Regards sur la société canadienne
L’itinérance cachée au Canada
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par Samantha Rodrigue
Début de l’encadré
Aperçu de l’étude
La présente étude fournit des renseignements sur le nombre de Canadiens qui ont déclaré avoir déjà eu à vivre temporairement avec la famille, des amis, dans leur voiture ou n’importe où ailleurs, car ils n’avaient nulle part où aller; cette situation est appelée l’itinérance « cachée » ou « dissimulée ». L’étude examine également les caractéristiques des personnes qui ont vécu un épisode d’itinérance cachée à un moment donné de leur vie.
- En 2014, 8 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus ont déclaré avoir déjà eu à vivre temporairement avec la famille, des amis, dans leur voiture ou n’importe où ailleurs à un moment donné de leur vie, car ils n’avaient nulle part où aller; cette situation est appelée l’itinérance « cachée ».
- Parmi les personnes qui ont vécu un épisode d’itinérance cachée, environ 1 personne sur 5 (18 %) l’a vécue pendant au moins un an, 55 %, pendant moins d’un an mais plus d’un mois, et 27 % des personnes pendant moins d’un mois.
- Les Canadiens ayant des antécédents de mauvais traitements pendant l’enfance étaient plus susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée. Par exemple, parmi les personnes qui ont été victimes à la fois de violence physique et sexuelle avant l’âge de 15 ans, 1 personne sur 4 (25 %) a vécu un épisode d’itinérance cachée.
- Les personnes ayant déménagé fréquemment et celles ayant un faible niveau de soutien social étaient plus susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée. Par exemple, parmi les personnes qui ont déménagé au moins quatre fois au cours des cinq dernières années, 21 % ont vécu un épisode d’itinérance cachée à un moment donné de leur vie.
- Les Canadiens ayant une incapacité étaient plus susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée. En fait, les personnes qui ont déclaré au moins trois incapacités étaient quatre fois plus susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée (26 %) que celles n’ayant déclaré aucune incapacité (6 %).
Fin de l’encadré
Introduction
L’Observatoire canadien sur l’itinérance (OCI) définit l’itinérance comme « la situation d’un individu ou d’une famille qui n’a pas de logement stable, permanent et adéquat, ou qui n’a pas de possibilité ou la capacité immédiate de s’en procurer un »Note 1. L’OCI classe la population itinérante en trois catégories principales : les personnes sans abri, les personnes utilisant les refuges d’urgence et les personnes logées provisoirementNote 2. Les personnes sans abri sont celles qui n’ont pas de logement et qui n’accèdent pas aux refuges ou aux hébergements d’urgence, sauf lorsque les conditions météorologiques sont extrêmes. Les personnes utilisant les refuges d’urgence sont celles qui font usage des refuges d’urgence et des soutiens du système, car elles ne peuvent pas obtenir un logement permanent. Les personnes logées provisoirement sont celles qui accèdent à un hébergement qui n’offre pas de possibilités de permanence; elles sont donc en théorie sans abri et n’ont pas de refuge permanent.
En 2014, on a évalué que plus de 235 000 Canadiens auraient vécu une situation d’itinérance au cours de l’année, y compris ceux qui sont logés provisoirementNote 3. La catégorie des personnes logées provisoirement peut comprendre diverses conditions de vie :
- l’hébergement provisoire qui fait le pont entre l’itinérance sans refuge ou les refuges d’urgence et les logements permanents;
- l’hébergement locatif temporaire et à court terme (p. ex., demeurer dans une chambre de motel, un centre pour itinérants ou une maison de chambres) qui n’offrent aucune sécurité d’occupation;
- les soins en établissement (p. ex., les établissements carcéraux, les établissements de soins de santé, les programmes de traitement en établissement et les foyers de groupe) sans situation de logement permanente;
- l’hébergement ou les centres d’accueil pour nouveaux immigrants et réfugiés avant que ces derniers trouvent leur propre logement; et
- les personnes vivant temporairement avec d’autres, mais sans garantie de résidence soutenue ou de possibilité immédiate d’accès à un logement permanent. Dans ce dernier cas, ces personnes sont souvent appelées des « itinérants cachés » ou des « couch surfers » (c.-à-d., les personnes qui habitent chez des membres de la famille, des amis ou même des étrangers)Note 4.
La présente étude cible une portion de la population d’itinérants logés provisoirement, à savoir les personnes qui ont vécu un épisode d’itinérance cachée. Bien que des recherches aient été menées sur la population itinérante au Canada et la relation avec divers facteurs tels que l’abus de substancesNote 5, la santé mentaleNote 6, la victimisationNote 7 et l’orientation sexuelleNote 8, peu d’analyses ont été menées sur l’itinérance cachée, qui diffère de l’itinérance vécue par les personnes sans abri que celles-ci utilisent ou non les refuges. Aux fins de cette étude, l’itinérance cachée est définie comme le fait pour une personne d’avoir eu à vivre temporairement avec sa famille, des amis ou dans sa voiture, parce qu’elle n’avait nulle part d’autre où allerNote 9.
