L’activité humaine et l’environnement 2021
3.0 Condition des écosystèmes

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Les activités humaines peuvent avoir une incidence considérable sur la condition des écosystèmesNote , qui a trait à la qualité des écosystèmes et influence leur capacité à fournir des services écosystémiques. Dans les comptes des écosystèmes, l’évaluation de la condition des écosystèmes comprend l’évaluation de l’état et des variations au fil du temps de nombreuses caractéristiques abiotiques, biotiques, du paysage terrestre et du paysage marin.

3.1 Condition des écosystèmes terrestres et d’eau douce

La diversité des écosystèmes du Canada, allant de la nature sauvage du Nord aux paysages urbains, industriels et agricoles du Sud, peut être confrontée à des pressions très différentes provenant de l’activité humaine. Par exemple, ces pressions peuvent être liées à des activités qui ont une incidence sur l’utilisation des terres, les émissions de polluants et les changements climatiques. Certaines des principales caractéristiques de la condition des écosystèmes terrestres et d’eau douce présentées dans la présente section concernent les caractéristiques abiotiques, comme la disponibilité de l’eau et la qualité de l’air; les caractéristiques biotiques couvrant les perturbations forestières et la verdure urbaine; et les caractéristiques du paysage sur la fragmentation et l’ampleur de modification. La condition des écosystèmes comporte de nombreux autres aspects. Toutefois, les données sur de nombreuses autres caractéristiques n’ont pas encore été compilées pour le Canada à l’échelle nationale ou selon le type d’écosystème.

Ressources en eau douce

Le Canada possède d’abondantes ressources en eau douce avec l’eau se trouvant dans les lacs, les milieux humides, les glaciers, la neige, les aquifères et dans le ruissellement qui se déverse dans les lacs, les rivières et les cours d’eau. Ces ressources en eau douce font partie intégrante du fonctionnement des écosystèmes terrestres et aquatiques et fournissent des avantages essentiels aux humainsNote .

Les variations dans le stockage total d’eau est une estimation de la variation de la quantité d’eau stockée dans l’environnement sous forme d’eau souterraine, d’humidité du sol, d’eaux de surface, de neige et de glace. Cette estimation est réalisée au moyen de mesures basées sur la gravité provenant de satellites. Cette variation est liée à l’évolution des conditions climatiques, comme la hausse des températures qui provoque la fonte des glaciers, et aux caractéristiques changeantes des précipitations.

De 2002 à 2016, les plus fortes diminutionsNote du stockage d’eau ont été observées dans les écoprovinces situées dans la Cordillère arctique et dans le Haut-Arctique, ainsi que dans la Cordillère boréale du Yukon et du nord de la Colombie-Britannique (carte 3.1), où de grandes quantités d’eau douce sont gelées dans le pergélisol, les glaciers et les calottes glaciairesNote . Par exemple, dans la Chaîne de l’Arctique septentrionale, la quantité d’eau stockée diminue de 105 mm par an en moyenne, dans la Chaîne de l’Arctique méridionale, elle diminue de 103 mm par an et dans le Bassin Ellesmere, de 96 mm par an (tableau 3.1).

La diminution du stockage d’eau dans ces régions concorde avec les augmentations de température, le dégel du pergélisol et le retrait des glaciersNote . Les plus fortes hausses de température au Canada sont enregistrées dans le nord-ouest, et provoquent d’importants changements dans les écosystèmes de la région. Par exemple, l’amincissement des glaciers alpins a une incidence sur la disponibilité de l’eau dans les Prairies, puisque l’eau de fonte des glaciers contribue aux écoulements fluviaux de l’été. De plus, l’eau de fonte provenant des calottes glaciaires dans l’Arctique canadien contribue à l’augmentation mondiale du niveau de la mer et influence la salinité de la merNote .

Alors que le Nord est aux prises avec des baisses de la quantité d’eau stockée, des haussesNote sont enregistrées dans les écoprovinces des Plaines boréales orientales (+19 mm/an), de la Prairie centrale (+12 mm/an), des Prairies-parcs (+11 mm/an) et des Hautes terres appalachiennes–acadiennes (+15 mm/an) sur la côte Est. Ces hausses concordent de manière générale avec des tendances à la hausse des précipitations et, dans les Prairies, elles rendent aussi compte du rétablissement du stockage d’eau souterraine à la suite du tarissement découlant de la sécheresse historique survenue en 2001 dans l’ensemble de l’Ouest canadienNote .

L’apport en eau douce annuel moyen du Canada était de 3 514 km3 de 1971 à 2014, ce qui était équivalent à une profondeur de 350 mm sur l’ensemble du territoire du pays. Cette production d’eau douce renouvelable varie à travers les divers paysages du pays et varie également dans le temps, soit de façon mensuelle, saisonnière et annuelle.

De 1971 à 2014, les écoprovinces de l’écozone Maritime du Pacifique en Colombie-Britannique avaient l’apport en eau annuel moyen le plus élevé par unité de surface (tableau 3.1 et carte 3.2). Dans l’écozone Maritime du Pacifique, l’écoprovince des Montagnes côtières méridionales avait l’apport en eau le plus élevé par unité de surface (2 308 mm), suivie de la Dépression de Géorgie voisine (1 696 mm) et des Montagnes côtières septentrionales (1 652 mm). Parmi les autres écoprovinces ayant un apport en eau élevé par unité de surface figurent Terre-Neuve (1 147 mm) et les Hautes terres de Fundy (986 mm).

L’apport en eau le plus faible se trouvait dans les écozones des Prairies et des Plaines boréales, qui couvrent la majeure partie de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba. À l’échelle de l’écoprovince, les apports les plus faibles se trouvaient dans les Prairies centrales (20 mm), les Prairies-parcs (42 mm), les Prairies orientales (68 mm) et les Plaines boréales centrales (83 mm).

