3.0 Qui est plus susceptible de consacrer 30 % ou plus de son revenu aux coûts d'habitation?
Consulter la version la plus récente.
Information archivée dans le Web
L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.
La présente section examine cette question à l'aide de deux modèles de régression. Le premier modèle fait une comparaison des caractéristiques des personnes ayant déjà dépensé 30 % ou plus de leur revenu du ménage pour les coûts d'habitation pendant au moins une année de la période à l'étude avec celles des personnes qui ne l'ont jamais fait. Le deuxième modèle fait une comparaison des personnes qui ont de façon permanente (pour les trois années) dépensé plus que la limite avec celles qui pour au moins une année étaient sous la limite (le groupe de ceux qui n'ont jamais dépensé plus et le groupe de ceux qui ont occasionnellement dépensé plus, tel que présenté au tableau 2). L'annexe D donne davantage de renseignements sur la distribution de l'échantillon de chacun de ces modèles et l'annexe E comprend des renseignements au sujet des variables étudiées dans les modèles.
3.1 Le Canadien moyen a une chance sur cinq de faire partie d'un ménage ayant dépensé 30 % ou plus pour le logement
Le premier modèle permet de prévoir que le Canadien moyen1 a une probabilité d'environ un sur cinq (21 %) d'avoir déjà fait partie d'un ménage qui dépensait 30 % ou plus du revenu pour le logement pendant la période de trois années à l'étude. Cependant, la probabilité (en fonction du deuxième modèle) que ce Canadien moyen fasse partie d'un ménage qui dépasse de façon permanente la limite d'abordabilité est beaucoup plus basse à 3,9 %.
Remarquez que ces probabilités sont différentes des pourcentages présentés au tableau 6 de la section précédente. Le tableau 6 présente les pourcentages de la population ayant différentes caractéristiques qui ont dépassé la limite d'abordabilité pendant la période à l'étude. Par ailleurs, le tableau 7 présente les probabilités qu'un ménage ait déjà ou de façon permanente dépassé la limite d'abordabilité pour les populations ayant différentes caractéristiques lorsque toutes les autres caractéristiques (telles qu'incluses au modèle) sont constantes. Le modèle nous permet d'isoler l'effet d'une seule caractéristique à la fois. Voir les annexes D, E et F pour obtenir davantage d'information au sujet des modèles.
Les personnes et les familles qui vivent des changements qui affectent leurs revenus ou leurs coûts d'habitation voient des changements correspondant à leurs RFLR, et par le fait même, à leur probabilité d'avoir déjà ou toujours dépensé 30 % ou plus de leurs revenus pour le logement. Les personnes qui ont déménagé, celles qui ont changé de mode d'occupation et celles dont la situation familiale a changé (en raison d'un divorce, d'un mariage ou d'un autre changement familial) sont des exemples particuliers des personnes dont la situation a changé et sont visées par la discussion ci-dessous.
L'âge n'est pas un facteur important pour déterminer la probabilité d'avoir déjà dépensé 30 % ou plus du revenu pour les coûts d'habitation. Aucun des groupes d'âge du premier modèle ne présentait une probabilité vraiment différente de celle de la catégorie de référence (de 30 à 49 ans) pour ce qui est d'avoir un RFLR de 30 % ou plus. Pour le deuxième modèle, seul le groupe d'âge de 20 à 29 ans présentait une probabilité nettement plus faible que celui des 30 à 49 ans d'avoir dépassé de façon permanente la limite d'abordabilité. Cependant, même si cette différence était significative, le pourcentage n'était pas beaucoup plus bas. Il y a peut-être différentes raisons qui expliquent pourquoi les membres du groupe d'âge de 20 à 29 ans présentaient une probabilité nettement différente de celle de la catégorie de référence. Il s'agit d'un groupe en transition. Certains des membres du groupe vivent toujours à la maison avec leurs parents et leurs coûts d'habitation et de revenu reflètent la situation de leur famille plutôt que la leur. Ceux qui ont quitté le foyer font peut-être des économies en vue d'acheter une maison et choisissent donc d'occuper un logement peu coûteux. Ceux qui n'ont toujours pas fondé de famille n'ont pas besoin d'un logement plus grand et plus coûteux, contrairement aux familles. Remarquez que, même si de nombreux membres de ce groupe d'âge partagent un logement avec des colocataires, ces ménages sont exclus de l'étude et il faudra en tenir compte dans l'interprétation des résultats présentés.