La présente analyse fournit un aperçu des Canadiens âgés de 15 ans et plus qui ont vécu un épisode d’itinérance cachée et des facteurs qui sont associés à cette expérience, en se fondant sur les données de l’Enquête sociale générale (ESG) de 2014 sur la sécurité des Canadiens (victimisation). Même si Statistique Canada ne recueille pas de données sur la population itinérante actuelle, l’ESG peut fournir un aperçu des Canadiens qui ont déjà vécu un épisode d’itinérance cachée et qui vivent actuellement dans un ménage (voir Sources de données, méthodes et définitions). Les résultats sont présentés selon plusieurs caractéristiques, telles que les caractéristiques sociodémographiques, les expériences de victimisation, les expériences d’abus pendant l’enfance, les indicateurs d’incapacité et de santé mentale, l’environnement social et la consommation de substances.
Près de 1 Canadien sur 10 a vécu un épisode d’itinérance cachée
En 2014, environ 2,3 millions de Canadiens (ce qui représente 8 % de l’ensemble de la population âgée de 15 ans et plus) ont déclaré qu’ils avaient déjà eu à vivre temporairement avec la famille, des amis, dans leur voiture ou n’importe où ailleurs, car ils n’avaient nulle part où aller. Plus de la moitié (55 %) des personnes ayant vécu un épisode d’itinérance cachée ont vécu cette situation pour une période d’un mois à moins d’un an, tandis qu’environ 1 personne sur 5 (18 %) a vécu cette situation pendant un an ou plus (graphique 1). Parmi les hommes, 8 % ont indiqué qu’ils avaient déjà vécu un épisode d’itinérance cachée auparavant, tandis que 7 % des femmes l’avaient vécue.
Tableau de données du graphique 1
Ensemble de la population âgée de 15 ans et plus | A vécu un épisode d’itinérance cachée | |
---|---|---|
pourcentage | ||
Itinérance cachée | ||
Oui | 8 | 100 |
Non | 92 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Durée de l’itinérance cachée | ||
Moins de 1 mois | 2 | 27 |
1 mois à moins de 1 an | 4 | 55 |
1 an ou plus | 2 | 18 |
... n'ayant pas lieu de figurer Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens (victimisation), 2014. |
Les Canadiens qui ont indiqué être Autochtones — Premières Nations, Métis ou Inuits — étaient plus de deux fois plus susceptibles (18 %) d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée que leurs homologues non Autochtones (8 %). Les immigrants (6 %) et les personnes appartenant à un groupe de minorités visibles (4 %) étaient moins susceptibles que les non-immigrants ou les personnes non membres d’une minorité visible (9 % dans les deux cas) d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée (graphique 2).
Tableau de données du graphique 2
Identité ou statut de la personne | Oui | Non |
---|---|---|
pourcentage | ||
A rapporté une identité autochtone | 18,5 | 7,6 |
Est un(e) immigrant(e) | 5,5 | 8,6 |
Appartient à une minorité visible | 4,3 | 8,8 |
Note : Toutes les catégories « Oui » étaient significativement différentes de la catégorie de référence « Non » (p < 0,05). Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens (victimisation), 2014. |
Les mauvais traitements pendant l’enfance sont associés à des expériences d’itinérance cachée
Les victimes de maltraitance pendant l’enfance sont également plus susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée. La victimisation pendant l’enfance peut être extraite d’une série de questions portant sur ce sujet dans l’ESG sur la sécurité des Canadiens (victimisation)Note 10.
Les Canadiens ayant des antécédents d’abus par un adulte avant l’âge de 15 ans étaient près de trois fois plus susceptibles (14 %) d’avoir aussi vécu un épisode d’itinérance cachée que ceux qui n’avaient pas vécu d'abus pendant leur enfance (5 %). Il existe une corrélation entre le type d’abus vécu et la probabilité d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée. Même si la proportion de Canadiens qui ont vécu un épisode d’itinérance cachée ne variait pas entre ceux qui ont été victimes de violence physique pendant l’enfance et ceux qui ont été victimes de violence sexuelle pendant l’enfance (12 % et 11 %, respectivement), ceux ayant été victimes à la fois de violence physique et sexuelle avant l’âge de 15 ans étaient au moins deux fois plus susceptibles (25 %) que l’un ou l’autre des deux groupes précédents d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée à un certain moment (graphique 3). Par rapport à ceux qui n’ont pas été victimes d’abus pendant l’enfance, la probabilité d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée était cinq fois plus élevée parmi ceux ayant subi à la fois de la violence physique et sexuelle pendant l’enfance.