Qualité de l’air ambiant

La qualité de l’air ambiant varie selon la région, la ville et le quartier puisqu’elle reflète la quantité d’émissions de polluants atmosphériques et leur emplacement, ainsi que les conditions météorologiques, comme la vitesse du vent, la direction du vent, la température et les précipitationsNote . Les émissions atmosphériques peuvent découler de sources humaines, y compris des véhicules automobiles, des centrales électriques, de la production de pétrole et de gaz, des installations industrielles et de l’utilisation des engrais. En plus des répercussions sur la santé humaine, les émissions peuvent également avoir des répercussions sur les écosystèmes, par exemple, les retombées acides sur les forêtsNote . Parmi les sources naturelles de polluants atmosphériques, on compte les incendies forestiers, la poussière, les éclairs et même les arbresNote , qui peuvent libérer du pollen et des composés organiques volatils (COV).

Les Normes canadiennes de qualité de l’air ambiant (NCQAA)Note ont été établies pour les matières particulaires (P2,5), l’ozone troposphérique (O3), le dioxyde de soufre (SO2) et le dioxyde d’azote (NO2) et sont un facteur important pour la gestion de la qualité de l’air dans l’ensemble du pays. En 2016, les concentrations moyennes dans l’air ambiant de P2,5 étaient de 6,4 µg/m3, de 32,5 ppb pour l’ozone troposphérique, de 7,8 ppb pour le dioxyde d’azote, de 1,0 ppb pour le dioxyde de soufre et de 58,4 ppb de carbone pour les composés organiques volatils. De 2002 à 2016, les concentrations de l’air ambiant annuelles moyennes et de pointe de SO2, de NO2, ainsi que les concentrations moyennes de COV ont diminué (graphiques 3.1 et 3.2)Note . Alors que les concentrations de pointe de O3 ont diminué, les concentrations moyennes annuelles sont restées stables. Aucune tendance à long terme n’a été déterminée pour les P2,5, dont les concentrations sont restées relativement stables.

Les niveaux ambiants moyens de polluants varient selon la région et la zone urbaine (tableau 3.2). Des concentrations plus élevées de P2,5 ont été détectées dans les régions urbaines de Windsor, Québec et Regina en 2016. Dans le cas de l’ozone, les niveaux ambiants moyens régionaux allaient de 26,6 ppb d’O3 en Colombie-Britannique à 37,5 ppb d’O3 dans le sud de l’Ontario en 2016, les régions urbaines de l’Ontario ayant parmi les plus fortes concentrations. Les concentrations dans l’air ambiant de SO2 et de NO2 étaient les plus faibles dans le Canada atlantique (0,6 ppb de SO2 et 3,1 ppb de NO2) et les plus élevées dans le sud du Québec pour le SO2 (1,7 ppb) et en Colombie-Britannique pour le NO2 (9,2 ppb).

Condition des forêts

De nombreuses variables peuvent être utilisées pour faire le suivi de la condition des écosystèmes forestiers. Par exemple, les mesures de la biodiversité et de la composition des forêts (p. ex. le genre, l’espèce), de la structure (p. ex. catégorie d’âge, biomasse), des stocks de bois, des perturbations naturelles et de l’exploitation représentent d’importantes mesures des conditions biotiques des forêtsNote . Les perturbations naturelles, y compris les incendies forestiers, les infestations d’insectes, les éclosions de maladies, les glissements de terrain et le déracinement par le vent, sont des processus écosystémiques importants qui agissent sur les forêts. Ces perturbations peuvent se produire à une échelle géographique locale ou étendue et leurs effets peuvent se limiter à de petites réductions du niveau de la santé ou de la croissance des arbres, mais peuvent aussi entraîner une mortalité importante.

Les zones touchées par les perturbations naturelles varient beaucoup d’une année à l’autre et selon la région. Par exemple, les infestations d’insectes, comme la tordeuse des bourgeons de l’épinette, la tordeuse du tremble et le dendroctone du pin ponderosa, peuvent être de courte durée ou se prolonger sur de nombreuses années. Ces ravageurs peuvent réduire la croissance des arbres, endommager les arbres et entraîner une mortalité accrue. En 2018, environ 5 % de la surface des zones forestières a connu des infestations d’insectes modérées ou graves causant la défoliation et la mortalité des arbresNote .

Les saisons d’incendies de 2017 et 2018 ont été particulièrement destructrices en Colombie-Britannique, tandis que les incendies de 2019 ont été plus graves en AlbertaNote . De 1986 à 2019, la superficie totale touchée par les incendies forestiers au Canada allait d’un minimum de 6 264 km2 en 2001 à un maximum de 70 951 km2 en 1995Note . En moyenne, la superficie brûlée chaque année représente moins de 1 % de la surface des zones forestières, et la plus grande proportion de feux de forêt survient dans les zones forestières non aménagées qui ont un accès limité, voire aucun accès, et qui n’ont pas de mesures de suppression des incendies. De 1986 à 2019, des incendies forestiers ont brûlé de grandes régions dans la zone boréale, en particulier dans les écoprovinces du Bouclier boréal occidental et du Bouclier occidental de la Taïga (carte 3.3 et tableau 3.3).

De même, l’exploitation forestière est concentrée sur une petite partie des forêts du pays; mais ces activités sont plus localisées dans les forêts tempérées et dans les parties méridionales de la zone boréaleNote . En moyenne, la superficie exploitée chaque année représente moins de 0,3 % de la surface totale des zones forestières. En 2018, la superficie exploitée s’élevait à 7 472 km2, en hausse par rapport au creux de 6 132 km2 établi en 2009 à la suite de la crise financière de 2008 et de l’effondrement du marché immobilier aux États-UnisNote .

Verdure urbaine

La présence et la santé des arbres et d’autres végétaux sont aussi d’importantes caractéristiques de la condition des écosystèmes dans les régions urbaines. L’imagerie satellitaire peut être utilisée pour faire le suivi de la verdure relative des villes et des villages au fil du tempsNote . Le niveau de verdure urbaine dépend des conditions environnementales naturelles, comme le climat, ainsi que des différences dans l’utilisation locale des solsNote . Les processus d’urbanisation peuvent contribuer à une importante réduction de la quantité des zones « vertes » ayant une importante végétation et à l’augmentation du nombre de zones « grises » composées principalement de bâtiments, de surfaces imperméables, de sol dénudé et de végétation à faible densité (graphique 3.1). Les augmentations à long terme du niveau de verdure peuvent être liées à l’ajout ou à la maturation de la végétation urbaine dans les cours et les jardins. Les variations interannuelles dans la quantité et la condition de la végétation urbaine peuvent aussi être attribuables à des facteurs naturels comme la sécheresse, les insectes ou les maladies.

