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Sables mouvants au Canada : production, distribution et répercussions du pétrole, de 2005 à 2014

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par Lawrence McKeown avec Corben Bristow et Anthony Caouette, Division de la statistique de l’environnement, de l’énergie et des transports

Date de diffusion : le 12 juillet 2016
Début de l'encadré Fin de l'encadré

Sables mouvants

En 2008, le secteur de l’énergie du Canada semblait avoir atteint un tournant. Depuis 2002, le Canada fait face à une incessante montée du prix du pétrole brut, ce qui a donné lieu à des préoccupations au sujet des répercussions des prix plus élevés sur les consommateurs canadiensNote 1. Malgré les vastes réserves de pétrole brut au Canada, près de la moitié du pétrole brut raffiné au pays était importé. Toutefois, cette même année, la hausse des prix du pétrole a aussi contribué à faire de l’énergie la principale source de revenus d’exportation au Canada, devant les véhicules automobiles et les pièces pour véhicules automobiles.

En 2015, le règne de l’énergie en tant que principale source de revenus d’exportation au Canada a pris fin en raison de la diminution des prix du pétrole, qui est devenue une source de préoccupationNote 2. La planète était aux prises avec une offre excédentaire de pétrole découlant de la demande changeante et de l’offre de pétrole brut non classique. Au Canada, l’augmentation de la production de pétrole a mené à la modification des réseaux de distribution aux raffineries et aux divers marchés. Ensemble, ces changements peuvent aussi avoir des conséquences environnementales.

Le présent article porte sur les tendances de la production et de la distribution du pétrole au Canada de 2005 à 2014, ainsi que sur certaines répercussions éventuelles. Les auteurs s’intéressent particulièrement à deux préoccupations environnementales possibles découlant de ces tendances : le risque d’accidents pendant le transport et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) liés à la croissance globale de l’industrie, ainsi que l’augmentation du volume d’extraction des réserves de pétrole non classiqueNote 3.

Début de l'encadré

Ce qu’il faut savoir à propos de cette étude

Les données utilisées pour la rédaction du présent article proviennent des programmes de l’environnement, de l’énergie et des transports de Statistique Canada, et des tableaux CANSIM correspondants (dont les numéros sont fournis). Les autres sources de données comprennent le Système d’information sur les accidents concernant les marchandises dangereuses de Transports Canada, la base de données sur les événements ferroviaires et la base de données sur les événements de pipeline du Bureau de la sécurité des transports du Canada ainsi que le Rapport d’inventaire national : Sources et puits de gaz à effet de serre au Canada d’Environnement et Changement climatique Canada.

Définitions

Pétrole brut – Un hydrocarbure naturel résultant de la décomposition de matières organiques dans le sol sous l’effet de températures extrêmement élevées et d’une pression pendant des millions d’années. Le pétrole brut présente une viscosité changeante selon sa composition d’hydrocarbures.

Marchandises dangereuses de la classe 3 – Liquides inflammables et de combustibles, y compris le pétrole brut; il s’agit de l’une des neuf classes de matières dangereuses établies par la Loi de 1992 sur le transport des marchandises dangereuses.

Pétrole brut bitumineux – La forme la plus épaisse et lourde de pétrole brut, qui doit être chauffée ou diluée avant de pouvoir s’écouler. Une raffinerie de pétrole classique doit être modifiée pour pouvoir traiter du pétrole brut bitumineux, sans quoi celui-ci doit faire l’objet d’un traitement supplémentaire à une installation de valorisation.

Diluant – Un liquide utilisé pour réduire la viscosité des bruts plus lourds, comme le brut bitumineux, afin de permettre leur écoulement dans un pipeline. Le diluant le plus souvent utilisé pour le transport du pétrole brut dans l’Ouest canadien est le condensat.

Pétrole brut lourd – Ce pétrole brut, dont la densité se chiffre à 900 kg/m3 ou plus, nécessite l’ajout d’un diluant afin de pouvoir s’écouler. Bien qu’il puisse être raffiné pour créer des produits à moindre prix tels que du bitume ou du mazout lourd, ce pétrole doit être davantage raffiné pour créer des produits de grande valeur.

