Feuillets d'information de l'environnement
Consommation d’aliments des ménages et émissions canadiennes de gaz à effet de serre, 2015

Jennie Wang et Abdoul-Razak Mamane

Date de diffusion : le 9 octobre 2019

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Lorsqu’ils songent aux sources d’émissions de gaz à effet de serre (GES), les gens pensent généralement aux transports et aux activités industrielles, et pas nécessairement aux émissions provenant d’autres activités comme la production des aliments que l’on mange. Cependant, les émissions associées aux repas pris au restaurant, au pain ou au lait conservé dans le réfrigérateur peuvent être qualifiées d’émissions indirectes attribuables à la consommation des ménages.

Les ménages canadiens ont été directement responsables du rejet de 142 936 kilotonnes de GES (équivalent CO2) en 2015Note  — soit 19 % des émissions totales au Canada — par l’utilisation de carburants pour le transport (55 %) et de combustibles pour le chauffage, l’éclairage et les appareils électroménagers (45 %)Note  . Cependant, si l’on inclut les émissions indirectes associées à leurs achats de biens et de services, les ménages ont été responsables de 42 % des émissions canadiennes totales de GES en 2015 (tableau 1)Note  . Les émissions indirectes associées aux dépenses des ménages en aliments et en boissons ont représenté le quart des émissions indirectes, et ont compté parmi les principales sources de GES, juste après les émissions indirectes associées à la consommation d’énergie des ménages.

Les émissions de GES associées aux différents types d’aliments peuvent varier selon les ressources nécessaires à leur production (p. ex. l’utilisation de combustibles et d’engrais), les émissions provenant des animaux (p. ex. la fermentation entérique) et la gestion des fumiers, et varient aussi selon le type et la quantité d’énergie utilisée pour la fabrication, l’entreposage, la distribution et la consommation (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 2013)Note  .

Si l’on comptabilisait la totalité des émissions associées aux aliments, les ménages seraient aussi indirectement responsables des émissions associées aux aliments importés au Canada qu’ils ont achetés. Toutefois, les émissions associées à la production étrangère ne sont pas comprises dans le compte de GES.Note  Dans l’ensemble, 64 % de l’approvisionnement alimentaire du Canada a été produit au pays en 2015, un chiffre en baisse par rapport à 71 % en 2010, même si on observe de grandes variations selon le type de produit alimentaire (Statistique Canada, 2018)Note  .

En plus des émissions associées aux dépenses en aliments et en boissons, Ressources naturelles Canada estime que 11 % des émissions associées à la consommation résidentielle d’électricité en 2015 sont liées à l’utilisation d’appareils ménagers, comme les réfrigérateurs, les cuisinières électriques, les congélateurs et les lave-vaisselleNote  , qui ont servi pour l’entreposage des aliments, leur préparation et le nettoyage (Ressources naturelles Canada, s.d.).

En examinant plus particulièrement les émissions directes provenant des industries alimentaires canadiennesNote  , on constate que les industries des cultures agricoles et de l’élevage dominaient en raison des émissions accrues qui sont produites à ce stade de la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Les plus grandes proportions d’émissions de GES étaient associées aux cultures agricoles (45 %) et à l’élevage (42 %), alors que la fabrication d’aliments et de boissons représentait 7 %, le commerce de détail et de gros de produits agricoles, de produits alimentaires, de boissons et de tabac représentait 3 %, et les services de restauration et de débits de boissons, 1 %. La proportion restante de 1 % était attribuable à la pêche, à la chasse et au piégeage (graphique 1).

Les produits exportés représentaient 50 % des émissions associées à ces industries en 2015. La proportion d’émissions associées aux produits exportés était la plus élevée pour l’industrie des cultures agricoles (70 %). En comparaison, 35 % des émissions de l’industrie de l’élevage étaient liées aux exportations.

Tableau 1
Émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre des ménages, y compris les émissions associées aux dépenses en aliments et en boissons, 2010 et 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre des ménages 2010 et 2015, calculées selon kilotonnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
2010 2015
kilotonnes
Total des émissions des industries et des ménages 732 759 767 289
Total des émissions directes et indirectes des ménages 329 243 321 851
Total des émissions directes des ménages 140 001 142 936
Utilisation de carburants et de lubrifiants 76 313 78 653
Utilisation de combustibles 63 688 64 283
Total des émissions indirectes des ménages 189 242 178 915
Produits énergétiquesTableau 1 Note 1 54 952 52 750
Produits alimentaires et boissonsTableau 1 Note 2 34 928 31 368
Services de restaurationTableau 1 Note 3 11 818 12 577
Autres biens et services 87 543 82 221

Graphique 1 Émissions de gaz à effet de serre de certaines industries alimentaires, selon la catégorie de la demande finale, 2015

