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Analyse

Aucun changement dans le revenu après impôt en 2008, après quatre années de croissance

Le revenu après impôt (le revenu du marché, plus les transferts gouvernementaux, moins l’impôt sur le revenu) reflète les deux mécanismes de redistribution du revenu que sont l’impôt et les transferts. Le revenu médian après impôt des familles canadiennes comptant deux personnes ou plus s’est situé à 63 900 $ en 2008, à peu près le même niveau qu’en 2007; il s’agit de la première année depuis 2003 où l’on n’a noté aucune augmentation appréciable du revenu après impôt des familles canadiennes.

Dans le cas des personnes seules, le revenu après impôt est demeuré stable entre 2007 et 2008, à 24 900 $. Pour la première fois en trois ans, aucun changement significatif n’a été observé.

Même si les variations d’une année à l’autre ont été négligeables au niveau national, on a noté quelques exceptions à des niveaux géographiques plus détaillés. Le revenu médian après impôt des familles comptant deux personnes ou plus a augmenté de 5,7 % en Colombie‑Britannique et en Saskatchewan. Dans les autres provinces, il est demeuré inchangé entre 2007 et 2008.

Dans le cas des personnes seules, en 2008 le revenu médian après impôt en Alberta a augmenté de 13 % pour s’établir à 33 900 $, et au Manitoba il a augmenté de 12 % à 26 200 $.

On a noté des différences appréciables dans le revenu médian après impôt des familles entre les provinces et certaines régions métropolitaines de recensement (RMR) et agglomérations de recensement (AR) (figure 1). Au niveau provincial, le revenu médian après impôt a été significativement plus élevé en Ontario et dans les provinces de l’Ouest qu’au Québec et dans les provinces de l’Est. Depuis 2004, l’Alberta a affiché le revenu médian après impôt le plus élevé pour les familles économiques comptant deux personnes ou plus (77 200 $ en 2008). Au niveau des RMR/AR, Saskatoon, Calgary, Edmonton, Victoria et Vancouver ont toutes affiché des revenus médians après impôt plus élevés que la médiane nationale de 63 900 $1

Figure 1 Revenu médian après impôt, familles de deux personnes ou plus, Canada, provinces et régions métropolitaines de recensement sélectionnées, 2008

Le revenu du marché est demeuré stable

Le revenu du marché est constitué des gains et des revenus de placements, de régimes de retraite privés et d’autres sources2, et il est étroitement lié à la situation du marché du travail. Selon l’Enquête sur la population active, le taux d’emploi annuel de la population des 15 à 64 ans a peu changé entre 2007 et 2008, augmentant de 0,1 point de pourcentage pour s’établir à 73,7 %3.

Le revenu du marché médian n’a à peu près pas changé entre 2007 et 2008 pour les principaux types de familles (graphique 1). En 2008, les familles économiques comptant deux personnes ou plus ont disposé d’un revenu du marché médian de 64 900 $. Les familles de personnes âgées, c’est‑à‑dire les familles dont le principal soutien est âgé de 65 ans et plus, ont eu un revenu du marché médian de 25 500 $, comparativement à 72 500 $ pour les familles autres que de personnes âgées. Les personnes seules ont touché un revenu du marché médian de 21 300 $ en 2008.

Graphique 1
Revenu du marché médian selon le type de famille, 2007 et 2008

Graphique 1 Revenu du marché médian selon le type de famille, 2007 et 2008

Au niveau provincial, le revenu du marché médian est demeuré stable pour la plupart des types de familles. Toutefois, il a augmenté de façon significative pour les familles autres que de personnes âgées dans trois provinces en 2008 : au Nouveau‑Brunswick, le revenu médian a augmenté de 9,3 % pour s’établir à 59 800 $; en Saskatchewan, il a crû de 8,2 % pour atteindre 78 100 $; en Colombie‑Britannique, il a augmenté de 6,6 % pour s’établir à 76 000 $.