Pétrole brut léger et moyen – D’une densité inférieure à 900 kg/m3, le pétrole brut léger à moyen s’écoule librement à la température ambiante. En général, le pétrole brut léger se vend à des prix plus élevés, puisqu’il peut être raffiné plus facilement afin de produire des produits en grande demande, tels que l’essence à moteur.

Pétrole brut synthétique – Produit obtenu de la valorisation du pétrole brut extra lourd ou du pétrole brut bitumineux des sables bitumineux; cette forme intermédiaire de pétrole brut peut être envoyée aux raffineries classiques aux fins de traitement supplémentaire en vue de produire des produits à valeur plus élevée.

Un baril de pétrole américain équivaut à 0,15891 mètre cube (m3).

Fin de l'encadré

Production : transition au pétrole non conventionnel

L’industrie canadienne du pétrole a beaucoup évolué depuis le forage du premier puits de pétrole il y a plus de 150 ans à Oil Springs, en Ontario. En 1947, la découverte de vastes réserves de pétrole près de Leduc, en Alberta, a contribué à une transformation fondamentale de l’économie albertaine. Ainsi, il y a près de 50 ans, le pétrole brut provenant de sables bitumineux était valorisé pour la première fois en Alberta et, depuis, la capacité de valorisation de la province n’a cessé de croître. Au cours des 20 dernières années, on a commencé à exploiter les réserves de pétrole au large de Terre-Neuve-et-Labrador. Plus récemment, les champs pétroliers de Bakken, en Saskatchewan, sont devenus viables sur le plan commercial en raison de la hausse des prix et des progrès technologiques réalisés quant aux méthodes d’extraction.

Le pétrole brut est un mélange constitué d’hydrocarbures contenu dans une nappe souterraine. La méthode habituelle d’extraction du pétrole consiste à forer un puits jusqu’au réservoir et à récupérer le pétrole au moyen d’une pompe, ou en le laissant remonter à la surface grâce à la pression naturelle. Les avancées technologiques dans le domaine de l’exploration et de l’extraction ont toutefois permis l’exploitation d’autres réserves, soit les réserves de pétrole brut classiques, au moyen du forage horizontal, méthode qui consiste à pomper les liquides (« fracturation hydraulique ») pour fracturer la formation géologique, ce qui facilite l’écoulement du pétrole, et les réserves de pétrole non classique au moyen de l’extraction de sables bitumineux in situ, méthode fondée sur l’utilisation de la vapeur pour faciliter l’écoulement du pétrole brut bitumineux. Cependant, ces méthodes plus récentes engendrent des coûts de production plus élevés et pourraient présenter des incidences environnementales plus importantes sur le plan de la production (c.-à-d. que ces méthodes d’extraction sont plus énergivores) et de la distribution (c.-à-d. qu’elles sont utilisées dans des endroits plus éloignés).

Malgré la baisse des réserves classiques, les prix mondiaux à la hausse et les progrès technologiques dans le domaine de l’extraction ont stimulé une croissance de la production canadienne de pétrole brut de 50 % de 2005 à 2014 (graphique 1). En effet, 2014 était la cinquième année consécutive où le pétrole brut représentait la plus grande part de la production d’énergie au Canada, après avoir détrôné le gaz naturel de cette positionNote 4. Toutefois, la contribution combinée de la production de pétrole léger, moyen et lourd a affiché un recul, passant de près de 60 % de la production totale d’énergie en 2005 à moins de 40 % en 2014. La hausse observée était en majeure partie (97 %) attribuable à la croissance de l’extraction de pétrole brut bitumineux non classique et de la production de pétrole brut synthétique.

Graphique 1 Production totale de pétrole brut au Canada, 2005 à 2014

Tableau de données du graphique 1
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Années (titres de rangée) et Pétrole brut lourd, Pétrole brut léger et moyen, Pétrole brut synthétique et Pétrole brut bitumineux, calculées selon millions de mètres cubes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Années Pétrole brut lourd Pétrole brut léger et moyen Pétrole brut synthétique Pétrole brut bitumineux
mètres cubes
2005 30 497 700 48 420 800 21 932 500 35 325 900
2006 29 986 500 48 094 500 28 764 200 36 942 400
2007 29 023 100 51 549 200 39 859 400 29 158 000
2008 27 071 400 51 416 400 38 024 100 31 901 700
2009 25 214 600 45 433 400 44 405 800 32 943 900
2010 24 625 900 46 587 600 46 110 500 39 400 400
2011 24 845 400 48 332 700 49 375 100 44 208 700
2012 26 264 500 49 881 500 52 455 200 52 086 600
2013 26 445 500 53 738 200 54 328 100 58 633 600
2014 26 798 400 54 495 100 55 345 900 70 313 700

