Les immigrants sur le marché du travail canadien de 2008 à 2011 : Analyse
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Dans l'ensemble, 2008 était une année exceptionnelle pour le marché du travail canadien. Aussi bien le taux d'emploi que le taux d'activité ont atteint des sommets (63,5 % et 67,7 % respectivement), et le taux de chômage est tombé à un niveau historique de 6,1 %. Chez les immigrants du principal groupe d'âge actif, le taux d'emploi était de 77,4 %, et le taux de chômage, de 6,8 %. Les chiffres correspondants pour leurs homologues natifs du Canada étaient de 84,1 % et 4,6 %, respectivement.
Parmi les immigrants du principal groupe d'âge actif, l'emploi a baissé de 1,8 % entre 2008 et 2009, contre 2,0 % chez leurs homologues nés au Canada. Conséquence de la situation du marché du travail en 2009, le taux de chômage des immigrants s'est hissé à 9,6 %, soit 2,8 points de pourcentage de plus qu'en 2008. Ceux qui étaient au pays depuis 10 ans ou moins ont connu la plus forte hausse du taux de chômage, celui-ci ayant augmenté de 3,5 points pour s'établir à 11,0 % dans le cas des immigrants récents et de 3,2 points pour atteindre 14,2 % chez leurs homologues très récents (voir l'encadré Période d'établissement).
Chez les immigrants établis — dont la situation sur le marché du travail tend à converger vers celle des natifs du Canada —, le taux de chômage a augmenté de 2,6 points de pourcentage pour atteindre 7,9 % en 2009, contre une hausse de 1,8 point chez les natifs du Canada, dont le taux de chômage est passé à 6,4 %.
Un autre indicateur de la façon dont les immigrants (ou tout autre groupe) s'en sont tirés pendant le ralentissement économique est le taux d'emploi, c'est-à-dire le nombre d'immigrants ayant un emploi exprimé en pourcentage de leur population (graphique 1). Alors que la part des natifs du Canada de 25 à 54 ans ayant un emploi était de 82,2 % en 2009, le chiffre correspondant pour les immigrants était de 74,9 %, d'où un écart de 7,3 points de pourcentage entre les deux groupes. Cet écart était inchangé en 2011, alors qu'il était plus faible en 2008, s'établissant à 6,7 points.
Chez les immigrants très récents, toutefois, le taux d'emploi était de 63,6 %, soit le plus bas des trois groupes d'immigrants, donnant lieu au plus important écart par rapport aux natifs du Canada, à savoir 18,6 points de pourcentage en 2009, contre un écart de 17,5 points en 2008. Cet écart s'est élargi, atteignant 19,4 points en 2011.
De 2010 à 2011, l'emploi chez les immigrants du principal groupe d'âge actif a progressé de 4,3 %, entraînant une baisse de 1,1 point de pourcentage de leur taux de chômage, celui-ci passant à 8,4 %, et une légère hausse de leur taux d'emploi (+0,4 point), celui-ci atteignant 75,6 %. L'essentiel de cette croissance de l'emploi en 2011 est attribuable aux immigrants établis (ceux au pays depuis plus de 10 ans). Les immigrants reçus depuis cinq ans ou moins ont continué de présenter le taux d'emploi le plus bas (63,5 %) et le taux de chômage le plus élevé (13,6 %) en 2011 (graphique 2).
Résultat de la progression observée en 2011, les immigrants du principal groupe d'âge actif ont enregistré un niveau d'emploi nettement supérieur à celui de 2008 (+4,6 %), près des deux tiers de la croissance (63 %) étant survenue dans les Prairies et en Colombie-Britannique. Malgré cette hausse de 4,6 % au cours de la période de quatre ans, le taux d'emploi des immigrants en 2011 était en baisse de 1,8 point de pourcentage par rapport à 2008, notamment parce que leur croissance d'emploi a été en-deçà de leur croissance démographique. En outre, le taux de chômage des immigrants a augmenté de 1,6 point de pourcentage par rapport à 2008 pour atteindre 8,4 %, à la suite d'un nombre accru de personnes à la recherche de travail.
