Regards sur la société canadienne
L’insécurité alimentaire chez les Inuits vivant dans l’Inuit Nunangat

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par Paula Arriagada

Début de l’encadré

Aperçu de l’étude

La présente étude examine la prévalence de l’insécurité alimentaire chez les Inuits âgés de 25 ans et plus vivant dans l’Inuit Nunangat, de même que les facteurs associés à l’insécurité alimentaire chez les adultes inuits, au moyen de données tirées de l’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2012. Une situation d’insécurité alimentaire peut se manifester lorsque les membres d’un ménage ont déjà mangé toute la quantité d’aliments achetée et ne disposent pas de suffisamment d’argent pour en acheter plus; n’ont pas les moyens de manger des repas équilibrés; ou réduisent leurs portions ou sautent des repas parce qu’ils ne disposent pas de suffisamment d’argent pour se procurer assez de nourriture. La présente étude porte également sur certains résultats en matière de santé des adultes inuits vivant dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire.

  • En 2012, plus de la moitié (52 %) des Inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus vivaient dans un ménage ayant vécu de l’insécurité alimentaire au cours des 12 mois précédents (c’est-à-dire qu’ils ont répondu par l’affirmative à au moins deux des six questions sur l’insécurité alimentaire dans le cadre de l’EAPA). Ce taux était de 14 % chez les Inuits vivant hors de l’Inuit Nunangat.
  • Parmi les aspects de l’insécurité alimentaire figure le manque d’argent pour se procurer de la nourriture. En 2012, près du tiers (32 %) des adultes inuits de l’Inuit Nunangat ont mangé moins qu’ils auraient dû le faire parce qu’ils ne disposaient pas d’assez d’argent pour acheter de la nourriture. En outre, 27 % des adultes inuits ont déclaré qu’ils avaient eu faim parce qu’ils n’avaient pas les moyens d’acheter suffisamment de nourriture.
  • Au Nunavut et au Nunavik, au moins 55 % des adultes inuits (âgés de 25 ans et plus) vivaient dans un ménage ayant vécu une situation d’insécurité alimentaire. Ce taux était de 42 % au Nunatsiavut, et de 33 % dans la région inuvialuite.
  • Certains adultes inuits ont une probabilité plus élevée de vivre une situation d’insécurité alimentaire. Ce groupe comprend les femmes, ceux ayant des enfants, les chômeurs, ceux qui vivaient dans un logement surpeuplé et ceux qui avaient des liens plus faibles avec les membres de la famille élargie.
  • Parmi les adultes inuits âgés de 25 ans et plus vivant dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire, 70 % ont déclaré que leur santé était « bonne », « passable » ou « mauvaise », plutôt que d’affirmer qu’elle était « excellente » ou « très bonne ». Ce taux était de 57 % chez ceux n’ayant pas vécu de situation d’insécurité alimentaire au cours des 12 mois précédents.

Fin de l’encadré

Introduction

Par sécurité alimentaire, on entend une situation lors de laquelle « tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active »Note 1. Réciproquement, l’insécurité alimentaire se produit lorsqu’au moins un des membres du ménage n’a pas accès à une quantité acceptable d’aliments sains et de qualité, habituellement en raison de contraintes financièresNote 2.

En 2012, environ 4 millions de personnes au Canada, dont 1,15 million d’enfants âgés de moins de 18 ans, ont vécu une certaine forme d’insécurité alimentaire au cours des 12 mois précédents. Cela représente environ 13 % des ménages canadiensNote 3.

L’insécurité alimentaire est un problème de santé public et social important au Canada, puisqu’il a été démontré qu’elle contribue à une mauvaise santé, notamment à une mobilité restreinte et à des problèmes de santé chroniques, ainsi qu’à une mauvaise santé mentale et à la détresse psychologiqueNote 4. En outre, l’insécurité alimentaire est liée à des niveaux de scolarité inférieurs, de même qu’à des tensions familialesNote 5.

Des études ont aussi montré que l’insécurité alimentaire est plus fréquente chez les Autochtones que chez les non-Autochtones. Par exemple, selon des données tirées de l’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2012, 1 Autochtone sur 5 (20 %) âgé de 15 ans et plus (Premières Nations vivant hors réserve, Métis et Inuits) vivait dans un ménage ayant vécu une situation d’insécurité alimentaire au cours des 12 mois précédentsNote 6, par rapport à 8 % des non-Autochtones (selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2012)Note 7.

La prévalence de l’insécurité alimentaire diffère grandement selon la région où les personnes vivent. Des études antérieures ont révélé que l’insécurité alimentaire est plus fréquente dans le Nord canadien. Par exemple, en 2014, la prévalence de l’insécurité alimentaire au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest a augmenté pour atteindre les niveaux les plus élevés jamais observés depuis le début de la surveillance de ce problème en 2005Note 8. Les résultats de l’Enquête sur la santé des Inuits menée lors de l’Année polaire internationale, en 2007-2008, montrent que les Inuits vivant au Nunavut affichaient le taux d’insécurité alimentaire documenté le plus élevé parmi tous les peuples indigènes d’un pays développéNote 9.

