Les comportements pro-environnementaux des ménages canadiens et l'impact sur la consommation d'énergie résidentielle

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Serge Legault, Division des enquêtes spéciales

Au cours de la dernière décennie, on a observé une hausse de l'adoption de comportements pro-environnementaux par les ménages canadiens 11 . On constate néanmoins que la consommation énergétique résidentielle est en croissance pour la même période.

Intuitivement, on pourrait croire que les ménages déclarant un niveau plus élevé d'actions pro-environnementales sont par conséquent ceux ayant un impact moins important sur la consommation d'énergie. Jusqu'à tout récemment, cette hypothèse était difficile à valider ou à réfuter en raison du manque d'information disponible. Cependant, grâce à l'Enquête sur les ménages et l'environnement (EME) de 2007, il est maintenant possible de vérifier cette hypothèse pour les ménages canadiens.

Ce que vous devriez savoir au sujet de la présente étude

L'Enquête sur les ménages et l'environnement (EME) de 2007 ainsi que son supplément sur la consommation d'énergie ont été utilisés pour mener cette étude. Le cycle 2007 de l'EME comportait deux volets : dans un premier temps, une enquête téléphonique visant à recueillir de l'information sur les pratiques et comportements des ménages canadiens en matière d'environnement a été menée. Dans un deuxième temps, un questionnaire-papier portant sur les caractéristiques du logement, les appareils électroménagers, les appareils électriques, le système de chauffage et de climatisation ainsi que la consommation résidentielle d'énergie pour l'année civile 2007 a été envoyé à tous les répondants de la portion téléphonique. La taille finale de l'échantillon probabiliste est de 11 241 ménages.

L'EME combinée avec son supplément contient donc l'information requise pour analyser le lien entre le comportement pro-environnemental et la consommation d'énergie des ménages canadiens.

Tendances de la consommation énergétique résidentielle au Canada, 1990 à 2007

L'intensité énergétique est la quantité totale d'énergie consommée par unité de superficie chauffée, exprimée en gigajoules par mètre carré (GJ/m2). Depuis le début des années 1990, on observe chez les ménages canadiens une diminution de l'intensité énergétique d'environ 20 % (graphique 4). Une plus grande conscientisation, les campagnes de sensibilisation, les incitatifs économiques et une plus grande disponibilité de biens à rendement énergétique optimal ne sont sans doute pas étranger à ce phénomène. Toutefois, comme le démontre le graphique 5, la consommation résidentielle a augmenté d'un peu plus de 10 % malgré les gains en efficacité faits au cours de la période allant de 1990 à 2007. Kriström 12  a fait un constat similaire dans un rapport présenté à l'OCDE qui stipule que les améliorations en efficacité sont souvent éclipsées par une hausse de la demande.

Développement de l'indice vert et identification des ménages verts

La contribution en ce qui a trait au comportement pro-environnemental est mesurée avec l'aide d'un indice (indice vert). L'indice vert utilisé dans le cadre de cette étude a été calculé en utilisant 36 variables issues de l'EME de 2007. Il se compose de variables portant sur des pratiques ou comportements écologique variés tels que la conservation de l'eau, le compostage et le recyclage, les décisions en matière de transport, les décisions en matière d'achats et les mesures prises en ce qui concerne le chauffage et la climatisation du logement (voir la liste « Composantes de l'indice vert » à la fin de cet article pour plus de détails).

Pour calculer l'indice vert du ménage, on effectue le rapport entre la somme des comportements pro-environnementaux rapportés (chaque « bonne » réponse vaut un point) et le nombre de questions pour lesquelles le ménage était éligible. Par exemple, les ménages n'étant pas desservis par un programme de recyclage dans leur secteur ne sont pas « pénalisés » s'ils ne recyclent pas. Les ménages sont par la suite triés selon l'ordre croissant de l'indice vert obtenu. Les unités se situant dans le quartile supérieur sont ensuite désignées comme étant les ménages verts, c'est-à-dire ceux qui affichent la meilleure conduite écologique par rapport aux autres unités.

Le développement d'un tel indice est nécessairement de nature subjective. Cependant, il est en partie inspiré d'autres indices similaires comme le GreendexTM du National Geographic 13 . Cet indice est utilisé depuis 2008 pour effectuer des comparaisons internationales du comportement pro-environnemental de 17 pays (dont le Canada).