Figure 3.1
Exemple de pixels correspondant à une zone urbaine classée comme zone verte ou zone grise

Figure 3.1 Exemple de pixels correspondant à une zone urbaine classée comme zone verte ou zone grise

Description for Figure 3.1

Cette image a pour but d'afficher visuellement la différence entre un pixel de MODIS vert et un pixel de MODIS gris. Les pixels sont classés comme zone urbaine verte ou grise en fonction de la valeur de l'IVDN obtenue à partir des données de MODIS.

Les pixels de MODIS sont représentés par une boîte avec un contour blanc et sont superposés à des images à haute résolution accessibles dans Google pour visualiser ce qui est présent au sol. L'image compare deux pixels de MODIS. Le premier pixel (à gauche) est classé comme zone verte et le deuxième (à droite) est classé comme zone grise.

Le pixel à gauche correspond à une zone résidentielle avec de grands lots, des arbres, du gazon, des maisons et des chemins, et il est classé comme zone verte parce que sa valeur de l'IVDN obtenue à partir des données de MODIS est supérieure ou égale à 0,5. Le pixel à droite correspond à une zone résidentielle avec de plus petits lots, moins d'arbres et de gazon, plus de maisons et de chemins comparativement au pixel à droite, et il est classé comme zone grise parce que sa valeur de l'IVDN obtenue à partir des données de MODIS est inférieure à 0,5.

En 2019, 76 % de la superficie des centres de population dans le sud du Canada pouvait être classée comme verte durant l’été (tableau 3.4). Ce pourcentage variait selon la taille de la ville et les différences régionales. En moyenne, 70 % de la superficie totale des terres des grands centres de population urbains a été classée comme verte, comparativement à 78 % dans les centres de population moyens et à 87 % dans les petits centres de population. En général, la proportion de zones vertes dans les centres de population en 2019 était inférieure à celle de 2001. Environ trois quarts des grands centres de population (77 %) et des centres de population moyens (71 %) ont affiché une diminution de leurs niveaux de verdure au cours de cette période, et ce malgré les effets généralisés des conditions de sécheresse survenues dans le sud-ouest du Canada et les conditions estivales anormalement sèches en Ontario et au Québec en 2001Note . En comparaison, 35 % des petits centres de population ont connu une diminution de verdure, tandis que 33 % n’ont enregistré aucun changement.

Winnipeg, Milton, Kelowna, Windsor et Vancouver ont connu certaines des plus fortes diminutions des zones vertes au cours de la période de 2001 à 2019 (graphique 3.3). Ces diminutions de la verdure urbaine sont probablement attribuables aux effets de l’urbanisation et des conditions de sécheresse modérée en 2019. À Milton par exemple, la diminution de la verdure urbaine a coïncidé avec une augmentation de 350 % de la population de 2001 à 2016Note . Il est important de noter toutefois que les diminutions du niveau de verdure à Winnipeg et à Windsor ont peut-être été amplifiées par l’infestation de l’agrile du frêne qui a causé d’importants dommages aux arbres dans certaines régions du paysNote .

Caractéristiques de la condition du paysage

Les activités humaines ont une incidence sur les caractéristiques, les fonctions et l’approvisionnement en biens et en services écosystémiques. Par exemple, l’évolution du couvert terrestre et de l’utilisation des terres peut avoir une incidence sur la régulation de l’eau, la fourniture d’habitats et les services de pollinisation. L’ampleur de modification repose sur un continuum. Par exemple, les agroécosystèmes ne sont plus des écosystèmes naturels, modifiés par le travail du sol, le drainage, l’introduction de différentes espèces et l’utilisation d’intrants chimiques, mais ils conservent encore d’importantes fonctions écosystémiques, comme le cycle des éléments nutritifs et la pollinisationNote . On considère que les écosystèmes les plus modifiés sont ceux qui se trouvent dans des régions ayant une grande proportion de surfaces artificielles et une faible proportion de zones naturelles et semi-naturelles.

En 2016, 9 % des régions terrestres du Canada ont été directement modifiées pour la production agricole, l’exploitation forestière récente (depuis 1986) ou le développement urbain et industriel (graphique 3.4). La majeure partie de cette superficie a été utilisée pour l’agriculture (64 %), suivie de l’exploitation forestière (29 %) et les zones bâties (7 %). D’autres zones, dont les forêts anciennes et les forêts en régénération, la toundra, les prairies et d’autres écosystèmes, sont considérées comme indirectement modifiées. Ces zones peuvent avoir été modifiées par rapport à leur condition initiale par l’exploitation forestière ou la construction de barrages, elles peuvent être aménagées activement pour l’exploitation forestière, ou être touchées par les dépôts acides et les changements climatiques, mais conservent de nombreuses caractéristiques des écosystèmes naturels et semi-naturels.

La fragmentation du paysage et de l’habitat désigne la division des écosystèmes naturels et semi-naturels en parcelles plus petites et plus isolées. Les terres agricoles, les parcelles d’exploitation forestière, et les zones bâties et autres surfaces artificielles ont transformé le paysage naturel. Les éléments linéaires, comme les routes, les voies ferrées, les lignes de transport d’électricité et les bandes défrichées divisent les paysages en parcelles plus petites et représentent souvent les premiers empiétements de l’activité humaine dans une régionNote . Les grandes villes et les régions densément peuplées ont généralement des densités d’éléments linéaires plus élevées en raison de la demande d’infrastructures liées aux routes, à l’eau, aux déchets et à la communication. Une fragmentation accrue peut influer sur la capacité d’un écosystème à fonctionner, par exemple, en réduisant sa capacité à soutenir l’abondance et la richesse des espèces ou sa capacité à fournir des services écosystémiques tels que l’atténuation des inondations, la pollinisation ou la prévention de l’érosion.

