Les Canadiens dont les besoins en soins à domicile sont non comblés

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par Martin Turcotte

[Communiqué dans Le Quotidien] [Article intégral en PDF]

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Début de l'encadré

Aperçu de l’étude

Cet article fournit des renseignements sur les Canadiens qui auraient besoin d’aide ou de soins à domicile, mais qui n’en reçoivent pas (besoins non comblés); et ceux qui reçoivent déjà de l’aide ou des soins, mais qui en auraient nécessité davantage (besoins partiellement comblés). L’article examine également les conséquences possibles de ce manque d’aide ou de soins sur le bien-être et la santé mentale.

  • En 2012, 2,2 millions de personnes, ou 8 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus, ont reçu de l’aide ou des soins à la maison en raison d’un problème de santé de longue durée, d'une incapacité ou de problèmes liés au vieillissement.
  • En 2012, presque un demi-million de Canadiens, soit 461 000 personnes âgées de 15 ans et plus, ont eu besoin d’aide ou de soins au cours des 12 derniers mois pour un problème de santé chronique, mais n’en ont pas reçu. Ces personnes sont celles ayant des besoins « non comblés » en matière d’aide ou de soins à domicile.
  • Parmi les 2,2 millions de Canadiens ayant reçu de l’aide ou des soins à domicile en 2012, 15 % d’entre elles, ou 331 000 personnes, n’ont pas obtenu tous les soins nécessaires. Il s’agit de personnes dont les besoins en matière d’aide ou de soins sont « partiellement comblés ».
  • Les bénéficiaires de soins à domicile ayant une incapacité physique étaient plus à risque d’avoir des besoins partiellement comblés (18 %) que les bénéficiaires de soins sans incapacité (10 %).
  • Les personnes ayant des besoins non comblés ou partiellement comblés rapportaient des niveaux de stress et de sentiments négatifs plus élevés. Par exemple, 62 % des bénéficiaires de soins dont les besoins étaient partiellement comblés éprouvaient un sentiment de solitude, par rapport à 31 % de ceux dont les besoins étaient comblés.

Fin de l'encadré

Introduction

La plupart des aînés désirent demeurer à domicile le plus longtemps possible, et ce, même lorsqu’ils souffrent d’un problème de santé à long terme limitant leur autonomieNote 1. Il en va de même pour les personnes moins âgées, mais souffrant d’un problème de santé chronique ou d’une incapacité physique ou mentale. Les autorités publiques sont également favorables aux stratégies liées aux « soins à domicile » et au « vieillissement à la maison », car celles-ci sont généralement moins coûteusesNote 2.

Pour demeurer à domicile de façon sécuritaire et maintenir un niveau de bien-être acceptable, les personnes qui souffrent d’un problème de santé chronique ont parfois besoin d’aide pour vaquer aux diverses activités de la vie quotidienne (p. ex., les soins personnels, les traitements médicaux, le transport, l’entretien de la maison et la gestion des finances). Toutefois, les personnes qui ont besoin d’aide en reçoivent-elles vraiment? Si oui, l’aide reçue de proches ou de professionnels rémunérés est-elle suffisante?

Obtenir une réponse à ces questions est important, car des études ont démontré que les risques d’une dégradation de l’état de santé, qui peut mener à une institutionnalisation plus rapide, augmentaient sensiblement lorsqu’un ou plusieurs besoins en matière d’aide ou de soins à domicile n’étaient pas comblésNote 3. Selon certaines études, les aînés qui bénéficient d’un plus grand soutien de la part des proches aidants et de services professionnels de soins à domicile sont moins à risque d’être institutionnalisésNote 4. Ainsi, fournir des soins à domicile aux personnes qui en ont besoin pourrait encourager celles-ci à rester chez eux plus longtemps.

Tout d’abord, le présent article fournit des renseignements sur le nombre et le pourcentage de personnes vivant à domicile qui considèrent qu’elles auraient besoin de soins, mais qui n’en reçoivent pas (besoins non comblés en matière d’aide ou de soins à domicile). Il dresse ensuite le profil des bénéficiaires de soins qui, malgré le fait qu’ils aient obtenu un certain soutien, n’avaient pas reçu toute l’aide qu’ils jugeaient nécessaire (besoins partiellement comblés). La dernière section illustre, à l’aide de divers indicateurs, que les personnes ayant des besoins non comblés ou partiellement comblés étaient davantage à risque d’éprouver du stress, un sentiment de solitude et un bien-être moindre.

Dans cet article, les données sont tirées de l’Enquête sociale générale (ESG) de 2012 sur les soins donnés et reçus. L’ESG recueille des données sur la situation des Canadiens qui reçoivent de l’aide ou des soins en raison d’un problème de santé de longue durée, d’une incapacité, ou de problèmes liés au vieillissement. La population visée par l’enquête comprend toute personne âgée de 15 ans et plus ne vivant pas en institution, qui réside dans l’une des 10 provinces canadiennes. Il est donc important de noter que les besoins d’aide ou de soins des personnes vivant en institution, par exemple dans des centres de soins ou dans des résidences de personnes âgées, ne sont pas couverts dans la présente étude. Au total, 23 093 répondants ont participé à l’ESG (voir l’encadré Sources de données, méthodes et définitions).