Tableau de données du graphique 3
Type de victimisationGraphique 3 Note 1 | Pourcentage |
---|---|
Aucune victimisation (réf.) | 5,4 |
Victimisation physique, pas de victimisation sexuelle | 12,1Graphique 3 Note * |
Victimisation sexuelle, pas de victimisation physique | 10,6Graphique 3 Note * |
Victimisation physique et sexuelle | 24,9Graphique 3 Note ** |
|
Même s’il existe une corrélation entre ces expériences négatives pendant l’enfance et l’itinérance cachée, on ne peut établir un lien de cause à effet, car il n’y a pas de certitude quant à l’événement qui s’est produit en premier.
Dans le cadre de l’ESG, on demande à tous les répondants s’ils ont déjà été sous la responsabilité légale du gouvernement lorsqu’ils étaient enfants, situation qui est définie comme étant le fait que le gouvernement assume les droits et responsabilités d’un parent aux fins de garde, soins et surveillance de l’enfant. Les Canadiens qui ont indiqué avoir déjà été sous la responsabilité légale du gouvernement étaient plus de trois fois plus susceptibles (26 %) d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée que les Canadiens qui n’avaient jamais été sous la responsabilité légale du gouvernement (8 %).
Lien entre le fait d’avoir une incapacité et l’itinérance cachée
Des 7,2 millions de Canadiens de 15 ans et plus qui ont déclaré avoir une incapacitéNote 11, 13 % ont aussi indiqué avoir vécu un épisode d’itinérance cachée, comparativement à 6 % de Canadiens n’ayant aucune incapacité. En ce qui a trait aux différents types d’incapacité, les personnes qui ont déclaré avoir une maladie mentale ou psychologique (21 %) ou un trouble d’apprentissage (20 %) étaient les plus susceptibles de déclarer également une expérience d’itinérance cachée. Parmi tous les Canadiens ayant indiqué avoir une incapacité, ceux dont le type d’incapacité était « inconnu »Note 12 étaient les moins susceptibles (9 %) d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée (graphique 4).
Tableau de données du graphique 4
Type d’incapacité | Ayant l'incapacité | N'ayant pas l'incapacité |
---|---|---|
pourcentage | ||
N’importe quelle incapacité | 13,1 | 6,3 |
Visuelle | 16,4 | 7,8 |
Auditive | 12,8 | 7,8 |
Physique | 13,6 | 6,9 |
Apprentissage | 20,5 | 7,5 |
Mentale ou psychologique | 21,5 | 7,1 |
Inconnue | 9,4 | 6,3 |
Note : Toutes les catégories « Ayant l'incapacité » étaient significativement différentes de la catégorie de référence « N'ayant pas l'incapacité » (p < 0,05). Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens (victimisation), 2014. |
Parmi la population canadienne, certains ont de multiples incapacités, c’est-à-dire qu’une personne peut souffrir de plus d’une incapacité. Bien que les personnes ayant une incapacité étaient environ deux fois plus susceptibles (11 %) que celles ayant indiqué n’avoir aucune incapacité (6 %) de déclarer qu’elles avaient vécu un épisode d’itinérance cachée, cette proportion était encore plus élevée parmi ceux ayant déclaré plusieurs incapacités. Par exemple, les personnes ayant indiqué avoir deux incapacités étaient trois fois plus susceptibles que celles n’ayant aucune incapacité d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée (18 % contre 6 %), tandis que les Canadiens ayant indiqué avoir trois incapacités ou plus étaient plus de quatre fois plus susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée (26 % contre 6 %).
Les Canadiens ayant un faible réseau social sont plus susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée
Les Canadiens ayant un lieu de résidence stable et qui n’avaient pas déménagé au cours des cinq dernières années étaient moins susceptibles (6 %) d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée à un moment donné de leur vie. Cependant, lorsqu’une personne change souvent de résidence, la probabilité de vivre un épisode d’itinérance cachée augmente. La probabilité de vivre un épisode d’itinérance cachée était de 8 % pour les personnes qui avaient déménagé une fois au cours des cinq dernières années, 12 % pour celles qui avaient déménagé deux fois pendant cette période, 18 % pour celles qui avaient déménagé trois fois et 21 % pour celles qui avaient déménagé quatre fois ou plus (tableau 1).
