Regards sur la société canadienne
Les connaissances financières des Canadiens : différences selon le sexe

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par Marie Drolet

Date de diffusion : le 23 mars 2016 Correction date : (if required)

Début de l’encadré

Aperçu de l’étude

La présente étude, fondée sur les données de l’Enquête canadienne sur les capacités financières (ECCF) de 2014, examine dans quelle mesure les connaissances financières des hommes diffèrent de celles des femmes et examine si cette différence varie selon certaines caractéristiques socioéconomiques telles que l’âge et le niveau de scolarité. Elle jette aussi un regard sur les connaissances financières des hommes et des femmes  qui sont mariés ou qui vivent en union libre.

  • En 2014, les femmes avaient des scores en littératie financière plus faibles que les hommes. Environ 15 % des femmes et 22 % des hommes ont répondu correctement à cinq questions clés en littératie financière concernant l’intérêt, l’inflation et la diversification des risques.

  • En 2014, les femmes étaient moins susceptibles que les hommes de se considérer comme ayant de bonnes connaissances financières (31 % contre 43 %) et de répondre qu’elles en connaissaient assez sur les investissements pour choisir ceux qui étaient les plus adaptés à leur situation (48 % contre 63 %).

  • Les différences entre les sexes en matière de connaissances financières étaient plus prononcées chez les Canadiens plus âgés, chez ceux ayant obtenu un diplôme universitaire et chez les travailleurs ayant un revenu plus élevé.

  • Dans les couples où l’homme est le principal responsable de la gestion financière à long terme du ménage, 10 % des femmes ont répondu correctement aux cinq questions clés en littératie financière, comparativement à 33 % des hommes.

  • Lorsque les deux conjoints sont responsables de la gestion financière à long terme du ménage ou que la contribution de la femme au revenu du ménage est semblable à celle de son conjoint, il n’y a pas de différence entre les sexes en matière de connaissances financières.

Fin de l’encadré

Introduction

Les Canadiens font face à une pression accrue d’accroître leurs connaissances financières. Étant donné la réduction du nombre de travailleurs couverts par des régimes de pension parrainés par un employeurNote 1 et la transition des régimes à prestations déterminées à des régimes à cotisations déterminéesNote 2, les Canadiens doivent épargner et investir davantage pour financer leurs années de retraite.

Les décisions concernant l’épargne et les dépenses sont souvent compliquées par des facteurs tels que l’inflation, les taux d’intérêt et les marchés financiers, pour n’en nommer que quelques-uns. La capacité d’une personne à planifier, à accumuler et à gérer ses actifs financiers dépend de ses connaissances financières.

Les recherches empiriques donnent à penser que de nombreuses personnes sont peu familiarisées avec des concepts financiers simples tels que l’inflation, l’intérêt composé et la diversification des risques. Elles indiquent également que les femmes connaissent moins bien les questions financières que les hommesNote 3.

En outre, les défis financiers que les femmes doivent relever diffèrent de ceux que doivent surmonter les hommes. Les femmes peuvent s’attendre à vivre environ 4,5 ans de plus que les hommes et donc à devoir financer une période de retraite plus longueNote 4. Elles ont des taux d’incapacité plus élevés que les hommesNote 5 et pourraient nécessiter des soins de longue durée plus coûteux en vieillissantNote 6. Par ailleurs, leur épargne cumulative pourrait être inférieure à celle des hommes, puisqu’elles travaillent moins longtemps et gagnent moins d’argent.

La présente étude, fondée sur les données de l’Enquête canadienne sur les capacités financières (ECCF) de 2014, examine dans quelle mesure les connaissances financières des hommes diffèrent de celles des femmes, et cherche à savoir si ces différences varient selon certaines caractéristiques socio-économiques. De plus, l’article évalue si un lien peut être effectué entre ces différences et les rôles respectifs des hommes et des femmes dans la gestion financière du ménage. Enfin, l’article cherche à savoir si les Canadiens estiment que les informations reçues de la part d’un conseiller financier viennent compléter leurs connaissances financières ou les remplacent.

