Regards sur la société canadienne
L’incidence du vieillissement de la population sur les taux d’activité du marché du travail
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par Andrew Fields, Sharanjit Uppal et Sébastien LaRochelle-Côté
Début de l’encadré
Aperçu de l’étude
Depuis 2007 (soit avant le ralentissement économique de 2008-2009), le taux global d’activité de la population canadienne a diminué d’environ 2 points de pourcentage. Dans un premier temps, la présente étude évalue dans quelle mesure le vieillissement a exercé une influence sur les changements des taux d’activité depuis 2007, en s’appuyant sur les données de l’Enquête sur la population active (EPA). Dans un deuxième temps, les facteurs à l’origine de l’augmentation des taux d’activité des Canadiens de 55 ans et plus, lesquels sont en hausse depuis 1996, sont explorés.
- En 2016, les personnes de 55 ans et plus représentaient 36 % de la population en âge de travailler, c’est-à-dire la plus forte proportion jamais enregistrée (depuis le début de la compilation de statistiques comparables en 1976). En 2026, cette proportion pourrait atteindre 40 %.
- Puisque le taux d’activité commence à diminuer après l’âge de 55 ans, le vieillissement de la population a été le principal facteur à l’origine du déclin du taux global d’activité au cours des années ayant suivi la récession.
- Parallèlement, on a constaté une hausse de la participation au marché du travail des Canadiens plus âgés. De 1996 à 2016, le taux d’activité des personnes de 55 ans et plus a augmenté pour passer de 24 % à 38 % et atteindre un sommet inégalé en 2016.
- Les taux d’activité des personnes de 55 ans et plus ont augmenté pour tous les niveaux de scolarité. Par exemple, le taux d’activité de celles ayant un diplôme d’études secondaires ou un niveau de scolarité moins élevé est passé de 19 % en 1996 à 29 % en 2016.
- Les changements relatifs à l’âge, à la structure familiale et à la scolarité ont compté pour 44 % de la hausse du taux d’activité des Canadiens plus âgés observée de 1996 à 2016.
Fin de l’encadré
Introduction
Au cours des dernières années, le marché du travail a été caractérisé par un déclin lent et régulier du taux global d’activité, qui mesure la proportion de la population active et des chômeurs par rapport à la population totale en âge de travailler (c’est-à-dire les personnes de 15 ans et plus). En 2016, le taux annuel était de 65,7 %, soit le taux le plus bas observé en 17 ans. Depuis 2007, soit peu avant que l’économie canadienne soit touchée par la récession de 2008-2009, le taux d’activité a diminué de près de 2 points de pourcentage. De 2007 à 2016, la population en âge de travailler a augmenté de 3,1 millions de personnes, mais le nombre de participants au marché du travail ne s’est accru que de 1,6 million.
Parallèlement, depuis le début des années 2000, on a observé une croissance sans précédent de la population canadienne plus âgée. L’âge médian, tout comme la proportion des personnes de 55 ans et plus au sein de la population, ont augmenté considérablement en raison de plusieurs facteurs, d’abord en raison du vieillissement des membres de la génération du baby-boom, mais aussi en raison des taux de natalité qui sont inférieurs au taux de reproduction depuis près de 50 ans et d’une augmentation de l’espérance de vieNote 1.
La croissance récente de la population de 55 ans et plus est plus particulièrement associée au vieillissement des membres de la génération du baby-boom. Il s’agit de la cohorte des personnes nées au cours de la période allant de 1946 à 1965, lors de l’accélération des taux de natalité d’une année à l’autre après la Deuxième Guerre mondialeNote 2. En 2016, ce groupe était formé des personnes âgées de 51 à 70 ans.
Les changements démographiques relatifs à l’âge ont une incidence sur le marché du travail, car une personne est moins susceptible de travailler après avoir atteint l’âge de 55 ans. Par conséquent, à mesure que la proportion de Canadiens plus âgés augmente (et n’est essentiellement accompagnée d’aucune croissance de la population des Canadiens plus jeunes), l’économie canadienne pourrait faire face à des défis liés à des périodes prolongées de faible croissance. De plus, une population vieillissante nécessite davantage d’aide provenant de programmes gouvernementaux, comme les soins de santé et la Sécurité de la vieillesse. Parallèlement, l’assiette d’imposition pourrait rétrécir, en raison de la part de plus en plus réduite des travailleurs du principal groupe d’âge actif. Une population active vieillissante peut également représenter des difficultés pour les employeurs, comme une réduction des heures de travail, des problèmes de santé et une pénurie de main-d’œuvre.
Même si le taux d’activité des personnes de 55 ans et plus a récemment augmenté, cette croissance ne sera pas suffisante pour compenser les effets négatifs de la part décroissante de la population des travailleurs du principal groupe d’âge actif et des jeunes, pour qui les taux d’activité demeurent significativement plus élevés que ceux des personnes de 55 ans et plusNote 3. Cela soulève la possibilité que le changement de composition de la population lié au vieillissement soit la principale cause de la diminution des taux d’activité observée ces dernières années.
