Le dette des particuliers — PDF Janvier 2007
Si l’économie et la population des États-Unis sont presque dix fois supérieures à celles du Canada, les deux pays comportent plusieurs similitudes. Les deux ont un revenu par habitant et un niveau de vie relativement élevés. Compte tenu de sa proximité géographique des États-Unis et de son économie plus petite, le Canada subit davantage que d’autres pays les changements qui touchent l’économie ainsi que les institutions commerciales et financières de son voisin, surtout quand ces institutions ont des succursales au Canada. Étant donné que les États-Unis sont le principal partenaire commercial du Canada (recevant 81 % des exportations totales en 2005, contre 64 % en 1980, et représentant 67 % et 64 % respectivement des importations), les récessions qui ont touché ce pays au début des années 1980 et 1990, tout comme l’essor qui a commencé à la fin des années 1990, n’ont pas mis de temps à se faire sentir au Canada. En outre, les deux pays ont connu à peu près le même taux d’inflation, puisque les biens et services qui valaient 1 $ dans la monnaie respective des deux pays en 1980 coûtaient 2,43 $ au Canada et 2,37 $ aux États-Unis en 2005.
Les caractéristiques démographiques sont aussi semblables. Les deux tiers des personnes âgées de 16 ans et plus dans chacun des deux pays sont actives. La proportion de femmes qui travaillaient était plus élevée en 2005 qu’en 1980. Les deux populations vieillissent, l’âge médian étant passé, entre 1980 et 2005, de 28,9 à 38,0 ans au Canada et de 29,8 à 35,9 ans aux États-Unis. Comme les deux pays ont d’importantes populations immigrantes, l’âge médian est influencé par la composition de la population née au pays, l’âge des immigrants et des émigrants ainsi que les taux de fécondité et de mortalité par âge. Au cours des 25 dernières années, la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus est passée de 9,4 % à 13,1 % au Canada et de 11,2 % à 12,3 % aux États-Unis. Dans les deux pays, la proportion de personnes vivant seules et de familles monoparentales ayant à leur tête une femme a augmenté.
L’âge est un facteur déterminant des dépenses de consommation, du revenu et de l’épargne des particuliers, mais les dépenses sont aussi largement touchées par des variables monétaires clés, comme le revenu disponible et l’accès au crédit. Les graphiques suivants illustrent les divers aspects du revenu, des dépenses, de l’épargne et de l’endettement des Canadiens et des Américains au cours des 25 dernières années.
Les dépenses de consommation personnelles représentent une proportion plus grande du PIB aux États-Unis
Les dépenses de consommation sont un facteur clé de la santé économique d’un pays. Les dépenses de consommation en pourcentage du PIB sont beaucoup plus faibles au Canada, allant de 52,8 % à 58,9 % au cours des 25 dernières années, contre 61,4 % à 70,0 % aux États-Unis. Autrement dit, les dépenses de consommation ont alimenté davantage l’économie aux États-Unis qu’au Canada. (Les dépenses de consommation personnelles représentent une proportion plus grande du PIB aux États-Unis - Graphique)
Les Canadiens payent plus d’impôts sur le revenu et de transferts au gouvernement
Les deux pays ont un système d’impôt progressif, mais leurs taux d’imposition marginaux, leurs méthodes d’imposition et leurs déductions autorisées varient beaucoup. Au Canada, une proportion relativement plus grande du revenu personnel va à l’impôt sur le revenu fédéral et provincial, au Régime de pensions du Canada et Régime de rentes du Québec et aux cotisations d’assurance-emploi (17,3 % en 1980 et 23,4 % en 2005). Les Américains, quant à eux, ont consacré 18,3 % et 18,7 % de leur revenu à l’impôt sur le revenu fédéral et celui des États, ainsi qu’aux cotisations de sécurité sociale et d’assurance-chômage1. L’écart entre le revenu total et le revenu disponible s’est élargi au Canada, alors qu’il est resté presque inchangé aux États-Unis. Mais les déductions ont beaucoup varié aux États-Unis : l’impôt sur le revenu a représenté 79,4 % des déductions en 1980, contre 57,7 % en 2005. (Les Canadiens payent plus d’impôts sur le revenu et de transferts au gouvernement - Graphique)
Les Canadiens et les Américains dépensent une proportion semblable de leur revenu
Jusqu’au milieu des années 1990, les Canadiens et les Américains ont réussi à dépenser moins que leur revenu disponible. Mais, à partir de 1996, ils en ont dépensé la presque totalité, épargnant très peu. (Les Canadiens et les Américains dépensent une proportion semblable de leur revenu - Graphique)
Le ratio de la dette au revenu a augmenté chez les Canadiens et les Américains
Le crédit peut être utilisé pour répondre à des besoins de consommation courants ou imprévus, voire pour acquérir des actifs. Le niveau d’endettement, mesuré par le ratio de la dette totale au revenu disponible, était presque le même pour les Canadiens et les Américains au début des années 1980. Par la suite, il a évolué différemment, les Américains affichant un niveau d’endettement plus élevé entre 1983 et 1991, et les Canadiens entre 1992 et 2000. À partir de 2001, la dette a constamment augmenté dans les deux pays, et en 2002, elle dépassait le revenu disponible. En 2005, pour chaque dollar de revenu disponible, les Canadiens devaient 1,16 $ et les Américains, 1,24 $.
