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Les professionnels de la santéLes soins de santé sont depuis longtemps au nombre des préoccupations des Canadiens. Depuis l’adoption de l’assurance-maladie en 1972, plusieurs commissions se sont penchées sur le système des soins de santé et ont proposé des solutions pour en améliorer la qualité. L’accès aux soins de santé, leur financement, public ou privé, et leur qualité étaient largement au cœur des rapports soumis par ces commissions. En 2001, le Canada se classait quatrième parmi les pays de l’OCDE quant à sa part du PIB (9,7 %) allouée à la santé. Le Canada, les États-Unis et la Finlande ont vu leurs coûts de santé augmenter considérablement en 2000 et 2001 (OCDE, 2003). Les ressources humaines sont aussi parmi les préoccupations touchant le système de santé. Dès qu’il est question d’infirmières et de médecins, on pense « pénurie » et « liste d’attente ». Alors qu’au début des années 1990, on tentait de maîtriser la croissance du nombre de médecins pour éviter un surplus, voilà maintenant qu’on accueille plus d’étudiants dans les facultés de médecine et qu’on fait appel aux médecins étrangers afin d’éviter une pénurie. En outre, le vieillissement démographique pose un double défi puisque la demande de soins augmente et que le personnel de la santé de la génération du baby-boom commence à prendre sa retraite. Aussi, les femmes travaillant habituellement moins d’heures que les hommes, leur entrée accrue dans les professions d’omnipraticien et de médecin spécialiste a intensifié les pressions sur ces professions (Chan, 2002). Ce phénomène, conjugué aux retraites massives survenues dans certains corps de métiers dans les années 1990, a contribué à renforcer l’idée d’une pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la santé. Les travailleurs de la santé, et les professionnels en particulier, ont subi de nombreux changements ces dernières années, tant sur le plan démographique que strictement professionnel. À partir des données des recensements de 1991 et 2001, le présent article examine ces changements chez l’ensemble des travailleurs de la santé et, de façon plus détaillée, chez les infirmières et les médecins. Les travailleurs de la santé
On comptait près de 824 600 personnes travaillant dans le domaine de la santé en 2001, soit 15 % de plus qu’en 1991, alors que la population active totale et la population du pays se sont accrues de 11 % chacune. Les travailleurs de la santé représentaient 5 % de la population active1 en 2001 (graphique A). À l’échelle provinciale, le Manitoba affichait la proportion la plus élevée (6,4 %) et l’Ontario, la proportion la plus faible (4,8 %). Les Territoires, aussi, comptaient une faible proportion (3,6 %) de travailleurs de la santé. Les caractéristiques des travailleurs de la santé
L’âge moyen de l’ensemble des travailleurs dans la population active s’est accru de 1,8 an entre 1991 et 2001, mais les travailleurs de la santé affichaient une croissance relativement marquée à cet égard (2,8 ans), plus particulièrement les professionnels, dont l’âge moyen a progressé de 3,3 ans. L’augmentation de l’âge moyen varie selon la profession. En 1991, les professionnels de la santé étaient à peine plus âgés que leurs homologues des autres secteurs (39,5 ans, contre 39,1 ans). Mais cet écart a atteint plus de 2 ans en 2001. Les infirmières autorisées et les infirmières auxiliaires sont parmi les professionnels de la santé dont l’âge moyen a augmenté le plus, de 4,1 ans et 4,4 ans, respectivement. Vu l’importance de leurs effectifs, les infirmières sont en grande partie responsables de l’accroissement marqué de l’âge moyen chez l’ensemble des professionnels. En 2001, les médecins spécialistes avaient l’âge moyen le plus élevé (45,7 ans), suivis des infirmières en chef et superviseures (45,4) et des omnipraticiens (45,2). La possibilité d’une pénurie de main-d’œuvre dans certaines professions de la santé incite les autorités gouvernementales à préconiser des politiques de plus grande ouverture envers les travailleurs