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Les accords de libre-échange et la spécialisation dans le secteur manufacturier canadien

Division de la fabrication, de la construction et de l'énergie

Dragos Ifrim

Décembre 1999

Ce document reflète les opinions des auteurs uniquement and non celles de Statistique Canada.


Introduction

On a assisté, au cours de la dernière décennie, à un mouvement sans précédent de libéralisation du commerce. Comme on s’y attendait, l’Accord de libre-échange (ALÉ) de 1989 et l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) de 1994 ont influencé l’économie canadienne : le volume des échanges commerciaux et de l’investissement s’est accru rapidement - plus rapidement que celui de la production mondiale - à mesure que les producteurs profitaient d’une libéralisation accrue du commerce et de l’investissement ainsi que d’améliorations spectaculaires au chapitre de la technologie de l’information et des communications.

Les accords de libre-échange se traduisent-ils par une spécialisation accrue dans le secteur manufacturier? Nous examinerons dans ce document diverses façons d’envisager la spécialisation manufacturière afin de recueillir des éléments probants témoignant d’un lien entre l’ouverture et la spécialisation.

Dans la section I, le document examine l’approche traditionnelle de la théorie de la spécialisation. Différents modèles qui tentent d’analyser la spécialisation sont présentés, de même que les conclusions qui peuvent en être tirées. La section II présente la méthodologie utilisée aux fins de la présente analyse, de même que les conclusions de la recherche. S’agissant de la spécialisation dans le secteur manufacturier, il est important de disposer d’indicateurs économiques significatifs à des fins d’évaluation, de suivi et de comparaison de l’évolution de la spécialisation au Canada. En principe, de tels indicateurs devraient être établis non seulement pour la période de 1989 à 1996, mais aussi pour la période précédente. Cependant, étant donné les limites de la recherche, le présent document se contente d’examiner l’évolution de la spécialisation dans le secteur manufacturier canadien entre 1989 et 1996. La section III présente une étude de cas du secteur chimique canadien.


I. Tentatives visant à expliquer les répercussions économiques de l’ALÉNA et certains modèles traditionnels concernant les accords de libre-échange

À l’heure actuelle, l’instrument analytique préféré des économistes est le modèle «appliqué d’équilibre général» (AÉG). Les modèles AÉG sont des modèles informatisés à grande échelle de l’économie ou, dans le cas qui nous occupe, des trois économies (celles du Canada, des États-Unis et du Mexique). Il s’agit de modèles «d’équilibre» parce qu’ils reposent sur l’hypothèse voulant que, quelle que soit l’année de référence choisie, l’économie visée est à l’état d’équilibre. Cela signifie que, en l’absence de changements stratégiques et de perturbations externes, l’économie continuerait de produire le produit intérieur brut (PIB) de l’année de référence, et ce, d’année en année. Si une perturbation se produisait, l’économie finirait par atteindre un nouvel équilibre, et continuerait de maintenir cet équilibre à condition qu’aucune autre perturbation n’ait lieu. Les modèles AÉG sont des modèles «d’équilibre général» parce qu’ils tentent de retracer les effets des changements dans les politiques tarifaires et d’autres changements stratégiques à l’échelle de l’économie. L’économie ne se retrouve pas à un nouvel état d’équilibre tant que la dernière retombée ne s’est pas manifestée et tant qu’un équilibre «général» ne s’est pas rétabli. Les modèles AÉG sont des modèles «appliqués» en ce sens qu’ils tentent de reproduire le comportement des économies du monde réel.

Les études reposant sur des modèles AÉG sont beaucoup plus nombreuses au sujet de l’ALÉNA que de l’ALÉ, en partie parce que la technologie de ces modèles a progressé rapidement depuis le milieu des années 80 et en partie parce que les États-Unis jugent que le libre-échange avec le Mexique est plus significatif que le libre-échange avec le Canada. Par ailleurs, comme les États-Unis s’intéressent essentiellement au commerce avec le Sud, ce ne sont pas tous ces modèles qui ont porté sur les effets probables de l’ALÉNA sur le Canada. Trois modèles qui l’ont fait sont examinés ici.


Harris et Cox

Richard Harris, de l’Université Simon Fraser, et David Cox, de l’Université de Waterloo, ont appliqué leur modèle AÉG du commerce entre le Canada et les États-Unis aux effets d’une entente accordant au Mexique des privilèges commerciaux du genre de ceux qui sont prévus dans l’ALÉ(1).  Le modèle Harris-Cox divise l’économie en 19 secteurs industriels et a recours aux données sur le commerce de 1989 pour calculer les parts des trois pays au sein du marché nord-américain, parts dont on suppose qu’elles sont en état «d’équilibre», au sens décrit ci-dessus. Harris et Cox utilisent leur modèle pour examiner diverses politiques de rechange. Tout d’abord, ils examinent les répercussions de la mise en œuvre de tous les changements tarifaires prévus dans l’ALÉ. Leur modèle prédit que, une fois toutes les réductions appliquées, le PIB du Canada sera de 4,56 % plus élevé qu’autrement dans ce nouvel état d’équilibre. (Les auteurs font remarquer qu’il ne faut pas accorder de signification particulière aux chiffres en soi, qui représentent plutôt «les valeurs médianes d’un intervalle de confiance».) La principale raison qui explique ce PIB canadien plus élevé, c’est que la productivité du travail augmente de 9,96 %. Dans le modèle Harris-Cox, cela s’explique principalement du fait qu’il n’y a plus de tarifs douaniers sur les produits américains à la frontière canadienne. Leur prix s’en trouve réduit dans le marché canadien, ce qui impose une augmentation de la productivité canadienne. Le principal mécanisme qui permet d’atteindre une plus grande efficience est la réduction du nombre d’entreprises dans la plupart des industries canadiennes, parallèlement à des hausses de la production et de l’emploi dans un grand nombre de ces industries. Selon ce modèle, la mise en œuvre de toutes les mesures tarifaires prévues dans l’ALÉ donne lieu à une forte augmentation (18,3 %) des flux du commerce entre le Canada et les États-Unis. Comme on pouvait s’y attendre, à la suite de l’ALÉ, le commerce entre les États-Unis et le Mexique diminue légèrement (de 0,22 %), le Canada ayant acquis un accès privilégié au marché des États-Unis.