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Industrie (titres de rangée) et Dépenses personnelles (ménages), Dépenses de consommation des institutions sans but lucratif au service des ménages, Dépenses courantes nettes des administrations publiques, Formation brute de capital fixe, Exportations internationales et Total, calculées selon kilotonnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Industrie Dépenses personnelles (ménages) Dépenses de consommation des institutions sans but lucratif au service des ménages Dépenses courantes nettes des administrations publiques Formation brute de capital fixe Exportations internationales Total
kilotonnes
Cultures agricoles (y compris la culture en serre
et en pépinière et la floriculture)
9 484 26 325 2 155 27 323 39 313
Élevage (y compris l'aquaculture) 22 338 53 656 977 12 730 36 754
Fabrication d'aliments et de boissons 3 432 11 102 182 2 222 5 949
Commerce de détail et de gros de produits agricoles, de produits alimentaires, de boissons et de tabac 2 156 5 62 100 564 2 887
Services de restauration et débits de boissons 851 4 39 34 120 1 049
Pêche, chasse et piégeage 248 0 4 14 558 824

Note aux lecteurs :

Les estimations des émissions de gaz à effet de serre (GES) associées aux dépenses des ménages en aliments et en boissons, et en services de restauration qui ont servi à rédiger cet article sont issues d’un modèle des entrées-sorties qui combine des données sur les flux physiques des émissions de gaz à effet de serre selon l’industrie et des données économiques sur la production et la consommation de biens et services. L’une des forces de ce type d’analyse est sa capacité à fournir des estimations d’émissions de GES intégrées associées à la consommation économique en aval. Cependant, l’une de ses limites est l’hypothèse d’homogénéité, selon laquelle chaque secteur de l’économie produit un seul bien ou service dont les répercussions environnementales sont identiques ou similaires. Par exemple, cette hypothèse suppose que les émissions associées aux tomates sont semblables à celles associées aux pommes.

Les données sur les émissions de GES sont tirées du Système de comptabilité économique et environnementale du Canada – Compte des flux physiques. Le compte de GES se rapporte aux émissions annuelles de dioxyde de carbone, de méthane et d’oxyde nitreux par les industries, les administrations publiques, les institutions et les ménages. Veuillez noter que les émissions de GES provenant de déchets solides sont exclues du compte de GES. Les données sont également fournies du point de vue de la demande finale, où les émissions sont imputées aux utilisateurs finaux des biens et des services plutôt qu’aux producteurs, et sont désignées sous l’appellation d’émissions indirectes. Les catégories de demande finale comprennent les dépenses personnelles (dépenses de consommation des ménages), les dépenses de consommation des institutions sans but lucratif au service des ménages, les dépenses courantes nettes des administrations publiques, la formation brute de capital fixe et les exportations internationales.

Ces données sur les émissions peuvent aussi être mises en corrélation avec les dépenses en biens et services par catégorie de demande finale. Les émissions indirectes se rapportant aux aliments sont classées conformément à la Classification des produits en termes de ressources et d’emploi (CPRE). Ces émissions indirectes ne comprennent pas les émissions associées aux aliments produits par des entreprises non canadiennes, mais qui sont ensuite importés et consommés au Canada. Cependant, les émissions comprennent celles qui sont associées à la production de biens fabriqués au Canada au moyen d’intrants importés. Même si le modèle peut servir à obtenir des estimations d’émissions liées aux importations, on suppose que les émissions étrangères associées aux aliments sont semblables à celles du Canada, ce qui n’est peut-être pas toujours le cas. De plus, un grand nombre de produits n’ont pas d’équivalent canadien; par exemple, on ne cultive pas d’avocatiers ni de cacaoyers au Canada. Une analyse plus rigoureuse des émissions totales des ménages associées aux aliments serait fondée sur un modèle multirégional des entrées-sorties et comprendrait les émissions générées par le transport.

Les estimations d’émissions de GES indiquées dans les Comptes des flux physiques sont distinctes de celles publiées dans le Rapport d’inventaire national sur les sources et puits de gaz à effet de serre élaboré par Environnement et Changement climatique Canada (Infographie 1). Ce rapport vise à respecter les obligations du Canada en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et représente le repère officiel pour les émissions de GES au Canada.

Les exigences de déclaration de la CCNUCC diffèrent des lignes directrices méthodologiques du Système de comptabilité économique et environnementale des Nations Unies qui ont servi à créer le compte de GES décrit ici. Ces distinctions découlent de différences conceptuelles, et s’expliquent aussi par les diverses sources de données et l’attribution des émissions. En outre, quatre gaz visés par l’inventaire officiel des GES du Canada ne sont pas pris en considération dans le compte de GES, à savoir les hydrurofluorurocarbones (HFC), les composés perfluorés (PFC), l’hexafluorure de soufre (SF6) et le trifluorure d’azote (NF3).

Pour obtenir plus de renseignements, voir : Système de comptabilité économique et environnementale du Canada - Comptes des flux physiques (CFP)

Références

Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. 2013. Food Wastage Footprint: Impacts on Natural Resources, (site consulté le 6 juin 2019).

Ressources naturelles Canada. s.d. « Tableau 2 : Consommation d’énergie secondaire et émissions de GES par utilisation finale » et « Tableau 18 : Consommation d’énergie secondaire et émissions de GES pour les appareils ménagers par type d’appareil ménager », Base de données nationale sur la consommation d’énergie, Base de données complète sur la consommation d’énergie, Secteur résidentiel, Canada (site consulté le 30 mai 2019).

Statistique Canada. 2018. Tableau 36-10-0478-01, Tableaux des ressources et des emplois, niveau détail, provinciaux et territoriaux (x 1,000) (site consulté le 7 juin 2019).

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