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Repli de l'emploi au Canada

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Par Sébastien LaRochelle-Côté et Jason Gilmore

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Adaptation de l'étude « Repli de l'emploi au Canada : octobre 2008 à octobre 2009 » parue dans L'Observateur économique canadien et accompagnée d'un court article dans Le Quotidien.

Au cours d'une période prolongée jusqu'en octobre 2008, les niveaux d'emploi ont atteint un sommet inégalé et les taux de chômage ont frôlé des creux historiques au Canada. Dans les mois qui ont suivi, un repli soudain de l'économie mondiale a provoqué des pertes d'emploi généralisées pour la première fois depuis la récession de 1990-1992. Étant donné que nombre de ces emplois ont été perdus dès le début de la récession, de nombreux observateurs ont exprimé des inquiétudes par rapport à la sévérité de la récession.

Un an plus tard, la perspective a quelque peu changé. Les pertes d'emploi se sont amenuisées au cours de la deuxième moitié de l'année, alors que les diminutions survenues lors de certains mois ont été compensées par des gains lors d'autres mois. Toutefois, des questions par rapport à l'effet du repli sur certains groupes précis sont restées sans réponse.

Le présent article fait l'examen des changements dans les niveaux d'emploi d'une année à l'autre (entre octobre 2008 et octobre 2009) selon divers groupes démographiques, types de famille et caractéristiques de l'emploi. Il propose également une comparaison avec la situation observée lors des 12 premiers mois des récessions qu'a connues le Canada au début des années 1980 et 1990 (voir Source des données et définitions). Une comparaison de la situation de l'emploi entre le Canada et les États-Unis est également effectuée.

Les résultats indiquent que tous les groupes n'ont pas été touchés de façon identique par les pertes d'emploi, et que certains ont même enregistré des gains. Les comparaisons avec les récessions précédentes démontrent que même si les pertes d'emploi ont été plus prononcées au cours des premiers mois du repli, les niveaux d'emploi se sont stabilisés plus rapidement que lors des récessions précédentes.

Perte nette de 400 000 emplois depuis octobre 2008

En octobre 2009, l'emploi au Canada a fléchi de 400 000 par rapport au sommet d'octobre 2008, une baisse de 2,3 % selon les données désaisonnalisées1. Au cours de la même période, le taux de chômage a augmenté, passant de 6,3 % à 8,6 %. Les diffusions mensuelles précédentes ont montré d'importantes variations selon le groupe d'âge, l'industrie et la région.

L'un des aspects clés du repli est que les personnes plus jeunes et les hommes âgés de 25 à 54 ans ont été davantage touchés par les pertes d'emploi (tableau 1). Entre octobre 2008 et octobre 2009, l'emploi a diminué de 10,8 % chez les jeunes hommes âgés de moins de 25 ans, et de 6,5 % chez les femmes du même groupe d'âge. Les hommes du principal groupe d'âge actif (25 à 54 ans) ont également été affectés puisque l'emploi a diminué de 3,3 % parmi ces derniers au cours de la période. Toutefois, des gains ont été observés chez les personnes âgées de 55 ans ou plus, surtout chez les femmes, dont l'emploi a augmenté de 6,0 %.

Un autre fait connu de cette récession est que certains secteurs industriels — particulièrement la fabrication, la construction, les ressources naturelles, le transport et l'entreposage, ainsi que le commerce de gros et de détail — ont été plus touchés que d'autres. Les industries du secteur de la fabrication, en particulier, ont enregistré un recul de 218 000 entre octobre 2008 et octobre 2009 et représenté plus de la moitié du déclin net de l'emploi au cours de la période.

Le secteur de la fabrication a fait l'objet d'une attention plus soutenue que d'autres industries pour des raisons différentes de celles liées à l'ampleur des pertes d'emploi. Premièrement, les diminutions dans ce secteur ont commencé beaucoup plus tôt. L'emploi dans la fabrication a fléchi de 555 900 entre 2004 et 2009. Ainsi, le repli actuel a simplement accéléré une tendance à long terme dans cette industrie (graphique A). Deuxièmement, alors que les pertes dans la plupart des autres industries ont principalement eu lieu au cours des cinq premiers mois de la récession, les diminutions d'emploi dans le secteur de la fabrication se sont poursuivies au cours des mois subséquents2. Cela va de pair avec les résultats d'autres études portant sur le secteur de la fabrication (Bernard, 2009).