Comparativement aux hommes, les femmes ont des scores de littératie financière moins élevés et sont moins susceptibles d’avoir confiance en leurs compétences financières

L’ECCF fournit des mesures à la fois objectives et subjectives de la littératie financière des Canadiens. La mesure « plus objective » s’appuie sur 14 questions qui visent à sonder les répondants au sujet de l’inflation, des taux d’intérêt, des rapports de solvabilité, des actions, du risque ainsi que des dettes et des prêts. Les scores moyens obtenus à partir de ce test peuvent ensuite être exprimés en pourcentage afin de fournir une mesure de la littératie financière.

En 2014, les hommes ont obtenu un score moyen de 62 %, et les femmes, un score moyen de de 59 % au test de 14 questions (tableau 1)Note 7. Bien que relativement faible, l’écart entre les hommes et les femmes était statistiquement significatif. Cependant, les femmes étaient moins susceptibles que les hommes de répondre correctement à certaines questions relatives à l’inflation (58 % contre 69 %) et à la diversification des risques (38 % contre 45 %).

Tableau 1
Connaissances financières des hommes et des femmes, selon certaines caractéristiques démographiques, 2014 Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Connaissances financières des hommes et des femmes Score moyen au test, Cinq bonnes réponses, Hommes, Femmes et Écart, calculées selon pourcentage et point de pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Score moyen au test Cinq bonnes réponses
Hommes Femmes Écart Hommes Femmes Écart
pourcentage point de pourcentage pourcentage point de pourcentage
Total 62,2 58,6Tableau 1, Note *** 3,6 21,5 14,7Tableau 1, Note *** 6,8
Groupe d'âge  
18 à 24 ans 56,1 58,0 -1,9 12,4 13,8 -1,4
25 à 34 ans 61,5 58,5 3,0 19,9 14,7 5,2
35 à 54 ans 65,1 61,8Tableau 1, Note * 3,3 23,7 16,3Tableau 1, Note *** 7,4
55 à 64 ans 66,7 60,4Tableau 1, Note *** 6,3 31,2 15,6Tableau 1, Note *** 15,6
65 ans et plus 58,5 51,2Tableau 1, Note *** 7,3 18,5 11,6Tableau 1, Note *** 6,9
Niveau de scolarité  
Diplôme d’études secondaires ou moins 53,9 52,3 1,6 15,6 10,9Tableau 1, Note * 4,7
Études postsecondaires 62,7 60,4 2,3 20,0 15,8 4,2
Diplôme universitaire 72,6 64,3Tableau 1, Note *** 8,3 31,5 18,4Tableau 1, Note *** 13,1
Statut d’immigrant  
Né au Canada 64,5 61,2Tableau 1, Note *** 3,3 23,6 16,6Tableau 1, Note *** 7,0
Immigrant 54,3 48,4Tableau 1, Note ** 5,9 14,4 7,6Tableau 1, Note ** 6,8
Statut d’emploi et revenu  
Ne travaille pas 54,5 53,0 1,5 12,6 12,7 -0,1
À la retraite 57,4 55,2 2,2 18,8 13,0Tableau 1, Note ** 5,8
Travaille  
Quartile inférieur de revenu 57,9 56,1 1,8 17,0 13,8 3,2
2e et 3e quartile de revenu 63,9 61,1Tableau 1, Note * 2,8 22,6 15,0Tableau 1, Note *** 7,6
Quartile supérieur de revenu 74,8 68,5Tableau 1, Note *** 6,3 34,2 20,5Tableau 1, Note *** 13,7
État matrimonial  
Marié ou vivant en union libre 64,5 60,6Tableau 1, Note *** 3,9 24,3 16,1Tableau 1, Note *** 8,2
Séparé, divorcé, veuf 60,1 54,9Tableau 1, Note ** 5,2 21,5 13,0Tableau 1, Note ** 8,5
Célibataire, jamais marié 57,9 55,9 2,0 15,5 12,5 3,0

Une autre mesure, appelée « cinq bonnes réponses », correspond à la proportion de personnes qui répondent correctement à cinq questions du questionnaire portant sur des concepts financiers de base. Cette méthode, qui s’inspire en grande partie de la documentation internationale sur la littératie financière, consiste à identifier le pourcentage de personnes qui sont en mesure de comprendre les concepts financiers clés tels que l’intérêt, l’inflation et la diversification des risques (voir Sources de données, méthodes et définitions). Selon cette définition, en 2014, 22 % des hommes ont répondu correctement aux cinq questions clés, contre 15 % des femmes (graphique 1)Note 8.