Évolution du revenu du marché des personnes âgées

Entre 2007 et 2008, la composition du revenu du marché pour tous les Canadiens n’a pas changé. Cependant, à plus long terme, la composition du revenu du marché (les quantités de revenus et leur provenance) a considérablement évolué, particulièrement pour les personnes âgées4.

Depuis le début des années 1990, le revenu du marché des personnes âgées est principalement constitué du revenu tiré de régimes de retraite privés. Cela diffère de la composition observée pendant les années 1970 et 1980, alors que les gains et le revenu de placements constituaient la plus grande part du revenu du marché (graphique 2). La proportion du revenu du marché tirée des gains a diminué de façon constante, passant de 38 % en 1976 à 9 % en 2001. Depuis, elle est remontée graduellement, pour s’établir à 16 % en 2008. Cela dit, le revenu de régimes de retraite privés représentait 59 % du revenu du marché en 2008, comparativement à 22 % en 1976.

Graphique2
Composition du revenu du marché global pour les personnes âgées de 65 ans et plus, 1976 à 2008

Graphique 2 Composition du revenu du marché global pour les personnes âgées de 65 ans et plus, 1976 à 2008

La proportion de personnes âgées qui reçoivent un revenu du marché a augmenté de 20 points de pourcentage entre 1976 et 2008 (graphique 3). L’activité plus importante des femmes sur le marché du travail a contribué à cette tendance : 76 % des femmes âgées ont reçu un revenu du marché en 2008, comparativement à 50 % en 1976. La proportion d’hommes âgés qui ont reçu un revenu du marché a aussi augmenté, mais dans une moindre mesure, passant de 75 % en 1976 à 86 % en 2008.

Graphique 3
Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus ayant un revenu du marché, 1976 et 2008

Graphique 3 Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus ayant un revenu du marché, 1976 et 2008

Le revenu de régimes de retraite privés est la composante du revenu du marché qui a connu la hausse la plus marquée entre 1976 et 2008. En 2008, 61 % des personnes âgées ont perçu un revenu d’un régime de retraite privé, comparativement à 24 % en 1976. La proportion de personnes âgées ayant des revenus de placements a aussi augmenté.

Dans le cas des personnes âgées touchant un revenu du marché, le montant médian reçu en 2008 s’est établi à 12 000 $, comparativement à 8 200 $ en 19765 (graphique 4). Lorsqu’on examine la médiane de chacune des composantes, des changements importants apparaissent au fil du temps. Les gains médians des personnes âgées par exemple ont diminué, passant de 14 000 $ en 1976 à 2 900 $ en 2008. De même, dans le cas des personnes âgées disposant de revenus de placements, la médiane a diminué, passant de 3 300 $ en 1976 à 1 600 $ en 2008. Par contre, le revenu médian tiré d’un régime de retraite privé a augmenté, passant de 6 100 $ en 1976 à 10 900 $ en 2008.

Graphique 4
Revenu du marché médian et ses composantes pour les personnes âgées de 65 ans et plus, 1976 et 2008

Graphique 4 Revenu du marché médian et ses composantes pour les personnes âgées de 65 ans et plus, 1976 et 2008

Bien qu’un plus grand nombre de personnes âgées travaillent, elles gagnent moins. Cette constatation correspond à celle d’autres recherches qui ont fait ressortir la hausse de l’activité sur le marché du travail des travailleurs âgés. Selon les chercheurs, de nombreux travailleurs âgés choisissent des modalités de travail souples, comme le travail à temps partiel ou le travail saisonnier (Turcotte et coll., 2007; Duchesne, 2004; Walsh, 1999).

La composition du revenu du marché demeure constante pour les personnes de moins de 65 ans

Les personnes de moins de 65 ans tirent leur revenu du marché principalement des gains – un peu plus de 90 % en 2008. Cette proportion est demeurée relativement stable depuis 1976. Chez les personnes qui ont eu des gains, la médiane a oscillé autour de 30 000 $ depuis 1976; en 2008, elle a été de 30 500 $.