Les effets du repli ont été différents à travers le pays (tableau 2). Avec un déclin de 205 900 (ou -3,1 %) sur 12 mois, l'Ontario a connu les plus grandes pertes d'emploi en termes absolus, un fait probablement associé à la forte concentration d'industries manufacturières dans cette province. En proportion, toutefois, c'est l'Alberta qui a connu le plus de pertes (-3,3 %). En contrepartie, l'emploi a diminué de façon beaucoup plus modeste dans les provinces de l'Atlantique (-0,8 %) et est resté relativement stable au Manitoba et en Saskatchewan au cours de la période. Le Québec a enregistré un recul (-1,6 %) légèrement en deçà de la moyenne canadienne, tandis que la Colombie-Britannique (-2,2 %) a connu une baisse semblable à celle de l'ensemble du Canada.

Alors que les aspects du repli liés à l'âge, à la géographie et aux industries sont bien connus, des questions subsistent quant à son incidence sur d'autres groupes de population. Au cours des cycles économiques précédents, certains groupes démographiques et types d'emploi ont été touchés davantage par les replis.

Variations de l'emploi selon les caractéristiques personnelles3

Des études précédentes ont démontré que des niveaux de scolarité plus élevés étaient associés à des niveaux d'emploi plus stables au cours des cycles économiques précédents (Picot et Heisz, 2000). Le repli actuel ne fait pas exception à cette règle.

Entre octobre 2008 et octobre 2009, les hommes du principal groupe d'âge actif ayant fait des études secondaires ou moins ont connu la plus forte diminution de l'emploi (-5,2 %), bon nombre d'entre eux ayant travaillé dans des industries comme la fabrication et la construction (tableau 3). Les femmes qui ont fait des études secondaires ou moins ont également accusé des pertes assez importantes au chapitre de l'emploi (-3,6 %). 

Comme le démontrent des études précédentes, le nombre d'employés était plus stable parmi les travailleurs ayant un niveau de scolarité plus élevé. Certains gains ont été observés chez les femmes ayant une instruction de niveau collégial (+0,9 %), alors que de légères pertes ont été enregistrées chez les hommes et les femmes ayant un grade universitaire (-0,6 % et -1,2 % respectivement).

De récentes études ont fait état de la détérioration relative des résultats économiques des immigrants, plus particulièrement ceux arrivés récemment au Canada (voir Picot, 2008, pour une liste de ces études). La situation est similaire dans le cas de ce repli, alors que l'emploi a diminué plus rapidement pour les immigrants qui sont arrivés au cours des cinq années précédentes (-12,9 %) que pour les personnes nées au Canada (-2,2 %). Encore une fois, le gros des pertes pour ces immigrants s'est produit dans le secteur de la fabrication. Cependant, les immigrants qui étaient au Canada depuis plus de cinq ans ont enregistré des pertes beaucoup plus faibles que les personnes nées au Canada au cours de la période de 12 mois.

Parmi les Autochtones âgés de 25 à 54 ans (en excluant ceux vivant dans les réserves), le rythme des pertes d'emploi au cours de cette période de 12 mois était deux fois plus rapide que parmi la population non autochtone (-4,0 % contre -1,9 %). Fait à noter, les Autochtones vivant hors réserve continuent également d'avoir un taux de chômage plus élevé et un taux d'emploi plus faible que les non-Autochtones.

L'incidence du repli a aussi varié selon le type de famille (tableau 4). Dans tous les types de famille, l'emploi chez les jeunes a été particulièrement touché. Les familles biparentales comptant des enfants plus jeunes ont aussi été touchées au cours de la période de 12 mois. En effet, l'emploi a fléchi de 2,5 % chez les mères et de 2,4 % chez les pères dans les familles biparentales comptant au moins un enfant de moins de 18 ans. Au cours des 12 premiers mois des deux replis précédents, les pères de jeunes enfants avaient connu des pertes d'emploi plus marquées que les mères.