étrangers. Cependant, la proportion d’immigrants récents en 2001 — c’est-à-dire ceux arrivés au Canada dans les dix années antérieures — avait très peu varié par rapport à 1991 dans la catégorie des professionnels de la santé (tableau 2). Cette proportion s’est en effet maintenue en deçà de 4 % durant cette période, alors qu’elle s’est accrue d’un peu plus du tiers (passant de 4,5 % à 6,1 %) chez les travailleurs en dehors du secteur de la santé. Bon nombre d’immigrants récents ayant une formation universitaire ont souvent du mal à faire reconnaître leurs titres de compétences. La proportion d’immigrants dans la catégorie du personnel technique et de soutien s’est aussi faiblement accrue. L’intensité de travail s’est généralement accrue pour les travailleurs de la santé. La proportion de ceux occupés à temps plein toute l’année a augmenté de 4,3 points de pourcentage au cours de la décennie, contre 2,4 points chez les autres travailleurs. Les professionnels et le personnel de soutien sont ceux dont la proportion a progressé le plus (5 points). En revanche, la proportion de travailleurs de la santé occupés surtout à temps partiel a diminué de 2 points de pourcentage. Comparés aux autres travailleurs, ceux de la santé travaillent plus souvent à temps partiel, et ce, qu’il s’agisse des professionnels, du personnel technique ou de soutien. Cette plus grande fréquence du temps partiel — accentuée par l’accès difficile aux postes à temps plein pour le personnel infirmier — peut être liée à la forte proportion des femmes dans les professions de la santé (graphique B)2. Cette intensité de travail plus forte coïncide avec un taux de chômage faible. En effet, le taux de chômage des travailleurs de la santé en 2001 était considérablement plus faible que celui du reste des travailleurs (1,9 %, contre 5,6 %). Parmi les trois grands groupes de professions de la santé, les professionnels étaient les moins susceptibles d’être en chômage, seulement 1,2 % d’entre eux ayant ce statut. Le personnel technique et celui de soutien, aussi, affichaient un taux de chômage relativement faible (2,4 % et 3,1 %, respectivement). En 2001, le nombre moyen d’heures de travail hebdomadaires du personnel de la santé était comparable à celui du reste de la main-d’œuvre (32,8 heures par semaine). Les professionnels affichaient une moyenne légèrement supérieure, à savoir 34,2 heures, contre 42,7 chez les hauts gestionnaires et 34,7 heures chez les autres professionnels. Revenu d’emploi
Le revenu d’emploi médian global a augmenté plus modestement (3,3 %) en raison des fortes hausses enregistrées dans les tranches de Les professionnels de la santé se démarquent toujours, comparés aux autres groupes de professions. Le revenu d’emploi moyen durant la même période a augmenté de 4,9 % chez les professionnels hors de la santé, et de 13,9 % chez les hauts gestionnaires. Quant au Pour ce qui est des travailleurs à temps plein toute l’année, ceux de la santé se différencient encore par des hausses du revenu médian La hausse du revenu chez les professionnels semble traduire en partie l’intensité de travail accrue et la progression de l’âge moyen de ces derniers. Ces observations générales cachent cependant des disparités qui apparaissent lorsque les professions de la santé sont examinées séparément, les deux plus importantes en termes d’effectif étant celles d’infirmière et de médecin. Les infirmières
Les effectifs des infirmières autorisées se sont grandement accrus au cours des années 1980, mais le ralentissement des taux d’embauche et les réductions d’effectifs par attrition des années 1990 ont transformé un surplus apparent en pénurie apparente. De 1991 à 2001, le nombre d’infirmières autorisées a progressé d’un modeste 2 % (tableau 1), tandis que celui des infirmières en chef et superviseures a chuté de 48 % à la suite des suppressions de postes hiérarchiques. L’effectif des infirmières autorisées s’est accru moins rapidement que la population totale, de sorte que le nombre d’infirmières par habitant a chuté, passant de 93,3 pour 10 000 habitants en 1991 