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L'emploi et le revenu en perspective - Septembre 2007

Les habitudes de dépenses au Canada et aux États-Unis

Raj K. Chawla

En plus de se partager une frontière, le Canada et les États-Unis ont bien des caractéristiques démographiques et économiques en commun. Par exemple, les deux pays ont une population vieillissante, l'âge médian en 2005 ayant atteint 38,0 au Canada et 35,9 aux É.-U. La même année, les deux tiers de la population en âge de travailler de chaque pays faisaient partie de la population active, et les taux de chômage des deux pays étaient faibles, à 6,8 % au Canada et à 5,1 % aux É.-U. Les personnes de 65 et plus représentaient 13,1 % de la population du Canada, comparativement à 12,3 % aux É.-U. Par ailleurs, dans les deux pays, la majorité de la population vivait dans des ménages conventionnels à deux conjoints.

Bien qu'en raison de l'ALENA le cycle conjecturel et l'intégration économique aient varié à un degré ou à un autre au Canada et aux É.-U., les taux d'intérêt élevés du début des années 1980 ont fait place aux faibles taux d'intérêt des années 2000 dans les deux pays. En même temps, les dépenses de consommation ont augmenté en tant que pourcentage de l'activité économique (passant de 52,8 % à 58,9 % au Canada et de 61,4 % à 70,0 % aux É.-U.), ce qui a entraîné la chute du taux d'épargne des particuliers1.

En moyenne, les tendances de la variation du revenu et des dépenses sont prévisibles à mesure que les gens vieillissent. Les jeunes adultes gagnent moins et empruntent pour acheter leur maison et leurs biens. À l'âge moyen, l'expérience de travail fait grimper le revenu. Ce phénomène, agencé à la croissance de la taille de la famille, stimule les dépenses. Le revenu a tendance à atteindre un sommet chez les travailleurs dans la cinquantaine, et les dépenses diminuent à mesure que les hypothèques sont liquidées et que les enfants quittent le foyer, ce qui accroît le potentiel de réaliser des économies. La retraite signale une réduction du revenu, mais aussi des dépenses, puisque les dépenses liées à l'emploi disparaissent. Même si ces tendances générales se maintiennent dans la plupart des économies avancées, elles peuvent varier d'un pays à l'autre et au fil du temps. Le présent article compare les dépenses des ménages au Canada et aux É.-U. entre le début des années 1980 et 20032.

Les ménages sont regroupés selon l'âge de la personne repère afin de comparer les dépenses des années les plus productives du point de vue du revenu avec celles de l'après-retraite. Tous les montants sont en dollars canadiens de 2003 (voir Sources des données et définitions). Sept catégories de dépenses sont utilisées : aliments, logement, habillement, transport, santé, loisirs et « autres ». Étant donné que les moyennes sont fondées sur deux sources transversales, la croissance au fil du temps d'une composante donnée révèle que les ménages ont dépensé davantage en 2003 que leurs homologues au début des années 1980.

Caractéristiques démographiques des ménages : peu de différences entre le Canada et les É.-U.

Entre le début des années 1980 et 2003, les ménages canadiens ont vieilli un peu plus que leurs homologues américains. Au Canada, l'âge médian de la personne repère a augmenté, passant de 42,9 à 47,9 ans de 1982 à 2003, tandis qu'aux É.-U., il est passé de 43,5 à 46,9 ans entre 1984 et 2003 (tableau 1). En 2003, les proportions des ménages dans lesquels la personne repère avait 75 ans ou plus étaient assez proches dans les deux pays, soit 9,3 % au Canada et 9,9 % aux É.-U. Par contre, la proportion de jeunes ménages (moins de 35 ans) aux É.-U. était supérieure de 4,3 points de pourcentage à celle du Canada.

