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Regards sur l'industrie agro-alimentaire et la communauté agricole
Variations des prix des cultures avant et après la diffusion de la publication Série de rapports sur les grandes cultures de Statistique Canada
Variations des prix des cultures avant et après la diffusion de la publication Série de rapports sur les grandes cultures de Statistique CanadaNote *
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par
Bishnu Saha
Division de l'agriculture, Statistique Canada
12e étage, immeuble Jean-Talon
170, promenade Tunney's Pasture
Ottawa (Ontario) K1A 0T6
et
M. Ashraful Alam
Département d'environnement et de géographie
Université du Manitoba
Winnipeg, Manitoba
Décembre 2011
Résumé
Introduction
Objectifs
Données et méthodes
Résultats et analyse
Conclusion
Début du texte
Résumé
Statistique Canada mène chaque année six enquêtes pour recueillir de l'information sur les intentions d'ensemencement, les superficies ensemencées et récoltées, les rendements, la production et les stocks des principales grandes cultures, et publie ces estimations dans la Série de rapports sur les grandes cultures (SRGC). Cet article analyse les mouvements à court terme des prix hebdomadaires des cultures, de la semaine précédant la diffusion de la SRGC à la semaine suivant la diffusion. Les grandes cultures étudiées sont l'avoine, le canola, le maïs, le lin, l'orge et le blé, tandis que les cultures spéciales étudiées sont les graines de tournesol, les graines de l'alpiste des Canaries, les pois de grande culture, des variétés de lentilles, de graines de moutarde, de pois chiches et de pois verts. Les données utilisées pour les grandes cultures couvrent la période allant de 1990 à 2009, alors que celles des cultures spéciales couvrent diverses périodes entre 1992 et 2009, selon leur disponibilité. Les résultats révèlent que les variations des prix avant et après les diffusions officielles de la publication SRGC se neutralisent au fil du temps. Les résultats semblent aussi indiquer que les prix après les diffusions sont tout aussi susceptibles d'augmenter qu'ils le sont de diminuer. Compte tenu de ces résultats, l'étude conclut que la publication de statistiques dans la SRGC de Statistique Canada n'a pas d'effet systématique sur les prix des cultures. Les résultats sont conformes aux conclusions du National Agricultural Statistics Service du Département de l'agriculture des États-Unis.
Introduction
Statistique Canada mène chaque année six enquêtes pour recueillir de l'information sur les intentions d'ensemencement, les superficies ensemencées et récoltées, les rendements, la production et les stocks des principales grandes cultures, et diffuse ces estimations dans les huit publications de la Série de rapports sur les grandes cultures (SRGC). Les réactions éventuelles des marchés à ces publications suscitent quelquefois la controverse entre les exploitants agricoles. En théorie, l'amélioration de l'information devrait accroître l'efficacité des marchés en réduisant les coûts des transactions, et donc provoquer une hausse des prix que les agriculteurs reçoivent pour leurs produits (Hoffman, 1980). Cependant, de nombreux exploitants agricoles ne sont pas convaincus que la diffusion de la Série de rapports sur les grandes cultures ait les effets souhaités sur le marché. Ils disent souvent croire que les marchés des produits agricoles ne réagissent pas efficacement à l'information et allèguent que les prix des cultures chutent plus souvent qu'ils n'augmentent après la publication des estimations. Parfois, leurs craintes les amènent à dire que les estimations publiées font en règle générale fléchir les prix
Dans les marchés des produits agricoles, l'information nouvelle incite les négociants à réévaluer leurs attentes actuelles à propos des conditions futures du marché. Ces attentes reposent sur divers facteurs, notamment les stocks mondiaux d'un produit, la production mondiale, l'offre mondiale et la contribution d'un pays à l'offre mondiale. Il est important pour les entreprises agroalimentaires qui élaborent une stratégie de mise en marché de déterminer quelles sont les sources exactes de la volatilité des prix dans les marchés des produits agricoles. Du côté de l'offre, la publication d'information nouvelle peut être un des nombreux facteurs entraînant des rajustements de prix si les négociants ne s'attendaient pas à cette information ou si elle va à l'encontre de leurs attentes antérieures (Fama, 1970).