S’inspirant de la mise en œuvre de toutes les mesures de l’ALÉ comme scénario de base, Harris et Cox simulent ensuite l’effet d’un véritable ALÉNA dans le cadre duquel les trois pays éliminent les tarifs douaniers qu’ils imposent à leurs produits respectifs. Dans le cadre de l’ALÉNA, le PIB canadien augmente de 0,12 %, même si le commerce entre le Canada et les États-Unis diminue, mais dans des proportions de 0,09 % seulement. Comme on l’a laissé entendre plus tôt, il ne s’agit pas de chiffres réels. Ce qui est important, c’est qu’ils sont très faibles; on peut donc en déduire que même si l’ALÉNA ne représente peut-être pas de gains importants pour l’économie canadienne, il ne se traduira pas non plus par de très grandes pertes. En ce qui concerne la concurrence des prix de la part du Mexique, en supposant que les entreprises canadiennes exercent peu d’influence autonome sur leurs propres prix et doivent se contenter de soutenir la concurrence des prix mexicains, ce modèle prédit que la productivité du travail augmentera de 2,4 % de plus, puisque «le fait d’autoriser le Mexique à accéder au marché canadien impose une nouvelle rationalisation de l’industrie canadienne que la concurrence des États-Unis à elle seule n’imposerait pas» [traduction](2).

En résumé, Harris et Cox concluent que :

  • L’ALÉNA n’a pas beaucoup de répercussions économiques sur le commerce et les revenus canadiens;
  • les exportations du Canada vers les États-Unis ne connaissent pas de grandes réductions;
  • les gains les plus importants que l’ALÉNA pourra permettre de réaliser se traduisent par une rationalisation attribuable à une plus grande concurrence des prix.


Brown, Deardorff et Stern(3)

Drusilla Brown, de l’Université Tufts, ainsi qu’Allan Deardorff et Robert Stern, de l’Université du Michigan, ont également produit un modèle du libre-échange nord-américain (le modèle BDS) qui donne des résultats détaillés pour le Canada. Il divise chacune des trois économies en 29 secteurs et, tout comme le modèle Harris-Cox, utilise l’année 1989 comme année de référence pour les données.

En ce qui concerne les résultats, ce modèle prédit (lui aussi) que du point de vue canadien, il n’y aura pas de grande différence entre l’ALÉNA et l’ALÉ. Selon le modèle BDS, le bien-être économique global du Canada augmente de 0,6 % en vertu de l’ALÉ et de 0,7 % en vertu de l’ALÉNA. Ainsi, comme dans le cadre du modèle Harris-Cox, l’ALÉNA aurait des effets légèrement positifs pour le Canada. En ce qui concerne les salaires canadiens, le modèle prédit qu’ils augmenteront d’un facteur de 0,4 à 0,5 %. Il peut paraître curieux que la signature d’un accord de libre-échange entre le Canada et le Mexique, pays où les salaires sont faibles, puisse entraîner une augmentation des salaires canadiens au-delà de l’augmentation découlant de l’ALÉ. Cependant, en vertu de l’ALÉNA, Mexico ouvre davantage son marché au commerce canadien que le Canada n’ouvre son marché au commerce mexicain, pour lequel il y a déjà peu de barrières qui limitent l’accès au marché canadien. On pourrait donc raisonnablement s’attendre à ce que la demande de biens du genre de ceux que le Canada produit augmente relativement plus que la demande de biens du genre de ceux que le Mexique produit.

En conclusion, Brown, Deardorff et Stern constatent :

  • que les effets de l’ALÉNA ou de l’ALÉ seront très limités;
  • que les salaires canadiens augmenteront;
  • que les répercussions seront plus importantes pour le Mexique que pour les deux autres partenaires;
  • que les résultats obtenus par le Canada seront légèrement meilleurs en vertu de l’ALÉNA qu’en vertu de l’ALÉ.


Le groupe de l’ITC

Le troisième modèle AÉG présenté ici a été élaboré par trois économistes, soit David Roland-Holst, Kenneth A. Reinert et Clinton R. Shiells, dont les travaux ont été publiés par l’International Trade Commission des États-Unis (groupe de l’ITC)(4).  Leur modèle divise chacun des trois pays en 26 secteurs et il est «calibré» en fonction des données de 1988. Les auteurs font remarquer que, contrairement à ce que supposent de nombreux Canadiens, l’activité économique du Canada se concentre davantage dans le secteur manufacturier que celle des États-Unis, et qu’au Canada, le secteur des produits de première transformation et le secteur manufacturier affichent tous deux une plus forte intensité de main-d’œuvre qu’aux États-Unis – bien que l’intensité de main-d’œuvre du secteur public soit légèrement moindre au Canada qu’aux États-Unis.