Graphique 1 Nombre de bonnes réponses aux cinq questions financières clés, hommes et femmes, 2014

Description du graphique 1
Tableau de données du Graphique 1 Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Graphique 1 Nombre de bonnes réponses aux cinq questions financières clés Hommes et Femmes(figurant comme en-tête de colonne).
  Hommes Femmes
0 4,3 6,4Graphique 1, Note *
1 4,9 5,9
2 12,3 16,7Graphique 1, Note ***
3 25,4 27,4
4 31,5 28,8
5 21,5 14,7Graphique 1, Note ***

Des mesures plus subjectives des connaissances financières ont également révélé un écart entre les hommes et les femmes. En 2014, 31 % des femmes se considéraient comme étant bien informées en matière financière, comparativement à 43 % des hommes. En outre, les femmes étaient moins susceptibles que les hommes de répondre qu’elles en connaissaient assez sur les investissements pour choisir ceux qui étaient les plus adaptés à leur situation (48 % contre 63 %). Elles étaient également plus susceptibles que les hommes (45 % contre 32 %) de fournir au moins une réponse « je ne sais pas » à l’une des questions du test de connaissances financières (graphique 2)Note 9.

Graphique 2 Niveau de confiance en matière de connaissances financières, hommes et femmes, 2014

Description du graphique 2
Tableau de données du Graphique 2 Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Graphique 2 Niveau de confiance en matière de connaissances financières Hommes et Femmes(figurant comme en-tête de colonne).
  Hommes Femmes
Considère avoir de bonnes connaissances financières 43,2 31,4Graphique 2, Note ***
A répondu « je ne sais pas » à au moins une question du test de connaissances financières 32,1 45,2Graphique 2, Note ***
En connaît assez sur les investissements pour choisir ceux qui sont les plus adaptés à sa situation 62,6 47,8

Il y a une différence appréciable entre les connaissances évaluées par les répondants eux-mêmes et leurs connaissances réelles telles que mesurées par le test. De nombreux Canadiens sont généralement confiants en leurs connaissances financières et ont tendance à surestimer leurs connaissances réelles. Par exemple, parmi ceux qui se considéraient comme étant bien informés en matière financière, environ 1 homme sur 4 et 1 femme sur 3 ont obtenu 50 % ou moins au test de 14 questions. En revanche, environ 1 personne sur 4  qui disait manquer de confiance en ses connaissances financières (à la fois chez les hommes et les femmes) sous-estimait sa littératie financière, ayant obtenu 79 % ou plus au test de 14 questions (ou 11 réponses correctes)Note 10.

Les questions du test, généralement perçues comme étant plus objectives, et l’évaluation que font les répondants eux-mêmes de leur niveau de connaissances financières fournissent des perspectives différentes. L’évaluation objective permet de déterminer l’habileté cognitive et la connaissance de certaines expressions financières courantes qui ont un rapport avec les décisions financières quotidiennes de la plupart des personnes. L’auto-évaluation mesure jusqu’à quel point les répondants s’estiment compétents sur les questions financières et peut servir de mesure de substitution des connaissances qu’ils doivent avoir pour prendre leurs propres décisions quotidiennes (voir Autres sources de différences dans les connaissances financières pour de plus amples renseignements sur les indicateurs additionnels de différences entre les sexes en matière de connaissances financières).

Le reste du présent article s’appuie sur l’évaluation objective des connaissances financières (sur la base du questionnaire financier) afin de mesurer plus précisément la capacité des Canadiens à prendre des décisions financières éclairéesNote 11.

Les différences entre les sexes en matière de connaissances financières sont plus prononcées chez les personnes plus âgées et plus instruites

Les différences entre les sexes en littératie financière variaient selon les caractéristiques socioéconomiques (tableau 1).