Les mères seules ayant des enfants plus jeunes ont également enregistré des pertes importantes, leur niveau d'emploi ayant chuté de 6,8 %. En revanche, leurs homologues masculins ont profité d'une hausse de l'emploi de 4,6 % durant la même période4. Ces changements récents de l'emploi chez les mères seules et les pères seuls sont similaires à ce qui s'est produit durant les 12 premiers mois des deux replis précédents.

Par ailleurs, la croissance de l'emploi chez les membres des « autres familles économiques » (p. ex., frères et sœurs adultes vivant ensemble, parent âgé vivant avec un enfant âgé) a été alimentée par une hausse du nombre de personnes vivant dans de telles familles au cours de cette période d'un an.

Variations de l'emploi selon les caractéristiques de l'emploi

D'autres études ont démontré qu'une période de repli de l'emploi est généralement associée à des changements dans la composition des genres d'emploi. Le travail autonome, qui a tendance à croître lorsque l'économie est en difficulté, en est un exemple (Picot et Heisz, 2000).

Depuis octobre 2008, le nombre de personnes dont le principal emploi est un travail autonome a augmenté de 3,9 %, soutenu par une croissance significative survenue après les sept premiers mois du repli (graphique B) 5. À l'opposé, les emplois principaux parmi les employés des secteurs privé et public ont diminué environ au même rythme pendant les premiers mois du repli. Au cours des sept mois qui ont suivi, le nombre d'employés du secteur public est resté stable, tandis que celui du secteur privé a poursuivi sa baisse. La tendance observée dans le secteur privé traduit les difficultés qui subsistent dans les industries de la fabrication, de la construction, ainsi que du transport et de l'entreposage.

L'étendue des pertes d'emploi a également varié de façon considérable selon les heures de travail, la durée d'occupation de l'emploi, le régime de travail, l'affiliation syndicale et l'échelle des salaires (tableau 5)6

Depuis le début du repli, le travail à temps plein a connu une baisse considérable (-2,2 %) et supérieure à celle enregistrée pour le travail à temps partiel (-1,6 %). Le fléchissement de l'emploi a été particulièrement marqué chez les personnes travaillant un plus grand nombre d'heures, soit 40 heures ou plus de 40 heures (-4,6 % et -4,5 % respectivement). Par contre, le nombre d'employés ayant un horaire à temps plein réduit — entre 30 et 34 heures — a augmenté au cours de la période (+8,2 %). Ce déclin du nombre d'heures plus longues et la progression des horaires de travail allégés à temps plein vont de pair avec les changements observés dans les heures au cours des 12 premiers mois des deux replis antérieurs. Ces changements ne sont peut-être pas entièrement attribuables aux pertes d'emploi; ils pourraient aussi s'expliquer par la réduction des heures de travail chez les personnes occupant un emploi.

Les pertes d'emploi chez les employés permanents sont également plus importantes. Entre octobre 2008 et octobre 2009, le nombre de personnes occupant un emploi permanent a diminué de 3,8 %, tandis que celui des personnes ayant un emploi temporaire a augmenté de 0,7 %.

Les travailleurs en poste depuis peu ont aussi été considérablement touchés par le repli, puisque le nombre d'employés a fléchi de 662 700 (-17,8 %) parmi ceux dont la durée d'occupation de l'emploi était d'un an ou moins. Par contre, il y a eu une augmentation (+4,2 %) du nombre de travailleurs parmi ceux ayant passé de 1 à 5 ans dans leur emploi, et peu de changements quant au nombre de travailleurs ayant plus de 5 ans d'expérience dans leur emploi. L'étendue des pertes est probablement à la fois le résultat de pertes d'emploi parmi les postes de courte durée etd'un faible niveau d'embauche.