Le ménage canadien moyen était un peu plus grand que son homologue américain au début des années 1980, mais en 2003, l'écart avait disparu, la taille des ménages moyens se situant à 2,5 personnes dans les deux pays. Aussi bien au Canada qu'aux É.-U., la taille des ménages atteignait un sommet dans le groupe d'âge des 35 à 44 ans (3,2), pour diminuer progressivement avec l'âge de la personne repère, atteignant 1,5 dans le cas des ménages âgés (75 ans et plus).

Les taux d'accession à la propriété étaient semblables dans les deux pays pour les ménages de 15 à 54 ans, mais l'écart s'élargissait pour les ménages plus âgés en faveur des É.-U., soit de 6 ou 7 points de pourcentage pour le groupe des 55 à 64 ans à 13 ou 14 points pour les ménages de 75 ans et plus en 2003. Le taux d'accession à la propriété a augmenté dans les deux pays au cours des 25 dernières années, laissant l'écart global à peu près au même niveau. Néanmoins, la diminution de la taille du logement associée au vieillissement de la population était évidente dans les deux pays, où le taux d'accession à la propriété dégringolait après l'âge de 65 ans.

Le logement arrive en tête des dépenses

Aussi bien au début des années 1980 qu'en 2003, les ménages des deux pays allouaient le tiers de leur dollar de consommation au logement, et le cinquième au transport3. Les aliments, qui constituaient la troisième grande composante, représentaient de 15 à 21 cents par dollar dépensé. Ces trois composantes représentaient 71 cents par dollar de consommation au début des années 1980, comparativement à environ 75 cents en 2003 (tableau 2). Pendant les deux périodes, les ménages consacraient 17 cents par dollar de consommation à l'habillement, aux loisirs et divertissements, et à la santé. Dans l'ensemble, les habitudes de dépenses n'ont pas beaucoup changé, les ménages canadiens dépensant seulement 9 cents de leur dollar de consommation différemment en 2003 par rapport aux années 1980, et leurs homologues américains, seulement 5 cents. Toutefois, étant donné que les ménages canadiens dépensaient relativement plus, les tendances des deux pays s'étaient rapprochées en 2003.

Les ménages canadiens et américains ont dépensé beaucoup plus au chapitre du logement, du transport, de la santé et des loisirs en 2003 qu'ils ne l'ont fait au début des années 1980, tandis qu'ils ont alloué une plus petite partie de leur budget aux aliments et à l'habillement (graphique A). (La croissance relativement plus marquée des dépenses au titre du transport et des loisirs au Canada était en partie attribuable à l'intégration en 2003 de sous-catégories, telles que la location et la location à bail de véhicules dans la catégorie du transport, et les voyages à forfait dans la catégorie des loisirs.) En revanche, les différences entre les deux pays en ce qui concerne les taux de décroissance des dépenses consacrées aux aliments et à l'habillement n'étaient pas très prononcées.

Les dépenses moyennes de consommation diminuent à mesure que les ménages passent de leurs années les plus productives du point de vue du revenu (de 45 à 54 ans) à leur progression dans le troisième âge (75 ans et plus) [graphique B]. Au Canada, la baisse était de 64 % en 1982 et de 58 % en 2003. Par contre, aux États-Unis, les baisses correspondantes se situaient à 59 % en 1984 et à 48 % en 2003. Même si l'écart entre les deux pays relativement aux dépenses moyennes se rétrécissait au fil du temps — davantage chez les ménages qui étaient dans leurs années les plus productives du point de vue du revenu que chez les ménages âgés —, la hausse des dépenses des ménages âgés était plus prononcée aux É.-U. qu'au Canada.