Dans le groupe d’âge des 55 à 64 ans, par exemple, les hommes étaient deux fois plus susceptibles que les femmes de répondre correctement aux cinq questions (31 % contre 16 %), tandis que les moins de 35 ans avaient des niveaux semblables de connaissances financièresNote 12.

Les connaissances financières suivent une courbe en U inversée selon l’âge pour les hommes, les 18 à 24 ans et les 65 ans et plus affichant de faibles niveaux de connaissances financières. Cette tendance est toutefois moins évidente chez les femmes (graphique 3). Les scores plus faibles qu’obtiennent les personnes plus âgées pourraient refléter la complexité croissante des marchés financiers et des services disponibles, tandis que les scores plus faibles des plus jeunes pourraient refléter une expérience moindre en matière de finances.

Graphique 3 Pourcentage d'hommes et de femmes ayant répondu correctement aux cinq questions financières clés, selon l’âge, 2014

Description du graphique 3
Tableau de données du Graphique 3 Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Graphique 3 Pourcentage d'hommes et de femmes ayant répondu correctement aux cinq questions financières clés Hommes et Femmes(figurant comme en-tête de colonne).
  Hommes Femmes
18 à 24 ans 12,4 13,8
25 à 34 ans 19,9 14,7
35 à 54 ans 23,7 16,3Graphique 3, Note ***
55 à 64 ans 31,2 15,6Graphique 3, Note ***
65 ans et plus 18,5 11,6Graphique 3, Note ***

Alors que les hommes diplômés universitaires étaient plus susceptibles que les femmes diplômées d’obtenir un meilleur score au test de connaissances financières (l’écart étant de 13 points de pourcentage), cette différence n’était pas significative parmi les personnes moins instruites (graphique 4)Note 13. Cette constatation est cependant le reflet de ce qui se passe à un âge plus avancé. En effet, il n’y avait pas de différence entre les sexes en matière de connaissances financières parmi les jeunes diplômés universitaires (de moins de 35 ans), mais on observait des différences significatives chez les diplômés universitaires plus âgés (35 ans et plus).

Graphique 4 Pourcentage d'hommes et de femmes ayant répondu correctement aux cinq questions financières clés, selon le niveau de scolarité, 2014

Description du graphique 4
Tableau de données du Graphique 4 Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Graphique 4 Pourcentage d'hommes et de femmes ayant répondu correctement aux cinq questions financières clés Hommes et Femmes(figurant comme en-tête de colonne).
  Hommes Femmes
Diplôme d'études secondaires ou moins 15,6 10,9
Études postsecondaires 20,0 15,8
Diplôme universitaire 31,5 18,4Graphique 4, Note ***

En général, un niveau de scolarité plus élevé est associé à des niveaux plus élevés de connaissances financières, mais la progression selon le niveau de scolarité est plus faible pour les femmes que pour les hommes. Par exemple, 11 % des femmes ayant fait des études secondaires ont répondu correctement aux cinq questions de connaissances financières, comparativement à 18 % des femmes qui ont fait des études universitaires. Les chiffres correspondants pour les hommes étaient de 16 % et de 32 %. Les scores moyens obtenus à partir du test de 14 questions ont révélé une tendance semblable — la moyenne obtenue par les hommes ayant fait des études universitaires était de 19 points de pourcentage plus élevée que celle des hommes ayant fait des études secondaires. Chez les femmes, la différence était plus faible, soit de 12 points de pourcentage.

Les immigrantes, en particulier, étaient plus susceptibles d’afficher des taux plus faibles de connaissances financières que les femmes nées au Canada et que les immigrants de sexe masculin. Par exemple, 14 % des immigrants et 8 % des immigrantes ont répondu correctement aux cinq questions, comparativement à 24 % des hommes nés au Canada et à 17 % des femmes nées au Canada.

Enfin, l’écart entre les hommes et les femmes était plus prononcé chez les travailleurs les mieux rémunérés, comparativement à ceux qui avaient une rémunération plus faible.

Des analyses multivariées confirment que la différence entre les sexes en matière de connaissances financières subsiste après la prise en compte de l’âge, du niveau de scolarité, du statut d’immigrant, du statut d’emploi et du revenu. Par exemple, toutes choses étant égales par ailleurs, les femmes sont toujours moins susceptibles de donner cinq bonnes réponses que les hommes, la différence étant d’environ 7 points de pourcentageNote 14.

