Regards sur la société canadienne
Résultats du Recensement de 2016 : Rémunération des immigrants et des enfants d’immigrants appartenant aux minorités de langue officielle

par René Houle

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Aujourd’hui, Regards sur la société canadienne publie une étude fondée sur les données du Recensement de 2016. L’étude s’appuie sur les informations du recensement à propos de la première langue officielle parlée (PLOP) et l’immigration.

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Aperçu de l’étude

Dans la présente étude, on examine, à l’aide des données du Recensement de 2016, la rémunération d’emploi des personnes issues de l’immigration (soit les immigrants et les enfants d’immigrants) faisant partie des minorités de langue officielle au Canada. Deux groupes sont examinés : ceux ayant le français comme première langue officielle parlée (PLOP) et vivant au Canada hors Québec, et ceux ayant l’anglais comme PLOP et vivant au Québec. Dans l’article, on effectue des comparaisons avec les groupes appartenant à la majorité linguistique.

  • Au Canada hors Québec, les immigrants et les enfants d’immigrants constituaient ensemble 19 % de la population de langue française de 25 à 59 ans en 2016. La même année, au Québec, les immigrants et les enfants d’immigrants représentaient 65 % de la population de langue anglaise du même groupe d’âge.
  • Presque la moitié (47 %) des immigrants de langue française vivant au Canada hors Québec et 39 % de ceux vivant au Québec sont originaires d’un pays africain. Les immigrants de langue anglaise sont principalement issus de pays asiatiques, au Canada hors Québec (56%) comme au Québec (39 %).
  • Peu importe le groupe linguistique, les immigrants avaient une rémunération plus faible que les personnes de troisième génération et plus. Les enfants d’immigrants avaient une rémunération qui se rapprochait davantage de celle des personnes de la troisième génération ou plus (dont les deux parents sont nés au Canada).
  • Au Canada hors Québec, les personnes de langue française issues de l’immigration (immigrants et enfants d’immigrants) avaient une rémunération semblable ou meilleure que celle obtenue par leurs homologues de langue anglaise.
  • Au Québec, les enfants d’immigrants de langue anglaise, de même que celles appartenant à la troisième génération et plus, avaient une rémunération plus faible que celle obtenue par leurs homologues de langue française.

Fin de l’encadré

Introduction

Bien qu’il existe plusieurs travaux sur l’intégration économique des immigrants et des enfants d’immigrants au CanadaNote , peu d’études se sont intéressées à leur situation économique selon leur statut de minorité (ou de majorité) de langue officielle. On sait pourtant que l’un des facteurs déterminants de l’intégration économique des immigrants est leur connaissance des langues officielles du pays. Le niveau de compétence dans la langue du pays d’accueil est associé positivement à une meilleure intégration économique (sur le plan de la rémunération et de la participation au marché du travail), une association qui a été constatée dans plusieurs pays occidentaux, dont le CanadaNote . C’est dans ce contexte que l’on peut se demander si le fait d’être un immigrant ou un enfant d’immigrant dont la première langue officielle est la langue de la minorité se traduit par un niveau d’intégration économique comparable à celui des personnes issues de l’immigration et dont la première langue officielle est celle de la majorité, ou si ce niveau d’intégration est moindre en raison d’une barrière linguistique.

La question est d’autant plus importante parce que l’immigration peut contribuer positivement à la vitalité d’une communauté linguistique en situation minoritaire lorsque les immigrants et leurs enfants peuvent pleinement s’y intégrerNote . Cette intégration revêt une importance particulière pour les communautés minoritaires de langue française à l’extérieur du Québec dans la mesure où les immigrants et leurs enfants devraient y représenter d’ici 2036 les seuls vecteurs d’accroissement démographique, tandis que la population de troisième génération et plus devrait au contraire décroître en nombre absoluNote .

La dynamique démographique de la minorité de langue anglaise au Québec diffère à plusieurs égards de celle des minorités de langue française à l’extérieur du Québec. Les populations immigrantes ainsi que celles des enfants d’immigrants et de troisième génération et plus ayant l’anglais comme première langue officielle parlée (PLOP)Note devraient toutes croître au Québec d’ici 2036. De plus, la population de langue anglaise au Québec est fortement concentrée dans la région métropolitaine de recensement de Montréal, alors que les populations de langue française à l’extérieur du Québec sont dispersées sur un vaste territoire.

Pour la population immigrante de langue anglaise au Québec, la question de l’intégration se pose aussi en des termes distincts. Par le passé, les immigrants et leurs enfants avaient en effet tendance à s’intégrer davantage à la minorité de langue anglaise, alors que cette situation a évolué différemment, notamment en raison de la législation linguistique, au cours des 40 dernières années. Les enjeux de l’intégration des populations issues de l’immigration au sein des communautés minoritaires de langue officielle au Canada sont donc complexes.

L’objectif de la présente étude consiste à examiner de quelle façon les immigrants et les enfants d’immigrants s’intègrent économiquement dans ces contextes linguistiques minoritaires. Pour ce faire, on examine, au moyen des données du Recensement de 2016, la rémunération d’emploi de ces populations en fonction de leur contexte linguistique majoritaire ou minoritaire et de leur statut d’immigrant. Plus précisément, l’article fournit des réponses aux questions suivantes :

  1. Comment la situation économique de la population issue de l’immigration (soit les immigrants et leurs enfants nés au Canada) se compare-t-elle avec celle de la population de troisième génération et plus au sein des populations de langue officielle au Canada hors Québec et au Québec?
  2. Parmi la population issue de l’immigration, comment la situation économique de la minorité de langue officielle se

Puisque les trois indicateurs examinés dans le cadre de cet article (rémunération annuelle, rémunération hebdomadaire des personnes travaillant à temps plein et proportion des personnes ayant des revenus d’emploi d’au moins 10 000 $) varient non seulement en fonction du statut d’immigration, mais également en fonction d’autres facteurs, on a recours à des modèles de régression afin de comparer les populations. Les méthodes statistiques utilisées dans le cadre de l’article sont décrites à la section Sources de données, méthodes et définitions. Bien que Statistique Canada n’ait pas de définition officielle pour la population de langue française ou de langue anglaise, pour les fins de la présente étude, on définit la population de langue française comme étant celle ayant déclaré le français comme PLOP, et la population de langue anglaise comme étant celle ayant déclaré l’anglais comme PLOP.

Les immigrants de langue française sont principalement originaires d’Afrique, alors que ceux de langue anglaise sont en grande partie originaires d’Asie

Les quatre communautés linguistiques se distinguent par la part que représentent les immigrants et les enfants d’immigrants au sein de leur population respective âgée de 25 à 59 ans.