Profil des répondants selon l'indice vert

Les variables les plus souvent mentionnées dans les études 14 , 15  visant à expliquer la consommation d'énergie sont les suivantes : le type de logement, le revenu, le niveau d'éducation et la taille du ménage. En plus de ces variables, la superficie du logement et le mode d'occupation sont considérées dans le cadre de cette étude. Le tableau 2 présente le profil des ménages en fonction du résultat obtenu lors du calcul de l'indice vert.

Certaines tendances lourdes se dégagent de l'analyse du tableau 2. On constate que les ménages verts affichent un profil socio-économique différent des autres ménages. Plus spécifiquement, on pourrait qualifier les ménages verts comme étant plus scolarisés, plus riches, comprenant plus de membres, majoritairement propriétaires de leur logement et demeurant dans des résidences individuelles possédant une superficie chauffée plus élevée que la moyenne. Les ménages verts consomment également 15 % plus d'énergie pour leurs logements que les autres ménages. Ce dernier résultat peut sembler contradictoire mais les recherches effectuées par Gatersleben et al. 16  concluent que le lien entre les attitudes et les comportements pro-environnementaux et la consommation énergétique est généralement faible.

La consommation d'énergie des ménages semble donc plutôt imputable à des facteurs socio-économiques et le comportement pro-environnemental n'aurait que peu d'incidence. Par exemple, les ménages les plus consciencieux sont souvent ceux ayant un revenu plus élevé que la moyenne et, par le fait même, un niveau de consommation énergétique plus élevé dû à leur mode de vie.

Les résultats d'études empiriques 17  démontrent que malgré le fait que les gens sont d'accord pour dire que l'on doit en faire davantage pour protéger l'environnement, les comportements pro-environnementaux requérant peu d'investissement de temps et d'argent sont les plus souvent adoptés et ces derniers ont habituellement un impact mineur sur la consommation d'énergie.

Liens entre le comportement pro-environnemental et la consommation d'énergie

Les facteurs pouvant expliquer la consommation d'énergie sont nombreux. Un des meilleurs outils pour isoler les effets de ces facteurs est la régression multiple.

Un modèle de régression multiple a donc été élaboré pour tenter d'identifier les principaux facteurs pouvant « expliquer » la consommation d'énergie au niveau du ménage et déterminer si le comportement pro-environnemental tel qu'établi à partir de l'indice vert est significatif (tableau 3, modèle 1).

La variable dépendante est la consommation annuelle d'énergie telle qu'obtenue par l'EME.

Les variables indépendantes ou explicatives sont les suivantes : 

  1. le type de logement
  2. le revenu
  3. le plus haut niveau d'éducation atteint par un membre du ménage
  4. la taille du ménage
  5. la superficie chauffée du logement
  6. le mode d'occupation (propriétaire ou locataire).

En plus de ces variables, une variable indépendante indiquant si le ménage est un ménage vert a été ajoutée dans le modèle. Une régression multiple a été effectuée en considérant le plan de sondage probabiliste de l'EME.

Les résultats de la régression multiple pour le niveau de consommation (modèle 1) indiquent que les variables explicatives significatives (valeur p < 0,01) sont le type de logement, la superficie chauffée, le nombre de personnes dans le ménage et le mode d'occupation. Le niveau d'éducation et le revenu du ménage ne figurent pas comme variables significatives et le fait d'être un ménage vert n'a pas d'incidence sur le niveau de consommation selon le modèle proposé.

Le deuxième modèle de régression multiple utilise l'intensité énergétique des ménages comme variable dépendante plutôt que la consommation annuelle (tableau 3, modèle 2).

Les résultats de la régression multiple sur l'intensité énergétique révèlent des liens différents de la régression sur la consommation totale. On constate dans ce deuxième modèle que, tout comme dans le modèle 1, les variables explicatives principales sont le type de logement, la superficie chauffée, le nombre de membres dans le ménage et le mode d'occupation. Cependant, les ménages ayant des revenus plus élevé et les ménages verts ont également une incidence non négligeable sur le niveau d'intensité énergétique du ménage (ils démontrent une meilleure efficacité énergétique). Dans les deux, cas l'apport est modeste mais significatif selon le modèle.

En résumé, les résultats de la modélisation semblent démontrer que la consommation d'énergie résidentielle au Canada est essentiellement liée à des facteurs comme le type de logement, la superficie chauffée et le nombre de personnes dans le ménage. Le comportement pro-environnemental a peu d'incidence sur la consommation annuelle d'énergie des ménages.