Une différence entre les sexes a été observée chez les personnes en couple ayant un revenu élevé

Lorsqu’on examine les résultats selon l’état matrimonial, la réalité est plus nuancée. Bien que les hommes et les femmes en couple affichent le plus haut niveau de connaissances financières de toutes les catégories d’état matrimonial, l’écart entre les sexes subsiste. Plus précisément, les femmes vivant en couple sont moins susceptibles de répondre correctement aux cinq questions de littératie financière que leurs homologues de sexe masculin, la différence étant de 8 points de pourcentage. Un écart semblable a été constaté chez les femmes qui ont déjà été mariées (c.-à-d. qui sont présentement séparées, divorcées ou veuves), tandis que la différence était plus faible chez les femmes célibataires qui n’ont jamais été mariées — principalement parce que les hommes dans cette situation présentent des niveaux plus faibles de connaissances financières.

Un revenu plus élevé du ménage était associé à des niveaux plus élevés de connaissances financières, peu importe le sexe et l’état matrimonial (tableau 2). Il n’y avait pas de différence entre les sexes en matière de connaissances financières dans le quintile inférieur de la répartition du revenu des ménages, à la fois chez les personnes en couple et celles qui ne l’étaient pasNote 15. Dans le quintile supérieur de la répartition du revenu des ménages, toutefois, les différences entre les hommes et les femmes qui étaient en couple étaient significatives, alors qu’elles ne l’étaient pas entre les hommes et les femmes qui n’étaient pas en couple.

Tableau 2
Pourcentage d'hommes et de femmes ayant répondu correctement aux cinq questions financières clés, selon l'état matrimonial et le quintile de revenu du ménage, 2014 Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage d'hommes et de femmes ayant répondu correctement aux cinq questions financières clés A répondu correctement aux cinq questions, Personnes qui ne sont pas en couple, Personnes mariées ou vivant en union libre, Hommes, Femmes et Écart, calculées selon pourcentage et point de pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  A répondu correctement aux cinq questions
Personnes qui ne sont pas en couple Personnes mariées ou vivant en union libre
Hommes Femmes Écart Hommes Femmes Écart
pourcentage point de pourcentage pourcentage point de pourcentage
Total 16,9 12,7Tableau 2, Note * 4,2 24,3 16,1Tableau 2, Note *** 8,2
Revenu du ménage (quintiles)  
Quintile inférieur 9,5 8,7 0,8 15,9 10,8 5,1
Deuxième quintile 12,5 11,8 0,7 15,7 15,0 0,7
Troisième quintile 22,3 10,2Tableau 2, Note * 12,1 26,6 18,1Tableau 2, Note * 8,5
Quatrième quintile 15,3 15,9 -0,6 25,3 17,0Tableau 2, Note * 8,3
Quintile supérieur 33,5 27,5 6,0 36,0 21,2Tableau 2, Note *** 14,8

En fait, les femmes qui n’étaient pas en couple et qui avaient un revenu plus élevé étaient plus susceptibles de répondre correctement aux cinq questions que les femmes en couple qui se trouvaient dans la même catégorie de revenu (28 % contre 21 %). Un tel résultat parmi les femmes à revenu élevé pourrait découler de la spécialisation qui se produit au sein du ménage (c.-à-d. la différence entre les sexes dans le revenu et la gestion des finances du ménage). Cette notion est examinée dans la section qui suit.

Les différences entre les sexes quant aux connaissances financières des personnes en couple découlent-elles de la spécialisation au sein du ménage?

L’ECCF fournit des renseignements sur les stratégies que les couples utilisent pour gérer leurs activités. La contribution relative de chacun des conjoints au revenu total du ménage peut être corrélée avec le comportement économique du ménage. Dans le présent article, nous explorons la corrélation entre « qui gagne l’argent » et « qui s’y connaît le plus en matière de finances ».