Différentes versions du modèle du groupe de l’ITC donnent des résultats sensiblement différents. Dans une version, on tient pour acquis que l’ALÉNA élimine tous les tarifs douaniers entre les trois pays, mais aucune des barrières non tarifaires (BNT), et que la plupart des industries n’affichent aucune augmentation des rendements d’échelle – ce qui signifie que la spécialisation ne présente aucun avantage important : produire plus ne signifie pas nécessairement produire à meilleur compte. Dans le cadre de ce modèle, est-il surprenant de le constater, l’ALÉNA ne fait pas de véritable différence. Le bien-être économique augmente de 0,7 % aux États-Unis, de 0,11 % au Mexique et de 0,24 % au Canada. Il est étonnant de voir que le Canada soit considéré comme le plus important bénéficiaire de l’ALÉNA, mais cela s’explique, du moins en partie, du fait que la comparaison repose sur le Canada d’avant l’ALÉ. Lorsque les obstacles tarifaires et toutes les BNT sont éliminés, les répercussions sont beaucoup plus spectaculaires. Le bien-être économique augmente de 1,67 % aux États-Unis, de 2,28 % au Mexique et de 4,87 % au Canada, soit près de 20 fois l’augmentation attribuable aux seuls tarifs douaniers. Lorsque des rendements d’échelle croissants sont intégrés au modèle, les gains éventuels dans les trois industries augmentent encore plus – ce qui est parfaitement raisonnable puisque si un pays qui produit davantage de biens peut les produire à meilleur compte, ce pays est mieux placé pour profiter de la spécialisation internationale de la production. Cependant, il est important de montrer que l’ALÉNA n’élimine pas toutes les barrières non tarifaires entre les trois pays signataires, de sorte que ni ses avantages ni ses coûts ne seront vraisemblablement aussi importants. En même temps, il faut se souvenir que la spécialisation de la production est une conséquence de l’augmentation des rendements d’échelle. Mais un examen du secteur manufacturier dans son ensemble au Canada permet-il de poser cette hypothèse?


II. Les méthodes utilisées

Divers modèles théoriques postulent une importante corrélation entre l’ouverture (commerce) et la spécialisation(5).  Dans ces modèles, l’ouverture au commerce a généralement pour effet d’accroître la taille des marchés des producteurs, ce qui donne lieu à une spécialisation plus poussée et à une échelle de production moyenne plus élevée.

Dans la présente étude, la méthodologie statistique repose sur un examen du nombre de relations possibles entre diverses séries de données. Les travaux effectués sur les données se veulent de nature exploratoire, en ce sens que je recherche certaines régularités statistiques simples, plutôt que de tester des hypothèses complexes. Ainsi donc, par exemple, la conclusion voulant qu’il n’y ait pas de relation directe entre l’évolution de la valeur des livraisons et le pourcentage des biens au cours d’une année donnée est considérée davantage comme un champ de recherche pour l’avenir que comme la confirmation d’une théorie en particulier. Examinons maintenant nos sources de données et les définitions particulières des variables.

Les données utilisées aux fins de ces études proviennent de deux sources : Statistique Canada et l’Association canadienne des fabricants de produits chimiques. Des données ont été recueillies de 1989 à 1996 pour l’ensemble de l’industrie manufacturière. On trouvera à l’annexe A une énumération détaillée des industries qui font partie du secteur manufacturier. Quatre mesures de spécialisation au sein du secteur manufacturier ont été construites pour l’analyse empirique. Dans chaque cas, les données proviennent de l’Enquête annuelle des manufactures (EAN). Des données ont été recueillies au sujet de la valeur des livraisons et selon le code de la Classification type des biens (CTB) pour chacune des industries manufacturières énumérées à l’annexe A. Finalement, pour l’une de ces mesures, c’est le ratio de spécialisation des industries manufacturières au Canada de Statistique Canada qui a été utilisé. Les deux premières mesures sont adaptées de l’indice d’Herfindahl.(6)

Le premier indice d'Herfindahl repose sur la valeur des livraisons dans le secteur manufacturier et se définit comme suit:
SHIPHERFit =

où i = 1,…,I représente différentes industries au sein du secteur manufacturier, yit représente la valeur des livraisons de l’industrie i au moment t, et Yt renvoie aux livraisons totales du secteur manufacturier au moment t.

Le second indice d'Herfindahl, qui se définit de la même façon, repose, quant à lui, sur la valeur ajoutée dans chaque secteur, de sorte que:
VALHERFit =

où vit est la valeur ajoutée dans l’industrie i au moment t et Vt est le total de la valeur ajoutée au moment t.

Les deux indices de spécialisation peuvent prendre des valeurs d’entre 0 et 1, les valeurs plus élevées correspondant à une spécialisation plus poussée. Le tableau 1. Statistiques sommaires pour l'indice de spécialisation d'Herfindahl - secteur manufacturier (SHIPHERF) et tableau 2. Statistiques sommaires pour l’indice de spécialisation d’Herfindahl - secteur manufacturier (VALHERF) présentent certaines données sommaires tirées de ces mesures.