Cependant, le fait d'être un ménage vert a une incidence sur l'intensité énergétique (tendant à faire diminuer celle-ci), comme le démontre le deuxième modèle. Une interprétation de ces résultats serait que les ménages sont conscients qu'il peut y avoir des avantages économiques à conserver l'énergie résidentielle mais ces avantages sont souvent contrebalancés par le désir de préserver leur qualité de vie. On peut également présumer que, puisqu'il y a un lien entre les ménages verts et le niveau de revenu, ces ménages sont plus en mesure d'assumer les coûts reliés à l'implantation de systèmes plus efficaces en matière de consommation énergétique.

Les résultats de la modélisation abondent dans le même sens que ceux de l'étude de Jeeninga et al. 18 , qui conclut « qu'un mode de vie intensif dans un ménage écoénergétique résulte habituellement en une plus grande demande d'énergie que dans un ménage moins intensif et moins efficace ». [traduction]

Composantes de l'indice vert

Comportements ou activités
Répondants éligibles
Diminution de la température lors du sommeil
Répondants possédant au moins un thermostat
Utilisation d'ampoules à haut rendement énergétique
Tous les répondants
Utilisation de gradateurs pour les lumières
Tous les répondants
Débranchement des appareils électroniques lors d'absence prolongée
Tous les répondants
Réduction du chauffage dans certaines pièces
Tous les répondants
Utilisation d'une corde ou d'un séchoir à linge
Tous les répondants
Utilisation de ventilateurs en été
Tous les répondants
Fermeture des rideaux durant les journées chaudes
Tous les répondants
Application de coupe-froids autour des fenêtres
Tous les répondants
S'habille plus chaudement au lieu d'augmenter la température
Tous les répondants
Utilisation d'une pomme de douche à faible débit
Tous les répondants
Utilisation d'une toilette à faible volume d'eau
Tous les répondants
Utilisation de gicleurs reliés à une minuterie (pelouse)
Répondants ne demeurant pas dans un immeuble d'appartements, qui avaient une pelouse l'été dernier et l'ont arrosée avec un arroseur ou un système de gicleurs
Utilisation de gicleurs reliés à une minuterie (jardin)
Répondants ne demeurant pas dans un immeuble d'appartements, qui avaient un jardin l'été dernier et l'ont arrosé avec un arrosoir ou un système de gicleurs
Fermeture du robinet lors du brossage des dents
Tous les répondants
S'assure que la machine à laver est pleine avant la mise en marche
Tous les répondants
S'assure que le lave-vaisselle est plein avant la mise en marche
Tous les répondants
Baril ou citerne pour l'eau de pluie
Répondants ne demeurant pas dans un immeuble d'appartements
Pas d'engrais chimiques appliqués sur la pelouse
Répondants ne demeurant pas dans un immeuble d'appartements et qui avaient une pelouse ou un jardin l'été dernier
Pas de pesticides chimiques appliqués sur la pelouse
Répondants ne demeurant pas dans un immeuble d'appartements et qui avaient une pelouse, un jardin ou des plantes d'extérieur l'été dernier
Quantité de papier recyclé par semaine
Répondants ayant accès à un programme de recyclage pour le papier
Quantité de plastique recyclé par semaine
Répondants ayant accès à un programme de recyclage pour le plastique
Quantité de verre recyclé par semaine
Répondants ayant accès à un programme de recyclage pour le verre
Quantité de métal recyclé par semaine
Répondants ayant accès à un programme de recyclage pour le métal
Articles rapportés à un centre de déchets dangereux
Répondants ayant accès à un centre de stockage des déchets dangereux municipal, provincial ou privé
Sépare les résidus de cuisine du reste des déchets
Tous les répondants
Sépare les résidus de la cour du reste des déchets
Répondants ne demeurant pas dans un immeuble d'appartements et qui avaient une pelouse ou un jardin l'été dernier
Fenêtres - autres nettoyants bio
Tous les répondants
Achat d'électroménagers à faible consommation d'énergie ou d'eau
Répondants qui ont acheté des électroménagers au cours des cinq dernières années
Achat de biens plus durables malgré qu'ils soient plus coûteux
Tous les répondants
Achat d'aliments biologiques
Tous les répondants
Achat de produits de nettoyage verts
Tous les répondants
Utilisation de sacs réutilisables pour l'épicerie
Tous les répondants
Importance de l'économie d'essence
Répondants qui ont loué ou acheté un véhicule automobile pour usage personnel au cours des 12 derniers mois
Principal mode de transport écologique pour se rendre au travail durant les mois les plus froids
Répondants ayant travaillé à l'extérieur de la maison au cours des 12 derniers mois
Principal mode de transport écologique pour se rendre au travail durant les mois les plus chauds
Répondants ayant travaillé à l'extérieur de la maison au cours des 12 derniers mois
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