Les autres composantes combinées représentent moins de 10 % du revenu du marché des personnes de moins de 65 ans (personnes en âge de travailler). La proportion du revenu du marché provenant des revenus de placements a été moins élevée en 2008 (3,3 %) que le sommet atteint en 1982 (6,2 %). Cela correspond à une période de taux d’épargne historiquement faibles qui résultaient de la croissance économique positive à long terme, et des faibles taux d’intérêt qui ont prévalu jusqu’à la fin des années 1990. En 2008, la médiane des revenus de placements des personnes en âge de travailler a été de 400 $. Cela représente 29 % du sommet historique de la série, atteint en 1981, soit 1 400 $.

Dans le cas des Canadiens de moins de 65 ans, les régimes de retraite privés ont représenté une proportion faible, mais croissante, du revenu du marché : cette proportion est passée de 0,6 % en 1976 à un niveau toujours relativement bas de 2,9 % en 2008.

Stabilité des transferts gouvernementaux et de l’impôt sur le revenu

Les transferts gouvernementaux englobent une gamme de programmes, notamment l’assurance‑emploi, le Régime de pensions du Canada et le Régime de rentes du Québec, la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti et la Prestation fiscale canadienne pour enfants.

Les familles n’ont vu que très peu de différences dans leurs transferts gouvernementaux médians en 2008 par rapport à 2007. Les transferts gouvernementaux médians des familles de deux personnes ou plus se sont établis à 4 800 $ en 2008.

Toutefois, les transferts varient considérablement selon les types de familles. Les familles autres que de personnes âgées ont déclaré des transferts gouvernementaux médians de 2 900 $, tandis que les familles de personnes âgées ont déclaré 24 100 $ en 2008. Parmi les personnes vivant seules, les personnes âgées ont reçu des transferts gouvernementaux médians de 15 400 $ et celles de moins de 65 ans ont touché 400 $.

L’impôt sur le revenu médian payé (tant fédéral que provincial) est demeuré stable pour la plupart des types de familles (graphique 5). Les familles comptant deux personnes ou plus ont versé un impôt sur le revenu médian de 8 800 $ en 2008, ce qui est similaire à 2007. Les personnes seules ont versé 2 400 $ en impôt sur le revenu médian, soit la même somme qu’en 2007. Par contre, les familles de personnes âgées ont versé moins que l’année précédente : en 2008, la médiane s’est établie à 2 400 $, soit 500 $ de moins qu’en 2007.

Graphique 5
Impôt sur le revenu médian des familles, 1976 à 2008

Graphique  5   Impôt sur le revenu  médian des familles, 1976 à 2008

Répartition du revenu après impôt

Cette section examine le revenu au niveau de la personne, où chaque personne est représentée par le revenu après impôt ajusté de son ménage6. Cet ajustement produit des indicateurs qui rendent compte du revenu après impôt défini sur la base des personnes. L’analyse peut être effectuée à un niveau plus détaillé, grâce à une ventilation de la population en cinq groupes de taille égale, ou quintiles, du revenu après impôt ajusté le plus faible au revenu après impôt ajusté le plus élevé.

Comme nous l’avons vu pour les familles et les personnes seules, le revenu après impôt est demeuré inchangé entre 2007 et 2008. Le revenu après impôt de 2007 à 2008 a crû un peu dans les troisième et quatrième quintiles; aucun changement significatif n’a eu lieu dans les autres quintiles (tableau 1). Au cours des deux années précédentes, tous les quintiles avaient connu une hausse significative du revenu après impôt ajusté.