Une part de la hausse de l’endettement entre 2001 et 2005 peut être attribuée aux taux d’intérêts relativement faibles, à la plus grande accessibilité du crédit grâce aux prêts sur l’avoir propre immobilier, et aux limites et incitatifs accrus des cartes de crédit délivrées par des institutions financières en concurrence. (Le ratio de la dette au revenu a augmenté chez les Canadiens et les Américains - Graphique)
Les Canadiens utilisent plus de crédit à la consommation pour leurs dépenses personnelles
Entre 1980 et 2005, le crédit à la consommation représentait entre 21 et 38 cents de chaque dollar de dépenses personnelles au Canada. Aux États-Unis, les montants équivalents étaient de 19 et 27 cents. Depuis 1986, année où l’administration Reagan a annulé la déductibilité d’impôt pour les intérêts sur les prêts à la consommation, les Américains utilisent moins ce type de crédit. Par conséquent, depuis 1988, l’écart entre les États-Unis et le Canada en ce qui a trait à l’utilisation du crédit à la consommation s’est élargi.
Les personnes qui ne sont pas propriétaires de maison dans les deux pays et qui n’ont ni dettes hypothécaires ni accès à une marge de crédit reposant sur l’avoir propre immobilier peuvent faire augmenter les limites de leurs cartes de crédit ou utiliser des prêts personnels pour financer des besoins imprévus ou boucler leur budget. (Les Canadiens utilisent plus de crédit à la consommation pour leurs dépenses personnelles - Graphique)
Le crédit à la consommation en pourcentage de la dette totale des ménages est encore relativement faible dans les deux pays
Au Canada, le crédit à la consommation a fluctué entre 26 % et 33 % de la dette totale des ménages durant la période de 1980 à 2005. Ces proportions indiquent deux tendances distinctes : une baisse constante entre 1985 et 1993 et une hausse par la suite. Un recul de la proportion du crédit à la consommation signifie une augmentation de la proportion du crédit hypothécaire. L’augmentation de la dette hypothécaire au cours de cette période au Canada était largement due à l’achat de leur première maison par les membres de la génération du baby-boom. Toutefois, l’utilisation accrue du crédit à la consommation depuis 1992 est probablement attribuable à plusieurs facteurs, y compris la stagnation du revenu dans les années 1990, l’accès plus facile au crédit au début des années 2000 ainsi que l’évolution démographique et du mode de vie.
