Regard sur les statistiques du travail
Les Canadiens qui travaillent à leur propre compte : Qui sont-ils et pourquoi le font-ils ?

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by Lahouaria Yssaad and Vincent Ferrao

Date de diffusion : le 28 mai 2019

Faits saillants

Introduction

Le travail autonome est un aspect important de l’activité sur le marché du travail et peut être une source appréciable de croissance de l’emploi. Si les hausses du travail autonome ont parfois été associées aux ralentissements économiques, il ne semble y avoir aucune preuve que la nécessité économique est un facteur significatif pour « choisir » ce mode de travailNote . En fait, « les variations du taux de travail autonome sont plus susceptibles d’être la conséquence de facteurs structurels dans l’économie, comme l’évolution de la distribution d’âge de la population et l’importance grandissante de certains secteurs aux dépens d’autres plutôt que la conséquence de variations du cycle économiqueNote . »

Les données de l’Enquête sur la population active (EPA) montrent des augmentations du travail autonome en 2007 et en 2008 (années de performance élevée du plus récent marché de l’emploi avant la récession), augmentations qui ont dépassé la croissance du nombre d’employés. Pourtant, le nombre de travailleurs autonomes a aussi crû en 2009 (une année de récession), alors que le nombre d’employés a baissé. Au cours de la dernière décennie, le taux du travail autonome, c’est-à-dire le nombre de travailleurs autonomes en proportion de l’emploi total, a été stable et s’est établi aux alentours de 15 %Note .

Les circonstances et les motivations du fait d’être son propre patron varient, à l’instar de la dynamique complexe du marché du travail. En effet, une personne pourrait être « poussée » vers le travail autonome lorsque le marché du travail se détériore et le nombre d’employés diminue. Cependant, lorsque le nombre d’employés augmente, mais que le travail autonome augmente aussi et le fait plus rapidement, cela pourrait indiquer que les personnes sont « attirées » par le travail autonomeNote .

Le présent article donne un aperçu historique des travailleurs autonomes au cours d’une période de quatre décennies environ, à savoir de 1976 à 2018. Y sont décrits aussi les résultats d’un récent supplément à l’EPA de septembre 2018 sur les raisons qui motivent les travailleurs à être des travailleurs autonomes dans le cadre de leur emploi principal. C’est la première fois que l’EPA recueille des données sur les raisons du travail autonome. (Voir Source des données et définitions.)

Le travail autonome au Canada : aperçu historique

En 2018, le nombre de travailleurs autonomes au Canada s’élevait à 2,9 millions, contre 1,2 million en 1976. Leur proportion de l’emploi total est passée de 12 % à 15 % au cours de la période de quatre décennies (graphique 1). Parmi tous les travailleurs autonomes, ceux qui étaient constitués en société (avec ou sans aide rémunérée) représentaient 46 % en 2018, contre 21 % en 1976. Parallèlement, la part de ceux qui étaient non constitués en société (avec ou sans aide rémunérée) est passée de 68 % à 53 %, tandis que la part des travailleurs familiaux non rémunérés a baissé, allant de 11 % à 1 %Note .

Graphique 1 Le taux de l'emploi autonome à des niveaux stables durant la dernière décennie Canada, 1976 à 2018

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Travailleurs autonomes en pourcentage de l'emploi total
(figurant comme en-tête de colonne).
Travailleurs autonomes en pourcentage de l'emploi total
1976 12,2
1977 12,2
1978 12,4
1979 12,4
1980 12,4
1981 12,6
1982 13,6
1983 14,0
1984 13,9
1985 14,3
1986 13,8
1987 13,8
1988 14,0
1989 13,9
1990 14,0
1991 14,7
1992 15,1
1993 15,7
1994 15,5
1995 15,7
1996 16,2
1997 17,1
1998 17,2
1999 17,0
2000 16,1
2001 15,3
2002 15,2
2003 15,4
2004 15,4
2005 15,6
2006 15,3
2007 15,5
2008 15,6
2009 16,1
2010 15,8
2011 15,5
2012 15,4
2013 15,4
2014 15,3
2015 15,4
2016 15,3
2017 15,2
2018 15,3

La Colombie-Britannique est la province qui a affiché la prévalence la plus élevée du travail autonome en 2018, avec 18 % de sa population en emploi exerçant un travail autonome comme emploi principal; cela représente une hausse par rapport à la proportion de 12 % enregistrée en 1976 (tableau 1). En Saskatchewan aussi, la proportion de travailleurs autonomes (17 % en 2018) était supérieure à la moyenne nationale. Toutefois, cette proportion était de 12 points de pourcentage inférieure au chiffre enregistré en 1976, ce qui reflète des changements dans la structure sectorielle de la province. En effet, la part de l’agriculture (un secteur qui se caractérise par un ratio de travail autonome élevé) dans l’emploi total en Saskatchewan a reculé, passant de 25 % en 1976 à 7 % en 2018.


