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Les compétences en littératie des immigrants au Canada Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes L'immigration a longtemps fait partie intégrante du développement social, culturel et économique du Canada. Au fil du temps, la nature de l'immigration et son rôle dans la société canadienne ont évolué en fonction des réalités nationales et internationales. De nos jours, les immigrants représentent une proportion importante et grandissante de la croissance de la population active canadienne. En effet, les immigrants arrivés au pays durant les années 1990 constituaient environ 70 % de cette croissance de 1991 à 2001, et ce pourcentage devrait atteindre 100 % au cours de la prochaine décennie, en partie à cause des faibles taux d'accroissement naturel des personnes nées au Canada.Les données du Recensement de 2001 révèlent qu'entre 1991 et 2000 seulement, 2,2 millions d'immigrants ont été admis au Canada, soit le plus grand nombre de toutes les décennies durant le dernier siècle. À l'opposé, on a dénombré 1,3 million d'immigrants au cours des années 1980 et 1,4 million dans chacune des décennies de 1970 et de 1960. La majorité des immigrants arrivés au Canada durant les années 1990 se trouvaient dans le groupe d'âge des 25 à 64 ans et ont accru de plus de 1,1 million de personnes la population canadienne en âge de travailler.1 Les immigrants arrivés au Canada ces dernières années sont plus scolarisés que ceux qui sont arrivés dans le passé et sont deux fois plus susceptibles que les personnes nées au Canada d'avoir fait des études universitaires.2 Toutefois, malgré des niveaux de scolarité élevés, les immigrants affichent des résultats économiques qui se sont dégradés par rapport à ceux des personnes nées au pays. Bon nombre d'immigrants éprouvent des difficultés à trouver un emploi bien rémunéré, et le salaire qu'ils gagnent tend à être bien inférieur à celui des personnes nées au Canada.3 Ces tendances soulèvent des questions au sujet des facteurs pouvant expliquer une telle détérioration des résultats économiques des immigrants.D'autres changements importants ont marqué les caractéristiques des nouveaux immigrants. Ainsi, les pays d'origine de bon nombre de nouveaux immigrants ont changé, les pays où le français ou l'anglais sont parlés couramment ayant cédé le pas à des pays où l'on parle surtout une autre langue. Les probabilités que les nouveaux immigrants aient le français ou l'anglais comme langue maternelle sont bien moindres par rapport à la population immigrante du passé, et un grand nombre d'entre eux ont fréquenté dans leurs pays d'origine des établissements d'enseignement où la langue était souvent autre que le français ou l'anglais. Bien que nous ayons recueilli et analysé en profondeur des données sur les caractéristiques des immigrants récents et leurs résultats économiques au pays, nous ne disposions pas auparavant de données exhaustives sur le niveau de littératie des immigrants récents. L'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) de 2003 a permis de recueillir des données à partir d'échantillons suffisamment vastes d'immigrants tant récents qu'établis – pour fournir des réponses aux grandes questions sur les niveaux de littératie de ces deux groupes. Le rapport sur les résultats canadiens de l'EIACA, qui s'intitule Miser sur nos compétences4 et qui a été publié en novembre 2005, présente une analyse des compétences de trois groupes, à savoir les personnes nées au Canada, les immigrants récents (qui sont arrivés au Canada il y a 10 ans ou moins) et les immigrants établis (qui vivent au pays depuis plus de 10 ans).Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultesRéalisée en 2003, l'EIACA est la composante canadienne de l'Enquête sur la littératie et les compétences des adultes (ELCA). L'ELCA est une " […] étude conjointe à grande échelle menée par des gouvernements, des organismes statistiques nationaux, des établissements de recherche et des organismes multilatéraux ", qui fournit des mesures comparables à l'échelle internationale dans quatre domaines : la compréhension de textes suivis, la compréhension de textes schématiques, la numératie et la résolution de problèmes.5 Plus de 23 000 personnes de 16 ans et plus habitant dans les 10 provinces et les 3 territoires ont participé à l'EIACA.Les