En 2016, les plus petites parcelles naturelles et semi-naturelles et les plus grandes distances pour se rendre à une parcelle naturelle et semi-naturelle ont été observées dans les écoprovinces des Prairies et des Plaines à forêts mixtes, où se déroule la majeure partie de l’activité agricole du pays (tableau 3.5). Les écoprovinces de la Prairie centrale et des Prairies-parcs présentaient les plus petites parcelles naturelles et semi-naturelles moyennes (1,0 km2 et 1,1 km2, respectivement), suivies des Plaines Huron–Érie (1,1 km2) et des Basses terres des Grands Lacs et du Saint-Laurent (1,3 km2). La distance moyenne la plus longue pour se rendre à une parcelle naturelle et semi-naturelle se trouvait dans la Prairie centrale (515 m), suivie des Prairies orientales (508 m) et des Plaines Huron–Érié (331 m).

La densité des éléments linéaires était la plus élevée dans les écoprovinces des Plaines Huron-Érié (2 769 m/km2), des Basses terres des Grands Lacs et du Saint-Laurent (1 815 m/km2) et de la Dépression de Géorgie (1 692 m/km2), qui comprennent les plus grands centres de population du Canada, dont Montréal, Toronto et Vancouver.

L’indice de modification du paysage par l’humain (IMPH) intègre des données sur l’utilisation des terres, la taille des parcelles naturelles et semi-naturelles et les éléments linéaires pour évaluer l’ampleur de modification d’une zone par rapport à sa condition naturelle (cartes 3.4 et 3.5). Une valeur plus élevée de l’IMPH indique une ampleur de modification plus élevée par rapport à la condition naturelle des écosystèmes. Les valeurs élevées sont relevées là où, par exemple, les écosystèmes des prairies naturelles, des milieux humides et des forêts ont été convertis en agroécosystèmes et en centres urbains et là où il y a plus de fragmentation du paysage. En revanche, une valeur inférieure de l’IMPH indique un taux de modification plus faible. Les valeurs inférieures sont relevées là où les fonctions écosystémiques sont plus susceptibles d’être plus près de leur condition naturelle. La valeur la plus élevée de l’IMPH a été observée dans les Plaines Huron-Erie, dans le sud de l’Ontario. Les valeurs de l’IMPH les plus basses se trouvent dans le Nord, étant donné qu’une grande partie du paysage est resté intact, ayant subi peu de modifications directesNote .

Les activités humaines influent aussi sur les écosystèmes d’eau douce. La construction de barrages ou de ponts et le retrait de l’eau à des fins agricoles et industrielles ou pour la production d’eau potable ont des répercussions directes sur le débit des rivières et des cours d’eau. Les émissions d’éléments nutritifs provenant des usines de traitement des eaux usées ou du ruissellement de ferme ont des répercussions directes sur la qualité de l’eau. Les émissions de carbone provenant de l’activité humaine ont des effets indirects sur les écosystèmes d’eau douce, en raison de variations à long terme du cycle de l’eau et de la température de l’eau. L’indice des influences humaines sur l’eau douce est un classement global des régions de drainage fondé sur le classement individuel de certaines variables anthropiques qui influent sur les écosystèmes d’eau douce (carte 3.6)Note . En combinant plusieurs facteurs d’influence, cet indice permet d’illustrer les effets cumulatifs des activités humaines sur les écosystèmes d’eau douce. Le classement élevé pour les régions de drainage du sud reflète le grand nombre de facteurs d’influence associés à une grande densité de population et à la conversion du paysage, tandis que les hausses des températures sont le principal facteur d’influence sur les écosystèmes d’eau douce du nord.

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Encadré : Espèces envahissantes

Les espèces non indigènes sont des plantes, des agents pathogènes, des insectes, des poissons ou d’autres animaux qui ont été introduits au Canada en provenance d’autres parties du monde. Certaines espèces introduites ne survivent pas assez longtemps pour se reproduire et proliférer parce que les conditions environnementales peuvent être défavorables ou parce que les espèces indigènes peuvent leur faire concurrence. Toutefois, d’autres espèces non indigènes deviennent envahissantes, s’établissent dans un habitat et se propagent rapidement en raison d’un manque de prédateurs et de l’évolution des conditions environnementales, entre autres raisons. Les espèces envahissantes sont réparties partout au pays, sur la terre, dans les eaux douces et les eaux marines, et elles peuvent nuire considérablement aux écosystèmes existants.

De plus, certaines espèces indigènes du Canada et des États-Unis étendent leur aire de répartition dans de nouvelles régions où elles peuvent devenir envahissantes. Par exemple, le dendroctone du pin ponderosa est indigène de certaines régions de la Colombie-BritanniqueNote , mais il cause des ravages lorsqu’il se déplace vers le nord de la province et vers l’est en Alberta. Ces déplacements peuvent causer la mortalité chez les espèces de pins et augmenter le risque d’incendies forestiers gravesNote . Autre exemple, à mesure que la glace de mer fond dans l’océan Arctique, les épaulards deviennent de plus en plus communs, ce qui peut avoir des répercussions sur les populations d’autres baleines comme le narvalNote .

Plus de 80 organismes nuisibles et pathogènes forestiers destructeurs ont été introduits au Canada, y compris la maladie hollandaise de l’orme, et plus récemment, le longicorne asiatique et l’agrile du frêneNote . L’agrile du frêne est arrivé au Canada en 2002 et a depuis tué des millions d’arbres dans cinq provinces canadiennesNote . La salicaire commune a été introduite dans les années 1800 en provenance de l’Europe, mais continue d’être un problème dans les milieux humides, où elle étouffe les plantes indigènesNote . Les centinodes japonaises se sont installées dans des parcelles denses avec une base racinaire étendue, et étouffent agressivement les espèces indigènes et endommagent les infrastructuresNote . Même l’orignal, symbole canadien bien connu, est devenu un problème depuis son introduction à Terre-Neuve en 1878Note . Le nombre actuel d’orignaux peut atteindre un orignal pour quatre personnes, et la densité estimée de leur population est de 3 à 20 fois celle des autres systèmes forestiers boréauxNote . Les orignaux ont une incidence sur l’abondance et la répartition de la végétation indigène dans toute la province et constitue un danger pour la circulation le long des autoroutes de la province.

