Les Autochtones vivant hors réserve et le marché du travail : estimations de l’Enquête sur la population active, 2007 à 2015

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par Melissa Moyser, Ph. D.

Date de diffusion : le 16 mars 2017 Date de la correction : le 27 mars 2017

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Correction avis

Le 27 mars 2017, une correction a été apportée au tableau 3 de l’article intitulé « Les Autochtones vivant hors réserve et le marché du travail : estimations de l’Enquête sur la population active, 2007 à 2015 ». La durée moyenne de l’emploi pour la population autochtone et la population non autochtone est 82,3 mois et 94,6 mois, respectivement, soit une différence de -12,3 mois. Les chiffres pour la population autochtone et la population non autochtone avaient précédemment été inversés.

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Résumé

Le rapport donne un aperçu à jour de l’activité sur l’intégration au marché du travail de la population autochtone vivant hors réserve dans les 10 provinces canadiennes durant et après le ralentissement économique de 2008‑2009, en établissant des comparaisons avec la population non autochtone. Le rapport, fondé sur les moyennes annuelles tirées de l’Enquête sur la population active (EPA) pour la période de 2007 à 2015, porte principalement sur les Autochtones faisant partie du principal groupe d’âge actif (25 à 54 ans), bien que les jeunes (15 à 24 ans) et les adultes plus âgés (55 ans et plus) soient tout de même analysés séparément. Les indicateurs du marché du travail sont présentés non seulement en fonction du groupe autochtone, mais également selon le sexe, la région géographique (la province ou région de résidence), le niveau de scolarité, la monoparentalité et l’état matrimonial. La distribution des caractéristiques du travail (p. ex. le travail autonome, le secteur d’emploi, le nombre habituel d’heures de travail, les salaires, la durée de l’emploi, l’industrie et la profession) selon le statut d’autochtone est aussi examinée.

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Faits saillants

  • Par rapport aux non‑Autochtones, les Autochtones du Canada affichent généralement des taux plus faibles d’activité et d’emploi ainsi qu’un taux plus élevé de chômage. L’intégration au marché du travail des Autochtones vivant hors réserve a été touchée plus durement par le ralentissement économique de 2008‑2009 que celle des non‑Autochtones, et ce, durant une plus longue période. Toutefois, leurs taux d’emploi et d’activité se sont rapidement rétablis entre 2010 et 2012, au point d’atteindre les niveaux antérieurs à la récession et d’y demeurer jusqu’en 2014.
  • De 2014 à 2015, les taux d’emploi, de chômage et d’activité de la population autochtone ont diminué dans une certaine mesure, tant en valeur absolue qu’en valeur relative. Cette diminution était surtout observable chez les femmes autochtones et les Premières Nations. Sur le plan géographique, cette baisse a été observée surtout en Alberta et au Québec.
  • En 2015, la population autochtone affichait des niveaux de scolarité moins élevés que ceux de la population non autochtone. Bien que la scolarité ait légèrement prémuni les Autochtones contre une situation défavorable sur le marché du travail, on observait tout de même des disparités entre les Autochtones et les non‑Autochtones ayant fait des études postsecondaires en ce qui a trait aux taux d’emploi, d’activité et de chômage.
  • Un constat lié à leurs niveaux de scolarité relativement faibles s’est dégagé: les Autochtones étaient moins susceptibles que les non‑Autochtones d’exercer ce qu’on appelle les « professions du savoir », qui tendent à être mieux rémunérées.
  • En 2015, les Autochtones touchaient en moyenne des gains moins élevés que ceux des non‑Autochtones, surtout en raison de leurs niveaux de scolarité plus faibles. Parmi les titulaires d’un certificat ou d’un diplôme d’études postsecondaires ou d’un grade universitaire, les gains des Autochtones étaient au moins aussi élevés en moyenne que ceux des non‑Autochtones.
  • En 2015, les Autochtones ayant des enfants âgés de moins de 12 ans étaient plus de deux fois plus susceptibles que les non‑Autochtones d’être des parents seuls. Quel que soit le groupe autochtone, les parents seuls affichaient de plus faibles taux d’activité et d’emploi, et des taux de chômage plus élevés. Chez les parents seuls autochtones, la situation était amplifiée.

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De tout temps, la population autochtone au Canada a été désavantagée sur le marché du travail par rapport à la population non autochtone : les taux d’emploi et d’activité (ainsi que la rémunération) ont tendance à être plus faibles, alors que les taux de chômage ont tendance à être plus élevés (Mendelson, 2004). Ces tendances ont été amplifiées au cours du ralentissement économique de 2008‑2009 (Usalcas, 2011). Plus précisément, d’après des indicateurs clés du marché du travail (c.‑à‑d. les taux d’emploi, de chômage et d’activité), les Autochtones ont été touchés plus durement que les non‑Autochtones par la récente récession. De surcroît, les taux d’activité, d’emploi et de chômage des Autochtones ont continué de diminuer en 2010, même après avoir commencé à remonter chez les non‑Autochtones.

À l’heure actuelle, il est utile de réexaminer les tendances de l’intégration au marché du travail de la population autochtone vivant hors réserve par rapport à la population non autochtone, particulièrement dans le sillage de la récente récession. Les données annuelles de l’Enquête sur la population active (EPA) jusqu’à 2015 sont maintenant disponibles, ce qui permet de mieux évaluer les répercussions à long terme du ralentissement économique de 2008‑2009.

L’objectif du présent rapport est de fournir des renseignements à jour sur la trajectoire de l’activité sur le marché du travail des Autochtones depuis 2007, compte tenu du passage du temps (c.‑à‑d. l’allongement de la série chronologique). On y examine également les disparités entre les Autochtones et les non‑Autochtones en ce qui a trait aux taux d’emploi, de chômage et d’activité et aux caractéristiques du travail (p. ex. le secteur public ou privé, le travail autonome, le nombre habituel d’heures de travail, le salaire, la durée de l’emploi, la profession et l’industrie), en s’appuyant sur les données annuelles les plus récentes de l’EPA.

Avant de commencer l’analyse, il est nécessaire de délimiter les paramètres démographiques du présent rapport.

1  Profil démographique de la population autochtone et de celle non autochtone

1.1  Structure par âge

La population autochtone est plus jeune que la population non autochtone. Selon les données de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011 pour la population vivant hors réserve dans les provinces, 24,3 % de la population autochtone était âgée de 15 à 24 ans, par rapport à 15,5 % de la population non autochtone (graphique 1). De plus, la proportion de personnes appartenant au principal groupe d’âge actif (25 à 54 ans) était légèrement plus élevée au sein de la population autochtone (55,1 %) que dans la population non autochtone (51,4 %). À l’inverse, la proportion de la population autochtone âgée de 55 ans et plus était moins élevée, s’établissant à 20,6 %, par rapport à 33,1 % dans le cas de la population non autochtone.

Graphique 1 La répartition par âge de la population hors réserve vivant dans les provinces selon l'identité autochtone, 2011

Tableau de données du graphique 1
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 15 à 24 ans, 25 à 54 ans et 55 ans et plus, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  15 à 24 ans 25 à 54 ans 55 ans et plus
pourcentage
Identité autochtone 24,3 55,1 20,6
Identité non autochtone 15,5 51,4 33,1

Afin de faire en sorte que les différences d’âge aient une incidence limitée sur la comparaison des indicateurs du marché du travail selon le groupe autochtone, le présent rapport est axé sur les populations autochtone et non autochtone appartenant au principal groupe d’âge actif (25 à 54 ans). Les populations plus jeunes (15 à 24 ans) et plus âgées (55 ans et plus) sont examinées séparément aux sections 2.12 et 2.13, respectivement.