à 82,5 en 2002 (tableau 4)5. Ce ratio a baissé dans tout le Canada, et l’Alberta et la Colombie-Britannique ont affiché les ratios les plus faibles en 20016. Les infirmières auxiliaires ont, quant à elles, perdu 11 % de leurs effectifs entre 1991 et 2001. Le fait de les inclure dans le ratio d’infirmières pour 10 000 habitants accentue donc la tendance à la baisse de celui-ci. Cette baisse a d’ailleurs touché presque tout le pays. La Colombie-Britannique, l’Ontario et l’Alberta affichaient le plus faible ratio global d’infirmières en 2001. Le personnel infirmier est encore très majoritairement constitué de femmes : 93,8 % en 2001, contre 94,6 % en 1991. Le Québec affichait la plus forte proportion d’hommes infirmiers : 9,1 %, contre 3,7 % à l’Île-du-Prince-Édouard (graphique C). Les infirmières autorisées et les infirmières auxiliaires sont parmi les professionnels de la santé dont l’âge moyen a augmenté le plus, de 4,1 ans et 4,4 ans, respectivement (tableau 1). Cela s’explique en grande partie par le faible nombre d’entrants dans la profession, conséquence à la fois des faibles taux d’embauche du début des années 1990 et de la baisse des inscriptions en sciences infirmières (graphique D). Les conditions de travail difficiles de cette profession — longues heures, travail par quarts, manque de personnel et accès difficile aux On estime à plus de 64 000 le nombre d’infirmières autorisées que la profession perdrait entre 2001 et 2006 à la suite de la retraite ou de décès prématurés (ICIS, 2003a)7. Ce chiffre représentait 28 % de l’effectif de 2001. La Colombie-Britannique serait la province la plus touchée puisque 32 % de son effectif de 2001 risquent d’être à la retraite entre 2001 et 2006, contre 22 % dans la région de l’Atlantique, qui subirait les pertes les moins lourdes. Ce genre d’étude n’a pas été fait pour les infirmières auxiliaires. Mais, selon la Base de données sur les infirmières et infirmiers auxiliaires autorisés (BDIIAA), plus de la moitié des effectifs actuels d’infirmières auxiliaires auront atteint 55 ans d’ici 2012. Une proportion importante de ces effectifs sera donc admissible à la retraite d’ici là — 60 % en Colombie-Britannique et environ 42 % en Nouvelle-Écosse (ICIS, 2003b). Face à la pénurie de médecins, on envisage maintenant d’élargir le rôle des infirmières en leur permettant d’effectuer des tâches habituellement réservées aux médecins. En raison des progrès technologiques, des responsabilités accrues et de la complexité croissante des tâches, le nombre d’infirmières autorisées détenant un baccalauréat est en hausse. Plusieurs provinces ont d’ailleurs annoncé, à la fin des années 1990, qu’elles exigeraient le baccalauréat comme critère d’embauche minimum (ICIS, 2003c). Le nombre d’infirmières autorisées titulaires au moins du baccalauréat a quintuplé, passant d’environ 5 % en 1991 à près de 25 % en 2001. Intensité de travail et revenu d’emploi annuel
En outre, la proportion d’infirmières travaillant à temps plein toute l’année a augmenté, passant de 50 % à 58 % chez les autorisées, et de 50 % à 56 % chez les auxiliaires8. Travailler à temps plein ou à temps partiel a de nombreuses conséquences en matière d’avantages sociaux. Selon la base de données des infirmières autorisées, le nombre de postes à temps plein a effectivement augmenté depuis 1998 (ICIS, 2003), et augmenté davantage que le nombre de postes à temps partiel. Mais cette progression s’est produite au détriment des postes occasionnels. Le revenu annuel médian réel des infirmières autorisées a augmenté de plus de 17 % dans les années 1990, ce qui représente la plus forte hausse après celle des professionnels en thérapie et en évaluation (21 %)9. Le revenu des infirmières auxiliaires a aussi affiché une forte progression, à savoir 11 %. Les infirmières autorisées à temps plein toute l’année ont enregistré la plus forte croissance (8,0 %) du revenu médian parmi les professionnels et, vu leur proportion importante, cette hausse a largement contribué à celle de 8,4 % du revenu de l’ensemble des professionnels de la santé entre 1990 et 2000.Les infirmières auxiliaires ont, quant à elles, affiché une hausse modeste de 2,7 % de leur revenu. Ces hausses reflètent en partie celle des heures de travail hebdomadaires (2,1 %) et celle de l’âge moyen, et témoignent peut-être aussi de la rareté croissante de ce genre de professionnelles. Les omnipraticiens et médecins spécialistes