La question est donc la suivante : pouvons-nous déduire que la variation positive de la moyenne de nos deux indices représente une augmentation de la spécialisation? Dans ce cas, on peut dire que les deux indices de spécialisation n’ont pas la capacité d’explication qu’il faut pour rendre compte du changement éventuel dans la spécialisation pour le secteur manufacturier dans son ensemble. En fait, dans une étude qui analyse la relation entre la spécialisation et la croissance de la productivité, les auteurs ont constaté qu’il n’y avait pas de corrélation significative entre les variables de la spécialisation et la croissance de la production brute par employé dans le secteur manufacturier.(7)

Les ratios de spécialisation sont produits et publiés par Statistique Canada pour l’ensemble des industries manufacturières canadiennes.(8)   Les principaux produits d’une industrie donnée de la Classification type des industries (CTI) sont les biens et/ou les services qui résultent des activités qui définissent cette industrie.

…au Canada, l’Industrie des chandails (CTI 2491) est définie par l’activité de confection de chandails; les chandails sont le produit principal de cette industrie, c’est-à-dire le principal produit pour celle-ci. Prenons en outre le cas d’une industrie où les produits principaux sont des services et non des biens, l’Industrie du revêtement sur commande de produits en métal (CTI 3041); cette industrie est définie par les activités d’encouchage, de galvanoplastie et de l’électroplacage des métaux et produits métalliques.(9)

Du point de vue de notre analyse, le ratio de spécialisation selon le produit principal indique la mesure dans laquelle les établissements classés dans une industrie se spécialisent dans la fabrication des principaux produits de cette industrie. Il est important de se souvenir que les ratios de spécialisation en fonction du produit principal ne sont pas une mesure du degré dans lequel les établissements se concentrent sur un produit en particulier. Ils montrent plutôt dans quelle mesure les établissements se concentrent sur un groupe entier de produits définis comme étant les produits principaux de l’industrie dans laquelle les établissements sont classés. C’est pourquoi nous pouvons tenir pour acquis que, utilisés parallèlement aux indices précités et à la technique suivante (les courbes de Lorenz), les ratios de spécialisation selon les produits principaux viennent compléter les mesures de la concentration industrielle. L’utilisation des ratios de spécialisation selon les principaux produits pour l’analyse de la spécialisation dans le secteur manufacturier se justifie du fait que ces deux mesures ont tendance à suivre les mêmes mouvements dans le temps. Le tableau 3. Ratios de spécialisation selon le produit principal pour l’ensemble du secteur manufacturier (CTI de 1980)  présente les ratios de spécialisation de l’ensemble du secteur manufacturier entre 1989 et 1997.

Comme ce tableau l’indique, entre 1989 et 1997, il y a eu une hausse de 2% du ratio de spécialisation selon le produit principal. En d’autres mots, en 1989, 91 % des livraisons concernaient les activités qui définissent le secteur manufacturier, et en 1997, ce pourcentage était de 93 %.

Il s’agit là sans aucun doute d’un très petit changement et il est impossible de tirer de solides conclusions au sujet de la spécialisation dans le secteur de la fabrication à partir de telles données.

La quatrième mesure utilisée pour tenter d’établir la spécialisation dans le secteur manufacturier est une adaptation de la courbe de Lorenz. Il s’agit d’une adaptation parce que la courbe de Lorenz est un outil important dans les travaux appliqués sur la répartition du revenu. Une courbe de Lorenz est un graphique qui illustre le pourcentage cumulatif du revenu par rapport au pourcentage cumulatif des familles. La courbe de Lorenz adaptée est un graphique qui illustre le pourcentage cumulatif des biens dans le secteur manufacturier par rapport au pourcentage cumulatif de la valeur des livraisons. Selon l’hypothèse de la spécialisation, nous nous attendons à voir une augmentation du pourcentage cumulatif de la valeur des livraisons pour le même pourcentage cumulatif de biens.

Le tableau 4. Distribution de la valeur des livraisons, ensemble du secteur manufacturier, 1989-1996 montre la distribution de la valeur des livraisons. Il divise les biens du secteur manufacturier en 11 groupes de pourcentages, de 1 % à 50 %, et illustre les pourcentages des livraisons que représentent ces groupes au cours des différentes années, entre 1989 et 1996. On trouvera plus de détails dans l’annexe B.

La figure 1. Courbes de Lorenz - Secteur manufacturier (adaptation), 1989-1996 montre les courbes de Lorenz de la valeur des livraisons pendant la période de référence, selon la distribution décrite ci-dessus. En 1989, comme on peut le voir au tableau, la catégorie «5 %» du total des produits représentait un peu moins de 65 % de la valeur des livraisons. En 1996, pour la même catégorie, la valeur des livraisons avait augmenté de 0,7 %. Comme dans les essais antérieurs, il est impossible de cerner de changement significatif dans les données entre 1989 et 1996. Cependant, les données révèlent un élément important : chaque année (sauf pour le cas particulier de 1991), un faible pourcentage du total des produits correspond à un pourcentage relativement élevé de la valeur des livraisons. Dans le même exemple, nous constatons que 5 % des produits représentent plus de 60 % de la valeur des livraisons. En même temps, on assiste à une légère augmentation de la valeur des livraisons entre 1989 et 1996 pour le même pourcentage du total des produits. Ainsi, pour l’ensemble du secteur manufacturier, il n’y a pas de changement au chapitre de l’efficience; il y a trop peu d’éléments probants pour permettre de tirer des conclusions au sujet des variations dans la spécialisation après 1989. Cela s’explique du fait que, en cas d’augmentation de l’efficience, on s’attendrait à une augmentation de la valeur de livraisons pour le même nombre de produits ou la même valeur des livraisons pour un nombre moindre de produits. Comme il n’y a pas de changement significatif au chapitre de l’efficience, on peut en conclure qu’il n’y a pas de changement dans la façon dont nous avons exploité notre avantage comparatif entre 1989 et 1996. S’il y avait eu un changement sur le plan de l’avantage comparatif après 1989, nous aurions assisté à un changement au chapitre de l’efficience.