En 2012, 461 000 Canadiens qui avaient besoin d’aide ou de soins pour un problème de santé chronique n’en ont pas obtenu

En 2012, 2,2 millions de personnes, ou 8 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus, ont reçu de l’aide ou des soins en raison d’un problème de santé de longue durée, d’une incapacité physique ou mentale ou de problèmes liés au vieillissement. Cette aide ou ces soins pouvaient provenir de membres de la famille, d’amis ou de professionnelsNote 5.

Les aînés, surtout les plus âgés, étaient de loin les plus susceptibles de recevoir de l’aide ou des soins à domicile. En 2012, cela était le cas de 10 % des personnes de 65 à 74 ans, de 21 % de celles de 75 à 84 ans et de 45 % des aînés de 85 ans et plus.

Ces pourcentages sous-estiment potentiellement le nombre de personnes qui ont besoin d’aide ou de soins. Dans un rapport récent, le Conseil canadien de la santé soulignait qu’il n’existait « aucune statistique au Canada pour nous dire combien d’aînés sont laissés pour compte — c’est-à-dire d’aînés qui ne bénéficient pas de soutien à domicile, alors qu’ils en ont probablement besoin »Note 6. Des renseignements ont été recueillis à cet égard dans l’ESG de 2012, non seulement pour les aînés, mais aussi pour les plus jeunes.

Ainsi en 2012, environ 461 000 Canadiens âgés de 15 ans et plus ont déclaré qu’ils n’avaient pas reçu d’aide, malgré le fait qu’ils en auraient eu besoin (au cours des 12 derniers mois et pour un problème de santé chronique). Ces personnes représentaient 1,6 % de la population de 15 ans et plus. Cette proportion était légèrement plus élevée chez les 75 ans et plus, soit un peu moins de 3 % pour ces groupes d’âge (graphique 1).

Graphique 1 du Regards sur la société canadienne article 14042

Description du graphique 1

De ces 461 000 personnes n’ayant pas reçu d’aide malgré le besoin, un peu moins de 290 000, ou près de 2 sur 3, avaient pourtant demandé de l’aide, soit à un proche ou à un organisme. Les autres 170 000 regroupaient les personnes qui n’avaient aucun proche pouvant les aider ou leur fournir des soins ainsi que celles qui ne voulaient pas demander de l’aide pour une quelconque raison. La proportion de ceux ayant demandé de l’aide variait toutefois selon l’âge : il s’élevait à 53 % parmi les personnes âgées de 65 ans ou plus, comparativement à 66 % des personnes de 15 à 64 ans.

Les aînés sont proportionnellement moins nombreux à avoir des besoins non comblés

Même si les aînés étaient plus susceptibles de recevoir des soins à domicile, ceux-ci étaient proportionnellement moins représentés parmi les personnes ayant des besoins non comblés. Chez les personnes dont les besoins n’étaient pas comblés, 24 % étaient âgées de 65 ans et plus (soit un peu moins de 110 000 personnes). En comparaison, les aînés représentaient 40 % de ceux qui recevaient de l’aide ou des soins à domicile.

Cette représentation moindre était encore plus prononcée chez les plus âgés d’entre eux : alors que les aînés de 85 ans et plus représentaient 3 % des personnes ayant des besoins non comblés, ils constituaient 12 % des bénéficiaires de soins à domicile (tableau 1)Note 7. Du point de vue des effectifs, environ 14 000 aînés de 85 ans et plus vivant à domicile avaient besoin d’aide ou de soins mais n’en recevaient pas, tandis que 256 000 étaient des bénéficiaires de soins à domicile.