1.2  Restrictions géographiques

Bien que l’EPA produise des données sur les territoires, la méthodologie diffère de celle utilisée pour les provinces. Par conséquent, les estimations pour les territoires ne sont pas incluses dans les totaux nationauxNote 1. De plus, la population cible de l’EPA ne comprend pas les personnes vivant sur les réserves indiennes et dans les établissements indiens. Pour ces raisons, tous les renseignements figurant dans le présent rapport reflètent la situation des personnes vivant hors réserve dans les 10 provinces du Canada (sauf indication contraire). Selon les résultats de l’ENM, 78,0 % de la population autochtone appartenant au principal groupe d’âge actif vivaient hors réserve en 2011.

1.3  Groupes autochtones

La population autochtone peut se définir de différentes façons, selon la perspective et les besoins de l’utilisateur de données. Dans le cadre de l’EPA, les renseignements sur le groupe autochtone auquel un répondant ou les membres de son ménage appartiennent sont recueillis au moyen de la question suivante, posée lorsque le Canada, les États‑Unis ou le Groenland a été déclaré comme pays de naissance : « … est‑[il/elle] un(e) Autochtone, c'est‑à‑dire un(e) Indien(ne) de l’Amérique du Nord, un(e) Métis(se) ou un(e) Inuit(e)? ». Une personne appartient à un groupe autochtone lorsqu’elle déclare s’identifier à au moins un groupe autochtone, soit aux Indiens de l’Amérique du Nord (ci‑après appelés Premières Nations), aux Métis ou aux Inuits.

Le concept de groupe autochtone se distingue des concepts utilisés dans le cadre du recensement, de l’ENM et de l’Enquête auprès des peuples autochtones parce qu’il ne dépend pas du statut d’Indien inscrit ou d’Indien des traités, de l’appartenance aux Premières Nations ou à une bande indienne, ou de l’ascendance. De ce fait, la déclaration volontaire de l’appartenance à un groupe autochtone dans le cadre de l’EPA est entièrement subjective. Elle est semblable au concept « d’identité autochtone » utilisé dans le recensement.

Dans le présent rapport, les Autochtones comprennent les personnes ayant déclaré appartenir à un ou à plus d’un groupe autochtone. Lorsque des données sur les Premières Nations ou les Métis sont présentées, elles visent uniquement les personnes ayant indiqué appartenir à un seul groupe autochtone.

Selon les résultats de l’ENM, 1,4 million de personnes ont déclaré une identité autochtone en 2011, ce qui représente 4,3 % de la population canadienne totale. Près de 61 % de la population autochtone totale ont indiqué être membre des Premières Nations, et 32,3 % ont déclaré être des Métis. La proportion d’Inuits était comparativement faible, formant 4,2 % de la population autochtone totale. Près des trois quarts des Inuits vivaient dans l’Inuit Nunangat, une région qui s’étend du Labrador jusqu’aux Territoires du Nord‑OuestNote 2. Par conséquent, l’échantillon d’Inuits dans la partie provinciale de l’EPA n’est pas suffisant pour que leur intégration au marché du travail puisse être distinguée de celle des autres groupes autochtones. Toutefois, les Inuits sont compris dans les totaux pour les personnes autochtones tout au long du présent rapport s’ils résidaient dans les provinces.

2  AnalyseNote 3

2.1  Variations des indicateurs du marché du travail selon le statut d’autochtone au fil du temps

2.11  De 2008 à 2010 : le ralentissement économique

En 2007, 69,9 % de la population autochtone appartenant au principal groupe d’âge actif occupait un emploi, par rapport à 82,5 % de la population non autochtone (graphique 2). Cette disparité a quelque peu rétréci, passant de 12,6 points de pourcentage en 2007 à 11,8 points de pourcentage en 2008 et en 2009, avant de s’accroître pour atteindre 15,1 points de pourcentage en 2010. En effet, le taux d’emploi des Autochtones a continué de diminuer en 2010, alors que celui des non‑Autochtones avait amorcé une lente remontée.

Graphique 2 Taux d'emploi des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone, 2007 à 2015

Tableau de données du graphique 2
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en‑tête de colonne).
  2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
pourcentage
Population autochtone 69,9 70,8 68,8 65,8 67,3 69,3 69,2 69,3 67,5
Population non autochtone 82,5 82,6 80,6 80,9 81,3 81,7 82,0 81,6 81,8

Une tendance parallèle peut être observée pour le taux de chômage de 2007 à 2010 (graphique 3). En 2007, le taux de chômage des Autochtones s’établissait à 8,9 %, par rapport à 5,0 % chez les non‑Autochtones — une différence de près de 4 points de pourcentage. Les taux de chômage des deux populations étaient en grande partie inchangés en 2008, avant d’augmenter de manière semblable en 2009. Alors que le taux de chômage de la population non autochtone a commencé à diminuer en 2010, la tendance à la hausse du taux de chômage de la population autochtone s’est poursuivie. Par conséquent, la disparité des taux de chômage entre les Autochtones et les non‑Autochtones a atteint un sommet de 5,3 points de pourcentage en 2010.

Graphique 3 Taux de chômage des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone, 2007 à 2015

Tableau de données du graphique 3
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
pourcentage
Population autochtone 8,9 9,1 11,5 12,1 11,1 10,8 10,1 9,8 11,0
Population non autochtone 5,0 5,0 7,0 6,8 6,2 5,9 5,8 5,7 5,7

De même, le taux d’activité de la population non autochtone était relativement stable entre 2007 et 2010, se situant juste en dessous de 87,0 % (graphique 4). Toutefois, le taux d’activité de la population autochtone a légèrement augmenté, passant de 76,7 % en 2007 à approximativement 78,0 % en 2008 et 2009, avant de baisser à 74,8 % en 2010. Ainsi, la disparité des taux d’activité entre les Autochtones et les non‑Autochtones s’est accentuée, passant d’un peu plus de 10 points de pourcentage en 2007 à 12 points de pourcentage en 2010.

Graphique 4 Taux d'activité des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone, 2007 à 2015

Tableau de données du graphique 4
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
pourcentage
Population autochtone 76,7 77,9 77,7 74,8 75,7 77,7 77,0 76,9 75,9
Population non autochtone 86,8 86,9 86,7 86,8 86,7 86,9 87,0 86,5 86,7

Dans l’ensemble, selon tous les indicateurs du marché du travail, les effets du ralentissement économique ont duré plus longtemps pour la population autochtone que pour la population non autochtone. Par conséquent, les effets négatifs du ralentissement économique sur l’activité sur le marché du travail ont été ressentis plus fortement chez les Autochtones que chez les non‑Autochtones.

2.1.2  De 2011 à 2014 : une reprise presque complète

Bien que les Autochtones aient été touchés plus longtemps et dans une plus grande mesure par la récente récession que les non‑Autochtones, leurs taux d’emploi et d’activité se sont améliorés assez rapidement. Plus précisément, au cours de la période de deux ans allant de 2010 à 2012, le taux d’emploi de la population autochtone a progressé de 3,5 points de pourcentage pour atteindre 69,3 %, ce qui l’amenait à tout au plus 0,6 point de pourcentage du niveau enregistré en 2007 (graphique 2). En revanche, au cours de la période de trois ans allant de 2010 à 2013, le taux d’emploi de la population non autochtone a augmenté de 1,1 point de pourcentage pour s’établir à 82,0 %, ce qui l’amenait à tout au plus un demi‑point de pourcentage du niveau observé en 2007 (graphique 2). En 2014, ni le taux d’emploi de la population autochtone ni celui de la population non autochtone n’étaient complètement retournés aux niveaux antérieurs à la récession, mais, dans les deux cas, l’écart était de tout au plus 1,0 point de pourcentage (graphique 2).