Tableau 1
Le taux de l'emploi autonome en 2018 est plus élevé dans l'Ouest canadien, en Ontario et à l'Île-du-Prince-Édouard
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Le taux de l'emploi autonome en 2018 est plus élevé dans l'Ouest canadien 2018 et 1976, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
2018 1976
pourcentage
Colombie-Britannique 17,9 12,0
Saskatchewan 17,4 29,2
Alberta 17,2 18,1
Ontario 15,5 10,5
Canada 15,3 12,2
Île-du-Prince-Édouard 15,3 20,0
Manitoba 14,2 13,9
Nouvelle-Écosse 13,3 10,6
Québec 13,3 10,0
Nouveau-Brunswick 11,2 10,6
Terre-Neuve-et-Labrador 8,6 12,0

Si les hommes représentent la majorité des travailleurs autonomes (62 %) en 2018, la part des femmes a augmenté, passant de 26 % à 38 % au cours de la période de quatre décennies. Cette augmentation reflète la participation croissante des femmes au marché du travail durant cette période.

Le travail autonome baisse dans le secteur agricole, et augmente dans les services professionnels, scientifiques et techniques

L’agriculture demeure le secteur ayant la prévalence la plus élevée de travail autonome, quoique la proportion de travailleurs autonomes y ait baissé, passant de 68 % en 1987 (lorsque de telles données sont devenues disponibles) à 57 % en 2018 (graphique 2). Cela traduit vraisemblablement la concentration croissante des fermes et l’industrialisation de l’agriculture.

Les services professionnels, scientifiques et techniques ont émergé comme le secteur affichant  le deuxième taux plus élevé de travail autonome parmi tous les secteurs (32 % en 2018, contre environ 27 % en 1987). Les services professionnels, scientifiques et techniques comprennent les professions dans les services juridiques, les services de comptabilité, d’architecture, d’ingénierie et services connexes, la conception de systèmes informatiques, les conseils en gestion et conseils scientifiques et techniques ainsi que les activités de recherche-développement scientifiques. Il s’agit de l’un des secteurs les mieux rémunérés et où une grande partie de l’expertise nécessite des études universitaires ou collégiales.

Graphique 2 La part de l'emploi autonome dans certains secteurs, Canada, 1987 et 2018

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 1987 et 2018, calculées selon proportion des travailleurs autonomes (pourcentage) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
1987 2018
proportion des travailleurs autonomes (pourcentage)
Agriculture 68 57
Services professionnels, scientifiques et techniques 27 32
Autres services 29 29
Construction 27 27
Services aux entreprises, services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien 19 26
Finance, assurances, services immobiliers et de location 9 19

À mesure que les femmes ont fait des incursions sur le marché du travail, elles ont augmenté leur part du travail autonome dans plusieurs secteurs tels que celui des services professionnels, scientifiques et techniques, où leur proportion est passée de 23 % à 38 % entre 1987 et 2018. La proportion des femmes travailleuses autonomes a aussi augmenté dans le secteur de la finance, des assurances et des services immobiliers et de location, passant de 21 % à 39 % au cours de la même période (tableau 2).


Tableau 2
Les femmes travailleuses autonomes dans certains secteurs, Canada, 1987 et 2018
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Proportion des femmes parmi les travailleurs autonomes dans certains secteurs Proportion des femmes parmi les travailleurs autonomes , Nombre de travailleuses autonomes, pourcentage, milliers et Variation en pourcentage(figurant comme en-tête de colonne).
Proportion des femmes parmi les travailleurs autonomes Nombre de travailleuses autonomes
pourcentage milliers Variation en pourcentage
2018 1987 2018 1987 1987 à 2018
Ensemble des secteurs 37,7 30,2 1079,0 513,2 110,2
Soins de santé et assistance sociale 69,7 63,1 219,7 75,1 192,5
Services d'enseignement 66,0 68,4 54,7 11,9 359,7
Autres services 55,2 54,7 129,8 101,2 28,3
Services aux entreprises, services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien 49,2 39,3 97,9 20,6 375,2
Information, culture et loisirs 44,4 35,2 60,0 22,2 170,3
Services d'hébergement et de restauration 42,7 34,1 44,4 25,0 77,6
Finance, assurances, services immobiliers et de location 38,6 21,1 84,2 13,9 505,8
Services professionnels, scientifiques et techniques 37,6 23,0 174,7 30,9 465,4
Agriculture 26,7 26,0 42,6 82,5 -48,4
Construction 9,0 6,1 35,1 11,7 200,0