A vécu un épisode d’itinérance cachée | |
---|---|
pourcentage | |
Mobilité et soutien social | |
Déménagé au cours des cinq dernières années | |
Jamais (réf.) | 6,3 |
Une fois | 7,6Tableau 1 Note * |
Deux fois | 11,5Tableau 1 Note * |
Trois fois | 17,8Tableau 1 Note * |
Quatre fois ou plus | 20,7Tableau 1 Note * |
Sentiment d’appartenance à leur collectivité locale | |
Très fort (réf.) | 6,5 |
Plutôt fort | 7,2 |
Plutôt faible | 10,5Tableau 1 Note * |
Très faible | 13,8Tableau 1 Note * |
Aucune opinion ou ne sait pas | 8,9Tableau 1 Note * |
Nombre de personnes apparentées et d’amis desquels ils se sentent proches | |
9 ou plus (réf.) | 7,1 |
De 5 à 8 | 8,2Tableau 1 Note * |
3 ou 4 | 8,7Tableau 1 Note * |
1 ou 2 | 10,3Tableau 1 Note * |
Aucun | 15,2Tableau 1 Note * |
|
On pourrait s’attendre à ce que les personnes qui ont dû vivre temporairement avec la famille ou des amis aient une sorte de réseau de soutien. Toutefois, ceux qui avaient un faible sentiment d’appartenance à leur collectivité et qui avaient moins de membres de la famille et d’amis proches étaient plus susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée que ceux qui avaient un fort sentiment d’appartenance et plus d’amis et de membres de la famille proches.
Parmi les Canadiens ayant un sentiment d’appartenance à leur collectivité très fort ou plutôt fort, 7 % ont vécu un épisode d’itinérance cachée. Cependant, les Canadiens qui avaient un sentiment d’appartenance plutôt faible (10 %) ou très faible (14 %) étaient plus susceptibles d’avoir indiqué un épisode d’itinérance cachée.
De même, les Canadiens qui avaient un réseau d’amis plus élargi étaient moins susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée. Par exemple, le pourcentage était de 7 % parmi ceux qui avaient neuf amis ou membres de la famille ou plus desquels ils se sentaient proches; 10 % parmi les Canadiens ayant un ou deux amis ou membres de la famille proches et 15 % parmi ceux qui n’avaient aucun ami ou membre de la famille proche.
Les victimes d’actes criminels étaient plus susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée
Grâce à l’ESG, les indicateurs de victimisation ainsi que les renseignements sur l’usage de drogues et la consommation d’alcool peuvent également être utilisés pour obtenir un profil plus complet des Canadiens ayant déjà vécu un épisode d’itinérance cachée. Il est toutefois important de noter que les liens présentés ci-dessous n’impliquent pas de relations de causalité.
Les Canadiens ayant indiqué avoir été victimes d’un incident criminel au cours des 12 derniers mois étaient près de deux fois plus susceptibles (12 %) d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée que ceux qui n’avaient pas été victimes d’un acte criminel (7 %). Les victimes de deux (16 %) et trois incidents criminels ou plus (18 %) étaient encore plus susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée. Des résultats semblables ont été obtenus dans le cas des crimes violents. Près de 2 victimes d’actes criminels avec violence sur 10 au cours des 12 derniers mois (18 %) ont indiqué qu’elles avaient vécu temporairement avec la famille, des amis ou dans leur voiture, comparativement à 8 % parmi ceux n’ayant pas été victimes de crimes violents (tableau 2).
Tous les types de crimes | Crimes violents | |
---|---|---|
Nombre de victimisations au cours des 12 derniers mois | pourcentage | |
0 (réf.) | 6,7 | 7,6 |
1 | 11,7 | 18,1Tableau 2 Note * |
2 | 15,5 | 17,2Tableau 2 Note *Note E: à utiliser avec prudence |
3 ou plus | 17,6 | Note F: trop peu fiable pour être publié |
E à utiliser avec prudence F trop peu fiable pour être publié
|
Dans l’ESG, on a aussi demandé aux répondants si ceux-ci ont consommé de l’alcool, de la marijuana ou des médicaments au cours du mois précédent. Bien que ces variables ne puissent être interprétées comme une cause de l’itinérance cachée, elles permettent cependant d’avoir une idée du profil des personnes ayant eu à vivre un tel épisode au cours de leur vie.
Même si la fréquence de consommation d’alcool au cours du dernier mois n’était pas associée à des situations d’itinérance cachée, la fréquence de consommation de marijuana au cours du dernier mois était associée avec le fait d’avoir vécu temporairement avec sa famille, des amis ou dans sa voiture. Près de deux fois plus de Canadiens ayant consommé de la marijuana une fois ou deux au cours du dernier mois ont indiqué avoir vécu un épisode d’itinérance cachée (13 %) comparativement à ceux qui n’avaient pas consommé de marijuana au cours du dernier mois (7 %). Environ 2 Canadiens sur 10 ayant consommé de la marijuana au moins une fois par semaine au cours du dernier mois (18 %) ont vécu un épisode d’itinérance cachée au moins une fois dans leur vie (graphique 5).