compétences en littératie, numératie et résolution de problèmes sont des fonctions essentielles de la vie moderne. Les compétences dans ces domaines facilitent la poursuite de l'apprentissage continu. Dans une économie mondiale, une population hautement qualifiée est un élément d'actif fondamental à la croissance économique. Des facteurs comme la mondialisation, l'incidence des nouvelles technologies et l'adoption d'une économie axée sur le savoir ont conduit le secteur professionnel canadien à créer des postes plus qualifiés qui nécessitent des niveaux de scolarité supérieurs. Une économie axée sur le savoir requiert des travailleurs qui peuvent s'adapter rapidement à l'évolution des compétences sur le marché du travail. En outre, les différences dans le niveau et la répartition des compétences sont liées à des écarts substantiels dans les résultats associés à des domaines multiples de la vie : le travail, l'éducation, la famille et la collectivité. Pour comprendre la signification des résultats obtenus par une personne dans les domaines évalués au moyen de l'EIACA, il importe de définir le niveau minimal de compétences nécessaires pour faire face à la demande grandissante de compétences dans une économie et une société axées sur le savoir et l'information. Les résultats obtenus dans chaque domaine - la compréhension de textes suivis, la compréhension de textes schématiques, la numératie et la résolution de problèmes - ont été regroupés par niveau de compétence représentant une série de tâches de difficulté croissante. Dans chaque domaine, le niveau 1 comprend les répondants ayant le niveau le plus faible de compétence, alors que le niveau 4/5 (ou le niveau 4 pour la résolution de problèmes) comprend ceux ayant le niveau le plus élevé de compétence. Pour ce qui est de la littératie et de la numératie, le niveau 3 de performance est choisi comme point de repère parce qu'une performance à ce niveau ou à un niveau supérieur est généralement associée à un nombre significatif de rendements positifs. Ceux-ci comprennent une participation accrue à la vie communautaire, de plus grandes chances de réussite économique et d'indépendance ainsi qu'un accroissement des probabilités de faire un apprentissage continu. Dans les pays comme le Canada, les personnes qui se classent aux niveaux 1 et 2 ne maîtrisent généralement pas encore les compétences minimales de base en littératie, lesquelles sont nécessaires à l'exécution des tâches habituellement considérées comme importantes pour participer activement à la vie socioéconomique.Niveaux de compétence des immigrantsDans les quatre domaines évalués, les immigrants de 16 à 65 ans présentent des résultats significativement inférieurs à la moyenne des personnes nées au Canada. Sur l'échelle de compréhension des textes suivis, le résultat moyen des personnes nées au pays correspond au niveau 3, alors que celui des immigrants récents correspond au niveau 2. On peut observer que les différences de résultats entre les personnes nées au Canada, les immigrants récents et ceux établis sont les plus marquées dans le domaine de la compréhension de textes suivis et les plus faibles en numératie.Contrairement à ce qu'on pouvait s'attendre, la durée du séjour au Canada ne semble pas outre mesure influer sur les résultats moyens des immigrants dans les quatre domaines à l'étude. Peut-être est-ce parce que des influences antagonistes sont à l'œuvre. On pourrait penser, par exemple, que les immigrants s'en tirent mieux à mesure que se prolonge leur séjour au pays. Nous savons cependant que les immigrants récents sont de façon générale plus scolarisés que les immigrants établis, et que les niveaux de littératie peuvent se révéler supérieurs pour les premiers, malgré la brièveté de leur séjour au Canada. Il faudra pousser l'analyse pour mieux comprendre l'absence d'effet de la longueur du séjour sur les niveaux de compétence dans les quatre domaines. Dans l'ensemble des domaines, les immigrants récents et établis étaient proportionnellement plus nombreux que les personnes nées au Canada à se situer aux niveaux 1 et 2. Sur l'échelle de compréhension de textes suivis, les deux catégories d'immigrants et la population née au Canada se trouvaient à ces niveaux dans des proportions de 60 % et de 37 % respectivement.