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De nos jours, les technologies de l'information et des communications (TIC) exercent leur influence dans toutes les sphères de la vie. Au cours des deux dernières décennies, plus ou moins, les ordinateurs, les téléphones cellulaires et Internet ont modifié nos activités au quotidien et notre comportement, que ce soit au travail ou dans notre vie sociale. Au départ, les politiques sur l'accès aux TIC faisaient ressortir des questions d'utilisation, qui sont plus étroitement liées aux avantages. Toutefois, l'intérêt a fini par se porter sur l'évaluation des résultats et la compréhension des répercussions à long terme liés aux TIC.

Il y a environ 25 ans, le téléphone était la technologie de communication la plus répandue. Son utilisation prenait exclusivement la forme d'échanges vocaux bidirectionnels simples, qui ne différaient pas beaucoup de ceux des débuts, un siècle auparavant. Les ordinateurs personnels, les téléphones cellulaires et Internet n'existaient pas encore dans leur forme actuelle. Aujourd'hui, un visiteur se déplaçant dans les rues de plusieurs centres-villes notera que les personnes qu'il croise semblent se parler à elles-mêmes. En fait, il ne s'agit pas de personnes excentriques ou perturbées, mais plutôt de personnes qui parlent dans un microphone et écoutent au moyen d'un écouteur reliés au téléphone cellulaire qu'elles portent sur elles. Le visiteur remarquera aussi que des groupes de gens, qui semblent être amis, marchent ensemble sur le trottoir et traversent des intersections achalandées tout en entretenant une conversation animée, non pas entre eux, mais plutôt individuellement avec quelqu'un d'autre qui se trouve ailleurs.

De tels comportements ont été à l'origine de déclarations à l'emporte-pièce selon lesquelles nous devenons de plus en plus isolés, solitaires et à l'écart de nos amis et de notre famille (Kraut et coll., 1998). Dans la foulée, on a élaboré des théories concernant l'aliénation moderne, la fracture du tissu social et communautaire, la déchéance des relations interpersonnelles et l'isolement par rapport à nos voisins, notamment (Nie et Erbring, 2000). Même si les diverses forces qui s'exercent dans notre société pourraient laisser penser que cela est vrai, la situation en ce qui a trait aux TIC est assez différente, du fait des nombreux angles et nuances qu'il faut prendre en compte.

Étant donné que les TIC se sont infiltrées dans presque toutes les activités économiques et sociales, de nombreux résultats et répercussions mériteraient d'être examinés. Des démarches en vue de comprendre les répercussions des TIC sur la macroéconomie ont été entreprises (OCDE, 2003) et, du fait des nouveaux ensembles de données disponibles, des recherches sont effectuées au niveau du rendement de l'industrie et des entreprises (Clayton, 2005). Même s'il est tout à fait justifié d'examiner les résultats économiques, plusieurs autres résultats des TIC ont trait à l'aspect social de la vie des gens (Kraut et coll., 1998, Wellman et coll., 2001; Nie et Erbring, 2000).

Afin de mieux comprendre l'évolution des résultats économiques et sociaux des TIC, on doit procéder à une quantification directe et une inférence analytique, grâce à des données diverses de séries chronologiques. Ce n'est que maintenant, alors que nous disposons de données sur plusieurs années, que nous pouvons entreprendre des comparaisons utiles. Toutefois, tout comme pour les autres processus technologiques révolutionnaires, y compris le canal, le chemin de fer, l'électricité et l'avion, il faudra peut-être des décennies — plutôt que des années — pour bien comprendre les résultats et les répercussions des TIC. Même si la transformation découlant des TIC pourrait bien continuer à évoluer au fil du temps, la présente analyse comporte un aperçu à plus court terme et utilise une gamme variée de sources de données pour produire des inférences raisonnables relativement à certains changements de comportements amenés par les TIC.

Les TIC correspondent à une liste très longue de biens et de services, y compris des technologies plus anciennes — quoique revitalisées ou transformées — comme le téléphone et la télévision, et des technologies plus récentes dont les fonctions se chevauchent de plus en plus en raison du processus de convergence1. Celles qui ont le plus de répercussions sont relativement peu nombreuses et bien connues, tandis que d'autres ont un caractère plus accessoire et sont intégrées à d'autres, par exemple, l'imprimante et l'ordinateur.

De façon plus particulière, le présent document commence à aborder certains enjeux et utilise des données statistiques pour construire certaines inférences précoces, en vue d'améliorer la compréhension des résultats et des répercussions des TIC. Certains des résultats prévus ou attendus liés aux TIC sont présentés, et des données factuelles servent à démontrer que ces résultats ne se sont pas encore matérialisés. Le document fait en outre la preuve que certains des résultats clés des TIC se manifestent par une modification des modèles de comportement, y compris les modèles de communication et de dépenses.

Note aux lecteurs

Le présent document correspond à une nouvelle orientation de la recherche et de l'analyse relativement à la société de l'information et constitue une tentative en vue d'aborder les résultats et les répercussions socioéconomiques des TIC. Même si Statistique Canada recueille des mesures de la capacité d'utilisation et de l'intensité des TIC depuis un certain temps déjà, les indicateurs des résultats des TIC en sont encore aux premières étapes de leur élaboration. Un cadre utile pour l'étude des activités scientifiques et technologiques au Canada a été adopté par Statistique Canada en 1998 (Statistique Canada, 1999a), et peut être utilisé dans le contexte du présent document, afin de décrire l'évolution des indicateurs statistiques de la société de l'information.

Ce cadre vise à guider et à organiser systématiquement les méthodes de collecte et d'interprétation des données statistiques, en ce qui a trait à diverses activités scientifiques et technologiques et à leur interaction avec la société et l'économie. Il fournit en outre une classification cohérente dans laquelle les indicateurs des activités, les liens ou les résultats peuvent être intégrés et mis en correspondance avec des questions analytiques clés. Ces indicateurs et les questions correspondantes figurent ci-après.

Activités

Quels sont les intervenants (personnes et organisations) participant à l'activité? Quelle est la nature de l'activité? Où l'activité se déroule-t-elle?
Quand l'activité a-t-elle été entreprise, et pourquoi l'intervenant y participe-t-il?

Liens

Quelles sont les ressources qui ont été engagées pour l'activité, d'où proviennent-elles et quelles sont leurs caractéristiques?
Quelles sont les organisations sociales, les infrastructures de soutien, les réseaux, les contraintes et les liens entre les intervenants concernés?

Résultats

Quelles sont les conséquences à moyen terme de l'activité?
Quelles sont les conséquences socioéconomiques à plus long terme, qui sont plus lentes à émerger?

L'objectif principal du présent document est d'examiner les questions liées aux résultats des TIC. Ce faisant, le document démystifie certains des résultats prévus de l'utilisation généralisée des TIC dans la vie de tous les jours, à partir d'une gamme variée de données statistiques et de données factuelles. Il aborde en outre certaines des répercussions à plus long terme des TIC du point de vue du comportement des personnes, répercussions qui sont souvent plus difficiles à déceler et dont les origines sont plus difficiles à cerner. D'autres travaux d'élaboration d'indicateurs des résultats et des répercussions sont nécessaires pour mesurer avec précision et bien comprendre l'évolution et les transformations de la société de l'information.