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Rowena Orok
Les onze dernières années ont fait naître de nombreux défis pour le secteur manufacturier. La libéralisation du commerce découlant des négociations du GATT sur la réduction des tarifs douaniers, lAccord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis et lAccord nord-américain de libre-échange ont tous eu des répercussions sur la compétitivité des industries manufacturières. À cela est venue sajouter la récession, qui a forcé les entreprises à rationaliser leurs coûts de production et à rajuster leurs besoins en ressources. Enfin, les pressions croissantes en faveur de la mondialisation, exercées par les nouvelles économies axées sur les exportations, ont accéléré les changements structuraux dans lensemble du secteur manufacturier. Cette série de changements sest-elle répercutée également sur tous les établissements manufacturiers, quelle que soit leur taille? Le présent document présente une analyse des entreprises manufacturières pour la période de 1985 à 1996, en regard de quatre facteurs principaux, soit : la production brute découlant de lactivité manufacturière, la structure des coûts de production, la productivité et la structure de lemploi. En 1996, une nouvelle répartition par groupe dans chaque branche dactivité du secteur manufacturier a été établie, à partir dun classement des établissements basé sur le volume des livraisons -- du volume le plus élevé au plus bas. Les établissements dans chaque branche dactivité ont ensuite été répartis par quartiles, comme suit - supérieur, haut médium, bas médium et inférieur. La première section traite de la production brute découlant de lactivité manufacturière. On y compare le niveau de production brute réelle et sa répartition entre chaque quartile, de 1985 à 1996. La deuxième section présente une analyse des coûts de production par quartile ainsi que des diverses composantes des coûts, notamment les matières premières, les salaires et traitements, et le carburant et lélectricité. La productivité au fil des ans est examinée à la troisième section, sur la base du rapport entre la production brute réelle et lapport de main-duvre. Enfin, la dernière section traite des changements structuraux dans les niveaux demploi, selon le quartile.
I PRODUCTION BRUTE Durant lensemble de la période à létude, la répartition de la production brute entre les quartiles est demeurée relativement stable dans lensemble du secteur manufacturier, les grands établissements générant plus de 90 % de cette production ( Voir le Graphique 1. Répartition de la production brute réelle, selon le quartile, certaines années). À lautre extrême, les petits établissements ont réalisé moins de 1 % de la production brute totale du secteur. Un examen plus approfondi du niveau de production dans chaque quartile (corrigé en fonction de linflation), durant cette période de 11 ans, révèle que ce sont les trois quartiles inférieurs qui ont été les plus touchés par les fluctuations du cycle économique. De 1985 à 1989, la production a grimpé en flèche dans tous les groupes détablissements (Voir le Graphique 2. Indice de la production brute réelle, selon le quartile, secteur manufacturier, 1985-1996 (1986=100). Durant cette période, la production brute réelle a toutefois augmenté davantage dans les trois quartiles inférieurs que dans le quartile supérieur, dont la croissance na été que de 3 %. Par ailleurs, les plus hauts gains ont été enregistrés dans les quartiles inférieur et bas médium -- chacun affichant une hausse de production de 10 % -- suivis du quartile haut médium, avec une croissance de 7 %. Divers facteurs -- dont la récession, les taux dintérêt élevés et la force du dollar canadien -- sont responsables de la détérioration de la situation du marché qui sest produite au début des années 90 et qui a forcé tous les groupes détablissements à diminuer leur production. Ainsi, entre 1990 et 1991, les moyens et grands établissements ont dû réduire leur production denviron 5 %; cest toutefois sur les établissements du quartile inférieur que limpact a été le plus grand, ces derniers se voyant forcés dabaisser leur production de plus de 10 %, laquelle est passée de 1,49 milliard de dollars en 1990 à 1,33 milliard, en 1991. Durant la période qui a suivi la récession, la reprise a été plus rapide pour les grands établissements. De 1992 à 1996, les établissements de ce quartile se sont en effet rétablis plus rapidement que ceux de tout autre groupe, avec une hausse de production de 5 %. En 1994, ces établissements avaient déjà dépassé le niveau de production de 1989. À linverse, les niveaux de production dans les trois autres quartiles demeuraient toujours inférieurs aux niveaux atteints en 1989, avant la récession.