On constate que le secteur manufacturier canadien produisait déjà en fonction de l’avantage comparatif avant la signature de l’ALÉ de 1989. De plus, il avait déjà atteint un niveau élevé d’efficience en 1989. Comment définir autrement une industrie dans laquelle un pourcentage si faible de produits représente une valeur si élevée des livraisons? Il y a tout lieu de croire que les ressources telles le travail, l’énergie et le capital étaient consacrées à la production de biens pour lesquels nous avions un avantage comparatif.

Mais selon la théorie économique, la spécialisation se produit en fonction de l’avantage comparatif; or, une fois établi qu’il n’y a pas eu de changement dans l’avantage comparatif, il s’ensuit que la fabrication au Canada était déjà spécialisée avant 1989 et que la situation, à l’échelle des industries, n’a pas changé beaucoup depuis. Cela peut paraître controversable, mais en réalité, il n’en n’est rien. Les ouvrages modernes publiés sur le commerce international montrent que, même si la théorie économique prédit que les nations commerçantes se spécialiseront davantage dans différentes industries, la majorité des pays industrialisés - et donc le Canada - sont en fait des producteurs et des exportateurs actifs dans la plupart des industries, car ils sont déjà spécialisés, au moins au niveau d’agrégation nécessité par cette analyse. Les répercussions des accords de libre-échange sur la spécialisation de la fabrication en seront donc limitées considérablement. Par ailleurs, nous pouvons également constater des «effets de substitution». La spécialisation dans différentes industries du secteur manufacturier ne progressera pas au même rythme, sur tous les fronts, d’un même coup. En même temps, il faut se souvenir que les méthodes utilisées ici, même si elles sont utiles, peuvent présenter diverses lacunes. Par exemple, on pourrait dire qu’elles schématisent beaucoup. Par conséquent, la ventilation en souffre.


Conclusion

De nombreuses études empiriques ont montré une relation positive entre l’ouverture et la spécialisation dans les pays moins développés, et les économistes ont proposé de nombreuses explications de cette corrélation. Quah et Rauch(11) montrent comment une ouverture accrue au commerce international peut donner lieu à une spécialisation accrue dans des modèles de croissance endogène, par le biais de l’apprentissage par la pratique. Ces modèles supposent qu’une spécialisation accrue a pour effet d’accélérer la croissance de la productivité en favorisant plus pleinement des économies d’échelle dynamiques. Les résultats de tels modèles revêtent une importance particulière dans le cas des pays moins développés. En effet, l’ouverture favorise l’absorption plus rapide du savoir technologique en provenance du monde développé.(12)  Grossman et Helpman(13) s’inspirent de Krueger(14) pour affirmer que l’ouverture réduit la recherche de rentes économiques qui a pour effet de détourner les ressources des activités génératrices de croissance. Finalement, certains ont suggéré que l’ouverture permet à l’économie de tirer pleinement profit d’économies d’échelle dynamiques associées à l’apprentissage par la pratique.(15)  Le résultat final de ces études c’est que - à la suite du libre-échange - la spécialisation est plus poussée dans les pays moins développés qui affichent également une plus grande variabilité du degré de spécialisation que les pays industrialisés. Parallèlement, il est démontré que la spécialisation dans le secteur manufacturier pourrait avoir des répercussions beaucoup plus grandes sur la croissance de la productivité dans les pays moins développés que dans les pays dont l’économie est développée, où, à long terme, c’est le changement technologique, plutôt que l’apprentissage par la pratique, qui sera vraisemblablement la principale source de croissance de la productivité.

Selon l’analyse empirique mentionnée ci-dessus, il y a tout lieu de croire que la spécialisation dans les pays moins développés est sensiblement et positivement corrélée à la croissance de la productivité, même une fois prises en considération d’autres variables que l’on retrouve communément dans les régressions de la croissance. Cela va à l’encontre de la relation qui existe dans les pays industrialisés, où la spécialisation ne semble avoir aucune répercussion directe sur la croissance de la productivité. Quah et Rauch(16) montrent de quelle façon l’ouverture au commerce international peut se traduire par une spécialisation accrue par le biais de l’apprentissage par la pratique. De tels modèles laissent supposer qu’une spécialisation accrue accélère la croissance de la productivité en permettant d’exploiter plus pleinement des économies d’échelle dynamiques. Il y a également de nombreux éléments probants à l’appui de l’hypothèse voulant que la spécialisation dans le secteur manufacturier ait pour effet d’accroître le taux de croissance de la productivité de la fabrication dans les pays moins développés. Les relations entre l’ouverture au commerce et la spécialisation et entre la spécialisation et la croissance de la productivité se confirment lorsqu’on examine un pays moins développé, où l’apprentissage par la pratique est la principale source de croissance. Le Canada est une économie développée au sein de laquelle c’est le changement technologique à long terme, plutôt que l’apprentissage par la pratique, qui sera vraisemblablement la principale source de spécialisation et de croissance de la productivité.