3.2 Les locataires de logements subventionnés ont une probabilité significativement plus faible que ceux qui louent au prix du marché de dépenser de façon permanente 30 % ou plus de leur revenu pour le logement
Les résultats des recensements antérieurs ont montré qu'en moyenne, les locataires avaient des RFLR plus élevés que les propriétaires et étaient plus susceptibles de dépenser 30 % ou plus de leurs revenus pour le logement. Comme la présente étude vise une période de trois ans, les regroupements propriétaires-locataires typiques ont été étendus. La variable du mode d'occupation utilisée dans le présent rapport réunit les propriétaires selon qu'ils aient une hypothèque ou non et réunit des locataires selon qu'ils paient le prix du marché ou qu'ils aient un loyer subventionné. Les personnes de chacun de ces quatre groupes n'ont pas changé de situation pendant toute la période de trois ans. Des catégories distinctes sont prévues pour les propriétaires qui ont repris une hypothèque ou qui ont acquitté leur hypothèque, et pour les locataires qui sont passés d'un loyer au prix du marché à un loyer subventionné ou vice versa et pour les personnes qui sont passées de la catégorie de locataires à celle de propriétaire ou vice versa. Le tableau 7 montre la part de la population étudiée pour chacun de ces modes d'occupation.
La catégorie de référence dans le modèle est formée des locataires qui ont payé le prix du marché pour les trois années. Si l'on tient compte de l'expérience passée concernant les renseignements des recensements, nous devons nous attendre à ce que les propriétaires aient une situation plus abordable et à ce qu'ils soient moins susceptibles que les locataires au prix du marché d'avoir des RFLR de 30 % ou plus. De façon similaire, nous devrions nous attendre à ce que les propriétaires sans hypothèque soient dans des situations plus abordables que ceux qui ont une hypothèque. Nous devrions également prévoir que les locataires de loyers subventionnés soient dans des situations plus abordables que s'ils devaient payer le prix du marché.
Les résultats du modèle appuient nos attentes et permettent une compréhension plus en profondeur du rôle du mode d'occupation quant à l'abordabilité du logement. Dans le tableau 8, les catégories du mode d'occupation sont arrangées en ordre décroissant en fonction de leur RFLR médian.
Ce sont les locataires qui ont les RFLR médians les plus élevés. Ce sont également eux qui sont les plus susceptibles de dépenser au-delà de la limite d'abordabilité et, à l'exception des locataires de loyers subventionnés, qui sont les plus portés à dépenser au-delà de cette limite de façon permanente. Les résultats du premier modèle montrent que, pour les locataires au prix du marché, la probabilité d'avoir déjà dépensé 30 % du revenu du ménage ou plus pour le logement est de un sur trois. La probabilité diminue à un sur huit pour ce qui est d'avoir dépensé au-delà de cette limite de façon permanente et elle est encore plus basse pour les locataires de loyers subventionnés à un sur dix-huit.
Cette situation existe malgré le fait que le revenu médian des locataires de loyers subventionnés n'est que de la moitié de celui des locataires de loyers au prix du marché. Les résultats du deuxième modèle donnent donc des preuves supplémentaires que les loyers subventionnés ont un effet.