Le Canada comptait 2,2 médecins pour 1 000 habitants en 2001, ce qui le place en-dessous de la moyenne de 2,9 pour les pays de l’OCDE (OCDE, 2003)11. La plupart des provinces ont un ratio comparable (variant entre 2,2 et 2,4), sauf le Nouveau-Brunswick, la Saskatchewan, l’Île-du-Prince-Édouard et les Territoires, où ce ratio varie entre 1,7 et moins de 1. Ces disparités peuvent être attribuables à plusieurs facteurs. Par exemple, certaines régions éloignées peuvent avoir du mal à attirer des médecins et doivent compter sur les régions voisines pour desservir leur population (graphique E). Parmi les médecins et spécialistes on compte des internes, et comme certaines provinces ont une plus grande capacité d’accueil d’étudiants, cela peut artificiellement hausser leur ratio. Le nombre de médecins spécialistes par habitant varie aussi selon la province et le territoire mais révèle des tendances similaires à celles du ratio global, les mêmes provinces et régions se trouvant aux extrêmes. Le fait que certaines provinces ont un ratio de spécialistes plus ou moins important peut être lié au caractère urbain ou rural du lieu de résidence. On trouve en effet davantage de spécialistes dans les grandes zones urbaines. Les omnipraticiens sont plus susceptibles de pratiquer des accouchements et de prodiguer des soins palliatifs et d’urgence en zones rurales qu’en zones urbaines, où ces soins sont prodigués par des spécialistes (ICIS et Statistique Canada, 2003). Le ratio de médecins pour 1 000 habitants ne tient toutefois pas compte du nombre d’heures travaillées par ces professionnels ni de leur productivité respective ou de la demande plus importante de services dans certains groupes démographiques. Ces facteurs ont été pris en compte dans le « ratio réel » (CHAN, 2002), dans lequel on attribue aux médecins un facteur de pondération en fonction du nombre d’actes médicaux qu’ils effectuent selon leur âge et sexe. Un facteur de pondération est aussi attribué à la population en fonction des besoins de santé différents selon l’âge et le sexe. Si le ratio brut indique une légère hausse du nombre de médecins par habitant ces dernières années, le ratio ajusté indiquerait plutôt une chute ininterrompue depuis 1993, année où il avait atteint son point culminant (graphique F). Les omnipraticiens et médecins spécialistes sont parmi les professionnels les plus âgés (tableau 1), et cela tient à plusieurs facteurs. En général, les médecins prennent leur retraite à un âge relativement avancé, ce qui est confirmé par la proportion d’entre eux âgés de 55 ans et plus. On note par ailleurs une baisse du nombre d’inscriptions dans les facultés de médecine et une hausse du nombre d’années d’études postdoctorales, la pratique de la médecine familiale diminuant au profit de la médecine spécialisée12. En 2001, environ 48 % des professionnels des secteurs autres que celui de la santé étaient des femmes, contre 78 % dans le secteur de la santé. Si cette proportion est demeurée stable entre 1991 et 2001, les femmes ont accru leur présence dans plusieurs professions médicales peu traditionnelles, telles que celles d’omnipraticien (où leur proportion est passée de 27 % à 34 %) et de médecin spécialiste (où leur proportion est passée de 23 % à 32 %). Cette croissance reflète l’afflux des diplômés en médecine, qui, depuis 1996, sont majoritairement des femmes (ICIS, 2002). L’entrée assez récente des femmes dans ces professions se traduit par le fait qu’elles y sont en moyenne plus jeunes que leurs homologues masculins (40,6 ans et 47,8 ans, respectivement). Entre 1991 et 2001, on a pu observer une proportion croissante de travailleurs indépendants dans l’ensemble de la population active. Le fait