À l'autre extrémité de l'échelle, 12 % des immigrants établis et 8 % des immigrants récents se situaient au niveau 4/5. Cette proportion était de 22 % chez les personnes nées au Canada. Il y a donc de plus grandes différences entre les personnes nées au pays et les immigrants qu'entre les deux groupes d'immigrants. Dans le cadre de l'analyse de l'EIACA, on a également examiné la répartition des résultats en compréhension de textes suivis pour les hommes et les femmes de la population immigrante et de la population née au pays. Les immigrantes récentes se situaient au niveau 1 dans une proportion de 34 %, comparativement à 9 % des femmes nées au pays. En outre, les immigrantes récentes étaient proportionnellement moins nombreuses à atteindre les niveaux supérieurs en littératie : en effet, 7 % d'entre elles seulement se trouvaient au niveau 4/5, par rapport à 25 % des femmes nées au Canada. De même, environ 28 % des immigrants récents de sexe masculin se trouvaient au niveau 1, ce qui représente plus du double de la proportion correspondante d'hommes nés au pays. Au niveau 4/5, on trouve approximativement 9 % des immigrants récents et 19 % des hommes nés au Canada.Compétences en littératie selon l'âge et la scolaritéLes données de l'EIACA de 2003 permettent d'examiner le lien entre l'âge et la compréhension de textes suivis pour chacune des trois populations à l'étude (les immigrants récents, les immigrants établis et les personnes nées au Canada). Dans tous les groupes d'âge, les immigrants récents et établis étaient proportionnellement plus nombreux à se situer au niveau 1 que les personnes nées au pays. Cette différence de proportion au niveau 1 était plus prononcée entre les personnes nées au pays et les immigrants récents. Toutefois, la proportion des immigrants établis qui se situaient au niveau 1 était au moins le double de la proportion des personnes nées au Canada qui se situaient au même niveau, et ce, pour chacun des groupes d'âge.Sur l'échelle de compréhension de textes suivis, les cohortes plus jeunes ont généralement obtenu de meilleurs résultats que les cohortes plus âgées dans le cas des immigrants et des personnes nées au Canada. La différence de performance sur l'échelle de compréhension de textes suivis entre les cohortes plus jeunes et plus âgées était plus prononcée pour les immigrants établis que pour les immigrants récents. Cet écart s'explique peut-être par le fait que les jeunes immigrants établis sont plus susceptibles d'avoir fait une plus grande partie de leurs études au Canada que les immigrants établis plus âgés ou que les jeunes immigrants récents. Chez les gens ayant le même niveau de scolarité, on observe de grandes différences en matière de littératie entre les immigrants et les personnes nées au Canada. Environ 2 % des personnes nées au pays ayant fait des études universitaires se situait au niveau 1 pour ce qui est de la compréhension de textes suivis, par rapport à 14 % des immigrants établis et à 18 % des immigrants récents ayant fait de telles études. À l'autre extrémité de l'échelle, 37 % des personnes nées au Canada et ayant fait des études universitaires se situaient au niveau 4/5 sur l'échelle de compréhension de textes suivis. En comparaison, cette proportion était de 21 % chez les immigrants établis et de 11 % chez les immigrants récents ayant aussi fait des études universitaires.Si l'on compare les gens qui se situaient au niveau 1 sur l'échelle de compréhension de textes suivis, les personnes nées au pays et les immigrants établis étaient moins scolarisés que les immigrants récents. Au niveau 1, 59 % des personnes nées au Canada, 46 % des immigrants établis et 26 % des immigrants récents n'avaient pas obtenu leur diplôme d'études secondaires. Comme les immigrants récents sont plus scolarisés, il est possible que nombre d'entre eux soient plus performants en matière de littératie dans leur langue maternelle. On devra pousser la recherche pour voir dans quelle mesure les résultats relativement faibles en littératie des immigrants récents s'expliquent par le manque de maîtrise du français ou de l'anglais plutôt que par une compétence en littératie insuffisante dans leur langue maternelle.Compétences en littératie selon la langueEn 2003, 1 immigrant sur 10 avait le français ou l'anglais comme langue maternelle, comparativement à presque 1 sur 3 en 1980.6 Les répondants de l'EIACA au Canada avaient le