Même s'il semble contraire à l'intuition de dire que les locataires de loyers subventionnés ont les RFLR plus élevés que ceux des locataires au prix du marché, ceux-ci seraient beaucoup plus élevés s'il n'y avait pas de loyers subventionnés. Si les locataires de loyers subventionnés avaient payé un loyer médian au prix du marché de 8 301 $ plutôt que leur loyer subventionné, leur RFLR médian aurait été de 42 % au lieu de 26 %. Les coûts d'habitation médians pour les locataires de loyers subventionnés pour les trois années sont de 40 % en deçà de ceux pour les locataires de loyers au prix du marché. Cela les aide à rendre leurs coûts d'habitation beaucoup plus abordables relativement à leur très faible revenu médian.
Les propriétaires sans hypothèque ont les RFLR les plus bas, ce qui correspond également aux attentes. Lorsqu'on examine la probabilité d'avoir déjà dépensé 30 % ou plus du revenu du ménage pour le logement, à seulement 5,2 %, les propriétaires sans hypothèque sont dans une catégorie à part, bien en deçà des 26 % pour la catégorie suivante de mode d'occupation, soit les propriétaires canadiens ayant changé de situation quant à leur hypothèque.
Même si les 36 % de Canadiens qui sont propriétaires avec hypothèque ont environ la même probabilité que les locataires de loyers au prix du marché en tant que groupe d'avoir déjà dépassé la limite d'abordabilité, ils le font dans des situations complètement différentes. Le tableau 8 montre que les propriétaires avec hypothèque avaient les revenus médians les plus élevés à 79 306 $ et qu'ils avaient également les coûts médians d'habitation les plus élevés à 15 282 $. Grâce à leurs revenus les plus élevés, les propriétaires qui ont une hypothèque sont plus en mesure de pouvoir payer un pourcentage plus élevé de leur revenu pour le logement. Les paiements élevés comprennent les paiements des intérêts ainsi que le remboursement de capital hypothécaire2. En comparaison, les locataires de loyers au prix du marché avaient des revenus médians ne représentant que la moitié de ceux des propriétaires qui ont une hypothèque, mais des coûts d'habitation médians qui représentaient plus de la moitié.
Même si les quelque 10 % des ménages qui avaient changé de mode d'occupation pendant la période de trois années à l'étude avaient une probabilité relativement élevée d'avoir déjà consacré 30 % ou plus de leur revenu au logement, ils avaient une probabilité plus faible de le faire de façon permanente. Les raisons de cette situation sont vraisemblablement complexes. Il se peut que le changement de mode d'occupation soit lié à des RFLR élevés à court terme mais que, à long terme (dans cette étude, pour une période de trois années), leur situation s'améliore. Le changement de mode d'occupation peut également être lié à des circonstances variées comme un déménagement qui fait croître de façon temporaire les coûts d'habitation plus rapidement que le revenu ou un déménagement en réponse à l'éclatement de la famille et à une chute du revenu.
3.3 Situation distincte pour les résidents de Toronto et de Vancouver
« L'emplacement, l'emplacement », comme on le dit souvent dans l'immobilier, l'emplacement peut également être utilisé pour examiner les coûts d'habitation. Les coûts d'habitation sont les plus élevés dans les grandes régions métropolitaines du Canada. Ces coûts plus élevés sont-ils reflétés dans une plus grande probabilité de dépasser la limite d'abordabilité du logement dans ces villes? Le modèle suggère que les Canadiens qui vivent à Vancouver et à Toronto, deux des plus grandes villes au Canada et les deux villes les plus coûteuses, ont une probabilité beaucoup plus élevée d'avoir déjà ou de façon permanente dépassé la limite d'abordabilité comparativement aux personnes qui demeurent à Ottawa-Gatineau, la catégorie de référence.
Le tableau 9 donne les RFLR des ménages, les coûts d'habitation et les revenus médians pou les régions métropolitaines visées par l'étude. Il indique que les Torontois ont les coûts de logement médians les plus élevés de toutes les régions métropolitaines, mais qu'ils ont également le revenu médian assez élevé, ce qui affecte leurs RFLR, laissant les Torontois avec le deuxième RFLR en importance. À 21 %, ce sont les Vancouverrois qui ont le RFLR médian le plus élevé.
