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La littératie compteQu'est-ce que la « littératie »?
Qu'est-ce que la « littératie »?Dans les grandes lignes, nous pouvons décrire la littératie comme un déterminant clé des chances d'une personne, que ce soit du point de vue de la carrière ou de la qualité de vie. Plus qu'une simple mesure des compétences en lecture, la littératie sert à évaluer la façon dont les adultes utilisent l'information écrite pour fonctionner en société1. De fortes compétences en littératie sont étroitement liées à la probabilité d'obtenir un bon emploi, à des gains décents, et à l'accès aux possibilités de formation. Les personnes ayant de faibles compétences en littératie sont plus susceptibles de chômer ou, si elles ne chôment pas, d'obtenir des emplois qui paient peu ou qui offrent des heures ou des conditions de travail médiocres. Traditionnellement, la littératie a fait référence à la capacité de lire, de comprendre, et d'utiliser l'information. Cependant, la signification du terme s'est élargie pour englober une gamme de connaissances, de compétences et d'habiletés qui ont trait à la lecture, aux mathématiques, aux sciences, et plus encore. Cet élargissement du sens reflète les changements profonds et généralisés qui se sont produits dans les domaines de la technologie et de l'organisation du travail au cours des 25 dernières années. Par exemple, la capacité d'utiliser et de mettre en application des concepts clés en mathématiques et en sciences est maintenant nécessaire dans une vaste gamme de professions.
Pourquoi la littératie est-elle importante?La littératie est essentielle à l'apprentissage scolaire. Elle a une incidence sur la capacité d'une personne à prendre part à la société et à comprendre les questions publiques importantes. De plus, elle sert de base à l'acquisition des compétences nécessaires au marché du travail. La technologie et la science inhérente à celle ci touchent tous les aspects de notre vie, allant de la façon dont nous travaillons à la façon dont nous magasinons et payons les factures, en passant par la façon dont nous communiquons. La complexité du monde actuel signifie que les personnes ont besoin d'un certain niveau de compétence en lecture, en mathématiques et en sciences afin de comprendre la vie économique et sociale et d'y prendre part pleinement. De plus, les compétences en littératie d'une population ont un rapport avec le bon rendement économique d'un pays. Le monde dans lequel nous vivons à l'heure actuelle est bien différent de celui d'il y a une génération. Les changements technologiques ont transformé notre façon de travailler; nous faisons face à une concurrence mondiale dans nombre d'industries, et les secteurs manufacturier et agricole cèdent rapidement du terrain au secteur des services. Cela entraîne une augmentation des exigences par rapport aux compétences. Les pays qui parviennent à mieux former leur population sont habituellement en meilleure posture pour relever les défis économiques qui découlent de l'exercice des activités dans une économie mondialisée et axée sur l'information. Enfin, les pays qui comptent une population ayant de fortes compétences en littératie sont également en meilleure posture pour relever les défis sociaux complexes auxquels ils font face. La santé en est un exemple : une personne ayant de fortes compétences en littératie aura de meilleures chances de demeurer en santé. Une population hautement alphabète saura mieux composer avec les questions de gouvernance d'une société très diversifiée. De plus, il faut des débats éclairés pour parvenir à déterminer la façon optimale d'affecter les ressources rares aux priorités concurrentes, telles que l'éducation, la santé, les investissements dans les infrastructures, et les programmes sociaux.
La mesure de la réussite scolaire des élèvesJusqu'à quel point les écoles parviennent à doter leurs élèves de fortes compétences en littératie constitue un indice clé du progrès en éducation. Cet indice est formé de deux composantes. La première composante a trait au rendement des élèves en moyenne, des résultats élevés indiquant, à l'échelon national ou provincial, une meilleure réussite scolaire dans l'ensemble. La seconde composante touche l'écart entre les résultats des élèves qui se trouvent dans le peloton de tête et ceux des élèves qui se trouvent dans le peloton de queue. Les facteurs d'ordre égalitaire semblent indiquer qu'un système qui permet d'atteindre des résultats élevés par le rendement fort de tous les élèves, peu importe leurs origines, est préférable à un système dans lequel la forte moyenne dépend d'une petite proportion d'élèves qui excellent. La volonté de diminuer l'écart entre les pelotons de tête et de queue découle également de raisons d'efficacité - les données indiquent que les pays ou les provinces où l'écart quant à la réussite scolaire est moindre ont également tendance à obtenir des résultats en littératie plus élevés en moyenne que ceux ou celles où cet écart est plus grand.