Tableau de données du graphique 5
Fréquence de consommation | Alcool | Marijuana |
---|---|---|
pourcentage | ||
Au moins une fois par semaine | 8,0 | 18,4Note * |
Une fois ou deux au cours du dernier mois | 7,9 | 13,1Note * |
Pas au cours du dernier mois | 8,0 | 7,3 |
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens (victimisation), 2014. |
En 2014, 11 % des Canadiens ayant consommé des médicaments pour aider à dormir au cours du dernier mois ont déclaré avoir déjà vécu un épisode d’itinérance cachée, comparativement à 8 % parmi ceux qui n’en consommaient pas. De plus, les Canadiens ayant consommé, au cours du dernier mois, des médicaments pour les aider à se calmer ou pour les aider à se sortir d’une dépression étaient deux fois plus susceptibles d’avoir vécu un tel épisode que ceux n’ayant pas consommé ce genre de médicaments (graphique 6).
Tableau de données du graphique 6
Type de médicament | A consommé | N'a pas consommé |
---|---|---|
pourcentage | ||
Pour aider à dormir | 11,1 | 7,6 |
Pour aider à se calmer | 15,7 | 7,4 |
Pour aider à se sortir d’une dépression | 16,6 | 7,4 |
Note : Toutes les catégories « A consommé » étaient significativement différentes de la catégorie de référence « N'a pas consommé » (p < 0,05). Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens (victimisation), 2014. |
Fait intéressant, parmi les Canadiens ayant consommé les trois types de médicament au cours du dernier mois, la proportion de ceux ayant déjà eu à vivre temporairement avec la famille, des amis ou dans leur voiture parce qu’ils n’avaient nulle part où aller grimpait à 21 %.
Autres caractéristiques démographiques associées à des expériences passées d’itinérance cachée
En plus des caractéristiques analysées ci-dessus, d’autres caractéristiques sociodémographiques sont aussi associées à l’itinérance cachée. Les caractéristiques abordées ci-dessous correspondent à la situation des répondants au moment de la collecte des données, en 2014.
On pourrait s’attendre à ce que les Canadiens plus âgés soient plus susceptibles d’avoir déjà vécu un épisode d’itinérance cachée, puisqu’ils ont vécu plus longtempsNote 13. Cependant, la proportion la plus importante de personnes qui ont déjà eu à vivre temporairement avec la famille, des amis ou dans leur voiture se trouvait parmi celles qui étaient âgées de 25 à 54 ans en 2014 (10 %). En comparaison, les personnes de 65 à 74 ans et celles de 75 ans et plus étaient moins susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée, soit 5 % et 2 %, respectivement (tableau 3).
A vécu une situation d’itinérance cachée | |
---|---|
pourcentage | |
Groupe d’âge | |
15 à 24 ans (réf.) | 4,8 |
25 à 34 ans | 10,5Tableau 3 Note * |
35 à 44 ans | 10,8Tableau 3 Note * |
45 à 54 ans | 9,6Tableau 3 Note * |
55 à 64 ans | 8,2Tableau 3 Note * |
65 à 74 ans | 5,0 |
75 ans et plus | 2,4Tableau 3 Note * |
État matrimonial actuel | |
Marié (réf.) | 6,6 |
Conjoint de fait | 11,8Tableau 3 Note * |
Veuf, veuve | 4.0Tableau 3 Note * |
Séparé | 17.0Tableau 3 Note * |
Divorcé | 15,3Tableau 3 Note * |
Célibataire, jamais marié | 7,8Tableau 3 Note * |
Plus haut niveau de scolarité atteintTableau 3 Note 1 | |
Niveau inférieur au diplôme d'études secondaires | 9,3Tableau 3 Note * |
Diplôme d’études secondaires ou l’équivalent | 9,4Tableau 3 Note * |
Certificat ou diplôme d’une école de métiers | 10,1Tableau 3 Note * |
Certificat ou diplôme d’un collège, d’un cégep ou autre | 9,4Tableau 3 Note * |
Diplôme universitaire inférieur au baccalauréat | 7,9 |
Diplôme de baccalauréat (p. ex., BA, BSc, LLB) | 7,0 |
Diplôme universitaire supérieur au baccalauréat (réf.) | 5,8 |
Orientation sexuelle | |
Hétérosexuel (réf.) | 8,1 |
Homosexuel | 11,6Note E: à utiliser avec prudence |
Bisexuel | 18,3Tableau 3 Note * |
E à utiliser avec prudence
|
Bien qu’on ne puisse pas établir un lien de cause à effet entre l’état matrimonial et l’itinérance cachée, il existe un lien entre les deux. Les personnes ayant déclaré être séparées (17 %) ou divorcées (15 %) étaient deux fois plus susceptibles d’avoir vécu une situation d’itinérance cachée que celles qui étaient mariées (7 %) ou célibataires, jamais mariées (8 %).