Tableau 1 Variation en pourcentage du revenu après impôt ajusté selon les quintiles de revenu après impôt pour l'ensemble des personnes
  2004-2005 2005-2006 2006-2007 2007-2008
Quintile 1 2,9 5,0* 4,1* 0,0
Quintile 2   2,4* 2,0* 4,3* 1,1
Quintile 3 2,4* 1,4* 3,4* 2,2*
Quintile 4 2,4* 1,5* 3,2* 2,3*
Quintile 5 0,3 2,9* 3,6* 2,7
* indique un changement significatif

Les 20 % de personnes du quintile inférieur ont touché un revenu moyen après impôt ajusté de 15 400 $ en 2008, le même qu’en 2007. Le revenu moyen après impôt ajusté des personnes du deuxième quintile n’a pas connu non plus de changement significatif entre 2007 et 2008 et s’est établi à 27 200 $ en 2008.

Les personnes des troisième et quatrième quintiles ont été les seules à voir croître leur revenu moyen après impôt ajusté en 2008. Celui-ci a augmenté d’un peu plus de 2 % entre 2007 et 2008 dans les deux cas, pour s’établir à 37 200 $ dans le troisième quintile et à 49 300 $ dans le quatrième quintile. Le revenu moyen après impôt ajusté des personnes du cinquième quintile n’a pas connu de croissance significative en 2008 et s’est établi à 83 600 $.

Le ratio entre le quintile supérieur et le quintile inférieur, qui constitue l’une des mesures de l’inégalité du revenu les plus couramment utilisées, n’a pas changé entre 2007 et 2008. En 2008, la tranche de 20 % de la population qui a touché le revenu après impôt ajusté le plus important a fait en moyenne 5,4 fois celui des 20 % de la population ayant le revenu après impôt ajusté le plus faible, situation qui n’a à peu près pas changé depuis 2000.

Façons différentes d’étudier le faible revenu

Afin de fournir un aperçu plus complet du faible revenu7, Statistique Canada adopte pour la présente diffusion une approche reposant sur deux indices du faible revenu (incidence et écart) et trois lignes de faible revenu complémentaires8 : les seuils de faible revenu (SFR) et la mesure de faible revenu (MFR) de Statistique Canada, ainsi que la mesure fondée sur un panier de consommation (MPC) élaborée par Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC). Même si chacune de ces mesures aborde le faible revenu sous un angle différent, elles produisent généralement un aperçu semblable de la tendance du faible revenu. Aucune mesure ne surpasse les autres, mais chacune comporte ses forces et ses faiblesses pour l’étude du faible revenu (Zhang, 2010).

Dans le présent rapport, chacune de ces trois lignes est examinée dans un but particulier. Pour bien comprendre le faible revenu, on doit étudier toutes ces lignes en parallèle. En fait, un Rapport intégré sur le faible revenu, lequel utilise une approche basée sur plusieurs lignes et plusieurs indices, paraîtra sous peu.

La situation de faible revenu n’a pas varié selon les seuils de faible revenu après impôt

Les SFR ont une longue histoire au Canada. Ils ont été publiés pour la première fois à partir des données sur les dépenses des familles de 1959, et ont été convertis selon une nouvelle base en 1992. Ils représentent un seuil de revenu en dessous duquel une famille consacrera probablement une proportion plus importante de son revenu aux biens de première nécessité (nourriture, vêtements et logement) qu’une famille moyenne.

Selon les SFR après impôt (SFR-AI), en 2008, un peu plus de 3 millions de Canadiens étaient en situation de faible revenu, soit à peu près le même nombre qu’en 2007. Cela représente 9,4 % de la population (graphique 6). En outre, l’écart de faible revenu moyen9, 33 % en 2008, est demeuré le même qu’en 2007 et a peu changé depuis la fin des années 1990.

Environ 606 000 enfants de moins de 18 ans vivaient dans des familles à faible revenu en 2008, soit le même nombre qu’en 2007, mais moins qu’en 2003 (854 000). La proportion d’enfants vivant dans des familles à faible revenu a été de 9,0 % en 2008, soit la moitié du sommet de 18 % atteint en 1996.