Les taux de chômage des populations autochtone et non autochtone ont diminué à un rythme semblable entre 2011 et 2014, s’approchant des niveaux antérieurs à la récession (graphique 3). En 2014, les taux de chômage des Autochtones et des non‑Autochtones dépassaient les taux observés en 2007 par moins d’un point de pourcentage. Près de 10,0 % de la population active autochtone était en chômage en 2014, par rapport à 8,9 % en 2007; 5,7 % de la population active non autochtone était en chômage en 2014, par rapport à 5,0 % en 2007.

Le taux d’activité des non‑Autochtones a été bien peu affecté par le ralentissement économique. Au cours de la période de deux ans allant de 2010 à 2012, le taux d’activité des Autochtones a en grande partie repris le terrain perdu durant la récession, au point de dépasser le niveau atteint en 2007 et d’y demeurer jusqu’en 2014 (graphique 4).

2.1.3  2015 : une certaine détérioration

De 2014 à 2015, les indicateurs du marché du travail ont révélé une certaine détérioration du bien‑être économique des Autochtones, tant en valeur absolue qu’en valeur relative. Leur taux d’emploi a baissé de 1,8 point de pourcentage, passant de 69,3 % en 2014 à 67,5 % en 2015. En revanche, le taux d’emploi de la population non autochtone était essentiellement le même, à savoir 81,6 % en 2014 et 81,8 % en 2015. Ainsi, la disparité des taux d’emploi entre les populations autochtone et non autochtone s’est accentuée, passant de 12,3 points de pourcentage en 2014 à 14,3 points de pourcentage en 2015. Il s’agit du deuxième écart en importance relevé depuis 2007, soit la première année où des données sur la population autochtone au Canada ont été recueillies dans le cadre de l’EPA. Ce n’est qu’en 2010, alors que la population autochtone subissait encore les effets du ralentissement économique, que la disparité des taux d’emploi entre les Autochtones et les non‑Autochtones était plus importante qu’en 2015.

De même, alors que le taux de chômage de la population non autochtone était inchangé de 2014 à 2015 (5,7 %), il a augmenté de 1,2 point de pourcentage dans le cas de la population autochtone, passant de 9,8 % en 2014 à 11,0 % en 2015. La différence des taux de chômage entre les Autochtones et les non‑Autochtones en 2015 correspondait à celle observée lors du ralentissement économique en 2010, soit 5,3 points de pourcentage.

Le taux d’activité de la population non autochtone était pratiquement inchangé entre 2014 et 2015 (86,5 % et 86,7 %, respectivement), alors qu’il a diminué d’un point de pourcentage dans le cas de la population autochtone, passant de 76,9 % en 2014 à 75,9 % en 2015. Bien que la disparité des taux d’activité entre les Autochtones et les non‑Autochtones était plus marquée en 2015 qu’en 2012, elle était tout de même plus faible qu’en 2010.

Comme les sections suivantes du rapport le présenteront, de 2014 à 2015, la détérioration de l’intégration des Autochtones au marché du travail était forte chez les femmes autochtones et les Premières Nations, alors que les taux d’emploi, de chômage et d’activité des hommes autochtones et des Métis étaient essentiellement les mêmes. Sur le plan géographique, les taux d’emploi et d’activité des Autochtones ont surtout reculé en Alberta et au Québec, alors que les hausses du taux de chômage ont surtout été enregistrées en Alberta.

2.2  Analyse selon le sexe

Les femmes, étant plus susceptibles de se retirer du marché du travail pour s’occuper de leurs enfants, affichent généralement des taux d’emploi et d’activité inférieurs à ceux des hommes (Beaujot et Ravanera, 2009; Mennino et Brayfield, 2002; Ravenera, Beaujot et Liu, 2009). Ces écarts entre les sexes sont légèrement plus prononcés au sein de la population autochtone que dans la population non autochtone. Or, les deux groupes de femmes s’en sont mieux tirés que leurs homologues masculins lors du ralentissement économique. Les taux d’emploi des femmes autochtones et non autochtones ont diminué dans une moindre mesure que ceux des hommes. Dans le cas de la population autochtone, cela s’explique par le fait que l’incidence défavorable de la récession a été de plus courte durée sur l’emploi des femmes que sur celui des hommes. Plus précisément, le taux d’emploi des femmes autochtones a diminué pendant une période d’un an entre 2009 et 2010, alors que le taux d’emploi observé chez les hommes autochtones a commencé à diminuer un an plus tôt, soit en 2008, et a continué de baisser jusqu’en 2010. Chez les femmes autochtones, c’est en 2012 que le taux d’emploi est retourné au niveau observé en 2007, tandis que chez les femmes non autochtones, cela s’est produit en 2013. Par contre, en 2015, les taux d’emploi des hommes autochtones et non autochtones n’avaient pas encore repris le terrain perdu lors de la récession.

Toutefois, entre 2014 et 2015, le taux d’emploi des femmes autochtones a diminué de près de 3 points de pourcentage, passant de 66,1 % à 63,2 % (graphique 5). Parallèlement, les taux d’emploi des hommes autochtones, de même que ceux des hommes et des femmes non autochtones, étaient essentiellement inchangés. Par conséquent, l’écart en matière d’emploi entre les femmes et les hommes autochtones ainsi que celui entre les femmes autochtones et non autochtones se sont accentués. Plus précisément, la différence entre les taux d’emploi des hommes et des femmes autochtones est passée de 6,8 points de pourcentage en 2014 à 8,9 points de pourcentage en 2015. Au cours de la même période, la différence entre les taux d’emploi des femmes autochtones et non autochtones est passée de 11,7 points de pourcentage à 14,8 points de pourcentage.

Graphique 5 Taux d'emploi des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone et le sexe, 2007 à 2015

Tableau de données du graphique 5
Tableau de données du graphique 5
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 5 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
pourcentage
Hommes autochtones 75,5 77,0 72,8 69,5 70,9 73,8 72,8 72,9 72,1
Femmes autochtones 64,6 64,7 65,2 62,4 64,1 65,2 65,8 66,1 63,2
Hommes non autochtones 86,5 86,8 83,7 84,2 85,1 85,4 85,5 85,4 85,6
Femmes non autochtones 78,5 78,3 77,4 77,5 77,6 78,1 78,5 77,8 78,0

Quel que soit le groupe d’autochtone, les hommes ont tendance à afficher des taux de chômage supérieurs à ceux des femmes (graphique 6). Cet écart entre les sexes s’est accentué en 2009, indiquant que les hommes ont été touchés plus durement que les femmes par le ralentissement économique. Après la récession, les taux de chômage observés chez les deux sexes ont convergé plus rapidement au sein de la population non autochtone que dans la population autochtone. En 2015, l’écart entre les hommes et les femmes s’est finalement resserré chez les Autochtones, sous l’effet de la hausse plus marquée du taux de chômage chez les femmes autochtones que chez les hommes autochtones.