Le Canada s'approche du sommet pour ce qui est des résultats moyens sur le plan de la réussite scolaireLe Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) découle d'une volonté internationale d'évaluer les capacités des élèves en lecture, en mathématiques et en sciences. L'évaluation du PISA vise à aller au delà des tests du programme scolaire afin de mesurer à quel point les élèves qui sont à la veille de terminer leur scolarité obligatoire maîtrisent les connaissances et les compétences comprises dans chacun des trois domaines de littératie. En 2000, on a fait passer des tests aux élèves de 15 ans2. En tout, on compte les données de 32 pays et de chacune des 10 provinces du Canada. Dans l'ensemble, les élèves canadiens ont très bien réussi l'évaluation du PISA - il n'y a que la Finlande (en lecture), le Japon et la Corée (en mathématiques), ainsi que la Finlande, le Japon et la Corée (en sciences) qui ont obtenu des résultats plus élevés en moyenne que ceux du Canada. Qui plus est, l'Alberta (dans les trois domaines) et le Québec (en mathématiques et en sciences) se sont classés dans le tiers supérieur des pays et provinces en 2000. En outre, bien que la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve et-Labrador comptent des résultats inférieurs à la moyenne canadienne, ces résultats sont tous supérieurs à la moyenne de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), tandis que les résultats du Nouveau-Brunswick correspondent à peu près à la moyenne de l'OCDE. Sur le plan de l'efficacité, comme l'indique le rendement des élèves canadiens en moyenne, et celui des élèves de l'Alberta et du Québec en particulier, le Canada se démarque aux évaluations de la réussite scolaire du PISA par ses résultats supérieurs à ceux de nombreux autres pays.
Les élèves canadiens réussissent bien aux tests internationaux de réussite scolairei
i Dans chaque catégorie, les pays
et les provinces sont classés selon les résultats moyens
obtenus.
Inégalité des résultats en lectureToutefois, l'efficacité ne constitue qu'une partie de l'équation, l'autre étant l'égalité. En réalité, les systèmes d'éducation qui parviennent à accroître l'égalité du rendement des élèves par la réduction de l'écart entre les élèves du peloton de tête et ceux du peloton de queue, sans compromettre les résultats élevés de ceux du peloton de tête, parviendront dans l'ensemble à obtenir des résultats plus élevés en moyenne. Représentez-vous les résultats des élèves sur un continuum décroissant, le résultat le plus élevé constituant un point fixe. Afin de hausser le rendement moyen, il faut permettre aux élèves du peloton de queue de hausser leurs résultats - en quelque sorte, aplanir et rehausser le champ d'action. Bien entendu, le défi est d'atteindre cet objectif sans sacrifier la réussite des élèves du peloton de tête. On obtient une mesure de la répartition des résultats au sein des pays et entre ceux ci par la constitution d'un indice d'inégalité, qui se compose du ratio du résultat au 90e centile et au 10e centile3. Plus le ratio est élevé, plus la différence est grande entre les résultats des 10 % d'élèves du peloton de tête et du peloton de queue; un ratio de près de 1,0 indique que tous les élèves d'un pays obtiennent à peu près les mêmes résultats. À ce chapitre, le Canada s'en tire également bien. Ainsi, en 2000, l'indice d'inégalité des résultats en lecture au Canada était de 1,59. Cet indice se compare aux indices de 1,52 en Finlande et de 1,54 au Japon. À 1,75, les États-Unis se classent derrière le Canada. À 1,85, l'Allemagne est l'un des trois pays qui affichent l'indice d'inégalité le plus élevé. En outre, l'indice d'inégalité nous permet d'en apprendre sur les différences entre les provinces4. Premièrement, l'étendue de l'indice est beaucoup plus étroite entre les provinces qu'elle ne l'est sur le plan international, allant de 1,57 en Saskatchewan et au Québec et de 1,59 en Alberta à 1,67 en Nouvelle-Écosse et à 1,68 au Nouveau-Brunswick. Par conséquent, bien que les écarts de rendement n'aient pas diminué dans la même mesure entre toutes les provinces, ces écarts sont moins marqués que ceux qu'on observe entre les pays du G 8, par exemple. Deuxièmement, conformément à la constatation selon laquelle les secteurs de compétence qui obtiennent des résultats élevés en moyenne ont également tendance à compter une inégalité moindre entre les résultats des élèves, le Québec et l'Alberta affichent une inégalité relativement faible entre les capacités de lecture des élèves comparativement à celle de nombreux pays. La Saskatchewan, dont l'indice d'inégalité en lecture se rapproche de ceux du Québec et de l'Alberta, fait exception. Le graphique ci après montre le lien entre les résultats moyens sur le plan de la réussite scolaire et les indices d'inégalité en lecture des 10 provinces en 2000. D'abord, bien que ce lien ne soit pas absolu, nous remarquons une tendance marquée entre la réussite scolaire élevée en moyenne et la diminution de l'indice d'inégalité, comme l'indique la pente descendante de la distribution.