Au Canada hors Québec en 2016, les immigrants constituaient 12 % de la population de langue française de 25 à 59 ans, tandis que les enfants d’immigrants en représentaient 7 %. Au total, la population « issue de l’immigration » représentait donc 19 % de la population de langue française de ce groupe d’âge, soit 90 800 personnes. Parmi la communauté de langue anglaise du Canada hors Québec, près de la moitié (44 %) de la population était issue de l’immigration; 21 % étaient des immigrants et 23 %, des enfants d’immigrants, ce qui se traduit par un effectif total d’un peu plus de 5 millions de personnes issues de l’immigration.

Au Québec, il y avait des différences plus importantes entre les deux communautés. Parmi la population des personnes âgées de 25 à 59 ans ayant le français comme PLOP, les 513 000 personnes issues de l’immigration représentaient 16 % de la population totale de langue française; 10 % étaient des immigrants et 6 %, des enfants d’immigrants. Regroupant 332 000 personnes, la population de langue anglaise issue de l’immigration du même groupe d’âge formait la majorité de la population de langue anglaise au Québec (65 %), laquelle était répartie à peu près également entre les immigrants (32 %) et les enfants d’immigrants (34 %).

En ce qui concerne le lieu d’origine, les immigrants de langue française sont en grande partie originaires d’Afrique, tandis que ceux de langue anglaise sont principalement originaires d’Asie (tableau 1). Près de la moitié (47 %) des immigrants de langue française vivant au Canada hors Québec et 39 % de ceux vivant au Québec étaient issus d’un pays africain. Au Canada hors Québec, un peu plus du tiers des immigrants de langue française étaient originaires d’Afrique subsaharienne, tandis que, au Québec, un peu plus du quart provenaient d’Afrique du Nord.


Tableau 1
Caractéristiques démographiques des immigrantsTableau 1 Note 1, selon la première langue officielle parlée (PLOP), population de 25 à 59 ans vivant au Canada hors Québec et au Québec, 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Caractéristiques démographiques des immigrants Canada hors Québec, Québec, PLOP français et PLOP anglais, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Canada hors Québec Québec
PLOP français PLOP anglais PLOP français PLOP anglais
pourcentage
Distribution selon la région de l'ascendance
États-Unis 0,2 1,9 0,1 2,5
Antilles et Bermudes 8,4 3,9 12,2 5,1
Amérique latine 6,2 6,7 12,5 10,3
Europe de l'Ouest 13,5 1,3 12,0 1,2
Europe de l'Est 7,1 7,9 7,7 11,7
Europe du Nord 0,3 3,3 0,1 1,6
Europe du Sud 2,5 3,5 2,9 2,9
Afrique subsaharienne 34,7 5,5 13,2 3,9
Afrique du Nord 12,2 1,3 25,8 6,6
Asie de l'Ouest 9,0 8,3 7,8 14,5
Asie de l'Est 2,3 17,5 2,3 13,4
Asie du Sud-Est 1,5 15,6 2,7 11,7
Asie du Sud 1,8 22,6 0,7 14,2
Océanie et autres 0,1 0,8 0,1 0,3
Proportion de personnes titulaires d'un diplôme universitaire 53,5 44,3 41,3 44,9
Proportion d’immigrants admis de 2010 à 2014 26,6 21,4 29,2 23,6
Proportion de réfugiés 21,7 13,3 13,8 15,4
Proportion de personnes bilingues (français-anglais) 90,7 2,8 51,2 49,2

Chez les immigrants de langue anglaise, le pourcentage d’immigrants issus d’Asie du Sud, d’Asie de l’Est et d’Asie du Sud-Est était plus élevé : 56 % de ceux vivant au Canada hors Québec étaient originaires de l’une de ces trois régions du monde, alors que c’était le cas de 39 % de ceux habitant au Québec. Parmi les immigrants dont le français est la PLOP, le pourcentage correspondant était de 6 %, tant chez ceux vivant au Canada hors Québec qu’au Québec.

De 40 % à un peu plus de 50 % des immigrants étaient titulaires d’un diplôme universitaire. Chez les immigrants de langue anglaise, le pourcentage correspondant était à peu près le même (44 % au Canada hors Québec et 45 % au Québec), mais il s’établissait à 54 % chez les immigrants de langue française vivant au Canada hors Québec (et à 41 % chez ceux vivant au Québec).

La proportion des immigrants récents, soit ceux arrivés de 2010 à 2014, variait de 21 % à 29 % parmi les quatre groupes linguistiques. En ce qui concerne la catégorie d’admission, 22 % des immigrants de langue française habitant au Canada hors Québec ont été admis en tant que réfugiés, comparativement à moins de 16 % chez les trois autres populations.

Enfin, le degré de bilinguisme français-anglais variait d’une population à l’autre. Au Canada hors Québec, le taux de bilinguisme était de 91 % chez les immigrants de langue française, comparativement à moins de 3 % chez ceux de langue anglaise. Au Québec, environ la moitié des immigrants étaient bilingues (français-anglais), peu importe leur première langue officielle parlée.

Les caractéristiques sociodémographiques des enfants d’immigrants sont présentées au tableau 2. Le contraste entre les quatre populations tend à être moins grand chez les enfants d’immigrants que chez les immigrants.


Tableau 2
Caractéristiques démographiques des enfants d’immigrants, selon la première langue officielle parlée (PLOP), population de 25 à 59 ans vivant au Canada hors Québec et au Québec, 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Caractéristiques démographiques des enfants d’immigrants Canada hors Québec, Québec, PLOP français et PLOP anglais, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Canada hors Québec Québec
PLOP français PLOP anglais PLOP français PLOP anglais
pourcentage
Distribution selon la région de l'ascendance
États-Unis 10,2 6,0 5,8 4,4
Antilles et Bermudes 8,8 4,3 15,4 5,7
Amérique latine 4,7 4,5 8,2 4,2
Europe de l'Ouest 23,0 13,8 20,2 6,5
Europe de l'Est 6,1 8,0 3,8 7,4
Europe du Nord 5,9 20,7 1,5 8,1
Europe du Sud 11,3 17,8 18,0 42,9
Afrique subsaharienne 7,8 2,0 2,9 1,4
Afrique du Nord 5,7 0,5 8,2 2,7
Asie de l'Ouest 6,2 2,7 6,6 5,6
Asie de l'Est 3,6 7,5 2,0 3,5
Asie du Sud-Est 3,1 5,4 6,5 3,7
Asie du Sud 3,2 5,8 1,0 3,6
Océanie et autres 0,4 0,9 0,2 0,3
Proportion de personnes titulaires d'un diplôme universitaire 47,3 35,6 33,6 36,5
Proportion de personnes bilingues (français-anglais) 97,9 8,4 81,3 88,1

On constate en premier lieu qu’une importante proportion des enfants d’immigrants sont originaires des États-Unis ou d’Europe selon un pourcentage variant de 49 % à 69 %. Ce dernier pourcentage de 69 % concerne les enfants d’immigrants de langue anglaise vivant au Québec, dont les parents sont surtout nés en Europe du Sud, principalement en Italie, en Grèce et au Portugal.