Graphique 6 Taux de chômage des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone et le sexe, 2007 à 2015

Tableau de données du graphique 6
Tableau de données du graphique 6
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 6 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
pourcentage
Hommes autochtones 9,1 9,1 12,6 13,0 12,5 11,1 11,1 10,3 11,2
Femmes autochtones 8,7 9,2 10,3 11,1 9,6 10,5 9,1 9,4 10,9
Hommes non autochtones 5,3 5,3 8,0 7,3 6,3 6,2 6,0 5,9 6,1
Femmes non autochtones 4,7 4,7 6,0 6,3 5,9 5,6 5,5 5,4 5,3

À l’instar des taux d’emploi et de chômage, les taux d’activité révèlent que les hommes et les femmes autochtones ont été touchés plus durement que leurs homologues non autochtones par le ralentissement économique, mais les femmes autochtones dans une moindre mesure que les hommes autochtones (graphique 7). Comme pour le taux d’emploi, le taux d’activité des femmes autochtones a commencé à baisser un an après celui des hommes autochtones, et au final, a perdu moins de terrain. En 2015, alors que le taux d’activité des hommes autochtones n’était pas encore retourné au niveau de 2007, celui des femmes autochtones l’avait atteint en 2011. Par la suite, le taux d’activité des femmes autochtones était supérieur au niveau de 2007 jusqu’en 2015, pour ensuite diminuer de 2 points de pourcentage par rapport à 2014. En revanche, les taux d’activité des hommes et des femmes non autochtones ont été plutôt stables depuis 2007.

Graphique 7 Taux d'activité des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone et le sexe, 2007 à 2015

Tableau de données du graphique 7
Tableau de données du graphique 7
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 7 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
pourcentage
Hommes autochtones 83,1 84,7 83,3 79,9 81,1 83,0 81,9 81,3 81,2
Femmes autochtones 70,8 71,3 72,7 70,2 70,9 72,9 72,4 72,9 70,9
Hommes non autochtones 91,3 91,6 91,0 90,8 90,9 91,0 91,0 90,8 91,2
Femmes non autochtones 82,4 82,2 82,4 82,7 82,5 82,7 83,0 82,2 82,3

2.3  Groupes autochtones détaillés

De 2007 à 2015, quelle que soit la mesure utilisée, les Métis affichaient des résultats sur le marché du travail nettement meilleurs que les Premières Nations, et leurs taux d’emploi, de chômage et d’activité se situaient plus près de la parité avec les taux des non‑Autochtones (graphiques 8 à 11)Note 4. Cette tendance s’est exacerbée entre 2014 et 2015, au moment où les indicateurs du marché du travail des Premières Nations ont diminué, alors que ceux des Métis et des non‑Autochtones étaient pratiquement inchangés. Par conséquent, la récente détérioration des indicateurs du marché du travail de la population autochtone était particulièrement prononcée chez les Premières Nations.

En 2015, le taux d’emploi des Métis était de 73,1 %, par rapport à 62,4 % chez les Premières Nations et à 81,8 % chez les non‑Autochtones. Le taux de chômage des Métis était de 8,8 %, alors qu’il était de 13,2 % chez les Premières Nations et de 5,7 % chez les non‑Autochtones. Le taux d’activité des Métis était de 80,2 %, par rapport à 71,9 % pour les Premières Nations et à 86,7 % pour les non‑Autochtones.

Graphique 8 Taux d'emploi des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone détaillé, 2007 à 2015

Tableau de données du graphique 8
Tableau de données du graphique 8
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Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 8 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
pourcentage
Premières Nations 65,7 65,6 63,7 60,9 61,1 64,9 64,1 65,3 62,4
Métis 73,7 76,2 73,8 71,3 73,9 74,1 75,0 73,6 73,1
Population non autochtone 82,5 82,6 80,6 80,9 81,3 81,7 82,0 81,6 81,8

Graphique 9 Taux de chômage des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone détaillé, 2007 à 2015

Tableau de données du graphique 9
Tableau de données du graphique 9
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 9 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
pourcentage
Premières Nations 10,7 11,5 13,5 14,8 14,6 13,1 11,4 10,8 13,2
Métis 7,5 6,9 9,6 9,4 7,8 8,7 8,9 8,9 8,8
Population non autochtone 5,0 5,0 7,0 6,8 6,2 5,9 5,8 5,7 5,7

Graphique 10 Taux d'activité des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone détaillé, 2007 à 2015

Tableau de données du graphique 10
Tableau de données du graphique 10
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 10 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en‑tête de colonne).
  2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
pourcentage
Premières Nations 73,5 74,2 73,7 71,5 71,5 74,7 72,4 73,3 71,9
Métis 79,7 81,9 81,7 78,7 80,2 81,2 82,3 80,8 80,2
Population non autochtone 86,8 86,9 86,7 86,8 86,7 86,9 87,0 86,5 86,7

Graphique 11 Taux d'activité, d'emploi et de chômage des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone détaillé, 2015

Tableau de données du graphique 11
Tableau de données du graphique 11
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 11 Taux d'activité, Taux d'emploi et Taux de chômage, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Taux d'activité Taux d'emploi Taux de chômage
pourcentage
Premières Nations 71,9 62,4 13,2
Métis 80,2 73,1 8,8
Population non autochtone 86,7 81,8 5,7

2.4  Distinction entre les personnes nées au Canada et celles nées à l’étranger au sein de la population non autochtone

Tout comme la disparité des indicateurs du marché du travail entre les Autochtones et les non‑Autochtones dépend de la distinction entre les Premières Nations et les Métis au sein de la population autochtone, cette disparité dépend également de la distinction entre les immigrants et les non‑immigrants au sein de la population non autochtoneNote 5. Selon les résultats de l’ENM, près de 26 % des Canadiens âgés de 25 à 54 ans en 2011 sont nés à l’étranger. Les immigrants affichent généralement de moins bons résultats sur le marché du travail canadien par rapport à leurs homologues nés au pays (Frennette et Morrisette, 2005; Picot, 2008; Yssaad, 2012)Note 6. Ainsi, en excluant les immigrants de la population non autochtone, les désavantages rencontrés sur le marché du travail par les Autochtones augmentent. (tableau 1). Par exemple, pour l’année 2015, la disparité des taux d’emploi entre les Autochtones et les non‑Autochtones est de 16,4 points de pourcentage lorsque les personnes nées à l’étranger étaient exclues de la population non autochtone, et de 14,3 points de pourcentage lorsqu’elles étaient incluses.

2.5  Analyse régionale

En 2015, le taux d’emploi des Autochtones était plus élevé dans la région de l’Atlantique, s’établissant à 71,8 %, par rapport à 79,2 % chez les non‑Autochtones (tableau 2). La région de l’Atlantique présentait aussi la plus faible disparité des taux d’emploi entre les Autochtones et les non‑Autochtones, soit un écart de 7,4 points de pourcentage. Cela représente une variation de la répartition de l’emploi entre Autochtones et non‑Autochtones dans les provinces ou les régions du Canada. En effet, de 2007 à 2014, le taux d’emploi des Autochtones a été le plus élevé en Alberta et au Manitoba, et l’écart entre les taux d’emploi des Autochtones et des non‑Autochtones a été parmi les plus faibles en Alberta.

En 2015, l’Alberta affichait le deuxième taux d’emploi le plus élevé chez les Autochtones (69,6 %, par rapport à 83,4 % chez les non‑Autochtones). Quant à la faiblesse de l’écart entre les taux d’emploi des Autochtones et des non‑Autochtones, l’Alberta venait au deuxième rang, à égalité avec l’Ontario (13,8 points de pourcentage). Bien qu’on ait également observé des taux d’emploi relativement élevés chez les Autochtones du Manitoba et de la Saskatchewan (68,2 % dans chacune des provinces), les taux des non‑Autochtones dépassaient de loin la moyenne nationale (85,6 % et 86,7 %, respectivement). Ainsi, les écarts des taux d’emploi entre les Autochtones et les non‑Autochtones étaient parmi les plus grands dans ces deux provinces (17,4 points de pourcentage au Manitoba et 18,5 points de pourcentage en Saskatchewan). On observe des tendances provinciales et régionales semblables en ce qui a trait aux taux d’activité.