En s’appuyant sur les données de l’Enquête sur la population active, la présente étude fournit un aperçu de l’interaction entre les changements observés sur le marché du travail qui sont liés au vieillissement de la population, ainsi que d’autres facteurs sociodémographiques. Tout d’abord, l’étude fournit des informations sur les tendances à long terme du taux d’activité, en s’appuyant sur les données de 1976 à 2016. Ensuite, l’étude jette un regard plus approfondi sur la période allant de 2007 à 2016, afin de tenter d’expliquer les causes de la récente baisse du taux d’activité des personnes âgées de 15 ans et plus. Enfin, l’étude tente d’expliquer les facteurs à l’origine de la hausse des taux d’activité des personnes de 55 ans et plus observée depuis 1996. Il est important de comprendre les facteurs à l’origine de l’augmentation des taux d’activité des Canadiens plus âgés, puisque les travailleurs plus âgés sont perçus comme étant un contrepoids essentiel au vieillissement de la population en âge de travailler.
En 2016, plus du tiers de la population en âge de travailler était âgée de 55 ans et plus
En 2016, les Canadiens de 55 ans et plus représentaient 36 % de la population en âge de travailler (c’est-à-dire, de 15 ans et plus), en hausse par rapport à 30 % en 2007. Il s’agit également d’une proportion nettement supérieure à la moyenne de 25 % observée tout au long des années 1990 (graphique 1)Note 4. On estime que la part des Canadiens de cette tranche d’âge devrait continuer d’augmenter pour atteindre 40 % de la population en âge de travailler en 2026Note 5.
Tableau de données du graphique 1
Années | Groupe d’âge | ||
---|---|---|---|
15 à 24 ans | 25 à 54 ans | 55 ans et plus | |
pourcentage | |||
1976 | 26,7 | 51,1 | 22,2 |
1977 | 26,5 | 51,1 | 22,4 |
1978 | 26,3 | 51,2 | 22,6 |
1979 | 26,0 | 51,3 | 22,7 |
1980 | 25,7 | 51,5 | 22,9 |
1981 | 25,2 | 51,7 | 23,0 |
1982 | 24,5 | 52,2 | 23,3 |
1983 | 23,8 | 52,7 | 23,5 |
1984 | 23,0 | 53,2 | 23,7 |
1985 | 22,3 | 53,7 | 24,0 |
1986 | 21,6 | 54,2 | 24,2 |
1987 | 20,7 | 54,9 | 24,4 |
1988 | 19,9 | 55,5 | 24,6 |
1989 | 19,1 | 56,2 | 24,7 |
1990 | 18,5 | 56,7 | 24,8 |
1991 | 18,1 | 57,0 | 24,9 |
1992 | 17,8 | 57,2 | 25,0 |
1993 | 17,6 | 57,4 | 25,0 |
1994 | 17,4 | 57,5 | 25,1 |
1995 | 17,2 | 57,6 | 25,2 |
1996 | 17,1 | 57,6 | 25,3 |
1997 | 17,0 | 57,5 | 25,5 |
1998 | 16,9 | 57,3 | 25,8 |
1999 | 16,9 | 57,1 | 26,0 |
2000 | 16,9 | 56,8 | 26,3 |
2001 | 16,9 | 56,5 | 26,6 |
2002 | 16,8 | 56,0 | 27,2 |
2003 | 16,7 | 55,5 | 27,8 |
2004 | 16,7 | 55,0 | 28,3 |
2005 | 16,7 | 54,5 | 28,8 |
2006 | 16,6 | 54,1 | 29,3 |
2007 | 16,5 | 53,6 | 29,8 |
2008 | 16,4 | 53,2 | 30,4 |
2009 | 16,3 | 52,8 | 31,0 |
2010 | 16,1 | 52,3 | 31,6 |
2011 | 16,0 | 51,7 | 32,3 |
2012 | 15,9 | 51,2 | 32,9 |
2013 | 15,7 | 50,7 | 33,6 |
2014 | 15,4 | 50,2 | 34,3 |
2015 | 15,1 | 49,8 | 35,0 |
2016 | 14,8 | 49,4 | 35,7 |
2017 | 14,6 | 48,8 | 36,6 |
2018 | 14,3 | 48,4 | 37,3 |
2019 | 14,0 | 48,1 | 37,9 |
2020 | 13,8 | 47,7 | 38,5 |
2021 | 13,6 | 47,5 | 38,9 |
2022 | 13,5 | 47,3 | 39,2 |
2023 | 13,4 | 47,0 | 39,5 |
2024 | 13,4 | 46,8 | 39,8 |
2025 | 13,4 | 46,5 | 40,0 |
2026 | 13,5 | 46,2 | 40,3 |
Sources : Statistique Canada, Enquête sur la population active, 1976 à 2016; Projections démographiques pour le Canada, les provinces et les territoires, 2017 à 2026. |
Les augmentations au sein de ce groupe sont principalement attribuables à la première vague de baby-boomers qui ont commencé à atteindre l’âge de 55 ans en 2001. En 2016, cette cohorte était formée de personnes âgées de 51 à 70 ans. D’ici 2021, la cohorte entière des baby-boomers aura passé l’âge de 55 ans; la croissance démographique devrait alors être plus modeste dans ce groupe d’âge.
Les personnes de 25 à 54 ans sont considérées comme le principal groupe d’âge actif, en raison de leur forte participation sur le marché du travail. La part de cette population a diminué, passant de 54 % en 2007 à 49 % en 2016, ce qui représente la proportion la plus faible enregistrée depuis le début de la compilation de statistiques comparables en 1976. Cette proportion devrait continuer à diminuer et pourrait s’établir à 46 % en 2026.
La part des personnes de 15 à 24 ans a également reculé de 2007 à 2016, passant de 17 % à 15 %. La proportion de jeunes sur le marché du travail n’a jamais cessé de diminuer après 1976, alors que les personnes de 15 à 24 ans représentaient plus du quart de la population en âge de travaillerNote 6.
