Logo StatCan et la COVID-19 : Des données aux connaissances, pour bâtir un Canada meilleurLa santé mentale des groupes de population désignés comme minorités visibles au Canada dans le contexte de la pandémie de COVID-19

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par Melissa Moyser

Cet article est le troisième d’une série d’analyses portant sur la santé mentale de divers groupes de Canadiens durant la pandémie. Les articles précédents avaient pour thèmes le genre (homme, femme ou diverses identités de genre) et le lieu de naissance (né à l’étranger ou né au Canada).

Il est maintenant bien établi que la pandémie de COVID-19 ainsi que les mesures de santé publique mises en œuvre dans son sillage pour freiner la propagation (c.-à-d. la distanciation physique) ont eu des répercussions sur la santé mentale des Canadiens (Findlay et Arim, 2020; Rottermann, 2020; Statistique Canada, 2020a et 2020b). Ce qui demeure toujours inconnu, c’est si la pandémie de COVID-19 a eu des répercussions sur la santé mentale des Canadiens désignés comme minorités visibles. Étant donné que, en 2016, près du quart (22,3 %) des Canadiens appartenaient à des groupes de minorités visibles (ci-après appelés simplement « minorités visibles »), il s’agit d’une importante lacune à combler au chapitre des connaissances.

Le présent article compare la santé mentale des membres de groupes de minorités visibles--à savoir les Sud-Asiatiques, les Chinois, les Noirs, les Philippins et les Arabes--et des non-membres (à l’exclusion des peuples autochtones) dans le contexte de la pandémie de COVID-19, à partir des données recueillies dans le cadre d’une enquête par approche participative menée du 24 avril au 11 mai 2020. Bien que le contexte, la résilience et l’expérience de chaque individu soient toujours particuliers, la comparaison de la santé mentale entre les participants de différents groupes de la population pendant la pandémie de COVID-19 permet une meilleure compréhension de l’expérience spécifique vécue par ces divers groupes de Canadiens.  Cela contribue également aux efforts continus déployés par Statistique Canada pour recueillir et publier des données ventilées sur les groupes vulnérables.Trois mesures différentes de la santé mentale sont prises en compte : l’autoévaluation de la santé mentale, l’évolution de la santé mentale depuis l’adoption des mesures de distanciation physique et les symptômes correspondant à un trouble d’anxiété généralisée dans les deux semaines précédant la participation à l’enquête. .

Les lecteurs doivent noter que, contrairement à d’autres enquêtes menées par Statistique Canada, les données obtenues dans le cadre d’une enquête par approche participative ne sont pas recueillies selon un plan d’échantillonnage probabiliste. Par conséquent, au moment de l’interprétation des conclusions tirées de ces données, aucune inférence ne doit être faite au sujet de l’ensemble de la population canadienne ou de ses sous-groupes.

Les participants appartenant à des groupes de minorités visibles ont de moins bons résultats en matière de santé mentale que les participants blancs

Les participants appartenant à des groupes de minorités visibles ont obtenu de moins bons résultats que les participants blancs (graphique 1) en ce qui concerne la plupart des mesures de la santé mentale déclarées pendant la pandémie de COVID-19. Bien que des proportions semblables de participants membres des minorités visibles et de participants blancs aient signalé que leur santé mentale était « un peu moins bonne » ou « bien moins bonne » depuis l’adoption des mesures de distanciation physique (51,3 % et 52,2 % respectivement), une plus grande proportion de participants membres des groupes de minorités visibles ont déclaré que leur santé mentale était « passable » ou « mauvaise » (27,8 % par rapport à 22,9 %). Les participants membres des groupes de minorités visibles étaient également plus susceptibles de déclarer des symptômes correspondant à un trouble d’anxiété généralisée « modéré » ou « sévère » dans les deux semaines précédant leur participation à l’enquête (30,0 % par rapport à 24,2 %). Le trouble d’anxiété généralisée est un état de santé caractérisé par des soucis fréquents et persistants ainsi qu’une anxiété excessive à l’égard de plusieurs événements ou activités.

Graphique 1 Proportion des participants selon les résultats en matière de santé mentale et l’appartenance à une minorité visible

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données pour le graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données pour le graphique 1 Autoévaluation d’une santé mentale passable ou mauvaise, Santé mentale un peu moins bonne ou bien moins bonne depuis l’adoption des mesures de distanciation physique et Symptômes correspondant à un trouble d’anxiété généralisée modéré ou sévère dans les deux semaines précédant la participation à l’enquête, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Autoévaluation d’une santé mentale passable ou mauvaise Santé mentale un peu moins bonne ou bien moins bonne depuis l’adoption des mesures de distanciation physique Symptômes correspondant à un trouble d’anxiété généralisée modéré ou sévère dans les deux semaines précédant la participation à l’enquête
pourcentage
Blancs 22,9 52,2 24,2
Minorités visibles 27,8 51,3 30,0