Le pourcentage d’enfants d’immigrants titulaires d’un diplôme ou d’un grade universitaire oscillait entre 34 % et 47 %.

Tout comme c’était le cas chez les immigrants, le taux de bilinguisme français-anglais des enfants d’immigrants au Canada hors Québec était nettement plus élevé parmi la population de langue française (98 %) que parmi celle de langue anglaise (8 %), bien que ce dernier résultat soit plus élevé que celui observé chez les immigrants. Au Québec, le taux de bilinguisme français-anglais des enfants d’immigrants de langue française s’établissait à 81 %, un taux plus élevé que celui observé chez les immigrants de la province.Le taux de bilinguisme français-anglais des enfants d’immigrants de langue anglaise était sept points de pourcentage plus élevé que celui des enfants d’immigrants de langue française, à 88%.

Dans l’ensemble, les populations d’immigrants et des enfants d’immigrants sont relativement différentes. Les immigrants arrivés au cours des dernières décennies sont majoritairement originaires des nouveaux pays d’immigration situés dans les Amériques, en Afrique et en Asie, tandis que les enfants d’immigrants sont, dans une large mesure, issus de vagues migratoires antérieures dominées par les États-Unis et l’ensemble des pays européens. Une autre différence tient à la distribution des immigrants et des enfants d’immigration selon le niveau de scolarité : le pourcentage élevé d’immigrants titulaires d’un diplôme universitaire est principalement le résultat des politiques d’immigration des dernières décennies qui, notamment au moyen de programmes de travailleurs qualifiés, ont favorisé l’admission d’immigrants titulaires d’un niveau de scolarité élevé.

La rémunération d’emploi varie selon le statut d’immigrant dans tous les groupes linguistiques

Les résultats descriptifs des trois indicateurs utilisés dans cet article sont présentés au tableau 3 pour les femmes de 25 à 59 ans et au tableau 4 pour les hommes du même groupe d’âge.


Tableau 3
Rémunération d'emploi des femmes âgées de 25 à 59 ans vivant au Canada hors Québec et au Québec, selon la première langue officielle parlée (PLOP), 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Rémunération d'emploi des femmes âgées de 25 à 59 ans vivant au Canada hors Québec et au Québec Canada hors Québec, Québec, PLOP français et PLOP anglais, calculées selon dollars et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Canada hors Québec Québec
PLOP français PLOP anglais PLOP français PLOP anglais
dollars
Rémunération annuelle moyenne
Femmes de 25 à 59 ans issues de l’immigration 48 200 45 600 36 600 40 100
Immigrantes admises entre l’âge de 25 et 59 ans 45 400 40 700 32 700 33 300
Immigrantes admises entre l’âge de 15 et 24 ans 44 000 38 900 33 100 31 700
Enfants d’immigrants 53 400 50 500 42 400 45 800
Admis avant l’âge de 15 ans 44 400 45 200 37 000 37 400
Deuxième génération 55 400 53 700 43 500 48 700
Génération mixte 56 900 48 900 45 000 43 300
Troisième génération et plus 49 200 46 500 42 200 42 100
Rémunération hebdomadaire moyenneTableau 3 Note 1
Femmes de 25 à 59 ans issues de l’immigration 1 420 1 290 1 070 1 110
Immigrantes admises entre l’âge de 25 et 59 ans 1 390 1 200 960 940
Immigrantes admises entre l’âge de 15 et 24 ans 1 400 1 170 980 960
Enfants d’immigrants 1 470 1 390 1 210 1 230
Admis avant l’âge de 15 ans 1 330 1 300 1 140 1 100
Deuxième génération 1 560 1 460 1 230 1 290
Génération mixte 1 470 1 340 1 240 1 160
Troisième génération et plus 1 290 1 270 1 120 1 160
pourcentage
Proportion ayant des revenus d'emploi d'au moins 10 000 $
Femmes de 25 à 59 ans issues de l’immigration 70,7 71,2 66,4 67,2
Immigrantes admises entre l’âge de 25 et 59 ans 66,9 65,8 60,5 57,7
Immigrantes admises entre l’âge de 15 et 24 ans 68,6 67,0 62,3 59,0
Enfants d’immigrants 77,0 76,3 76,2 76,0
Immigrants admis avant l’âge de 15 ans 72,5 74,8 72,1 70,8
Deuxième génération 77,7 77,8 77,7 77,9
Génération mixte 79,1 75,2 77,4 74,5
Troisième génération et plus 77,1 73,0 76,8 70,9

Tableau 4
Rémunération d'emploi des hommes âgés de 25 à 59 ans vivant au Canada hors Québec et au Québec, selon la première langue officielle parlée (PLOP), 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Rémunération d'emploi des hommes âgés de 25 à 59 ans vivant au Canada hors Québec et au Québec Canada hors Québec, Québec, PLOP français et PLOP anglais, calculées selon dollars et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Canada hors Québec Québec
PLOP français PLOP anglais PLOP français PLOP anglais
dollars
Rémunération annuelle moyenne
Hommes de 25 à 59 ans issus de l’immigration 66 900 67 100 48 200 54 500
Immigrants admis entre l’âge de 25 et 59 ans 65 600 62 700 45 600 46 400
Immigrants admis entre l’âge de 15 et 24 ans 61 000 56 000 46 000 43 400
Enfants d’immigrants 70 900 72 100 52 500 62 100
Admis avant l’âge de 15 ans 60 500 57 700 43 000 46 600
Deuxième génération 73 000 76 200 53 200 65 300
Génération mixte 74 700 73 900 58 100 63 000
Troisième génération et plus 68 300 71 600 56 600 59 200
Rémunération hebdomadaire moyenneTableau 4 Note 1
Hommes de 25 à 59 ans issus de l’immigration 1 760 1 680 1 270 1 350
Immigrants admis entre l’âge de 25 et 59 ans 1 760 1 580 1 200 1 180
Immigrants admis entre l’âge de 15 et 24 ans 1 690 1 440 1 220 1 190
Enfants d’immigrants 1 800 1 790 1 390 1 500
Admis avant l’âge de 15 ans 1 660 1 490 1 140 1 210
Deuxième génération 1 870 1 870 1 410 1 560
Génération mixte 1 830 1 810 1 520 1 510
Troisième génération et plus 1 710 1 770 1 420 1 480
pourcentage
Proportion ayant des revenus d'emploi d'au moins 10 000 $
Hommes de 25 à 59 ans issus de l’immigration 81,8 82,4 78,8 77,4
Immigrants admis entre l’âge de 25 et 59 ans 82,3 82,8 78,6 75,0
Immigrants admis entre l’âge de 15 et 24 ans 80,9 80,8 78,1 73,7
Enfants d’immigrants 81,3 82,5 79,3 80,0
Admis avant l’âge de 15 ans 78,4 80,3 76,9 76,5
Deuxième génération 79,4 82,9 78,5 81,2
Génération mixte 84,1 83,0 81,7 79,1
Troisième génération et plus 84,1 81,9 83,2 76,6