Dans les ménages où l’homme est le seul soutien, 28 % des hommes et 14 % des femmes ont répondu correctement aux cinq questions de connaissances financières (graphique 5). Dans les ménages à deux soutiens, l’écart entre les sexes en matière de connaissances financières est plus grand lorsque la contribution de l’homme au revenu total du ménage est plus importante que celle de la femme. Par exemple, dans les ménages où le revenu de l’homme dépasse celui de la femme d’au moins 25 %, plus du quart (26%) des hommes et 16 % des femmes ont répondu correctement aux cinq questions de connaissances financières. L’écart entre les sexes quant aux connaissances financières diminue et finit par disparaître au fur et à mesure que la part de la contribution économique de la femme s’approche de celle de l’homme et la dépasseNote 16.

Graphique 5 Pourcentage d'hommes et de femmes ayant répondu correctement aux cinq questions financières clés, selon le niveau de contribution au revenu du ménage, 2014

Description du graphique 5
Tableau de données du Graphique 5 Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Graphique 5 Pourcentage d'hommes et de femmes ayant répondu correctement aux cinq questions financières clés Hommes et Femmes(figurant comme en-tête de colonne).
  Hommes Femmes
Seul soutien : l'homme 27,9 14,0Graphique 5, Note ***
Seul soutien : la femme 17,5 11,2
Deux soutiens : l'homme gagne 25 % de plus que la femme 26,0 16,3Graphique 5, Note ***
Deux soutiens : la différence entre le revenu de l'homme et celui de la femme ne dépasse pas 25 % 23,8 17,6
Deux soutiens : la femme gagne 25 % de plus que l'homme 18,6 16,4

Une autre question associée au comportement économique des ménages est la façon dont les couples gèrent leur planification et leurs investissements financiers à long terme. On pourrait s’attendre à ce que le conjoint le mieux renseigné en matière de finances prenne en charge la gestion financière du ménageNote 17. Malheureusement, l’ECCF ne demandait pas au conjoint d’indiquer s’il était du même avis que le répondant quant à la personne responsable des finances. Elle ne lui demandait pas non plus de subir le test de connaissances financières. La comparaison approximative la plus proche serait donc entre ceux indiquant que ce sont surtout eux qui sont responsables des finances du ménages, et ceux qui indiquent que ce sont surtout leur conjointNote 18.

Parmi ceux qui ont déclaré partager la responsabilité de la gestion financière à long terme, il n’y avait pas de différence significative entre les sexes dans le pourcentage de personnes qui ont répondu correctement aux cinq questions.

Cependant, parmi les hommes qui ont indiqué être surtout responsables des finances du ménage, 33 % ont répondu correctement aux cinq questions, alors que ce pourcentage s’élevait à 10 % chez les femmes qui ont indiqué que leur conjoint était principalement responsable des finances (graphique 6)Note 19. Enfin, il n’avait aucune différence significative entre les hommes ayant indiqué que leur conjointe était surtout responsable des finances et les femmes ayant indiqué qu’elles étaient elles-mêmes principalement responsables des financesNote 20.

Graphique 6 Pourcentage d'hommes et de femmes ayant répondu correctement aux cinq questions financières, selon le type de gestion financière du ménage, 2014

Description du graphique 6
Tableau de données du Graphique 6 Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Graphique 6 Pourcentage d'hommes et de femmes ayant répondu correctement aux cinq questions financières Hommes et Femmes(figurant comme en-tête de colonne).
  Hommes Femmes
Partagent également la responsabilité 21,1 17,8
Conjoints ayant répondu « surtout moi » et conjointes ayant répondu « surtout mon conjoint » 32,9 10,4Graphique 6, Note ***
Conjointes ayant répondu « surtout moi » et conjoints ayant répondu « surtout ma conjointe » 19,9 14,6

Dans un modèle multivarié incluant des variables pour tenir compte de la personne responsable de la gestion financière à long terme du ménage et de la contribution relative de chacun des conjoints au revenu total du ménage, la différence agrégée de 8 points de pourcentage entre les sexes chez les personnes mariées ou en union libre était réduite à 6 points de pourcentage, mais restait statistiquement significative.