Les employés non syndiqués ont été plus affectés par les pertes d'emploi (-4,0 %) que leurs homologues syndiqués (-1,7 %) entre octobre 2008 et octobre 2009. Ces résultats s'expliquent par la concentration des emplois syndiqués dans le secteur public, lequel est généralement plus stable.

Certaines études ont démontré que les périodes de repli économique peuvent mener à des changements dans la répartition des gains (Heisz, Jackson et Picot, 2002). Les employés touchant moins de 10 $ l'heure ont connu les pertes d'emploi les plus importantes au cours de la période (‑24,8 %), suivis de ceux gagnant de 10,00 $ à 19,99 $ l'heure (-2,2 %). Parmi ceux touchant moins de 10 $, les pertes d'emploi sont surtout survenues dans les secteurs de la fabrication, du commerce de gros et de détail, ainsi que de l'hébergement et des services de restauration. Les pertes importantes enregistrées chez les travailleurs à faible salaire et ceux dont l'emploi a été de courte durée vont de pair avec les difficultés particulières rencontrées par les travailleurs plus jeunes et les immigrants très récents, puisque ceux-ci sont surreprésentés dans ces types d'emploi.

Cependant, le nombre d'employés touchant 30 $ ou plus l'heure s'est accru — particulièrement ceux dont le salaire était de 40 $ ou plus l'heure (+12,9 %). Les femmes représentaient les deux tiers de la hausse relative à ceux gagnant 40 $ ou plus l'heure, particulièrement celles travaillant dans les secteurs des soins de santé et de l'assistance sociale, des services d'enseignement, des administrations publiques, de la finance, de l'immobilier et de la location.

Comparaisons avec les récessions précédentes

Dans la présente section, les tendances récentes de l'emploi sont comparées avec celles des deux replis précédents (en fonction de données désaisonnalisées). Plus précisément, le nombre d'emplois juste avant le repli est indexé à 100 et est ensuite examiné pendant les 12 premiers mois des trois replis de l'emploi les plus récents, soit de juin 1981 à juin 1982, d'avril 1990 à avril 1991, et d'octobre 2008 à octobre 2009.

L'emploi a fléchi beaucoup plus vite au cours des premiers mois du repli actuel que durant les premiers mois des récessions de 1981 et 1990 (graphique C). Cinq mois après le sommet enregistré en octobre 2008, l'emploi a chuté de 2,1 %, comparativement à 0,8 % en 1981 et à 0,6 % en 1990.

Toutefois, les niveaux d'emploi ont commencé à se stabiliser tout de suite après les cinq premiers mois de la récession actuelle, alors que les pertes d'emploi ayant suivi le sommet se sont poursuivies pendant une période de 17 mois en 1981-1982 et pendant 11 mois en 1990-1991. En proportion, les pertes d'emploi après 12 mois étaient donc semblables à celles enregistrées lors de la récession du début des années 1990 (-2,3 %) et moindres que celles de la récession du début des années 1980 (-3,9 %). Même si de tels résultats peuvent laisser croire que le marché du travail se redresse plus rapidement qu'au cours des récessions précédentes, l'histoire démontre que le chemin de reprise de l'emploi n'est pas toujours facile. Par exemple, au cours du repli du début des années 1990, les 11 premiers mois de déclin ont été suivis de six mois de croissance modeste, pour être ensuite suivis d'une autre période de déclin de sept mois.

Comparaisons entre le Canada et les États-Unis

Les comparaisons avec les pertes d'emploi subies par le principal partenaire commercial du Canada, les États-Unis, sont également une source d'intérêt étant donné le volume élevé d'échanges commerciaux entre les deux pays. Les estimations du nombre d'emplois entre les deux pays ne peuvent pas être comparées directement étant donné les différences liées à la conception des enquêtes, mais certaines comparaisons peuvent être effectuées en utilisant les taux de chômage (graphique D)7. Puisque l'emploi aux États-Unis a atteint un sommet pour la dernière fois en décembre 2007, des taux de chômage conceptuellement comparables sont examinés pour la période allant de décembre 2007 à octobre 2009.

