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en-tête principal pour « L'emploi et le revenu en perspective »
sous-titre « L'édition en ligne »

Août 2003     Vol. 4, no. 8

Qui paye l'aide domestique?

Boris Palameta

Les Canadiens ont de moins en moins de temps libre. Le temps que les familles consacrent au travail rémunéré a augmenté, ce qui laisse moins de place pour le travail non rémunéré, comme les corvées ménagères nécessaires. Les contraintes de temps que subissent les femmes sont particulièrement lourdes, surtout parce que la part de travaux ménagers non rémunérés qu'effectuent les hommes n'a pas augmenté au même rythme que la part de travail rémunéré des femmes. En 1993, par exemple, l'épouse était largement responsable, sinon entièrement, des travaux ménagers quotidiens, tels que la préparation des repas et le nettoyage qui suit, le ménage et le lavage dans les familles à deux soutiens économiques travaillant à temps plein (Marshall, 1993). Les plus récentes données sur l'utilisation du temps démontraient une tendance similaire (graphique A).

Une façon d'alléger les contraintes de temps consiste à acheter des services à domicile, tels que l'aide domestique. On tient souvent pour acquis que les décisions des ménages en matière de dépenses se fondent sur le revenu combiné de tous les membres - l'hypothèse de la mise en commun des revenus. Selon ce modèle, chaque dollar supplémentaire du revenu d'un époux sera dépensé de la même façon que chaque dollar excédant du revenu d'une épouse. Cependant, plusieurs études ont démontré qu'ils sont dépensés différemment. Aux États-Unis, dans les ménages à deux soutiens, le salaire de l'épouse était un prédicteur significatif des dépenses consacrées aux services à domicile, mais celui de l'époux ne l'était pas (Soberon-Ferrer et Dardis, 1991). Un test de l'hypothèse de la mise en commun des revenus pour 14 catégories de dépenses a montré que les dépenses relevant traditionnellement du « travail des femmes », par exemple le soin des enfants et l'alimentation du ménage, étaient davantage influencées par le revenu de l'épouse que par celui de l'époux (Phipps et Burton, 1998).

Cet article examine les dépenses consacrées aux services à domicile en 2000, l'année la plus récente pour laquelle des microdonnées sont disponibles (voir Source de données et définitions). Il se concentre sur les ménages époux-épouse, pour lesquels les enjeux se rapportant à la division du travail non rémunéré revêtiront vraisemblablement une grande importance. Les caractéristiques des ménages ayant acheté des services à domicile et de ceux n'en ayant pas achetés sont comparées. Comme les femmes peuvent gagner davantage de temps en achetant des services à domicile, la part de leur revenu du ménage peut être particulièrement importante. De plus, la nécessité de se libérer de certaines contraintes de temps peut être telle que les ménages à deux soutiens seront plus susceptibles d'acheter des services à domicile que les ménages n'en comptant qu'un ou aucun. Parmi les autres facteurs examinés, on retrouve la composition du ménage, la taille du logement et la présence d'une résidence secondaire, par exemple une résidence de villégiature. Les ménages composés d'un plus grand nombre de personnes (particulièrement si elles sont très jeunes ou très vieilles) sont peut-être plus susceptibles d'acheter des services à domicile, surtout s'il y a plus de pièces à nettoyer ou plus d'une résidence.

Les ménages à hauts revenus plus susceptibles d'acheter des services

Un peu plus d'un ménage époux-épouse sur dix a acheté des services à domicile en 2000, y consacrant en moyenne 1 100 $. Les ménages qui ont acheté de tels services avaient un revenu médian beaucoup plus élevé que les ménages n'en ayant pas acheté (tableau). Parmi les autres caractéristiques qui distinguaient les ménages ayant acheté des services à domicile, notons une épouse plus âgée, un logement plus vaste (la taille étant définie d'après le nombre de pièces) et l'épouse dont la part du revenu du ménage était plus importante. Les ménages qui ont acheté des services à domicile étaient également plus susceptibles de compter deux soutiens, d'avoir une personne âgée à la maison, outre l'époux ou l'épouse, ou d'avoir une résidence de villégiature.