En général, à mesure que le plus haut niveau de scolarité atteint augmente, la probabilité d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée diminue. Approximativement 9 % des Canadiens de 25 ans et plusNote 14, dont le plus haut niveau de scolarité atteint était inférieur à un certificat ou à un diplôme universitaire ont indiqué avoir vécu un épisode d’itinérance cachée. Ce groupe comprend les personnes qui possèdent un certificat ou un diplôme collégial, un certificat ou un diplôme d’une école de métiers ou un diplôme d’études secondaires ou l’équivalent, de même que les personnes n’ayant pas obtenu de diplôme d’études secondaires. Parmi les Canadiens de 25 ans et plus qui possèdent un certificat, un diplôme ou un baccalauréat ou plus d’une université, 7 % ont déjà eu à vivre temporairement avec des amis, la famille ou dans leur voiture.
Enfin, parmi les Canadiens qui se sont auto-identifiés comme étant homosexuels ou bisexuels, 15 % ont déclaré avoir vécu un épisode d’itinérance cachée. Fait à noter, la proportion était de 18 % parmi les bisexuels, comparativement à 8 % des hétérosexuels.
Facteurs liés à l’itinérance cachée
Bon nombre des caractéristiques analysées pourraient être liées entre elles. Par conséquent, trois modèles de régression logistique ont été élaborés afin d’analyser les caractéristiques qui demeurent significatives lorsque toutes les autres caractéristiques d’intérêt sont simultanément prises en compte dans un modèle (tableau 4).
Modèle 1Tableau 4 Note 1 | Modèle 2Tableau 4 Note 1 | Modèle 3Tableau 4 Note 2 | |
---|---|---|---|
probabilité prédite | |||
Sexe | |||
Masculin (réf.) | 0,09 | 0,09 | 0,09 |
Féminin | 0,08Tableau 4 Note * | 0,08Tableau 4 Note ** | 0,08Tableau 4 Note * |
Âge | |||
15 à 24 ans (réf.) | 0,06 | 0,06 | 0,05 |
25 à 34 ans | 0,11Tableau 4 Note ** | 0,12Tableau 4 Note ** | 0,09Tableau 4 Note ** |
35 à 44 ans | 0,11Tableau 4 Note ** | 0,12Tableau 4 Note ** | 0,11Tableau 4 Note ** |
45 à 54 ans | 0,09Tableau 4 Note ** | 0,09Tableau 4 Note ** | 0,10Tableau 4 Note ** |
55 à 64 ans | 0,08 | 0,08 | 0,09Tableau 4 Note ** |
65 à 74 ans | 0,05Tableau 4 Note * | 0,05 | 0,05 |
75 ans et plus | 0,03Tableau 4 Note ** | 0,03Tableau 4 Note ** | 0,03 |
Minorité visible | |||
Minorité visible (réf.) | 0,04 | 0,05 | 0,05 |
N'appartient pas à une minorité visible | 0,09Tableau 4 Note ** | 0,09Tableau 4 Note ** | 0,09Tableau 4 Note ** |
Identité autochtone | |||
Autochtone (réf.) | 0,14 | 0,14 | 0,13 |
Non autochtone | 0,08Tableau 4 Note ** | 0,08Tableau 4 Note ** | 0,08Tableau 4 Note ** |
Orientation sexuelle | |||
Hétérosexuel (réf.) | 0,08 | 0,08 | 0,08 |
Homosexuel ou bisexuel | 0,12Tableau 4 Note ** | 0,10 | 0,09 |
Victimisation pendant l’enfance | |||
Aucune victimisation (réf.) | 0,06 | 0,06 | 0,06 |
Victimisation physique, pas de victimisation sexuelle | 0,12Tableau 4 Note ** | 0,11Tableau 4 Note ** | 0,11Tableau 4 Note ** |
Victimisation sexuelle, pas de victimisation physique | 0,11Tableau 4 Note ** | 0,10Tableau 4 Note ** | 0,09Tableau 4 Note ** |
Victimisation physique et sexuelle | 0,22Tableau 4 Note ** | 0,18Tableau 4 Note ** | 0,17Tableau 4 Note ** |
Responsabilité légale du gouvernement étant enfant | |||
Non (réf.) | 0,08 | 0,08 | 0,08 |
Oui | 0,17Tableau 4 Note ** | 0,15Tableau 4 Note ** | 0,13Tableau 4 Note ** |
État matrimonial | |||
Marié (réf.) | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,07 | 0,07 |
Conjoint de fait | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,09Tableau 4 Note ** | 0,09Tableau 4 Note * |
Veuf, veuve | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,07 | 0,07 |
Séparé ou divorcé | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,14Tableau 4 Note ** | 0,12Tableau 4 Note ** |
Célibataire, jamais marié | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,09Tableau 4 Note * | 0,08 |
Plus haut niveau de scolarité atteint | |||
Diplôme universitaire (réf.) | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,07 | 0,07 |
Postsecondaire, mais moins qu’universitaire | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,08Tableau 4 Note ** | 0,09Tableau 4 Note ** |
Diplôme d’études secondaires | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,09Tableau 4 Note ** | 0,09Tableau 4 Note ** |
Niveau inférieur au diplôme d'études secondaires | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,10Tableau 4 Note ** | 0,10Tableau 4 Note ** |
Nombre d’incapacités | |||
Aucune (réf.) | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,07 | 0,07 |