Au cours des six premiers mois de 2008, les taux de chômage américains et canadiens étaient presque les mêmes. Peu de temps après — et pour la première fois depuis 1982 —, le taux de chômage américain a surpassé le taux canadien alors que la récession commençait à faire sentir ses effets de façon prononcée sur le marché du travail américain. Depuis le début du repli au Canada, le taux de chômage a également augmenté au Canada, mais de manière un peu plus modérée qu'aux États-Unis. En conséquence, les taux canadiens sont constamment demeurés inférieurs aux taux américains depuis mai 2008. Au cours des deux récessions précédentes, le marché du travail canadien avait connu les plus fortes hausses du taux de chômage.

 Il est à noter que le taux plus élevé observé aux États-Unis est lié aux plus grandes pertes dans les secteurs de la finance, des services professionnels et des affaires. D'après l'enquête américaine Current Employment Statistics (CES), les pertes des secteurs de la finance et des affaires ont représenté près de 25 % du nombre total des pertes d'emploi enregistrées au sud de la frontière entre octobre 2008 et octobre 20098. À titre de comparaison, le nombre d'emplois a augmenté dans ces secteurs au Canada au cours de cette période, bien que modestement.

Sommaire

Pour la première fois depuis la récession de 1990-1992, l'emploi a fléchi de manière importante au Canada. Depuis qu'il a atteint un sommet pour la dernière fois en octobre 2008, il a baissé de 2,3 % par la suite, ce qui représente 400 000 personnes. Alors que plusieurs faits liés à la récession sont relativement bien connus — notamment des pertes d'emploi plus élevées chez les jeunes, les hommes et les travailleurs du secteur de la fabrication —, diverses questions demeurent à propos des pertes d'emploi parmi d'autres groupes de travailleurs et types d'emploi.

Puisque l'emploi a atteint un sommet en octobre 2008, il est maintenant possible d'examiner les variations annuelles dans les niveaux d'emploi pour un plus grand nombre de groupes de population sans avoir à se soucier des problèmes liés aux variations saisonnières. Dans cet article, les changements d'une année à l'autre dans les niveaux d'emploi ont été examinés selon diverses caractéristiques personnelles, familiales et professionnelles. Des comparaisons avec des replis précédents et avec l'évolution récente du marché du travail américain ont également été effectuées.

Au cours du repli actuel, les pertes d'emploi ont davantage touché les emplois moins bien rémunérés ou occupés depuis peu et, par conséquent, les personnes qui exerçaient ces emplois. De lourdes pertes d'emploi ont été signalées parmi les immigrants arrivés récemment, les jeunes travailleurs et ceux dont le niveau de scolarité est moins élevé. Les pertes ont aussi proportionnellement touché davantage d'autres groupes démographiques, soit les mères seules, les parents de jeunes enfants et les travailleurs non syndiqués.

En dépit de la concentration des pertes d'emploi au bas de l'échelle salariale, des emplois habituellement considérés comme « non vulnérables » sont également disparus. Par exemple, l'emploi a baissé plus rapidement chez les personnes travaillant plus de 40 heures par semaine et les travailleurs permanents. En outre, les pertes dans le secteur de la fabrication, qui se sont amorcées en 2004, se sont accélérées au cours de la période de 12 mois s'échelonnant d'octobre 2008 à octobre 2009. Par contre, le nombre d'emplois dont le taux de rémunération est très élevé s'est accru au cours de cette période.

Les résultats montrent également que ce repli diffère des précédents, et ce, pour au moins deux raisons. D'abord, même si l'emploi a fléchi plus rapidement durant les premiers mois que lors des replis précédents, son niveau s'est stabilisé plus rapidement au cours de la récession actuelle. En proportion, les pertes d'emploi après 12 mois étaient donc semblables à celles du repli du début des années 1990 et moindres que celles du repli du début des années 1980. Ensuite, le marché du travail américain a été touché plus tôt et est toujours en plus mauvais état que le marché canadien. En mai 2008, le taux de chômage américain a dépassé celui du Canada pour la première fois depuis 1982, et l'écart ne s'est pas refermé depuis.