Les Canadiens qui vivent à Montréal, à Calgary, à Edmonton, dans d'autres RMR et dans les régions rurales ont environ la même probabilité de dépenser plus que la limite d'abordabilité du logement que les résidents d'Ottawa-Gatineau. Les résidents de Victoria, représentant la plus petite part de population de tous les centres à l'étude, avaient une probabilité relativement élevée (28 %) d'avoir déjà dépensé 30 % ou plus de leur revenu du ménage pour le logement. Cependant, en ce qui a trait au dépassement de la limite d'abordabilité de façon permanente, ils ne diffèrent pas significativement d'Ottawa-Gatineau.
Enfin, comme mentionné précédemment, les personnes qui font partie de ménages dont la situation a changé tendent à avoir des RFLR plus élevés. Les résultats montrent que les Canadiens qui ont changé de région métropolitaine avaient une probabilité plus élevée (28 %) d'avoir déjà dépassé la limite d'abordabilité que ceux qui sont demeurés pendant toute la période de l'étude à Ottawa-Gatineau (la catégorie de référence). Cependant, en ce qui a trait au dépassement continu de la limite, les résultats montrent que les personnes qui ont déménagé n'étaient pas dans une situation significativement différente. Il se peut simplement qu'il faille du temps pour trouver un bon emploi et un logement abordable dans une nouvelle ville.
3.4 Les transitions concernant la famille, un facteur important de l'abordabilité du logement
Les situations familiales ne sont pas statiques. Différents événements peuvent mener à des changements à la composition de la famille, par exemple un mariage, un divorce, une séparation, un décès et le départ ou le retour d'enfants devenus adultes. Entre 2002 et 2004, 13 % de la population est passée d'un type de famille à un autre. Afin que l'étude puisse comparer les familles qui ont changé à celles qui n'ont pas changé, une catégorie distincte a été créée3.
Le tableau 10 montre les coûts d'habitation et les revenus médians pour chacun des types de famille, classés en fonction de la valeur du rapport des frais de logement au revenu. Les familles monoparentales ayant une femme à leur tête ont les RFLR les plus élevés à 27 %, suivies des femmes et des hommes vivant seuls. Ces trois groupes ont des revenus médians qui représentent moins de la moitié de celui des couples. Les personnes vivant seules ont des coûts d'habitation médians qui représentent moins des deux tiers de ceux des couples, mais les femmes qui sont la chef de famille monoparentale paient près de 80 % de ce que les couples paient pour le logement – ce qui explique pourquoi leurs RFLR sont les plus élevés.
Les couples, le type de famille le plus fréquent, représentent 66 % de toutes les personnes au Canada. Pour les couples, la probabilité de faire partie d'un ménage ayant déjà dépensé plus que la limite d'abordabilité est de 16 % et la probabilité de faire partie de ménages qui dépensent de façon permanente au-delà de cette limite est de seulement 3 %, ces deux pourcentages étant bien en deçà de la moyenne nationale. Les couples ont le revenu médian le plus élevé de tous les types de famille, ce qui compense leurs coûts d'habitation élevés, leur donnant presque le RFLR médian le plus faible.
En comparaison, les personnes qui vivent dans tous les autres types de familles sont significativement plus susceptibles d'avoir déjà dépensé 30 % ou plus de leur revenu pour le logement – surtout les familles monoparentales ayant une femme à leur tête et les femmes vivant seules. Les familles de ces deux catégories ont également la probabilité la plus élevée de dépenser de façon permanente au-delà de la limite. Ces familles plus petites ne peuvent tirer profit de la possibilité d'avoir plus d'un revenu (que ce soit par des transferts familiaux ou par un salaire). Peut-être plus important encore est le fait que les revenus moyens des femmes au travail sont beaucoup plus bas que ceux des hommes, même lorsqu'elles travaillent à temps plein. En 2003, les femmes qui travaillaient à temps plein pendant toute l'année avaient des revenus moyens de 36 500 $, soit 71 % de ceux des hommes dans une situation comparable4.