Au début des années 1980 comme en 2003, les personnes âgées ont consacré environ 40 cents de chaque dollar de consommation au logement. Le reste était réparti quelque peu différemment dans les deux pays — les Canadiens, davantage aux aliments et à l'habillement, et leurs homologues américains, davantage au transport et à la santé. Même si les dépenses en matière de santé augmentaient chez les personnes âgées dans les deux pays (passant de 3 à 7 cents au Canada et de 15 à 17 cents aux É.-U.), les personnes âgées au Canada bénéficiaient de soins de santé universels ainsi que de régimes d'assurance-médicaments subventionnés par les provinces. Les écarts entre les deux pays en ce qui concerne les habitudes de dépenses des ménages âgés sont demeurés presque inchangés, soit de 13,2 points de pourcentage en 2003 comparativement à 14,5 points au début des années 1980; les différences étaient principalement attribuables aux dépenses des Américains quant au transport, à la santé et aux aliments.

À l'instar des ménages âgés, ceux qui se situaient dans leurs années les plus productives du point de vue du revenu ont alloué environ le tiers de leur dollar de consommation au logement. Le reste des dépenses étaient réparties différemment dans les deux pays, mais les différences s'amenuisaient au fil du temps (d'un indice de différenciation de 11,2 points de pourcentage au début des années 1980 à 7,2 points en 2003), surtout parce que les ménages canadiens ont accru leurs dépenses au chapitre du logement, du transport et de la santé.

Dépenses liées au logement

En 2003, 67 % des ménages américains et 66 % des ménages canadiens étaient propriétaires d'un logement. Ils consacraient de 30 à 43 cents par dollar de consommation aux coûts d'habitation, aux activités entourant le logement, ainsi qu'aux articles et accessoires d'ameublement. Les dépenses de logement les plus élevées appartenaient au groupe d'âge des personnes de 35 à 44 ans, tandis que le revenu avant impôt et les dépenses de consommation globales atteignaient un sommet à l'âge de 45 à 54 ans. Entre le début des années 1980 et 2003, les dépenses moyennes consacrées au logement sont passées de 12 800 $ à 15 900 $ chez les Canadiens et de 14 300 $ à 16 700 $ chez les Américains (tableau 3).

Dans les deux pays, le logement représentait à lui seul de 70 % à 72 % des coûts d'habitation totaux; le reste était consacré aux activités entourant le logement, de même qu'aux articles et accessoires d'ameublement. Les versements hypothécaires réguliers étaient la principale composante des ménages du groupe des 25 à 54 ans. En revanche, chez les ménages âgés, les impôts fonciers ainsi que l'entretien et les réparations représentaient la majorité des dépenses consacrées au domicile en propriété. Les dépenses des personnes âgées, qui vivaient pour la plupart dans des maisons sans hypothèque, représentaient environ la moitié de celles des personnes qui étaient dans leurs années les plus lucratives.

Dans les deux pays, les ménages dont la personne repère avait moins de 25 ans, qui louaient habituellement leur logement, ont consacré la plus forte proportion au loyer, soit 45 cents par dollar alloué à l'habitation en 2003 au Canada et 51 cents aux É.-U. Étant donné que l'accession à la propriété grimpe avec l'âge jusqu'à ce que les principaux soutiens économiques atteignent le milieu de la soixantaine, les dépenses de loyer affichent une tendance inverse. La proportion consacrée au loyer augmente chez les personnes âgées, qui s'installent parfois dans des logements en location. Cela semble plus marqué au Canada, tandis que plus d'Américains âgés continuent d'habiter dans des logements en propriété.

Les Canadiens dépensent plus en transport public

À l'instar du logement, le taux d'accession à la propriété d'un véhicule était plus élevé aux É.-U. qu'au Canada, soit 88 % par rapport à 78 % en 2003. Bien que l'écart global se soit élargi depuis le début des années 1980, il s'est rétréci chez les personnes âgées, les Canadiens ayant vu leur taux d'accession à la propriété d'un véhicule augmenter davantage (tableau 4). Le taux variait selon l'âge, atteignant un sommet chez les personnes du groupe d'âge des 45 à 54 ans aux É.-U. (92 %), et chez celles du groupe des 55 à 64 ans au Canada (83 %) en 2003. Sans égard à l'âge, les ménages canadiens consacraient moins d'argent au transport (graphique C). Chez les personnes âgées des deux pays, les dépenses au titre du transport privé ont fortement augmenté du début des années 1980 à 2003, ce qui a plus qu'épongé la baisse des dépenses consacrées au transport public.