Les femmes sollicitent des conseils financiers plus souvent que les hommes

Une stratégie pour compenser le manque de connaissances financières consiste à solliciter des conseils financiers. Bien que le pourcentage de femmes qui ont répondu correctement aux cinq questions était de 7 points de pourcentage plus faible que celui des hommes, 52 % d’entre elles ont déclaré que leurs décisions concernant les investissements financiers avaient été influencées par des conseillers financiers, comparativement à 44 % des hommes (tableau 3). Ces résultats restent valables dans un contexte multivarié.

Tableau 3
Connaissances financières des hommes et des femmes qui ont fait appel à un conseiller financier, 2014 Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Connaissances financières des hommes et des femmes qui ont fait appel à un conseiller financier Hommes et Femmes, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Hommes Femmes
pourcentage
Consultaient un conseiller financier 43,9 51,5
Score moyen au test 67,5 62,7
A répondu correctement aux cinq questions 25,8 17,6
Ne consultaient pas un conseiller financier 56,1 48,5
Score moyen au test 58,1 54,2
A répondu correctement aux cinq questions 18,2 11,7

Cependant, les hommes et les femmes qui font appel à un conseiller financier ont également des niveaux plus élevés de connaissances financières. Par exemple, ils étaient plus susceptibles de répondre correctement aux cinq questions (26 % et 18 %) que ceux qui n’avaient pas recours à un conseiller financier (18 % et 12 %). Ces constatations appuient celles d’autres études empiriques selon lesquelles le recours à des conseillers financiers pourrait compléter les connaissances financières au lieu de s’y substituerNote 21.

Conclusion

L’accessibilité accrue des marchés financiers et la multiplication de services financiers parallèles compliquent la gestion des finances personnelles et de celles du ménage pour de nombreux Canadiens. La gestion financière pourrait représenter un plus grand défi pour les femmes, dont les niveaux de littératie financière sont plus faibles et qui ont moins confiance en leurs compétences financièresNote 22. En 2014, par exemple, 15 % des femmes ont répondu correctement aux cinq questions sur des notions financières de base concernant l’intérêt, l’inflation et la diversification des risques, comparativement à 22 % des hommes.

Étant donné la contribution de plus en plus grande des femmes au revenu du ménage, comme en témoigne l’accroissement du nombre de familles à deux soutiens et la proportion de femmes qui gagnent plus que leur épouxNote 23, les ménages comptant un couple sont passés d’un processus décisionnel auparavant dominé par l'époux à un processus conjoint. Les femmes jouent maintenant un plus grand rôle dans les achats majeurs tels que les maisons, les automobiles, les assurances et les services financiersNote 24.

Cependant, le statut changeant des familles pourrait accroître la vulnérabilité de certains groupes de femmes. Des études réalisées au Canada montrent que la séparation et le divorce sont plus susceptibles d’avoir une incidence sur le bien-être économique des femmes plus âgées, ce qui se traduit par une plus grande vulnérabilité au faible revenu. Des résultats semblables observés aux États-Unis montrent que les perturbations matrimoniales appauvrissent les hommes et les femmes, mais que les effets sont plus marqués chez les femmesNote 25. Les résultats présentés dans le présent article montrent que certaines femmes pourraient être plus vulnérables sur le plan de l’insécurité financière, car celles qui vivent dans des ménages caractérisés par le déséquilibre des ressources économiques ou qui ne participent pas pleinement à la prise des décisions financières du ménage affichent des niveaux plus faibles de connaissances financières.

Des recherches empiriques donnent à penser que les connaissances financières sont liés avec des comportements financiers et des résultats économiques plus positifs. En effet, les personnes mieux renseignées en matière de finances sont plus susceptibles de planifier leur retraite et d’accumuler, de ce fait, plus de richesses, tandis que celles qui ont des niveaux plus faibles de connaissances financières ont tendance à emprunter davantage, à accumuler moins de richesse et à déclarer des niveaux d’endettement excessifs et sont plus susceptibles d’emprunter sur leurs comptes de pensionNote 26. Dans ce contexte, l’influence des différences entre les sexes quant aux connaissances financières sur le comportement financier et les résultats économiques pourrait être un sujet approprié de recherche à l’avenir.