Dans la présente étude, on met l’accent sur l’insécurité alimentaire chez les Inuits de l’Inuit Nunangat, la terre natale des Inuits au CanadaNote 10. L’Inuit Nunangat comprend les collectivités situées dans les quatre régions inuites : Nunatsiavut (côte nord du Labrador), Nunavik (nord du Québec), le territoire du Nunavut et la région inuvialuite dans les Territoires du Nord-OuestNote 11. Les défis que doivent relever les Inuits en matière de sécurité alimentaire sont plus sévères, surtout ceux que doivent surmonter les Inuits vivant dans des collectivités éloignées et isoléesNote 12.

Parmi les défis particuliers auxquels ces régions doivent faire face figure le prix des aliments sur le marché. Ce prix est déterminé par un certain nombre de facteurs, notamment le transport, le coût du maintien de magasins dans des collectivités éloignées, la détérioration des aliments et les coûts liés au stockageNote 13. Selon le Panier de provisions nordique révisé, une famille de quatre personnes vivant dans une collectivité inuite isolée doit débourser de 328 $ à 488 $ par semaine afin de pouvoir s’alimenter sainement. Un panier de provisions identique coûterait environ 209 $ dans un centre-ville situé au sud, comme OttawaNote 14. Dans le même ordre d’idées, les Indices comparatifs des prix du Nunavik ont montré que des paniers d’aliments identiques coûtent 81 % plus cher au Nunavik qu’à QuébecNote 15.

En raison de ces chiffres élevés, plusieurs stratégies et programmes ont été mis en place afin de réduire le coût élevé des aliments nutritifs dans le Nord. Par exemple, depuis les années 1960, le gouvernement du Canada subventionne certains aliments dans les collectivités nordiques. Le programme Nutrition Nord Canada, qui a remplacé le Programme d’approvisionnement alimentaire par la poste en 2011, subventionne le coût des aliments nutritifs périssables qui doivent être expédiés par avion dans des collectivités admissibles, en plus de financer des initiatives d’éducation nutritionnelle dans les collectivités et chez les détaillantsNote 16.

À l’échelle régionale, plusieurs stratégies visent également à résoudre le problème global que constitue l’insécurité alimentaire. Parmi ces stratégies, on retrouve la Stratégie sur la sécurité alimentaire du Nunavut, lancée par la Coalition sur la sécurité alimentaire du Nunavut en 2014, ainsi que le Cadre stratégique anti-pauvreté des Territoires du Nord-OuestNote 17. Ces programmes mettent l’accent sur certains points, comme l’accès à des aliments prélevés dans la natureNote 18 et à des aliments achetés en magasin, la production d’aliments locaux, les compétences de vie, les habitudes alimentaires saines et les collectivités durables.

Des études antérieures ont montré qu’un certain nombre de facteurs, à l’exception du prix des aliments sur le marché, sont associés à l’insécurité alimentaire, notamment un faible revenu du ménage, le surpeuplement et la présence d’enfants à la maison. Au moyen de données tirées de l’EAPA de 2012, on examine, dans la première partie de la présente étude, la prévalence de l’insécurité alimentaire chez les Inuits âgés de 25 ans et plus vivant dans l’Inuit Nunangat. Puisque l’on doit mettre l’accent sur certains facteurs socioéconomiques, comme le niveau de scolarité atteint et la participation à la vie active, on applique cette restriction quant à l’âge de la population étudiée.

La deuxième partie de cette étude s’ajoute aux études déjà réalisées, en examinant, dans le cadre d’un modèle multivarié, les facteurs associés à l’insécurité alimentaire chez les adultes inuits. En outre, elle examine également certains résultats en matière de santé des adultes inuits faisant face à de l’insécurité alimentaire, comme l’autoévaluation de la santé, les problèmes de santé chroniques, ainsi que la santé mentale. L’insécurité alimentaire est un phénomène complexe à facettes multiples. Le fait de comprendre les déterminants de l’insécurité alimentaire peut faire en sorte que les décideurs disposent de l’information requise pour créer des stratégies ou des solutions à long terme pour régler ce problème.

Définition de l’insécurité alimentaire

Dans l’EAPA, l’insécurité alimentaire est définie comme étant une situation au cours de laquelle les membres d’un ménage ont déjà mangé les aliments achetés (c’est-à-dire qu’ils manquent de nourriture) et ne disposent pas de suffisamment d’argent pour en racheter; ils n’ont pas les moyens de manger des repas équilibrés; ou ils réduisent leurs portions ou sautent des repas parce qu’ils ne disposent pas de suffisamment d’argent pour se procurer assez de nourriture. Le tableau 1 montre les questions posées dans le module, de même que les réponses obtenues.