Les Canadiens ont dépensé plus que les Américains au chapitre du transport public, qui est plus largement utilisé après la retraite (les ménages retraités étant moins nombreux à être propriétaires d'un véhicule). Dans leurs années les plus productives du point de vue du revenu, les ménages canadiens ont consacré 8 cents par dollar de transport au transport public en 2003, tandis que les ménages âgés ont dépensé 11 cents; aux É.-U., les deux groupes ont alloué environ 5 cents.

Les dépenses en santé ont crû au Canada et aux États-Unis

Entre le début des années 1980 et 2003, les dépenses des ménages au chapitre de la santé sont passées de 1 000 $ à 1 500 $ au Canada et de 2 200 $ à 3 000 $ aux É.-U. (tableau 5). L'écart ayant trait aux dépenses de santé personnelles s'est légèrement rétréci mais est demeuré important, traduisant les divergences des systèmes de soins de santé de chaque pays. Les dépenses en médicaments sur ordonnance ont augmenté de 112 % au Canada, comparativement à 62 % aux É.-U. Néanmoins, les ménages canadiens de 25 ans et plus ont continué à débourser moins que les Américains. Au cours de la même période, les primes d'assurance-maladie ont progressé, passant du tiers à la moitié des dépenses en santé des ménages américains.

Aux É.-U., les dépenses de santé personnelles augmentent de façon soutenue avec l'âge. Au Canada, les ménages dont la personne repère était âgée de 55 à 64 ans dépensaient le plus. L'écart entre les deux pays en matière de santé était le plus prononcé chez les personnes âgées. Toutefois, entre le début des années 1980 et 2003, les dépenses en santé des personnes âgées ont progressé plus vite au Canada (3 fois) qu'aux É.-U. (1,5 fois), ce qui a quelque peu rétréci l'écart.

Résumé

Comparativement au début des années 1980, les ménages du Canada et des États-Unis ont, en 2003, dépensé proportionnellement plus au chapitre du logement, du transport et de la santé, et moins au titre des aliments et de l'habillement. La valeur marchande des habitations s'est accentuée pendant cette période, tout comme le coût de l'ameublement, des loyers, des activités entourant le logement et des impôts fonciers. Dans le même ordre d'idées, le coût des véhicules était en hausse en 2003. L'augmentation des dépenses en matière de santé était attribuable à la hausse des coûts des médicaments sur ordonnance et des autres services médicaux offerts aux ménages canadiens, ainsi qu'à la hausse des primes d'assurance-maladie aux É.-U.

Dans l'ensemble, les habitudes de dépenses des ménages au Canada et aux É.-U. se rapprochaient plus en 2003 qu'au début des années 1980, principalement en raison de l'évolution des habitudes de dépenses des Canadiens. Par exemple, les ménages canadiens avaient consacré 11 % de moins que les Américains au logement au début des années 1980, mais cette proportion était tombée à seulement 4 % en 2003. De la même manière, l'écart en ce qui concerne les dépenses de transport s'est rétréci, passant de 34 % à 17 %. Grâce aux soins de santé universels, les ménages canadiens ont continué de dépenser beaucoup moins au titre de la santé, même si l'écart s'est amoindri pour passer de 56 % dans les années 1980 à 48 % en 2003.

Les ménages des deux pays atteignaient l'apogée de leurs dépenses pendant leurs années les plus lucratives, à l'âge de 45 à 54 ans, après quoi revenus et dépenses amorçaient leur descente. Les habitudes de dépenses des deux pays se rapprochaient davantage pour les ménages du groupe des 45 à 54 ans que pour celui des 75 ans et plus. Les personnes âgées du Canada et des États-Unis ont amélioré leurs proportions de dépenses totales, surtout grâce à de meilleurs revenus. Aux États-Unis, un plus grand nombre de personnes âgées habitaient dans des logements en propriété et conduisaient des voitures achetées, tandis que leurs homologues canadiens dépensaient davantage au titre du transport public.