Le nombre de personnes quittant le marché du travail dépasse celui des personnes y entrant
En 2016, la population comptait 4,4 millions de jeunes de 15 à 24 ans et 4,9 millions de personnes de 55 à 64 ans, ce qui signifie que l’écart s’élargit entre le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail et le nombre de personnes se préparant à le quitter.
Le ratio entre les jeunes et les personnes de 55 à 64 ans était de 0,9 en 2016, soit en deçà du taux de remplacement. Il s’agit du ratio le plus bas fondé sur des statistiques comparables. Par opposition, en 1976, le ratio était de 2,4 jeunes pour chaque personne âgée de 55 à 64 ans. Ce ratio a amorcé une tendance à la baisse au cours des années 1980 et 1990 et est passé en dessous du niveau de 1,0 pour la première fois en 2013. Selon les projections démographiques, cette tendance devrait se poursuivre au cours des 20 prochaines années.
Incidence du vieillissement sur les taux d’activité
Le taux d’activité des personnes de 55 ans et plus a considérablement augmenté depuis le début du siècle, passant de 24 % en 1996 à 38 % en 2016. Il s’agit du taux le plus élevé pour ce groupe, selon les données comparables recueillies depuis 1976 (graphique 2).
Tableau de données du graphique 2
Années | Groupe d’âge | |||
---|---|---|---|---|
15 ans et plus | 15 à 24 ans | 25 à 54 ans | 55 ans et plus | |
pourcentage | ||||
1976 | 61,5 | 63,6 | 73,5 | 31,4 |
1977 | 61,9 | 64,6 | 74,1 | 30,6 |
1978 | 62,7 | 65,6 | 75,5 | 30,4 |
1979 | 63,7 | 67,4 | 76,4 | 30,6 |
1980 | 64,3 | 68,6 | 77,3 | 30,1 |
1981 | 65,0 | 69,3 | 78,7 | 29,8 |
1982 | 64,4 | 67,3 | 78,6 | 29,4 |
1983 | 64,7 | 67,6 | 79,4 | 29,0 |
1984 | 65,0 | 68,0 | 80,0 | 28,6 |
1985 | 65,6 | 68,6 | 81,1 | 28,2 |
1986 | 66,1 | 69,7 | 82,0 | 27,3 |
1987 | 66,5 | 70,3 | 82,6 | 26,9 |
1988 | 66,8 | 70,6 | 83,3 | 26,6 |
1989 | 67,3 | 71,2 | 84,0 | 26,2 |
1990 | 67,1 | 69,9 | 84,3 | 25,9 |
1991 | 66,6 | 68,1 | 84,1 | 25,3 |
1992 | 65,7 | 66,2 | 83,4 | 24,9 |
1993 | 65,3 | 64,4 | 83,5 | 24,3 |
1994 | 65,2 | 63,9 | 83,3 | 24,6 |
1995 | 64,8 | 63,2 | 83,3 | 23,8 |
1996 | 64,7 | 62,2 | 83,4 | 23,8 |
1997 | 64,9 | 61,5 | 83,9 | 24,2 |
1998 | 65,1 | 61,8 | 84,3 | 24,6 |
1999 | 65,5 | 63,5 | 84,6 | 25,1 |
2000 | 65,8 | 64,4 | 84,8 | 25,6 |
2001 | 65,9 | 64,7 | 85,1 | 26,0 |
2002 | 66,9 | 66,5 | 85,9 | 27,8 |
2003 | 67,6 | 67,3 | 86,4 | 30,1 |
2004 | 67,5 | 66,8 | 86,5 | 30,8 |
2005 | 67,1 | 65,9 | 86,3 | 31,6 |
2006 | 67,0 | 66,2 | 86,2 | 32,2 |
2007 | 67,4 | 67,0 | 86,6 | 33,3 |
2008 | 67,6 | 67,3 | 86,7 | 34,2 |
2009 | 67,1 | 65,3 | 86,5 | 35,0 |
2010 | 66,9 | 64,5 | 86,5 | 35,8 |
2011 | 66,7 | 64,5 | 86,4 | 36,2 |
2012 | 66,5 | 63,5 | 86,6 | 36,6 |
2013 | 66,5 | 63,8 | 86,7 | 37,2 |
2014 | 66,0 | 64,2 | 86,2 | 37,2 |
2015 | 65,8 | 64,2 | 86,4 | 37,3 |
2016 | 65,7 | 63,7 | 86,5 | 37,7 |
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active, 1976 à 2016. |
Alors que le report de la retraite est une tendance persistante pour la cohorte des baby-boomersNote 7, le taux d’activité de ces baby-boomers demeure inférieur à celui du principal groupe d’âge actif. Il existe en outre une différence au chapitre du taux d’activité entre les personnes de 55 à 64 ans et celles de 65 ans et plus. Plus précisément, le taux d’activité des personnes de 55 à 64 ans était de 66 % en 2016, par rapport à 14 % chez celles de 65 ans et plus. Le vieillissement des baby-boomers, en transition vers le groupe plus âgé (de 65 ans et plus), aura vraisemblablement une incidence sur le taux d’activité de la population de 55 ans et plus.
En 2016, le taux d’activité du principal groupe d’âge actif (ceux âgés de 25 à 54 ans) était de 87 %. Le taux d’activité de ce groupe a toujours été le plus élevé et est relativement stable depuis 1996, à la suite de l’importante hausse du taux d’activité des femmes dans les années 1980 et 1990. Chez les jeunes de 15 à 24 ans, la tendance est à la baisse, leur taux d’activité ayant diminué d’environ 3 points de pourcentage de 2007 à 2016Note 8.