En revanche, au sein de la population née au Canada, l'emploi dans le principal groupe d'âge actif était pratiquement inchangé en 2011 et se situait bien en deçà du niveau observé avant le ralentissement (-1,8 %). De 2008 à 2011, près de la moitié de la baisse de l'emploi national pour les natifs du Canada est survenue au Québec et en Ontario. Durant cette période, le taux d'emploi des natifs du Canada a diminué de 1,2 point de pourcentage pour passer à 82,9 %, et leur taux de chômage a augmenté de 0,9 point pour atteindre 5,5 %.
Période d'établissement
L'intégration sociale et économique des immigrants est un processus qui prend un certain temps. Combien de temps faut-il pour que la situation des immigrants sur le marché du travail converge vers celle des natifs du Canada? Un certain nombre de facteurs influent sur le processus et la probabilité de convergence, notamment la connaissance de l'anglais ou du français, le niveau de scolarité et le pays où il a été atteint, la reconnaissance des diplômes et titres de compétence étrangers et la présence de réseaux sociaux au Canada, entre autres. Partant, la période d'établissement est un déterminant clé de la situation des immigrants sur le marché du travail, et les données sur la population active le montrent clairement. L'écart entre immigrants et natifs du Canada se rétrécit en fonction du temps écoulé depuis l'établissement, mais ne disparaît pas (tableau 1).
La situation des immigrants sur le marché du travailselon la province
Les taux d'emploi les plus élevés sont observés dans les Prairies
En 2011, plus de la moitié de la croissance de l'emploi chez les immigrants reçus du Canada est attribuable aux immigrants vivant dans les Prairies et en Colombie-Britannique. Si ces immigrants représentent 31 % de la main-d'oeuvre immigrante du Canada, ils sont à l'origine de 53 % de la croissance de l'emploi parmi les immigrants entre 2010 et 2011.
En Saskatchewan, où le marché du travail était relativement stable durant le ralentissement, l'emploi des immigrants a progressé à un rythme soutenu. Chez les immigrants très récents, notamment, il a doublé entre 2008 et 2011, portant leur taux d'emploi à 77,0 %, le deuxième taux en importance après celui de leurs homologues du Manitoba.
L'Alberta aussi présentait l'un des écarts les plus minces entre immigrants et natifs du Canada, le taux de chômage des immigrants y étant le plus bas parmi les immigrants de toutes les provinces. En Alberta, les immigrants établis, tout particulièrement, affichaient un taux d'emploi supérieur à celui des natifs du Canada (85,6 % contre 84,4 %), et les deux groupes présentaient des taux de chômage semblable, soit 4,1 % et 4,3 %, respectivement.
En 2011, les immigrants du Manitoba ont continué d'enregistrer le taux d'emploi le plus élevé (82,5 %) parmi les immigrants de toutes les provinces, et leur taux de chômage était le deuxième plus bas (6,0 %). Les chiffres correspondants pour les natifs du Canada vivant dans cette province s'établissaient à 85,1 % et 3,9 %, respectivement, ce qui fait du Manitoba l'une des provinces où les écarts sur le marché du travail entre immigrants et natifs du Canada sont les plus faibles. Tout comme leurs homologues de l'Alberta, les immigrants établis du Manitoba présentaient aussi un taux d'emploi supérieur à celui des natifs du Canada.
En Colombie-Britannique, les immigrants ont connu une légère hausse de l'emploi, et leur taux de chômage est passé de 8,8 % en 2010 à 7,4 % en 2011, ce qui a resserré l'écart entre eux et les natifs du Canada. Les immigrants établis, en particulier, ont connu une hausse notable de l'emploi et une baisse tout aussi notable de leur taux de chômage, qui est passé à 5,8 %. Parallèlement, le taux d'emploi des immigrants de cette province a légèrement augmenté pour atteindre 75,4 %, et l'écart entre immigrants et natifs du Canada n'a guère changé à cet égard.