De façon générale, tant chez les femmes que chez les hommes, la rémunération annuelle et hebdomadaire est plus élevée parmi les personnes nées au Canada que parmi les immigrants. Parmi les personnes nées au Canada, ce sont souvent celles de deuxième génération, et non pas celles de troisième génération et plus, qui affichaient la rémunération la plus élevée, en particulier au Canada hors Québec. Par exemple, chez les femmes de deuxième génération qui vivaient au Canada hors Québec, la rémunération annuelle moyenne était de 55 400 $ parmi celles qui avaient le français comme PLOP, comparativement à 49 200 $ chez leurs homologues de troisième génération. Le scénario était le même parmi les personnes qui avaient l’anglais comme PLOP.

Bien que le profil selon le statut d’immigrant était sensiblement le même d’un groupe linguistique à l’autre en ce qui concerne la rémunération annuelle et la rémunération hebdomadaire, il y avait cependant quelques exceptions. Au sein de la population de langue française vivant au Canada hors Québec, la rémunération hebdomadaire des immigrants admis entre l’âge de 25 à 59 ans du Canada hors Québec était supérieure à celle des personnes de troisième génération et plus (1 760 $ par rapport à 1  710 $, respectivement, chez les hommes, et 1 390 $ par rapport à 1 290 $, respectivement, chez les femmes).

L’histoire est cependant différente pour ce qui est de la proportion de ceux ayant des revenus d’emploi d’au moins 10 000 $, à la fois chez les hommes et chez les femmes. Chez les femmes, la proportion des immigrantes, surtout celles admises au pays entre l’âge de 15 et 59 ans, était significativement inférieure à celle des personnes nées au Canada dans tous les groupes linguistiques. L’écart entre les immigrantes et leurs homologues nées au Canada variait de 6 à 10 points de pourcentage au Canada hors Québec et de 12 à 16 points de pourcentage au Québec.

Chez les hommes, la proportion de ceux touchant un revenu d’emploi d’au moins 10 000 $, qui oscille autour de 80 %, variait peu d’un groupe à l’autre. Cependant, les immigrants de langue anglaise au Québec, de même que les hommes de la troisième génération et plus, affichaient généralement des proportions un peu plus faibles à ce chapitre.

En comparant les résultats portant sur les majorités de langue officielle avec ceux des minorités, on observe deux profils distincts. Au Canada hors Québec, la rémunération de la population de langue française (la minorité) tend à être supérieure à celle de la population de langue anglaise (la majorité), sauf en ce qui concerne les hommes de la deuxième génération, la génération mixte (soit les personnes nées au Canada d’un parent immigrant et d’un parent né au Canada) et la troisième génération et plus. Au Québec, les différences entre la majorité de langue française et la minorité de langue anglaise sont généralement moindres.

Dans tous les groupes linguistiques, la rémunération annuelle est moins élevée chez les immigrants que chez les personnes nées au Canada

Les résultats présentés dans la section précédente ne tiennent pas compte des différences de composition caractérisant ces populations comme l’âge, la durée de résidence, le niveau de scolarité ou l’état matrimonial. Dans le reste de l’étude, on a recours à des méthodes multivariées afin de tenir compte de ces facteurs. Tout d’abord, les comparaisons sont effectuées entre les populations issues de l’immigration et le reste de la population au sein de chaque communauté linguistique. Ensuite, les différences entre majorités et minorités de langue officielle au sein des populations immigrantes et canadiennes de naissance sont examinéesNote .

Dans la section qui suit, on présente les différences de rémunération annuelle (en pourcentage) entre la population issue de l'immigration et les personnes de la troisième génération et plus estimées au moyen de régressions séparées pour le Canada hors Québec et le Québec (tableau 5). La population de troisième génération et plus est la catégorie de référence.


Tableau 5
Différence en pourcentage entre la population issue de l'immigration et les personnes de la troisième génération et plus sur le plan de la rémunération annuelle, population de 25 à 59 ans vivant au Canada hors Québec et au Québec, 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Différence en pourcentage entre la population issue de l'immigration et les personnes de la troisième génération et plus sur le plan de la rémunération annuelle Canada hors Québec et Québec, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Canada hors Québec Québec
pourcentage
Femmes dont la PLOP est le français
Immigrantes admises entre l’âge de 25 et 59 ans -22,4Note * -26,5Note *
Immigrantes admises entre l’âge de 15 et 24 ans -12,4Note * -15,9Note *
Immigrantes admises avant l’âge de 15 ans -7,8Note * -7,0Note *
Deuxième génération -1,3 -0,8
Génération mixte -1,7 -1,7
Troisième génération et plus (réf.) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Femmes dont la PLOP est l'anglais
Immigrantes admises entre l’âge de 25 et 59 ans -22,9Note * -25,1Note *
Immigrantes admises entre l’âge de 15 et 24 ans -11,9Note * -14,9Note *
Immigrantes admises avant l’âge de 15 ans -1,2Note * -1,2
Deuxième génération 3,8Note * 2,6Note *
Génération mixte 0,7 -0,4
Troisième génération et plus (réf.) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Hommes dont la PLOP est le français
Immigrants admis entre l’âge de 25 et 59 ans -24,9Note * -30,2Note *
Immigrants admis entre l’âge de 15 et 24 ans -15,3Note * -20,9Note *
Immigrants admis avant l’âge de 15 ans -12,6Note * -17,2Note *
Deuxième génération -8,2Note * -8,7Note *
Génération mixte -3,5 -5,2Note *
Troisième génération et plus (réf.) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Hommes dont la PLOP est l'anglais
Immigrants admis entre l’âge de 25 et 59 ans -31,1Note * -29,6Note *
Immigrants admis entre l’âge de 15 et 24 ans -24,2Note * -20,2Note *
Immigrants admis avant l’âge de 15 ans -11,3Note * -10,6Note *
Deuxième génération -2,6Note * -1,9
Génération mixte -2,3 -0,7
Troisième génération et plus (réf.) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer

Les résultats montrent que la rémunération annuelle est systématiquement plus élevée chez les personnes nées au Canada que chez les immigrants. Cet écart est encore plus prononcé que celui présenté au tableau 1, principalement en raison des différences de niveau de scolarité entre les immigrants et le reste de la population adulteNote . Après la prise en compte des autres facteurs, la rémunération annuelle des immigrants était de de 7 % à 31 % inférieure à celui des personnes de troisième génération ou plus, sauf les immigrantes de langue anglaise (au Canada hors Québec et au Québec) admises avant l’âge de 15 ans dont la rémunération annuelle était comparable à celle des personnes nées au Canada.

