Regards sur la société canadienne
Rôle du capital social et des caractéristiques ethnoculturelles dans le revenu d’emploi des immigrants au fil du temps
par Rose Evra et Abdolmohammad Kazemipur
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Début de l’encadré
Dans la présente étude, on examine l’incidence du capital social et des caractéristiques ethnoculturelles sur l’évolution du revenu d’emploi d’une cohorte d’immigrants admis au Canada en 2001, en se fondant sur deux ensembles de données couplés, à savoir l’Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (ELIC) et la Base de données longitudinales sur l’immigration (BDIM). Dans l’étude, on examine le revenu d’emploi de cette cohorte d’immigrants au cours de leurs 15 premières années de vie au Canada (c’est-à-dire de 2002 à 2016).
- Près de la moitié des immigrants de 25 à 54 ans admis au Canada en 2001 avaient de la famille vivant au pays avant leur admission (44 %) et presque les deux tiers (63 %) d’entre eux ont déclaré qu’ils avaient des amis y vivant avant leur admission.
- Environ 58 % des immigrants de cette cohorte ont déclaré que presque tous les amis qu’ils se sont faits au Canada au cours des six premiers mois suivant leur admission appartenaient à leur groupe ethnique, et 20 % ont déclaré que la plupart des amis qu’ils se sont faits au pays après leur admission appartenaient à un autre groupe ethnique. Environ 11 % ont indiqué que les amis qu’ils se sont faits au pays à la suite de leur immigration étaient répartis de manière égale entre ceux appartenant à leur propre groupe ethnique et ceux qui n’en faisaient pas partie. La proportion restante d’immigrants (12 %) ne se sont pas fait d’amis au Canada au cours des six premiers mois suivant leur immigration.
- Le fait d’avoir des amis présentait une corrélation positive avec le revenu d’emploi. En 2002, les femmes immigrantes qui avaient des amis vivant au Canada avant leur admission gagnaient autant que celles qui n’en avaient pas. Toutefois, en 2016, celles qui avaient des amis vivant au Canada avant leur admission gagnaient environ 7 000 $ de plus que celles qui n’en avaient pas.
- Parmi les immigrants, certains groupes désignés comme minorités visibles (selon la définition de la Loi sur l’équité en matière d’emploi) et certaines catégories d’appartenance religieuse présentaient systématiquement des revenus d’emploi inférieurs au cours de la période à l’étude, soit de 2002 à 2016. Ce résultat laisse penser que la position désavantageuse sur le plan du revenu associée à certaines caractéristiques ethnoculturelles persiste au fil du temps.
Fin de l’encadré
Introduction
Au cours des dernières années, le nombre de résidents permanents admis au Canada a augmenté et a atteint un sommet sans précédent en 2018, au moment où le gouvernement a admis 321 055 résidents permanentsNote 1. Dans le cadre du Recensement de 2016, on a estimé que plus de 20 % des Canadiens étaient nés à l’étrangerNote 2. Le programme d’immigration canadien permet d’admettre des personnes dans trois principales catégories : les immigrants de la catégorie « immigration économique », les immigrants parrainés par la famille (regroupement familial) et les personnes réfugiées. Les immigrants admis comme demandeurs principaux dans la catégorie « immigration économique » sont sélectionnés en raison de leur capacité à contribuer à l’économie canadienne, alors que les personnes réfugiées sont des immigrants admis en raison d’une crainte fondée de retourner dans leur pays d’origine. La plupart des immigrants admis au Canada au cours des dernières décennies ont été des immigrants de la catégorie « immigration économique » sélectionnés en raison de leur formation et de leurs compétences professionnelles.
La Base de données longitudinales sur l’immigration (BDIM) — une base de données longitudinales combinant des données sur l’admission des immigrants avec des données fiscales — a été utilisée par le passé pour examiner la situation financière des immigrants au fil du temps. Une étude antérieure a relevé que, par rapport au revenu moyen de la population née au Canada, le revenu initial des cohortes d’immigrants admis au début des années 2000 était inférieur à celui des immigrants admis auparavantNote 3. Cependant, malgré cette position initiale désavantageuse, leur revenu moyen s’est rapproché de celui la population née au Canada plus rapidement, en comparaison aux cohortes antérieures d’immigrants. L’une des limites de la BDIM est le fait qu’elle ne comporte aucun renseignement sur les relations sociales des immigrants ou sur leur origine ethnique ou culturelle, facteurs qui peuvent également influer sur leurs revenus.
En intégrant les données de la BDIM à celles de l’Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (ELIC), d’autres renseignements peuvent être obtenus sur les principales caractéristiques des immigrants qui ont également une incidence sur le revenu d’emploi, comme le capital social et les caractéristiques ethnoculturelles.
Le capital social fait référence aux ressources faisant partie intégrante des liens sociaux des personnes, comme les amis, les associations et les collectivités. Ces ressources peuvent être converties en d’autres biens sociaux, y compris un meilleur niveau de scolarité, de meilleures occasions d’emploi, une meilleure santé, des sociétés plus sûres et des démocraties plus fonctionnellesNote 4. Des liens sociaux ou une appartenance à une association de citoyens peuvent contribuer à l’économie dans son ensemble en facilitant le flux de l’information sur le marché et en réduisant les coûts des opérations. Le capital social peut également avoir une incidence positive sur le rendement économique des personnes en leur fournissant des possibilités d’emploi grâce à des voies informelles et des occasions de travail dans l’économie informelle.
Le capital social prend différentes formes et entraîne divers effets. L’une des façons de classer ces différences est de distinguer le « capital social affectif » du « capital social relationnel », que l’on appelle parfois des liens étroits et des liens faibles. Les liens étroits font référence aux liens entre les personnes d’origines similaires et ayant une histoire commune, tandis que les liens faibles font référence aux liens entre des personnes issues de diverses origines, ayant divers statuts sociaux et provenant d’environnements sociaux différents. Sur le plan du rendement économique, le capital social affectif est bénéfique pour « se tirer d’affaire », alors que le capital social relationnel est bénéfique pour « progresserNote 5 ». Le capital social affectif tend à être plus homogène et se matérialise généralement grâce à des relations personnelles et familiales ou amicales, alors que le capital social relationnel est plus diversifié et se matérialise au moyen d’associations et d’organisations formelles.