Durant le ralentissement, plus de la moitié de la baisse de l'emploi (55 %) observée chez les 25 à 54 ans est survenue en Ontario, où se trouvent les deux-cinquièmes de la main-d'oeuvre nationale des secteurs manufacturier et de la construction. Si la diminution de l'emploi a touché tant les natifs du Canada que les immigrants, ces derniers ont enregistré une baisse plus rapide du taux d'emploi et une hausse plus marquée du taux de chômage, ce qui a creusé les écarts entre les deux groupes en 2009.
En Ontario, le taux d'emploi des immigrants du principal groupe d'âge actif (75,4 %) n'a pratiquement pas varié entre 2010 et 2011, alors que leur taux de chômage est passé de 9,9 % à 8,7 % à la suite d'une baisse du nombre de chômeurs. Les chiffres correspondants pour leurs homologues nés au Canada étaient de 83,3 % et 5,4 %, respectivement. Comme l'emploi a peu varié par rapport à 2010 tant pour les immigrants que pour les natifs du Canada, les écarts entre les deux groupes sont restés à peu près inchangés.
Quant aux immigrants du Québec, leur situation sur le marché du travail ayant peu changé en 2011, les écarts entre eux et les natifs du Canada ont persisté et sont demeurés plus importants que dans d'autres provinces, notamment dans le cas des immigrants très récents (voir l'encadré Période d'établissement : perspective provinciale). En 2011, le taux d'emploi des immigrants du Québec, qui s'élevait à 70,3 %, était plus faible que celui des immigrants de toute autre province (graphique 3). De même, leur taux de chômage, qui a atteint 11,9 % — le plus élevé de toutes les provinces —, était le double de celui des Québécois nés au Canada (5,6 %).
Le taux d'emploi des immigrants dans les provinces de l'Atlantique est plus bas que celui des natifs du Canada (77,4 % contre 78,2 %, respectivement). Les immigrants du principal groupe d'âge actif dans ces provinces représentent 4 % de la population totale, soit la proportion la plus faible au pays.
Période d'établissement : perspective provinciale
Globalement, les taux d'emploi et de chômage des immigrants dans une province quelconque sont liés à la répartition de ces immigrants selon la période d'établissement. Comme les immigrants très récents sont confrontés à davantage de défis sur le marché du travail, leur plus forte proportion dans une province donnée influera sur les taux pour l'ensemble des immigrants. Par ailleurs, puisque les immigrants qui sont au pays depuis dix ans ou plus tendent à s'en sortir mieux, si leur proportion dans une province donnée est plus élevée, elle fera davantage pencher la balance vers la situation des natifs du Canada.
Sur les quatre provinces accueillant le plus d'immigrants, à savoir l'Ontario, l'Alberta, la Colombie-Britannique et le Québec, les trois premières affichent une proportion plus élevée de personnes du principal groupe actif qui sont immigrants reçus depuis plus de 10 ans et une plus faible proportion d'immigrants reçus depuis 5 ans ou moins, que le Québec. Parallèlement, le taux d'emploi global des immigrants en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique est plus élevé, et le taux de chômage, plus faible, tandis que l'inverse est vrai au Québec (tableau 2).
Variations de l'emploi des immigrants par industrie
Le secteur manufacturier se stabilise, et le secteur de la santé progresse
Les pertes d'emploi chez les immigrants durant le ralentissement économique sont survenues pour l'essentiel dans le secteur des biens. Dans le secteur manufacturier, l'emploi a diminué de 8,2 % chez les immigrants, touchant surtout les immigrants très récents. Cette baisse s'ajoute à un repli de 11,7 % en 2008. Les immigrants très récents, en particulier, ont été touchés de façon disproportionnée par les pertes dans ce secteur, car en 2008-2009, 42 % de la baisse de l'emploi manufacturier chez les immigrants s'est produite chez ceux qui se trouvaient au pays depuis cinq ans ou moins. Ces immigrants très récents constituaient 18 % de la main-d'oeuvre immigrante totale dans le secteur manufacturier en 2008. À la suite des pertes d'emploi dans ce secteur, leur part est tombée à 15,1 % en 2009.