Distribution : acheminement du pétrole vers les marchés

Dans sa forme brute, le pétrole a une valeur économique limitée et est acheminé à une raffinerie de pétrole, où il est transformé en une gamme de produits tels que de l’essence à moteur, du carburant d’aviation, du bitume et du propane. Les produits d’une raffinerie dépendent en partie du type de pétrole brut utilisé comme produit de départ. Par exemple, les formes de pétrole brut plus légères produisent une plus grande proportion de produits légers à valeur élevée, comme l’essence à moteur. Bien que certaines raffineries de pétrole soient situées dans l’Ouest canadien, la majorité du pétrole brut canadien est traité dans des raffineries situées près des marchés de l’Est qui possèdent l’équipement nécessaire pour raffiner du pétrole importé, qui est bien souvent du pétrole brut léger. En outre, le réseau de pipelines du Canada a été conçu pour desservir ces raffineries.

On extrait de plus en plus de pétrole à partir de réserves non classiques, qui se trouvent souvent dans des régions éloignées. En particulier, le pétrole brut bitumineux issu des sables bitumineux est un type de pétrole très lourd et très visqueux. Il faut par conséquent ajouter un diluant au pétrole bitumineux, de sorte qu’il puisse être acheminé dans les pipelines, ce qui fait augmenter les coûts de transport. Et, en théorie, une matière brute lourde telle que le pétrole brut bitumineux devrait être traitée plus près de sa source d’extraction. Le pétrole bitumineux nécessite souvent un traitement dans une installation de valorisation afin d’en éliminer le carbone par cokéfaction ou d’y ajouter de l’hydrogène. Ce traitement permet de produire du pétrole brut synthétique de plus grande valeur que l’on peut plus facilement acheminer par pipeline aux fins de raffinage classique.

Pendant la période à l’étude, la croissance de la production de pétrole brut du Canada a mené à une hausse des niveaux d’exportations, qui ont augmenté de 80 % depuis 2005 pour se chiffrer à plus de 165 millions de mètres cubes (m3) en 2014 (graphique 2). Au cours de la même période, les importations ont reculé de 42 %, passant d’environ 54 millions de mètres cubes en 2005 à un peu plus de 31 millions de mètres cubes en 2014. Malgré ces changements, la capacité de raffinage est demeurée plus ou moins stable, tant sur le plan de la portée que des emplacements. Bien que la canalisation principale semble insuffisante pour répondre à la hausse du volume de production de pétrole à long terme, on a observé à court terme une augmentation du volume de pétrole brut acheminé vers les marchés au moyen de l’une ou l’autre des deux méthodes suivantes.

Tout d’abord, l’amélioration de la capacité du réseau de pipelines existant a permis l’extraction d’un plus grand volume de pétrole par pompage. Ainsi, de 2005 à 2014, le volume total net de livraisons de pétrole brut par pipeline a augmenté de 58 %, ou d’environ 117 millions de mètres cubes. Plus de la moitié de cette augmentation était attribuable à une hausse des exportations, laquelle a été possible grâce à une combinaison de nouveaux tronçons pipeliniers clésNote 5 et de conversions de certaines canalisations (c.-à-d. du gaz naturel au pétrole). Un autre facteur important qui a contribué à cette hausse globale était l’augmentation des livraisons nettes aux usines grâce au débit accru du réseau découlant de l’utilisation de pompes plus puissantes, et aux conversions et inversions de canalisations qui modifient l’orientation du fluxNote 6.