Le capital social est un facteur particulièrement pertinent qui permet de mieux comprendre les expériences économiques des immigrants, puisque le nombre de relations sociales qu’ils entretiennent, de même que la nature, la diversification et les répercussions de celles-ci, diffèrent considérablement de ceux de la population généraleNote 6. Les immigrants présentent par exemple un déficit de capital social découlant directement de leur migration et de l’éloignement qu’elle entraîneNote 7. Selon la formulation présentée dans le cadre d’une autre étude, « les immigrants tendent à laisser derrière eux leurs réseaux sociaux et d’autres relations sociales qui auraient pu les aider en matière d’acquisition d’emploi et de mobilité professionnelle, s’ils n’avaient pas immigréNote 8 » (traduction libre).
Dans le même ordre d’idées, les caractéristiques ethnoculturelles peuvent également avoir une incidence sur le revenu des immigrants. L’environnement sociopolitique des pays accueillant des immigrants a fait l’objet d’une transformation importante au cours des dernières décennies. Certaines études menées aux États-Unis ont souligné l’intolérance croissante dirigée contre les immigrantsNote 9. Au Canada, un grand nombre d’études ont démontré l’existence de biais sur le marché du travail contre des groupes d’immigrants de certaines origines ethniques et culturelles. Les groupes désavantagés comprennent les personnes considérées comme minorités visibles, minorités religieuses ou provenant de certaines régions, comme le Moyen-OrientNote 10.
Dans le cadre de la présente étude, on a couplé des données tirées de l’ELIC à des données provenant de la BDIM, afin d’examiner l’incidence potentielle du capital social et des caractéristiques ethnoculturelles sur la trajectoire du revenu d’immigrants au cours d’une période de 15 ans pour une cohorte d’immigrants de 25 à 54 ans admis au Canada en 2001 (voir la section Sources de données, méthodes et définitions pour obtenir de plus amples renseignements).
Près de la moitié des immigrants admis au Canada en 2001 avaient de la famille vivant au pays avant leur admission
Dans le cadre de l’ELIC, on a examiné divers aspects du capital social des immigrants, y compris la présence ou non de membres de la famille vivant au Canada avant leur admission, la présence ou non d’amis y vivant avant leur admission, les caractéristiques des amis qu’ils se sont faits au Canada au cours des six premiers mois suivant leur admission, et le fait d’avoir eu recours ou non aux services d’une organisation reliée au travail (par exemple pour obtenir de l’aide à trouver un emploi) ou organisation non liée au travail (comme une association ethnique ou d’immigrants, ou une organisation communautaire).
Près de la moitié des immigrants (44 %) avaient de la famille vivant au Canada avant leur admission, alors qu’une proportion encore plus élevée d’immigrants (63 %) ont déclaré qu’ils avaient des amis vivant au pays avant leur admission (tableau 1). Les femmes étaient plus susceptibles que les hommes d’avoir de la famille vivant au Canada avant leur admission en 2001 (48 % par rapport à 41 %), mais elles étaient proportionnellement moins nombreuses que les hommes à avoir des amis y vivant avant leur admission (59 % par rapport à 66 %).
Début de tableau 1
Total | Hommes | Femmes | |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
Personnes apparentées vivant au Canada avant l’admission | |||
Avait de la famille vivant au Canada avant l’admission | 44,3 | 41,0 | 47,9 |
N’avait pas de famille vivant au Canada avant l’admission | 55,7 | 59,0 | 52,1 |
Amis vivant au Canada avant l’admission | |||
Avait des amis vivant au Canada avant l’admission | 63,0 | 66,4 | 59,3 |
N’avait pas d’amis vivant au Canada avant l’admission | 37,0 | 33,7 | 40,7 |
Amis faits au cours des six premiers mois suivant l’admission au Canada | |||
La plupart appartiennent à un groupe ethnique différent de celui de l’immigrant | 19,5 | 19,9 | 19,0 |
Environ la moitié appartiennent à un groupe ethnique différent de celui de l’immigrant | 10,9 | 12,0 | 9,6 |
La plupart des amis appartiennent au même groupe ethnique que l’immigrant | 57,5 | 57,7 | 57,3 |
Aucun ami fait six mois après l'admission | 12,2 | 10,4 | 14,2 |
Organisations contactées au Canada | |||
A communiqué avec une organisation liée au travail au cours des six mois suivant l’admission | 1,4 | 1,7 | 1,1 |
A communiqué avec une organisation non liée au travail au cours des six mois suivant l’admission | 20,7 | 21,6 | 19,8 |
N’a communiqué avec aucune organisation | 77,8 | 76,7 | 79,1 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Fin de tableau
L’ELIC comporte également des renseignements sur le type d’amis que les immigrants se sont faits au cours des six premiers mois suivant leur migration au Canada. Environ 58 % des immigrants admis en 2001 ont déclaré que la plupart des amis qu’ils se sont faits après leur arrivée au pays appartenaient à leur propre groupe ethnique. Environ 20 % des immigrants ont déclaré que la plupart des amis qu’ils se sont faits à la suite de leur migration au Canada appartenaient à un autre groupe ethnique. D’autres immigrants (11 %) ont indiqué que les amis qu’ils se sont faits au pays à la suite de leur immigration étaient répartis de manière égale entre ceux appartenant à leur propre groupe ethnique et ceux appartenant à un autre groupe ethnique. La proportion restante d’immigrants (12 %) a indiqué ne pas s’être fait d’amis au Canada au cours des six premiers mois de vie au pays. Ces résultats étaient semblables chez les hommes et les femmes.