Le taux d’emploi des Autochtones était le plus bas au Québec (64,3 %) en 2015, suivi de près par la Colombie‑Britannique (64,7 %). La disparité des taux d’emploi entre les Autochtones et les non‑Autochtones était aussi parmi les plus grandes dans ces provinces (17,9 points de pourcentage au Québec et 16,6 points de pourcentage en Colombie‑Britannique).

Par ailleurs, le taux de chômage des Autochtones était le plus élevé en Colombie‑Britannique (12,8 %), suivie de la région de l’Atlantique (12,3 %), de l’Alberta (11,9 %) et de la Saskatchewan (11,0 %). Les provinces de l’Ouest présentaient aussi les disparités les plus importantes entre les taux de chômage des Autochtones et des non‑Autochtones.

La région de l’Atlantique affiche depuis longtemps l’un des taux de chômage les plus élevés chez les Autochtones au Canada, mais cette situation découle des conditions structurelles de l’endroit. Ces conditions affectent autant la population autochtone que la population non autochtone, bien qu’à des degrés différents.

Le nombre d’Autochtones en chômage en Alberta a atteint un nouveau sommet depuis 2009, le taux de chômage étant passé de 7,2 % en 2014 à 11,9 % en 2015, soit une augmentation de 4,7 points de pourcentage. Le taux de chômage des non‑Autochtones a aussi augmenté de 1,5 point de pourcentage dans la province, passant de 3,7 % en 2014 à 5,2 % en 2015, bien qu’il n’ait pas augmenté autant que le taux de chômage des Autochtones.

En 2015, l’Ontario a enregistré le taux de chômage le plus bas chez les Autochtones, suivi du Manitoba et du Québec. L’Ontario affichait aussi l’écart entre les taux de chômage des Autochtones et des non‑Autochtones le plus faible parmi les provinces.

2.6  Intégration économique des Autochtones et résultats subséquents

Au‑delà des indicateurs du marché du travail traditionnels que sont l’emploi, le chômage et l’activité, il existe d’autres mesures révélatrices de l’intégration économique des Autochtones et des résultats subséquents, telles que le secteur d’emploi, le travail autonome, la permanence de l’emploi, les heures de travail, la durée de l’emploi et la rémunération.

Le travail autonome — analogue de l’entrepreneuriat — était moins courant chez les Autochtones (10,8 %) que chez les non‑Autochtones (14,7 %) en 2015 (tableau 3). Les Autochtones (61,8 %) étaient aussi un peu moins susceptibles que les non‑Autochtones (63,0 %) de travailler dans le secteur privé. Toutefois, les Autochtones étaient plus enclins à travailler dans le secteur public (27,4 %) par rapport aux non‑Autochtones (22,4 %).

Malgré le fait qu’ils étaient un peu plus susceptibles d’être syndiqués ou d’être couverts par une convention collective, un fait lié à leur surreprésentation au sein du secteur public, les Autochtones (13,7 %) étaient proportionnellement plus nombreux que les non‑Autochtones (9,7 %) à occuper un emploi temporaire (tableau 3). Toutefois, les Autochtones affichaient, en moyenne, pratiquement le même nombre d’heures habituellement travaillées que les non‑Autochtones, et leur probabilité de travailler à temps partiel était semblable.

Les employés autochtones occupant un emploi à plein temps gagnaient en moyenne 26,00 $ l‘heure, tandis que les non‑Autochtones gagnaient en moyenne 27,41 $ l’heure (tableau 3). Bien que leur plus forte probabilité d’exercer un emploi « précaire » (c.‑à‑d. temporaire) puisse être un facteur explicatif, l’écart salarial entre les Autochtones et les non‑Autochtones est surtout lié aux niveaux de scolarité moins élevés des Autochtones. En outre, les Autochtones détenant un certificat ou un diplôme d’études postsecondaires ou un grade universitaire gagnaient au moins autant que leurs homologues non autochtones.

Dans la mesure où une plus longue durée de l’emploi (c.‑à‑d. l’ancienneté) chez l’employeur actuel correspond à un taux salarial plus élevé, compte tenu de la valorisation de l’expérience et des connaissances propres à l’entreprise, le fait que la durée moyenne de l’emploi des Autochtones soit inférieure à celle des non‑Autochtones (82,3 mois par rapport à 94,6 mois) peut contribuer à une rémunération moindre chez les Autochtones (tableau 3).

2.7  Niveau de scolarité

En général, les Autochtones affichent des niveaux de scolarité moins élevés que ceux des non‑Autochtones, l’écart étant plus prononcé chez les Premières Nations que chez les Métis (graphique 12). En 2015, 50,8 % des Autochtones ont terminé des études postsecondaires, par rapport à 69,6 % des non‑Autochtones. Les Métis étaient plus scolarisés que les Premières Nations, une plus forte proportion d’entre eux ayant terminé des études postsecondaires (54,8 % par rapport à 47,1 %).

Graphique 12 Proportion des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone détaillé et le niveau de scolarité atteint, 2015

Tableau de données du graphique 12
Tableau de données du graphique 12
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 12 Population autochtone, Premières Nations, Métis et Population non autochtone, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Population autochtone Premières Nations Métis Population non autochtone
pourcentage
Études secondaires partielles ou moins 17,7 19,9 15,2 7,5
Études secondaires complétées ou postsecondaires partielles 31,6 33,0 30,1 23,0
Études postsecondaires complétées 50,8 47,1 54,8 69,6

Jusqu’à un certain point, des niveaux de scolarité plus élevés prémunissent les Autochtones (tout comme les non‑Autochtones) contre une situation désavantageuse sur le marché du travail du point de vue des taux d’emploi, de chômage et d’activité (tableau 4). Le taux d’emploi des Autochtones ayant terminé des études postsecondaires s’établissait à 78,4 % en 2015, par rapport à 42,8 % de ceux ne détenant pas un diplôme d’études secondaires. De même, le taux de chômage des Autochtones ayant terminé des études postsecondaires était de 7,9 %, par rapport à 22,0 % de ceux n’ayant pas de diplôme d’études secondaires.

En outre, la disparité des taux d’emploi, de chômage et d’activité entre les Autochtones et les non‑Autochtones diminuait au fur et à mesure que le niveau de scolarité augmentait. Par exemple, la différence entre les taux d’emploi des Autochtones et des non‑Autochtones était de 17,7 points de pourcentage chez les personnes ne détenant pas un diplôme d'études secondaires (42,8 % par rapport à 60,5 %), de 12,4 points de pourcentage chez celles possédant un diplôme d’études secondaires ou ayant fait des études postsecondaires partielles (63,9 % par rapport à 76,3 %) et de 7,5 points de pourcentage chez les personnes ayant terminé des études postsecondaires (78,4 % par rapport à 85,9 %).

Bien que l’écart entre les Autochtones et les non‑Autochtones quant aux indicateurs du marché du travail diminue à mesure que s’accroit le niveau de scolarité, son existence même parmi les groupes de scolarité signifie que les niveaux de scolarité inférieurs des Autochtones ne peuvent entièrement expliquer leurs taux d’emploi et d’activité relativement faibles et leurs taux de chômage relativement élevés.