Le revenu des Américains ayant aussi stagné dans les années 1990, leur utilisation du crédit à la consommation a augmenté entre 1992 et 1996. La déductibilité des intérêts hypothécaires liés à une résidence principale peut inciter les Américains à hypothéquer ou réhypothéquer leur maison et à utiliser les sommes ainsi obtenues pour la consommation, l’investissement, la rénovation, le remboursement de prêts ou à d’autres fins. (Le crédit à la consommation en pourcentage de la dette totale des ménages est encore relativement faible dans les deux pays - Graphique)
Le taux hypothécaire ordinaire est d’habitude plus élevé au Canada qu’aux États-Unis
Étant donné la taille du marché et la concurrence entre les institutions financières et les prêteurs privés, le taux hypothécaire ordinaire sur cinq ans aux États-Unis est habituellement plus faible qu’au Canada. L’écart entre les taux a atteint son maximum au cours des récessions de 1981-1982 et 1989-1991. Dans les deux pays, les taux hypothécaires étaient les plus élevés en 1981 : 18,4 % au Canada et 16,6 % aux États-Unis. En 2005, ils sont tombés à moins de 6 %. Depuis 1996, les taux hypothécaires ordinaires dans les deux pays sont assez proches (plus élevés d’un demi point ou moins au Canada). (Le taux hypothécaire ordinaire est d’habitude plus élevé au Canada qu’aux États-Unis - Graphique)
Le taux d’épargne personnelle est en baisse
Si le taux d’épargne personnelle au Canada a systématiquement été plus élevé qu’aux États-Unis, les deux pays ont connu une baisse. Le taux d’épargne a culminé à 20,2 % au Canada en 1982 et à 7,5 % aux États-Unis en 1981. Les taux d’intérêts élevés durant ces années ont probablement encouragé l’épargne et l’investissement. Par contre, les personnes qui ont emprunté ont chèrement payé. Mais vers la fin des années 1990, les deux taux ont convergé, atteignant 1,2 % au Canada et -0.4 % aux États-Unis en 2005.
Les raisons de la baisse sont les mêmes dans les deux pays : davantage de consommation personnelle et transferts obligatoires plus élevés (impôts sur le revenu et cotisations à la sécurité sociale). En 1982, les Canadiens ont consacré 63,4 cents de chaque dollar de revenu à la consommation et 20,0 cents aux transferts, et les Américains, 73,7 cents et 20,7 cents respectivement. En 2005, les Canadiens ont consacré 74,0 cents à la consommation et 25,1 cents aux transferts, et les Américains, 78,6 cents et 21,7 cents. (Le taux d’épargne personnelle est en baisse - Graphique)
Les dépenses de consommation par habitant ont dépassé le revenu disponible, tant au Canada qu’aux États-Unis
Au cours de la période de 1980 à 2005, les dépenses de consommation par habitant au Canada ont plus que triplé, passant de 6 870 $ à 23 560 $, tandis que le revenu disponible a augmenté dans une proportion moindre — passant de 8 390 $ à 24 400 $ (2,9 fois). Aux États-Unis, les dépenses et le revenu disponible ont augmenté de façon plus marquée — passant de 8 770 $ CAN à 37 980 $ CAN (4,3 fois) et de 9 710 $ CAN à 39 260 $ CAN (4,0 fois). La disparité entre le Canada et les États-Unis au chapitre des dépenses et du revenu disponible par habitant s’est accrue et, les dépenses de consommation ayant dépassé le revenu disponible, Canadiens et Américains ont dû avoir recours au crédit pour financer leurs dépenses. (Les dépenses de consommation par habitant ont dépassé le revenu disponible, tant au Canada qu’aux États-Unis - Graphique)
La dette par habitant est plus élevée chez les Américains que chez les Canadiens
La dette par habitant des Canadiens a augmenté de 5,2 fois au cours des 25 dernières années, passant de 5 470 $ en 1980 à 28 390 $ en 2005. Dans le cas des Américains, elle a augmenté de 7,5 fois, passant de 6 510 $ CAN à 48 700 $ CAN. La dette par habitant a augmenté de façon constante dans les deux pays, mais la disparité, presque inexistante au début des années 1980, s’est accrue de façon marquée à partir de 1999. Cela tient en partie au fait que les Américains ont opté pour une augmentation de la dette hypothécaire (y compris le refinancement). L’augmentation de la dette hypothécaire pour le refinancement ou les prêts fondés sur l’avoir propre immobilier signifient que les propriétaires de maison des deux pays utilisent leur résidence comme une source de financement de leurs dépenses plutôt que comme un investissement. (La dette par habitant est plus élevée chez les Américains que chez les Canadiens - Graphique)
Dans les deux pays, la dette totale des ménages a été plus élevée que les dépenses de consommation et le revenu disponible
La dette des ménages, agrégée selon les monnaies respectives, a augmenté au Canada, passant de 134 milliards de dollars en 1980 à 916 milliards de dollars en 2005 (6,8 fois), et aux États-Unis, de 1,3 billion de dollars à 11,2 billions de dollars (8,6 fois). Même si l’inflation était presque la même dans les deux pays, les dépenses de consommation et le revenu disponible ont augmenté dans une moindre mesure au Canada. Les dépenses de consommation, par exemple, sont passées de 168 milliards de dollars à 760 milliards de dollars au Canada et de 1,8 billion de dollars à 8,7 billions de dollars aux États-Unis. (Dans les deux pays, la dette totale des ménages a été plus élevée que les dépenses de consommation et le revenu disponible - Graphique)
L’augmentation de la dette des ménages, des dépenses de consommation et du revenu disponible a varié selon l’activité économique, tant au Canada qu’aux États Unis
Au total, 35,0 % de la hausse de la dette des ménages entre 1980 et 2005 s’est produite entre 1985 et 1990 au Canada, contre 22,2 % aux États-Unis. Il s’agit d’une période pendant laquelle les membres de la génération du baby-boom au Canada achetaient probablement leur première maison. L’augmentation la plus importante de la dette des Américains (24,8 %) s’est produite entre 2000 et 2005, contre 20,4 % pour les Canadiens. Il s’agissait d’une période de prospérité pendant laquelle les taux de chômage et d’inflation étaient plus faibles et s’accompagnaient de taux d’intérêt plus bas et d’un accès facile au crédit.