Une autre façon pour les immigrants d’établir un capital social est de s’adresser à des organisations, que ce soit pour obtenir de l’aide pour trouver un emploi ou pour d’autres aspects de la vie, comme se loger ou obtenir un meilleur accès à des services. Au cours des six premiers mois suivant leur admission, une proportion relativement faible des immigrants a cependant déclaré s’être adressée à une organisation liée au travail (environ 1 %). Environ 1 immigrant sur 5 a déclaré avoir participé à des activités ou avoir été membre d’une organisation sociale non liée à la recherche d’emploi, les hommes et les femmes ayant présenté peu de différences à ce chapitre.
Les variables ethnoculturelles présentes dans l’ELIC comprennent l’appartenance à une minorité visible et l’appartenance religieuse (selon les déclarations faites par les répondants dans le cadre de l’ELIC six mois après leur admission au Canada). Les résultats indiquent que le quart des immigrants admis en 2001 ont déclaré n’avoir aucune appartenance religieuse, soit le résultat le plus élevé de toutes les catégories. Environ 18 % des immigrants ont indiqué être catholiques, 18 % ont déclaré être musulmans, 17 % ont indiqué avoir une religion orientale (y compris hindoue, sikhe et bouddhiste) et 12 % ont déclaré être protestants (tableau 2). En matière d’appartenance à une minorité visible, le quart des immigrants admis en 2001 étaient Chinois, un autre quart étaient Asiatiques du Sud ou du Sud-Est et le cinquième n’appartenaient à aucune minorité visible. La proportion restante se répartissait entre d’autres groupes de minorités visibles.
Début de tableau 2
Total | Hommes | Femmes | |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
Appartenance religieuse six mois après l'admission au Canada | |||
Aucune religion | 25,7 | 25,4 | 26,0 |
Catholique | 18,2 | 17,4 | 19,0 |
Protestante | 11,9 | 11,4 | 12,4 |
Orthodoxe | 8,1 | 7,6 | 8,7 |
Musulmane | 18,3 | 20,4 | 15,9 |
Orientale | 16,9 | 16,6 | 17,3 |
Autre religion | 1,0 | 1,2 | 0,8 |
Appartenance à un groupe désigné comme étant une minorité visible | |||
N'appartient pas à une minorité visible | 20,1 | 20,2 | 20,0 |
Philippins | 7,5 | 7,4 | 7,7 |
Latino-Américains | 2,6 | 2,2 | 3,0 |
Chinois | 24,9 | 23,4 | 26,5 |
Noirs | 4,5 | 4,7 | 4,4 |
Sud-Asiatiques et Asiatiques du Sud-Est | 25,5 | 26,0 | 24,8 |
Arabes | 5,9 | 7,0 | 4,7 |
Asiatiques occidentaux | 3,4 | 3,5 | 3,3 |
Coréens et Japonais | 4,6 | 4,5 | 4,7 |
Multiple ou non déclarée | 1,0 | 1,1 | 0,9 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Fin de tableau
Les immigrants ne s’étant pas fait d’amis au Canada à la suite de leur admission au pays ont présenté des niveaux de revenu inférieurs à ceux s’y étant fait des amis
Les recherches relatives à l’incidence du capital social sur le rendement économique des immigrants ont révélé des résultats nuancés; certaines laissent croire que le capital social avait peu ou aucune incidence à ce chapitre et d’autres relèvent même qu’il avait des répercussions négativesNote 11. Plus particulièrement, une étude antérieure a révélé que le nombre de membres de la famille vivant au Canada et leur proximité avaient une incidence négative sur les salaires des immigrantsNote 12. À l’inverse, de récentes études ont révélé que le capital social avait une incidence positive sur les salaires des immigrants, encore plus que leurs études ou leur expérienceNote 13.
Dans la présente section, on a examiné les niveaux moyens de revenu d’emploi des immigrants, de 2002 à 2016, selon divers types de capital social.
Les données descriptives figurant aux graphiques 1.1 et 1.2 indiquent que, chez les deux sexes, le revenu d’emploi était supérieur parmi les immigrants sans parenté vivant au Canada au moment de leur admission, l’écart étant d’environ 9 000 $ chez les hommes et de 7 000 $ chez les femmes en 2016. Ce résultat est en grande partie attribuable au fait que le profil des immigrants ayant des membres de la famille vivant au Canada diffère de celui des immigrants n’en ayant pas. Les immigrants admis dans la catégorie du parrainage familial, en particulier, présentent généralement des revenus inférieurs à ceux des immigrants de la catégorie « immigration économique »Note 14.