2.8  Industrie

Les industries dans lesquelles les Autochtones et les non‑Autochtones travaillent diffèrent légèrement. En 2015, les Autochtones étaient surreprésentés par rapport aux non‑Autochtones dans les secteurs suivants : l’agriculture, les ressources naturelles et les services publics; la construction; les soins de santé et l’assistance sociale; les administrations publiques, ainsi que les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien (graphique 13). Par ailleurs, les Autochtones étaient sous‑représentés dans les secteurs suivants : les services professionnels, scientifiques et techniques; la fabrication; la finance, les assurances, les services immobiliers, les services de location et de location à bail; ainsi que le commerce de gros et de détail.

Graphique 13 Distribution d'emploi des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone et l'industrie, 2015

Tableau de données du graphique 13
Tableau de données du graphique 13
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 13 Population autochtone et Population non autochtone, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Population autochtone Population non autochtone
pourcentage
Administrations publiques 7,6 5,7
Autres services (sauf les administrations publiques) 4,4 4,2
Services d'hébergement et de restauration 4,1 4,9
Information, culture et loisirs 3,8 3,9
Soins de santé et assistance sociale 16,0 13,7
Services d'enseignement 7,8 7,8
Services aux entreprisesTableau de Note 1 5,3 4,0
Services professionnels, scientifiques et techniques 4,3 8,3
Finance, assurances, services immobiliers et de location 4,2 6,7
Transport et entreposage 5,2 5,3
Commerce de gros et de détail 11,5 13,1
Fabrication 7,3 10,1
Construction 11,0 8,0
Agriculture, ressources naturelles et services publics 7,7 4,2

2.9  Profession

La répartition des professions diffère également quelque peu entre les personnes autochtones et non autochtones, les Autochtones étant sous‑représentés dans ce qu’on appelle les « professions du savoir », qui ont tendance à exiger des niveaux de scolarité plus élevés et à être mieux rémunérées (Baldwin et Beckstead, 2003). Plus précisément, les Autochtones étaient moins susceptibles que les non‑Autochtones d’occuper un emploi en sciences naturelles et appliquées et dans les domaines apparentés; en affaires, finance et administration; en gestion, ainsi qu’en santé (graphique 14). Le seul groupe des professions du savoir dans lequel les Autochtones sont surreprésentés est celui de l’enseignement, du droit et des services sociaux, communautaires et gouvernementaux.

En revanche, les Autochtones étaient plus enclins que les non‑Autochtones à travailler dans le secteur des métiers, du transport, de la machinerie et des domaines apparentés; dans le secteur des ressources naturelles, de l’agriculture et de la production connexe; dans le secteur de l’enseignement, du droit et des services sociaux, communautaires et gouvernementaux, ainsi que dans celui de la vente et des services. Des proportions presque égales d’Autochtones et de non‑Autochtones occupaient un emploi dans le groupe de la fabrication et des services publics.

Graphique 14 Distribution d'emploi des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone et la profession, 2015

Tableau de données du graphique 14
Tableau de données du graphique14
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique14 Population autochtone et Population non autochtone, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Population autochtone Population non autochtone
pourcentage
Fabrication et services d'utilité publique 4,2 4,7
Ressources naturelles, agriculture et production connexe 4,0 1,7
Métiers, transport, machinerie et domaines apparentés 20,1 14,8
Vente et services 20,9 19,7
Arts, culture, sports et loisirs 1,9 2,7
Enseignement, droit et services sociaux, communautaires et gouvernementaux 15,1 12,8
Secteur de la santé 6,8 8,0
Sciences naturelles et appliquées et domaines apparentés 5,5 9,3
Affaires, finance et administration 14,4 17,0
Gestion 7,1 9,5

2.10  État matrimonial

En 2015, les Autochtones étaient moins susceptibles d’être mariés ou de vivre en union libre (56,2 %) que leurs homologues non autochtones (68,4 %). Inversement, les Autochtones étaient plus susceptibles que les non‑Autochtones d’être célibataires (43,9 % contre 31,6 %) — c’est‑à‑dire de n’avoir jamais été mariés ou d’avoir été mariés auparavant (séparés, divorcés ou veufs). Les personnes vivant en couple, en particulier les hommes, tendent à afficher de meilleurs taux d’emploi, de chômage et d’activité que celles qui ne sont pas en couple, et cette tendance est accentuée au sein de la population autochtone. Par exemple, la différence entre les taux d’emploi des personnes vivant en couple et celles qui n’étaient pas en couple s’établissait à 17,3 points de pourcentage au sein de la population autochtone, par rapport à 7,1 points de pourcentage dans le cas de la population non autochtone (tableau 5). Aussi, les hommes autochtones et non autochtones bénéficient d’une plus grande « prime de mariage » dans les indicateurs du marché du travail que les femmes (tableau 6)Note 7.

Parmi les groupes définis par l’état matrimonial, les disparités au chapitre des indicateurs du marché du travail liés au groupe autochtone étaient moins prononcées chez les personnes vivant en couple, en particulier les femmes, que chez celles qui n’étaient pas en couple (tableaux 5 et 6). En utilisant les taux d’emploi à titre d’exemple, il est constaté que 75,1 % des Autochtones vivant en couple occupaient un emploi en 2015, comparativement à 84,0 % de leurs homologues non autochtones — ce qui constitue une différence de 8,9 points de pourcentage (tableau 5). Parmi les Autochtones ne vivant pas en couple, 57,8 % occupaient un emploi, comparativement à 76,9 % de leurs homologues non autochtones — soit une différence de 19,1 points de pourcentage.

2.11  Monoparentalité

Les niveaux de scolarité moins élevés de la population autochtone par rapport à ceux observés au sein de la population non autochtone constituent l’un des facteurs pouvant possiblement expliquer la disparité des indicateurs du marché du travail et des résultats entre ces groupes. À la section 2.7, il a été démontré que cette disparité diminue au fur et à mesure que le niveau de scolarité augmente, cependant, elle ne disparaît pas complètement, et ce, même chez les personnes ayant terminé des études postsecondaires. Ainsi, les niveaux de scolarité moins élevés des Autochtones contribuent à les désavantager sur le marché du travail par rapport aux non‑Autochtones, mais ils ne suffisent pas à entièrement expliquer cette disparité.

Un autre facteur constituant une explication possible de la disparité des indicateurs du marché du travail et des résultats entre les populations autochtone et non autochtone est la prévalence accrue de la monoparentalité au sein de cette première (Conseil national de développement économique des Autochtones, 2015). Plus précisément, en 2015, 22,6 % des Autochtones ayant des enfants de moins de 12 ans étaient des parents seuls, par rapport à 9,3 % des non‑Autochtones. Quel que soit le groupe autochtone, les parents seuls — dont la grande majorité sont des femmes — ont tendance à afficher des taux d’emploi et d’activité plus faibles ainsi que des taux de chômage plus élevés, en raison des possibilités limitées de travailler à temps plein lorsque les services de garde de jour ou après la classe ne sont pas abordables ou facilement accessibles. Toutefois, les parents seuls autochtones s’en tirent encore moins bien que les parents seuls non autochtones sur le marché du travail (graphique 15). De plus, la disparité des taux d’activité, d’emploi et de chômage entre les populations autochtone et non autochtone est plus marquée chez les familles monoparentales, comparativement aux familles biparentales.