Les résultats en matière de santé mentale diffèrent selon les groupes de minorités visibles

En ce qui concerne les cinq plus grands groupes de minorités visibles au Canada (c.-à-d. les Sud-Asiatiques, les Chinois, les Noirs, les Philippins et les Arabes), selon le Recensement de la population de 2016, les participants sud-asiatiques avaient de moins bons résultats en matière de santé mentale que ceux appartenant à d’autres groupes de minorités visibles (graphique 2). Les participants sud-asiatiques étaient plus susceptibles de déclarer une santé mentale « passable » ou « mauvaise » et « un peu moins bonne » ou « bien moins bonne » depuis l’adoption des mesures de distanciation physique. Ils étaient également plus susceptibles que les participants appartenant aux autres groupes de minorités visibles, à l’exception des participants philippins, de signaler des symptômes correspondant à un trouble d’anxiété généralisée modéré ou sévère dans les deux semaines précédant leur participation à l’enquête.

À certains égards, les participants arabes, philippins et chinois avaient une meilleure santé mentale autodéclarée que les autres groupes de minorités visibles : les participants arabes étaient moins susceptibles de déclarer que leur santé mentale était « passable » ou « mauvaise »; les participants philippins étaient moins susceptibles de déclarer une santé mentale « un peu moins bonne » ou « bien moins bonne » depuis l’adoption des mesures de distanciation physique; les participants chinois étaient moins susceptibles de déclarer des symptômes correspondant à un trouble d’anxiété généralisée modéré ou sévère dans les deux semaines précédant leur participation à l’enquête.

Il est important de noter que les antécédents culturels des participants membres des groupes de minorités visibles peuvent influencer la façon dont ils répondent aux questions sur leur santé mentale.

Graphique 2 Proportion des participants selon les résultats en matière de santé mentale et le groupe de minorité visible

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données pour le graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données pour le graphique 2 Autoévaluation d’une santé mentale passable ou mauvaise, Santé mentale un peu moins bonne ou bien moins bonne depuis l’adoption des mesures de distanciation physique et Symptômes correspondant à un trouble d’anxiété généralisée modéré ou sévère dans les deux semaines précédant la participation à l’enquête, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Autoévaluation d’une santé mentale passable ou mauvaise Santé mentale un peu moins bonne ou bien moins bonne depuis l’adoption des mesures de distanciation physique Symptômes correspondant à un trouble d’anxiété généralisée modéré ou sévère dans les deux semaines précédant la participation à l’enquête
pourcentage
Blancs 22,9 52,2 24,2
Sud-Asiatiques 30,3 55,3 34,6
Chinois 25,7 48,1 22,0
Noirs 27,9 48,1 32,0
Philippins 26,9 45,5 37,2
Arabes 21,0 48,6 30,0

Les participants appartenant à des groupes de minorités visibles sont plus susceptibles de déclarer une insécurité financière liée à la COVID-19

L’insécurité financière a été associée à une moins bonne santé mentale avant la pandémie de COVID-19 et à des niveaux d’anxiété plus élevés qu’à l’habitude pendant la pandémie (Statistique Canada, 2020a). Les participants membres des groupes de minorités visibles étaient plus susceptibles que les participants blancs de signaler que la pandémie a eu des répercussions « modérées » ou « majeures » sur leur capacité de respecter leurs obligations financières ou de répondre à leurs besoins essentiels, comme le loyer ou les paiements hypothécaires, les services publics et l’épicerie : 35,0 % par rapport à 22,1 %. Les participants sud-asiatiques étaient les plus susceptibles de déclarer qu’ils étaient en situation d’insécurité financière en raison de la pandémie de COVID-19 (43,8 %), tandis que les participants chinois et arabes étaient les moins enclins à le faire (24,9 % et 30,2 % respectivement) [graphique 3].

Graphique 3 Proportion de participants ayant déclaré que la pandémie de COVID-19 a eu des répercussions modérées ou majeures sur leur capacité de respecter leurs obligations financières ou de répondre à leurs besoins essentiels, selon les groupes de population désignés comme minorités visibles

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données pour le graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données pour le graphique 3 Répercussions COVID-19 sur capacité de respecter obligations financières ou de répondre à besoins essentiels , calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Répercussions COVID-19 sur capacité de respecter obligations financières ou de répondre à besoins essentiels
pourcentage
Blancs 22,1
Sud-Asiatiques 43,8
Chinois 24,9
Noirs 37,5
Philippins 35,7
Arabes 30,2

Méthodologie

Ont été examinées dans le présent article les différences relatives à la santé mentale autoévaluée par les groupes désignés comme « minorités visibles » et « blancs » dans le contexte de la pandémie de COVID-19.