En 2008, environ 218 000 (ou 36 %) de ces enfants vivaient dans une famille monoparentale ayant un chef féminin. Presque le quart (23 %) des enfants vivant dans une famille monoparentale ayant un chef féminin vivaient dans une famille en situation de faible revenu en 2008. Ces chiffres n’ont pas changé par rapport à 2007, mais le taux était plus faible que le dernier sommet de 56 % atteint en 1996.

L’incidence du faible revenu chez les enfants vivant dans des familles biparentales est demeurée à peu près inchangée par rapport à 2007, à 6,5 % en 2008.

Environ 1,3 million de personnes seules, ou 27 % de la population, vivaient en dessous du SFR-AI en 2008, soit à peu près le même nombre qu’en 2007. En moyenne, les personnes seules ont eu un revenu après impôt inférieur de 38 % à leur seuil de faible revenu.

Environ 12 % des hommes âgés vivant seuls étaient en situation de faible revenu en 2008, avec un écart moyen de 15 %; ces deux proportions sont demeurées les mêmes qu’en 2007.

Parmi les femmes âgées vivant seules, 17 % étaient en situation de faible revenu en 2008, soit la même proportion qu’en 2007. L’écart de faible revenu moyen se situait à 13 % en 2008, au même niveau qu’en 2007.

Parmi les personnes âgées vivant dans des familles, l’incidence est demeurée inchangée  au fil des ans; 1,6 % des personnes âgées vivant dans des familles se trouvaient en dessous du SFR-AI en 2008.

Graphique 6
Incidence du faible revenu selon les seuils de faible revenu après impôt, 2008

Graphique 6 Incidence du faible revenu selon les seuils de faible  revenu après impôt, 2008

La mesure fondée sur un panier de consommation permet de tenir compte des différences régionales

La mesure fondée sur un panier de consommation (MPC), conçue par RHDCC, présente une autre perspective du faible revenu. Il s’agit d’une estimation du coût d’un panier déterminé de biens et de services (aliments, logement, vêtements, chaussures, transport et autres dépenses) correspondant à un niveau de vie de base modeste10 Cette mesure est définie pour une famille de référence constituée d’un homme et d’une femme de 25 à 49 ans et de deux enfants (une fille de 9 ans et un garçon de 13 ans), dans 49 régions géographiques réparties dans les 10 provinces. Le coût de ce panier est par la suite comparé au revenu disponible11 des familles, afin de déterminer si ces dernières sont en situation de faible revenu. Étant donné qu’il est établi à partir des coûts au niveau infraprovincial, il fournit une mesure qui rend mieux compte des différences régionales dans les coûts de la vie que les SFR et la MFR. Toutefois, les changements dans l’incidence du faible revenu ou l’écart de faible revenu sur la base du concept de la MPC ne sont pas affectés uniquement par les changements de revenu, mais aussi par les changements dans le prix des articles compris dans le panier, qui peuvent différer d’une région à l’autre.

L’incidence du faible revenu est demeurée stable dans presque toutes les provinces entre 2007 et 2008. Ni la MPC, ni le SFR‑AI, ni la MFR n’ont relevé de différences significatives entre 2007 et 2008 dans la plupart des incidences ou des écarts de faible revenu au niveau provincial. Seule la MPC au Québec a fait ressortir une hausse de l’incidence de 8,2 % à 9,5 %. Cela s’explique en partie par une augmentation plus importante des seuils de la MPC en 2008 dans cette province que dans les autres.

Même s’il n’y a pas eu de changement statistiquement significatif dans l’incidence pour la grande majorité des provinces entre 2007 et 2008, la plupart des chiffres provinciaux de 2008 ont fait ressortir des incidences plus faibles qu’au début du millénaire.

À Terre‑Neuve‑et‑Labrador, 13 % des personnes vivaient en situation de faible revenu en 2008 selon la MPC, comparativement à 21 % en 2000 (graphique 7). L’Île‑du‑Prince‑Édouard a aussi connu une baisse d’incidence, celle‑ci étant passée de 15 % en 2000 à 10 % en 2008. Dans le cas de la Nouvelle‑Écosse et du Nouveau‑Brunswick, l’incidence est demeurée relativement stable tout au long de la période (13 % et 12 % respectivement en 2008). En dépit de l’augmentation des seuils de la MPC en 2008 au Québec, l’incidence est demeurée plus faible qu’au début du millénaire (12 %). Le Québec a affiché une réduction marquée au cours de la première moitié de la dernière décennie.