Les espèces envahissantes se sont répandues dans les eaux canadiennes par le rejet d’eau de ballast et de salissures de la coque provenant du transport mondial, l’importation aquacole d’espèces non indigènes, ainsi que les changements de l’habitat, du climat et de l’océanographie qui ont permis aux espèces envahissantes de s’installer. On pense que les moules zébrées et quagga, originaires de la mer Noire, sont arrivées dans les Grands Lacs à la fin des années 1980 à partir d’eau de ballast des navires transocéaniquesNote . Ces espèces agressives ont rapidement colonisé toutes les surfaces dures disponiblesNote , salissant les embarcations et bloquant les prises d’eau des centrales électriques et des usines de traitement des eaux usées. La propagation de la carpe asiatique est une autre grave préoccupation pour les Grands Lacs en raison de leur appétit vorace, de leur taux de croissance rapide et de leur capacité à se reproduire rapidement, ce qui leur permet de faire concurrence aux espèces localesNote . La carpe asiatique a été introduite dans des installations aquacoles aux États-Unis dans les années 1960 et 1970 pour servir de contrôle biologique, mais des poissons se sont échappés et se sont déplacés vers le nord à travers le bassin du fleuve Mississippi. Des carpes asiatiques individuelles ont récemment été trouvées dans les Grands Lacs et dans les voies navigables canadiennesNote . Des efforts continus de surveillance sont en place pour empêcher l’établissement de ces poissons dans les eaux canadiennes.

Les espèces marines envahissantes préoccupantes incluent le crabe européen et les tuniciers, que l’on a trouvé sur les côtes est et ouestNote . Les crabes européens évincent les crabes indigènes, causent de graves dommages aux bancs de mollusques et perturbent les zostéraies, un habitat productif pour de nombreuses espèces de poissons juvéniles. Les tuniciers, ou ascidies, sont très résistants, tolèrent un large éventail de conditions de température et de salinité, ont très peu de prédateurs en raison de leur peau externe nocive et peuvent se reproduire en grand nombre. Ils s’attachent à des surfaces fermes, comme les engins de pêche et d’aquaculture, ainsi qu’aux coquillages. Les deux espèces ont eu d’importantes répercussions sur l’industrie aquacole, en particulier sur la côte Est.

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3.2 Condition des écosystèmes marins et côtiers

La santé des océans du Canada peut être mesurée à l’aide de plusieurs caractéristiques abiotiques et biotiques, ainsi que des caractéristiques liées aux paysages marins. Les interactions complexes entre ces différentes caractéristiques peuvent avoir des répercussions à grande échelle sur les courants océaniques, les conditions météorologiquesNote et la productivitéNote , ainsi que des répercussions locales plus importantes sur le niveau de biodiversité dans les régions marinesNote . Cela peut à son tour avoir de graves répercussions sur les services et les avantages liés aux océans, comme les débarquements et le tourisme, ainsi que sur les voies de transport maritime et l’accessibilité aux champs de pétrole. Les principales caractéristiques abiotiques comprennent la température de la mer, la salinité, l’oxygène, la stratification, l’acidité et les niveaux d’éléments nutritifs et de pollution. Les caractéristiques biotiques peuvent se rapporter à l’abondance des espèces et des réseaux alimentaires. Les caractéristiques du paysage marin peuvent comprendre la couverture de glace de mer et l’intégrité ou la modification des écosystèmes.

Températures à la surface de la mer

Les températures océaniques augmentent avec l’augmentation des températures atmosphériques. La chaleur du soleil et de l’atmosphère est absorbée à la surface de l’océan et se répand graduellement dans les eaux plus profondes et autour du monde par l’entremise des courants océaniques et du mélange des couches. Le réchauffement océanique peut modifier l’aire de répartition des espècesNote et peut avoir des répercussions sur les frayères de poissons et la survie des œufs de poissonNote . La température océanique peut également avoir une incidence importante sur les collectivités côtières, non seulement par son incidence sur les pêches et le tourisme à l’échelle locale, mais aussi par son effet sur le niveau de la mer en raison de l’expansion thermiqueNote et parce que des eaux plus chaudes créent des tempêtes plus intensesNote .

De 1901 à 2014, toutes les écorégions marines canadiennes ont enregistré une augmentation des températures moyennes à la surface de la mer, et les changements de température les plus élevés, soit de 2 °C ou plus, sont survenus dans l’ArctiqueNote . Lorsque la température annuelle moyenneNote de 2005 à 2017 est comparée avec la moyenne climatique normale de 1981 à 2010, la plupart des régions de la zone exclusive économique (ZEE) du Canada se sont réchauffées, bien qu’un refroidissement ait été observé dans certaines parties du Pacifique et de la baie d’Hudson (carte 3.7 et tableau 3.6).

Dans les eaux du Pacifique, les régions de réchauffement en été étaient très différentes de celles observées en hiver, et étaient accompagnées d’une région extracôtière froide s’étendant du delta de la rivière Skeena entre deux régions de réchauffement. Au contraire, en hiver, cette région était plus chaude que la moyenne des trois décennies (cartes 3.8 à 3.10). Les changements de température dans l’Arctique étaient davantage causés par des changements estivaux que par des changements hivernaux, tandis que l’on a noté un réchauffement plus uniforme dans l’Atlantique pour les deux saisons, à l’exception du golfe du Saint-Laurent, qui est plus froid en hiver. Les différences de température les plus importantes ont été observées dans le sud de la plate-forme Néo-écossaise, où elles avaient augmenté de plus de 3 °C à certains endroits.

Salinité à la surface de la mer

La salinité est un autre élément abiotique important des écosystèmes marins. La salinité ainsi que la température et la pression ont une incidence sur le mélange de différentes couches de l’océan. Le débit d’eau douce provenant des rivières et de la fonte de la glace terrestre et des mers réduit la salinité et augmente la stratification, soit la formation de couches distinctesNote . Une stratification considérablement accrue peut limiter la disponibilité d’éléments nutritifs pour le phytoplancton de surface à la base du réseau alimentaire marin, ce qui a une incidence sur la productivité et sur la capacité de l’océan à capter le carbone. On a observé une tendance à la baisse à long terme de la salinité dans la plupart des eaux de surface canadiennes, alors que la salinité des eaux plus profondes (de 200 m à 330 m) du golfe du Saint-Laurent affiche une augmentation statistiquement significativeNote . La comparaison de la salinité moyenne annuelle de surface de 2005 à 2017 avec la moyenne de la salinité de la période de la normale climatique montre que de nombreuses régions ont récemment connu une réduction des niveaux de salinité (carte 3.11 et tableau 3.7). Le détroit de Georgia, le bassin arctique et le golfe du Saint-Laurent ont connu les plus grands écarts par rapport à la normale climatique, les mois d’été ayant connu le plus grand écart pour le détroit de Georgia, tandis que les mois d’automne et d’hiver ont connu les plus grands écarts pour le golfe du Saint-Laurent. L’augmentation de la salinité dans les eaux extracôtières de l’Atlantique est compatible avec les déplacements vers le nord des eaux subtropicalesNote .