Si le rythme de la baisse d'emploi dans le secteur manufacturier a ralenti entre 2009 et 2011, le nombre de travailleurs dans ce secteur est tombé bien en-dessous du niveau enregistré avant le ralentissement économique, tant chez les immigrants reçus (-8,2 %) — particulièrement les immigrants très récents (-23,6 %) — que chez les natifs du Canada (-13,5 %).
En revanche, l'emploi des immigrants surpassait nettement le niveau observé en 2008 dans un certain nombre d'autres secteurs, notamment les soins de santé et l'assistance sociale, les services professionnels, scientifiques et techniques, les administrations publiques, ainsi que les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et les autres services de soutien. Les natifs du Canada, pour leur part, ont connu des hausses d'emploi dans le secteur des soins de santé et de l'assistance sociale ainsi que dans la construction.
Au cours des quelques dernières années, l'emploi des immigrants a connu une transition du secteur manufacturier vers le secteur des services, où près des trois-quarts de l'ensemble des immigrants travaillent. En effet, un grand secteur de services où ces derniers ont vu une progression de l'emploi pendant le ralentissement économique est le secteur des soins de santé et de l'assistance sociale — un secteur qui est largement à l'abri des effets de conjoncture et qui a connu une croissance constante de sa part dans l'emploi total de l'ensemble de la population.
Par rapport à 2010, l'emploi total dans le principal groupe d'âge actif s'est accru de 1,0 % en 2011. La croissance est essentiellement attribuable aux immigrants reçus, particulièrement ceux qui se trouvaient au pays depuis plus de 10 ans. La majeure partie de cette progression a eu lieu dans les soins de santé et l'assistance sociale, le deuxième secteur en importance au Canada, ainsi que dans les services de l'information, de la culture et des loisirs. Chez les natifs du Canada, l'emploi n'a connu de hausse significative que dans le secteur de la construction au cours de l'année (graphique 4).
La situation des immigrants sur le marché du travailselon le niveau de scolarité
Après le ralentissement économique de 2008-2009, l'écart de performance sur le marché du travail s'est élargi entre les immigrants ayant une éducation universitaire et leurs homologues nés au Canada, et s'est creusé davantage chez les immigrants résidant au pays depuis 5 ans ou moins. Ces immigrants ont tendance à être plus jeunes et à détenir des diplômes étrangers. Il se peut qu'ils aient besoin de plus de temps pour faire reconnaître leurs diplômes et titres de compétence étrangers 1 et s'adapter au marché du travail canadien, d'autant plus qu'ils risquent plus d'être touchés par une conjoncture défavorable.
De 2010 à 2011, l'emploi chez les immigrants ayant une éducation universitaire a progressé de 6 %, presque entièrement à temps plein et chez les immigrants établis. Résultat de cette croissance d'emploi, le taux de chômage des immigrants diplômés d'université a baissé de tout un point de pourcentage, passant à 7,6 %, tandis que leur taux d'emploi a légèrement progressé, passant à 78,7 %.
Chez les natifs du Canada ayant une scolarité universitaire, l'emploi était pratiquement inchangé en 2011 par rapport à 2010, ainsi que leurs taux d'emploi et de chômage, qui s'établissaient à 90,2 % et à 3,3 %, respectivement.
Scolarité et situation sur le marché du travail
Dans l'ensemble, les populations ayant un plus faible niveau de scolarité tendent à afficher des taux de chômage plus élevés et des taux d'emploi plus faibles que celles dont le niveau de scolarité est plus élevé, l'écart se creusant éventuellement pendant et suivant un ralentissement économique.