Tableau de données du graphique 1.1
Hommes | Avait de la famille vivant au Canada | N’avait pas de famille vivant au Canada |
---|---|---|
dollars | ||
2002 | 31 400 | 33 600 |
2003 | 34 700 | 37 400 |
2004 | 38 100 | 41 800 |
2005 | 41 700 | 45 200 |
2006 | 44 800 | 50 200 |
2007 | 48 300 | 55 200 |
2008 | 50 300 | 57 700 |
2009 | 49 700 | 58 000 |
2010 | 52 300 | 60 600 |
2011 | 53 400 | 62 500 |
2012 | 54 900 | 65 300 |
2013 | 57 500 | 66 600 |
2014 | 58 200 | 67 800 |
2015 | 59 600 | 69 300 |
2016 | 60 900 | 70 200 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Tableau de données du graphique 1.2
Femmes | Avait de la famille vivant au Canada | N’avait pas de famille vivant au Canada |
---|---|---|
dollars | ||
2002 | 18 600 | 21 100 |
2003 | 21 400 | 24 200 |
2004 | 24 200 | 26 100 |
2005 | 26 300 | 29 100 |
2006 | 28 400 | 32 400 |
2007 | 31 300 | 35 500 |
2008 | 32 700 | 39 200 |
2009 | 34 500 | 40 600 |
2010 | 36 200 | 42 400 |
2011 | 36 400 | 44 300 |
2012 | 37 600 | 45 900 |
2013 | 39 200 | 47 900 |
2014 | 40 400 | 48 600 |
2015 | 41 300 | 49 000 |
2016 | 41 700 | 49 100 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Le fait d’avoir des amis présentait, en revanche, une corrélation positive avec les revenus d’emploi des immigrants. Au cours de leurs six premières années au Canada, les hommes ont déclaré des niveaux de revenu similaires, qu’ils aient eu ou non des amis vivant au Canada avant leur admission (graphique 2.1). Après 2008Note 15, un écart a toutefois commencé à être observé et, en 2016, le revenu des immigrants masculins ayant eu des amis vivant au Canada avant leur admission était supérieur de plus de 10 000 $ à celui de leurs homologues sans amis vivant au pays avant leur arrivée (69 700 $ par rapport à 59 400 $). Chez les femmes, l’écart de revenu était notable après la deuxième année suivant leur admission et augmentait au fil du temps. En 2016, le revenu des femmes qui avaient des amis vivant au Canada avant leur admission était supérieur de plus de 7 000 $ à celui de leurs homologues sans amis vivant au Canada (graphique 2.2).
Tableau de données du graphique 2.1
Hommes | Avait des amis vivant au Canada | N’avait pas d’amis vivant au Canada |
---|---|---|
dollars | ||
2002 | 32 800 | 32 400 |
2003 | 36 700 | 35 400 |
2004 | 40 800 | 39 100 |
2005 | 44 400 | 42 400 |
2006 | 48 400 | 47 000 |
2007 | 52 800 | 51 300 |
2008 | 55 700 | 52 400 |
2009 | 56 300 | 51 100 |
2010 | 59 300 | 52 800 |
2011 | 61 200 | 53 700 |
2012 | 63 200 | 56 400 |
2013 | 65 800 | 56 700 |
2014 | 66 700 | 58 000 |
2015 | 68 900 | 58 100 |
2016 | 69 700 | 59 400 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Tableau de données du graphique 2.2
Femmes | Avait des amis vivant au Canada | N’avait pas d’amis vivant au Canada |
---|---|---|
dollars | ||
2002 | 20 500 | 19 000 |
2003 | 23 200 | 22 200 |
2004 | 26 300 | 23 500 |
2005 | 29 700 | 24 900 |
2006 | 32 300 | 27 700 |
2007 | 35 500 | 30 400 |
2008 | 39 000 | 31 500 |
2009 | 40 600 | 33 200 |
2010 | 42 500 | 34 800 |
2011 | 43 600 | 35 800 |
2012 | 45 200 | 36 900 |
2013 | 47 400 | 38 200 |
2014 | 48 100 | 39 500 |
2015 | 49 300 | 39 300 |
2016 | 48 500 | 41 100 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Les revenus ont également semblé croître plus rapidement parmi les immigrants s’étant fait des amis au Canada au cours des six mois suivant leur admission. De 2002 à 2016, ceux ne s’étant pas fait d’amis au cours des six premiers mois suivant leur arrivée présentaient des niveaux de revenu d’emploi presque systématiquement inférieurs à ceux s’étant fait des amis.
Les caractéristiques ethnoculturelles des amis ont également entraîné une différence dans les niveaux de revenu d’emploi. Chez les hommes, par exemple, les revenus des immigrants dont les amis appartenaient à leur propre groupe ethnique étaient inférieurs aux revenus de ceux dont les amis appartenaient principalement à d’autres groupes ethniques (graphique 3.1). Les immigrants dont les amis, par exemple, appartenaient principalement à des groupes ethniques différents gagnaient 72 600 $ en moyenne en 2016, par rapport à 64 400 $ pour ceux dont les amis appartenaient essentiellement au même groupe ethnique et à 60 900 $ pour ceux ne s’étant pas fait d’amis au cours des six mois suivant leur admission.
Tableau de données du graphique 3.1
Hommes | La plupart des amis appartenaient à un groupe ethnique différent | Environ la moitié des amis appartenaient à un groupe ethnique différent | La plupart des amis appartenaient au même groupe ethnique | Aucun ami fait six mois après l’admission |
---|---|---|---|---|
dollars | ||||
2002 | 40 100 | 37 300 | 29 500 | 29 500 |
2003 | 44 500 | 42 000 | 32 800 | 32 600 |
2004 | 46 100 | 45 200 | 37 700 | 36 400 |
2005 | 48 800 | 48 400 | 41 900 | 38 300 |
2006 | 53 900 | 54 000 | 45 700 | 42 600 |
2007 | 58 300 | 58 500 | 50 200 | 45 000 |
2008 | 61 700 | 61 900 | 52 200 | 45 200 |
2009 | 62 200 | 60 400 | 52 400 | 44 800 |
2010 | 63 300 | 63 700 | 55 100 | 48 400 |
2011 | 63 700 | 64 300 | 57 400 | 49 100 |
2012 | 66 300 | 66 100 | 59 500 | 52 600 |
2013 | 66 800 | 68 200 | 61 800 | 54 400 |
2014 | 68 600 | 67 000 | 63 000 | 55 700 |
2015 | 71 800 | 70 500 | 63 500 | 57 400 |
2016 | 72 600 | 69 700 | 64 400 | 60 900 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Chez les femmes, toutes les catégories d’immigrants présentaient des niveaux de revenu similaires au début de la période étudiée (en 2002), mais celles s’étant fait des amis vivant au Canada au cours des premiers mois suivant leur admission ont en définitive gagné des revenus supérieurs à ceux des femmes ne s’étant pas fait d’amis vivant au pays pendant les mois suivant leur admission (graphique 3.2). En 2016, les femmes ne s’étant pas fait d’amis vivant au Canada au cours des six premiers mois suivant leur admission présentaient un revenu d’emploi légèrement supérieur à 40 000 $, par rapport à des niveaux de revenu variant entre 46 000 $ et 48 000 $ chez les femmes s’étant fait des amis vivant au Canada après leur admission. L’origine ethnique des amis que les femmes se sont faits à la suite de leur admission n’a pas semblé faire de différence en matière de revenu d’emploi.
