieurement les poursuivent et accèdent aux professions dans le secteur de la santé, d'autres recherches sont nécessaires pour déterminer ce qui suscite l'intérêt des jeunes pour les études en santé et quels facteurs ou obstacles empêchent les jeunes qui sont qualifiés de les poursuivre. En outre, peu de renseignements sont disponibles sur les programmes d'études en santé eux-mêmes. Quelles sont les contraintes à l'augmentation de la capacité d'accueil dans les programmes d'études en santé des établissements d'enseignement postsecondaire? Quels facteurs ou quels obstacles influent sur le recrutement des étudiants, le maintien des étudiants dans leur programme ou dans les programmes d'études en santé dans l'ensemble? Dans quelle mesure les contraintes financières et institutionnelles limitent-elles l'inscription ou influent-elles sur l'apprentissage des étudiants? Quel est l'effet de la disponibilité de stages cliniques (formation pratique) sur les inscriptions et l'apprentissage? Quels facteurs limitent la disponibilité de la formation clinique? Qu'est-ce qui explique le grand nombre de travailleurs de la santé qui déclarent des besoins de formation non satisfaits? Les travailleurs de la santé formés à l'étranger ont ils raison de croire que leurs titres de compétences ne seraient pas acceptés et qu'est ce qui les empêche d'entreprendre les démarches nécessaires pour obtenir la reconnaissance de leurs titres ou pour actualiser ceux ci de manière à être en mesure de travailler au Canada?

Outre les questions portant sur le nombre d'étudiants qui achèvent leurs programmes d'études en santé, il y a d'autres questions qui visent à déterminer qui sont ces personnes. Alors que les étudiants des minorités visibles sont surreprésentés parmi les jeunes qui souhaitent travailler dans le secteur de la santé, ils sont sous-représentés parmi ceux qui terminent leurs programmes d'études en santé au Canada. Ont-ils des entraves différentes sur lesquelles il convient de se pencher? De même, pourquoi les jeunes des régions rurales s'intéressent-ils moins aux professions dans le secteur de la santé? À quels obstacles se heurtent-ils? Qui sont les étudiants qui décident de travailler en région rurale après avoir terminé leur programme? Plus particulièrement, que savons-nous au sujet des programmes d'études en santé offerts aux étudiants autochtones qui pourraient être en mesure de répondre aux besoins de soins de santé dans les collectivités autochtones? Voici certaines des questions sur lesquelles doivent porter les recherches afin de permettre de bien comprendre le rôle que peuvent jouer les programmes d'études en santé dans l'amélioration de l'offre de travailleurs de la santé au Canada.

Références et notes

  1. Un portrait statistique plus détaillé des travailleurs de la santé au Canada a été publié dans le Quotidien du 13 août, 2007. Voir Allen Mary, Rita Ceolin, Sylvie Ouellette, Johanne Plante et Chantal Vaillancourt. 2007. Éducation des travailleurs de la santé : un portrait statistique. produit numéro 81-595-MIF2007049 au catalogue de Statistique Canada.

  2. Statistique Canada. 2001. Profession - Classification nationale des professions de 2001 pour les fins de statistique (523), catégorie de travailleurs (6) et sexe (3) de la population active âgée de 15 ans et plus, au Canada, dans les provinces, les territoires, les régions métropolitaines de recensement et l'agglomération de recensement, Recensement 2001 - 20 % des données échantillons. Faits saillants en tableaux : Population active du Canada - travail rémunéré. Numéro 97F0012XIF2001021 au catalogue de Statistique Canada.

  3. Galarneau, Diane. 2003. « Professionnels de la santé », L'emploi et le revenu en perspective, volume 4, numéro 12, numéro 75-001-XIF au catalogue de Statistique Canada.

  4. Statistique Canada. 2007. « Chiffres de population et nombre de logements », Le Quotidien, 13 mars 2007.

  5. Le processus d'évaluation et de reconnaissance des acquis (ERA) est un mécanisme particulièrement important pour la reconnaissance des titres de compétences étrangers des immigrants qui souhaitent travailler dans le secteur de la santé.

  6. Statistique Canada et Conseil des ministres de l'Éducation (Canada). 2006. « Indicateurs de l'éducation au Canada : Rapport sur le programme d'indicateurs pancanadiens de l'éducation », numéro 81-582-XPF au catalogue de Statistique Canada, Ottawa.

  7. Peters, Valerie. 2004. « Travail et formation : Premiers résultats de l'Enquête sur l'éducation et la formation des adultes de 2003 ». Série « Culture, tourisme et Centre de la statistique de l'éducation : documents de recherche », numéro 015. Numéro 81-595-MIF2004015 au catalogue de Statistique Canada.