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Il existe plusieurs genres d’absence. Certaines absences, telles que les vacances annuelles, sont généralement considérées comme étant bénéfiques, tant pour l’organisation que pour l’employé. Puisqu’elles sont habituellement prévues, leur incidence sur l’organisation peut être absorbée assez facilement; on peut dire la même chose des jours fériés. D’autres absences, comme celles attribuables à la maladie et aux obligations familiales, sont généralement inévitables, tout comme celles causées par le mauvais temps.
L’« absentéisme » — un terme utilisé pour décrire les absences évitables, habituelles ou imprévues — constitue une source d’irritation pour les employeurs et les collègues de travail. Ces absences perturbent le calendrier de travail et la production, et entraînent des coûts pour l’organisation et l’économie dans son ensemble. Bien que l’absentéisme soit généralement considéré comme un problème, il n’est pas un phénomène facile à quantifier. La ligne de démarcation entre les absences évitables et inévitables est difficile à tracer, et l’absentéisme est souvent déguisé en absence légitime. L’Enquête sur la population active (EPA) permet de quantifier le temps perdu pour des raisons personnelles, à savoir la maladie ou l’incapacité, et les obligations personnelles ou familiales. Mais au sein de ces catégories, il est impossible de déterminer si une absence est évitable ou imprévue. Toutefois, on peut analyser les données de l’EPA sur les absences pour motifs personnels afin de déterminer les comportements ou les tendances qui montrent l’incidence de l’absentéisme (voir Qualité des données, concepts et méthodologie — Source des données).
La fréquence et le nombre de jours perdus pour des raisons personnelles (maladie ou incapacité, et obligations personnelles ou familiales) ont connu une tendance à la hausse depuis 2000 (graphique 1). Plusieurs facteurs ont alimenté cette tendance, notamment le vieillissement de la main-d’oeuvre, la part croissante des femmes dans la main-d’oeuvre et tout particulièrement celles ayant de jeunes enfants, le stress élevé chez les travailleurs 1 , et des congés de maladie et congés pour obligations familiales plus généreux.
Au cours d’une semaine moyenne en 1997 2 , si l’on exclut les femmes en congé de maternité, environ 5,5 % (484 000) de tous les employés à temps plein occupant un seul emploi étaient absents du travail toute la semaine ou une partie de celle-ci pour des raisons personnelles. En 2008, ce pourcentage a atteint 8,7 % (975 000) (tableau 6-1). Le temps total de travail perdu a également augmenté de façon soutenue, passant de 3,0 % de la semaine de travail prévue en 1997 à 4,0 % en 2008, ce qui était légèrement en baisse par rapport à 2007. Extrapolé sur l’ensemble de l’année, le temps de travail perdu pour des raisons personnelles s’est accru, passant d’un équivalent de 7,4 jours par travailleur en 1997 à 10,0 jours en 2008.
L’absence attribuable aux raisons personnelles varie parmi les divers groupes de travailleurs. Plusieurs facteurs jouent un rôle, principalement les conditions de travail (l’environnement physique, le niveau de stress de l’emploi, les relations employeur-employé, les dispositions en matière de convention collective, les horaires de travail); l’existence de structures communautaires adéquates et abordables telles que les garderies et le transport en commun; les circonstances familiales, particulièrement la présence d’enfants d’âge préscolaire et d’autres membres de famille à charge; et la santé physique du travailleur, un facteur étroitement lié à l’âge. Il n’est pas facile de quantifier l’incidence de ces facteurs et d’autres facteurs importants car bon nombre d’entre eux ne sont pas pris en compte dans l’EPA. Cependant, l’examen des absences personnelles en 2008 selon certaines caractéristiques démographiques, la profession et l’industrie, et d’autres attributs tels que l’adhésion syndicale et la situation d’emploi, permet d’en savoir davantage.
En 2008, en excluant les femmes en congé de maternité, environ 8,7 % des employés à temps plein se sont absentés de leur travail chaque semaine pour des raisons personnelles : 6,1 % en raison d’une maladie ou d’une incapacité, et 2,6 % en raison d’obligations personnelles ou familiales (tableau 6-1). Par conséquent, les employés à temps plein ont perdu environ 4,0 % de leur temps de travail chaque semaine.
En moyenne, chaque employé à temps plein a perdu 10,0 jours en 2008 pour des raisons personnelles (7,9 jours en raison d’une maladie ou d’une incapacité, et 2,1 jours en raison d’obligations personnelles ou familiales). Au total, les employés à temps plein ont ainsi perdu environ 113 millions de journées de travail. Les hommes ont perdu moins de jours que les femmes, soit 8,8 (6,7 en raison d’une maladie ou d’une incapacité plus 2,1 en raison d’obligations personnelles ou familiales), contre 11,8 (9,6 plus 2,2 respectivement).
La présence d’enfants d’âge préscolaire exerce une forte influence sur les absences du travail pour cause d’obligations personnelles ou familiales. En 2008, les employés à temps plein dont la famille comptait au moins un enfant d’âge préscolaire ont perdu en moyenne 6,1 jours, comparativement à seulement 1,6 jour dans le cas de ceux dont la famille n’en comptait pas (tableau 1-3).