Parmi les non-immigrantsNote , les résultats montrent qu’il y a peu de différence de rémunération entre la deuxième génération, la génération mixte et la troisième génération et plus. Cela s’observe au sein des deux groupes linguistiques, tant au Québec que dans le reste du Canada. Certaines différences demeurent cependant significatives entre les populations nées au Canada et sont souvent à l’avantage des personnes de troisième génération et plus. Il y a toutefois quelques exceptions que l’on peut constater principalement chez les femmes de langue anglaise (à la fois au Canada hors Québec et au Québec). Dans ce groupe, les personnes de deuxième génération affichaient une rémunération annuelle de 2 % à 4 % supérieure à celle de la troisième génération et plus.

Les résultats montrent aussi que plus les immigrants sont admis à un jeune âge, plus leur rémunération annuelle est élevée, quel que soit le groupe linguistique. Par exemple, les immigrants de sexe masculin et de langue anglaise admis entre 25 et 59 ans avaient une rémunération environ 30 % moins élevée que les hommes de la troisième génération (à la fois chez ceux qui résidaient au Québec et ceux qui résidaient au Canada hors Québec). Cet écart était de 20 % à 24 % chez ceux admis entre l’âge de 15 et 24 ans et de 11 % chez ceux arrivés avant l’âge de 15 ans.

Les immigrants qui arrivent au Canada à un jeune âge apprennent les langues officielles du pays plus rapidement et de façon plus complète. Ils ont également plus de possibilités de développer des réseaux sociaux au pays, y compris une probabilité plus élevée de former une union avec une personne née au Canada. De plus, ils complètent généralement leur scolarité au Canada. Après avoir neutralisé l’effet du niveau de scolarité et des autres facteurs, les immigrants admis avant l’âge de 15 ans présentent une rémunération plus élevée que celle des autres immigrants et qui se rapproche de celle des Canadiens de naissance, de façon plus marquée chez les femmes. Ces résultats sont sensiblement les mêmes au Québec et dans le reste du Canada, tant chez la population de langue française que de langue anglaise.

Les résultats portant sur la rémunération hebdomadaire des personnes employées principalement à temps plein présentent un portrait semblable au résultat obtenu en fonction de la rémunération annuelle, que ce soit au Canada hors Québec ou au Québec (tableau 6). Ainsi, les différences de rémunération entre les immigrants et les personnes nées au Canada sont presque toutes significatives et, de façon générale, la rémunération la plus élevée s'observe chez les personnes de troisième génération et plus (sauf chez les femmes de langue anglaise, où la rémunération est la plus élevée chez celles de la deuxième génération, à la fois au Canada hors Québec et au Québec).


Tableau 6
Différence en pourcentage entre la population issue de l'immigration et les personnes de la troisième génération et plus sur le plan de la rémunération hebdomadaireTableau 6 Note 1, population de 25 à 59 ans vivant au Canada hors Québec et au Québec, 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Différence en pourcentage entre la population issue de l'immigration et les personnes de la troisième génération et plus sur le plan de la rémunération hebdomadaire Canada hors Québec et Québec, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Canada hors Québec Québec
pourcentage
Femmes dont la PLOP est le français
Immigrantes admises entre l’âge de 25 et 59 ans -22,0Note * -25,7Note *
Immigrantes admises entre l’âge de 15 et 24 ans -9,4Note * -15,8Note *
Immigrantes admises avant l’âge de 15 ans -7,1Note * -7,5Note *
Deuxième génération -1,5 -1,6
Génération mixte 0,3 -1,8
Troisième génération et plus (réf.) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Femmes dont la PLOP est l'anglais
Immigrantes admises entre l’âge de 25 et 59 ans -25,2Note * -27,0Note *
Immigrantes admises entre l’âge de 15 et 24 ans -14,8Note * -17,7Note *
Immigrantes admises avant l’âge de 15 ans -2,1Note * -2,6
Deuxième génération 3,1Note * 2,5Note *
Génération mixte 0,9Note * -0,4
Troisième génération et plus (réf.) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Hommes dont la PLOP est le français
Immigrants admis entre l’âge de 25 et 59 ans -24,6Note * -30,2Note *
Immigrants admis entre l’âge de 15 et 24 ans -15,0Note * -21,8Note *
Immigrants admis avant l’âge de 15 ans -8,7Note * -18,6Note *
Deuxième génération -6,6Note * -9,4Note *
Génération mixte -2,3 -4,2Note *
Troisième génération et plus (réf.) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Hommes dont la PLOP est l'anglais
Immigrants admis entre l’âge de 25 et 59 ans -31,8Note * -30,7Note *
Immigrants admis entre l’âge de 15 et 24 ans -25,4Note * -21,8Note *
Immigrants admis avant l’âge de 15 ans -12,4Note * -13,1Note *
Deuxième génération -3,2Note * -3,3Note *
Génération mixte -2,3Note * -1,7
Troisième génération et plus (réf.) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer

Les immigrants étaient moins susceptibles de toucher un revenu d’emploi d’au moins 10 000 $

L’analyse de la proportion de personnes ayant déclaré des revenus d’emploi d’au moins 10 000 $ en 2015, lequel peut être interprété comme un indicateur de participation minimale sur le marché du travail, démontre également un écart important entre les immigrants et les personnes nées au Canada (tableau 7).