Tableau 1
Profil des personnes âgées de 15 ans et plus selon que les besoins de soins à domicile étaient comblés ou non, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Profil des personnes âgées de 15 ans et plus selon que les besoins de soins à domicile étaient comblés ou non Personnes ne recevant pas d'aide ou de soins à domicile et qui n'en avaient pas besoin, Personnes qui avaient des besoins non comblés en matière d'aide ou de soins et Bénéficiaires de soins à domicile (réf.), calculées selon en milliers et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Personnes ne recevant pas d'aide ou de soins à domicile et qui n'en avaient pas besoin Personnes qui avaient des besoins non comblés en matière d'aide ou de soins Bénéficiaires de soins à domicile (réf.)
en milliers
Total 25 996,3 461,1 2 162,0
  pourcentage
Total 100 100 100
Hommes 50Note * 42 43
Femmes 50Note * 58 57
Groupe d'âge  
15 à 24 ans 16Note * 13 10
25 à 34 ans 17Note * 11 10
35 à 44 ans 17Note * 13 9
45 à 54 ans 19Note * 19 15
55 à 64 ans 15 21Note * 16
65 à 74 ans 10Note * 11 13
75 à 84 ans 4Note * 9Note * 15
85 ans et plus 1Note * 3Note * 12
Personne vivant seule  
Non 91Note * 80 80
Oui 9Note * 20 20
Présence d'au moins un type d'incapacité physiqueNote 1 du tableau 11  
Non 80Note * 41Note * 30
Oui 20Note * 59Note * 70
Type d'incapacitéNote 2 du tableau 12  
Lié à la communication (vision, ouïe, élocution)  
Non 97Note * 93Note * 83
Oui 3Note * 7Note E: à utiliser avec prudenceNote * 17
Problème de mobilité  
Non 98Note * 83Note * 63
Oui 2Note * 17Note * 37
Douleurs et malaises  
Non 83Note * 48 47
Oui 17Note * 52 53
Problème de dextérité  
Non 100 98 95
Oui 0 2Note E: à utiliser avec prudenceNote * 5
État de santé perçu  
Très bon/excellent 64Note * 25 22
Bon 29Note * 34 33
Passable ou mauvais 8Note * 41 46
Revenu du ménage  
Moins de 20 000 $ 4Note * 18Note * 12
20 000 $ à 59 999 $ 22Note * 30Note * 32
60 000 $ et plus 49Note * 29Note * 33
Non déclaré 24 22 23
Statut d'immigrant  
Citoyen canadien de naissance 77Note * 70Note * 80
Immigrant, réfugié, résident non permanent 23Note * 30Note * 20
Est un proche aidant  
Non 72 62Note * 71
Oui 28 38Note * 29
Réside dans une région métropolitaine de recensement ou une agglomération de recensement (RMR/AR)  
Oui 83Note * 86Note * 80
Non 17Note * 14Note * 21

En fait, ce sont les personnes de la génération du baby-boom qui étaient davantage représentées parmi celles qui avaient des besoins non comblés en matière d’aide ou de soins à domicile. En 2012, les 45 à 64 ans représentaient 40 % des personnes qui avaient besoin d’aide ou de soins, mais qui n’en recevaient pas, alors qu’ils constituaient 31 % des bénéficiaires.

Des études antérieures ont aussi démontré que les aînés de 65 ans et plus étaient moins susceptibles de déclarer avoir des besoins non comblés en matière d’aide ou de soinsNote 8. Différentes raisons peuvent expliquer cette réalité. Tout d’abord, les aînés sont proportionnellement plus nombreux à avoir un médecin régulierNote 9, ce qui pourrait expliquer leur propension plus grande à déclarer qu’ils avaient reçu l’aide et les soins dont ils avaient besoin. Ensuite, comme plusieurs services de soins à domicile sont d’abord destinés aux aînés, il est possible que les besoins de certaines personnes moins âgées, notamment les 45 à 64 ans, reçoivent une attention moindre. Enfin, il se peut qu’un certain nombre d’aînés qui seraient potentiellement les plus à risque d’avoir des besoins non comblés (p. ex., ceux de 85 ans et plus) vivent en institution (ceux-ci ne faisant pas partie de l’enquête).

L’Enquête sociale générale recueille, tant pour les personnes qui recevaient des soins à domicile que pour les autres, des renseignements sur divers types d’incapacités. Quatre types d’incapacités physiques sont examinés dans le cadre de cette étude : l’incapacité liée à la communication (vision, ouïe, élocution), les problèmes de mobilité (capacité de se déplacer), la présence de douleurs ou de malaises et les problèmes de dextéritéNote 10.

De façon peu étonnante, les personnes ayant des besoins non comblés en matière d’aide ou de soins (59 %) étaient plus susceptibles d’avoir au moins une incapacité que celles qui ne recevaient pas de soins et qui n’en avaient pas besoin (20 %). Par contre, les personnes ayant des besoins non comblés affichaient une proportion plus faible d’incapacité physique que les bénéficiaires d’aide ou de soins à domicile (70 %). Rappelons cependant que ces bénéficiaires de soins sont plus âgés que les personnes avec des besoins non-comblés.

Cet écart se reflétait dans les types d’incapacités physiques plus spécifiques. Par exemple, 17 % des personnes ayant des besoins non comblés avaient des problèmes de mobilité, tandis que c’était le cas de 37 % des bénéficiaires de soins à domicile.

De plus, parmi les personnes ayant des besoins non comblés en matière d’aide ou de soins, 7 % avaient une incapacité liée à la communication (vision, ouïe, élocution), comparativement à 17 % des bénéficiaires de soins à domicile. Les personnes ayant des besoins non comblés étaient aussi proportionnellement moins nombreuses à avoir des troubles de dextérité (2 % contre 5 % des bénéficiaires de soins).

Cependant, il n’y avait pas d’écart significatif en ce qui a trait à la présence de douleurs et de malaises : 52 % des personnes ayant des besoins non comblés et 53 % des bénéficiaires de soins en éprouvaient. Le niveau de sévérité n’était pas non plus différent : la proportion de personnes qui avaient des douleurs et malaises limitant la plupart de leurs activités était la même chez celles ayant des besoins non comblés et chez les bénéficiaires de soins (un peu moins de 20 %).

Enfin, les personnes qui avaient des besoins non comblés étaient proportionnellement aussi nombreuses que les bénéficiaires de soins à domicile à percevoir leur état de santé comme étant passable ou mauvais (différence non statistiquement significative)Note 11.