Tableau 1
Réponses aux questions du module sur la sécurité alimentaire des ménages des Inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Réponses aux questions du module sur la sécurité alimentaire des ménages des Inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus pourcentage(figurant comme en-tête de colonne).
  pourcentage
Q1. Toute la nourriture a été mangée et il n’y avait pas d’argent pour en racheter  
Souvent vrai 15,9
Parfois vrai 42,6
Jamais vrai 41,5
Q2. N’a pas les moyens de manger des repas équilibrés  
Souvent vrai 13,1
Parfois vrai 37,2
Jamais vrai 49,7
Q3. A sauté des repas et a réduit les portions parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour la nourriture  
Oui 30,5
Non 69,5
Q3a. Fréquence des repas sautés et des portions réduitesTableau 1 Note 1  
Presque tous les mois 40,5
Certains mois mais pas tous les mois 42,1
1 ou 2 mois seulement 17,4
Q4. A mangé moins que ce qu’il ou elle aurait dû parce qu'il n'y avait pas assez d'argent pour la nourriture  
Oui 32,2
Non 67,7
Q5. Avait faim mais n’avait pas les moyens d’acheter assez de nourriture  
Oui 26,8
Non 73,2

Par exemple, en 2012, 16 % des Inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus vivaient dans un ménage au sein duquel les membres avaient souvent manqué de nourriture au cours des 12 mois précédents et n’avaient pas eu d’argent pour en racheter. Une proportion de 43 % des répondants ont déclaré avoir parfois vécu cette situation.

En outre, environ 3 Inuits sur 10 (31 %) vivaient dans un ménage où un membre du ménage ou eux-mêmes avaient dû réduire leurs portions ou sauter des repas parce qu’ils n’avaient pas suffisamment d’argent pour acheter de la nourriture. Parmi ceux ayant sauté des repas ou réduit leurs portions, 41 % ont déclaré le faire presque tous les mois, tandis que 42 % ont indiqué sauter des repas au cours de certains mois, mais pas tous les mois.

Par ailleurs, près du tiers (32 %) des Inuits ont déclaré avoir mangé moins qu’ils auraient dû le faire parce qu’ils ne disposaient pas de suffisamment d’argent pour acheter de la nourriture, tandis qu’un peu plus du quart (27 %) des répondants ont déclaré qu’au cours des 12 mois précédents, ils avaient eu faim parce qu’ils n’avaient pas les moyens de se procurer suffisamment de nourriture.

Le degré de sécurité alimentaire au sein d’un ménage est tiré des réponses fournies par les répondants à l’enquête. On considère que ceux qui ont répondu par l’affirmative à au moins deux des questions ci-dessus vivent dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire (voir Sources de données, méthodes et définitions).

Prévalence de l’insécurité alimentaire dans l’Inuit Nunangat

Selon les résultats de l’EAPA de 2012, plus de la moitié (52 %) des Inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus vivaient dans un ménage ayant vécu une situation d’insécurité alimentaire au cours des 12 mois précédents, par rapport à 14 %E: à utiliser avec prudence des Inuits vivant hors de l’Inuit Nunangat (graphique 1).

Graphique 1 Proportion d’adultes inuits âgés de 25 ans et plus ayant vécu de l’insécurité alimentaire au cours des 12 mois précédents, selon la région inuite, 2012

Tableau de données du graphique 1
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Région inuite (titres de rangée) et Pourcentage(figurant comme en-tête de colonne).
Région inuite Pourcentage
Inuit Nunangat 52,2
Nunatsiavut 42,3
Nunavik 54,5
Nunavut 55,6
Région inuvialuite 32,9
Hors de l’Inuit Nunangat 14,3Note E: à utiliser avec prudence

La prévalence de l’insécurité alimentaire variait aussi selon la région inuite. Par exemple, au Nunavut, 56 % des Inuits âgés de 25 ans et plus vivaient dans un ménage ayant vécu une situation d’insécurité alimentaire, par rapport à 55 % au Nunavik, à 42 % au Nunatsiavut, et à 33 % dans la région inuvialuite.

Facteurs associés à l’insécurité alimentaire

Quelles caractéristiques sont les plus associées à l’insécurité alimentaire? Une régression logistique a été estimée pour évaluer simultanément le lien entre un certain nombre de facteurs sociodémographiques et l’insécurité alimentaire, notamment des caractéristiques démographiques, la situation dans le ménage et le surpeuplement du ménage, le niveau de scolarité et la situation au sein de la population active, le revenu, les liens familiaux et la géographie (voir le tableau A1 dans la section appelée « Supplément d’information » pour obtenir une liste complète des liens bivariés entre toutes les variables explicatives et l’insécurité alimentaire). On présente les résultats de ce modèle sous forme de probabilités prédites. Une probabilité de 1 devrait être interprétée comme une chance égale à 100 % de vivre de l’insécurité alimentaire, tandis qu’une probabilité de 0 indique une chance égale à 0 %.