En Ontario, l’incidence du faible revenu selon la MPC a été stable tout au long de la période de 2000 à 2008 (9,4 % en 2008). Elle a commencé à diminuer au milieu des années 2000 dans l’Ouest, s’établissant en 2008 à 7,8 % au Manitoba, 9,1 % en Saskatchewan, et 5,9 % en Alberta (graphique 8). Par contre, la tendance du faible revenu en Colombie‑Britannique a été généralement à la baisse tout au long des années 2000. En 2000, 17 % des personnes vivant en Colombie‑Britannique étaient en situation de faible revenu, comparativement à 12 % en 2008.

Graphique 7
Incidence du faible revenu selon la mesure du panier de consommation, toutes les personnes, provinces sélectionnées

Graphique 7 Incidence du  faible revenu selon la mesure du panier de consommation, toutes les personnes,  provinces sélectionnées

Graphique 8
Incidence du faible revenu selon la mesure du panier de consommation, toutes les personnes, provinces sélectionnées

Graphique 8 Incidence du faible revenu selon la mesure du panier de consommation, toutes les personnes, provinces sélectionnées

En dépit de certaines diminutions dans l’incidence du faible revenu, l’écart de faible revenu est demeuré stable entre 2000 et 2008 dans toutes les provinces (graphique 9).

Graphique 9
Écart de faible revenu selon la mesure du panier de consommation et la province, toutes les personnes, 2000 et 2008

Graphique 9 Écart de faible revenu selon la mesure du panier de  consommation et la province, toutes les personnes, 2000 et 2008

Comparaison des changements dans certains pays

Il est possible d’étudier le faible revenu d’une autre façon, soit par l’examen de la distribution du revenu. La mesure de faible revenu (MFR), un pourcentage fixe (50 %) de la médiane du revenu de tous les individus, permet d’aborder cette perspective distributionnelle. Le revenu de chaque individu est exprimé par le revenu « ajusté » de son ménage. L’ajustement est apporté pour tenir compte du fait que les besoins du ménage augmentent en fonction de sa taille.

L’un des avantages de la MFR est qu’elle peut être utilisée pour procéder à des comparaisons internationales, étant donné qu’elle ne comporte pas d’hypothèses de prix ou de dépenses et qu’elle est fondée uniquement sur une distribution du revenu.

Du fait qu’il persiste des différences conceptuelles12 entre les pays, la présente section rendra compte du changement d’incidence du faible revenu et d’écart de faible revenu plutôt que de niveaux de faible revenu.

Graphique 10
Changement de l’incidence du faible revenu et de l ’écart de faible revenu entre 2007 et 2008, pays sélectionnés

Graphique 10 Changement de l’incidence du faible revenu et de l ’écart de faible revenu entre 2007 et 2008, pays sélectionnés

Sources : Eurostat, “Data explorer” Table Database
Bureau of Labour Statistics, Current Population Survey Database
Statistique Canada, Enquête sur la dynamique du travail et du revenu

Chez les personnes vivant dans les pays du G8 (sauf le Japon et la Russie), l’incidence du faible revenu n’a pas changé entre 2007 et 2008 en France, en Italie et au Royaume‑Uni13 (graphique 10). L’incidence au Canada a augmenté de 0,8 point de pourcentage, alors qu’aux États‑Unis elle a crû de 0,5 point de pourcentage; l’Allemagne a vu son incidence de faible revenu diminuer de 1 point de pourcentage.

L’écart de faible revenu moyen n’a changé que dans la moitié des pays en question entre 2007 et 2008. L’écart a diminué dans deux pays, de 1 point de pourcentage au Royaume-Uni et de 2 points aux États-Unis. En France, il a augmenté de 1 point de pourcentage.