La prévalence croissante des congés pour obligations familiales en milieu de travail, la prolongation des prestations parentales de l’assurance-emploi 3 et la participation accrue des pères aux soins à donner aux enfants semblent avoir supprimé l’écart qui existait entre les sexes concernant les absences liées aux obligations personnelles et familiales (Marshall, 2003; Marshall, 2008). En 1997, les femmes qui avaient des enfants d’âge préscolaire et qui travaillaient à temps plein ont perdu 4,1 jours en raison de telles obligations, contre 1,8 jour chez leurs homologues masculins. En 2006, l’écart s’est considérablement rétréci (6,2 jours chez les femmes, contre 5,4 chez les hommes) et en 2007, il s’est carrément renversé (6,3 jours chez les hommes, contre 4,8 chez les femmes). En 2008, les hommes dont la famille comptait des enfants d’âge préscolaire et qui travaillaient à temps plein ont encore perdu plus de temps de travail que leurs homologues de sexe féminin (6,5 jours contre 5,4 respectivement).
Le nombre de jours de travail perdus en raison d’une maladie ou d’une incapacité tend à augmenter avec l’âge, passant d’une moyenne de 5,1 jours chez les jeunes (de 15 à 19 ans) à 12,0 jours pour les employés à temps plein de 55 à 64 ans (tableau 1-1).
Les taux d’absence du travail varient selon le secteur (public ou privé) et l’industrie, la différence provenant essentiellement des absences liées à une maladie ou à une incapacité (tableau 2-1). Les facteurs qui contribuent à ces variations comprennent la nature et les exigences de l’emploi, la répartition des hommes et des femmes dans la main-d’oeuvre, et le taux de syndicalisation — ce dernier étant un facteur déterminant de la présence ou de l’absence de congés de maladie ou de congés pour obligations familiales payés.
Les employés à temps plein du secteur public (plus susceptibles d’être syndiqués ou d’être des femmes) ont perdu plus de temps de travail en 2008 pour des raisons personnelles (13,3 jours, contre 12,8 en 2007) que leurs homologues du secteur privé (9,1 jours, comparé à 9,5 en 2007).
Au niveau des groupes de base (à deux chiffres) des industries, les employés ayant perdu le plus de jours de travail sont ceux des services de soins de santé et de l’assistance sociale (14,9 jours), des administrations publiques (13,8), et des transports et entreposage (12,3).
Les moyennes les plus basses ont été enregistrées par les travailleurs à temps plein des services professionnels, scientifiques et techniques (6,3 jours). Les travailleurs des services d’hébergement et de restauration ont également manqué moins de jours de travail (7.3).
Les facteurs associés aux taux d’absence par profession sont semblables à ceux liés à l’industrie (tableau 3-1). Encore une fois, comme dans la répartition par branche principale des industries, les différences découlent principalement du temps perdu en raison d’une maladie ou d’une incapacité.
Les employés à temps plein ayant enregistré le plus de jours perdus en 2008 sont ceux des professions de la santé (16,1) et des professions propres au secteur de la production (13,5). Les travailleurs dans les postes de gestion et dans les sciences naturelles et appliquées ont affiché le moins de jours perdus, à savoir 6,3 et 7,8 respectivement.
Les travailleurs à temps plein syndiqués ou adhérents à une convention collective ont perdu plus de jours de travail en moyenne en 2008 pour des raisons personnelles que leurs homologues non syndiqués (13,9 contre 8,2) (tableau 1-6).
Les travailleurs ayant un emploi permanent (et donc plus susceptibles d’être syndiqués) ont perdu plus de jours de travail (10,2) que ceux dont l’emploi n’était pas permanent (8,2).
Le nombre de jours perdus a tendance à augmenter avec la taille du lieu de travail, passant de 8,5 dans les lieux de travail comptant moins de 20 employés (entreprises plus susceptibles d’avoir un faible taux de syndicalisation) à 11,9 dans les entreprises de plus de 500 employés (qui sont susceptibles d’avoir un taux de syndicalisation élevé) (tableau 1-4).
Le nombre de jours perdus a tendance à augmenter avec la durée d’occupation de l’emploi, presque toutes les différences découlant du temps perdu en raison d’une maladie ou d’une incapacité (tableau 1-5). Ce nombre est passé de 7,5 jours chez les employés ayant occupé leur emploi pendant un an ou moins, à 12,4 jours chez ceux ayant occupé leur emploi pendant plus de 14 ans (ce dernier groupe étant également susceptible d’être plus âgé).
Les niveaux d’absence du travail variaient selon la région géographique (tableau 1-7), la plus grande part des écarts découlant encore une fois du temps perdu en raison d’une maladie ou d’une incapacité.
Les employés à temps plein au Québec et en Nouvelle-Écosse ont perdu le plus de jours de travail en 2008, à savoir 11,6 et 11,4 respectivement. Ceux de l’Alberta et de l’Île-du-Prince-Édouard en ont perdu le moins, soit 8,3 et 9,0 jours respectivement.
Dans les régions métropolitaines de recensement, les travailleurs à temps plein du Saguenay (13,7), du Grand Sudbury (13,6) et de Trois-Rivières (12,8) ont perdu le plus de jours de travail en moyenne (tableau 1-8). Ceux de Kitchener-Waterloo (7,4), de Calgary (8,1) et de Toronto (8,3) en ont perdu le moins.
MARSHALL, Katherine. 2003. « L'avantage du congé parental prolongé », L'emploi et le revenu en perspective, vol. 4, no 3, mars, no 75-001-XIF au catalogue de Statistique Canada.
MARSHALL, Katherine. 2008. « Utilisation par les pères des congés parentaux payés », L'emploi et le revenu en perspective, vol. 9, no 6, juin, no 75-001-XIF au catalogue de Statistique Canada.