Caractéristiques démographiques et situations dans le ménage

Des études ont révélé que les femmes ont tendance à être plus touchées par l’insécurité alimentaire que les hommesNote 19. Dans le même ordre d’idées, les résultats du modèle multivarié ont montré des différences entre les hommes et les femmes en ce qui a trait à l’insécurité alimentaire (tableau 2)Note 20. Plus particulièrement, les Inuites de l’Inuit Nunangat âgées de 25 ans et plus étaient significativement plus susceptibles de faire partie d’un ménage en situation d’insécurité alimentaire que leurs homologues de sexe masculin (56 % par rapport à 47 %), même lorsque l’on tient compte de certains facteurs, comme la situation dans le ménage, le niveau de scolarité et la situation au sein de la population active, les liens familiaux et la géographie.

Tableau 2
Probabilité prédite d'avoir vécu de l’insécurité alimentaire au cours des 12 mois précédents parmi les Inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus, différentes caractéristiques socioéconomiques, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Probabilité prédite d'avoir vécu de l’insécurité alimentaire au cours des 12 mois précédents parmi les Inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus probabilités prédites(figurant comme en-tête de colonne).
  probabilités prédites
Sexe  
Hommes (réf.) 0,472
Femmes 0,555Note *
Groupe d’âge  
25 à 34 ans 0,511Note *
35 à 54 ans 0,549Note *
55 ans et plus (réf.) 0,401
Situation dans le ménage  
Couples sans enfant (réf.) 0,349
Couples avec enfants 0,517Note *
Parent seul 0,560Note *
Avec personnes apparentées 0,585Note *
Seul 0,484
Surpeuplement du ménage  
Une personne ou moins par pièce (réf.) 0,483
Plus d’une personne par pièce 0,560Note *
Niveau de scolarité  
N’a pas de diplôme d’études secondaires 0,547Note *
A terminé ses études secondaires (réf.) 0,449
Situation au sein de la population active  
Personne occupant un emploi (réf.) 0,425
Personne en chômage 0,770Note *
Personne inactive 0,577Note *
Revenu total du ménage  
Inférieur au revenu médian 0,606Note *
Égal ou supérieur au revenu médian (réf.) 0,424
Solidité des liens avec des membres de la famille élargie  
Liens familiaux modérés à très faibles 0,656Note *
Liens familiaux forts ou très forts (réf.) 0,458
Géographie  
Régions rurales 0,545Note *
Petits centres de population (réf.) 0,447

En ce qui concerne l’âge, des études ont montré que les personnes plus âgées sont moins susceptibles de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaireNote 21. De même, les Inuits de 25 à 34 ans et ceux de 35 à 54 ans étaient plus susceptibles de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire que les personnes de 55 ans et plus, qui forment la catégorie de référence.

Des études antérieures ont montré un lien significatif entre l’insécurité alimentaire et le type de ménageNote 22. Plus particulièrement, elles ont révélé que la présence d’enfants et la monoparentalité sont associées à l’insécurité alimentaire.

Les résultats multivariés confirment cette relation. Chez les adultes inuits vivant dans l’Inuit Nunangat, la probabilité prédite de vivre au sein d’un ménage en situation d’insécurité alimentaire était significativement plus élevée chez les parents seuls (56 %) et les couples ayant des enfants (52 %) que chez les couples sans enfant (35 %). La probabilité de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire était également significativement plus élevée chez les personnes vivant avec des personnes apparentées (59 %)Note 23. Cependant, le fait de vivre seul n’était pas associé à une probabilité accrue de vivre en situation d’insécurité alimentaire lorsque tous les autres facteurs étaient pris en compte.

Parmi les autres facteurs relatifs au logement qui sont associés à l’insécurité alimentaire figure le fait de vivre dans un logement surpeupléNote 24. Selon des données tirées de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011, 39 % des Inuits de l’Inuit Nunangat vivaient dans des logements surpeuplés, par rapport à 4 % des non-Autochtones au CanadaNote 25. Chez les Inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus, la probabilité de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire était significativement plus élevée chez ceux qui vivaient dans un ménage comptant plus d’une personne par pièce que chez ceux qui ne vivaient pas dans un logement surpeuplé (56 % par rapport à 48 %). Puisque le fait de vivre dans un logement surpeuplé est associé à plusieurs problèmes de santé et est directement lié à d’autres déterminants sociaux de la santé des InuitsNote 26, il n’y a aucun doute que l’insécurité alimentaire est un autre facteur de stress que vivent ces populations particulières.

Niveau de scolarité, situation au sein de la population active et revenu du ménage

Le plus haut niveau de scolarité atteint est un autre facteur qui pourrait avoir une incidence sur la probabilité de vivre une situation d’insécurité alimentaire. Puisque le diplôme d’études secondaires est souvent considéré comme étant le niveau de scolarité minimum requis pour accéder au marché de l’emploiNote 27, les travailleurs n’ayant pas obtenu ce diplôme éprouvent plus de difficultés à trouver un emploi bien rémunéré; ils sont aussi plus vulnérables lors de ralentissements économiques. Le niveau de scolarité est donc étroitement lié à l’insécurité alimentaire d’un ménage, puisqu’il a une incidence sur les possibilités d’emploi et de revenu.