Graphique 2 Importations et exportations de pétrole brut canadien, 2005 à 2014

Tableau de données du graphique 2
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2. Les données sont présentées selon Années (titres de rangée) et Importations et Exportations, calculées selon millions de mètres cubes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Années Importations Exportations
millions de mètres cubes
2005 54 92
2006 49 103
2007 50 106
2008 49 109
2009 47 109
2010 45 113
2011 39 129
2012 43 139
2013 38 152
2014 31 165

Une autre façon de transporter le pétrole, qui contribue en partie à la hausse des livraisons de 2005 à 2014, est le transport ferroviaire. En effet, les livraisons de pétrole brut par pipeline classées dans la catégorie « Livraisons nettes à d'autres », qui comprend les installations ferroviaires de chargement, ont augmenté d’environ 8 millions de mètres cubes en 2005 à près de 22 millions de mètres cubes en 2014. Le transport ferroviaire de pétrole brut est maintenant considéré comme une solution à court terme nécessaire en raison de la capacité insuffisante du réseau de pipelines. Effectivement, le nombre de wagons de « mazout et de pétrole brut » acheminés par les transporteurs ferroviaires canadiens a triplé entre 2005 et 2014, la croissance s’étant produite après 2011 (graphique 3)Note 7.

Graphique 3 Chargements ferroviaires, mazout et pétrole brut, Canada, 2005 à 2014

Tableau de données du graphique 3
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3. Les données sont présentées selon Années (titres de rangée) et Missing french text, calculées selon nombre de wagons unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Années Mazout et pétrole brut
nombre de wagons
2005 63 512
2006 60 650
2007 68 064
2008 64 368
2009 62 908
2010 64 312
2011 68 158
2012 112 907
2013 164 221
2014 186 614

Répercussions environnementales : risque d’accidents

L’expédition d’un volume élevé de pétrole vers des raffineries ou des marchés d’exportation présente-t-elle un risque accru? La récente croissance de la production de pétrole au Canada a suscité un débat au sujet de la méthode d’expédition du pétrole brut la plus appropriée, opposant souvent la construction de pipelines à l’expédition ferroviaire accrue de pétroleNote 8. Deux sources de données sont utilisées pour éclairer la question de la sécurité : (1) le Système d’information sur les accidents concernant les marchandises dangereuses (SIACMD) de Transports Canada; et, (2) la base de données sur les événements ferroviaires et la base de données sur les événements de pipeline du Bureau de la sécurité des transports (BST).

Le Règlement sur le transport des marchandises dangereuses (article 8) prévoit que toute personne qui est en possession de marchandises dangereuses doit faire état de tout accident à Transports CanadaNote 9; les données du SIACMD sont ensuite publiées par Statistique Canada (dans les tableaux CANSIM 409-0001 à 409-0010). Le nombre total d’accidents concernant des marchandises dangereuses à signaler a diminué à la suite du ralentissement économique de 2008 (graphique 4). La majorité des accidents concernant des marchandises dangereuses à signaler se produisent pendant la manipulation de celles-ci aux installations (c.-à-d. gares, ports et entrepôts) plutôt que pendant leur transport. Parmi les accidents qui ont lieu pendant le transport, la grande majorité se produisent pendant le transport routier, alors que la proportion d’accidents concernant des marchandises dangereuses qui se produisent lors du transport ferroviaire varie entre 1 % et 2 % du total.

Graphique 4 Nombre d’accidents concernant des marchandises dangereuses à signaler, selon le mode de transport, Canada, 2005 à 2014

Tableau de données du graphique 4
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4. Les données sont présentées selon Années (titres de rangée) et Accidents routiers, Accidents ferroviaires, Accidents aux installations et Autres, calculées selon nombre d'accidents unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Années Accidents routiers Accidents ferroviaires Accidents aux installations Autres
nombre d'accidents
2005 129 8 244 5
2006 102 4 272 7
2007 126 9 282 8
2008 115 6 310 4
2009 78 5 242 0
2010 95 5 203 1
2011 91 3 249 2
2012 84 2 310 1
2013 105 8 273 5
2014 111 6 270 3

Le pétrole brut est habituellement transporté en tant que marchandise dangereuse de classe 3 (Liquides inflammables), et nécessite par conséquent le signalement de tout rejet accidentel de 200 litres ou plus. Le nombre d’accidents concernant des produits de pétrole brut a diminué après le ralentissement économique de 2008, mais il augmente constamment depuis et dépasse maintenant le nombre d’accidents concernant toutes les autres marchandises dangereuses (graphique 5). Comme il a été mentionné précédemment, la majorité de ces accidents se produisent aux installations telles que « des installations d’entreposage en vrac ». Par exemple, en 2014, environ de 70 % de tous les accidents concernant des marchandises dangereuses se sont produits dans une installation, les principaux événements déclencheurs signalés étant les suivants : « chargement, déchargement, manutention incorrects » (32 %), « trop-plein » (25 %) et « raccords, appareils de robinetterie, couvercles de dôme défectueux » (24 %).