Les personnes touchant un revenu moins élevé étaient plus à risque d’avoir des besoins non comblés

Il est reconnu que les personnes provenant des rangs socioéconomiques les moins élevés sont en moins bonne santé physique et mentale, sont plus susceptibles d’être malades et ont une espérance de vie moins élevéeNote 12. À titre d’exemple, l’espérance de vie des hommes de 25 ans appartenant au quintile de revenu le plus bas est de 7 ans inférieure à celle des hommes du même âge faisant partie du quintile supérieurNote 13.

À la lumière des données de l’ESG et conformément aux résultats d’autres étudesNote 14, certaines caractéristiques étaient associées au risque d’avoir des besoins non comblés en matière d’aide. En effet, 18 % des personnes ayant des besoins non comblés en matière d’aide ou de soins avaient un revenu du ménage inférieur à 20 000 $, par rapport à 12 % des bénéficiaires de soins et à 4 % des personnes ne recevant pas d’aide ou de soins et qui n’en avaient pas besoin.

De façon similaire, le statut d’immigrant était lié au risque de besoins non comblés : 30 % des personnes ayant des besoins non comblés en matière d’aide ou de soins étaient des immigrants, tandis que c’était le cas de 20 % des bénéficiaires de soins. Il est possible que cet écart soit en partie attribuable au fait que les réseaux sociaux des immigrants soient moins étendus et moins variés que ceux des Canadiens de naissanceNote 15. Ces réseaux jouent un rôle important puisque les proches aidants fournissent la majorité des heures d’aide aux bénéficiaires de soinsNote 16.

Un autre groupe plus à risque d’avoir des besoins non comblés en matière d’aide ou de soins était celui des proches aidants. En effet, 38 % des personnes ayant des besoins non comblés fournissaient elles-mêmes de l’aide ou des soins, par rapport à 29 % des bénéficiaires de soins et à 28 % des personnes ne recevant pas d’aide et qui n’en avaient pas besoin.

De plus, bon nombre de proches aidants ayant des besoins non comblés (35 % d’entre eux) fournissaient 10 heures de soins et plus par semaine. Ces proches aidants pourraient être particulièrement vulnérables, non seulement parce qu’ils n’obtiennent pas toute l’aide nécessaire, mais aussi en raison du fait que plusieurs d’entre eux subissent diverses conséquences négatives associées à leurs responsabilités d’aidantNote 17.

Enfin, les personnes qui avaient des besoins non comblés étaient moins susceptibles de résider dans des régions situées à l’extérieur des régions métropolitaines et agglomérations de recensement (14 %) que celles qui bénéficiaient de soins à domicile (21 %).

Environ 15 % des bénéficiaires de soins considéraient que leurs besoins étaient partiellement comblés

Parmi les 2,2 millions de Canadiens ayant reçu des soins en 2012 en raison d’un problème de santé de longue durée, d’une incapacité ou de problèmes liés au vieillissement, certains n’ont pas obtenu toute l’aide et tous les soins nécessaires. On parle dans ce cas de besoins partiellement comblés. Cette partie de l’analyse s’intéresse aux caractéristiques des bénéficiaires de soins à domicile qui ne recevaient pas toute l’aide nécessaire. Il est important d’identifier les facteurs de risque associés à des besoins partiellement comblés, car les personnes dans cette situation sont plus à risque de connaître une détérioration de leur état de santé et d’avoir recours à des mesures d’institutionnalisationNote 18.

Dans une étude antérieure de Statistique Canada, on a demandé aux aînés s’ils avaient certains besoins insatisfaits en matière de soins professionnels à domicile pour différentes activitésNote 19. Dans le cadre de l’ESG, la question posée était plus inclusive, car on demandait plutôt aux bénéficiaires de soins s’ils avaient, de manière générale, reçu toute l’aide nécessaire au cours des 12 derniers mois — incluant celle de professionnels mais aussi des amis et des membres de la famille.

Parmi les personnes ayant reçu de l’aide ou des soins à domicile en 2012, 85 % considéraient qu’elles avaient reçu toute l’aide nécessaire au cours de l’année. La proportion restante de 15 %, ou environ 331 000 bénéficiaires de soins de 15 ans et plus, vivait une situation où ses besoins en matière d’aide ou de soins étaient partiellement comblés (tableau 2).