Même si les Inuits sont de plus en plus scolarisés, plusieurs d’entre eux ne terminent pas leurs études secondaires. Selon les résultats de l’ENM de 2011, 41 % des Inuits âgés de 25 à 64 ans avaient un diplôme d’études secondaires, par rapport à 85 % des non-Autochtones. Chez les adultes inuits vivant dans l’Inuit Nunangat, environ 3 Inuits sur 10 (29 %) étaient titulaires d’un diplôme d’études secondaires.

Les résultats de la présente analyse montrent que le fait d’avoir terminé des études secondaires est associé de façon significative à une probabilité inférieure de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire. Parmi les Inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus, la probabilité de vivre une situation d’insécurité alimentaire était de 45 % chez ceux qui avaient terminé leurs études secondaires, alors qu’elle se chiffrait à 55 % chez ceux qui n’avaient pas achevé leurs études secondaires, même en tenant compte des autres facteurs.

Selon des études, la situation au sein de la population active peut être associée à des résultats inférieurs sur le plan social et celui de la santéNote 28. Par conséquent, on peut s’attendre à ce que le fait d’occuper un emploi réduise la probabilité de vivre une situation d’insécurité alimentaire. Les résultats multivariés appuient cette notion. Parmi les adultes inuits âgés de 25 ans et plus, ceux qui occupaient un emploi affichaient une probabilité significativement plus faible de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire que ceux qui étaient en chômage (43 % par rapport à 77 %). Dans le même ordre d’idées, les adultes inuits de 25 ans et plus qui ne participaient pas à la vie active affichaient une probabilité de vivre une situation d’insécurité alimentaire significativement plus élevée (58 %) que celle de leurs homologues occupant un emploi.

Des études antérieures ont également révélé qu’un faible revenu du ménage est associé à une probabilité accrue de vivre une situation d’insécurité alimentaireNote 29. Cette situation est attribuable au fait que l’insécurité alimentaire découle de l’incapacité à se procurer des aliments en raison de difficultés financières. Dans le cas de nombreux Autochtones vivant dans le Nord, un faible revenu intensifie les effets du coût élevé des aliments et du coût élevé de la vie en général. Selon les données de l’ENM de 2011, les Inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus avaient un revenu médian du ménage (après impôts et corrigé en fonction de la taille du ménage) de 31 400 $, tandis que les non-Autochtones au Canada avaient un revenu médian du ménage de 40 200 $.

Les résultats multivariés présentés dans cette étude confirment cette relation. Lorsque l’on tient compte d’autres facteurs, les Inuits âgés de 25 ans et plus dont le revenu du ménage était inférieur au revenu médian étaient plus susceptibles de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire que ceux dont le revenu du ménage était égal ou supérieur au revenu médian (61 % par rapport à 42 %)Note 30.

Liens familiaux et géographie

La famille et la collectivité sont au cœur de l’identité et de la culture inuitesNote 31; elles peuvent donc constituer d’autres facteurs importants associés à l’insécurité alimentaire. Le fait d’avoir un bon réseau de soutien social peut réduire la probabilité de vivre une situation d’insécurité alimentaire. Dans le cadre de l’EAPA, par liens familiaux, on entend la solidité déclarée des liens familiaux avec les autres membres de la famille vivant dans des ménages différents, mais au sein de la même collectivité.

Les résultats présentés dans cette étude montrent l’importance des liens avec les membres de la famille élargie comme source possible de soutien. Parmi les adultes inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus, ceux ayant de forts ou de très forts liens avec des membres de leur famille élargie affichaient une probabilité significativement moindre de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire par rapport à ceux dont les liens familiaux étaient plus faiblesNote 32 (46 % par rapport à 66 %).

L’emplacement éloigné de nombreuses collectivités dans l’Inuit Nunangat et les coûts associés au transport d’aliments nutritifs périssables sont des considérations importantes dont il faut tenir compte lors de l’étude de l’insécurité alimentaire. Plusieurs collectivités inuites disposent d’un seul magasin d’alimentation, ce qui complique l’accès aux aliments. En outre, l’accès aux possibilités d’emploi peut être encore plus restreint dans les collectivités plus petitesNote 33.

La variable de la géographie renvoie à la taille du centre de population de l’ENM de 2011, qui compare les régions rurales (comptant moins de 1 000 habitants) à de petits centres de population (de 1 000 à 29 999 habitants)Note 34. Selon les résultats, les adultes inuits vivant dans une région rurale étaient significativement plus susceptibles de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire que ceux vivant dans de petits centres de population (55 % par rapport à 45 %), une fois l’effet des autres facteurs pris en compte.