Comme les dépenses de consommation et le revenu disponible (en dollars courants) réagissent fortement au taux d’inflation, ils ont augmenté relativement plus durant la période de 1980 à 1985, qui a été caractérisée par une inflation élevée —30,5 % de l’augmentation des dépenses de consommation au Canada et 27,2 % aux États-Unis. Au cours de la période de 2000 à 2005, caractérisée par une faible inflation, ces taux sont tombés à 16,2 % dans les deux pays. L’augmentation globale du revenu disponible affiche une tendance similaire. (L’augmentation de la dette des ménages, des dépenses de consommation et du revenu disponible a varié selon l’activité économique, tant au Canada qu’aux États Unis - Graphique)
Définitions
Revenu personnel
Somme du revenu d’un travail, d’une entreprise non constituée en société, des intérêts et des placements et des transferts gouvernementaux reçus par les particuliers et les organismes sans but lucratif ou de bienfaisance.
Revenu personnel disponible
Revenu personnel, moins les impôts sur le revenu et d’autres retenues obligatoires versées au gouvernement.
Dépenses de consommation personnelles
Somme des dépenses en aliments et boissons, vêtements, logement, meubles, soins médicaux, transport, communications et loisirs.
Épargne personnelle
Revenu personnel, moins les dépenses de consommation, les impôts et les transferts au gouvernement, ainsi qu’aux sociétés et aux non-résidents.
Dette de consommation
Soldes de cartes de crédit, prêts automobiles, autres prêts personnels, acomptes ou dettes renouvelables et factures non payées.
Dette par habitant
Passif total (dette de consommation et dette hypothécaire) divisé par la population. Le revenu disponible et les dépenses par habitant sont calculés de la même façon. Les comparaisons des montants par habitant sont faites en dollars canadiens, après conversion des données américaines selon les parités de pouvoir d’achat.
Taux d’épargne personnelle
Épargne personnelle en pourcentage du revenu personnel disponible. |
Note
- Le taux plus élevé de transferts au gouvernement au Canada peut être attribué en partie au financement de l’assurance-maladie et des prestations de sécurité sociale universelles. Aux États-Unis, Medicaid n’est accessible qu’aux personnes à revenu limité, tandis que Medicare est accessible aux personnes âgées de 65 ans et plus.
Pour plus de renseignements, communiquez avec Raj K. Chawla, Division de l'analyse des enquêtes auprès des ménages et sur le travail. On peut le joindre au 613-951-6901 ou à raj.chawla@statcan.gc.ca.Le dette des particuliers PDF
Pour visualiser les documents PDF, vous devez utiliser le lecteur Adobe gratuit. Pour visualiser (ouvrir) ces documents, cliquez simplement sur le lien. Pour les télécharger (sauvegarder), mettez le curseur sur le lien et cliquez le bouton droit de votre souris. Notez que si vous employez Internet Explorer ou AOL, les documents PDF ne s'ouvrent pas toujours correctement. Veuillez consulter Dépannage pour documents PDF. Il se peut que les documents PDF ne soient pas accessibles au moyen de certains appareils. Pour de plus amples renseignements, visitez le site Adobe ou contactez-nous pour obtenir de l'aide.
|
|