Une | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,10Tableau 4 Note ** | 0,10Tableau 4 Note ** |
Deux | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,16Tableau 4 Note ** | 0,14Tableau 4 Note ** |
Trois ou plus | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,17Tableau 4 Note ** | 0,14Tableau 4 Note ** |
Déménagé au cours des cinq dernières années | |||
Jamais (réf.) | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,07 |
Une fois | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,07 |
Deux fois | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,11Tableau 4 Note ** |
Trois fois | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,15Tableau 4 Note ** |
Quatre fois ou plus | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,17Tableau 4 Note ** |
Sentiment d’appartenance à la collectivité locale | |||
Très fort ou plutôt fort (réf.) | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,08 |
Très faible ou plutôt faible | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,09Tableau 4 Note * |
Aucune opinion ou ne sait pas | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,10 |
Nombre de victimisations au cours des 12 derniers mois | |||
Aucune victimisation (réf.) | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,08 |
Victime une fois | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,10Tableau 4 Note ** |
Victime deux fois | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,12Tableau 4 Note ** |
Victime trois fois ou plus | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Tableau 4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,11Tableau 4 Note ** |
Total | 0,08 | 0,08 | 0,08 |
... n'ayant pas lieu de figurer
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale sur la victimisation, 2014. |
Le modèle 1 comporte les variables les plus susceptibles de s’être produites avant l’épisode d’itinérance cachée, à l’exclusion de l’âge actuel, qui indique plutôt un effet de cohorte. Le modèle 2 comprend l’ajout de quelques autres variables liées aux données sociodémographiques actuelles. Le modèle 3 comprend toutes les variables d’intérêt qui ont été examinées plus tôt afin de déterminer les caractéristiques qui sont les plus associées à l’itinérance cachée.
Les résultats du modèle 1 montrent que les variables les plus susceptibles de s’être produites avant la situation d’itinérance cachée sont toutes demeurées significatives à l’exception du statut d’immigrant. Trois variables en particulier retiennent l’attention, soit les deux variables sur les expériences pendant l’enfance — être victime d’abus avant l’âge de 15 ans et être sous la responsabilité légale du gouvernement — et l’auto-identification en tant qu’Autochtone. Lorsque toutes les caractéristiques étaient prises en compte ensemble dans le modèle, ces variables étaient plus fortement associées que les autres à la probabilité d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée.
Le modèle 2 montre que, lorsque quelques caractéristiques sociodémographiques supplémentaires sont prises en compte, les trois mêmes caractéristiques mentionnées précédemment étaient encore significativement associées à des situations d’itinérance cachée, comme le fait d’être séparé ou divorcé et d’avoir deux incapacités ou plus. Même si la probabilité d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée est demeurée la même du modèle 1 au modèle 2 pour les personnes ayant une identité autochtone, les coefficients associés avec les expériences pendant l’enfance ont toutes deux diminué, en baisse de deux points de pourcentage chacune.
Même après avoir pris en compte toutes les caractéristiques analysées dans la présente étude, le modèle 3 montre que la majorité des caractéristiques sociodémographiques étaient encore corrélées avec le fait d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée. Cependant, d’autres caractéristiques, telles que la consommation de marijuana et de médicaments au cours du dernier mois, n’étaient plus associées à une plus grande probabilité de vivre un épisode d’itinérance cachée lorsque toutes les autres caractéristiques étaient prises en compte. Les quatre caractéristiques présentant les probabilités prédites les plus élevées de vivre un épisode d’itinérance cachée étaient l’auto-identification en tant qu’Autochtone, le fait d’avoir été victime de violence physique et sexuelle pendant l’enfance, le fait de déclarer deux incapacités ou plus et le fait d’avoir déménagé trois fois ou plus au cours des cinq dernières années.