Tableau 7
Probabilité prédite d’avoir des revenus d'emploi d'au moins 10 000 $, population âgée de 25 à 59 ans vivant au Canada hors Québec et au Québec, 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Probabilité prédite d’avoir des revenus d'emploi d'au moins 10 000 $ Canada hors Québec et Québec, calculées selon probabilité prédite unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Canada hors Québec Québec
probabilité prédite
Femmes dont la PLOP est le français
Immigrantes admises entre l’âge de 25 et 59 ans 58,3Note * 56,6Note *
Immigrantes admises entre l’âge de 15 et 24 ans 64,1Note * 63,8Note *
Immigrantes admises avant l’âge de 15 ans 67,4Note * 69,8Note *
Deuxième génération 71,8Note * 74,6Note *
Génération mixte 75,9Note * 74,0Note *
Troisième génération et plus (réf.) 78,2 77,2
Femmes dont la PLOP est l'anglais
Immigrantes admises entre l’âge de 25 et 59 ans 61,1Note * 58,1Note *
Immigrantes admises entre l’âge de 15 et 24 ans 67,3Note * 63,4Note *
Immigrantes admises avant l’âge de 15 ans 73,0Note * 69,9Note *
Deuxième génération 75,9Note * 74,6Note *
Génération mixte 74,8 72,7
Troisième génération et plus (réf.) 74,5 72,3
Hommes dont la PLOP est le français
Immigrants admis entre l’âge de 25 et 59 ans 75,1Note * 71,6Note *
Immigrants admis entre l’âge de 15 et 24 ans 76,8Note * 75,3Note *
Immigrants admis avant l’âge de 15 ans 75,6Note * 75,2Note *
Deuxième génération 77,3Note * 78,2Note *
Génération mixte 82,7Note * 80,7Note *
Troisième génération et plus (réf.) 84,9 83,8
Hommes dont la PLOP est l'anglais
Immigrants admis entre l’âge de 25 et 59 ans 77,1Note * 71,8Note *
Immigrants admis entre l’âge de 15 et 24 ans 77,7Note * 73,8Note *
Immigrants admis avant l’âge de 15 ans 79,1Note * 76,5Note *
Deuxième génération 82,8Note * 80,2Note *
Génération mixte 83,3 79,6
Troisième génération et plus (réf.) 83,4 78,9

Peu importe le groupe linguistique, la probabilité prédite d’avoir un revenu d’emploi d’au moins 10 000 $ variait de 58 % à 67 % chez les immigrantes admises entre l’âge de 15 et 59 ans, alors que le pourcentage correspondant était de 72 % et plus chez les femmes nées au Canada. Les taux ajustés chez les personnes de sexe masculin étaient plus élevés que les taux ajustés chez les personnes de sexe féminin, mais les différences entre les immigrants et les personnes nées au Canada étaient toutes aussi importantes, les pourcentages ajustés pour les immigrants se situant entre 72 % et 78 %, tandis que ceux pour les personnes nées au Canada variaient entre 77 % et 85 %.

Les résultats présentés jusqu’à maintenant ont permis de montrer que, dans chaque groupe linguistique, les immigrants affichent des résultats inférieurs à ceux des personnes nées au Canada, et que l’ampleur des écarts de rémunération est assez semblable d’un groupe linguistique à l’autre. Dans la section qui suit, des comparaisons sont effectuées entre minorités et majorités de langue officielle au Canada hors Québec et au Québec.

Au Canada hors Québec, les immigrants de langue française ont une rémunération semblable ou meilleure que celle les immigrants de langue anglaise

Afin de voir de quelle façon les immigrants appartenant aux minorités linguistiques se comparent à ceux faisant partie de la majorité, on a estimé une série de régressions pour chaque communauté linguistique, selon le sexe et le statut d'immigrant et des générations (8 groupes). Les résultatsNote montrent les différences relatives entre la minorité de langue officielle par rapport à la majorité pour chaque population définie selon le statut d’immigrant et selon le sexe, et ce, pour les trois indicateurs examinés dans le cadre de l’article : la rémunération annuelle, la rémunération hebdomadaire parmi les travailleurs à temps plein et la proportion de personnes ayant des revenus d’emploi d’au moins 10 000 $. Un coefficient négatif correspond à un résultat plus faible par rapport à la majorité linguistique, et un coefficient positif, à un résultat plus élevé.

Le tableau 8 présente les écarts de la minorité par rapport à la majorité pour ce qui est de la rémunération annuelle. On remarque que, à l’extérieur du Québec, la population de langue française issue de l’immigration avait une rémunération comparable à celle de leurs homologues de langue anglaise, et parfois même supérieure, en particulier chez les femmes. Par exemple, chez les femmes, les enfants d’immigrants dont la PLOP est le français avaient une rémunération de près de 6 % supérieure à celle des enfants d’immigrants de langue anglaise. On observait un résultat comparable chez les immigrantes de langue française admises entre 15 et 59 ans.


Tableau 8
Différence en pourcentage entre la minorité et la majorité de langue officielle sur le plan de la rémunération annuelle, hommes et femmes de 25 à 59 ans vivant au Canada hors Québec et au Québec, 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Différence en pourcentage entre la minorité et la majorité de langue officielle sur le plan de la rémunération annuelle Canada hors Québec, Québec, Femmes et Hommes, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Canada hors Québec Québec
Femmes Hommes Femmes Hommes
pourcentage
Population issue de l’immigration 7,1Note * 3,8Note * -4,0Note * -2,4Note *
Immigrants admis entre l’âge de 25 et 59 ans 5,6Note * -1,7 -0,5 1,3
Immigrants admis entre l’âge de 15 et 24 ans 6,4Note * 1,7 -1,9 -0,3
Enfants d’immigrants 5,5Note * 2,0 -5,2Note * -4,6Note *
Immigrants admis avant l’âge de 15 ans 5,0 2,1 -1,2 -1,8
Deuxième génération 6,0Note * -0,4 -4,1Note * -4,5Note *
Génération mixte 5,5Note * 3,5 -8,0Note * -5,8Note *
Troisième génération et plus 5,8Note * 3,3Note * -6,0Note * -8,8Note *

Un écart significatif pouvait également être observé chez les personnes de la troisième génération et plus. Au Canada hors Québec, les femmes de la troisième génération et plus de langue française gagnaient 6 % de plus que leurs homologues de langue anglaise, et cet écart était de 3 % chez les hommes. Autrement dit, les résultats obtenus pour la population issue de l’immigration reflètent ceux obtenus pour le reste de la population (troisième génération et plus).

Au Québec, la rémunération des immigrants de langue anglaise était semblable à celle des immigrants de langue française

Au Québec, les immigrants de langue anglaise arrivés au pays entre l’âge de 15 et 59 ans n’avaient pas une rémunération annuelle statistiquement différente de celle de leurs homologues de langue française. En revanche, parmi les enfants d’immigrants, la rémunération de la minorité de langue anglaise tendait à être inférieure à celle de la majorité de langue française.

Ainsi, chez les femmes et les hommes de la deuxième génération ou de la génération mixte de langue anglaise, la rémunération était de 4 % à 8 % moins élevée que celle de leurs homologues de langue française. Des résultats semblables étaient également observés parmi la population de troisième génération et plus. Les femmes de langue anglaise dans ce dernier groupe gagnaient 6 % de moins que leurs homologues de langue française, alors que, chez les hommes, cet écart était encore plus élevé, se situant à 9 %.