Les habitudes de dépenses évoluent au fil du temps et sont assujetties à bon nombre de facteurs, notamment les cycles économiques et les changements démographiques. L'intégration économique et la croissance des dépenses de consommation érodent peut-être les différences entre les habitudes de dépenses, mais les modèles distincts de prestations de soins de santé au Canada et aux États-Unis freinent cette convergence.


Sources des données et définitions

Les données pour le Canada proviennent de l'Enquête sur les dépenses des familles de 1982 et de l'Enquête sur les dépenses des ménages de 2003. Bien que de nombreuses améliorations aient été apportées au contenu de l'enquête ainsi qu'au processus de collecte et de traitement au fil des années, la classification générale des dépenses totales par composante est demeurée inchangée. Pour réduire le fardeau de réponse, l'enquête de 2003 comprenait 425 questions comparativement à 625 en 1982. Les deux enquêtes sont fondées sur des interviews sur place. Pour de plus amples renseignements, voir Statistique Canada (1984, 2000 et 2005).

Les données concernant les États-Unis proviennent de la Consumer Expenditure Survey (CES), réalisée par le U.S. Census Bureau en 1984 et en 2003 pour le Bureau of Labor Statistics. La collecte des données comporte deux volets : un journal, ou enquête axée sur la tenue de dossiers, rempli par les répondants participants pendant deux semaines consécutives; et une enquête par interview, dans laquelle les données sur les dépenses sont obtenues au moyen de cinq interviews réalisées sur des intervalles de trois mois (BLS, 2005, p. 4). Le journal permet de saisir les dépenses relatives à l'achat fréquent d'articles peu coûteux, tandis que l'interview s'attarde aux détails dont les consommateurs sont susceptibles de se souvenir pendant une période de trois mois ou plus.

Dépenses totales

Malgré les différents styles de collecte, le cadre de base et les composantes globales des dépenses totales des deux pays sont relativement comparables. Les dépenses totales au Canada représentent la somme des dépenses de consommation courantes, des cotisations aux valeurs mobilières, des autres dons en espèces et contributions, et de l'impôt sur le revenu des particuliers. Aux États-Unis, elles représentent la somme des trois premières composantes seulement. L'exclusion de l'impôt sur le revenu aux États-Unis est attribuable au fait que les données sur le revenu avant impôt et sur l'impôt sur le revenu recueillies par la CES sont relativement moins fiables et ne sont pas représentatives à l'échelle nationale. Étant donné les limites des données, il est impossible de comparer les éventuelles associations entre les revenus et les dépenses des ménages; on s'attarde strictement aux dépenses de consommation selon la CES des É.-U.

Les dépenses sont les coûts des transactions relatives aux biens et services consommés au cours d'une année de référence donnée, y compris les douanes et les taxes d'accise; les taxes de vente fédérales, des états (des provinces) et municipales; et d'autres droits. Les dépenses englobent les dépenses personnelles et celles dont les paiements n'avaient pas encore été effectués (par exemple, les articles achetés à crédit ou grâce à des régimes de paiement différé). Toutes les dépenses excluent la valeur de reprise. Les achats d'articles à des fins commerciales ont été exclus.

Les dépenses de consommation courantes englobent les aliments, le logement, les activités entourant le logement, les articles et accessoires d'ameublement, l'habillement, le transport, la santé, les soins personnels, les loisirs, le matériel de lecture et les autres imprimés, l'éducation, les produits du tabac et les boissons alcoolisées, et tous les autres articles (divers). Pour plus de détails, voir Statistique Canada (1984, 2005) et BLS (2005). Pour les besoins du présent article, ces 13 grandes composantes ont été réduites à sept : logement, transport, aliments, habillement, loisirs, santé, et le reste, principalement parce que les six premières composantes représentent environ 90 % des dépenses de consommation totales. Étant donné que les dépenses au titre du logement, du transport et de la santé ont augmenté au fil du temps aussi bien au Canada qu'aux É.-U., les variations de ces composantes sont étudiées plus à fond en ce qui a trait à leurs sous-composantes.