Dans un marché efficace, les variations des prix devraient refléter la différence entre la nouvelle information à laquelle le marché s'attendait et l'information véritablement diffusée (Colling et Irwin, 1990). Les facteurs fondamentaux du marché étant censés contribuer à l'établissement des prix, les participants devraient réagir à l'information nouvelle sur les conditions de l'offre et de la demande. Selon l'hypothèse des marchés efficaces, dans un marché efficace, toute l'information existant à un moment donné devrait se refléter dans les prix (Fama 1970). Lorsque les prix ne changent pas ou changent légèrement après la diffusion d'information nouvelle, il y a des raisons de croire que soit les marchés ne s'étaient pas trompés en prévoyant cette information, soit l'incidence de la nouvelle information sur le marché est infinitésimale.
Les prix des céréales, des graines oléagineuses et des cultures spéciales canadiennes réagissent à une multitude d'influences. Ces influences proviennent d'un large éventail de sources et sont d'ordre environnemental, économique et politique (Wilson, 2003). La plus grande partie des céréales, des graines oléagineuses et des cultures spéciales est cultivée dans les provinces des Prairies : l'Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba. La presque totalité de ces céréales et graines oléagineuses poussent dans des conditions arides au cours d'une période de végétation très courte. Les rendements varient beaucoup selon la température et les précipitations aux étapes cruciales de la croissance des cultures, de sorte que la production et l'approvisionnement intérieur restent souvent incertains. Du côté de la demande, les prix réagissent aux variations de la demande dues à des facteurs économiques et des démographiques.
Au cours des dernières décennies, la mondialisation, les pressions des marchés, la technologie et les innovations ont stimulé l'agriculture canadienne et ont entraîné une augmentation de la productivité. Par contre, l'accroissement de la production mondiale par des moyens efficaces est l'un des facteurs ayant provoqué le fléchissement à long terme des prix des produits de base. Diverses subventions, surtout dans les pays qui réalisent une forte proportion de la production mondiale, exercent également une pression à la baisse sur les prix mondiaux. Le Canada étant un pays exportateur et un preneur de prix dans les marchés internationaux des produits de base, ces tendances mondiales ont une influence considérable sur les prix canadiens.
Objectifs
Compte tenu des préoccupations souvent exprimées par les exploitants agricoles répondant à une enquête, la Division de l'agriculture de Statistique Canada cherche à comprendre l'effet de la diffusion de ses rapports sur les prix des cultures canadiennes. Le principal objectif de cette étude consiste à analyser les mouvements à court terme des prix des cultures, de la semaine précédant les diffusions de la publication Série de rapports sur les grandes cultures de Statistique Canada à la semaine suivant les diffusions. Les résultats permettront de comparer les statistiques sur les variations des prix des cultures avant les dates de diffusion aux statistiques après les dates de diffusion. Les résultats pourront aussi servir de base pour une analyse approfondie ultérieure des mouvements des prix, s'il y en a.
Données et méthodes
Les effets de la publication Série de rapports sur les grandes cultures sur les prix des principales céréales, des graines oléagineuses et des cultures spéciales sont examinés dans la présente étude. Plus précisément, les mouvements des prix dans les marchés à terme immédiatement avant et après la diffusion des rapports sur les cultures sont étudiés. Les principales céréales étudiées sont l'avoine, l'orge et le blé; les graines oléagineuses incluent le canola et la graine de lin. Les cultures spéciales ayant été étudiées sont les lentilles vertes à gros grains, les lentilles vertes à petits grains, les lentilles vertes à grains moyens, les lentilles vertes françaises, les lentilles rouges, la moutarde brune, la moutarde jaune, la moutarde orientale, les graines de tournesol, les graines de l'alpiste des Canaries, les pois chiches desi, les pois chiches Kabuli, les pois verts de grande culture, les pois jaunes de grande culture et les pois de grande culture.
Agriculture et Alimentation Saskatchewan a fourni les données sur les prix hebdomadaires des produits de base. Les données, qui vont de 1990 à 2009 pour les principales céréales à l'exception de l'avoine (de 1993 à 2009), couvrent au total 750 diffusions de la publication Série de rapports sur les grandes cultures. La période sur laquelle portent les données des cultures spéciales s'étend de 1992 à 2009, sauf pour trois de ces cultures : les lentilles rouges, les pois chiches desi et les pois chiches Kabuli. Pour cellesci, les données couvrent la période de 1999 à 2009. Dans le cas des cultures spéciales, l'étude couvre au total 1 856 diffusions de la Série de rapports sur les grandes cultures.