d’être travailleur indépendant varie grandement selon le sexe et la profession. Comparés aux autres professionnels, ceux de la santé semblent être nettement plus enclins à travailler à leur compte, la proportion d’entre eux qui travaillaient à ce titre en 2001 était de 17 %, contre 13 % pour les autres professionnels (tableau 6). Cette tendance plus forte semble toutefois très masculine (50 % des hommes, contre 8 % des femmes). Cela tient partiellement au fait que les femmes sont concentrées dans les professions où le travail autonome relève plutôt de l’exception, comme c’est le cas chez le personnel infirmier. Les femmes constituent donc une minorité des médecins spécialistes, omnipraticiens, dentistes, vétérinaires, optométristes et chiropraticiens, dont la majorité travaille à titre indépendant. Mais même dans ces professions à forte proportion d’indépendants, les femmes ont moins tendance que les hommes à travailler à leur compte. Intensité de travail et revenu d’emploi annuel
Cette baisse pourrait s’expliquer par la proportion plus élevée des femmes dans ces professions. En effet, de 1991 à 2001, les femmes représentaient la plus grande part (73 %) de l’accroissement des effectifs de ces médecins. Et c’est surtout parmi les omnipraticiens qu’elles se sont démarquées puisqu’elles représentent presque la totalité de l’accroissement (98 %) des effectifs. Malgré leur afflux important dans ces professions, les femmes travaillant à temps plein toute l’année représentaient la plus grande part de l’accroissement total chez ces professionnels. À noter, cependant, qu’une femme médecin à temps plein toute l’année travaille un peu moins de 50 heures par semaine en moyenne, tandis que son homologue masculin en fait 56. L’écart varie toutefois avec l’âge, augmentant vers l’âge où les femmes ont habituellement des enfants et diminuant par la suite (graphique G). Cependant, un écart significatif subsiste dans la plupart des groupes d’âges en 2001. La baisse de la proportion des médecins spécialistes et omnipraticiens à temps plein toute l’année peut aussi être liée au fait que ceux-ci sont parmi les plus âgés des professionnels de la santé et que les heures de travail diminuent généralement à partir de 55 ans (graphique H). Le nombre des professionnels de la santé âgés de 55 ans et plus s’est par ailleurs accru de 35 % entre 1991 et 2001. L’âge élevé des médecins, conjugué à l’afflux des femmes dans ces professions, accentue l’impression de pénurie puisque les heures de travail des femmes et des médecins plus âgés sont moindres que celles des hommes de moins de 55 ans. D’autres facteurs — tels que les règles visant à réduire le nombre d’interventions médicales et la nécessité pour certains hôpitaux de réduire le nombre de lits disponibles — contribuent aussi à allonger les listes d’attente et à renforcer l’idée d’une pénurie de médecins. Les médecins spécialistes et les omnipraticiens à temps plein toute l’année affichent une baisse des heures de travail de 2,7 % et de 2,2 %, respectivement. Des sources administratives indiquent, cependant, que les heures de travail des médecins varient d’année en année. Comme la plupart sont payés à l’acte, une autre façon de tenir compte de leur intensité de travail consiste à examiner le nombre d’actes médicaux effectués dans le temps. D’après cette mesure, les médecins à temps plein toute l’année, hommes et femmes, effectuaient davantage d’actes médicaux en 1998-1999 qu’en 1989-1990 (ICIS, 2002). Dans les deux périodes, cependant, les médecins hommes ont effectué plus d’actes médicaux. En outre, malgré une baisse des heures de travail hebdomadaires moyennes, l’ensemble des médecins spécialistes et omnipraticiens faisaient, encore en 2001, plus d’heures par semaine que les autres professionnels de la santé (54,5 et 53,5, respectivement). Les médecins spécialistes à temps plein toute l’année ont vu leur revenu annuel médian croître de 3,3 % en termes réels, tandis que les omnipraticiens ont vu le leur baisser de 4,9 %. Ces variations tranchent avec la croissance de 8,4 % du revenu