Les personnes dont le type de famille a changé méritent une mention spéciale. Tout comme celles qui ont déménagé ou qui ont changé de mode d'occupation, elles ont une probabilité élevée d'avoir déjà dépassé la limite. Cette probabilité est beaucoup plus élevée que celle pour les couples, mais pas aussi élevée que celle des femmes vivant seules et des femmes qui sont chef de famille monoparentale. La probabilité qu'elles aient dépassé de façon permanente la limite est nettement plus élevée que pour les couples, mais pas de beaucoup. Il se peut que ce soit parce que les personnes de familles qui ont ajouté ou perdu un membre soient en mesure de faire des ajustements permettant de réduire leurs RFLR après un ou deux ans, alors que les femmes vivant seules ou qui élèvent des enfants seules n'ont pas une telle flexibilité.
3.5 Les nouveaux immigrants et les minorités visibles ont des probabilités élevées d'avoir déjà dépensé plus que la limite d'abordabilité du logement
Plus de 70 % des immigrants qui sont arrivés au Canada depuis 1982 font partie d'un groupe de minorités visibles5. C'est pourquoi les résultats pour les nouveaux immigrants et les minorités visibles sont abordés ensemble6.
La proportion élevée de nouveaux immigrants qui font également partie des minorités visibles n'est pas la seule similarité pertinente entre ces deux groupes. Les membres de ces deux groupes ont également tendance à vivre dans les plus grands centres urbains du Canada où les coûts d'habitation sont les plus élevés. Par exemple, en 2001, 86 % des ménages composés d'immigrants vivaient dans les régions métropolitaines de recensement (RMR)7du Canada, comparativement à 58 % pour les ménages de nonimmigrants. Les membres de ces deux groupes sont vraisemblablement plus nombreux que les Canadiens en général à demeurer à Toronto et Vancouver. En 2001, la part de Canadiens des minorités visibles qui vivaient dans ces deux RMR était quatre fois plus importante que la part de Canadiens qui ne font pas partie d'une minorité visible. Un peu plus que 40% de l'ensemble des minorités visibles vivait à Toronto, comparativement à 11 % pour les Canadiens qui ne font pas partie des minorités visibles, et à Vancouver, les pourcentages comparables étaient de 18 et 5 %.5
Une autre similarité entre les minorités visibles et les nouveaux immigrants est la taille des familles. La taille moyenne des familles de minorités visibles en 2002 était de 3,8, comparativement à 2,9 pour les familles qui ne font pas partie des minorités visibles. De même, la taille moyenne des familles des nouveaux immigrants était de 3,7 pour les familles arrivées au Canada depuis moins de 10 ans et de 3,9 pour les familles arrivées au Canada il y a entre 10 et 19 ans. Pour les Canadiens de souche, la taille moyenne de la famille était inférieure à 3,0 (tableaux 11 et 12). Les familles plus grandes ont besoin de logements plus grands, ce qui fait croître leurs coûts d'habitation. Cependant, les grandes familles peuvent également générer plus de revenus, grâce aux efforts d'autres soutiens économiques ou grâce à des transferts. En fait, les tableaux 18 et 19 montrent que, même si les revenus du ménage médians sont similaires pour ceux qui font partie des minorités visibles et pour ceux qui n'en font pas partie, ainsi que pour les immigrants (sauf dans le cas des immigrants récemment arrivés) et pour les Canadiens de souche, les coûts d'habitation sont beaucoup plus élevés pour les minorités visibles et les nouveaux immigrants.