Marie Drolet est chercheuse principale à la Division de la statistique du travail à Statistique Canada.

Début de l’encadré

Sources de données, méthodes et définitions

Sources de données

L’analyse que renferme la présente étude repose sur les données des cycles 2009 et 2014 de l’Enquête canadienne sur les capacités financières (ECCF). Le cycle de 2009 a été parrainé par l’Agence de la consommation en matière financière du Canada, Emploi et Développement social Canada et le ministère des Finances. Le cycle de 2014 a été parrainé par l’Agence de la consommation en matière financière du Canada.

L’enquête, qui a été réalisée pour la première fois en 2009, évalue les connaissances, les capacités et les comportements des Canadiens en ce qui a trait à la prise de décisions financières. La population observée comprend la population civile non institutionnalisée, âgée de 18 ans et plus, des 10 provinces. Le taux de réponse global au cycle 2014 était de 56 %.

Les répondants qui n’ont pas fourni de réponses utilisables lorsqu’on leur a demandé d’évaluer leurs propres connaissances financières (environ 4 % de l’échantillon initial) sont exclus du présent article, ce qui donne une population à l’étude de 6 297 répondants, représentant un peu plus de 25,9 millions de Canadiens.

Mesure des connaissances financières

Cet article examine l’écart entre les sexes à l’aide de trois mesures des connaissances financières.

La première mesure (moyenne des scores obtenus) correspond au nombre total de bonnes réponses à 14 questions, dont les scores moyens peuvent être exprimés en pourcentage. Les questions et les bonnes réponses figurent dans la section "Renseignements additionnels".

La deuxième mesure (cinq bonnes réponses) combine les bonnes réponses à cinq questions clés du test en un seul indicateur afin de fournir des estimations significatives et de réduire au minimum l’erreur de mesure associée aux répondants qui devinent les réponses. Cet indicateur peut servir à situer l’analyse dans la littérature empirique, car il s’apparente au critère des « trois bonnes réponses » utilisé dans d’autres étudesNote 27.

Les sujets couverts par l’ECCF comprennent l’inflation dans le contexte du pouvoir d’achat (Q1); les liens entre les périodes d’amortissement, le capital et les taux d’intérêt (Q13 et Q14); la connaissance de la différence entre les actions, les obligations, les fonds et les comptes bancaires (diversification), et le facteur sécuritaire ou le risque associé aux investissements (Q8); et les options de placements avec compréhension de l’inflation, encore une fois, dans le contexte du pouvoir d’achat (Q9).

La troisième mesure (auto-évaluation), reconnue comme étant plus subjective, permet aux répondants d’évaluer leur niveau de connaissances financières sur une échelle de 1 à 4, les réponses valides allant de « piètre connaissance » à « très bonne connaissance ».

Fin de l’encadré

Début de l’encadré

Autres sources de différences dans les connaissances financières

D’autres indicateurs font également état de différences entre les sexes en matière de connaissances financières. Premièrement, les hommes et les femmes diffèrent quant à leur disposition à s’occuper des questions financières, les hommes étant plus susceptibles d’aimer s’occuper des questions financières que les femmes (49 % contre 35 %). Deuxièmement, les hommes et les femmes diffèrent quant à la minutie avec laquelle ils abordent les questions financières. En effet, les hommes sont plus susceptibles que les femmes de faire des recherches approfondies avant de prendre des décisions financières (80 % contre 74 %). Enfin, les hommes et les femmes diffèrent quant à l’intérêt qu’ils portent à différents aspects des questions financières : les hommes sont plus susceptibles de suivre l’évolution des marchés immobilier, boursier, monétaire et du travail, des taux d’intérêt, de l’inflation, du régime fiscal, des pensions et des ventes de biens de consommation (65 % contre 58 %).

Ces facteurs sont intéressants, mais ils pourraient être une conséquence des connaissances financières (parce que les femmes connaissent moins bien les finances, elles sont moins susceptibles d’aimer s’occuper des questions financières) ou pourraient aider à expliquer les différences entre les sexes (les femmes ont un niveau moins élevé de connaissances financières parce qu’elles sont moins intéressées par les questions financières).

Fin de l’encadré


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