Insécurité alimentaire et résultats en matière de santé

La présente section met l’accent sur certains liens possibles entre l’insécurité alimentaire et des résultats particuliers sur le plan de la santé. L’étude de ces liens possible est importante puisque l’Inuit Tapiriit Kanatami (organisme national dédié à la protection et à l’avancement des droits et des intérêts des Inuits au Canada) a indiqué que l’insécurité alimentaire est l’un des déterminants sociaux importants de la santé des InuitsNote 35. En outre, des études antérieures ont montré qu’une mauvaise santé peut nuire à la sécurité alimentaire, en plus d’être un résultat de l’insécurité alimentaire. L’insécurité alimentaire est associée à une nutrition inadéquate, laquelle peut entraîner de graves répercussions sur la santé physique et mentaleNote 36. De plus, les études réalisées sur l’insécurité alimentaire chez les Autochtones ont révélé que les personnes vivant dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire étaient plus susceptibles de se percevoir en mauvaise santé et de subir un stress élevéNote 37.

Dans le cadre de la présente étude, on étudie le lien entre l’insécurité alimentaire et la santé, en mettant l’accent sur les résultats suivants sur le plan de la santé : 1) l’auto-évaluation de la santé générale (les répondants ayant déclaré que leur santé générale était « bonne », « passable » ou « mauvaise » au lieu d’être « excellente » ou « très bonne »)Note 38; 2) le diagnostic pour au moins un problème de santé chronique; et 3) l’auto-évaluation de la santé mentale (les répondants ayant déclaré que leur santé mentale était « bonne », « passable » ou « mauvaise » au lieu d’affirmer qu’elle était « excellente » ou « très bonne »).

Selon les données de l’EAPA de 2012, plusieurs problèmes de santé étaient plus courants chez les adultes inuits de l’Inuit Nunangat vivant dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire (graphique 2). Par exemple, les résultats bivariés ont montré que, parmi les Inuits âgés de 25 ans et plus, ceux qui vivaient dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire étaient significativement plus susceptibles de parler de leur santé en termes moins positifs (« bonne », « passable » ou « mauvaise » au lieu « d’excellente » ou de « très bonne ») que ceux qui ne vivaient pas dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire (70 % par rapport à 57 %). Cette différence concernant l’état de santé est demeurée significative même lorsque les effets de l’âge, du sexe, du niveau de scolarité, du travail, du revenu du ménage et du surpeuplement étaient pris en considération (tableau 3).

Graphique 2 Prévalence de certains résultats en matière de santé, selon la situation de sécurité alimentaire, Inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus, 2012

Tableau de données du graphique 2
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2. Les données sont présentées selon Résultats en matière de santé (titres de rangée) et Sécurité alimentaire et Insécurité alimentaire, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Résultats en matière de santé Sécurité alimentaire Insécurité alimentaire
pourcentage
Santé mentale bonne, passable
ou mauvaiseTableau de Note 1
43,5 58,6Note *
Au moins un problème de santé chronique 39,7 46,3
Santé générale bonne, passable ou mauvaiseTableau de Note 1 57,4 70,4Note *
Tableau 3
Probabilités prédites de certains résultats en matière de santé, selon la situation de sécurité alimentaire, Inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Probabilités prédites de certains résultats en matière de santé Santé générale bonne, passable ou mauvaise, Au moins un problème de santé chronique et Santé mentale bonne, passable ou mauvaise, calculées selon probabilités prédites unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Santé générale bonne, passable ou mauvaiseTableau 3 Note 1 Au moins un problème de santé chronique Santé mentale bonne, passable ou mauvaiseTableau 3 Note 1
probabilités prédites
Sécurité alimentaire (réf.) 0,573 0,361 0,443
Insécurité alimentaire 0,685Note * 0,451Note * 0,578Note *

Les mêmes conclusions s’appliquent en ce qui a trait à la santé mentale autodéclarée. Parmi les adultes inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus, 59 % de ceux qui vivaient dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire ont déclaré une santé mentale moins bonne (« bonne », « passable » ou « mauvaise » plutôt qu’« excellente » ou « très bonne »). Chez les adultes inuits vivant dans un ménage en situation de sécurité alimentaire, la proportion de répondants ayant décrit leur santé mentale comme étant bonne, passable ou mauvaise était inférieure, s’établissant à 44 %. Lorsque l’on tenait compte des autres facteurs, les adultes inuits vivant dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire étaient tout de même significativement plus susceptibles de décrire leur santé mentale comme étant bonne, passable ou mauvaise.

Enfin, les résultats bivariés n’ont pas révélé de différence significative en ce qui concerne la prévalence d’au moins un problème de santé chronique entre ceux qui se trouvaient dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire et ceux qui ne s’y trouvaient pas. Cependant, cette différence devient significative dans le modèle multivarié qui tient compte de l’âge, du sexe, du niveau de scolarité, de la situation au sein de la population active et du revenu du ménage, ainsi que du surpeuplement. Comme l’illustre le tableau 3, la probabilité que des adultes inuits vivant dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire obtiennent un diagnostic pour au moins un problème de santé chronique est de 45 %, alors que cette probabilité s’établit à 36 % chez ceux vivant dans un ménage en situation de sécurité alimentaire.