Cependant, il se peut que certaines variables soient interreliées. Si on se contente d'examiner chaque variable individuellement sans prendre les autres en considération, les conclusions risquent d'être trompeuses. Pour que les constatations relatives à l'association entre n'importe quelle variable et la décision d'acheter des services à domicile soient informatives, il faut que les autres variables demeurent constantes. On utilise alors une technique appelée régression logistique (voir Source de données et définitions).

La part de l'épouse du revenu du ménage est importante, le statut à deux soutiens non

Pour illustrer l'influence de différentes variables sur la décision d'achat, nous avons choisi un ménage de référence présentant certaines caractéristiques spécifiques. Nous avons par la suite modifié à tour de rôle chaque caractéristique, les autres demeurant constantes (graphique B).

Tel que le révélait l'hypothèse, la part de l'épouse du revenu du ménage est un facteur important de la décision d'acheter des services à domicile. Si cette part s'établit à 75 % plutôt qu'à 25 %, tous les autres facteurs demeurant constants, la probabilité d'acheter des services à domicile double.

De plus, les ménages affichant un revenu relativement faible, la plus grande partie étant celui de l'épouse, sont parfois plus susceptibles d'acheter des services à domicile que les ménages dont le revenu est plus important et dont la majorité est celui de l'époux (graphique C). Par exemple, un ménage est plus susceptible d'acheter de tels services si son revenu est de 20 000 $ et qu'il est gagné en totalité par l'épouse que si ce dernier se situait à 60 000 $ dont moins de 57 % provenait de l'épouse ou encore à 100 000 $, dont moins de 15 % provenait de l'épouse.

L'âge de l'épouse est un autre facteur important dans la décision d'achat. Les ménages dans lesquels les épouses avaient entre 30 et 59 ans sont presque deux fois plus susceptibles d'acheter des services à domicile que les ménages dont les épouses avaient moins de 30 ans. Ceux dans lesquels la femme avait 60 ans ou plus sont quatre fois aussi susceptibles. Peut-être que les femmes plus âgées sont moins disposées à faire des travaux ménagers ou sont moins en mesure de les faire. De plus, les époux des jeunes ménages sont peut-être plus susceptibles de participer aux travaux ménagers, réduisant le besoin de services à domicile.

Même si le nombre d'enfants dans le ménage n'influence pas la décision d'acheter des services, la présence d'au moins un enfant de moins de cinq ans augmente la probabilité. Ce résultat n'est pas surprenant, puisque les ménages avec de jeunes enfants ont généralement plus de nettoyage à faire et moins de temps à y consacrer.

Le nombre de pièces du logement est une autre variable significative. Tous les autres facteurs étant maintenus constants, la probabilité d'acheter des services à domicile augmente en fonction du nombre de pièces à nettoyer.

Étonnamment, les ménages à deux soutiens ne sont pas plus susceptibles d'acheter des services à domicile que les ménages dont le soutien était l'homme, lorsque d'autres facteurs, comme le revenu du ménage, demeurent constants. La présence de personnes âgées dans le ménage et le fait de posséder une résidence de villégiature ne jouent pas non plus de rôles significatifs.

Résumé

La décision d'acheter des services d'aide domestique ne dépend pas seulement d'un revenu du ménage suffisant. Il faut aussi savoir qui gagne le revenu en question. Prenons deux ménages époux-épouse identiques à tous les égards, à l'exception près que dans un ménage, l'époux gagne 75 % du revenu et dans l'autre, c'est l'épouse qui gagne 75 % du revenu. Selon l'analyse présentée ici, on peut prédire que le second ménage sera à peu près deux fois plus susceptible d'acheter des services à domicile.

La probabilité d'acheter des services à domicile augmente également en fonction de l'âge de l'épouse. Toutes choses étant égales par ailleurs, les femmes de 60 ans et plus étaient près de quatre fois plus susceptibles d'acheter des services d'aide domestique que les femmes de moins de 30 ans.