L’OCDE a produit un rapport sur l’état du faible revenu de par le monde (OCDE, 2008).

Traverser la ligne de faible revenu

Le revenu familial peut changer d’une année à l’autre, et pour de nombreuses raisons. Les membres de la famille peuvent modifier leur activité sur le marché du travail, ils peuvent obtenir ou quitter un emploi, ou modifier leur nombre d’heures de travail. Ces personnes peuvent obtenir une promotion ou perdre leur emploi. Par ailleurs, il peut y avoir des changements dans la composition de la famille, naissances, décès ou séparations, qui modifient les ressources disponibles ou le nombre de personnes qui les partagent. Une famille peut s’installer dans une plus grande ville, ce qui peut affecter le seuil de comparaison de son revenu. Pour ces raisons et d’autres, la situation de faible revenu des familles change.

Graphique 11
Transitions du statut de faible revenu des personnes entre 2006 et 2007, selon les seuils de faible revenu après impôt

Graphique 11 Transitions du statut de faible revenu des personnes entre 2006 et 2007, selon les seuils de faible revenu après impôt

Graphique 12
Transitions du statut de faible revenu des personnes entre 2007 et 2008, selon les seuils de faible revenu après impôt

Graphique 12 Transitions du statut de faible revenu des personnes entre 2007 et 2008, selon les seuils de faible revenu après impôt

La nature longitudinale de l’EDTR permet d’analyser les changements du revenu familial. Les résultats de l’étude fondée sur le SFR-AI montrent qu’entre 2007 et 2008, les changements dans la population en situation de faible revenu se sont équilibrés, c’est‑à‑dire que la proportion des personnes ayant cessé d’être en situation de faible revenu a été à peu près la même que celle des personnes s’étant retrouvées en situation de faible revenu, soit environ 3 % (graphique 12). Cela va dans le même sens que la stabilité de l’incidence du faible revenu observée entre ces deux années. En comparaison, entre 2006 et 2007, la proportion des personnes qui ont cessé d’être en situation de faible revenu a été de 3,5 % alors que 2,3 % des personnes se sont retrouvées en situation de faible revenu (graphique 11). Une analyse similaire effectuée au moyen de la MPC est arrivée à la même conclusion; l’examen de la MFR a montré des proportions de changements semblables pour les deux périodes.

Bibliographie

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WALSH, Mark. 1999. « L’exercice d’un emploi après 65 ans », L’emploi et le revenu en perspective, vol. 11, no 2, été, no 75‑001‑XIF au catalogue de Statistique Canada, Ottawa,/studies-etudes/75-001/archive/f-pdf/4601-fra.pdf.

ZHANG, Xuelin. 2010. La mesure du faible revenu au Canada : Que nous apprennent les divers seuils et indices?, produit no 75F0002MWF2010003 au catalogue de Statistique Canada, « Série de documents de recherche – Revenu », no 3, /pub/75f0002m/75f0002m2010003-fra.htm.


1. Seules les RMR et AR comptant une population d’au moins 175 000 habitants et un échantillon d’enquête d’au moins 300 familles économiques sont inclus dans cette analyse.

2. Les « gains » représentent la somme des salaires et traitements et du revenu net d’un travail autonome. Les « régimes de retraite privés » excluent les retraits de REER effectués par des personnes de moins de 65 ans. Ils comprennent les rentes de REER et les retraits de FERR. Le revenu d’autres sources comprend les autres revenus imposables et les versements de pensions alimentaires.

3. Statistique Canada, tableau CANSIM 282-0002, Enquête sur la population active (EPA), estimations annuelles selon le sexe et le groupe d’âge détaillé.

4. L’analyse de la composition du revenu du marché donne de meilleurs résultats lorsqu’on se sert des personnes plutôt que des familles comme unité de base.