Cependant, en 2008, année exceptionnelle pour le marché du travail, parmi les immigrants ayant une éducation universitaire, seuls ceux établis au Canada depuis plus de dix ans affichaient un taux de chômage moins élevé que les natifs du Canada ayant terminé les études secondaires.
L'effet combiné d'un niveau d'éducation plus élevé, du pays où l'on a atteint le niveau d'éducation le plus élevé et d'une période d'établissement plus longue au Canada joue un rôle dans le parcours sur le marché du travail des immigrants diplômés d'université, car ces derniers, s'ils sont établis depuis plus de dix ans, sont plus susceptibles de voir se rétrécir l'écart entre eux et les natifs du Canada. En 2008, bien que la différence par rapport aux natifs du Canada soit toujours considérable, l'écart entre les taux d'emploi était plus étroit pour les immigrants établis ayant une éducation universitaire. C'était également le cas en 2011 (graphique 5).
Salaires hebdomadaires moyens des immigrants diplômésd'université
Un autre indicateur clé de la situation sur le marché du travail est le revenu d'emploi, particulièrement pour ceux ayant une éducation universitaire, car la proportion de diplômés d'université est plus élevée chez les immigrants que chez les natifs du Canada, et le Canada insiste davantage sur la sélection d'immigrants qualifiés et bien instruits.
Bien que, dans l'ensemble, l'écart salarial entre natifs du Canada et immigrants ait peu changé entre 2008 et 2011, le dernier ralentissement économique semble avoir eu un effet sur les salaires des immigrants diplômés d'université et résidant au pays depuis moins de 10 ans, vu l'élargissement de l'écart entre eux et les natifs du Canada.
En 2008, les salaires hebdomadaires des immigrants très récents et diplômés d'université âgés de 25 à 54 ans équivalaient à 70 % de ceux de leurs homologues nés au Canada. En 2011, ce chiffre était de 67 %. De même, les salaires hebdomadaires des immigrants récents diplômés d'université représentaient 84 % de ce que gagnaient leurs homologues natifs du Canada en 2008. En 2011, ce chiffre est tombé à 79 %. Par contre, l'écart pour les immigrants établis du principal groupe d'âge actif et diplômés d'université était plus faible et stable, car ils gagnaient 95 % de ce que leurs homologues natifs du Canada touchaient en 2008 et en 2011 (graphique 6).
En 2011, les immigrants du principal groupe d'âge actif diplômés d'université touchaient en moyenne 995,87 $ par semaine, soit 3,8 % de plus qu'en 2008. Au cours de la même période, le salaire hebdomadaire nominal de leurs homologues nés au Canada a augmenté de 4,9 % pour atteindre 1 153,28 $. Les immigrants établis présentaient le même taux de croissance salariale que les natifs du Canada.
La situation des immigrants sur le marché du travailselon les caractéristiques sociodémographiques
Hommes et femmes se partagent la croissance de l'emploi en 2011
Alors que les hommes ont subi la majeure partie de la baisse du taux d'emploi pendant le ralentissement économique, cette baisse était encore plus importante chez ceux qui étaient immigrants très récents. L'écart du taux d'emploi dans le principal groupe d'âge actif s'est élargi entre les hommes nés au Canada et les hommes immigrants, notamment ceux qui étaient au pays depuis 5 ans ou moins. Le taux d'emploi de ce groupe d'immigrants était de 75,7 % en 2011, soit de 9,8 points de pourcentage inférieur à celui des hommes nés au Canada. Cet écart était plus faible en 2008 (6,8 points), ce qui illustre l'effet de la « période d'établissement », qui a été exacerbé par le ralentissement économique.
En 2011, l'emploi des immigrants et immigrantes appartenant au principal groupe d'âge actif a augmenté de 4,3 % par rapport à l'année précédente, entraînant une baisse de 1,1 point de pourcentage de leur taux de chômage, qui s'est fixé à 8,4 %. Mais en raison d'une croissance élevée de la population des immigrants, qui a surpassé la croissance de leur emploi, la proportion d'immigrants en emploi n'a que légèrement augmenté (+0,4 point) pour atteindre 75,6 %. L'essentiel de la hausse d'emploi en 2011 provenait des immigrants établis, principalement des femmes.