La part de plus en plus grande de Canadiens plus âgés exerce une pression à la baisse sur le taux global d’activité, car un moins grand nombre de personnes participent sur le marché du travail par rapport à la population totale. Le fait de maintenir la structure par âge de la population constante par rapport à une année donnée fournit un aperçu hypothétique du taux global d’activité, si la population présentait les mêmes âges que celle de l’année de référenceNote 9. Grâce à cette technique, on peut répondre à la question suivante : Quelle aurait été l’évolution du taux d’activité si la structure par âge était demeurée la même qu’en 1976, alors que la part des personnes de 55 ans et plus représentait 22 % de la population (et non 36 % comme en 2016)?
Les résultats indiquent que si la composition démographique de la population en âge de travailler s’était maintenue aux taux de 1976, le taux global d’activité serait supérieur d’environ 4 points de pourcentage au taux réel de 66 % observé en 2016 (graphique 3). Ce résultat s’explique par le fait que pratiquement toutes les tranches d’âge présentaient en 2016 des taux d’activité supérieurs à ceux enregistrés en 1976. De plus, si la structure par âge était demeurée constante, le taux d’activité n’aurait pas enregistré de tendance à la baisse après le début du siècle. Le taux global d’activité serait alors plutôt demeuré relativement constant.
Tableau de données du graphique 3
Années | Taux d’activité | |
---|---|---|
Normalisé en fonction de la population de 1976 | Taux d’activité réel | |
pourcentage | ||
1976 | 61,5 | 61,5 |
1977 | 61,9 | 61,9 |
1978 | 62,8 | 62,7 |
1979 | 63,8 | 63,7 |
1980 | 64,4 | 64,3 |
1981 | 65,1 | 65,0 |
1982 | 64,4 | 64,4 |
1983 | 64,7 | 64,7 |
1984 | 65,0 | 65,0 |
1985 | 65,6 | 65,7 |
1986 | 66,2 | 66,1 |
1987 | 66,8 | 66,5 |
1988 | 67,3 | 66,8 |
1989 | 67,8 | 67,3 |
1990 | 67,6 | 67,1 |
1991 | 67,1 | 66,6 |
1992 | 66,1 | 65,7 |
1993 | 65,7 | 65,3 |
1994 | 65,5 | 65,2 |
1995 | 65,2 | 64,8 |
1996 | 65,0 | 64,7 |
1997 | 65,3 | 64,9 |
1998 | 65,7 | 65,1 |
1999 | 66,4 | 65,5 |
2000 | 66,8 | 65,8 |
2001 | 67,1 | 65,9 |
2002 | 68,2 | 66,9 |
2003 | 69,1 | 67,6 |
2004 | 69,2 | 67,5 |
2005 | 69,0 | 67,1 |
2006 | 69,1 | 67,0 |
2007 | 69,8 | 67,4 |
2008 | 70,1 | 67,5 |
2009 | 69,7 | 67,1 |
2010 | 69,6 | 66,9 |
2011 | 69,6 | 66,7 |
2012 | 69,5 | 66,5 |
2013 | 69,7 | 66,5 |
2014 | 69,6 | 66,0 |
2015 | 69,7 | 65,8 |
2016 | 69,8 | 65,7 |
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active, 1976 à 2016. |
Après 2003, le taux d’activité normalisé selon l’âge a amorcé une tendance à la hausse alors que le taux d’activité réel commençait à afficher une tendance à la baisse. L’écart entre le taux d’activité réel et le taux normalisé selon l’âge s’est creusé davantage au cours des années ayant suivi le repli économique de 2008.
Décomposition de la variation du taux d’activité de 2007 à 2016
Outre le vieillissement de la population, d’autres facteurs ont également une incidence sur l’évolution des taux d’activité. Ces facteurs comprennent d’autres effets de composition (conséquences de la variation des caractéristiques démographiques au fil du temps) et des effets non liés à la composition. Les autres effets de composition comprennent les facteurs suivants :
- Facteurs liés à l’éducation
Les personnes plus scolarisées ont des taux d’activité plus élevés que les personnes moins scolarisées. Le fait d’accroître le niveau de scolarité devrait par conséquent avoir des répercussions positives sur les taux d’activité. De même, une hausse de la fréquentation scolaire chez les personnes plus jeunes peut également avoir une incidence négative, puisque le taux d’activité des étudiants est inférieur à celui des non-étudiants. - Facteurs liés à la situation familiale
L’état matrimonial et la présence d’enfants peuvent avoir une incidence sur les taux d’activité. La complémentarité entre conjoints en matière de travail et de loisirs peut également jouer un rôle, particulièrement en ce qui a trait à la population plus âgée, car les hommes plus âgés sont plus susceptibles de demeurer sur le marché du travail si leur conjointe travaille égalementNote 10.
Les effets non liés à la composition peuvent comprendre, par exemple, des variations de la rémunération horaire (toutes choses étant égales par ailleurs, le taux d’activité augmente lorsque la rémunération augmente); les possibilités d’emploi sur le marché du travail local, l’impact du patrimoine financier (les personnes endettées peuvent être plus enclines à demeurer sur le marché du travailNote 11) et les effets liés à la santé (les personnes en meilleure santé sont plus susceptibles de continuer à travaillerNote 12).