Tableau de données du graphique 3.2
Femmes | La plupart des amis appartenaient à un groupe ethnique différent | Environ la moitié des amis appartenaient à un groupe ethnique différent | La plupart des amis appartenaient au même groupe ethnique | Aucun ami fait six mois après l’admission |
---|---|---|---|---|
dollars | ||||
2002 | 21 700 | 20 600 | 19 400 | 18 600 |
2003 | 26 100 | 23 600 | 21 900 | 21 400 |
2004 | 29 600 | 24 800 | 24 600 | 21 600 |
2005 | 31 200 | 28 500 | 27 400 | 23 800 |
2006 | 34 600 | 30 800 | 30 400 | 24 800 |
2007 | 35 600 | 37 000 | 33 300 | 28 600 |
2008 | 37 900 | 38 800 | 36 500 | 29 400 |
2009 | 40 200 | 42 000 | 37 800 | 30 200 |
2010 | 42 300 | 43 200 | 39 600 | 31 600 |
2011 | 43 200 | 43 400 | 40 900 | 32 800 |
2012 | 43 400 | 45 300 | 42 500 | 35 100 |
2013 | 44 000 | 45 900 | 44 900 | 37 100 |
2014 | 46 100 | 46 100 | 45 300 | 39 200 |
2015 | 47 100 | 47 200 | 45 700 | 39 900 |
2016 | 46 600 | 47 700 | 46 000 | 40 800 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Même si peu d’immigrants sont entrés en contact avec une organisation liée au travail au Canada avant leur admission, ceux l’ayant fait ont présenté des niveaux d’emploi supérieurs à ceux s’étant adressés à d’autres types d’organisations ou à ceux n’ayant communiqué avec aucune organisation de ces types. Les résultats étaient semblables chez les hommes et les femmes (graphiques 4.1 et 4.2).
Tableau de données du graphique 4.1
Hommes | A communiqué avec une organisation liée au travail | A communiqué avec un autre type d’organisation | N’a communiqué avec aucune organisation |
---|---|---|---|
dollars | |||
2002 | 38 600 | 35 700 | 31 600 |
2003 | 43 300 | 38 800 | 35 400 |
2004 | 49 000 | 43 600 | 39 100 |
2005 | 58 600 | 45 800 | 42 700 |
2006 | 64 800 | 51 600 | 46 500 |
2007 | 73 900 | 57 500 | 50 300 |
2008 | 80 700 | 58 100 | 53 000 |
2009 | 77 500 | 57 600 | 53 100 |
2010 | 80 100 | 58 100 | 56 300 |
2011 | 85 800 | 59 300 | 57 800 |
2012 | 84 100 | 62 000 | 60 000 |
2013 | 83 100 | 62 700 | 62 300 |
2014 | 83 800 | 65 200 | 63 000 |
2015 | 85 400 | 66 400 | 64 500 |
2016 | 88 000 | 66 100 | 65 600 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Tableau de données du graphique 4.2
Femmes | A communiqué avec une organisation liée au travail | A communiqué avec un autre type d’organisation | N’a communiqué avec aucune organisation |
---|---|---|---|
dollars | |||
2002 | 33 800 | 20 000 | 19 700 |
2003 | 37 400 | 22 900 | 22 600 |
2004 | 37 700 | 26 400 | 24 600 |
2005 | 35 200 | 29 200 | 27 300 |
2006 | 40 500 | 31 900 | 30 000 |
2007 | 49 500 | 35 000 | 32 800 |
2008 | 48 000 | 38 900 | 35 100 |
2009 | 47 500 | 37 600 | 37 500 |
2010 | 52 300 | 40 500 | 39 000 |
2011 | 55 700 | 41 900 | 40 000 |
2012 | 60 800 | 42 600 | 41 600 |
2013 | 62 000 | 44 000 | 43 500 |
2014 | 58 800 | 45 000 | 44 500 |
2015 | 55 900 | 45 200 | 45 300 |
2016 | 64 600 | 44 000 | 45 800 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Les immigrants appartenant à des groupes désignés comme des minorités visibles ont constamment présenté des niveaux de revenu d’emploi inférieurs à ceux n’appartenant pas à une minorité visible désignée
Dans la présente section, on examine l’association entre deux caractéristiques ethnoculturelles des immigrants recueillies dans le cadre de l’ELIC, à savoir l’appartenance à une minorité visible et l’appartenance religieuse, et leurs revenus d’emploi à long terme.
Au début de la période étudiée, en 2002, les revenus des immigrants appartenant à des minorités visibles désignées étaient significativement inférieurs aux revenus des immigrants n’appartenant pas à une minorité visible désignée (graphiques 5.1 et 5.2). Chez les hommes, par exemple, les immigrants n’appartenant pas à une minorité visible désignée gagnaient un revenu d’emploi de 42 900 $, comparativement à 30 000 $ ou moins chez les immigrants latino-américains (29 000 $), noirs (27 100 $), asiatiques occidentaux (26 400 $), chinois (25 800 $), arabes (25 300 $) et coréens ou japonais (22 300 $).