II COÛTS DE PRODUCTION Le coût de production total inclut les dépenses aux postes des matières premières et des fournitures, du carburant et de lélectricité, ainsi que des salaires et traitements (1). Comme dans le cas de la production brute réelle, la répartition des coûts de production dans lensemble du secteur manufacturier a peu fluctué de 1985 à 1996, les établissements des trois quartiles les plus bas obtenant une part combinée de 10 % ou moins de lensemble des coûts de production. Les salaires et traitements sont le seul poste, parmi les principaux facteurs, dont le profil de distribution a été différent, la proportion dans le quartile supérieur se maintenant toujours sous le seuil des 90 %. Par contre, les autres postes -- soit les matières premières, le carburant et lélectricité -- ont suivi le même profil de distribution que lensemble des coûts de production (au-dessus de 90 %). Les proportions relativement stables enregistrées dans les différents quartiles, au niveau du coût global, ont tendance à masquer les tendances qui se sont manifestées dans chaque quartile durant la période à létude, quant à la proportion du coût total allouée à chaque facteur de production. Aussi, les deux prochaines sous-sections traitent-elles du pourcentage que représente chaque facteur en regard du coût de production total, par quartile. Matières premières, salaires et traitements Ce sont les matières premières et les fournitures qui forment la plus grande part du coût total de production, suivies, au deuxième rang, des salaires et traitements. La répartition de ces facteurs varie toutefois selon le quartile. Ainsi, la proportion que représentent les matières premières par rapport au coût total de production augmente proportionnellement à la taille de létablissement, alors que linverse vaut pour les salaires et traitements. Le Graphique 3. Composition des coûts de production par quartile, 1996 montre quen 1996, par exemple, les matières premières ont totalisé 77 % du coût global de production dans le quartile supérieur, mais seulement 48 % dans le quartile inférieur. À linverse, les salaires et traitements ont constitué une proportion relativement plus faible du coût total de production dans le quartile supérieur (20 %), comparativement à 49 % dans le quartile inférieur. Les proportions de ces deux facteurs ont suivi des mouvements similaires dans les trois quartiles inférieurs, la proportion allouée aux salaires et traitements présentant une tendance à la hausse. Dans le cas des grands établissements, seuls de faibles changements ont été observés, bien que la proportion allant aux salaires et traitements ait affiché une tendance à la baisse plus manifeste alors que la proportion allouée aux matières premières a augmenté, après 1991. Ces tendances viennent corroborer les arguments selon lesquels les grands établissements se caractérisent par un apport élevé de capital alors que cest lapport en main-duvre qui caractérise les petits établissements. Les usines à forte capacité, qui bénéficient de grandes économies déchelle, ont eu un effet négatif sur les besoins en main-duvre dans le quartile supérieur, en particulier durant les périodes de réduction des effectifs et des coûts. De façon générale, le nombre de travailleurs dans les grandes entreprises a diminué parallèlement à ladoption de nouvelles technologies visant à améliorer lefficacité. Les travailleurs affectés à la production ont ainsi été délogés par de nouvelles machines et de nouveaux équipements introduits dans la foulée de lautomatisation. Pour leur part, les petites et moyennes entreprises nont pas toujours eu cette facilité relative de remplacer la main-duvre et les options qui soffraient à elles étaient plus limitées. Les nouvelles technologies nétant pas faciles à adapter aux usines plus petites, il sest avéré plus facile pour elles dembaucher davantage de main-duvre, tout en respectant leurs limites de coûts, que dinvestir largement dans des immobilisations. Carburant et électricité Au cours des 11 dernières années, la proportion des dépenses en carburant et électricité est demeurée relativement faible. Dans les deux quartiles intermédiaires, des mouvements parallèles ont été observés, les proportions variant de 2 % à 3 % entre 1985 et 1996. Par comparaison, le carburant et lélectricité ont représenté une part relativement plus élevée des dépenses totales de production dans les quartiles supérieur et inférieur, ces proportions fluctuant entre 3 % et 4 %. Dans lensemble, toutefois, la proportion allouée au carburant et à lélectricité a légèrement diminué dans tous les quartiles durant cette période, lusage plus répandu déquipements à haut rendement énergétique et la modernisation des usines ayant facilité la réduction de la consommation dénergie, notamment dans les secteurs énergivores comme les usines de pâtes et papiers et les cimenteries.