En raison de leur tendance à vivre dans les villes les plus grandes et les plus coûteuses et de leurs grandes familles, il n'est pas surprenant que les nouveaux immigrants et les minorités visibles aient des probabilités significativement supérieures de faire partie de ménages qui ont dépensé 30 % ou plus du revenu pour le logement au moins une fois au cours de la période de trois années à l'étude. Pour les immigrants (y compris les minorités visibles et ceux qui n'en font pas partie), cette probabilité plus élevée diminue avec le temps passé au Canada, ceux ayant vécu 40 ans ou plus au Canada ont des probabilités qui ne diffèrent pas significativement de celles des Canadiens de souche. Les immigrants qui sont au Canada depuis moins de 10 ans avaient la probabilité la plus élevée d'avoir déjà dépassé la limite d'abordabilité à 39 %. Cette probabilité chute à 23 % pour les personnes qui sont au Canada depuis 40 ans ou plus.
Les résultats sont semblables en ce qui a trait aux immigrants qui dépassaient de façon permanente la limite d'abordabilité. Les nouveaux immigrants étaient nettement plus susceptibles que les Canadiens de souche de dépasser la limite et cette probabilité chute avec le nombre d'années passées au Canada jusqu'à ce qu'il n'y ait pas de différence nette avec les Canadiens de souche. Cependant, pour les minorités visibles, il n'y a pas de différence nette entre eux et ceux qui ne font pas partie des minorités visibles quant à la probabilité de dépasser de façon permanente la limite d'abordabilité.
Le fait de vivre dans les plus grandes villes canadiennes et d'avoir une grande famille pourrait donc faire croître les coûts d'habitation pour les minorités visibles et les nouveaux immigrants. Cela pourrait également contribuer à des revenus plus élevés puisque les villes offrent davantage d'occasions d'emploi et que les grandes familles peuvent générer davantage de revenus. Pour les minorités visibles, la probabilité d'avoir déjà dépassé la limite d'abordabilité est nettement supérieure que pour les personnes ne faisant pas partie des minorités visibles, même si la probabilité de dépasser la limite de façon permanente ne l'est pas. Pour les nouveaux immigrants, les deux probabilités sont élevées comparativement à celles pour les Canadiens de souche, surtout pour les tout nouveaux immigrants qui étaient au Canada depuis moins de 10 ans au début de l'étude. Les personnes les plus récemment arrivées représentent également le groupe dont le revenu est passablement inférieur aux autres groupes d'immigrants. S'ils suivent les tendances des immigrants qui sont venus avant eux, ils feront graduellement croître leurs revenus et diminuer leurs coûts d'habitation et la taille de la famille. Cela leur permettra ensuite de réduire leurs RFLR et la probabilité qu'ils dépassent la limite d'abordabilité. Les études ultérieures devraient étudier ce groupe plus en détail.
3.6 Les ménages autochtones sont plus susceptibles de dépenser plus que la limite d'abordabilité, mais pas de façon permanente
Contrairement aux immigrants, les Autochtones qui vivent hors réserve8 ne se retrouvent pas tous à Toronto ou à Vancouver. Seulement 11 % des Autochtones canadiens vivaient dans ces deux RMR, comparativement à 22 % pour les non- Autochtones. Cette différence quant à l'emplacement explique vraisemblablement les coûts d'habitation médians plus bas qu'ils rapportent, 8 286 $ comparativement à 9 088 $ pour les Canadiens non autochtones. Cependant, leurs coûts d'habitation plus faibles sont liés à des revenus encore plus faibles menant à des RFLR plus élevés que ceux des non-Autochtones (tableau 13).
Les résultats des deux modèles indiquent que les Autochtones vivant hors réserve sont significativement plus susceptibles que les non-Autochtones d'avoir déjà dépassé la limite d'abordabilité, mais qu'ils ne risquent pas davantage de le faire de façon permanente. Les Autochtones ont un taux de déménagement plus élevé que les non- Autochtones. Le pourcentage d'Autochtones qui ont déménagé pendant la période de trois années à l'étude est de 17,4 %, comparativement à 12,4 % pour les non- Autochtones et, comme nous l'avons déjà mentionné, les ménages qui doivent déménager sont plus susceptibles de dépasser la limite d'abordabilité.