L’analyse présentée ci-dessus est un moyen d’examiner la relation entre l’ouverture et la spécialisation. Il y a certainement d’autres moyens de l’envisager et il faudra procéder à d’autres recherches pour expliquer la relation entre l’ouverture et la spécialisation. Parallèlement, il ne faut pas sous-estimer les effets de l’ALÉ/l’ALÉNA. Ces accords commerciaux ont été couronnés de succès pour le Canada comme pour ses partenaires.(17)   Certaines réalisations sont mentionnées ici. Mais tout n’a pas été changé par l’ALÉ/l’ALÉNA. Un des éléments qui est demeuré inchangé est la spécialisation dans le secteur manufacturier. Encore là, c’est le résultat que nous obtenons lorsque nous examinons le secteur manufacturier dans son ensemble. Comme nous le verrons bientôt, la situation pourrait changer si nous nous intéressions à des industries en particulier.


III. Étude de cas : Le secteur chimique canadien

Le secteur chimique est l’un des principaux secteurs manufacturiers du Canada, employant 82 556 travailleurs et produisant des livraisons d’une valeur de 28,7 milliards de dollars en 1996 (c’est le quatrième secteur manufacturier canadien en importance, selon la valeur des livraisons). C’est pourquoi son bien-être est un bon indicateur de l’économie dans son ensemble, et vice versa, car la majorité des autres industries utilisent des produits chimiques comme matières brutes. Le secteur convertit les matières brutes en de nombreux produits qui influencent chaque aspect de nos vies. Les produits de ce secteur comprennent les produits chimiques organiques et inorganiques, les plastiques, les engrais chimiques et les adhésifs, pour ne nommer que ceux-là. Parmi les articles prêts à la consommation produits par les entreprises chimiques, on retrouve le savon et les détergents, les produits pharmaceutiques, les peintures et les vernis.

Le tableau  5. Industries qui composent le secteur des produits chimiques, 1996 montre les principaux sous-groupes du secteur chimique en 1996 (l’année la plus récente pour laquelle nous disposons de données économiques). La plus grande industrie est celle des matières plastiques et des résines synthétiques, dont les livraisons se chiffrent à environ 5,16 milliards de dollars, même si ce sous-groupe se classe au quatrième rang sur le plan de l’emploi. La valeur des livraisons des entreprises de produits chimiques organiques d’usage industriel s’établit à environ 5,12 milliards de dollars; viennent ensuite l’industrie des produits pharmaceutiques et des médicaments (près de 4,7 milliards de dollars) et les industries des produits chimiques inorganiques d’usage industriel (3 milliards de dollars).

Comme on le voit au tableau 6. Évolution de l’emploi dans le secteur chimique, 1989-1996, l’emploi dans le secteur chimique a accusé un recul, passant de 95 403 en 1989 à 82 556, ce qui représente un creux sur une période de huit ans. Exception faite de la croissance dans les industries des engrais composés et des matières plastiques et résines synthétiques ainsi que dans l’industrie des produits pharmaceutiques et des médicaments (l’une des plus importantes), l’emploi a diminué dans la plupart des industries.

Sous l’impulsion de l’Accord de libre-échange conclu en 1989 entre le Canada et les États-Unis et de l’ALÉNA de 1994, la valeur des livraisons a augmenté de 21 %, pour atteindre 28,6 milliards de dollars (voir la figure 2.  Évolution de la valeur des livraisons (secteur chimique) 1989-1996). Pendant la même période, le commerce des produits chimiques entre le Canada et les États-Unis a connu une expansion telle que le Canada est le principal fournisseur de produits chimiques importés des États-Unis, à 20,2 %. Cependant, pendant toute cette période, les États-Unis ont affiché une balance commerciale favorable dans leur commerce avec le Canada, soit de 3,1 milliards de dollars É.U., par rapport à 1,6 milliard en 1990. En conclusion, entre 1990 et 1996, le déficit du Canada s’est accru de 94 %; en outre, selon les données de la période qui a suivi l’entrée en vigueur de l’ALÉNA (en 1994), le déficit commercial du Canada a augmenté de 12 %.

Les perspectives des produits chimiques(18) continuent d’être positives dans un avenir proche par suite de l’expansion de l’activité économique et industrielle à l’échelle mondiale. La production de produits chimiques devrait augmenter, et les produits pharmaceutiques, les produits organiques et les matières plastique et résines seront vraisemblablement des secteurs d’expansion. Dans le marché étranger, la demande s’accroît dans pratiquement toutes les grandes régions, particulièrement aux États-Unis et au Mexique, en Europe de l’Ouest et au Japon. L’économie dynamique des États-Unis et la force du dollar américain par rapport à d’autres devises constituent les déterminants de la croissance future des exportations canadiennes de produits chimiques.

Comme dans de nombreuses autres industries, il y a eu croissance de la production et des profits en dépit d’une baisse de l’emploi. La rationalisation des effectifs, l’impartition et les investissements accrus dans la technologie auront tendance à empêcher la croissance de l’emploi à court terme, même si une très forte hausse de la croissance économique aura vraisemblablement pour effet de renverser cette tendance.

Dans ses perspectives pour 1999, l’Association canadienne des fabricants de produits chimiques a constaté que les producteurs de produits chimiques ont tendance à faire preuve d’optimisme au sujet des perspectives commerciales, jugeant que la valeur totale du chiffre d’affaires (au Canada et à l’exportation) des produits chimiques manufacturés sera égale au niveau de l’année précédente et que la valeur des exportations à destination des États-Unis affichera une hausse de 1,5 %.