Tableau de données du graphique 5.1
Groupe de minorité visible | 2002 | 2016 |
---|---|---|
dollars | ||
N’appartient pas à une minorité visible | 42 900 | 76 500 |
Philippins | 33 500 | 59 600 |
Latino-Américains | 29 000 | 72 000 |
Chinois | 25 800 | 69 000 |
Noirs | 27 100 | 52 700 |
Sud-Asiatiques et Asiatiques du Sud-Est | 34 700 | 70 000 |
Arabes | 25 300 | 54 900 |
Asiatiques occidentaux | 26 400 | 48 300 |
Coréens et Japonais | 22 300 | 43 000 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Tableau de données du graphique 5.2
Groupe de minorité visible | 2002 | 2016 |
---|---|---|
dollars | ||
N’appartient pas à une minorité visible | 23 400 | 49 900 |
Philippins | 25 600 | 53 000 |
Latino-Américains | 19 800 | 47 200 |
Chinois | 18 500 | 49 600 |
Noirs | 19 300 | 44 300 |
Sud-Asiatiques et Asiatiques du Sud-Est | 18 000 | 39 500 |
Arabes | 16 100 | 36 800 |
Asiatiques occidentaux | 15 900 | 37 800 |
Coréens et Japonais | 12 900 | 27 600 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Même si les niveaux de revenu d’emploi ont augmenté pour toutes les minorités visibles au cours de la période étudiée, les écarts entre les groupes de minorités visibles demeuraient significatifs 15 ans plus tard (en 2016). Chez les hommes, les immigrants n’appartenant pas à une minorité visible désignée gagnaient 76 500 $ en moyenne, soit plus que tout autre groupe. Parmi les groupes de minorités visibles, les immigrants s’étant déclarés Coréens ou Japonais gagnaient le moins, soit 43 000 $ en moyenne, et ceux s’étant déclarés Latino-Américains gagnaient le plus, soit 72 000 $. Des écarts similaires existaient également chez les femmes. Ces résultats laissent croire que, même si les revenus des groupes de minorités visibles désignées s’améliorent, des différences en la matière persistent au fil du temps.
Les niveaux de revenu variaient également selon les catégories d’appartenance religieuse. Les niveaux de revenu ont augmenté parmi tous les groupes, de 2002 à 2016, conformément aux résultats présentés dans des études antérieures. À mesure qu’ils demeurent dans un pays, les immigrants approfondissent leurs connaissances sur les plans linguistique et culturel de même que leurs connaissances relatives au marché de l’emploi, et ils agrandissent leurs réseaux sociaux. Cela a une incidence positive sur leur revenu d’emploi.
Les écarts entre les appartenances religieuses sont cependant demeurés constants tout au long de la période à l’étude, particulièrement chez les hommes. En 2002 (et en 2003), les hommes musulmans et ceux sans appartenance religieuse gagnaient pratiquement le même revenu déclaré (le plus faible), mais les hommes musulmans présentaient le revenu le plus faible pour toutes les années suivantesNote 16. En 2016, les hommes musulmans gagnaient 53 800 $ en moyenne (graphique 6.1), comparativement à un revenu d’emploi moyen d’au moins 63 000 $ pour les hommes de toutes les autres appartenances religieuses. Chez les femmes, les musulmanes et celles pratiquant une religion orientale ont systématiquement déclaré les revenus d’emploi les plus faibles, en 2002 et en 2016 (graphique 6.2). Il est intéressant de noter que, en 2016, les hommes dont l’appartenance religieuse était une religion orientale présentaient le niveau de revenu d’emploi le plus élevé par rapport à toutes les autres appartenances religieuses.
Tableau de données du graphique 6.1
Hommes | 2002 | 2016 |
---|---|---|
dollars | ||
Aucune religion | 26 600 | 68 100 |
Catholique | 36 300 | 63 200 |
Protestante | 38 000 | 69 300 |
Orthodoxe | 34 700 | 68 100 |
Musulmane | 28 300 | 53 800 |
Religion orientale | 34 700 | 74 800 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Tableau de données du graphique 6.2
Femmes | 2002 | 2016 |
---|---|---|
dollars | ||
Aucune religion | 19 000 | 49 500 |
Catholique | 22 800 | 49 100 |
Protestante | 22 000 | 44 600 |
Orthodoxe | 22 900 | 51 700 |
Musulmane | 15 800 | 37 300 |
Religion orientale | 17 600 | 39 000 |
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Même après la prise en compte d’autres facteurs, l'association entre le capital social et le revenu d'emploi demeure significative
Les résultats susmentionnés sont descriptifs et ne tiennent pas compte d’autres caractéristiques qui influent également sur le revenu d’emploi, comme le niveau de scolarité, la connaissance d’une langue officielle, la région d’origine ou la catégorie d’immigration. Afin de tenir compte de ces facteurs, on a eu recours à une analyse de régression, dont les résultats sont présentés au tableau 3. Un coefficient positif laisse croire que les immigrants appartenant à une catégorie donnée présentaient des revenus supérieurs à ceux appartenant à la catégorie de référence au cours de la période étudiée. En revanche, un coefficient négatif laisse penser que les immigrants appartenant à la catégorie correspondante présentaient des revenus d’emploi inférieurs à ceux appartenant à la catégorie de référence.