Les dépenses au chapitre du logement comprennent les paiements hypothécaires sur un logement occupé par le propriétaire, l'impôt foncier, le loyer, l'entretien, les réparations, l'assurance, les autres dépenses relatives à la propriété, les services publics (combustible, eau et électricité), les dépenses relatives à une maison de villégiature, l'hébergement dans un hôtel ou un motel, les activités entourant le logement, les articles et les accessoires d'ameublement. Dans l'Enquête sur les dépenses des familles de 1982, les intérêts hypothécaires étaient inclus dans la catégorie des coûts d'habitation, tandis que le principal était compris dans les variations nettes des avoirs et des dettes.

Les coûts de transport comprennent le transport privé et le transport public. Le premier englobe les dépenses nettes découlant de l'achat, de la location ou de la location à bail de véhicules, les permis et les autres frais connexes, l'utilisation de véhicules achetés ou loués à bail et l'assurance-automobile.

Les dépenses au titre de la santé comprennent toutes les dépenses personnelles associées aux fournitures et services médicaux et aux médicaments, ainsi que les primes d'assurance-maladie.

Un ménage est constitué d'une personne vivant seule ou d'un groupe de personnes occupant une unité de logement (également considérée comme une unité de consommation). Le nombre de ménages équivaut donc au nombre de logements occupés.

Les ménages sont classés selon l'âge du chef du ménage ou de la personne repère pour souligner l'évolution des habitudes de dépenses avec l'âge. Malgré certaines différences, le chef du ménage (le concept utilisé en 1982 au Canada) et la personne repère sont considérés ici comme des synonymes. Le chef du ménage était le mari dans les familles constituées d'un couple avec ou sans enfants, ou encore le parent dans les familles monoparentales, ou, habituellement, la personne la plus âgée dans toutes les autres familles. Par ailleurs, la personne repère était choisie par le membre du ménage interrogé en tant que principal soutien financier du ménage.

Aussi bien au Canada qu'aux É.-U., les données ont d'abord été converties en dollars de 2003 dans leurs devises respectives. Même si les prix des biens et services n'ont peut-être pas tous augmenté au même rythme que l'IPC d'ensemble, l'utilisation d'un facteur de conversion simplifie l'analyse, puisqu'elle maintient le classement initial des dépenses selon la composante (Snider, 2005). Ensuite, pour faciliter la comparaison des dépenses moyennes entre les deux pays, toutes les données financières des É.-U. ont été converties en dollars canadiens au moyen des parités de pouvoir d'achat du PIB pour 1984 et 2003 (voir le site Web de l'OCDE à l'adresse www.oecd.org/std/ppp), ce qui élimine les différences de prix entre les deux pays.

Une variation des dépenses de consommation selon la composante est quantifiée par un indice de différenciation : (Σ|PC,i – PU,i|)/2, où Pc,i et Pu,i représentent les cents dépensés pour la composante i au Canada et aux États-Unis, et la sommation est effectuée par rapport à l'ensemble des composantes des dépenses. Cet indice révèle la différence entre deux répartitions des dépenses en pourcentage ou, autrement dit, les points de pourcentage nécessaires pour que les deux répartitions deviennent similaires. Cet indice peut également être utilisé pour quantifier une variation au fil du temps.

On obtient les dépenses moyennes par article en divisant le montant agrégé pour cet article par le nombre total de ménages, plutôt que le nombre de ménages qui ont déclaré cet article. Les dépenses par habitant correspondent aux dépenses moyennes divisées par la taille moyenne du ménage.