Dans les circonstances, nous verrons maintenant quels résultats nous obtenons en appliquant les mêmes méthodes (indice d’Herfindahl, ratios de spécialisation et courbes de Lorenz) au secteur chimique canadien.

Comme on l’a vu ci-dessus, les deux indices d’Herfindahl peuvent prendre des valeurs qui se situent entre 0 et 1, les valeurs plus élevées correspondant à une spécialisation plus poussée. Pour l’ensemble du secteur chimique, la moyenne des indices d’Herfindahl varie entre 0,10 (en 1989) et 0,12 (en 1995) en ce qui concerne la valeur des livraisons. On retrouve cette même variation de faible envergure dans l’évolution de la moyenne de la valeur ajoutée : elle passe de 0,11 en 1989 à 0,15 en 1995. Même si la tendance est évidente, il ne faut pas oublier que la moyenne masque les observations réelles. Ces observations seront supérieures ou inférieures au point médian. Cette remarque vaut également pour la première partie du document, lorsqu’on a utilisé la moyenne d’Herfindahl pour tirer des conclusions au sujet du secteur manufacturier. Ainsi, il conviendrait de tenter d’analyser les indices d’Herfindahl dans un autre contexte, c’est-à-dire au niveau de l’industrie.

Le tableau 7. Indice d’Herfindahl pour le secteur chimique (selon la valeur des livraisons) présente certaines données de base tirées de ces mesures lorsqu’elles sont appliquées à l’industrie chimique pour la période d’entre 1989 et 1995.

Comme le montre ce tableau, il y a accroissement des indices de spécialisation dans les industries suivantes : l’industrie des engrais chimiques (CTI 37210) affiche une hausse, passant de 0,2 à 0,31 (SHIPHERF) et de 0,22 à 0,35 (VALHERF); les indices de l’industrie des engrais composés augmentent aussi, passant de 0,04 à 0,10 (SHIPHERF) et de 0,08 à 0,15 (VALHERF); enfin, les indices de l’industrie des adhésifs passent de 0,09 à 0,14 (SHIPHERF) et de 0,13 à 0,27 (VALHERF). Il est intéressant de constater que même si le nombre total de travailleurs a diminué dans l’ensemble du secteur des produits chimiques(19), deux de ces industries (engrais composés et adhésifs) ont connu une augmentation du nombre de personnes employées. En outre, pour l’ensemble de ces industries, la valeur des livraisons de biens de production propre a augmenté d’un facteur de près de deux pendant la même période. C’est pourquoi nous interprétons l’information présentée ci-dessus comme un signe positif de spécialisation.

Le ratio de spécialisation selon le produit principal indique dans quelle mesure les établissements relevant d’une industrie se spécialisent dans la fabrication des produits principaux de cette industrie. Même si les ratios de spécialisation selon le produit principal ne sont pas une mesure du degré dans lequel les établissements se concentrent sur un produit en particulier, leur utilisation dans une analyse de la spécialisation au sein du secteur manufacturier se justifie du fait que les deux indicateurs ont tendance à suivre des mouvements parallèles dans le temps. Pour l’ensemble du secteur chimique, le ratio de spécialisation selon le produit principal a augmenté entre 1989 et 1997, passant de 86 % à 92 %(20). L’augmentation la plus forte se retrouve dans les produits chimiques organiques d’usage industriel (CIT 3712), dont le ratio de spécialisation est passé de 75 % en 1989 à 90 % en 1997. Nous pouvons donc en conclure que pendant cette période, il y a eu une forte augmentation de la mesure dans laquelle les établissements se concentrent sur l’ensemble du groupe des produits définis comme étant les produits principaux de l’industrie des produits chimiques organiques d’usage industriel. On constate la même augmentation dans l’industrie des engrais chimiques (CTI 3721), dont le ratio de spécialisation est passé de 70 % en 1989 à 96 % en 1997. On retrouve un degré très élevé de spécialisation dans l’industrie des produits pharmaceutiques et des médicaments (CTI 3741), où le ratio de spécialisation était de 97 % en 1997. Même dans cette industrie fortement spécialisée, on constate une augmentation : le ratio était de 95 % en 1989. Finalement, on peut trouver une augmentation significative du ratio de spécialisation pour les produits principaux dans une autre industrie, soit celle des savons et composés de nettoyage (CTI 3761), où il a affiché une hausse de 21 % pour atteindre 90 % en 1997.

Comme on l’a déjà vu, une courbe de Lorenz illustre le pourcentage cumulatif du revenu par rapport au pourcentage cumulatif des familles. La courbe adaptée de Lorenz illustre le pourcentage cumulatif des biens dans le secteur manufacturier par rapport au pourcentage cumulatif de la valeur des livraisons. Selon l’hypothèse de la spécialisation, nous nous attendons à voir une augmentation du pourcentage cumulatif de la valeur des livraisons pour un même pourcentage cumulatif de biens. Le tableau 8. Distribution de la valeur des livraisons dans le secteur chimique, 1989-1996 montre la distribution de la valeur des livraisons. Il divise les biens du secteur manufacturier en 11 groupes de pourcentages, de 1 % à 50 %, et illustre les pourcentages de livraisons de ces groupes au cours de différentes années, entre 1989 et 1996. La courbe de Lorenz repose sur la distribution décrite ci-dessus. Nous pouvons dorénavant voir une augmentation du pourcentage cumulatif de la valeur des livraisons pour le même pourcentage cumulatif de biens (figure 3. Courbes de Lorenz (secteur chimique) 1989 - 1996). Si, en 1989, 10 % de l’ensemble des produits représentaient 58,28 % de la valeur des livraisons, en 1996, le même pourcentage de l’ensemble des produits représentait dorénavant 62,75 % de la valeur des livraisons. Il s’agit d’une augmentation de plus de 4 % et il est difficile de ne pas la remarquer. On retrouve la même augmentation en examinant les catégories 15 % ou 20 % ou toute autre catégorie de pourcentage de l’ensemble des produits.