Tableau 2
Nombre et pourcentage de bénéficiaires de soins à domicile qui n'avaient pas reçu toute l'aide ou tous les soins à domicile nécessaires (besoins partiellement comblés), 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre et pourcentage de bénéficiaires de soins à domicile qui n'avaient pas reçu toute l'aide ou tous les soins à domicile nécessaires (besoins partiellement comblés) Bénéficiaires qui n'avaient pas obtenu toute l'aide ou tous les soins à domicile nécessaires (besoins partiellement comblés), calculées selon en milliers et prévalence (%) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Bénéficiaires qui n'avaient pas obtenu toute l'aide ou tous les soins à domicile nécessaires (besoins partiellement comblés)Tableau 2 note 1
en milliers prévalence (%)
Total 330,9 15
Hommes 129,5 14
Femmes 201,4 17
Groupe d'âge  
15 à 24 ans 31,6 14Note E: à utiliser avec prudence
25 à 34 ans 29,5 13Note E: à utiliser avec prudenceNote du tableau 2*
35 à 44 ans 36,1 18Note E: à utiliser avec prudence
45 à 54 ans 66,8 21
55 à 64 ans (réf.) 77,7 22
65 à 74 ans 35,8 13Note du tableau 2*
75 à 84 ans 38,4 12Note du tableau 2*
85 ans et plus 15,0 6Note E: à utiliser avec prudenceNote du tableau 2*
Personne vivant seule  
Non 259,2 15
Oui 71,7 16
État de santé perçu  
Très bon/excellent (réf.) 34,1 7
Bon 84,7 12Note du tableau 2*
Passable ou mauvais 209,0 22Note du tableau 2*
Présence d'au moins un type d'incapacité physique  
Non (réf.) 59,3 10
Oui 266,2 18Note du tableau 2*
Type d'incapacitéNote du tableau 22  
Lié à la communication (vision, ouïe, élocution)  
Non (réf.) 265,8 16
Oui 43,5 13
Problème de mobilité  
Non (réf.) 190,3 14
Oui 137,2 18
Douleurs et malaises  
Non (réf.) 86,1 9
Oui 239,0 22Note du tableau 2*
Problème de dextérité  
Non (réf.) 310,0 15
Oui 18,8 17Note du tableau 2E: à utiliser avec prudence
Principal problème de santé pour lequel la personne a reçu de l'aide ou des soins  
Arthrite ou ostéoporose 26,6 15Note E: à utiliser avec prudenceNote du tableau 2*
Maladie cardiovasculaire 22,6 12Note E: à utiliser avec prudenceNote du tableau 2*
Maux de dos (réf.) 37,7 30
Cancer 17,4 11Note E: à utiliser avec prudenceNote du tableau 2*
Problème de santé mentale, troubles ou déficiences développementaux 56,3 14Note E: à utiliser avec prudenceNote du tableau 2*
Autres maladies neurologiques 21,1 18Note du tableau 2E: à utiliser avec prudence
Blessure résultant d'un accident 39,0 18Note du tableau 2*
Vieillesse 13,7 7Note E: à utiliser avec prudenceNote du tableau 2*
Revenu du ménage  
Moins de 20 000 $ 56,1 22Note du tableau 2*
20 000 $ à 59 999 $ 114,2 17
60 000 $ et plus (réf.) 95,6 13
Statut d'immigrant  
Citoyen canadien de naissance (réf.) 258,0 15
Immigrant, réfugié, résident non permanent 66,5 16
Est un proche aidant  
Non (réf.) 206,0 14
Oui 124,9 20Note du tableau 2*
Réside dans une région métropolitaine de recensement ou une agglomération de recensement (RMR/AR)  
Oui 273,8 16
Non 57,0 13

Les aînés, qui étaient proportionnellement moins à risque d’avoir des besoins non comblés, étaient aussi moins à risque, lorsqu’ils recevaient de l’aide, de percevoir leurs besoins comme étant partiellement comblés. En effet, 6 % des bénéficiaires de soins de 85 ans et plus et 12 % de ceux de 75 à 84 ans ont dit qu’ils n’avaient pas obtenu toute l’aide nécessaire au cours de l’année. En comparaison, cette proportion était de 22 % chez les 55 à 64 ans. En plus des raisons déjà mentionnées (p. ex., plus d’offres de services pour les aînés, certains aînés plus âgés et en moins bonne santé vivent en institution), des valeurs et des attitudes différentes entre les générations pourraient également être à l’origine de ces écartsNote 20.

Les bénéficiaires de soins avec un problème de santé physique sont plus à risque d’avoir des besoins partiellement comblés

Les personnes dont les besoins étaient non comblés étaient proportionnellement moins nombreuses à avoir une incapacité physique que les bénéficiaires de soins. Cependant, parmi les bénéficiaires de soins qui avaient des besoins partiellement comblés, plusieurs souffraient d’une incapacité (communication, mobilité, douleurs et malaises, problème de dextérité).

Parmi les bénéficiaires qui avaient au moins une incapacité physique en 2012, 18 % n’avaient pas obtenu toute l’aide ou tous les soins nécessaires, par rapport à 10 % des bénéficiaires de soins n’ayant pas une incapacité. Les bénéficiaires de soins de 15 à 64 ans ayant une incapacité étaient encore plus à risque d’avoir des besoins partiellement comblés : cela était le cas d’environ 1 sur 4 d’entre eux (24 %).

Cette prévalence plus élevée de besoins partiellement comblés chez les bénéficiaires de soins ayant une incapacité pourrait s’expliquer par le fait que ceux-ci aient besoin de plus d’aide que ne peuvent leur en fournir leurs proches aidants ou les professionnelsNote 21. Reflétant l’existence de besoins plus importants, les bénéficiaires de soins ayant une incapacité recevaient en moyenne 25 heures de soins par semaine, par rapport à environ 13 heures pour les bénéficiaires n’ayant pas une incapacité.