Autres caractéristiques de la condition des éléments abiotiques

Le niveau d’oxygène dissous dans l’eau est un autre indicateur abiotique important de la condition de l’eau océanique. Les faibles niveaux d’oxygène sont nuisibles à la vie marine, car ils sont associés à la réduction des taux de croissance, au succès moindre de la reproduction et à une hausse de la mortalitéNote . Les eaux de surface sont normalement riches en oxygène, bien que la prolifération intense d’algues résultant de l’excès d’éléments nutritifs dans l’eau puisse épuiser les niveaux d’oxygène et créer des régions mortes où aucune vie marine ne peut survivreNote . Les eaux hypoxiques, ou à faible niveau d’oxygène, sont plus communes dans les eaux plus profondes. Il y a plusieurs régions hypoxiques dans les eaux canadiennes, dont certains bras de mer dans les fjords du nord du Pacifique, qui affichent de faibles niveaux d’oxygène depuis des siècles. D’autres régions, comme les eaux profondes du golfe du Saint-Laurent, ont connu une baisse nette des niveaux d’oxygène au cours du dernier centennaire. L’appauvrissement continu en oxygène dans certaines de ces régions, en particulier le détroit de la Reine-Charlotte, le détroit d’Hecate et l’entrée Dixon, entraîne de sérieuses préoccupations en raison des lourdes conséquences possibles pour la biodiversité et sur la pêche dans les régions touchéesNote .

L’acidification des océans, soit la réduction du pH des océans, est bien connue pour ses effets néfastes sur les récifs coralliens tropicaux. Or, il s’agit aussi d’un problème pour les eaux canadiennes. Une augmentation de l’acidité a des répercussions sur les coraux d’eau froide, les mollusques et certains types de plancton calcifiant, car elle réduit leur capacité à construire et à entretenir des coquilles et des structures squelettiques composées de carbonate de calciumNote . On s’attend à ce que les eaux arctiques subissent une acidification rapide dans les années à venir en raison de l’augmentation de l’absorption de dioxyde de carbone de l’atmosphèreNote .

La pollution plastique est également une source de préoccupation pour les océans à l’échelle mondiale, tout particulièrement les débris marins qui circulent dans le nord de l’océan Pacifique, qu’on appelle la grande zone d’ordures du PacifiqueNote . Les côtes et les plages du monde entier sont jonchées de matières plastiques rejetées par la mer, tandis que les filets de pêche perdus ou abandonnés, les chaluts, les pots, les pièges et autres engins de pêche abandonnés continuent de capturer les poissons au fond de l’océan. Au Canada, les relevés de déchets sur les plages ont révélé qu’une proportion élevée de déchets étaient en plastique. Une étude portant sur la plage de l’île Fogo, à Terre-Neuve, a révélé que 67 % des déchets plastiques qui s’y trouvaient mesuraient moins de 1 cm3Note . Les particules de microplastique (c.-à-d. celles de moins de 5 mm)Note soulèvent aussi des inquiétudes relatives à la pollution. Ces particules, en grande partie composées de fibres de polyester provenant du lavage à la machine de vêtements et d’autres textiles, peuvent être pris pour des aliments par des animaux qui se trouvent à un niveau inférieur de la chaîne alimentaire, et ensuite se retrouver dans les espèces prédatrices. Des études sur le contenu de l’estomac du fulmar boréal, un oiseau de mer qui s’alimente à la surface de l’océan, montrent que, depuis 2000, de 28 % à 63 % des oiseaux étudiés avaient au moins 0,1 gramme de plastique dans leur estomacNote .

Stocks de poissons et de mammifères marins

Les indicateurs biotiques tels que l’abondance, la diversité et la taille moyenne des espèces sont également d’une grande importance pour évaluer la condition des océans. Le phytoplancton, plante aquatique microscopique, est à la base du réseau alimentaire marin. Le phytoplancton est consommé par le zooplancton, le plancton animal, qui est un aliment essentiel pour de nombreux poissons et mammifères marinsNote . Les principales périodes de prolifération du phytoplancton se produisent au printemps et à l’automneNote . L’abondance, la composition, le moment et la durée de ces périodes de prolifération peuvent avoir des effets importants sur les réseaux alimentaires marins. Les mesures satellitaires de la chlorophylle dans les eaux de surface sont souvent utilisées pour estimer la production de phytoplancton, mais elles ne captent pas la production à des profondeurs plus importantes. Dans l’océan Atlantique, l’ampleur de la prolifération printanière a augmenté de 1999 à 2011, tandis que la durée a diminué. L’ampleur et la durée ont retrouvé un état moyen en 2016Note . Sur la côte du Pacifique, une étude récente laisse entendre qu’il n’y a pas de tendance à long terme dans les niveaux de chlorophylle dans le détroit de Georgia au cours des 100 dernières années, bien que d’autres recherches aient constaté une augmentation importante des niveaux de chlorophylle de 1997 à 2010Note .