Les résultats dont il a été question précédemment montrent que les Canadiens qui déménagent d'une région métropolitaine à une autre avaient une probabilité significativement plus élevée d'avoir déjà dépassé la limite d'abordabilité mais, en ce qui a trait au dépassement de la limite de façon permanente, leur situation n'était pas significativement différente. Peut-être que la mobilité supérieure des Autochtones canadiens explique pourquoi ceux-ci ont des tendances semblables à celles des personnes qui déménagent. Comme mentionné précédemment, il peut falloir du temps avant de trouver un bon emploi et un logement abordable dans une nouvelle ville.
Par ailleurs, les autres caractéristiques des ménages autochtones comprennent des taux plus élevés de surpeuplement ou des logements d'une logeabilité insuffisante tel que mesuré par la Norme nationale d'occupation (NNO)9 et des taux plus élevés de personnes qui vivent dans des unités d'habitation exigeant d'importantes réparations. Voir le tableau 14. Il se pourrait que les Autochtones vivent dans des logements inadéquats ou d'une logeabilité insuffisante dans le but de diminuer leur loyer. Cette question mériterait d'être examinée davantage.
3.7 Les personnes handicapées sont plus susceptibles de dépasser la limite d'abordabilité
Les personnes qui se sont autodéclarées personnes handicapées au moins une fois au cours de la période de trois années à l'étude avaient une probabilité significativement supérieure que les personnes qui ne sont pas handicapées d'avoir déjà ou de façon permanente dépassé la limite d'abordabilité. Les personnes handicapées sont aussi plus susceptibles de faire partie d'un ménage dont la principale source de revenus provient des transferts gouvernementaux (y compris la Sécurité de la vieillesse) plutôt que des salaires et traitements (tableau 15).
3.8 Un niveau de scolarité plus élevé mène à une capacité de revenu plus élevée et à des RFLR plus bas
Comme on pourrait s'y attendre, comparativement aux personnes qui ont reçu une certaine certification postsecondaire autre qu'un baccalauréat, les personnes qui ont moins d'années d'études ont une probabilité significativement supérieure d'avoir déjà ou de façon permanente dépassé la limite d'abordabilité. De façon semblable, les personnes qui ont un niveau de scolarité plus élevé (baccalauréat ou diplôme d'études supérieures) ont une probabilité nettement inférieure de le faire (tableau 17).
____________
- En fixant toutes les variables du modèle à leur valeur moyenne, nous pouvons simuler un Canadien « moyen » dans l'échantillon.
- La portion du capital dans les paiements de l'hypothèque permet de constituer un avoir propre et donc d'accroître la richesse du ménage. La ventilation des paiements d'hypothèque en fonction du capital et des intérêts n'est souvent pas connue des répondants et ne fait pas partie des renseignements recueillis par l'EDTR. Les propriétaires qui ont une hypothèque et qui consacrent 30% ou plus de leur revenu au logement (c.-à-d. qu'ils ne respectent pas la limite d'abordabilité) contribuent, contrairement aux locataires, à leur richesse.
- Les catégories de type de famille utilisées dans les modèles sont : couples, familles monoparentales ayant une femme à leur tête, femme vivant seule, homme vivant seul, autre type de famille et type de famille ayant changé. Les catégories sont attribuées aux personnes en fonction de tous les membres de la famille, même si les enfants de moins de 16 ans ne font pas partie des modèles. De plus, les ménages ayant plus d'une famille économique ne font pas partie de l'étude. Les couples comprennent les couples ayant et n'ayant pas d'enfants (de moins de 18 ans). Cette catégorie comprend les relations de mariage, de conjoint de fait et de conjoint de même sexe. Les familles monoparentales ayant une femme à leur tête comprennent au moins un enfant et la mère doit être plus jeune que 65 ans. La catégorie « autre type de famille » comprend les familles monoparentales ayant un homme à leur tête et les couples ou les familles monoparentales qui vivent avec d'autres membres de la famille. Les personnes qui ont changé de type de famille pendant la période de trois ans peuvent s'être mariées, avoir divorcé ou s'être séparées, avoir vécu un décès dans la famille, avoir un enfant qui a eu 18 ans ou avoir des membres de la famille (y compris des enfants de 18 ans ou plus) qui ont quitté le ménage ou qui s'y sont joints.