Graphique 5 Nombre d’accidents concernant des marchandises dangereuses, selon la marchandise dangereuse, Canada, 2005 à 2014

Tableau de données du graphique 5
Tableau de données du graphique 5
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 5. Les données sont présentées selon Années (titres de rangée) et Produits de pétrole brut et Autres marchandises dangereuses, calculées selon nombre d'accidents unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Années Produits de pétrole brut Autres marchandises dangereuses
nombre d'accidents
2005 107 159
2006 128 153
2007 165 172
2008 175 179
2009 103 154
2010 123 131
2011 124 143
2012 196 117
2013 283 149
2014 219 127

Une autre source d’information est le Règlement sur le BST pris en vertu de la Loi sur le Bureau canadien d’enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports. Celui-ci prévoit que l’exploitant de pipelines doit faire rapport au Bureau de tout accident de pipeline dans certains cas (p. ex., en cas de rejet du produit, de blessures ou de dommages). De 2005 à 2014, il y a eu en moyenne 55 accidents de pipeline de pétrole chaque année, 84 % d’entre eux menant au rejet de pétrole brut, de condensat ou d’un produit raffiné (graphique 6). Le volume moyen de produit rejeté non égal à zéro était de 36 m3 par accident. Toutefois, cette valeur pourrait ne pas tenir compte de la quantité réelle rejetée, puisque les rapports obligatoires de la quantité rejetée n’ont été instaurés qu’en juillet 2014Note 10.

Graphique 6 Accidents de pipeline de pétrole, Canada, 2005 à 2014

Tableau de données du graphique 6
Tableau de données du graphique 6
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 6. Les données sont présentées selon Années (titres de rangée) et Accidents de pipeline à haute et basse pression de vapeur et Accidents donnant lieu à un rejet de pétrole brut, de condensat ou autre, calculées selon nombre d'accidents unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Années Accidents de pipeline à haute et basse pression de vapeur Accidents donnant lieu à un rejet de pétrole brut, de condensat ou autre
nombre d'accidents
2005 46 42
2006 34 29
2007 35 29
2008 36 30
2009 49 40
2010 71 64
2011 88 76
2012 91 79
2013 47 37
2014 53 37

En plus des accidents signalés au BST, d’autres accidents de pipeline importants se sont produits, à la fois après la période d’étude et par un exploitant canadien à l’extérieur du CanadaNote 11.

Au même titre que les exploitants de pipeline, les exploitants de matériel roulant et les exploitants ferroviaires doivent faire état de tout accident ferroviaire au BST. Depuis 2014, on entend par déraillement « toute occasion où une ou plusieurs roues du matériel roulant quittent la surface de roulement normale des rails ». De 2005 à 2014, en moyenne 780 déraillements de train étaient signalés par année au Canada, plus de 85 % de ceux-ci s’étant produit sur des voies ne faisant pas partie du réseau principal (p. ex., embranchements, voies d’évitement ou gares de triage). En moyenne, moins du tiers (31 %) du nombre total de déraillements étaient liés à des trains comptant des wagons transportant des marchandises dangereuses, et seulement un petit nombre ont mené à un rejet (graphique 7).

En 2013, six déraillements ont donné lieu à un rejet de marchandises dangereuses. Toutefois, l’un de ces six déraillements concernait le déraillement d’un train de l’entreprise Montreal, Maine & Atlantic Railway sur une voie principale en juillet dans la ville de Lac Mégantic, au Québec. Cet accident a donné lieu à un rejet d’une grande quantité de pétrole brut, qui a engendré une explosion, un incendie, une évacuation, d’importants dommages à la collectivité touchée ainsi que 47 décès. Depuis cette catastrophe, le débat politique sur les avantages du transport ferroviaire de pétrole brut par rapport à la construction d’autres pipelines s’est intensifié (voir la note de bas de page no 8).