Parmi les divers types d’incapacités, c’est la présence de douleurs et de malaises qui était le plus fortement associé aux risques de besoins partiellement comblés (22 %, par rapport à 13 % de ceux ayant une incapacité liée à la communication). Cette proportion de bénéficiaires ayant des besoins partiellement comblés augmentait à 28 % chez ceux dont la douleur limitait la plupart de leurs activités, soit environ 115 000 personnes.

Le principal problème de santé pour lequel une personne reçoit des soins à domicile était lui aussi associé à la probabilité de ne pas avoir obtenu tous les soins nécessaires. En particulier, ce sont les bénéficiaires de soins dont le principal problème de santé était les maux de dos qui étaient les plus susceptibles d’indiquer que leurs besoins étaient partiellement comblés : 30 % d’entre eux n’avaient pas reçu toute l’aide ou tous les soins nécessaires. En comparaison, 12 % des bénéficiaires qui recevaient des soins à cause d’une maladie cardiovasculaire ont déclaré qu’ils n’avaient pas obtenu toute l’aide ou tous les soins nécessaires. Du point de vue des effectifs cependant, ce sont les bénéficiaires souffrant d’un problème de santé mentale qui étaient les plus nombreux à avoir des besoins partiellement comblés (un peu plus de 56 000 d’entre eux).

Tel qu’illustré précédemment, le fait d’avoir un revenu moins élevé et d’être un proche aidant étaient des facteurs associés au risque d’avoir des besoins non comblés. Or, ces facteurs étaient aussi liés, chez les bénéficiaires de soins, à la probabilité d’avoir des besoins partiellement comblés.

En effet, parmi les bénéficiaires de soins, 22 % de ceux dont le revenu du ménage était inférieur à 20 000 $ n’avaient pas obtenu toute l’aide nécessaire, par rapport à 13 % de ceux dont le revenu du ménage était de 60 000 $ et plus. Les bénéficiaires de soins touchant un revenu moins élevé sont plus susceptibles d’avoir une incapacité ainsi qu’un état de santé passable ou mauvais; ils peuvent aussi avoir des réseaux sociaux moins développés et un moins grand nombre de ressources pour payer des services d’aide.

D’autre part, 20 % des proches aidants qui fournissaient eux-mêmes de l’aide ou des soins voyaient leurs propres besoins partiellement comblés, par rapport à 14 % de ceux qui ne l’étaient pas.

Certaines caractéristiques de l’aide obtenue sont associées à un risque accru d’avoir des besoins partiellement comblés

En 2012, 45 % des bénéficiaires de soins recevaient à la fois de l’aide de leurs proches et de professionnels, 43 %, de leurs proches uniquement et 12 %, de professionnels seulement. Le fait que l’aide provienne de la famille, des amis ou des professionnels n’était cependant pas associé au risque de considérer ses besoins comme étant partiellement comblés (tableau 3).

Tableau 3
Nombre et pourcentage de bénéficiaires de soins à domicile qui n'avaient pas reçu toute l'aide et tous les soins nécessaires (besoins partiellement comblés), selon les caractéristiques de l'aide reçue, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre et pourcentage de bénéficiaires de soins à domicile qui n'avaient pas reçu toute l'aide et tous les soins nécessaires (besoins partiellement comblés) Bénéficiaires qui n'avaient pas obtenu toute l'aide ou tous les soins à domicile nécessaires, calculées selon en milliers et prévalence (%) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Bénéficiaires qui n'avaient pas obtenu toute l'aide ou tous les soins à domicile nécessaires (besoins partiellement comblés)Tableau 3 note 1
en milliers prévalence (%)
Source d'aide  
Proches aidants et professionnels 143,6 15
Proches aidants uniquement 149,9 16
Professionnels uniquement 37,4 15
Lien avec le proche aidant (bénéficiaires de 15 à 64 ans)  
Conjoint 101,6 22Note du tableau 3*
Enfants 21,6 25Note du tableau 3E: à utiliser avec prudenceNote du tableau 3*
Parents (réf.) 45,4 13Note du tableau 3E: à utiliser avec prudence
Parenté autre 13,8 15Note du tableau 3E: à utiliser avec prudence
Amis ou voisins 28,6 28Note du tableau 3*
Lien avec le proche aidant (bénéficiaires de 65 ans et plus)  
Conjoint 28,4 11Note du tableau 3E: à utiliser avec prudence
Fils 14,6 12Note du tableau 3E: à utiliser avec prudence
Fille (réf.) 19,8 8Note du tableau 3E: à utiliser avec prudence
Parenté autre 3,6 Note du tableau 3F: trop peu fiable pour être publié
Amis ou voisins 8,1 17Note du tableau 3E: à utiliser avec prudenceNote du tableau 3*
Nombre d'heures de soins reçus par semaine de la part de professionnels (tous)  
Aucune 172,5 16Note du tableau 3*
1 heure 54,2 16Note du tableau 3*
2 à 9 heures 78,6 17Note du tableau 3*
10 heures et plus (réf.) 14,8 10Note du tableau 3E: à utiliser avec prudence
Nombre d'heures de soins reçus par semaine de la part de professionnels (personnes ayant une incapacité)  
Aucune 140,0 20Note du tableau 3*
1 heure 37,4 19Note du tableau 3*
2 à 9 heures 67,2 19Note du tableau 3*
10 heures et plus (réf.) 11,5 9Note du tableau 3E: à utiliser avec prudence