Source des données et définitions 

La présente étude est fondée sur des données tirées de l'Enquête sur la population active (EPA). L'EPA est menée chaque mois afin de recueillir des données à propos des activités sur le marché du travail des personnes âgées d'au moins 15 ans, exception faite des résidents des logements collectifs, des personnes vivant dans des réserves ou d'autres établissements autochtones, et des membres des Forces canadiennes à plein temps. Les personnes occupées sont définies comme étant celles qui avaient un emploi au moment de la semaine de référence de l'enquête.

Selon l'EPA, l'emploi a atteint un sommet en octobre 2008 au Canada. Dans cette même enquête, les estimations de l'emploi pour certains groupes démographiques et certaines caractéristiques de l'emploi ne sont pas ajustées pour tenir compte des variations saisonnières. Une étude détaillée des changements de l'emploi depuis le sommet atteint devait donc attendre jusqu'à la publication des données d'octobre 2009, car les variations d'une année à l'autre sont moins susceptibles d'être influencées par le processus visant à désaisonnaliser les données.

Par ailleurs, les « variations » de l'emploi ne doivent pas être interprétées comme étant le nombre total d'emplois perdus pendant la récession. Les variations de l'emploi en provenance de l'EPA devraient être interprétées comme étant le changement net dans les niveaux d'emploi puisqu'elles représentent la différence entre toutes les pertes et tous les gains au cours de la période.  


Notes

  1. Selon les données non désaisonnalisées, la baisse s'établissait à 2,1 %, ou 360 000 emplois.
  2. Les pertes ont été particulièrement importantes dans la fabrication de matériel de transport, de meubles et de produits connexes, de produits métalliques, de produits informatiques et électroniques, ainsi que du papier.
  3. Dans cette section, les variations de l'emploi ne sont examinées que pour les travailleurs du principal groupe d'âge actif puisque les résultats globaux pour les caractéristiques personnelles ont tendance à être influencés de façon disproportionnée par la répartition en âge des personnes à l'intérieur des groupes. Par ailleurs, les données ne sont pas désaisonnalisées. Bien que cela influe sur le nombre d'emplois en termes absolus, les changements en pourcentage n'en sont que peu affectés.
  4. La taille de l'échantillon des pères seuls est relativement petite. 
  5. Les données du graphique B sont désaisonnalisées.
  6. Les données du tableau 5 ne sont pas ajustées en fonction des variations saisonnières.
  7. Les taux de chômage canadiens ont été ajustés afin que la couverture de la population soit la même que celle de la Current Population Survey, qui est l'équivalent américain de l'Enquête sur la population active.
  8. L'enquête CES permet de recueillir mensuellement des informations sur l'emploi non agricole. Les résultats pour octobre 2009 reposent sur des données préliminaires.

Documents consultés

BERNARD, André. 2009. « Tendances de l'emploi manufacturier », L'emploi et le revenu en perspective, vol. 10, no 2, février, no 75-001-X au catalogue de Statistique Canada, (consulté le 28 octobre 2009).

HEISZ, Andrew, Andrew JACKSON et Garnett PICOT. 2002. Les entreprises gagnantes et perdantes du marché de l'emploi des années 90, no 11F0019MIF au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, 42 p., « Direction des études analytiques : documents de recherche », no 184, (consulté le 17 novembre 2009).

PICOT, Garnett. 2008. Situation économique et sociale des immigrants au Canada : recherche et élaboration de données à Statistique Canada, no 11F0019M au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, 39 p., « Direction des études analytiques : documents de recherche », no 319, (consulté le 17 novembre 2009).

PICOT, Garnett, et Andrew HEISZ. 2000. Le marché du travail des années 1990, no 11F0019MPF au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, 48 p., « Direction des études analytiques : documents de recherche », no 148, (consulté le 17 novembre 2009).

Auteurs

Sébastien LaRochelle-Côté est au service de la Division de l'analyse des enquêtes auprès des ménages et sur le travail. On peut le joindre au 613-951-0803. Jason Gilmore est au service de la Division de la statistique du travail. On peut communiquer avec lui au 613-951-7118. On peut joindre tous les auteurs à perspective@statcan.gc.ca.