Raisons du travail autonome

En 2018, l’Enquête sur la population active a recueilli des données sur les raisons du travail autonome. D’après ces données, environ un tiers (33,5 %) des travailleurs autonomes ont déclaré exercer ce type d’emploi pour l’indépendance et la liberté que cela procure (tableau 3). La nature de l’emploi — c’est-à-dire le fait d’être obligé d’être travailleur autonome en raison de la nature du travail — était la deuxième principale raison en importance, indiquée par 15 % des répondants. Moins de 1 répondant sur 10 ont indiqué l’équilibre travail-famille comme raison du choix d’un travail autonome.


Tableau 3
Les principales raisons du travail autonome, Canada, 2018
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Les principales raisons du travail autonome , calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
pourcentage
Indépendance, liberté, être son propre patron 33,5
Nature de l'emploi - obligé d'être travailleur autonome 15,2
Équilibre travail-famille 8,6
Horaire souple 8,4
Défi, créativité, succès, satisfaction 6,6
Ne pouvait pas trouver d’emploi rémunéré convenable 5,0
S’est joint à l’entreprise familiale ou a repris l’entreprise familiale 4,8
Contrôle, responsibilité, prise de décisions 3,4
Plus d’argent, aucune limite de revenu 3,2

La proportion de travailleurs autonomes ayant indiqué l’indépendance, la liberté ou le désir d’être leur propre patron comme raison principale varie d’une province à l’autre, allant de 29 % à Terre-Neuve-et-Labrador à 38 % au Nouveau-Brunswick. Cette proportion était de 36 % au Québec et 34 % en Ontario, comparativement à une moyenne nationale d’environ 33 % (tableau 4).


Tableau 4
Indépendance, liberté, être son propre patron : Raison du travail autonome la plus citée au Nouveau-Brunswick et au Québec, 2018
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Indépendance , calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
pourcentage
Nouveau-Brunswick 37,5
Québec 36,3
Ontario 34,1
Canada 33,5
Colombie-Britannique 32,7
Nouvelle-Écosse 32,4
Île-du-Prince-Édouard 32,2
Saskatchewan 31,9
Manitoba 30,0
Alberta 29,7
Terre-Neuve-et-Labrador 29,3

En revanche, les travailleurs autonomes à Terre-Neuve-et-Labrador avaient plus tendance à indiquer « nature de l’emploi — obligé d’être travailleur autonome » comme raison principale motivant leur travail autonome (23 %, contre une moyenne nationale de 15 %). Les travailleurs autonomes au Québec (12 %) et au Nouveau-Brunswick (12 %) étaient les moins susceptibles d’être travailleurs autonomes en raison de la nature de l’emploi.

Les médecins, dentistes et vétérinaires étaient de loin plus susceptibles d’être travailleurs autonomes en raison de la nature de leur emploi, représentant environ 14 % des travailleurs autonomes ayant déclaré qu’ils devaient être leur propre patron. La nature de l’emploi a aussi été indiquée par les travailleurs autonomes exerçant des professions aussi diverses que celles de gestionnaires agricoles et artistes de la scène. Cela illustre les aspects de certaines professions qui ne se prêtent pas à une relation employeur-employé.

Si l’indépendance, la liberté et le fait d’être son propre patron étaient la raison principale tant pour les hommes que pour les femmes qui étaient travailleurs autonomes, certaines différences étaient évidentes (graphique 3). Un horaire souple et l’équilibre travail-famille étaient des raisons plus courantes chez les femmes. Cela reflète vraisemblablement le rôle des responsabilités familiales et des obligations liées aux soins aux enfants dans la préférence des femmes pour une formule de travail qui permet plus de souplesse en général.