de l’ensemble des professionnels de la santé. À titre de comparaison, le revenu annuel médian de l’ensemble des travailleurs a diminué de 1,9 % et celui des professionnels hors santé, de 2,1 %. Ces variations de revenu chez les omnipraticiens et les médecins spécialistes peuvent être liées à plusieurs facteurs. Si l’accroissement de l’âge moyen devrait créer des pressions à la hausse sur le revenu, l’augmentation du nombre de femmes et la baisse du nombre de travailleurs indépendants entraîneraient des pressions à la baisse13. Des dépenses d’exploitation accrues ainsi qu’une certaine tendance à la sous-facturation peuvent aussi expliquer le peu de croissance du revenu des médecins14. Cette sous-facturation se produit par ignorance — certains médecins ne savent peut-être tout simplement pas que certaines interventions peuvent être facturées —, par malaise, ou encore parce que certains médecins veulent simplifier la tâche en omettant de facturer les patients pour des services non couverts par l’assurance-santé (prise de sang ou d’urine). La sous-facturation pourrait représenter jusqu’à 15 % du revenu annuel d’un médecin (Clarke, 2001). Revenu annuel par province
Un écart de 45 000 $ sépare le revenu annuel médian des médecins spécialistes des provinces de l’Atlantique et des Prairies, et un écart de 35 000 $ sépare les omnipraticiens de l’Ontario et de Colombie-Britannique. La profession d’infirmière étant syndiquée, les écarts de revenu peuvent refléter l’ampleur des négociations salariales des divers syndicats, la composition de la main-d’œuvre par âge, les besoins plus importants dans certaines régions, le manque d’infirmières ainsi que le nombre habituel d’heures de travail et la proportion d’heures supplémentaires. Le revenu des infirmières en chef et superviseures étant inclus dans celui des infirmières autorisées, les écarts peuvent aussi refléter la bonification des revenus accordée au personnel de supervision dans certaines provinces. Ainsi, un écart de 8 000 $ sépare le revenu des infirmières à temps plein toute l’année en Colombie-Britannique de leurs homologues des provinces de l’Atlantique. L’écart de revenu entre hommes et femmes
Un écart important persiste cependant chez les médecins spécialistes et les omnipraticiens. Par exemple, les femmes médecins spécialistes travaillant à temps plein toute l’année touchent un revenu annuel moyen de 44 % inférieur à celui des hommes. L’écart est un peu moins élevé chez les omnipraticiens, mais les femmes touchent tout de même 20 % de moins que les hommes. Une partie de l’écart de revenu s’explique probablement par l’âge, la province, la taille et le lieu de résidence et le fait d’être salarié ou travailleur indépendant. L’effet de ces variables a donc été testé à l’aide d’un modèle de décomposition d’Oaxaca. D’après ce modèle, environ un tiers de l’écart de revenu s’explique par l’âge plus faible des femmes et par leur tendance moindre à travailler à leur compte. Les deux tiers restants peuvent être attribuables au domaine de spécialisation, au fait que ces professions sont rémunérées à l’acte et que les femmes effectuent moins d’actes médicaux que les hommes, ainsi qu’à d’autres différences sexuelles non observables. Sommaire
Les travailleurs de la santé ont généralement accru leur intensité de travail — bon nombre d’entre eux ont multiplié leurs heures de travail et la proportion travaillant à temps plein toute l’année a considérablement augmenté. Malgré cette croissance, on observe une certaine prédominance du travail à temps partiel, en raison probablement de la forte proportion de femmes dans le secteur de la santé mais aussi de l’accès difficile aux postes d’infirmière à temps plein dans ce secteur. Par ailleurs, les travailleurs de la santé affichaient un taux de chômage relativement faible en 2001. Dans les années 1990, les travailleurs de la santé ont, dans l’ensemble, affiché une hausse du revenu annuel médian deux fois supérieure à celle des travailleurs hors de la santé (6,4 %, contre 3,1 %). Les professionnels se sont démarqués avec la plus