Par contre, le type de lien entre le bénéficiaire de soins et son aidant principal pouvait faire une différence. Parmi les bénéficiaires de 15 à 64 ans, 28 % de ceux qui recevaient principalement de l’aide de la part d’amis ou de voisins et 25 % de ceux qui étaient aidés par leurs enfants avaient des besoins partiellement comblés. En comparaison, 13 % de ceux qui recevaient des soins de la part de leurs parents se trouvaient dans cette situation.

Chez les aînés de 65 ans et plus, on constatait une plus forte prévalence de besoins partiellement comblés chez les bénéficiaires de soins qui étaient aidés principalement par des amis ou des voisins (17 %). À titre de comparaison, des proportions plus faibles  d’aînés dont le proche aidant était le fils (12 %) ou la fille (8 %) considéraient ne pas avoir reçu toute l’aide nécessaire. Notons par ailleurs que les aînés qui n’avaient pas d’enfants, et donc moins d’aidants familiaux potentiels, étaient plus susceptibles d’avoir des besoins partiellement comblés (16 %, par rapport à 8 % des aînés qui avaient 4 enfants et plus).

Une autre caractéristique pouvant être associée à un risque accru d’avoir des besoins partiellement comblés est celle du nombre d’heures de soins reçus. Cependant, parmi les bénéficiaires de soins en 2012, il n’y avait pas de lien significatif entre le nombre total d’heures de soins reçus et la probabilité d’avoir des besoins partiellement comblés (autour de 15 % ou 16 %). Il en allait de même en ce qui a trait aux soins obtenus de la part de proches aidants : la prévalence de besoins partiellement comblés était la même parmi les bénéficiaires ayant obtenu 1 ou 2 heures de soins par semaine de leurs proches aidants par rapport à ceux qui en avaient reçu 20 heures et plus (16 %).

Néanmoins, parmi les bénéficiaires qui recevaient des soins de la part de professionnels, le nombre d’heures d’aide reçues par semaine était lié à de plus faibles proportions de bénéficiaires avec des besoins partiellement comblés. Plus précisément, parmi les personnes qui recevaient entre 2 et 9 heures de soins professionnels par semaine, environ 17 % n’avaient pas obtenu toute l’aide nécessaire. En comparaison, cette proportion était de 10 % chez ceux qui recevaient 10 heures de soins professionnels et plus par semaine.

Le lien entre le nombre d’heures de soins professionnels et les besoins non-comblés était encore plus marqué chez les personnes ayant une incapacité : environ 20 % des bénéficiaires de soins ayant reçu 9 heures ou moins d’aide professionnelle à domicile avaient des besoins partiellement comblés, par rapport à 9 % de ceux qui recevaient 10 heures et plus de soins professionnels par semaine.

Les facteurs associés aux chances d’avoir reçu ou non toute l’aide et tous les soins nécessaires sont souvent liés les uns aux autres — par exemple, un revenu moins élevé peut être associé à la fois à la présence d’une incapacité, à un moins bon état de santé et à des réseaux de soutien moins développés. Cependant, lorsque tous ces facteurs étaient pris en compte simultanément dans un modèle statistique, les conclusions principales demeuraient essentiellement les mêmes, à savoir que les bénéficiaires de soins ayant un revenu moins élevé et un moins bon état de santé étaient plus susceptibles de ne pas avoir reçu toute l’aide ou tous les soins nécessaires. En revanche, la probabilité de ne pas avoir reçu tous les soins nécessaires était moindre chez les bénéficiaires qui recevaient, en moyenne, 10 heures et plus de soins professionnels à domicile par semaine. Le nombre d’heures total de soins n’était pas associé au risque d’avoir des besoins partiellement comblésNote 22.

Plusieurs conséquences négatives pour les personnes ayant des besoins non comblés ou partiellement comblés

La difficulté de certaines personnes d’obtenir de l’aide ou des soins peut s’expliquer par différents facteurs : ressources sociales et familiales insuffisantes, ressources financières indisponibles pour défrayer les coûts de certains services, aide publique inexistante. Peu importe les causes, se trouver dans une telle situation peut être associé à différentes conséquences, comme du stress, la solitude ou des problèmes de sommeil.

Des études ont démontré que le fait de ressentir de la solitude pouvait être lié à un déclin de la capacité fonctionnelle et même à la mortalitéNote 23. Or, le sentiment de solitude, que peuvent ressentir certaines personnes âgées ou qui peut survenir suite à la perte de santé ou de la capacité fonctionnelle, variait selon que les besoins étaient comblés, non comblés ou partiellement comblés. Spécifiquement, un sentiment de solitude a été exprimé par 31 % des bénéficiaires de soins dont les besoins étaient comblés, 48 % des personnes qui avaient des besoins non comblés et 62 % des bénéficiaires ayant des besoins partiellement comblés (tableau 4).