Dans la présente section, on tient compte simultanément de l’incidence du vieillissement et des variations des autres effets de composition pour quantifier le rôle de tous ces facteurs dans le déclin général des taux d’activité de 2007 à 2016. On y parvient en utilisant les résultats d’une technique standard de décomposition Oaxaca-Blinder (voir « Sources des données, méthodes et définitions »). Les variables liées à l’éducation comprennent le plus haut niveau de scolarité atteint (diplôme d’études secondaires ou moins, certificat d’une école de métiers ou diplôme collégial, ou diplôme universitaire) et la fréquentation scolaire. Les variables liées à la situation familiale comprennent l’état matrimonial, la présence d’enfants et le statut d’emploi du conjoint.
De 2007 à 2016, le taux d’activité a diminué de 1,7 point de pourcentage chez les personnes de 15 ans et plus (passant de 67,4 % à 65,7 %). Une série d’hypothèses ont été appliquées pour étudier l’effet possible de chaque facteur pris individuellement (l’âge, l’éducation et la situation familiale) et dans leur ensemble (lorsque tous ces facteurs sont pris en compte simultanément).
Ces résultats indiquent que si la structure par âge était demeurée la même qu’en 2007, le taux d’activité aurait augmenté plutôt que diminué, passant de 67,4 % en 2007 à 68,3 % en 2016 (tableau 1). Ce résultat confirme l’importance du vieillissement dans l’évolution des taux d’activité au cours des dernières années.
Les deux sexes | Hommes | Femmes | |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
Réel | |||
2007 | 67,4 | 72,5 | 62,5 |
2016 | 65,7 | 70,3 | 61,3 |
Hypothétique en 2016 | |||
Uniquement avec la structure par âge de 2007 | 68,3 | 72,9 | 63,8 |
Uniquement avec la structure du niveau de scolarité et de la fréqentation scolaire de 2007 | 63,4 | 68,5 | 58,3 |
Uniquement avec la structure familiale de 2007 | 65,8 | 70,2 | 61,5 |
Avec la structure par âge, familiale, du niveau de scolarité et de la fréqentation scolaire de 2007 | 67,3 | 72,3 | 62,2 |
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active, 2007 et 2016. |
Alors que la seule variation de la structure familiale n’a pas eu de répercussions importantes sur le taux d’activité, les facteurs liés à l’éducation ont eu une répercussion positive au cours de la période, principalement en raison de la hausse du niveau de scolarité de la population en âge de travailler. Par exemple, au cours de la période, la proportion des femmes en âge de travailler ayant un diplôme universitaire est passée de 19 % à 26 %, et la même proportion est passée de 20 % à 24 % chez les hommes en âge de travailler. En fait, le taux d’activité aurait diminué d’une marge encore plus importante (de 4 points de pourcentage au lieu de 2 environ) en l’absence des facteurs liés à l’éducation. En d’autres termes, sans l’incidence positive d’un niveau de scolarité plus élevé de la population, le vieillissement aurait eu une répercussion encore plus négative sur les taux d’activité.
Enfin, si ces trois groupes de facteurs étaient demeurés constants (à leurs niveaux de 2007), le taux d’activité n’aurait pas changé de 2007 à 2016 (c.-à-d. qu’il serait demeuré à 67 % plutôt que de diminuer de 2 points de pourcentage).
Des résultats semblables ont été relevés chez les hommes et les femmes. Dans les deux cas, si la structure par âge était demeurée la même qu’en 2007, le taux d’activité aurait augmenté plutôt que diminué, et sans la hausse du niveau de scolarité, les taux d’activité auraient diminué encore plus de 2007 à 2016.
Explication de la hausse des taux d’activité des Canadiens plus âgés
La hausse des taux d’activité des Canadiens plus âgés n’est pas un phénomène nouveau. De 1996 à 2007, le taux d’activité des personnes de 55 ans et plus s’est accru, passant de 24 % à 33 %. Leur taux d’activité a continué d’augmenter au cours des 10 années qui ont suivi, mais à un rythme plus lent. En 2016, ce taux était de 38 %, soit le taux le plus élevé depuis la collecte de statistiques comparables en 1976.
Quels facteurs ont influé sur cette hausse de 14 points de pourcentage du taux d’activité des personnes âgées de 1996 à 2016? Encore une fois, plusieurs effets de composition et non liés à la composition peuvent être considérés comme des facteurs possibles.
L’un de ces facteurs est l’accroissement du niveau de scolarité des personnes plus âgées (graphique 4). La proportion de personnes de 55 ans et plus ayant un diplôme universitaire s’est accrue, passant de 9 % en 1996 à 20 % en 2016. Parallèlement, la proportion de celles possédant un diplôme d’études secondaires ou moins a baissé, passant de 68 % à 45 %. Par conséquent, les Canadiens plus âgés en 2016 étaient proportionnellement plus nombreux à avoir atteint un niveau de scolarité plus élevé que 20 ans plus tôt.