Avec une croissance d'emploi de 4,5 %, les immigrantes du principal groupe d'âge actif ont vu leur taux de chômage baisser légèrement (-0,8 point de pourcentage) pour atteindre 9,3 % en 2011. Parallèlement, leur taux d'emploi était pratiquement inchangé, à 68,8 %, soit 11,5 points de moins que celui de leurs homologues nées au Canada, un écart semblable à ce qu'il était les années précédentes. De même, leur taux de chômage en 2011 était près du double de celui des femmes nées au Canada (9,3 % contre 5,0 %), un écart semblable à ce qu'il était en 2010 et plus important qu'en 2008.
Quant aux hommes, les écarts entre immigrants et natifs du Canada sont généralement plus faibles que les écarts entre femmes immigrantes et femmes nées au Canada. À 83,0 % en 2011, le taux d'emploi des hommes immigrants était de 2,5 points de pourcentage plus bas que celui des hommes nés au Canada. De même, leur taux de chômage, à 7,7% en 2011, était de 1,7 point plus élevé. Toutefois, si ces écarts se sont amenuisés par rapport à 2009, ils se sont creusés par rapport à 2008.
Peu de variation dans le marché du travail des jeunes
Les jeunes sont souvent disproportionnellement touchés par le ralentissement économique, subissant une baisse rapide de l'emploi et une hausse tout aussi rapide du chômage, et le dernier ralentissement n'était pas une exception. Le taux d'emploi des jeunes immigrants est passé de 49,7 % en 2008 à 45,6 % en 2009. Parallèlement, leur taux de chômage a grimpé, allant de 14,0 % à 20,2 %.
Chez les jeunes nés au Canada, le taux d'emploi est passé de 61,6 % à 57,4 %, et le taux de chômage a augmenté, allant de 11,3 % à 14,6 %. Ainsi, alors que l'écart entre les taux d'emploi des jeunes immigrants et des jeunes nés au Canada avait peu changé de 2008 à 2009, l'écart entre leurs taux de chômage s'est creusé, passant de 2,7 à 5,6 points de pourcentage.
En 2011, l'emploi des jeunes immigrants a connu peu de variation. Mais leur taux de chômage a chuté de 3,1 points de pourcentage pour atteindre 16,3 %, à la suite de la baisse du nombre d'entre eux qui étaient à la recherche de travail.
Par conséquent, l'écart s'est rétréci entre les jeunes immigrants et leurs homologues nés au Canada; leur taux de chômage, de 19,4 % en 2010, était de 5,2 points plus élevé que celui des jeunes natifs du Canada. En 2011, cet écart s'est rétréci, passant à 2 points. D'autre part, le taux d'emploi 2 des jeunes immigrants étant à peu près le même, à 44% en 2011, l'écart entre eux et les natifs du Canada (14 points de pourcentage) est resté élevé.
Le marché du travail des immigrants plus âgés est pratiquement inchangé
Après avoir progressé de 8,0 % entre 2009 et 2010, l'emploi des immigrants âgés de 55 ans et plus était inchangé en 2011. Leurs taux d'emploi et de chômage étaient presqu'au même niveau que l'année précédente, se fixant à 32,7 % et à 7,2 % respectivement.
Parallèlement, l'emploi chez leurs homologues nés au Canada a augmenté de 5,9 % en 2011, après une croissance de 5,6 % en 2010, ce qui a remonté leur taux d'emploi de 33,8 % à 34,6 %, tandis que leur taux de chômage s'est fixé à 6,0 %.