forte progression (15,1 %), suivis de loin par le personnel de soutien (7,9 %). Ces hausses reflètent en partie un accroissement de l’intensité du travail et de l’âge moyen. Les effectifs d’infirmières (autorisées et auxiliaires) ont progressé plus lentement que la population totale, le nombre d’infirmières étant passé de 113,2 pour 10 000 habitants en 1991 à 98,4 en 2001. Les conditions de travail difficiles de cette profession — longues heures, travail par quarts, manque de personnel et offre limitée de postes à temps plein — expliquent peut-être la chute du nombre d’inscriptions en sciences infirmières. Ces conditions sont peut-être aussi à l’origine du fait que les infirmières se retirent relativement tôt de la vie active. Malgré tout, la proportion d’infirmières à temps plein toute l’année s’est accrue depuis 1998, plus rapidement que celles à temps partiel. Ces gains ont été réalisés au détriment des postes occasionnels et expliquent probablement en partie le fait que les infirmières affichaient la hausse la plus forte du nombre d’heures de travail hebdomadaires de 1991 à 2001. Les infirmières autorisées travaillant à temps plein toute l’année ont connu l’accroissement le plus marqué des gains annuels médians (8,0 %). Les infirmières auxiliaires ont, quant à elles, affiché une croissance modeste de 2,7 %. Ces accroissements reflètent une hausse du nombre d’heures de travail par semaine (2,1 %) et de l’âge moyen, mais peut-être aussi la rareté grandissante de ce genre de professionnelles. Le Canada comptait 2,2 médecins pour 1 000 habitants en 2001, ce qui le place bien en deçà de la moyenne de 2,9 pour les pays de l’OCDE. Les provinces ont un ratio comparable (variant entre 2,2 et 2,4 médecins pour 1 000 habitants), sauf le Nouveau-Brunswick, la Saskatchewan et l’Île-du-Prince-Édouard ainsi que les Territoires, où ce ratio varie entre 1,7 et moins de 1 pour 1 000 habitants. Les omnipraticiens et médecins spécialistes sont parmi les professionnels les plus âgés. Cela s’explique en partie par le faible nombre d’entrants dans la profession, qui lui-même résulte de la baisse du nombre d’inscriptions dans les facultés de médecine et des années d’études post-doctorales plus longues, la pratique de la médecine familiale diminuant au profit de la médecine spécialisée. Aussi, les médecins prennent leur retraite à un âge relativement avancé. Les médecins spécialistes à temps plein toute l’année ont vu croître leurs gains annuels médians de 3,3 % en 2000 par rapport à 1990, tandis que les omnipraticiens ont vu les leurs baisser de 4,9 %. Ces variations diffèrent beaucoup de la croissance de 8,4 % enregistrée par les professionnels de la santé et sont survenues en dépit d’une hausse importante de l’âge moyen. Elles coïncident aussi avec une augmentation des effectifs féminins, une baisse des heures de travail par rapport à 1991 et un repli de la proportion de travailleurs autonomes. Les femmes professionnelles de la santé travaillant à temps plein toute l’année touchaient 64 % du revenu de leurs homologues masculins en 2001. Cet écart varie grandement selon la profession, allant de 53 % chez les médecins spécialistes à 7 % chez les audiologistes, les orthophonistes, les physiothérapeutes et les ergothérapeutes. Après ajustement en fonction du nombre d’heures de travail plus faible chez les femmes, un écart important subsiste dans certains groupes de profession. Chez les médecins spécialistes et les omnipraticiens, le tiers de cet écart tient au fait que les femmes sont plus jeunes que les hommes et qu’elles ont moins tendance à travailler à leur compte. Le reste de l’écart peut être attribuable à des facteurs tels que le domaine de spécialisation, le fait que les femmes effectuent moins d’actes médicaux ainsi que des différences sexuelles non observables.
Notes
Documents consultés
Auteure
Diane Galarneau est au service de la Division de l’analyse des enquêtes sur le travail et les ménages. On peut la joindre au (613) 951-4626 ou à perspective@statcan.gc.ca.
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