5. Pour cette partie de l’analyse, les personnes qui n’avaient aucune source de revenus sont exclues du calcul. La médiane est une mesure de tendance centrale qui ne dépend pas du montant agrégé, mais plutôt du montant par personne pour chaque variable. Comme la valeur médiane des différentes composantes ne sera probablement pas représentée par la même personne, les valeurs médianes des composantes du revenu du marché ne totaliseront pas le revenu du marché médian, même si le calcul a été effectué à partir de la même population.

6. Le revenu ajusté est calculé en divisant le revenu du ménage par la racine carrée de la taille du ménage. Cet ajustement tient compte des économies d’échelle présentes dans les ménages plus importants. Il permet en outre la combinaison des familles et des personnes seules pour l’analyse.

7. À compter de cette parution, les statistiques sur le faible revenu ne seront plus déclarées au niveau de la famille, mais plutôt au niveau de la personne, chaque personne étant représentée par son revenu familial  (pour le SFR et la MPC) ou par le revenu du ménage (pour les MFR). De cette façon, les statistiques ne sont pas faussées par les variations dans la taille des familles des divers groupes d’intérêt. Par exemple, plutôt que de parler de l’incidence du faible revenu dans les familles monoparentales, nous pouvons parler de l’incidence du faible revenu chez les personnes vivant dans des familles monoparentales.

8. Voir Statistique Canada (2010) pour une description détaillée de la façon dont ces seuils sont définis.

9. Dans le cas des personnes en situation de faible revenu, l’écart représente la différence entre leur revenu familial et leur seuil de faible revenu, exprimée en pourcentage de ce seuil.

10. Les seuils de la MPC ont fait l’objet d’un examen exhaustif en 2009 et 2010. Celui‑ci a donné lieu à un ensemble de seuils fondé sur une nouvelle base pour 49 régions dans les 10 provinces. Hatfield, Pyper et Gustajtis (2010) présentent un examen complet des décisions et un examen des répercussions sur l’incidence du faible revenu et l’écart de faible revenu de 2000 à 2007. Certains changements ont été apportés à l’ensemble de la série chronologique des seuils de la MPC, mais certains n’ont touché que des parties de la période. Il convient de noter plus particulièrement l’avènement d’un nouveau Panier national de provisions nutritif, qui a mené à une augmentation plus importante des seuils en 2008 que pour les autres années.

11. Le revenu disponible est défini comme le montant qui reste après déduction des éléments suivants du revenu familial total : le total de l’impôt sur le revenu payé; la portion des charges sociales de l’employé; d’autres retenues obligatoires sur la paye, comme les cotisations aux régimes de pension d’employeur, les cotisations aux régimes d’assurance‑maladie complémentaires et les cotisations syndicales; les pensions alimentaires et allocations de soutien des enfants versées à une autre famille; les frais de garde d’enfants; et les dépenses pour soins de santé non assurés, mais prescrits par un médecin, comme les soins dentaires, les soins de la vue, les médicaments sur ordonnance et les aides aux personnes handicapées.

12. Les différences comprennent la définition du revenu et l’échelle d’équivalence utilisée. Par exemple, dans les pays d’Europe, les transferts à l’intérieur des ménages et le loyer imputé sont inclus dans le revenu, alors qu’ils ne le sont pas au Canada ou aux États‑Unis.

13. Tout au long de la publication Le revenu au Canada, le terme « changement » désigne les différences qui sont statistiquement significatives. Dans la présente section, dans le contexte des comparaisons internationales, le Canada est le seul pays où l’on peut déterminer si les différences sont statistiquement significatives au moyen de poids bootstrap. Pour tous les autres pays, on ne peut vérifier si les changements sont statistiquement significatifs, ce qui fait qu’ils sont tous mentionnés. Par ailleurs, les incidences pour les pays d’Europe ne sont pas disponibles au même niveau de précision (arrondi) que pour le Canada et les États‑Unis. Cela signifie que pour les pays d’Europe, certains changements peuvent être masqués par le manque de précision.