Inégalité des revenus et des dépenses

Au Canada aussi bien qu'aux États-Unis, les dépenses de consommation sont réparties de façon plus équilibrée que les revenus avant impôt, principalement parce que les premières sont moins sensibles aux conditions transitionnelles du monde des affaires et de l'économie. L'inégalité réduite des dépenses peut également être attribuée aux seuils de base que doivent maintenir les ménages pour le logement, le transport, les aliments, l'habillement ou la santé (selon le nombre de membres du ménage et leur âge). La répartition du revenu avant impôt est demeurée plus inégale aux É.-U. en 2003, tandis que l'inégalité des dépenses de consommation était plutôt stable4. Sur la base du coefficient de Gini comme mesure de l'inégalité, l'inégalité des dépenses était d'environ 40 % inférieure à l'inégalité du revenu au Canada comparativement à 46 % aux É.-U.

Même si l'inégalité du revenu avant impôt a progressé d'environ 12 % dans les deux pays entre le début des années 1980 et 2003, l'inégalité des dépenses a augmenté d'environ seulement 7 %. Le recours au crédit à des fins de consommation était l'un des facteurs clés. Les ménages des deux pays jouissaient d'une bonne accessibilité au crédit grâce aux cartes de crédit et aux prêts hypothécaires de transformation de l'avoir propre foncier. Par conséquent, leur ratio d'endettement personnel en 2003 était plus élevé qu'il ne l'était au début des années 1980 (voir la note 1).

La décomposition de l'inégalité globale des dépenses révèle que les dépenses au titre du logement étaient le principal catalyseur de l'inégalité dans les deux pays, suivies du transport. Ces deux composantes représentaient à elles seules 49 % au Canada et 58 % aux États-Unis de l'inégalité des dépenses totales dans les années 1980. En 2003, leurs proportions relatives avaient augmenté pour atteindre 56 % et 62 % respectivement. (Inégalité des revenus et des dépenses - Graphique)


Notes

  1. Au Canada, le taux d'épargne des particuliers a dégringolé, passant de 20,2 % en 1982 à 1,6 % en 2005; aux É.-U., il est passé de 7,5 % en 1981 à -0,4 % en 2005. Au cours de la même période, les ménages des deux pays ont haussé leur endettement, qui est passé de 55 cents à 1,16 $ par dollar de revenu disponible pour les Canadiens et de 61 cents à 1,24 $ pour les Américains.
  2. Les dépenses sont généralement considérées comme une mesure à long terme plus efficace du comportement économique, étant donné que les familles ont tendance à échelonner les dépenses sur de longues périodes en empruntant (comptant ainsi sur un revenu futur), ou en puisant dans leurs économies à divers moments du cycle de vie.
  3. Selon la définition des É.-U., les dépenses consacrées au logement comprennent la somme des dépenses relatives à l'habitation, des dépenses ayant trait aux activités entourant le logement et des dépenses liées aux articles et accessoires d'ameublement. Bien que des données distinctes sur ces trois composantes soient disponibles pour les deux pays, la classification des éléments variait légèrement; par exemple, les dépenses en services téléphoniques sont classées dans la catégorie des services publics aux É.-U. et dans celle des activités entourant le logement au Canada. Par ailleurs, des groupes plus larges de dépenses sont utilisés pour réduire la taille des tableaux statistiques présentés ici.
  4. Comme gage de la robustesse de cette conclusion basée sur le coefficient de Gini, la mesure d'inégalité de Theil, lorsqu'elle est appliquée à des données regroupées pour les proportions relatives des dépenses selon l'âge, a été calculée et a mené à une conclusion similaire.

Documents consultés

Auteur

Raj K. Chawla est au service de la Division de l'analyse des enquêtes auprès des ménages et sur le travail. On peut le joindre au 613-951-6901 ou à perspective@statcan.gc.ca.