Les 55 ans et plus, à la fois immigrants et natifs du Canada, sont le seul segment de la population active à avoir été épargné l'impact du ralentissement du marché du travail. En effet, la croissance enregistrée en 2010 et 2011 a porté leur emploi à des niveaux supérieurs à ceux de 2008 (+9,3 % chez les immigrants et +17,4 % chez les natifs du Canada). Voir l'encadré Le nombre de travailleurs âgés augmente.
Le nombre de travailleurs âgés de 55 ans et plus augmente
Parmi l'ensemble des Canadiens en emploi en 2011, 18 % étaient âgés de 55 ans ou plus, contre 10 % en 2000. La proportion des personnes de 55 ans et plus en emploi était de 12 % en 1976 et est tombée à 10 % dans les années 1990 avant d'augmenter constamment pour atteindre de nouveaux sommets au début des années 2000.
La progression de l'emploi et de la participation au marché du travail des personnes de 55 ans et plus reflète une tendance continue du vieillissement démographique : en 2011, près du tiers (32 %) de la population canadienne de 15 ans et plus était âgée d'au moins 55 ans, en hausse par rapport à 22 % il y a trois décennies. Cette tendance démographique se manifeste dans la croissance à long terme du taux d'emploi des 55 ans et plus.
Chez les immigrants, seuls ceux âgés de 55 ans et plus affichent un taux d'emploi semblable à celui de leurs homologues nés au Canada (graphique 7).
La situation des immigrants sur le marché du travailpar région ou pays de naissance
La situation sur le marché du travail change peu pour les immigrants nés en Asie et en Amérique latine
Parmi les groupes d'immigrants, ceux nés en Asie ont connu la baisse la plus rapide du taux d'emploi durant le ralentissement. En 2011, leur niveau d'emploi a peu varié par rapport à l'année précédente, mais leur taux de chômage a reculé de 2 points de pourcentage pour s'établir à 8,7 %, à la suite d'une baisse du nombre de personnes à la recherche de travail. Parallèlement, leur taux d'emploi était à peu près inchangé, s'établissant à 73,1 %.
La situation sur le marché du travail des immigrants nés en Amérique latine n'a guère changé entre 2009 et 2011. Leur taux d'emploi (75,1 %) était légèrement en hausse par rapport à 2010, mais inchangé par rapport à 2009. En outre, leur taux de chômage, 10,3 % en 2011, s'est maintenu à peu près au même niveau. Parmi tous les groupes d'immigrants, les natifs d'Amérique latine ont enregistré la plus forte hausse du taux de chômage à la suite du ralentissement.
Les immigrants nés aux Philippines 3 affichent un taux d'emploi plus élevé que les natifs du Canada
Chaque année, de 2006 (année depuis laquelle les données sur la population active immigrante existent) à 2011, les immigrants nés aux Philippines ont enregistré le taux d'emploi le plus élevé de tous les groupes quel que soit le pays de naissance, voire plus élevé que celui des natifs du Canada, qui se classent au deuxième rang, suivis par les immigrants nés en Europe, dont le taux est le troisième plus élevé (graphique 8). Toutefois, les immigrants nés aux Philippines n'étaient pas à l'abri du ralentissement économique, leur taux d'emploi ayant chuté de 3 points de pourcentage pour s'établir à 85,0 % en 2009, et leur taux de chômage ayant augmenté de 2 points pour atteindre 6,1 %. Mais il s'agissait de la hausse la plus lente comparativement aux immigrants natifs d'autres régions du monde; seuls les natifs du Canada ont affiché une hausse semblable de leur taux de chômage (+1,8 point), celui-ci passant à 6,4 %.
À 85,6 % en 2011, le taux d'emploi des immigrants nés aux Philippines était plus élevé que le taux de 82,9 % chez les natifs du Canada, et le taux de chômage des deux groupes était similaire, à savoir 5,4 % et 5,5 % respectivement. Certaines caractéristiques liées à l'éducation expliqueraient, au moins partiellement, ces résultats obtenus sur le marché du travail. Ainsi, la grande majorité des immigrants nés aux Philippines (79 %) avaient fait des études postsecondaires (y compris universitaires), contre 64 % des natifs du Canada et 71 % des natifs d'Europe.