choix de répondre à l'évaluation en français ou en anglais. La grande question est de savoir si l'usage du français ou de l'anglais comme langue maternelle est lié aux résultats en littératie. Le nombre d'immigrants ayant participé à l'enquête ne se prête pas à une analyse distincte des langues des immigrants récents et établis, mais il demeure possible d'examiner ensemble tous les groupes d'immigrants pour juger de l'incidence de la langue maternelle sur les résultats en littératie.Les résultats révèlent que les immigrants dont la langue maternelle était différente de celle de l'évaluation ont obtenu, dans les quatre domaines, des résultats moyens inférieurs à ceux des immigrants dont la langue maternelle était la même que celle de l'évaluation. Comme le montre la figure 1, environ 43 % des immigrants dont la langue maternelle était différente de celle de l'évaluation se sont classés au niveau le plus faible en compréhension de textes suivis. Ce résultat représente à peu près deux fois la proportion des immigrants dont la langue maternelle était la même que celle de l'évaluation (21 %) et près de trois fois celle des personnes nées au Canada (15 %). Par contre, environ 30 % des immigrants dont la langue maternelle était différente de celle de l'évaluation se situaient au niveau 3 ou à un niveau supérieur en compréhension de textes suivis, par rapport à 47 % des immigrants dont la langue maternelle était la même que celle de l'évaluation et à 57 % des personnes nées au pays. Figure 1. Répartition des niveaux de compréhension de textes suivis des personnes de 16 à 65 ans, selon le statut d'immigrant et la langue maternelle, Canada, 2003Source : Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) de 2003. Il importe de noter que de faibles résultats en littératie dans la langue de l'évaluation de l'EIACA ne sont pas nécessairement synonymes de faibles résultats dans la langue maternelle du répondant. Il faudra pousser la recherche pour voir comment la langue maternelle et l'acquisition d'une langue officielle influent sur les résultats en littératie dans les deux langues officielles du Canada. ConclusionLes données du Recensement de 2001 révèlent également qu'une proportion grandissante d'immigrants nouvellement arrivés au Canada parlaient plus souvent une autre langue que le français ou l'anglais à la maison. En 2001, 61 % des immigrants arrivés au cours des années 1990 parlaient principalement une langue autre qu'une des langues officielles à la maison. Par comparaison, 56 % des immigrants arrivés durant les années 1980 parlaient une langue non officielle à la maison en 1991.Les résultats de l'EIACA montrent que les compétences des Canadiens de 16 à 65 ans en littératie, numératie et résolution de problèmes sont nettement liées à leur situation sur le marché du travail. Les résultats moyens des personnes occupées sont supérieurs à ceux des personnes au chômage ou ne faisant pas partie de la population active. Les taux d'emploi sont également plus élevés chez les personnes dont les niveaux de compétence sont supérieurs. Les personnes qui occupent un emploi axé sur le savoir possèdent généralement des compétences plus élevées en littératie et numératie. En outre, une meilleure performance est liée à une rémunération plus élevée, en particulier chez les femmes. Ces conclusions font ressortir l'importance de constituer et de maintenir le capital humain chez les Canadiens en âge de travailler. La capacité d'utiliser et de comprendre l'information est essentielle dans la vie de tous les jours, que ce soit au travail, à la maison ou dans la collectivité. Compte tenu de la taille de la population immigrante au Canada et de son apport significatif et croissant à l'augmentation de la population active, le lien que l'EIACA permet d'établir entre la langue et la littératie et la conclusion selon laquelle les immigrants obtiennent des résultats généralement inférieurs à ceux des personnes nées au Canada constituent une source de préoccupation. C'est particulièrement le cas puisque l'immigration représentera la totalité de la croissance nette de la population active au cours des prochaines années. Cela met en évidence la nécessité de mieux comprendre les interactions entre la langue, la littératie, les compétences et la croissance économique.Notes
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