Tableau de données du graphique 4
Années | Niveau de scolarité | ||
---|---|---|---|
Études secondaires ou moins | École de métiers et collège | Université ou supérieur | |
pourcentage | |||
1996 | 68,4 | 23,1 | 8,5 |
1997 | 65,7 | 25,5 | 8,8 |
1998 | 64,8 | 26,2 | 8,9 |
1999 | 63,6 | 26,6 | 9,8 |
2000 | 62,7 | 26,7 | 10,6 |
2001 | 61,2 | 27,7 | 11,1 |
2002 | 59,0 | 29,2 | 11,8 |
2003 | 57,3 | 29,8 | 13,0 |
2004 | 56,6 | 30,3 | 13,1 |
2005 | 55,1 | 31,1 | 13,8 |
2006 | 54,0 | 31,3 | 14,7 |
2007 | 52,3 | 32,0 | 15,7 |
2008 | 51,1 | 32,7 | 16,2 |
2009 | 51,0 | 32,7 | 16,3 |
2010 | 49,4 | 33,5 | 17,1 |
2011 | 48,0 | 34,1 | 17,9 |
2012 | 47,6 | 34,1 | 18,3 |
2013 | 47,1 | 34,0 | 18,9 |
2014 | 46,6 | 34,5 | 18,9 |
2015 | 46,6 | 34,1 | 19,4 |
2016 | 45,4 | 34,8 | 19,9 |
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active, 1996 à 2016. |
Les Canadiens plus âgés titulaires d’un diplôme universitaire sont plus susceptibles de faire partie de la population active. En 2016, leur taux d’activité était de 48 % (graphique 5), par rapport à 29 % chez les personnes ayant un diplôme d’études secondaires ou moins et à 44 % chez les personnes se trouvant entre ces deux catégories (ayant un certificat d’une école de métiers ou un diplôme collégial).
Tableau de données du graphique 5
1996 | 2016 | |
---|---|---|
pourcentage | ||
Total : 55 ans et plus |
23,8 | 37,7 |
Niveau de scolarité | ||
Université ou supérieur | 43,3 | 48,3 |
École de métiers et collège | 32,0 | 43,5 |
Études secondaires ou moins | 18,5 | 28,6 |
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active, 1996 et 2016. |
Cependant, le taux d’activité a augmenté chez tous les Canadiens plus âgés, quel que soit leur niveau de scolarité, particulièrement chez ceux ayant un certificat d’une école de métiers ou un diplôme collégial et chez ceux ayant un diplôme d’études secondaires ou moins. De 1996 à 2016, par exemple, le taux d’activité des personnes de 55 ans et plus ayant un certificat d’une école de métiers ou un diplôme collégial a augmenté de 12 points de pourcentage, alors que ce taux s’est accru de 10 points pour les personnes titulaires d’un diplôme d’études secondaires ou moins. Le taux d’activité des personnes de cette tranche d’âge titulaires d’un diplôme universitaire a augmenté de 5 points de pourcentage.
Comme dans le cas de la population dans son ensemble, d’autres facteurs peuvent également contribuer à la hausse du taux d’activité des personnes plus âgées. L’âge, par exemple, peut jouer un rôle particulier, étant donné que les personnes de 55 à 64 ans participent davantage au marché du travail que celles des tranches d’âge supérieures. En 2016, par exemple, le taux d’activité des personnes de 55 à 64 ans était de 66 %, par rapport à 14 % chez les personnes de 65 ans et plus.Note 13
De 1996 à 2016, la répartition selon l’âge de la population de 55 ans et plus a changé. En 2016, 25 % de la population totale des personnes de 55 ans et plus faisait partie de la tranche d’âge de 55 à 59 ans, en hausse par rapport à 23 % en 1996 (graphique 6). Entre-temps, la proportion des personnes de 70 ans et plus a diminué, passant de 38 % en 1996 à 36 % en 2016. Autrement dit, la population des personnes de 55 ans et plus a « rajeuni » au cours de la période, principalement en raison de l’arrivée massive des baby-boomers dans cette tranche d’âge au milieu des années 1990.
Tableau de données du graphique 6
Groupe d’âge | 1996 | 2007 | 2016 |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
55 à 59 ans | 22,5 | 26,3 | 24,6 |
60 à 64 ans | 20,4 | 21,4 | 21,4 |
65 à 69 ans | 18,9 | 16,0 | 18,4 |
70 ans et plus | 38,1 | 36,3 | 35,6 |
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active, 1996, 2007 et 2016. |
Enfin, les facteurs relatifs à la situation familiale peuvent également avoir une incidence. Tel que mentionné auparavant, la participation du conjoint au marché du travail peut influer sur la décision de quitter ou non le marché du travail, surtout dans le cas de la population plus âgée. De la même manière, la présence d’enfants au sein du ménage peut également encourager les travailleurs plus âgés à rester plus longtemps actifs.
Si la structure par âge de la population de 55 ans et plus en 2016 était demeurée la même qu’en 1996, le taux d’activité aurait augmenté, mais dans une moindre mesure (tableau 2). Plus précisément, le taux d’activité aurait augmenté de 12 points de pourcentage au lieu de 14. Ce résultat laisse supposer que l’âge a pu jouer un rôle, mais qu’il n’est pas le seul facteur expliquant la hausse du taux d’activité des personnes plus âgées.
Les deux sexes | Hommes | Femmes | |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
Réel | |||
1996 | 23,8 | 32,2 | 16,6 |
2007 | 33,3 | 40,1 | 27,3 |
2016 | 37,7 | 43,5 | 32,4 |
Hypothétique en 2016 | |||
Uniquement avec la structure par âge de 1996 | 35,9 | 42,6 | 30,1 |
Uniquement avec la structure du niveau de scolarité de 1996 | 30,6 | 37,7 | 24,3 |
Uniquement avec la structure familiale de 1996 | 33,7 | 39,2 | 28,5 |
Avec la structure par âge, familiale, et du niveau de scolarité de 1996 | 31,6 | 39,1 | 25,4 |
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active, 1996, 2007 et 2016. |
De la même manière, si les facteurs liés à l’éducation étaient demeurés constants (au niveau de 1996), le taux d’activité aurait augmenté d’une marge inférieure (de 7 points de pourcentage), et si les facteurs liés à la situation familiale étaient demeurés constants au cours de la période, le taux d’activité aurait augmenté de 10 points de pourcentage. L’éducation, la situation familiale et le vieillissement peuvent tous avoir contribué à l’augmentation des taux d’activité.