L'écart entre les immigrants nés aux Philippines et ceux nés dans d'autres pays pourrait aussi être attribuable à la langue et au système d'éducation du pays, qui s'apparente beaucoup au système nord-américain, alors que « les systèmes d'éducation d'autres pays d'Asie s'inspirent du système anglais, français ou néerlandais ». De plus, les Philippines ont adopté « un régime d'instruction bilingue, certaines matières étant enseignées en anglais et les autres, dans la langue nationale, à savoir le philippin » 4 .
En outre, une proportion plus élevée d'immigrants nés aux Philippines sont des femmes (60 %), et la majorité d'entre elles arrivent au Canada en vertu du Programme des aides familiaux résidants et ont déjà un emploi à leur arrivée 5 .
Les immigrants nés en Europe présentent le taux de chômage le plus faible après les immigrants nés aux Philippines
De 2010 à 2011, le taux d'emploi des immigrants nés en Europe a légèrement augmenté (+0,5 point) pour atteindre 82,6 %, tandis que leur taux de chômage s'est fixé à 5,9 %. Chaque année, de 2006 à 2009, ces immigrants présentaient le taux de chômage le plus faible, après celui de leurs homologues nés aux Philippines.
Le taux d'emploi le plus faible se trouve chez les immigrants nés en Afrique
Les immigrants nés en Afrique, qui constituent près de 10 % de la population active d'immigrants âgés de 25 à 54 ans, sont le seul groupe à n'avoir pas connu de changement marqué pendant le ralentissement économique ou par la suite. En 2011, ces immigrants affichaient le taux d'emploi le plus faible et le taux de chômage le plus élevé comparativement aux immigrants nés dans d'autres régions, soit 70,1 % et 12,6 %, respectivement.
Depuis 2006, année où la série de données sur la population active immigrante a commencé, les immigrants nés en Afrique ont enregistré le taux d'emploi le plus faible et le taux de chômage le plus élevé de tous les immigrants. Ceux qui étaient au pays depuis 5 ans ou moins, en particulier, étaient confrontés à davantage de difficultés sur le marché du travail, leur taux d'emploi atteignant un plancher de 55,7 % 6 en 2011, et leur taux de chômage, 21,3 %. Par contre, les chiffres correspondants pour leurs homologues résidant au pays depuis plus de 10 ans étaient de 77,3 % et 9,1 % respectivement.
Selon un rapport récent de Citoyenneté et Immigration Canada 7 , près de 19 % de l'ensemble des immigrants très récents originaires d'Afrique 8 , du Moyen-Orient ainsi que d'Amérique centrale et du Sud (mais pas nécessairement nés dans ces régions) sont venus au Canada comme réfugiés entre 2007 et 2011; les chiffres correspondants sont de 6 % pour les immigrants d'Asie et du Pacifique et de 4 % pour ceux d'Europe et du Royaume-Uni.
Comme le montre l'Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada 9 , les réfugiés font face à bon nombre de difficultés sur le marché du travail comparativement aux immigrants d'autres catégories, à savoir notamment de faibles taux d'emploi et des obstacles linguistiques. Les réfugiés ne sont pas assujettis au processus de sélection des demandeurs de la catégorie des immigrants économiques (ce qui ne signifie pas nécessairement que leur niveau de qualifications est différent) et ne peuvent souvent pas compter sur un réseau familial solide au Canada, comme c'est le cas pour les demandeurs de la catégorie du regroupement familial. De plus, ils sont moins susceptibles de s'être aussi bien préparés que les immigrants qualifiés à venir s'établir au Canada; ils n'ont parfois pas tous leurs effets personnels, ni leurs titres de compétences. Une proportion plus élevée de réfugiés peut expliquer certaines des différences relatives au marché du travail, notamment chez les immigrants très récents originaires d'Afrique et d'Amérique du Sud.
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