Le terme « minorité visible » fait référence aux Canadiens désignés comme membres d’une minorité visible selon la définition de la Loi sur l’équité en matière d’emploi. Selonla Loi, les minorités visibles sont « les personnes, autres que les autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n’ont pas la peau blanche ». Les groupes de minorités visibles comprennent : les Sud-Asiatiques; les Chinois; les Noirs; les Philippins; les Latino-Américains; les Arabes; les Asiatiques du Sud-Est; les Asiatiques occidentaux; les Coréens; les Japonais; les minorités visibles non incluses ailleurs; les minorités visibles multiples. Pour protéger la confidentialité des participants, seules les données des cinq plus grands groupes de minorités visibles au Canada sont désagrégées dans l’article : les Sud-Asiatiques, les Chinois, les Noirs, les Philippins et les Arabes. Les peuples autochtones sont exclus de la catégorie des non-membres des groupes de minorités visibles.

L’article est fondé sur des analyses des données recueillies dans le cadre de l’enquête par approche participative de Statistique Canada suivante : « Répercussions de la COVID-19 sur les Canadiens – Votre santé mentale ». Le questionnaire de l’enquête a été diffusé en direct sur le site Web de l’organisme du 24 avril au 11 mai 2020, et quelque 46 000 résidents du Canada l’ont rempli volontairement.

Il convient de noter qu’aucune inférence statistique sur la population canadienne ne peut être tirée des résultats d’une enquête par approche participative, car les personnes décident d’elles-mêmes d’y répondre. Les participants à une enquête traditionnelle par sondage sont sélectionnés de manière probabiliste parmi la population cible. Cela dit, l’approche participative est un moyen peu coûteux et rapide de recueillir des données détaillées sur un sujet particulier.

Dans l’article, des ajustements méthodologiques ont été apportés pour tenir compte des différences d’âge, de sexe et de province.

La distanciation physique a été définie comme une modification des habitudes quotidiennes visant à réduire au minimum les contacts étroits avec les autres, notamment éviter les foules et les grands rassemblements ainsi que les salutations d’usage comme les poignées de main, limiter les interactions avec les personnes présentant un risque plus élevé, et garder une distance d’au moins deux longueurs de bras (environ deux mètres) par rapport aux autres.

L’anxiété a été mesurée à l’aide de l’échelle GAD-7, laquelle est utilisée dans les enquêtes sur la santé de la population pour déterminer les cas probables de trouble d’anxiété généralisée ainsi que pour mesurer la gravité des symptômes d’anxiété. Le trouble d’anxiété généralisée est un état de santé caractérisé par des soucis fréquents et persistants ainsi qu’une anxiété excessive à l’égard de plusieurs événements ou activités. Les participants ayant obtenu, dans les deux semaines précédant leur participation à l’enquête, une note de 10 ou plus sur l’échelle GAD-7 ont été considérés comme ceux qui présentaient des symptômes du trouble d’anxiété généralisée modérés ou sévères. Les données déclarées ne reflètent pas nécessairement un diagnostic professionnel de trouble d’anxiété généralisée. Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, où la population a été exposée de manière inattendue à une crise mondiale sans précédent qui engendre des répercussions de grande ampleur — notamment des perturbations importantes ayant trait à l’emploi, à la scolarité et aux habitudes, et une augmentation des risques pour la santé — il faut savoir que les sentiments d’anxiété peuvent être considérés comme des réactions naturelles et qu’ils ne sont pas nécessairement des indicateurs d’un trouble de santé mentale à long terme.

Enfin, il importe de souligner que les antécédents culturels des participants membres des groupes de minorités visibles peuvent influencer la façon dont ils répondent aux questions sur leur santé mentale, puisque la culture joue un rôle dans la manière dont ses membres perçoivent le bien-être mental et la maladie et en saisissent les principes.

Bibliographie

Findlay, Leanne, et Rubab Arim. 2020. « Les Canadiens perçoivent leur santé mentale comme étant moins bonne pendant la pandémie de COVID-19 », StatCan et la COVID-19 : Des données aux connaissances, pour bâtir un Canada meilleur, produit no 45-28-0001 au catalogue de Statistique Canada, Ottawa.

Rottermann, Michelle. 2020. « Les Canadiens qui s’estiment en moins bonne santé mentale pendant la pandémie de COVID-19 sont plus susceptibles de déclarer une consommation accrue de cannabis, d’alcool et de produits du tabac », StatCan et la COVID-19 : Des données aux connaissances, pour bâtir un Canada meilleur, produit no 45-28-0001 au catalogue de Statistique Canada, Ottawa.

Statistique Canada. 2020a. « La santé mentale des Canadiens durant la pandémie de COVID-19 », Le Quotidien, 27 mai.

Statistique Canada. 2020b. « Série d’enquêtes sur les perspectives canadiennes 2 : suivi des effets de la COVID-19, mai 2020 », Le Quotidien, 4 juin.

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