Graphique 3 L'équilibre travail-famille et un horaire flexible comptent plus pour les femmes travailleuses autonomes, Canada, 2018

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3 Femmes et Hommes, calculées selon travailleurs autonomes (pourcentage)
unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Femmes Hommes
travailleurs autonomes (pourcentage)
Équilibre travail-famille 15,4 4,6
Horaire souple 11,0 6,8
Défi, créativité, succès, satisfaction 5,7 7,2
Nature de l'emploi - obligé d'être travailleur autonome 15,7 14,9
Indépendance, liberté, être son propre patron 26,3 37,8

Pour les travailleurs autonomes de tous les groupes d’âge, l’indépendance, la liberté et le désir d’être son propre patron sont les plus importants — particulièrement pour les personnes de 55 ans et plus (graphique 4). Cependant, d’autres raisons motivant le travail autonome varient d’un groupe d’âge à l’autre. Par exemple : l’horaire souple et la poursuite d’un défi, de la créativité, du succès et de la satisfaction se classent plus haut pour les travailleurs autonomes plus jeunes que pour leurs homologues plus âgés.

De même, l’équilibre travail-famille est une raison plus importante pour les travailleurs autonomes du principal groupe d’âge actif (presque 12 %) comparativement à leurs homologues plus jeunes de 15 à 24 ans (0,6 %) ou plus âgés de 55 ans et plus (près de 4 %).

Graphique 4 Être son propre patron surpasse les autres raisons, peu importe l’âge, et surtout chez les travailleurs autonomes plus âgés, Canada, 2018

Tableau de données du graphique 4 
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4 15 à 24 ans, 25 à 54 ans et 55 ans et plus, calculées selon travailleurs autonomes (pourcentage) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
15 à 24 ans 25 à 54 ans 55 ans et plus
travailleurs autonomes (pourcentage)
Indépendance, liberté, être son propre patron 28,9 32,4 35,4
Nature de l'emploi - obligé d'être travailleur autonome 9,0 15,0 15,8
Équilibre travail-famille 0,6 11,8 3,9
Horaire souple 25,5 8,4 7,4
Défi, créativité, succès, satisfaction 11,7 6,5 6,6
Ne pouvait pas trouver d’emploi rémunéré convenable 5,0 4,8 5,2

Conclusion

Un bref coup d’œil sur les tendances générales du travail autonome montre quelques-uns des aspects changeants du marché du travail au Canada tels que la composition sectorielle et la présence croissante des femmes dans la population active. En outre, le présent article examine les raisons qui motivent certains travailleurs à travailler pour leur propre compte dans leur emploi principal.

Les raisons les plus fréquemment citées par les travailleurs autonomes sont l’indépendance et la liberté qui caractérisent cette formule de travail. La nature de l’emploi est la deuxième raison principale.

Les principales raisons motivant le travail autonome varient selon le sexe et l’âge : environ 15 % des femmes ont cité l’équilibre travail-famille, soit trois fois plus que les hommes (près de 5 %). D’autre part, les travailleurs autonomes plus âgés avaient plus tendance à dire qu’ils étaient principalement motivés par l’indépendance et la liberté qui viennent avec le travail autonome.

Source des données et définitions

Les données sur les raisons qui motivent certains travailleurs à exercer un emploi autonome ont été recueillies dans le cadre d’un supplément ad hoc de l’EPA de septembre 2018. Le présent article se sert des données provenant de répondants âgés de 15 ans et plus, qui avaient déclaré être travailleurs autonomes dans leur emploi principal durant les 12 mois précédant septembre 2018.  Ces répondants étaient invités à donner la principale raison motivant leur emploi autonome.

Principale raison du travail autonome :

  1. Ne pouvait pas trouver d’emploi rémunéré convenable
  2. Horaire souple
  3. Équilibre travail-famille
  4. Possibilité de travailler à la maison
  5. Indépendance, liberté, être son propre patron
  6. Contrôle, responsabilité, prise de décisions
  7. Défi, créativité, succès, satisfaction
  8. Plus d’argent, aucune limite de revenu
  9. Impôts, retenues moins élevées
  10. Moins de stress
  11. Obligé d’être travailleur autonome (nature de l’emploi)
  12. S’est joint à l’entreprise familiale ou a repris l’entreprise familiale
  13. Autre raison — Précisez

Pour en savoir davantage sur le travail autonome, les concepts et les définitions, veuillez consulter le Guide de l’Enquête sur la population active (71-543-G).

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