Début de tableau 3
Tous | Hommes | Femmes | |
---|---|---|---|
coefficients | |||
Variables de capital social | |||
Membres de la famille vivant au Canada avant l’admission | |||
Aucune famille (réf.) | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Membres de la famille vivant au Canada | 0,020 | -0,013 | 0,050 |
Amis vivant au Canada avant l’admission | |||
Aucun ami (réf.) | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Amis vivant au Canada avant l’immigration | 0,056Note ** | 0,043 | 0,050Note * |
Amis faits au cours des six premiers mois suivant l’admission au Canada | |||
La plupart appartiennent à un groupe ethnique différent (réf.) | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Environ la moitié appartiennent à un groupe ethnique différent | -0,037 | -0,047 | -0,058 |
La plupart appartiennent au même groupe ethnique | -0,099Note ** | -0,110Note ** | 0,000 |
Aucun ami fait six mois après l'admission | -0,070Note * | -0,097Note * | -0,012 |
Organisation contactée | |||
Aucune organisation contactée (réf.) | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Organisation liée au travailTableau 3 Note 1 | 0,227Note ** | 0,245Note * | 0,179 |
Autres types d’organisations | -0,015 | -0,001 | -0,045 |
Variables ethnoculturelles | |||
Appartenance à une minorité visible | |||
N’appartient pas à une minorité visible (réf.) | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Philippins | 0,073 | -0,015 | 0,160 |
Latino-Américains | -0,205Note * | -0,265Note * | -0,168 |
Chinois | -0,205Note ** | -0,307Note ** | -0,092 |
Noirs | -0,201Note ** | -0,292Note ** | -0,143 |
Sud-Asiatiques et Asiatiques du Sud-Est | -0,076 | -0,040 | -0,135 |
Arabes | -0,183Note ** | -0,109 | -0,314Note ** |
Asiatiques occidentaux | -0,046 | -0,067 | -0,017 |
Coréens et Japonais | -0,338Note ** | -0,437Note ** | -0,209Note * |
Multiple ou non déclarée | -0,057 | -0,169 | 0,096 |
Appartenance religieuse | |||
Aucune religion | 0,016 | -0,002 | 0,045 |
Catholique (réf.) | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Protestante | 0,087Note * | 0,137Note * | 0,061 |
Orthodoxe | 0,044 | 0,100 | -0,008 |
Musulmane | -0,241Note ** | -0,202Note ** | -0,286Note ** |
Orientale | 0,017 | 0,070 | -0,021 |
Autre religion | 0,152 | 0,216 | 0,047 |
... n'ayant pas lieu de figurer
Source : Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2001; Base de données longitudinales sur l’immigration, 2016. |
Fin de tableau
En ce qui concerne les variables de capital social, plusieurs résultats sont dignes de mention. Tout d’abord, le fait d’avoir de la famille vivant au Canada avant l’admission n’était pas associé de façon significative au revenu d’emploi, lorsque d’autres variables étaient prises en compte, et ce, tant chez les hommes que chez les femmes. Ces résultats sont peu surprenants, puisque des études antérieures ont laissé croire que les liens sociaux les plus enrichissants sont les liens « faibles » (c’est-à-dire les liens entre des personnes différentes les unes des autres et qui permettent généralement d’accéder à une plus grande variété de ressources)Note 17.
Ensuite, chez les femmes, celles ayant des amis vivant au Canada avant leur admission présentaient des revenus supérieurs à celles n’en ayant pas. Cette relation n’était pas statistiquement significative chez les hommes. En fait, chez les hommes, les amis que les immigrants se sont faits au Canada à la suite de leur admission semblaient faire une plus grande différence sur leurs niveaux de revenu. Les hommes immigrants n’ayant pas d’amis vivant au Canada après leur admission et ceux dont les amis vivant au Canada et faits après l’admission appartenaient principalement à leur propre groupe ethnique présentaient, en particulier, des revenus significativement inférieurs à ceux dont les amis vivant au Canada et faits après l’admission appartenaient essentiellement à un groupe ethnique différent. Ces résultats correspondent aux résultats descriptifs présentés ci-dessus.
Puis, comme c’était le cas dans les résultats descriptifs, les immigrants ayant communiqué avec une organisation liée au travail au Canada avant leur admission présentaient des revenus d’emploi supérieurs à ceux ne s’étant adressés à aucune organisation au Canada, même si cette relation n’était significative que chez les hommes. Le fait de communiquer avec un autre type d’organisation au Canada n’avait, en revanche, aucune incidence significative sur les revenus d’emploi des immigrants, hommes ou femmes.
En ce qui concerne les deux caractéristiques ethnoculturelles étudiées dans ce modèle, même si pratiquement tous les coefficients des groupes de minorités visibles étaient négatifs (ce qui indique que les groupes de minorités visibles, pour la plupart, présentaient des revenus inférieurs à ceux des immigrants n’appartenant pas à une minorité visible), toutes ces relations n’étaient pas significatives. Il est intéressant de noter que le fait d’appartenir à une minorité visible désignée semblait avoir davantage d’incidence sur le revenu d’emploi des hommes immigrants que sur celui des femmes immigrantes. Chez les hommes immigrants, ceux s’étant déclarés latino-américains, chinois, noirs, coréens ou japonais ont présenté des revenus d’emploi significativement inférieurs à ceux des hommes immigrants n’appartenant pas à une minorité visible désignée. Chez les femmes, les immigrantes s’étant déclarées arabes ou coréennes ou japonaises présentaient des revenus d’emploi significativement inférieurs à ceux des immigrantes ayant déclaré n’appartenir à aucune minorité visible désignée.
Enfin, après la prise en compte d’autres facteurs, il existait peu de lien entre l’appartenance religieuse et le revenu d’emploi. Cela contredit les résultats descriptifs, qui indiquent des écarts significatifs de revenus entre les catégories d’appartenance religieuse; ce résultat laisse penser que le lien relevé dans les résultats descriptifs découlait d’autres facteurs, dont l’appartenance à une minorité visible. Une exception existe pour cette règle : les résultats indiquent que les revenus d’emploi des femmes et des hommes musulmans étaient significativement inférieurs à ceux de la catégorie de référence (catholiques)Note 18.
Conclusion
Dans la présente étude, on a suivi la trajectoire du revenu d’un groupe particulier d’immigrants admis au Canada en 2001 et ayant participé à l’ELIC. Les données de l’ELIC ont été couplées aux données de la BDIM; cela a permis d’examiner les variations au chapitre du revenu d’emploi des immigrants au cours des 15 premières années de leur vie au Canada. Dans la mesure permise par les données, on a examiné les facteurs ayant contribué aux tendances observées relativement au revenu ainsi que les variations de la nature de leur contribution au fil du temps. On a mis l’accent sur deux catégories de variables : celles associées au capital social des immigrants admis et celles associées à leurs caractéristiques ethnoculturelles.