Conclusion
La présente étude explore la proportion de Canadiens qui ont déjà vécu un épisode d’itinérance cachée à un moment donné de leur vie, ainsi que les caractéristiques associées à l’itinérance cachée à l’aide des données tirées de l’ESG de 2014 sur la sécurité des Canadiens (victimisation). L’itinérance cachée est définie comme le fait pour une personne d’avoir eu à vivre temporairement avec sa famille, des amis ou dans sa voiture, parce qu’elle n’avait nulle part d’autre où aller. En 2014, 8 % des Canadiens ont déclaré qu’ils avaient vécu cette situation au moins une fois au cours de leur vie, et parmi ces personnes, 1 sur 5 l’a vécue pendant au moins un an.
Certains groupes de population sont plus susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée. La population autochtone est surreprésentée parmi les personnes ayant vécu un épisode d’itinérance cachée. Par ailleurs, les Canadiens ayant vécu cette situation sont plus susceptibles d’avoir été victimes d’abus pendant l’enfance et d’incidents criminels récents. Les Canadiens aux prises avec des incapacités et particulièrement ceux qui ont plusieurs incapacités étaient plus susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée.
Une proportion plus élevée de Canadiens ayant un sentiment d’appartenance faible ou peu d’amis ou de membres de la famille proches ont vécu un épisode d’itinérance cachée, comme c’est le cas pour ceux qui consomment de la marijuana chaque semaine et qui consomment des médicaments pour dormir, se calmer ou se sortir d’une dépression. Ces variables n’étaient toutefois pas associées à l’itinérance cachée lorsque d’autres variables étaient prises en compte dans un modèle.
Enfin, les Canadiens dont le plus haut niveau de scolarité atteint est inférieur à un certificat ou diplôme universitaire sont plus susceptibles d’avoir vécu un épisode d’itinérance cachée, comme c’est le cas pour les personnes qui sont séparées ou divorcées ou qui ne sont pas hétérosexuelles.
Il est toutefois important de noter que les liens présentés ci-dessus n’impliquent pas de relations de causalité. D’autres recherches seront requises afin de déterminer les causes possibles de l’itinérance cachée ainsi que ses effets possibles à long terme sur le bien-être des personnes.
Samantha Rodrigue est analyste à la Division de la statistique sociale et autochtone de Statistique Canada.
Début de l’encadré
Sources de données, méthodes et définitions
Sources de données
La présente étude s’appuie sur les données de l’Enquête sociale générale de 2014 sur la sécurité des Canadiens (victimisation). La population cible était composée de la population canadienne non institutionnalisée, âgée de 15 ans et plus, des 10 provinces. Les données ont été recueillies tout au long de l’année civile 2014. Les données sont recueillies directement auprès des participants à l’enquête (autodéclaration). La taille finale de l’échantillon de l’Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens (victimisation) de 2014 était de 33 127, représentant un taux de réponse de 52,9 %.
Aux fins d’analyse des caractéristiques corrélées avec les expériences d’itinérance cachée, l’une des principales limites des données est que l’enquête comprend uniquement les Canadiens qui vivent actuellement dans un ménage possédant un téléphone ou un téléphone cellulaire. Cette limite pourrait donner lieu à une sous-représentation de la population ayant vécu un épisode d’itinérance cachée si les personnes faisant partie de cette population sont actuellement itinérantes, mais il s’agit d’un phénomène difficile à quantifier.
Définitions
Aux fins de la présente étude, les estimations calculées de la population canadienne ayant déjà vécu un épisode d’itinérance cachée comprennent uniquement les répondants qui ont répondu « oui » à la question « avez-vous déjà eu à vivre temporairement avec la famille ou des amis, dans votre voiture ou n’importe où ailleurs, parce que vous n’aviez nulle part d’autre où aller? » Il se peut que les répondants aient interprété la question et le concept de « n’avoir nulle part d’autre où aller » différemment. Les répondants de l’échantillon qui ont indiqué qu’ils ne savaient pas (0,09 %), qui ont refusé de répondre (0,66 %) ou à qui la question sur l’itinérance cachée n’a pas été posée (0,22 %) sont exclus des estimations dans l’étude.
Il est important de noter que la population ayant vécu de l’itinérance caché est différente de celle ayant vécu de l’itinérance dans la rue ou dans des refuges. Ce dernier groupe, qui ne fait pas l’objet de la présente étude, peut être identifié au moyen de la question suivante : « Avez-vous déjà été une personne sans-abri? C’est-à-dire que vous avez eu à habiter dans des centres d’hébergements, dans la rue ou dans des édifices abandonnés? »
Fin de l’encadré
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