Il ne fait pas de doute que l’Accord de libre-échange de 1989 et que l’ALÉNA de 1994 sont à l’origine d’une augmentation de la spécialisation dans le secteur chimique canadien. Celui-ci a affiché de nombreuses réalisations positives dans le passé, y compris une augmentation de la spécialisation. Ces accords de libre-échange ont contribué à resserrer l’intégration du marché nord-américain en réduisant les barrières et en garantissant l’accès au marché de chaque signataire. Les États-Unis représentent le partenaire commercial le plus important au Canada et le commerce entre les deux pays s’est accru à un rythme annuel de 10 % depuis 1994. Lorsque nous prenons tous ces éléments en considération, il semble que l’industrie des produits chimiques ait de belles perspectives d’avenir. Plus grand sera le dynamisme du secteur chimique canadien dans le marché des exportations vers les États-Unis, meilleur sera son rendement à l’avenir.

Annexe A. Industries manufacturières au Canada

Annexe B. Distribution de la valeur des livraisons 1989-1996


Références

1.  Voir Harris, R., et D. Cox. «North American Free Trade and Its Implications for Canada: Results from a CGE model of North American Trade».

2.  Ibid., p. 152.

3.  Voir Brown, D.K. «An Overview of a North American Free Trade Agreement», dans A North American Free Trade Area, ouvrage collectif publié sous la direction de W.G.Watson.

4Voir Roland-Holst, D., K.A. Reinert et C.R. Shiells. «North American Trade Liberalization and the Role of Nontariff Barriers», dans U.S.I.T.C., Economy-wide Modelling, p. 532-580.

5.  Un autre mécanisme que l’on retrouve dans ces études est celui qui lie la croissance au commerce.

6.  Backus, Kehoe et Kehoe, qui ont utilisé l’indice d’Herfindahl pour analyser la concentration des exportations, montrent que pour certaines fonctions de production, «... l’indice approprié de spécialisation repose sur d’autres puissances des parts de production yit / Yt , mais nous pensons que cette mesure simple saisit la dispersion de la production à l’échelle des industries». [traduction]. p. 389

7.  Voir Weinhold, D., et J.E. Rauch, p. 14. Leurs conclusions sont que «... les indices de spécialisation ne revêtent pas d’importance significative pour les pays industrialisés» [traduction].

8.  On trouvera un exposé exhaustif au sujet des ratios de spécialisation dans l’ouvrage «Ratios de spécialisation et de couverture pour les industries manufacturières du Canada», Statistique Canada, Division de la fabrication, de la construction et de l’énergie (DFCE).

9.  Idem, p. 5.

10.  «Dans la pratique, même si la forte spécialisation par produit et la forte spécialisation par produit principal ne vont pas nécessairement de pair, ainsi le veut la tendance.» Crysdale, John S., p. 5.

11.  Voir Quah, Danny, et James E. Rauch.

12.  Voir Edwards, Sebastian.

13.  Voir Grossman, Gene M., et Elhanan Helpman.

14.  Voir Krueger, Anne O.

15.  Voir Meier.

16.  Voir Quah, Danny, et James E. Rauch.

17.  Voir L’ALÉNA À CINQ ANS : UN PARTENARIAT PRODUCTIF, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (MAECI), avril 1999, L’ALÉNA DONNE DES RÉSULTATS - CINQ ANS, TROIS PAYS, UN PARTENARIAT (MAECI), et US REGIONAL TRADE WITH CANADA IN THE FIRST FIVE YEARS OF FREE TRADE, par Sneddon, Little, J.

18.  L’information présentée ici s’inspire des rapports de l’Association canadienne des fabricants de produits chimiques, notamment l’Enquête de fin d’année 1998 sur la situation de l’industrie de la fabrication de produits chimiques, (http://www.ccpa.ca/Reports).

19.  Voir le tableau 6 : Indice d’Herfindahl pour le secteur chimique (selon la valeur des livraisons).

20.  Voir Ratios de spécialisation et de couverture pour les industries manufacturières au Canada, produit par Statistique Canada / DFCE.


Sources

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Statistique Canada, " Organisation des industries et concentration dans le secteur de la fabrication, des mines et de l'abattage"

Statistique Canada, Division de la fabrication, de la construction et de l'énergie, "Statistique principal."


Pour de plus amples renseignements sur le secteur de la fabrication au Canada, veuillez consulter les publications Industries manufacturières du Canada : niveaux national et provincial (no 31-203-XPB au catalogue), édition annuelle disponible au coût de 68 $ le numéro au Canada et de 68 $ US à l’extérieur du Canada, et Produits livrés par les fabricants canadiens (no 31-211-XCB au catalogue), édition annuelle disponible au coût de 403 $ le numéro au Canada et de 403 $ US à l’extérieur du Canada. Vous pouvez commander ces produits et d’autres publications de Statistique Canada par téléphone au 1 800 267-6677, par télécopieur au 1 800 889-9734 ou par Internet.

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Date de modification : 2002-11-28 Avis importants