De façon générale, les résultats relatifs à la rémunération hebdomadaire (tableau 9) sont semblables à ceux obtenus lors de l’analyse de la rémunération annuelle : au Canada hors Québec, la population de langue française tend à avoir une rémunération comparable ou même supérieure à celle de la majorité — en particulier chez les femmes. À l’inverse, au Québec, la rémunération ajustée de la population de langue anglaise tend à être inférieure à celle de la majorité de langue française, sauf en ce qui concerne les immigrants admis entre 15 et 59 ans.


Tableau 9
Différence en pourcentage entre la minorité et la majorité de langue officielle sur le plan de la rémunération hebdomadaireTableau 6 Note 1, hommes et femmes de 25 à 59 ans vivant au Canada hors Québec et au Québec, 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Différence en pourcentage entre la minorité et la majorité de langue officielle sur le plan de la rémunération hebdomadaire Canada hors Québec, Québec, Femmes et Hommes, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Canada hors Québec Québec
Femmes Hommes Femmes Hommes
pourcentage
Population issue de l’immigration 8,2Note * 3,8Note * -2,4Note * -1,6Note *
Immigrants admis entre l’âge de 25 et 59 ans 5,5Note * -2,6 0,7 2,3
Immigrants admis entre l’âge de 15 et 24 ans 9,3Note * 1,9 -1,3 1,0
Enfants d’immigrants 6,0Note * 3,5Note * -3,1Note * -4,4Note *
Immigrants admis avant l’âge de 15 ans 5,9 6,5 -0,6 -1,6
Deuxième génération 6,0Note * 0,7 -2,4 -4,2Note *
Génération mixte 6,2Note * 4,1 -4,9Note * -6,4Note *
Troisième génération et plus 4,3Note * 2,6Note * -3,3Note * -7,1Note *

Les tendances étaient encore plus prononcées en examinant les proportions ajustées de ceux qui touchaient un revenu d’emploi d’au moins 10 000 $ (tableau 10). Au Québec, les proportions de celles qui faisaient partie de la minorité de langue anglaise étaient presque systématiquement inférieures à celles de la majorité, tant chez les femmes que chez les hommes. Les écarts entre la majorité et la minorité étaient particulièrement élevés parmi les personnes de la troisième génération et plus : ainsi, les femmes et les hommes anglophones présentaient une probabilité inférieure de plus de 7 points de pourcentage par rapport à leurs homologues francophones.


Tableau 10
Différence en pourcentage entre la minorité et la majorité de langue officielle sur le plan de la proportion des personnes ayant des revenus d'emploi d'au moins 10 000 $, hommes et femmes de 25 à 59 ans vivant au Canada hors Québec et au Québec, 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Différence en pourcentage entre la minorité et la majorité de langue officielle sur le plan de la proportion des personnes ayant des revenus d'emploi d'au moins 10 000 $ Canada hors Québec, Québec, Femmes et Hommes, calculées selon points de pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Canada hors Québec Québec
Femmes Hommes Femmes Hommes
points de pourcentage
Population issue de l’immigration 2,1Note * 0,7 -3,5Note * -1,9Note *
Immigrants admis entre l’âge de 25 et 59 ans 1,9Note * 1,2Note * -3,0Note * -1,4Note *
Immigrants admis entre l’âge de 15 et 24 ans 3,1Note * 1,1 -2,3Note * -2,3Note *
Enfants d’immigrants 0,3 -0,3 -2,9Note * -1,4Note *
Immigrants admis avant l’âge de 15 ans -0,6 -0,2 -3,2Note * -1,8
Deuxième génération -1,2 -2,2 -1,8Note * -0,2
Génération mixte 1,9 1,0 -4,0Note * -2,7Note *
Troisième génération et plus 3,5Note * 2,6Note * -7,4Note * -7,1Note *

Au Canada hors Québec, les écarts entre la minorité francophone et la majorité anglophone étaient soit statistiquement non significatifs, soit à l’avantage de la minorité francophoneNote . Par exemple, parmi les immigrantes admises entre l’âge de 25 et 59 ans, la probabilité d’avoir un revenu d’emploi d’au moins 10 000 $ était de 2 points de pourcentage plus élevée parmi celles de langue française que parmi celles de langue anglaise.

Conclusion

Les résultats de la présente étude ont révélé que la rémunération des immigrants arrivés entre l’âge de 15 et 59 ans est moins favorable que celle des enfants d’immigrants et des personnes de troisième génération et plus, et ce, tant au Québec que dans le reste du Canada. Chez les enfants d’immigrants, toutefois, les résultats sur le marché du travail sont comparables à ceux de la troisième génération et plus au sein des quatre communautés linguistiques, et donc meilleurs que chez les immigrants, tant au Québec que dans le reste du Canada.

L’étude a également montré qu’au Canada hors Québec, la population de langue française affiche des résultats économiques comparables à ceux de la population de langue anglaise, ou meilleurs — un constat qui vaut aussi pour les personnes de la troisième génération et plus. Le bilinguisme français-anglais, élevé au sein de la population de langue française, pourrait avoir un effet positif sur leur intégration au marché du travail dans la mesure où le statut officiel du français permet à une partie de ces immigrants d’intégrer les établissements francophones hors Québec ou d’autres institutions pour lesquelles la connaissance du français est un atout, qu’il s’agisse des écoles, des administrations publiques ou des organismes sans but lucratif. À ce sujet, une étude plus approfondie serait souhaitable.

Au Québec, en revanche, les résultats de la minorité de langue anglaise sont généralement moins élevés que ceux de la population de langue française, en particulier chez les enfants d’immigrants et les personnes de la troisième génération et plusNote . Il est possible que la population de langue anglaise soit confrontée à certains obstacles ou barrières que les données du recensement ne permettent pas nécessairement d’expliquer. De plus, une étude selon différentes dimensions, comme le quartier ou la région de résidence à Montréal et au Québec, de même que le secteur détaillé d’industrie et la profession, permettraient sans doute de bonifier notre compréhension des enjeux d’intégration au marché du travail auxquels sont confrontés les membres de la population de langue anglaise vivant au Québec. Cette étude, toutefois, utilise des indicateurs fondés sur les statistiques du revenu qui se trouvent dans le recensement, et ne fournit pas d’informations au sujet d’autres indicateurs de bien-être financier comme les actifs, la dette, ou le patrimoine financier. D’autres recherches seront nécessaires afin de mieux comprendre l’intégration économique des personnes issues de l’immigration qui appartiennent à une communauté de langue officielle au Canada.