Graphique 15 Taux d'activité, d'emploi et de chômage des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone et la situation familiale¹, 2015

Tableau de données du graphique 15
Tableau de données du graphique 15Taux d'activité, d'emploi et de chômage des personnes âgées de 25 à 54 ans selon le groupe autochtone et la situation familialeTableau de Note 1, 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 15 Population autochtone et Population non autochtone, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Population autochtone Population non autochtone
pourcentage
Deux parents  
Taux d'activité 81,2 86,7
Taux d'emploi 73,9 82,8
Taux de chômage 9,0 4,6
Parent seul  
Taux d'activité 63,0 80,3
Taux d'emploi 53,7 73,4
Taux de chômage 14,7 8,6

2.12  EPA menée dans le nord : indicateurs du marché du travail des Autochtones vivant dans les territoires

L’EPA est menée au Yukon depuis 1991, et dans les Territoires du Nord‑Ouest et au Nunavut depuis 2000. Bien qu’un questionnaire quasi identique soit utilisé dans les territoires, une stratégie d’échantillonnage et un système de renouvellement différents sont employés, étant donné les difficultés liées à la réalisation d’une enquête qui couvre de nombreuses petites collectivités dispersées et éloignées. Pour cette raison, les données sur la population active des territoires sont présentées séparément de celles des provincesNote 8.

Les indicateurs du marché du travail dans les territoires révèlent que les Autochtones au Yukon et dans les Territoires du Nord‑Ouest se tiraient mieux d’affaire que leurs homologues vivant dans les provinces (tableau 7). Toutefois, au Nunavut, les Inuits affichaient des taux d’activité et d’emploi plus faibles et un taux de chômage plus élevé que ceux des Autochtones vivant dans les provinces ou dans les autres territoires.

Comparativement aux non‑Autochtones et aux non‑Inuits de chacun des territoires, les Autochtones et les Inuits présentaient de plus faibles taux d’activité et d’emploi et des taux de chômage plus élevés. Cette disparité était plus grande au Nunavut que dans les provinces et dans les autres territoires. La disparité des indicateurs du marché du travail entre les Autochtones et les non‑Autochtones était également plus prononcée dans les Territoires du Nord‑Ouest par rapport aux provinces, alors qu’elle était légèrement plus faible au Yukon.

2.13  Jeunes

Le terme « jeunes » désigne les personnes âgées de 15 à 24 ansNote 9. Comme la fréquentation scolaire a tendance à restreindre l’activité des jeunes adultes sur le marché du travail, il importe de tenir compte des différences de fréquentation scolaire entre les populations autochtone et non autochtone. Moins de jeunes autochtones (41,5 %) que de jeunes non autochtones (50,7 %) fréquentaient un établissement scolaire en 2015. Pour cette raison, les taux d’emploi, de chômage et d’activité peuvent varier entre ces groupes (et leurs homologues du principal groupe d’âge actif) selon la fréquentation scolaire et l’âge auquel les études ont été terminées.

Les jeunes trouvent généralement l’intégration au marché du travail plus difficile, comme leurs taux de chômage élevés par rapport à ceux du principal groupe d’âge actif l’indiquent. Les jeunes autochtones ne sont pas à l’abri de telles difficultés. Près de 19,0 % des jeunes autochtones faisant partie de la population active étaient chômeurs en 2015, par rapport à 11,0 % de leurs homologues du principal groupe d’âge actif. De même, 13,0 % des jeunes non autochtones faisant partie de la population active étaient chômeurs en 2015, par rapport à 5,7 % de leurs homologues du principal groupe d’âge actif. La différence entre les taux de chômage des jeunes et du principal groupe d’âge actif était plus ou moins équivalente au sein des populations autochtone et non autochtone, se situant autour de 7,5 points de pourcentage.

En 2015, près de la moitié des jeunes autochtones occupaient un emploi, par rapport à 67,5 % de leurs homologues du principal groupe d’âge actif, alors que 61,3 % des jeunes autochtones travaillaient, par rapport à 75,9 % de leurs homologues du principal groupe d’âge actif. La différence entre les taux d’emploi et d’activité des jeunes et du principal groupe d’âge actif était moins prononcée au sein de la population autochtone, comparativement à la population non autochtone. Alors que la proportion de jeunes autochtones qui travaillaient était de 17,7 points de pourcentage inférieure à la proportion d’Autochtones du principal groupe d’âge actif qui occupaient un emploi, la valeur correspondante pour la population non autochtone était de 25,8 points de pourcentage. De même, alors que la proportion de jeunes autochtones qui travaillaient était de 14,6 points de pourcentage inférieure à la proportion d’Autochtones du principal groupe d’âge actif qui occupaient un emploi, la valeur correspondante pour la population non autochtone était de 22,3 points de pourcentage.

Le désavantage des Autochtones au chapitre de l’activité et de l’emploi par rapport aux non‑Autochtones était moindre chez les jeunes qu’au sein du principal groupe d’âge actif. Le taux d’activité des jeunes autochtones était de 3,1 points de pourcentage moins élevé que celui de leurs homologues non autochtones, alors que le taux d’activité des Autochtones du principal groupe d’âge actif était de 10,8 points de pourcentage inférieur à celui de leurs homologues non autochtones. De même, le taux d’emploi des jeunes autochtones était de 6,2 points de pourcentage moins élevé que celui de leurs homologues non autochtones, tandis que le taux d’emploi des Autochtones du principal groupe d’âge actif était de 14,3 points de pourcentage inférieur à celui de leurs homologues non autochtones.

2.14  Adultes plus âgés

L’activité sur le marché du travail commence généralement à diminuer vers 55 ans, alors qu’un nombre croissant de personnes se retirent de la « routine quotidienne » du travail. Toutefois, à la suite du dernier ralentissement économique, un plus grand nombre d’adultes plus âgés restent actifs plus longtemps, vraisemblablement pour continuer d’accumuler des fonds de retraite supplémentaires, retarder le retrait de leurs économies ou continuer de bénéficier du régime d’assurance‑maladie complémentaire de l’employeur (Copeland, 2014). Cette tendance à la hausse de l’activité et de l’emploi est observable à la fois chez les Autochtones et les non‑Autochtones âgés de 55 ans et plus, mais elle est plus constante chez les non‑Autochtones (graphique 16).

Graphique 16 Taux d'activité et d'emploi des personnes âgées de 55 ans et plus selon le groupe autochtone, 2007 à 2015

Tableau de données du graphique 16
Tableau de données du graphique 16
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 16 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
pourcentage
Population autochtone, taux d'emploi 32,5 33,4 34,3 29,8 32,4 34,5 33,2 34,8 34,4
Population non autochtone, taux d'emploi 31,7 32,4 32,7 33,6 33,9 34,4 35,0 35,1 35,1
Population autochtone, taux d'activité 35,5 35,7 38,2 33,8 36,5 38,0 36,6 37,9 37,7
Population non autochtone, taux d'activité 33,3 34,1 34,9 35,8 36,2 36,6 37,2 37,2 37,2

La disparité des indicateurs du marché du travail entre les Autochtones et les non‑Autochtones tend à être beaucoup plus faible chez les adultes plus âgés par rapport au principal groupe d’âge actif (et aux jeunes adultes). En 2015, le taux d’emploi des Autochtones âgés de 55 ans et plus était de 34,4 %, soit un taux presque équivalent à celui des non‑Autochtones (35,1 %) (graphique 17). Le constat était le même pour ce qui est des taux d’activité: 37,7 % des Autochtones plus âgés occupaient un emploi, tout comme 37,2 % des non‑Autochtones plus âgés. Alors que les Autochtones âgés de 55 ans et plus étaient plus nombreux à être chômeurs que les non‑Autochtones faisant partie du même groupe d’âge (8,6 % par rapport à 5,7 %), la disparité était de 2,9 points de pourcentage, comparativement à 5,3 points de pourcentage dans le cas du principal groupe d’âge actif.