Ces facteurs évoluent cependant simultanément et peuvent être corrélés. Les travailleurs plus âgés des tranches d’âge inférieures, par exemple, sont plus susceptibles d’être scolarisés que ceux des tranches d’âge supérieures. Les baby-boomers plus jeunes sont également proportionnellement plus nombreux à avoir des enfants à la maison et un conjoint sur le marché du travail que leurs homologues des tranches d’âge supérieures. Il est par conséquent important de tenir compte de tous ces facteurs simultanément, afin de quantifier les répercussions conjointes de ces effets de composition sur le taux d’activité.
Lorsque tous les facteurs sont conjointement pris en compte dans ce modèle, on constate que le taux d’activité aurait augmenté de 8 points de pourcentage chez les personnes de 55 ans et plus (passant de 24 % à 32 %). Cela laisse supposer que les facteurs susmentionnés expliquent 6 des 14 points de pourcentage de la hausse du taux d’activité des Canadiens plus âgés (44 %) au cours de cette période, mais également qu’une grande partie de cette augmentation est attribuable à d’autres facteurs non liés à la composition.
Des résultats semblables ont été relevés chez les hommes et les femmes. Chez les hommes, si tous ces facteurs étaient demeurés constants, le taux d’activité aurait augmenté de 7 points de pourcentage au lieu de 11. Les effets de composition ont donc permis d’expliquer 39 % de l’augmentation générale du taux d’activité des hommes de 55 ans et plus au cours de 1996 à 2016.
Chez les femmes, le maintien de l’âge, de la situation familiale et du niveau de scolarité à des niveaux constants aurait entraîné une hausse de 9 points de pourcentage du taux d’activité, au lieu de la hausse du taux d’activité de 16 points de pourcentage que les femmes plus âgées ont atteint. Cela signifie que les effets de composition ont permis d’expliquer 44 % de la variation globale des taux d’activité, alors que les effets non liés à la composition permettent d’expliquer 56 % de cette variation.
Autres facteurs contribuant à la hausse des taux d’activité des Canadiens plus âgés
Plusieurs facteurs non liés à l’âge, à la situation familiale, ou à l’éducation peuvent contribuer à la hausse du taux d’activité des Canadiens plus âgés. Ces facteurs qui ne font pas partie des effets de composition comprennent le patrimoine financier, la rémunération horaire, les occasions d’emploi sur le marché du travail et la santéNote 14.
Lorsque des personnes plus âgées présentent des niveaux inférieurs de patrimoine (en raison de taux inférieurs de rendement de l’actif ou d’un endettement en hausse), elles peuvent être plus susceptibles de continuer à faire partie de la population active. Une étude récente a souligné que les niveaux d’endettement ont augmenté chez les Canadiens plus âgésNote 15 et que les aînés plus âgés ayant une hypothèque étaient nettement plus susceptibles de travailler que ceux qui n’en avaient pasNote 16. Selon les données de l’Enquête sur la sécurité financière (ESF), 29 % des familles ayant une personne de 55 à 64 ans à leur tête avaient une dette hypothécaire sur leur résidence principale en 2012, en hausse par rapport à 25 % en 1999 (graphique 7). Parmi les familles ayant une personne de 65 ans et plus à leur tête, la proportion ayant une dette hypothécaire sur leur résidence principale a également augmenté, passant de 7 % à 10 %. Le montant de la dette chez les détenteurs d’une dette hypothécaire a également augmenté au cours de la période, passant d’une moyenne de 96 000 $ à 155 900 $ (en valeur réelle) chez les personnes de 55 à 64 ans et de 77 100 $ à 125 100 $ chez celles de 65 ans et plusNote 17.
Tableau de données du graphique 7
Groupe d’âge | 1999 | 2005 | 2012 |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
55 à 64 ans | 25,1 | 29,5 | 29,0 |
65 ans et plus | 6,6 | 8,3 | 10,3 |
Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité financière, 1999, 2005 et 2012. |
Une rémunération supérieure peut également avoir incité les personnes plus âgées à demeurer sur le marché du travail (toutes choses étant égales par ailleurs). La période de 1997 à 2016 a été caractérisée par une hausse du niveau de rémunération des Canadiens plus âgésNote 18. Selon les données de l’Enquête sur la population active, la rémunération horaire des travailleurs canadiens de 55 ans et plus a augmenté de 12 % (en valeur réelle) de 1996 à 2016, alors que la rémunération hebdomadaire a augmenté de 11 %. Cependant, au cours des années 2000, la rémunération des Canadiens plus âgés a augmenté moins rapidement que celle des Canadiens plus jeunes, contrairement à ce qui s’est passé au cours des années 1980 et 1990Note 19.
En ce qui a trait à la demande du marché du travail, les occasions d’emploi peuvent également avoir incité les travailleurs plus âgés à demeurer actifs. De 1996 à 2007, l’économie canadienne a été caractérisée par plusieurs années de croissance économique soutenue, en partie en raison de la hausse du prix des matières premières. Certains marchés régionaux, particulièrement l’Alberta et la Saskatchewan, ont connu des pénuries de main-d’œuvre dans certaines professions. Même si l’économie canadienne a ensuite généralement ralenti après la récession de 2008-2009, la croissance de l’emploi est demeurée vigoureuse chez les travailleurs plus âgés, particulièrement chez les femmesNote 20.