René Houle est analyste principal de recherche à la Division de la statistique sociale et autochtone à Statistique Canada. La réalisation de ce rapport a été rendue possible grâce au soutien d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

Début de l'encadré

Sources de données, méthodes et définitions

La présente étude s’appuie sur les données du Recensement de la population de 2016, lrquel contient des renseignements sur les revenus qui ont été entièrement tirés des fichiers d’impôt (T4) de l’année d’imposition 2015Note .

Pour les fins de l’étude, des modèles multivariés ont été utilisés afin d’analyser la rémunération d’emploi et la proportion de personnes ayant des revenus d’emploi d’au moins 10 000 $. L’équation de base est estimée au moyen d’une régression linéaire (moindres carrés) avec le logarithme naturel de la rémunération comme variable dépendante. L’analyse se fonde sur les personnes âgées de 25 à 59 ans, et les personnes sans rémunération sont exclues des analyses. L’analyse de la population ayant un revenu d’au moins 10 000 $ a été effectuée au moyen de régressions logistiques. Cet indicateur vise à estimer la proportion des personnes ayant participé activement au marché du travail en 2015.

Trois variables sont centrales aux analyses parce qu’elles permettent de définir les sous-populations à l’étude. Il s’agit de la communauté linguistique, du statut d’immigrant et du sexe.

La communauté linguistique comprend quatre catégories : la population au Canada hors Québec ayant le français comme première langue officielle parlée (PLOP), la population au Canada hors Québec ayant l’anglais comme PLOP, la population au Québec ayant le français comme PLOP, et la population au Québec ayant l’anglais comme PLOP. Le groupe résiduel de personnes dont la PLOP n’est ni le français ni l’anglais a été exclu des analyses.

Le statut d’immigrant (ou des générations) sert à identifier les immigrants et les enfants d’immigrants, soit l’ensemble de la population considérée dans le cadre de l’article comme issue de l’immigration. Les immigrants sont les personnes nées à l’étranger et ayant obtenu la résidence permanente au Canada. L’étude exclut les résidents non permanents. Elle porte sur les immigrants qui ont obtenu leur résidence permanente au Canada de 1980 à 2014; en mettant l’accent sur ces immigrants, on peut inclure la catégorie d’admission en tant que variable indépendanteNote . Les immigrants admis en 2015 ou en 2016 sont exclus des analyses, car ils pourraient ne pas avoir une année complète de salaire applicable.

Les enfants des immigrants sont classés en trois groupes démographiques :

  • La deuxième génération (génération 2.0) : les personnes nées au Canada dont les deux parents sont nés à l’étranger.
  • La génération mixte (génération 2.5) : les personnes nées au Canada dont un parent est né à l’extérieur du Canada et un parent est né au Canada.
  • Les personnes admises au Canada avant l’âge de 15 ans (génération 1.5) qui, dans le cadre de la présente étude, sont également considérées comme faisant partie de la population des enfants d’immigrants. Des études ont montré que ces personnes, qui ont été socialisées essentiellement au Canada au sein de familles immigrantes, ont des caractéristiques et des comportements semblables à ceux des personnes de deuxième génération, que ce soit sur le plan de la composition selon le pays de naissance des parents, de la participation au marché du travail, du niveau de scolarité ou du revenuNote .

Le reste de la population est composé des personnes de troisième génération et plus. Il s’agit de personnes dont les deux parents sont nés au Canada. Ce groupe comprend un petit nombre de personnes nées à l’étranger dont les deux parents sont nés au Canada (comme les enfants nés de parents canadiens résidant à l’étranger ou des enfants adoptés à l’international).

Les analyses sont produites séparément selon le sexe en raison du caractère spécifique à la participation au marché du travail des hommes et des femmes, notamment en ce qui a trait à la répartition de leurs emplois selon les secteurs d’industrie et les professions.

Les variables additionnelles utilisées dans les modèles sont de nature socioéconomique ou migratoire. En ce qui concerne l’ensemble de la population issue de l’immigration (immigrants et enfants d’immigrants), on a d’abord dérivé, à partir du lieu de naissance des parents, une variable que l’on nomme dans le cadre de l’étude la région de l’ascendance. Celle-ci correspond au pays de naissance de la mère, sauf si la mère est née au Canada (c’est le cas des personnes de la génération mixte), auquel cas elle correspond au lieu de naissance du pèreNote . Les catégories retenues sont de grandes régions géographiques (par exemple, les Antilles, l’Afrique subsaharienne ou l’Asie du Sud-Est).

Les autres variables socioéconomiques sont les suivantes :

  • Variable indiquant si la personne occupe un emploi à temps plein
  • Nombre de semaines travaillées au cours de l’année (en 2015)
  • Années d’expérience sur le marché du travailNote
  • Plus haut niveau de scolarité atteint
  • État matrimonial
  • Région détaillée de résidence
  • Langue maternelle autre que le français ou l’anglais
  • Secteur d’activité et profession
  • Bilinguisme français-anglais (Québec seulement).

Les variables suivantes ne s’appliquent qu’aux immigrants :

  • Durée de résidence au CanadaNote
  • Catégorie d’admission.

Le premier indicateur économique analysé est la rémunération annuelle en 2015, laquelle comprend les salaires, traitements et commissions. Avec la rémunération annuelle, l’une des questions est de savoir si les caractéristiques du travail (le travail à temps partiel ou à temps plein et le nombre de semaines travaillées) doivent être ou non incluses dans les modèlesNote . D’un côté, ne pas tenir compte du caractère à temps plein ou à temps partiel du travail et des semaines travaillées peut faire ressortir, chez certains immigrants, certaines contraintes auxquelles ils font face sur le marché du travail en raison, par exemple, d’une possible discrimination ou d’une connaissance fragmentaire des possibilités ou postes vacants sur le marché du travail et qui se traduisent par un travail à temps partiel et/ou par un nombre moindre de semaines travaillées. D’un autre côté, puisque certains immigrants choisissent de travailler à temps partiel et un nombre moindre de semaines (plus particulièrement les femmes), il est également justifié de tenir compte du caractère à temps plein ou à temps partiel du travail et des semaines travaillées dans des régressions alternatives. Dans les deux cas cependant, l’objectif est d’avoir une mesure globale du succès sur le marché du travail.

Le deuxième indicateur analysé est la rémunération hebdomadaire des personnes occupant un emploi à temps plein, ce qui permet de comparer le taux de rémunération du travail. La rémunération hebdomadaire est obtenue en divisant les salaires, traitements et commissions par le nombre de semaines travaillées en 2015.

Le troisième indicateur est la proportion des personnes ayant touché un revenu d’emploi d’au moins 10 000 $ en 2015 (incluant les salaires, traitements et commissions et le revenu net provenant d’un travail autonome), qui peut être utilisé comme indicateur de participation au marché du travail.

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Renseignements additionnels

Articles connexes

Sources de données

Références bibliographiques

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