Graphique 1. La réussite scolaire élevée dans l'ensemble est liée à la diminution de l'écart de rendement entre les élèvesSource : Statistique Canada, 2001, À la hauteur : la performance des jeunes du Canada en lecture, en mathématiques et en sciences - Étude PISA de l'OCDE : premiers résultats pour les Canadiens de 15 ans, numéro 81-590-XIF au catalogue de Statistique Canada. Ensuite, le graphique indique certaines anomalies. Par exemple, sur le plan de la réussite scolaire en lecture, le Québec et la Saskatchewan montrent l'écart le moins élevé entre les élèves. En revanche, l'Alberta, qui devance les autres provinces sur le plan des résultats moyens en lecture, figure également au premier rang pour ce qui est de l'indice d'inégalité. De même, Terre-Neuve et-Labrador obtient une moyenne en lecture plus élevée que prévue, compte tenu de son indice d'inégalité.
Le rôle du statut socioéconomiqueDe nombreux facteurs déterminent l'ampleur de l'écart quant à la réussite scolaire. Le statut socioéconomique (SSE) - évalué habituellement d'après le niveau de scolarité, la profession ou le revenu des parents - constitue un facteur important. De nombreuses études faites dans beaucoup de pays ont permis de constater que les élèves issus de familles dont le SSE est plus élevé ont fortement tendance à obtenir des résultats supérieurs aux élèves issus de familles dont le SSE est plus faible. Toutefois, les pays dont la réussite scolaire en lecture est élevée en moyenne ont également tendance à afficher une variabilité moindre entre les résultats des groupes socioéconomiques. Les résultats du PISA indiquent que le Canada enregistre non seulement un écart moindre entre les élèves d'origines différentes sur le plan de la réussite scolaire, mais aussi des résultats élevés dans tous les groupes socioéconomiques. De son côté, l'Allemagne enregistre l'écart le plus important sur le plan de la réussite scolaire entre les élèves d'origines socioéconomiques différentes. On a constaté des résultats semblables quant à la réussite en mathématiques et en sciences. Cependant, comme nous l'avons constaté, le SSE familial n'a pas un effet fixe. Certains secteurs de compétence ont mieux réussi que d'autres à atténuer l'incidence négative du SSE faible, et chacune des écoles compte des succès variables à cet égard. En outre, les données semblent indiquer que les parents qui s'intéressent et qui prennent part à l'éducation de leurs enfants, tout en favorisant à la maison un milieu qui stimule l'apprentissage, ont une incidence positive sur les résultats des enfants, peu importe leur SSE. Des résultats en littératie élevés en moyenne et un faible indice d'inégalité sont des objectifs souhaitables et, comme nous l'avons vu, compatibles. La compréhension et l'évaluation des politiques et des pratiques optimales qui profitent à tous les élèves, peu importe le lieu où ils demeurent ou l'aisance de leurs parents, s'inscrivent dans l'équation de la politique. RéférencesCet article est fondé d'après Statistique Canada, 2003, Indicateurs de l’éducation au Canada, Rapport du Programme d’indicateurs pancanadiens de l’éducation, numéro 81-582-XIF au catalogue et Statistique Canada, 2001, À la hauteur : la performance des jeunes du Canada en lecture, en mathématiques et en sciences - Étude PISA de l'OCDE : premiers résultats pour les Canadiens de 15 ans, numéro 81-590-XIF au catalogue. Notes
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