III PRODUCTION RÉELLE PAR TRAVAILLEUR Comment les entreprises manufacturières ont-elles combiné leurs diverses ressources (facteurs de production) pour réaliser leur production au cours des 11 dernières années? Les mesures de la productivité sont souvent utilisées pour juger de lefficacité des activités de production et la documentation fait état de diverses mesures mises au point à cette fin. Certaines mesures tiennent compte de lensemble des ressources qui entrent dans le processus de production (productivité globale des facteurs ou productivité multifactorielle), alors que dautres mesures portent uniquement sur un sous-ensemble des facteurs utilisés (productivité partielle). Il existe également une gamme de variables qui peuvent être utilisées, par exemple la production, les livraisons, la valeur ajoutée, les salaires, le nombre demployés, le nombre dheures-personnes utilisées, etc. Dans le présent article, la mesure de productivité utilisée est la production réelle par travailleur, qui exprime la production brute réelle en pourcentage de lapport de main-doeuvre (2). La production réelle par travailleur mesure la contribution de chaque employé à la production totale de létablissement, après avoir tenu compte des effets de linflation. (Voir le Graphique 4. Production réelle par travailleur, selon le quartile, secteur manufacturier, certaines années). Depuis 1985, la production réelle par travailleur se maintient au-dessus de 150 000 $ dans le quartile supérieur. Dans les autres groupes, toutefois, ce ratio a été beaucoup plus faible et il est demeuré relativement stable durant toute la période à létude. Les grands établissements ont augmenté leur production, grâce à des gains defficacité. Dans le quartile supérieur, cette augmentation de la production, combinée à la diminution des besoins en main-duvre, sest traduit par un accroissement annuel moyen de la productivité de 3 %, de 1985 à 1996. Lutilisation des nouvelles technologies na pas toujours été une option possible pour les petits établissements. Le montant des investissements requis, conjugué aux contraintes avec lesquelles ont a composé les petites entreprises, font quil est plus difficile pour les entreprises des quartiles inférieur et intermédiaires dutiliser la voie de la technologie pour accroître leur production. Ces entreprises ont plutôt remplacé les immobilisations par une main-duvre relativement moins coûteuse. Les gains de productivité ont donc été plus lents dans ces groupes durant toute la période et, durant les dernières années, ils ont diminué dans les deux quartiles les plus bas.
IV STRUCTURE DES EMPLOIS Quels types dentreprises manufacturières ont créé le plus demplois? Les besoins en effectifs des grands établissements ont-ils évolué de la même manière que ceux des petits établissements? Une analyse plus approfondie des fluctuations des niveaux demploi dans les différents quartiles nous renseigne sur la façon dont des établissements de tailles diverses ont adapté leurs besoins en main-duvre au cours des 11 dernières années. De 1985 à 1996, les taux annuels moyens de croissance (ou de recul) des niveaux demploi dans tous les quartiles ont été inférieurs à 1 %. Les taux de croissance illustrés au Graphique 5. Taux d'accroissement annuel moyen du nombre total d'employés, selon le quartile, 1985-1996, pour différentes sous-périodes, indiquent que le nombre total demployés a augmenté de façon plus significative (plus de 7 %) dans les deux quartiles intermédiaires, de 1985 à 1989, alors que laugmentation a été moindre dans les quartiles supérieur (2 %) et inférieur (3 %). Par la suite, la réduction des effectifs et les effets généraux de la récession ont entraîné un fléchissement dans tous les groupes détablissements. De 1990 à 1991, les établissements du quartile inférieur ont été forcés de réduire de 17 % leurs besoins en main-duvre, cette baisse étant plus de deux fois supérieure à celle observée dans les trois autres quartiles, Dans tous les quartiles, ces niveaux inférieurs demploi ont été maintenus même après la récession, de 1992 à 1996. Dans les quartiles supérieur et inférieur, lembauche de nouveau personnel et laugmentation du nombre total demployés se sont faites lentement, à peu près aux mêmes rythmes; les quartiles intermédiaires, par contre, ont continué à réduire leurs effectifs et à afficher une décroissance du nombre total demployés durant cette période.