Les prix hebdomadaires de chacune des cultures la semaine précédant immédiatement la diffusion, la semaine de la diffusion et la semaine suivant immédiatement la diffusion ont été mis en tableau. Les variations des prix de la semaine précédant la diffusion à la semaine de la diffusion (c.-à-d., les variations avant les diffusions) et de la semaine de la diffusion à la semaine suivant la diffusion (c.-à-d., les variations après les diffusions) ont été notées (augmentations, diminutions, pas de changement). Les variations des prix ont ensuite été regroupées pour chacune des cultures en variations avant les diffusions et en variations après les diffusions pour qu'il soit possible de les comparer.
À la deuxième étape, les variations en pourcentage des prix hebdomadaires de la semaine précédant la diffusion à la semaine de la diffusion, et de la semaine de la diffusion à la semaine suivant la diffusion ont été analysées. Des statistiques descriptives des variations des prix en pourcentage ont été dérivées et le minimum, le maximum, la moyenne et l'écart-type des variations en pourcentage avant et après les diffusions ont été consignés pour chacune des cultures. Les limites supérieure et inférieure de l'intervalle de confiance de 95 % pour les variations en pourcentage des prix hebdomadaires avant et après les diffusions ont ensuite été estimées.
Enfin, le test du chi carré a été effectué, ce qui a permis de vérifier la probabilité que les fréquences observées d'augmentation et de diminution soient égales. Il s'agissait de déterminer si l'hypothèse nulle formulée ci-dessous était acceptée ou rejetée. Selon notre hypothèse nulle, les prix réagissent de façon négative et positive un nombre égal de fois. L'hypothèse alternative était par conséquent que la distribution est différente de celle de l'hypothèse nulle. Les hypothèses nulle et alternative étaient les suivantes :
H0 : Les prix réagissent de façon négative et positive un nombre égal de fois.
H1 : La distribution est différente de celle de l'hypothèse nulle.
Résultats et analyse
Les données empiriques semblent indiquer que la diffusion de la publication Série de rapports sur les grandes cultures de Statistique Canada n'a pas d'effet significatif sur les prix des cultures spéciales ni sur celui des principales céréales et graines oléagineuses (tableaux 1 et 2). Les variations des prix hebdomadaires de la semaine précédant la diffusion à la semaine suivant la diffusion ont été étudiées pour 15 cultures spéciales. Le tableau 1 illustre les variations des prix pour toutes les cultures spéciales, répartis en augmentations, diminutions et pas de changement. Pour les cultures spéciales, en moyenne, de la semaine précédant la diffusion à la semaine de la diffusion, les prix n'ont pas changé 52,3 % du temps, ont augmenté 25,4 % du temps et ont diminué 22,3 % du temps. Une tendance presque similaire est observée entre la semaine de la diffusion et la semaine suivant la diffusion. Les prix n'ont pas changé 53,0 % du temps après la diffusion, ont augmenté 24,2 % du temps et ont diminué dans 22,8 % des cas. Les figures 1 à 20 (annexe A) comparent graphiquement la variation des prix hebdomadaires avant et après les diffusions pour chacune des cultures étudiées.
Pour les principales céréales, en moyenne, les pourcentages d'augmentations et de diminutions entre la semaine précédant les diffusions et la semaine des diffusions ont été presque égaux (49,5 % comparativement à 48,8 %; tableau 2). Dans 1,7 % des cas seulement, les prix sont demeurés inchangés. Entre la semaine de la diffusion et la semaine suivante, le pourcentage d'augmentations a été nettement plus élevé que celui des diminutions. Pendant ce temps, les prix ont augmenté 52,7 % du temps et diminué 46,1 % du temps. Ce qui appuie jusqu'à un certain point le fait que les prix restent en général à leur limite supérieure et ne se rajustent à la baisse que lorsque l'information n'est pas anticipée ou va à l'encontre des attentes antérieures des négociants.
Les tableaux 1 et 2 permettent de conclure que les prix des cultures peuvent tout aussi bien monter que descendre et que les mouvements des prix ne sont pas systématiquement associés à la publication Série de rapports sur les grandes cultures de Statistique Canada. Les résultats n'indiquent absolument pas que cette publication a une influence exclusivement négative sur les prix du marché.