Graphique 7 Déraillements de trains transportant des marchandises dangereuses, Canada, 2005 à 2014

Tableau de données du graphique 7
Tableau de données du graphique 7
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 7. Les données sont présentées selon Années (titres de rangée) et Accidents concernant des wagons de marchandises dangereuses et Accidents donnant lieu au rejet de marchandises dangereuses, calculées selon nombre d'accidents unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Années Accidents concernant des wagons de marchandises dangereuses Accidents donnant lieu au rejet de marchandises dangereuses
nombre d'accidents
2005 158 7
2006 146 4
2007 161 3
2008 127 2
2009 103 3
2010 113 3
2011 104 3
2012 102 2
2013 122 6
2014 143 4

Répercussions environnementales : augmentation des émissions

L’augmentation constante des prix du pétrole sur la scène internationale qui a commencé vers 2002, jusqu’en 2014, a soutenu les progrès technologiques dans le secteur de l’extraction et a rendu les réserves non classiques plus viables sur le plan commercial. Encore une fois, cette croissance a contribué à modifier la composition de la production de pétrole au Canada. En les mesurant sur toute la chaîne d’approvisionnement (c.-à-d. l’extraction, le transport, le raffinage, la commercialisation et la combustion), on a estimé que certaines formes de pétrole brut lourdes issues des réserves non classiques produisent des émissions de dioxyde de carbone (CO2) équivalant à environ une fois et demie la quantité par baril émise par les formes de pétrole brut plus légèresNote 12.

Le Canada a éprouvé une augmentation de 85 mégatonnes d’émissions de GES entre 1990 et 2014 dans le secteur du pétrole et du gaz étant donné un niveau plus élevé de production de pétrole et d’extraction des sables bitumineuxNote 13. Si l’on répartit les émissions en fonction de l’activité ou du secteur économique, en 2012, le secteur du pétrole et du gaz naturel s’est classé au premier rang des facteurs contribuant aux émissions de GES au Canada, surpassant le secteur des transports (graphique 8). En 2014, le secteur entier de pétrole et de gaz a généré plus du quart (26,2 %) des émissions du Canada, avec le secteur des sables bitumineux générant à eux seuls 9,3 %.

À ce titre, et compte tenu du volume des exportations de pétrole du Canada (graphique 2), la récente expansion du secteur du pétrole et du gaz contribue grandement aux émissions de GES associées à la production de marchandises aux fins d’exportation. En 2012, on a estimé que le « pétrole brut classique et synthétique » et le « bitume naturel et dilué » ont généré, ensemble, 28 % des 295 mégatonnes d’émissions de GES associées aux exportations de marchandises canadiennesNote 14.

Graphique 8 Part des émissions totales de gaz à effet de serre, par secteur, Canada, 2005 à 2014

Tableau de données du graphique 8
Tableau de données du graphique 8
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 8. Les données sont présentées selon Années (titres de rangée) et Pétrole et gaz (excluant les sables bitumineux), Sables bitumineux et Transport, calculées selon pourcentage des émissions totales unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Années Pétrole et gaz (excluant les sables bitumineux) Sables bitumineux Transport
pourcentage des émissions totales
2005 16,73 4,55 22,89
2006 16,80 5,28 23,17
2007 16,62 5,54 22,82
2008 16,10 5,82 23,14
2009 16,09 6,90 24,14
2010 15,44 7,51 24,50
2011 15,35 7,75 23,94
2012 16,16 8,36 23,80
2013 16,83 8,76 23,80
2014 16,94 9,29 23,36

La baisse récente des prix du pétrole continue de toucher le secteur canadien de l’énergie. Cependant, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) affirme que, bien que l’approvisionnement global de pétrole provenant de la majorité des pays non membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) puisse se diriger vers une diminution importante, la production du Canada a augmenté en 2015 avec une nouvelle augmentation prévue en 2016Note 15. Par conséquent, les vastes discussions stratégiques sur le rôle du secteur de l’énergie dans l’économie canadienne devraient se poursuivre, y compris les préoccupations au sujet du risque d’accidents lié aux livraisons (c.-à-d. par pipeline comparativement au transport ferroviaire) et de la part des émissions de GES produites par le secteur de l’énergie.

Notes


Date de modification :