Les résultats de l’étude ont révélé que ce ne sont pas toutes les formes de capital social qui présentent une corrélation positive avec le revenu d’emploi. La présence, par exemple, de membres de la famille au Canada ne semble pas vraiment avoir d’incidence, alors que le fait d’avoir des amis vivant au Canada a une incidence, en particulier lorsqu’il s’agit d’amis faits au Canada à la suite de l’admission au pays chez les hommes et d’amis faits au pays avant l’admission chez les femmes. Combinés, ces résultats reflètent bien la théorie de la « force des liens faibles » comme source de connaissances et de liens concernant les environnements inconnus aux immigrants. Il est cependant important de noter que les avantages du capital social ne doivent pas être limités à leur influence sur le revenu; il existe de nombreux autres avantages (p. ex. sociaux, psychologiques, culturels) sur lesquels ces types de capital social peuvent avoir une incidence plus marquée. De plus, les résultats associés au capital social peuvent être associé à des caractéristiques non mesurées, comme les aptitudes relationnelles, qui peuvent aussi avoir une influence sur le revenu d’emploi.
Enfin, les résultats indiquent certains biais ethnoculturels présents sur le marché du travail canadien, que reflètent les pénalités de revenu que subissent sur une longue période des immigrants de certaines origines ethniques et appartenances religieuses. Les femmes immigrantes d’origine arabe et de religion musulmane, en particulier, présentent des revenus inférieurs à ceux des autres femmes immigrantes, même après la prise en compte d’autres facteurs associés à leurs caractéristiques démographiques, catégorie d’immigration ou capital humain. D’autres recherches seront nécessaires afin de mieux saisir la raison pour laquelle ces groupes éprouvent des difficultés à long terme sur le marché de l’emploi. De plus, une étude similaire sur d’autres cohortes d’immigrants permettrait de déterminer si ces résultats sont spécifiques à la cohorte de 2001 ou applicable aux immigrants en général.
Rose Evra est analyste au sein de la Division de la statistique sociale et autochtone de Statistique Canada et Abdolmohammad Kazemipur est professeur de sociologie et titulaire de la chaire de l’Université de Calgary en études ethniques.
Début de l'encadré
Sources de données, méthodes et définitions
Sources des données
Les données utilisées dans la présente étude proviennent de deux sources : la Base de données longitudinales sur l’immigration (BDIM) et l’Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (ELIC). La première source, la BDIM, comprend les fichiers de données administratives sur les admissions d’immigrants et les dossiers de déclarations de revenus annuelles des immigrants admis au Canada après 1979. Les caractéristiques des immigrants comprennent l’âge au moment de l’admission, le niveau de scolarité lors de l’admission, le pays d’origine, la connaissance des langues officielles lors de l’admission et la catégorie d’immigration (p. ex., travailleurs qualifiés, regroupement familial ou personnes réfugiées). Les dossiers de déclarations de revenus fournissent des renseignements sur les gains des immigrants depuis leur admission.
La deuxième source, l’ELIC, comprend des renseignements tirés d’une enquête longitudinale menée auprès d’une cohorte d’immigrants admis en 2001 et ayant participé à l’enquête à trois reprises (six mois, deux ans et quatre ans après leur admission au Canada). L’ELIC fournit diverses données démographiques et sociales sur les immigrants, dont leurs caractéristiques ethnoculturelles et leur capital social.
La première vague de répondants à l’ELIC comprenait un échantillon d’environ 12 000 immigrants de 15 ans et plus au moment de l’admission. Aux fins de la présente étude, on s’est concentré sur les répondants de 25 à 54 ans (échantillon de 8 085 répondants) afin d’éviter les biais dans les résultats attribuables aux immigrants encore étudiants et n’étant pas encore entièrement entrés sur le marché de l’emploi ou à ceux s’approchant de l’âge de la retraite.
La présente étude est la première pour laquelle les données sur l’immigration (tirées de l’ELIC, comprenant des données sur l’interaction et la perception sociales quelques mois et quelques années après l’admission au pays) sont combinées aux données fiscales jusqu’à 15 ans après l’admission.
Méthodologie
Dans la présente étude, on a recours à un modèle linéaire généralisé afin d’examiner l’association entre des variables indépendantes et l’emploi annuel. La variable dépendante est le logarithme naturel des revenus d’emploi. Le revenu d’emploi comprend les salaires et les revenus provenant d’un travail autonome. Pour exclure l’emploi à court terme et à faible revenu qui ne reflètent pas un fort attachement au marché du travail, un seuil minimal de 1 000 $ a été imposé. Cette méthode a également été utilisée dans des études antérieures examinant la participation en emploi parmi les immigrants à partir de données administrativesNote 19. Les poids bootstrap ont été utilisés pour générer les écarts types afin de tenir compte du plan d’échantillonnage complexe de l’ELIC. On a également pris en compte l’effet de catégorisation des résultats, puisqu’un immigrant donné peut être représenté jusqu’à 15 fois dans l’échantillon (à chaque année de 2002 à 2016). Tous les revenus sont exprimés en dollars constants de 2016.
Outre le capital social et les variables ethnoculturelles, un terme quadratique pour l’âge a été inclus ainsi que le terme d’origine, puisque l’effet de l’âge n’est pas linéaire et tend à diminuer au fil du temps. Une variable représentant les années depuis l’admission a été ajoutée au modèle pour tenir compte du temps passé au pays. Parmi les autres variables figurent les catégories d’admission des immigrants, les variables de capital humain (niveau de scolarité, compétences linguistiques et expérience professionnelle) ainsi que des variables régionales (région d’origine et de résidence).
En raison de la complexité de la structure des données, la présente étude portait uniquement sur les principaux effets des variables incluses et on n’a pas tenu compte des effets possibles de l’interaction entre les variables.
Fin de l’encadré
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