Les tableaux 3 et 4 présentent des statistiques descriptives pour toutes les principales céréales et les cultures spéciales. Ces tableaux montrent que les variations moyennes en pourcentage des prix des principales céréales et des cultures spéciales ne sont pas significativement différentes de zéro. En moyenne, les variations des prix après la publication de Série de rapports sur les grandes cultures ne diffèrent pas de façon significative des variations avant la publication. Un examen plus attentif des variations en pourcentage révèle toutefois que, de la semaine précédant la diffusion à la semaine de la diffusion, la variation moyenne en pourcentage a été négative pour 6 des 15 cultures spéciales (tableau 3). De la semaine de la diffusion à la semaine suivante, le nombre de moyennes négatives recule à 3 (tableau 4). Pour les principales céréales, le nombre de moyennes négatives passe de 2 à 0. Ces résultats n'appuient pas l'allégation selon laquelle les prix chutent en conséquence des diffusions de la Série de rapports sur les grandes cultures.
Les tableaux 5 et 6 présentent les fréquences observées et attendues à utiliser dans le test de distribution chi carré. Les fréquences observées sont les augmentations et les diminutions réelles des prix, alors que les fréquences attendues renvoient aux valeurs attendues lorsque les augmentations égalent les diminutions. Puisqu'il y a deux occurrences de variation des prix (augmentations et diminutions) pour chacune des cultures, le degré de liberté est 1. La valeur critique à un intervalle de confiance de 95 % est par conséquent de 3,84. Les valeurs du chi carré pour les cultures calculées à partir des fréquences réelles et attendues ont toujours été inférieures à la valeur critique de 3,84, sauf en ce qui concerne les variations des prix des pois jaunes de grande culture de la semaine précédant la diffusion à la semaine de la diffusion (tableau 5) et de la moutarde jaune de la semaine de la diffusion à la semaine suivant la diffusion (tableau 6). Les valeurs du chi carré pour la somme des incidents d'augmentation et de diminution des prix après les diffusions de la publication Série de rapports sur les grandes cultures pour les principales céréales et les cultures spéciales ont elles aussi été inférieures à la valeur critique (tableaux 5 et 6).
Puisque les valeurs du chi carré sont généralement inférieures à la valeur critique, il n'est pas possible de rejeter l'hypothèse nulle, selon laquelle les réactions des prix aux diffusions officielles de la publication Série de rapports sur les grandes cultures se neutralisent au fil du temps. Pour les cultures spéciales, toutefois, la valeur du chi carré pour la somme des cas d'augmentation et de diminution des prix avant les diffusions est positive et significative au seuil de 10 %. Ce qui signifie que, pour ce qui est de certaines cultures spéciales, le prix augmente par suite de facteurs associés au marché (et peutêtre des attentes) avant les diffusions. Le fait que, pour la plupart des cultures, le rapport entre les variations positives et négatives des prix avant les diffusions n'est pas significativement différent de ce qu'il est après (tableaux 3 et 4) appuie aussi ce résultat.
Conclusion
La présente étude évalue l'incidence de l'information gouvernementale relative à la production sur les prix des cultures sur les marchés par l'analyse de la variation des prix avant et après la diffusion de la publication Série de rapports sur les grandes cultures de Statistique Canada. Comme les résultats l'indiquent, rien n'appuie l'allégation selon laquelle les diffusions ont un effet négatif sur les prix du marché. Les résultats indiquent de plus que les variations moyennes des prix de la « semaine précédant la diffusion » à la « semaine de la diffusion » et de la « semaine de la diffusion » à la « semaine suivant la diffusion » ne sont pas significativement différentes de zéro. En outre, l'intervalle estimé du pourcentage moyen des variations des prix est court et à peu près symétrique aux alentours de zéro. Les tests du chi carré effectués pour toutes les cultures montrent également que les prix sont tout aussi susceptibles d'augmenter que de diminuer pendant la semaine suivant les diffusions de la publication Série de rapports sur les grandes cultures de Statistique Canada.
En nous fondant sur les constatations dont il est fait état ci-dessus, nous concluons que les diffusions officielles de la publication Série de rapports sur les grandes cultures de Statistique Canada n'ont pas d'incidence systématique sur les prix du marché des principales céréales, des graines oléagineuses et des cultures spéciales.
Note
* Les auteurs désirent mentionner le soutien de Verna Mitura (ancien chef de la Sous-section de la recherche et du développement), qui a supervisé la conception de cette étude, et celui des dirigeants de la Division, qui en ont appuyé la poursuite.
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