Enfin, si les nouvelles cohortes de travailleurs plus âgés sont en meilleure santé que les précédentes, elles peuvent être en mesure de travailler plus longtemps. Cela peut accroître le taux d’activité des travailleurs, toutes choses étant égales par ailleurs. Pour les périodes de 1995 à 1997 et de 2010 à 2012, l’espérance de vie à 55 ans a augmenté, passant de 23,9 à 27,1 ans chez les hommes et de 28,4 à 30,5 ans chez les femmesNote 21.
Conclusion
La main-d’œuvre canadienne vieillit rapidement. D’ici 2026, 4 Canadiens en âge de travailler sur 10 pourraient être âgés de 55 ans et plus. Étant donné que les Canadiens plus âgés sont moins susceptibles de travailler que les personnes faisant partie du groupe d’âge le plus actif, le vieillissement de la population entraînera une baisse continue du taux global d’activité. Cette situation constituera un défi pour le marché du travail, les finances gouvernementales et le système de soins de santé.
Alors que les baby-boomers atteignent l’âge de la retraite, l’incidence du vieillissement se fait déjà sentir sur le marché du travail. De 2007 à 2016, le taux global d’activité a baissé de 2 points de pourcentage. Si la structure par âge de la population canadienne était demeurée la même qu’au cours des 10 années précédentes, le taux d’activité aurait augmenté de 1 point de pourcentage. Le taux d’activité aurait en outre diminué encore davantage sans la hausse du niveau de scolarité de la main-d’œuvre canadienne observée au cours de la période.
Les taux d’activité des Canadiens plus âgés ont augmenté par une marge significative au cours des 20 dernières années. Des effets à la fois de composition et non liés à la composition sont à l’origine de cette hausse. Les effets de composition comprennent une augmentation de la part des Canadiens de 55 à 64 ans (qui tendent à travailler davantage) ainsi qu’une hausse du niveau de scolarité des Canadiens plus âgés. Cependant, plus de la moitié de la hausse globale du taux d’activité des personnes âgées est attribuable à d’autres facteurs non liés à la composition. Ces facteurs peuvent comprendre une augmentation des niveaux d’endettement des Canadiens plus âgés, une rémunération plus élevée, des occasions d’emploi plus favorables ou encore une meilleure santé.
À mesure que les baby-boomers vieillissent, il n’est cependant pas certain que le taux d’activité des Canadiens plus âgés continuera de croître à l’avenir. D’autres facteurs peuvent toutefois contribuer à maintenir les personnes âgées sur le marché du travail, notamment une espérance de vie plus longue, la présence d’une hypothèque, une hausse de la rémunération et davantage d’occasions sur le marché du travail local. D’autres études seront nécessaires afin d’obtenir une meilleure compréhension du marché du travail futur.
Andrew Fields est analyste à la Division de la statistique du travail de Statistique Canada. Sharanjit Uppal est chercheur principal pour la publication Regards sur la société canadienne et Sébastien LaRochelle‐Côté est rédacteur en chef de la publication Regards sur la société canadienne.
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Sources de données, méthodes et définitions
Sources de données
Le présent article s’appuie sur les données de l’Enquête sur la population active (EPA). L’EPA est une enquête mensuelle qui permet de recueillir des renseignements sur le marché du travail auprès de tous les membres des ménages de 15 ans et plus ainsi que des renseignements sur les caractéristiques démographiques et les liens familiaux de tous les membres du ménage. Sont exclus du champ d’observation de l’enquête les habitants des réserves et d’autres établissements autochtones dans les provinces, les membres à temps plein des Forces armées canadiennes et les personnes vivant en établissement. Réunis, ces groupes exclus de l’enquête représentent moins de 2 % de la population canadienne de 15 ans et plus.
Méthode
La technique de décomposition de Oaxaca-Blinder a permis d’analyser l’incidence conjointe de plusieurs effets de composition sur le taux d’activité. Dans le contexte de la présente étude, cette méthode a été appliquée de la façon suivante :
- les microdonnées de l’EPA de 2007 ont été utilisées pour faire une régression (grâce à la méthode des moindres carrés ordinaires) ayant pour variable indépendante une variable binaire indiquant la participation (y=1 si actif, 0 dans le cas contraire) et des variables de contrôle pour tenir compte des facteurs suivants : le groupe d’âge, le niveau de scolarité, l’état matrimonial et la fréquentation scolaire, la présence d’enfants de moins de 16 ans au sein du ménage et la présence d’un conjoint actif;
- les données de 2016 ont été utilisées pour faire la même régression que celle décrite précédemment;
- les coefficients de régression de 2016 ont été multipliés par les moyennes des variables explicatives pour 2007; le résultat obtenu doit être interprété comme le taux d’activité qui serait observé si la population canadienne présentait la même structure par âge, le même niveau de scolarité et de fréquentation scolaire et la même structure familiale qu’en 2007.
Une méthode semblable a été utilisée pour décomposer la variation du taux d’activité des personnes de 55 ans et plus, mais en se fondant sur les données de 1996 et de 2016. La variable de fréquentation scolaire a été abandonnée dans ce modèle, car peu de Canadiens fréquentent un établissement scolaire après l’âge de 55 ans. Le modèle pour les Canadiens plus âgés tient également compte de la présence d’enfants plus âgés (de 25 ans et moins), car cette situation peut signifier des obligations financières supplémentaires pour les personnes plus âgées.
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