Graphique 17 Taux d'activité, d'emploi et de chômage selon le groupe autochtone et le groupe d'âge, 2015

Tableau de données du graphique 17
Tableau de données du graphique 17
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 17 Population autochtone, Population non autochtone et Différence, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Population autochtone Population non autochtone Différence
pourcentage
Taux d'activité  
15 à 24 ans 61,3 64,4 -3,1
25 à 54 ans 75,9 86,7 -10,8
55 ans et plus 34,4 35,1 -0,7
Taux d'emploi  
15 à 24 ans 49,8 56,0 -6,2
25 à 54 ans 67,5 81,8 -14,3
55 ans et plus 37,7 37,2 0,5
Taux de chômage  
15 à 24 ans 18,8 13,0 5,8
25 à 54 ans 11,0 5,7 5,3
55 ans et plus 8,6 5,7 2,9

3  Indicateurs du marché du travail des Autochtones vivant dans les réserves : Estimations de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011

Comme la population cible de l’Enquête sur la population active (EPA) exclut les personnes vivant dans les réserves et autres établissements autochtones des provinces, une autre source de données est utilisée pour déterminer les résultats de leurs résidents sur le marché du travail. L’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011 est pertinente à cet égard. Au moyen de ces données, et en excluant les membres des Forces armées et les résidents des territoires pour en assurer la comparabilité avec l’EPA, les indicateurs clés du marché du travail ont été calculés pour les personnes âgées de 25 à 54 ans selon l’identité autochtone et le lieu de résidence (c.‑à‑d. dans les réserves ou hors réserve). Quel que soit l’indicateur du marché du travail, les Autochtones et les non‑Autochtones affichaient de pires résultats lorsqu’ils vivaient dans les réserves plutôt que hors réserve (tableau 8). Toutefois, cette situation était amplifiée chez les Autochtones. Par exemple, en 2011, le taux d’emploi des Autochtones vivant dans les réserves s’établissait à 47,3 %, par rapport à 71,1 % dans le cas des Autochtones vivant hors réserve — une différence de 23,8 points de pourcentage. Par contre, chez les non‑Autochtones, le taux d’emploi était de 68,8 % chez ceux vivant dans les réserves et de 82,1 % chez ceux vivant hors réserve — une différence de 13,3 points de pourcentage.

Les disparités des indicateurs du marché du travail entre les Autochtones et les non‑Autochtones étaient également plus prononcées parmi ceux vivant dans les réserves plutôt que parmi ceux vivant hors réserve. Par exemple, chez les résidents des réserves, le taux d’emploi des Autochtones était inférieur de 21,5 points de pourcentage à celui des non Autochtones. Chez les Autochtones vivant hors réserve, le taux d’emploi était inférieur de 11 points de pourcentage à celui des non‑Autochtones. De toute évidence, le fait de résider sur une réserve ou non est un facteur déterminant des résultats sur le marché du travail, surtout chez les Autochtones.

4  Conclusion

Du point de vue de l’intégration au marché du travail, les Autochtones vivant hors réserve ont été touchés plus durement que les non‑Autochtones par le ralentissement économique de 2008‑2009, et ce, pendant plus longtemps. Toutefois, leurs taux d’emploi et d’activité se sont rapidement rétablis entre 2010 et 2012 au point d’atteindre les niveaux antérieurs à la récession et d’y demeurer jusqu’en 2014.

Entre 2014 et 2015, les taux d’emploi, de chômage et d’activité de la population autochtone ont diminué dans une certaine mesure par rapport aux années postérieures à la récession, mais aussi par rapport à la population non autochtone. Ce déclin était particulièrement observable chez les femmes autochtones, les Premières Nations et ceux vivant en Alberta.

Les Autochtones affichaient des niveaux de scolarité inférieurs à ceux des non‑Autochtones en 2015. Jusqu’à un certain point, la scolarisation a prémuni les Autochtones contre une situation défavorable sur le marché du travail, telle qu’elle est mesurée par les indicateurs du marché du travail. Pourtant, même parmi les personnes ayant terminé des études postsecondaires, les disparités entre les Autochtones et les non‑Autochtones au chapitre des taux d’emploi, d’activité et de chômage demeuraient.

Les Autochtones étaient moins susceptibles que les non‑Autochtones d’exercer ce qu’on appelle des « professions du savoir », qui, en général, exigent de plus hauts niveaux de scolarité et ont tendance à payer des salaires plus élevés. En effet, en 2015, les Autochtones touchaient en moyenne des gains moins élevés que ceux des non‑Autochtones, surtout en raison de leurs niveaux de scolarité inférieurs. Parmi les personnes ayant terminé des études postsecondaires, les gains des Autochtones étaient au moins aussi élevés en moyenne que ceux de leurs homologues non autochtones.

D’autres indicateurs de l’intégration économique révèlent qu’en 2015, les Autochtones étaient moins susceptibles que les non‑Autochtones d’être des travailleurs autonomes et de travailler dans le secteur privé, mais plus enclins à travailler dans le secteur public et à être syndiqués ou couverts par une convention collective; cependant, ils sont aussi plus susceptibles d’occuper un emploi temporaire. Le nombre d’heures habituellement travaillées était en moyenne pratiquement le même chez les Autochtones et les non‑Autochtones; toutefois, les Autochtones étaient plus enclins à travailler à temps partiel. La durée de l’emploi des Autochtones auprès de leur employeur actuel était, en moyenne, inférieure à celle des non‑Autochtones.

En 2015, les Autochtones étaient moins susceptibles d’être mariés ou de vivre en union libre que les non‑Autochtones. Les personnes vivant en couple affichaient de meilleurs résultats fondés sur les indicateurs du marché du travail comparativement à celles qui n’étaient pas en couple, cet effet étant amplifié chez les Autochtones. De plus, les disparités des taux d’emploi, de chômage et d’activité entre les Autochtones et les non‑Autochtones étaient moins prononcées chez ceux vivant en couple.

En 2015, les Autochtones ayant des enfants de moins de 12 ans étaient plus de deux fois plus susceptibles que les non‑Autochtones d’être des parents seuls. Qu’ils soient Autochtones ou non‑Autochtones, les parents seuls (surtout les mères) affichaient de plus faibles taux d’activité et d’emploi et de plus forts taux de chômage. Toutefois, sur ce plan, les Autochtones qui étaient des parents seuls se tiraient encore moins bien d’affaire que leurs homologues non autochtones.

La disparité des taux d’emploi et d’activité entre les Autochtones et les non‑Autochtones était bien moindre chez les jeunes, comparativement au principal groupe d’âge actif. Chez les personnes plus âgées, cette disparité des indicateurs du marché du travail était encore plus faible, s’établissant à moins d’un point de pourcentage pour chacun de ces taux.

Remerciements

L’auteure aimerait remercier ses collègues de la Division de la statistique du travail qui ont contribué au présent rapport, particulièrement Alissa Souliere et l’équipe des Services au client, ainsi que les membres de la direction pour leur soutien et leurs observations constructives. De plus, l’auteure tient à remercier chaleureusement les réviseurs d’Affaires autochtones et du Canada du Nord pour leur rétroaction utile.

Statistique Canada tient aussi à souligner la contribution la plus importante au présent rapport, celle des répondants à l’Enquête sur la population active. Nous exprimons à ces derniers notre profonde reconnaissance, puisque le rapport n’aurait pas été possible sans leur collaboration.

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