- Femmes au Canada : Rapport statistique fondé sur le sexe/Statistique Canada, 2005 no de catalogue 89-503-XPE.
- Société canadienne d'hypothèques et de logement. forthcoming. Recensement de 2001 Série sur le logement : Minorités visibles au Canada. Le point en recherche, série socio-économique. Ottawa: Société canadienne d'hypothèques et de logement.
- Les immigrants sont les personnes nées à l'étranger et qui ont obtenu le droit de vivre de façon permanente au Canada des autorités de l'immigration. L'appartenance à une minorité visible est définie en fonction des trois questions : la langue maternelle, le groupe ethnique ou culturel d'ascendance et le pays de naissance. Les nouveaux immigrants sont définis en fonction de la variable « années depuis l'immigration ». Pour le présent rapport, les personnes qui ont immigré dans les 20 années précédant 2002 sont considérées comme des nouveaux immigrants. Les personnes qui ont immigré dans les neuf années précédant 2002 sont les plus récents immigrants.
- Société canadienne d'hypothèques et de logement.(2004). Série sur le logement : Ménages immigrants, tableau 2, p. 2. Le point en recherche, série socio-économique 04-042 Ottawa: Société canadienne d'hypothèques et de logement.
- Les personnes de la catégorie autochtone ont répondu au moins l'un des éléments suivants : ils étaient des Indiens visés par un traité ou des Indiens inscrits tel que défini dans la Loi sur les Indiens du Canada; ou leurs ancêtres étaient Cris, des Micmacs, des Métis ou des Inuits. Cette méthode pour définir Autochtone diffère de celle du recensement. Dans le recensement, une approche d'identité est utilisée et les personnes de la catégorie autochtone ont répondu oui à au moins une des questions suivantes : Êtes-vous un Autochtone? Êtes-vous membre d'une bande indienne ou d'une première nation? Êtes-vous un Indien visé par un traité ou un Indien inscrit tel que défini par la Loi sur les Indiens du Canada. La définition de l'EDTR donne une estimation plus élevée du nombre d'Autochtones hors réserve : 629 000 (de 16 ans et plus) pour l'année de référence 2001 comparativement à 471 000 (de 15 ans et plus) pour le recensement de 2001. La raison qui explique l'estimation plus élevée de l'EDTR est qu'elle comprend les personnes ayant une ascendance autochtone.
- Les surpeuplés n'ont pas suffisamment de chambres pour la taille et la composition du ménage, selon les exigences de la Norme nationale d'occupation (NNO). Selon les exigences de la NNO, le nombre de chambres sera suffisant s'il y en a une pour chaque couple d'adultes, chaque personne seule de 18 ans et plus qui fait partie du ménage, deux enfants de même sexe de moins de 18 ans et chaque garçon ou fille de plus dans la famille, sauf s'il s'agit d'un frère ou d'une soeur de moins de cinq ans, auquel cas ils seront censés partager une chambre. Toutefois, un ménage d'une personne peut occuper un studio (sans chambre à coucher). La NNO, élaborée par un groupe de travail fédéral-provincial-territorial en vue de servir de norme de logeabilité suffisante comprend les éléments communs des normes des différents organismes provinciaux et territoriaux responsables des politiques de logement à l'étendue du Canada. Pour obtenir davantage de renseignements sur le rôle de la NNO pour la définition de logement acceptable et pour la mesure des besoins impérieux de logement, voir (reste non traduit) voir Les besoins impérieux de logement au Canada, 1991, Société canadienne d'hypothèques et de logement. pp. 3-7.
- Date de modification :