Conclusion

L’insécurité alimentaire est plus fréquente chez les Autochtones que chez les non-Autochtones, surtout chez ceux qui vivent dans des collectivités éloignées et du Nord. En outre, l’insécurité alimentaire est un problème de santé publique important qui, selon les analyses, contribue à un certain nombre de résultats, notamment la santé physique et mentale.

La présente étude fournit un examen plus détaillé de l’insécurité alimentaire chez les Inuits de l’Inuit Nunangat, un groupe qui, selon des études, affiche un taux plus élevé d’insécurité alimentaire. En 2012, plus de la moitié (52 %) des adultes inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus vivaient dans un ménage ayant vécu une situation d’insécurité alimentaire au cours des 12 mois précédents.

Plusieurs caractéristiques sont associées à l’insécurité alimentaire. Les Inuites étaient plus susceptibles de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire même lorsque l’on tient compte d’autres facteurs. Parmi les autres facteurs importants associés à une probabilité accrue de vivre une situation d’insécurité alimentaire figure la situation dans le ménage, plus particulièrement la présence d’enfants à la maison, le fait d’être un parent seul et le fait de vivre avec des personnes apparentées. En outre, les Inuits vivant dans un logement surpeuplé étaient plus susceptibles de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire.

Les conclusions soulignent aussi l’importance du niveau de scolarité, de l’emploi et du revenu du ménage. Par exemple, les adultes inuits âgés de 25 ans et plus qui avaient terminé leurs études secondaires étaient moins susceptibles de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire. Cette situation s’appliquait aussi aux Inuits occupant un emploi. En outre, les adultes inuits dont le revenu du ménage était inférieur au revenu médian étaient 18 points de pourcentage plus susceptibles de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire que ceux dont le revenu du ménage était égal ou supérieur au revenu médian.

De plus, les résultats montrent aussi que le fait d’avoir un réseau de soutien social plus solide est associé significativement à une probabilité inférieure de vivre une situation d’insécurité alimentaire. Chez les adultes inuits de l’Inuit Nunangat âgés de 25 ans et plus, ceux qui ont des liens familiaux étendus forts ou très forts étaient significativement moins susceptibles de vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire que ceux qui avaient des liens familiaux plus faibles.

La présente étude s’est également penchée sur le lien entre l’insécurité alimentaire et certains résultats sur le plan de la santé. Les adultes inuits de l’Inuit Nunangat vivant dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire étaient significativement plus susceptibles de décrire leur santé, notamment leur santé mentale, comme étant « bonne », « passable » ou « mauvaise » (au lieu « d’excellente » ou « très bonne »). En outre, l’insécurité alimentaire est, de façon significative, associée à la prévalence d’un diagnostic de problème de santé chronique. Les adultes inuits vivant dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire étaient plus susceptibles de recevoir un diagnostic pour au moins un problème de santé chronique que ceux vivant dans un ménage en situation de sécurité alimentaire.

Les résultats présentés dans cette étude ne fournissent pas de réponses définitives à propos des déterminants de l’insécurité alimentaire puisqu’il n’est pas possible d’établir une relation de causalité. En outre, il est aussi important de noter que le module portant sur la sécurité alimentaire utilisé dans le cadre de l’EAPA ne renferme pas de questions concernant l’accès aux aliments traditionnels inuits prélevés dans la nature ni sur certaines initiatives, comme les congélateurs communautaires, lesquelles s’avéreraient importantes pour déterminer la sécurité alimentaire globale des Inuits vivant dans l’Inuit Nunangat. Les résultats de la présente étude révèlent néanmoins des caractéristiques importantes associées à l’insécurité alimentaire chez les Inuits de l’Inuit Nunangat, de même que les liens entre l’insécurité alimentaire et la santé.

Paula Arriagada est analyste de recherche à la Division de la statistique sociale et autochtone de Statistique Canada.

Début de l’encadré

Sources de données, méthodes et définitions

Sources de données

L’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2012 est une enquête nationale menée auprès des Premières Nations vivant hors réserve, des Métis et des Inuits âgés de 6 ans et plus. L’EAPA de 2012 représentait le quatrième cycle de l’enquête et mettait l’accent sur le niveau de scolarité, l’emploi et la santé. Elle a aussi permis de recueillir des données sur la langue, le revenu, le logement et la mobilité.

L’enquête a été réalisée par Statistique Canada, au moyen du financement offert par trois ministères fédéraux : Affaires autochtones et du Nord Canada, Santé Canada et Emploi et Développement social Canada. Pour obtenir plus de renseignements sur la conception de l’enquête, la population cible, les concepts de l’enquête et les taux de réponse, consultez l’Enquête auprès des peuples autochtones, 2012 : Guide des concepts et méthodes.