Même si le statut de ménage à deux soutiens n'est pas associé à une plus grande probabilité d'acheter des services à domicile, d'autres facteurs temporels, tels que la présence de jeunes enfants et un vaste logement le sont. On peut considérer que les services d'aide domestique sont achetés principalement à la discrétion de l'épouse si les travaux ménagers prennent beaucoup de temps et si le revenu du ménage est suffisant. Plus simplement, l'aide domestique semble être un moyen qui permet aux époux et aux épouses - mais particulièrement aux épouses - d'acheter du temps.

 

Source de données et définitions

L'Enquête sur les dépenses des ménages (EDM), menée annuellement depuis 1997, recueille des données sur les dépenses des ménages privés. Le membre du ménage responsable des finances est le répondant. La présente étude a été limitée aux ménages époux-épouse ayant fait l'objet de l'enquête en 2000.

Dans l'EDM, les services à domicile sont définis comme une « aide domestique, p. ex., femmes ou hommes de ménage, personnel de nettoyage, personne de compagnie rémunérée et gardien(ne) de maison ». Les services de garde d'enfants et les services d'entretien extérieur comme le jardinage et le déneigement sont exclus.

La part de l'épouse du revenu du ménage est son revenu total avant impôt divisé par le revenu total du ménage avant impôt. On a utilisé les conventions suivantes pour éviter que la part de l'épouse du revenu du ménage ne soit de moins de 0 % ou de plus de 100 %. Sa part a été établie à 0 % si les revenus du ménage et le sien étaient tous deux de zéro ou moins ou si le revenu du ménage était positif, mais le sien négatif. La part a été établie à 100 % si son revenu était positif, mais le revenu du ménage négatif ou si le revenu du ménage était positif, mais le sien était supérieur au revenu du ménage.

Les ménages à deux soutiens sont les ménages dont les deux époux travaillent au moins à temps partiel. Dans le cadre de l'EDM, les travailleurs à temps partiel sont ceux dont les semaines de travail ne dépassent pas 48 par année ou ceux qui ont travaillé 49 semaines ou plus, mais moins de 25 à temps plein.

Une régression logistique permet d'estimer la probabilité qu'un résultat particulier se produise — dans la présente étude, l'achat de services à domicile — en fonction de plusieurs variables explicatives. L'association entre chaque variable explicative et la probabilité d'achat est examinée, toutes les autres variables demeurant constantes. En d'autres termes, la probabilité d'achat peut être comparée entre des ménages qui sont identiques à tous les égards, à une exception près. Par exemple, on peut comparer les ménages à deux soutiens qui ont le même revenu, le même nombre d'enfants, etc., mais dont la part de l'épouse du revenu du ménage diffère. Une statistique F est calculée pour chaque variable explicative, ce qui permet de déterminer si un changement dans cette variable correspond à un changement significatif dans la probabilité d'achat, toutes les autres variables demeurant constantes.

Afin de justifier la conception complexe de l'enquête, l'analyse a été effectuée à l'aide de WesVar 4,2. Des pondérations en parallèle ont été créées grâce à la méthode « jack-knife ». Les effets des interactions entre le revenu du ménage, la part de l'épouse du revenu et l'âge de l'épouse n'étaient pas significatifs et ont été exclus de l'analyse. Seuls les principaux effets sont donc affichés.

Documents consultés

  • MARSHALL, Katherine. « Les parents occupés et le partage des travaux domestiques », L'emploi et le revenu en perspective, produit no 75-001-XPF au catalogue de Statistique Canada, vol. 5, no 3, automne 1993, p.25 à 33.
  • PHIPPS, Shelley et Peter BURTON. « What's mine is yours? The influence of male and female incomes on patterns of household expenditure", Economica 65, no 260, novembre 1998, p. 599 à 613.
  • SOBERON-FERRER, Horacio et Rachel DARVIS. « Determinants of household expenditures for services », Journal of Consumer Research 17, no 4, mars 1991, p. 385 à 397.

Auteur

Boris Palameta est au service de la Division de la statistique du revenu. On peut le joindre au (613) 951-2124 ou à perspective@statcan.gc.ca.

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