En 2019, 52 des 176 stocks de poissons et de mammifères marins gérés par Pêches et Océans Canada et jugés importants sur les plans économique, culturel ou environnemental se trouvaient dans la zone saine (tableau 3.8), tandis que 29 stocks se trouvaient dans la zone de prudence et 25 se trouvaient dans la zone critiqueNote . Les données étaient insuffisantes pour évaluer l’état de 70 stocks, et plus d’un tiers de ces stocks incertains pouvaient être exposés à des risques pour la conservation. L’océan Arctique présente la plus forte proportion (76 %) de stocks marins dont l’état est incertain, tandis que l’océan Atlantique présente la plus forte proportion (51 %) de stocks dont l’état a été classé dans la zone de prudence, dans la zone critique ou dans la zone incertaine (avec un risque possible ou probable de dommage grave) (tableau 3.9). Sur les 25 stocks dans la zone critique, 13 sont des stocks de poisson de fond, dont 6 sont de morue. En décembre 2020, le Canada s’est engagé à gérer de façon durable 100 % des océans relevant de sa compétence d’ici 2025, à titre de l’un des 14 membres du groupe de haut niveau sur l’économie océanique durable (High Level panel for Sustainable Ocean Economy)Note .

Les espèces inscrites en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) se trouvent dans toutes les régions de l’Atlantique et du Pacifique du CanadaNote . Chez toutes les 225 espèces aquatiques (marines et d’eau douce), au moins une population est inscrite comme étant en péril en raison de sa condition en vertu de la LEP ou du Comité sur la situation des espèces en péril du Canada (COSEPAC)Note .

Étendue de la glace de mer

La glace de mer est une caractéristique déterminante des écosystèmes marins et côtiers de l’Arctique et se rencontre également dans les régions nordiques de l’Atlantique en hiver. L’étendue de la glace de mer varie selon la saison et les années. Toutefois, on a observé un déclin à long terme et généralisé de la glace de mer, attribuable au réchauffement du climat arctiqueNote . En particulier, au cours des 50 dernières années, on a observé une diminution de l’étendue de glace de mer en été et une augmentation des périodes saisonnières sans glace. À mesure que la glace fond, l’Arctique reflète moins de lumière solaireNote permettant à plus d’énergie solaire d’entrer dans l’océan. Le changement de la glace de mer peut avoir des effets directs et indirects sur toutes les composantes de l’écosystème marin et des environnements environnants. Par exemple, la perte de glace de mer et l’action des vagues peuvent provoquer l’érosion des côtes et des plate-formes de glace. En 2020, de grandes parties de la plate-forme de glace Milne sur l’île d’Ellesmere se sont détachéesNote . À mesure que les glaces datant de plusieurs années disparaissent, il devient plus facile pour les navires de traverser l’Arctique, ce qui entraîne une augmentation de l’activité humaine et du trafic maritime.

La diminution de la glace de mer peut avoir des effets d’entraînement dans toute la chaîne alimentaire, en commençant, par exemple, par des changements qui touchent les algues qui croissent sous la glace de mer, qui fournissent une énergie précoce critique pour les réseaux alimentaires marins arctiquesNote . Les changements dans la glace de mer peuvent aussi provoquer des changements dans le territoire et les méthodes de chasse d’espèces comme les ours polairesNote . À mesure que les eaux se réchauffent, les espèces du sud peuvent migrer vers le nord, ce qui peut modifier les interactions entre les populations et avoir une incidence sur les espèces qui n’ont plus nulle part où migrer. Les épaulards sont déjà de plus en plus présents dans les eaux arctiques, ce qui a des répercussions sur le comportement et la répartition des narvals et des baleines boréalesNote . Les Inuits subissent des répercussions sur les activités de récolte, car l’accès aux zones de chasse devient plus difficile et l’abondance et la répartition des espèces changentNote .

La glace de mer arctique atteint son niveau minimal en septembre et son niveau maximal vers la fin de février et le début de mars. L’étendue de la glace circumpolaire arctique minimale a atteint un creux historique au cours de l’été 2012; les deux autres creux les plus importants ont été enregistrés en 2020 et en 2019Note . Les eaux canadiennes ont également connu la plus petite étendue de glace de mer en 2012, mais 2011 et 1998 ont suivi avec la deuxième et la troisième plus petite superficie de glace. Dans l’ensemble de l’Arctique canadien, les cinq écorégions marines ont affiché des baisses prononcées de l’étendue de glace pour un mois de septembre au cours des quatre dernières décennies (graphique 3.5 et tableau 3.10).

La glace datant de plusieurs années est importante dans l’ArctiqueNote , car elle reflète plus de lumière que la glace de première année. En outre, la glace datant de plusieurs années est plus épaisse, stabilise le banc de glace, offre une meilleure protection contre l’érosion côtière et limite l’utilisation de brise-glace. La perte rapide de glace datant de plusieurs années dans le centre de l’océan Arctique permet à la glace de se déplacer plus librement, ce qui facilite la perte de glace de mer dans d’autres régions de l’ArctiqueNote . Pendant la saison estivale, les eaux du Nord du Canada ont connu des baisses dans la zone couverte par la glace de mer datant de plusieurs années de 7,4 % par décennie de 1968 à 2018 et des baisses décennales de 7,0 % de la superficie totale couverte par la glace de mer. Toutefois, la glace datant de plusieurs années dans l’Archipel arctique canadien de l’ouest est demeurée stableNote .

L’étendue maximale de la glace observée dans les trois écorégions marines de l’Atlantique a également diminué (graphique 3.6 et tableau 3.11). La formation de glace de mer commence en décembre sur la côte du sud du Labrador et en janvier dans le nord du golfe du Saint-Laurent. À la fin de janvier, les parties ouest et nord du golfe du Saint-Laurent sont recouvertes de glace. De janvier à mars, la banquise s’étend vers le sud à partir du Labrador le long de la côte Est de Terre-Neuve, et la répartition dépend de la sévérité des conditions hivernales et de la direction du vent. La fonte des glaces de mer commence vers la mi-mars, et le recul des glaces se fait à l’extrémité nord du détroit de Belle Isle en mai, ce qui permet aux icebergs de dériver vers les Grands Bancs de la côte Est, transportés par le courant du LabradorNote .