Tableau 4
Indicateurs de bien-être et de santé mentale selon que les besoins de soins à domicile étaient comblés ou non, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Indicateurs de bien-être et de santé mentale selon que les besoins de soins à domicile étaient comblés ou non Sentiment de solitude, Stress élevé et Problèmes de sommeil, calculées selon pourcentage et probabilités prédites unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Sentiment de solitude Stress élevé Problèmes de sommeil
pourcentage
Situation par rapport à l'aide ou aux soins à domicile  
Besoins comblés (réf.) 31 27 44
Besoins non comblés 48Note du tableau 4* 35Note du tableau 4* 58Note du tableau 4*
Besoins partiellement comblés 62Note du tableau 4* 50Note du tableau 4* 67Note du tableau 4*
  probabilités préditesNote du tableau 41
Situation par rapport à l'aide ou aux soins à domicile  
Besoins comblés (réf.) 0,29 0,26 0,45
Besoins non comblés 0,47Note du tableau 4* 0,32Note du tableau 4* 0,58Note du tableau 4*
Besoins partiellement comblés 0,52Note du tableau 4* 0,44Note du tableau 4* 0,61Note du tableau 4*

De plus, les deux tiers des bénéficiaires (67 %) dont les besoins étaient partiellement comblés ont indiqué éprouver des problèmes de sommeil, comparativement à 44 % des bénéficiaires dont les besoins étaient comblés. Les personnes ayant des besoins non comblés ou partiellement comblés étaient aussi plus susceptibles de décrire la plupart de leurs journées comme étant stressantes.

Même en tenant compte d’autres facteurs pouvant influer sur ces perceptions négatives (tels qu’une situation socioéconomique moins favorable ou un moins bon état de santé) dans une analyse multivariée, le fait d’avoir des besoins non comblés ou partiellement comblés demeurait associé à une perception plus négative. Par exemple, la probabilité prédite d’éprouver des problèmes de sommeil, une fois les autres facteurs pris en considération, était de 0,61 chez les bénéficiaires dont les besoins étaient partiellement comblés et de 0,58 chez ceux dont les besoins étaient non comblés (une probabilité de 1 signifie que l’on a 100 % des chances d’avoir des besoins partiellement comblés, alors qu’une probabilité de 0 signifie 0 %). En comparaison, cette probabilité était plus faible, soit de 0,45 chez ceux ayant obtenu toute l’aide et tous les soins nécessaires, les autres facteurs étant maintenus constants (besoins comblés).

Conclusion

Dans le contexte d’une population vieillissante, répondre aux besoins de ceux qui sont en perte d’autonomie ou limités dans leurs activités quotidiennes — surtout dans les cas où l’autonomie de la personne est plus restreinte et que ses besoins sont importants —constitue un défi. En 2012, 2,2 millions de Canadiens âgés de 15 ans et plus ont reçu des soins de la part de proches aidants ou de professionnels en raison d’un problème de santé de longue durée.

Même si la plupart des personnes ayant des besoins en matière de soins à domicile ont effectivement reçu de l’aide, un certain nombre de Canadiens, ou 461 000 personnes âgées de 15 ans et plus, n’ont pas reçu d’aide même s’ils en auraient eu besoin au cours des 12 derniers mois. Ces personnes aux besoins « non comblés » étaient davantage représentées au sein de certains groupes socioéconomiques, notamment parmi les gens à plus faible revenu, les personnes de 55 à 64 ans et celles qui étaient elles-mêmes des proches aidants. Les immigrants, qui forment une part croissante de la population âgée, étaient aussi plus susceptibles d’avoir des besoins non comblés. Compte tenu de la diversité croissante des futures cohortes d’immigrants, il sera intéressant de voir si ces tendances se poursuivront à l’avenir.

Parmi les personnes qui recevaient des soins, certaines n’obtenaient pas toute l’aide dont elles avaient besoin. On parle alors de personnes dont les besoins sont « partiellement comblés ». En 2012, leur nombre s’élevait à 331 000, soit un peu plus de 15 % de celles qui bénéficiaient de soins. Comme pour les besoins non comblés, la probabilité de se trouver dans une telle situation variait en fonction du statut socioéconomique et du type de soins reçus. Par exemple, les bénéficiaires ayant reçu 10 heures de soins professionnels et plus par semaine étaient moins susceptibles de considérer leurs besoins comme étant partiellement comblésNote 24.

Enfin, cette étude a démontré que les personnes ayant des besoins non comblés et des besoins partiellement comblés en matière d’aide ou de soins étaient plus susceptibles de déclarer des états émotionnels négatifs. En effet, même en tenant compte des différences socioéconomiques, les personnes dont les besoins ne sont pas comblés ou qui le sont partiellement déclarent éprouver un plus grand sentiment de solitude, ressentir un stress plus élevé et avoir des problèmes de sommeil.

Martin Turcotte est analyste principal à la Division de la statistique du travail de Statistique Canada.

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