CONCLUSION Le calcul des limites des quartiles, à partir de la valeur des livraisons, met en relief la pertinence des résultats présentés dans le présent document. Les valeurs seuils offrent aux entreprises des diverses branches dactivité une valeur de référence pour comparer leur rendement. Le Tableau 1. Limites des quartiles selon la valeur des livraisons, secteur manufacturier, certaines années indique que les entreprises qui, en 1996, ont réalisé des livraisons dune valeur totale de 4,8 milliards de dollars ou plus appartiendraient au quartile supérieur. Le Tableau 2. Comparaison entre Gamme Limitée et le quartile supérieur du secteur manufacturier nous fournit un autre exemple. Supposons que nous avons une entreprise hypothétique, que nous nommerons Gamma Limitée, dont la valeur des livraisons a totalisé 6 millions de dollars en 1996. Selon les limites définies au Tableau 1. Limites des quartiles selon la valeur des livraisons, secteur manufacturier, certaines années, cette entreprise ferait partie du quartile supérieur. Si Gamma Limitée voulait déterminer comment sa production par travailleur et la proportion allouée aux divers facteurs de production, en 1996, se comparent à celles de lensemble du secteur manufacturier, cette entreprise pourrait calculer ses propres ratios. Les ratios hypothétiques pour Gamma Limitée sont indiqués au Tableau 2. Comparaison entre Gamme Limitée et le quartile supérieur du secteur manufacturier. Selon cet exemple, Gamma Limitée aurait alloué, en 1996, une proportion relativement supérieure à la moyenne de ses coûts de production à lachat de matières premières. On pourrait également déduire que la part inférieure à la moyenne consacrée aux salaires et traitements a contribué, en partie, à une production réelle par travailleur plus élevée cette année-là. Enfin, Gamma Limitée constaterait que la proportion des dépenses consacrées à lénergie a été similaire à celle de lensemble du quartile. En conclusion, les réactions aux fluctuations de la demande du marché, observées dans chaque quartile, sont fonction de la structure des établissements. Les tendances en regard des quatre principaux facteurs sont cohérentes avec les caractéristiques inhérentes à chaque quartile. Cependant, une analyse des changements structuraux, basée sur dautres variables pour chaque quartile, permettrait dobtenir une évaluation plus globale des quatre groupes détablissements. Ceci pourrait inclure une analyse des séries chronologiques de variables, par exemple le nombre dheures-personnes rémunérées, le taux horaire de salaire, dautres mesures de productivité et les ratios de concentration. Réferences (1). Exclut le coût des biens pour la revente. (2). Lapport de main-doeuvre est basé sur lensemble des employés. Sources
Cet article a été rédigé par Rowena Orok. Rowena est économiste à Statistique Canada et travaillait à la Division de la fabrication, de la construction et de lénergie. Vous pouvez obtenir de plus information sur le secteur manufacturier canadien en consultant la publication, Industries manufacturières du Canada : niveau national et provincial (31-203-XPB). Cette publication est disponible annuellement au coût de $68 au Canada et au coût de 68 $ US à lextérieur du Canada. Vous pouvez commander cette publication par téléphone: 1-800-267-6677, par télécopieur: 1-800-889-9734 ou via Internet. Des informations sur les données manufacturières ou sur les séries chronologiques peuvent être obtenues auprès de lunité de diffusion, Division de la fabrication, de la construction et de lénergie au (613) 951-9497 ou via l'Internet : manufact@statcan.gc.ca
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