Modifications par l’humain

Bien que le fond marin soit une région de la terre relativement inexploréeNote , les humains ont eu des répercussions considérables sur certains fonds marins, surtout dans les eaux peu profondes. La pêche, surtout celle qui fait appel aux chalutiers de fond et aux filets fantômes, peut avoir une incidence importante sur le fond marinNote . Les chalutiers de fond détruisent les lits de corail et le couvert végétal, tandis que les filets fantômes et les chaluts perdus peuvent piéger les animauxNote . Les sites d’aquaculture, situés sur environ 400 km2 de la zone côtière canadienne (carte 3.12 et tableau 3.12), peuvent avoir une incidence importante sur les zones côtières et la biodiversitéNote . Des études menées au CanadaNote , en NorvègeNote et en ÉcosseNote ont porté sur la transmission du pou de mer des exploitations de piscicultures au saumon sauvage. On craint également que les populations de saumons qui se sont évadées puissent établir des populations de reproduction. En effet, on a trouvé des preuves que le saumon de l’Atlantique a frayé dans trois cours d’eau en Colombie-BritanniqueNote . L’aquaculture des mollusques crée un habitat supplémentaire dans la colonne d’eau, ce qui peut avoir une incidence positive sur la biomasse pélagique et la productivité. Toutefois, cela peut également être liée à la réduction de la biomasse du phytoplancton locale et à l’établissement d’espèces non indigènesNote .

Les zones détenant un permis pour la production pétrolière et gazière extracôtière couvrent une superficie de 1 018 km2, située sur la plate-forme de Terre-Neuve et la plate-forme Néo-écossaise. Les permis de découvertes importantes, qui indiquent où la production pourrait être autorisée à l’avenir, couvrent un total de 7 534 km2, et les permis relatifs à l’exploration couvrent 51 491 km2. Le Canada applique un moratoire sur les activités pétrolières et gazières sur la côte Ouest depuis 1972 et sur les nouvelles activités dans l’océan Arctique depuis 2016. Depuis 2019, toute activité pétrolière et gazière est interdite dans les eaux des zones extracôtières de l’Arctique canadienNote . L’exploration pétrolière et gazière perturbe le fond de l’océan et crée des risques de pollution en raison des fuites et des déversements d’hydrocarbures, bien que les anciennes plates-formes puissent aussi fournir un abri et un habitat à des espèces comme le corailNote , la morue, le poisson plat et même les marsouinsNote .

Les ports, les îles artificielles et l’infrastructure comme le pont de la Confédération, qui relie l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick, perturbent le fond de l’océan et créent de nouvelles sources de bruit anthropique. L’augmentation des niveaux de bruit ambiant peut avoir des répercussions sur de nombreuses espèces, comme les baleines, et peut même avoir une incidence sur le développement des œufs de poisson et des larvesNote . Les routes de navigation ont d’importantes répercussions sur les espèces migratrices et, récemment, il a fallu ralentir le trafic pour réduire le bruit qui a des conséquences pour les épaulards qui vivent au sud et réduire le risque de collisions avec les navires pour protéger des espèces comme la baleine noire de l’Atlantique NordNote .

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Encadré : Conservation de la biodiversité

Les aires protégées jouent un rôle important dans la conservation de la nature et de la diversité. La première cible des Buts et objectifs canadiens relatifs à la biodiversité d’ici 2020, qui se rapportaient à l’objectif 11 d’Aichi sur la diversité à l’échelle mondiale, consistait à conserver 17 % des zones terrestres et d’eaux intérieures et 10 % des zones côtières et marines d’ici 2020 par l’entremise d’aires protégées et d’autres mesures efficaces de conservationNote . Les objectifs des aires protégées sont de prévenir la détérioration des aires naturelles en raison de pressions et de menaces croissantes et de conserver la biodiversité, les conditions naturelles et les valeurs et services connexes. Bien que l’objectif principal des aires conservées dans le cadre d’autres mesures efficaces de conservation par zone puisse être différent, ces mesures ont également pour effet de protéger la biodiversitéNote .

Au Canada, les aires protégéesNote ou conservées par le gouvernement fédéral comprennent les parcs nationaux, les aires marines nationales de conservation, les réserves nationales de faune, les refuges d’oiseaux migrateurs et les zones de protection marines (ZPM). Les désignations provinciales et territoriales pour les aires protégées ou conservées comprennent, entre autres, le parc provincial, le parc territorial, le parc marin, la réserve faunique de parc sauvage, la réserve naturelle, la réserve de biodiversité, l’aire de nature sauvage et l’aire de protection de l’habitat. D’autres aires sont protégées ou conservées par les peuples autochtones, par la gouvernance collaborative et par des organismes sans but lucratif comme Conservation de la nature Canada, Canards Illimités ou des fiducies foncières.

En décembre 2020, 12,5 % de la superficie des zones terrestres et d’eaux intérieures du Canada était conservée, principalement dans des parcs ou des refuges d’oiseaux migrateurs (carte 3.12 et tableau 3.13). Ces zones relèvent de différentes catégories de protection et de gestion, et certaines sont confrontées à des menaces, dont le changement climatique, la fragmentation, les espèces envahissantes et les utilisations ou activités incompatibles des terres dans les zones adjacentes aux aires protégéesNote . Les montagnes Wrangel, qui sont presque entièrement protégées et conservées, sont l’écoprovince qui compte le plus grand pourcentage d’aires protégées. Toutefois, dans la plupart des écoprovinces, le pourcentage de la zone terrestre protégée est inférieur à l’objectif.

En août 2019, le Canada a dépassé son objectif de conservation des secteurs marins et côtiers, 13,8 % de la ZEE ayant été conservée, après l’ajout de l’aire marine protégée de Tuvaijuittuq dans le bassin arctique (tableau 3.14)Note . Le Canada s’est récemment engagé à conserver 25 % de sa ZEE dès 2025, et visera à atteindre 30 % d’ici 2030Note . Les aires marines protégées et conservées varient au chapitre de leurs règlements et du type d’activités autorisées. Bien qu’un éventail d’activités et de niveaux de gestion soit permis, de nouvelles normes introduites en 2019 interdiront les activités pétrolières et gazières, l’exploitation minière, le déversement et le chalutage de fond dans les aires marines protégées fédéralesNote . La ZPM du chenal Laurentien, désignée en 2019, a été la première à suivre ces nouvelles normes de protectionNote . Ces types d’activités économiques peuvent se produire dans des aires protégées par d’autres mesures de conservation, comme les refuges marins. Toutefois, les aires où l’extraction de pétrole et de gaz se déroule ne contribuent pas à l’atteinte de la cible de conservation marine.

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