Les données de l’EAPA s’avèrent utiles aux fins de la présente étude parce que le grand échantillon d’Inuits permet la réalisation d’une analyse approfondie. Dans ce cas-ci, l’analyse se fonde sur un échantillon de 2 002 Inuits âgés de 25 ans et plus vivant dans l’Inuit Nunangat. D’autres enquêtes antérieures comportant des questions sur l’insécurité alimentaire s’appuient, en général, sur un échantillon plus petit d’Autochtones. Par conséquent, il arrive souvent qu’il soit impossible de désagréger l’information pour chacun des trois groupes d’identité autochtone, soit les Premières Nations, les Métis et les Inuits.

Définitions

Les questions concernant la sécurité alimentaire d’un ménage figurant dans l’EAPA sont tirées du formulaire court à six points du module de l’Enquête sur la sécurité alimentaire des ménages des États-Unis. Voici les questions posées :

Q1. Toute la nourriture que [vous/vous et les membres de votre ménage] aviez achetée a été mangée et il n’y avait pas d’argent pour en racheter. Cet énoncé a-t-il souvent, parfois ou jamais été vrai au cours des 12 derniers mois?

Q2. [Vous/Vous et les membres de votre ménage] n’aviez pas les moyens de manger des repas équilibrés. Cet énoncé a-t-il souvent, parfois ou jamais été vrai au cours des 12 derniers mois?

Q3. Au cours des 12 derniers mois, avez-vous [vous/vous et les membres de votre ménage] déjà réduit votre portion ou sauté des repas parce qu’il n’y avait pas assez d’argent pour la nourriture?

Q3a. À quelle fréquence est-ce arrivé : presque tous les mois, certains mois, mais pas tous les mois, ou un ou deux mois seulement?

Q4. Au cours des 12 derniers mois, avez-vous [vous-même] déjà mangé moins que vous auriez dû, selon vous, parce qu’il n’y avait pas assez d’argent pour acheter de la nourriture?

Q5. Au cours des 12 derniers mois, avez-vous [vous-même] déjà eu faim sans pouvoir manger parce que vous n’aviez pas les moyens d’avoir assez de nourriture?

Il est important de noter que, même si les questions 4 et 5 indiquent « avez-vous [vous-même] », la réponse à cette question peut avoir été fournie par un membre du ménage autre que le répondant.

Le degré de sécurité alimentaire au sein du ménage est déterminé à partir des questions figurant ci-dessus. On code les réponses « souvent » ou « parfois » aux questions 1 et 2, et « oui » aux questions 3, 4 et 5 comme étant des réponses affirmatives (oui). On code les réponses « presque tous les mois » ou « certains mois, mais pas tous les mois » à la question 3a comme étant des réponses affirmatives (oui). La somme des réponses affirmatives aux six questions du module détermine la catégorie dans laquelle un répondant est classé en ce qui a trait à l’insécurité alimentaire (voir ci-dessous).

Catégories de sécurité alimentaire

Cotes de 0 et 1 : Sécurité alimentaire élevée ou marginale
Cotes de 2 à 4 : Faible sécurité alimentaire
Cotes de 5 et 6 : Sécurité alimentaire très faible

Aux fins de la présente étude, les ménages ayant obtenu une cote de 0 ou de 1 sont considérés comme étant en situation de sécurité alimentaire. Les deux catégories de « faible sécurité alimentaire » et de « sécurité alimentaire très faible » sont combinées et sont considérées comme représentant une situation d’insécurité alimentaire.

Fin de l’encadré

Début de l’encadré

La faim chez les enfants inuits

Le module portant sur l’insécurité alimentaire utilisé dans le cadre de l’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2012 n’aborde pas directement la question de l’insécurité alimentaire chez les enfantsNote 39. Cependant, certaines données sur la faim chez les enfants sont accessibles à partir de l’EAPA de 2006 et de l’Enquête sur les enfants autochtones (EEA) de 2006.

Selon les données tirées de l’EAPA de 2006, près du tiers (30 %) des enfants inuits âgés de 6 à 14 ans au Canada avaient, à un moment donné, eu faim parce que leur famille avait manqué de nourriture ou d’argent pour s’en procurerNote 40. Au Nunavut, près de 4 enfants inuits sur 10 (39 %) ont eu faim; le taux était de 33 % chez les enfants inuits au Nunavik, de 30 % au Nunatsiavut, et de 12 % dans la région inuvialuite.

En outre, chez les enfants inuits de 6 à 14 ans qui ont eu faim, près du quart (24 %) ont déclaré que cette situation se produisait fréquemment à la fin du mois, tandis que 21 % des enfants avaient eu faim plus d’une fois par mois.

Dans le même ordre d’idées, les données tirées de l’EEA de 2006 ont montré que la faim était aussi un problème important chez les enfants inuits plus jeunes. Plus précisément, environ 1 enfant inuit sur 4 (24 %) âgé de 2 à 5 ans au Canada a eu faim selon leurs parents. Dans l’Inuit Nunangat, la prévalence de la faim a augmenté pour atteindre 32 %Note 41.

Fin de l’encadré

Renseignements additionnels

Supplément d’information

Articles connexes

Sources de données

Références bibliographiques

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