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Plus d’irrigation pour moins de précipitations
Les provinces de l’Ouest dépendent de sources d’eau situées à l’extérieur de la ferme
Marie-Ève Poirier, Division des comptes et de la statistique de l’environnement
La disponibilité des ressources hydriques est essentielle à la production de cultures, qu’il s’agisse d’apports naturels sous forme de précipitations ou d’irrigation. L’irrigation sert généralement à pallier le manque d’humidité dans le sol lorsque les précipitations sont insuffisantes, ce qui permet d’obtenir des récoltes plus abondantes ou d’accroître la rentabilité de certaines cultures.
Le Canada n’est pas reconnu pour être un pays aride et une minorité d’exploitations agricoles irriguent leurs cultures. Lors du dernier recensement, seules 7 % des exploitations agricoles rapportaient avoir irrigué leurs terres en 2005 (tableau 1). Cependant, l’irrigation compte pour une part importante de la consommation d’eau dans certaines régions du pays. Au niveau provincial, la plus forte proportion de fermes irriguant leurs terres est en Colombie-Britannique (35 %), suivie de l’Alberta (8 %). C’est aussi dans ces deux provinces que les exploitations qui irriguent leurs terres se retrouvent en plus grand nombre.
Tableau 1 Nombre et pourcentage d’exploitations agricoles qui ont irrigué leurs cultures en 2005
La présente étude est fondée sur les données du Recensement de l’agriculture de 2006 et sur la version pilote de l’Enquête sur l’utilisation de l’eau à des fins agricoles de 2007.
Le Recensement de l'agriculture sert à recueillir et à publier une vaste gamme de données sur le secteur agricole, comme le nombre et le genre de fermes, les caractéristiques des exploitants agricoles, la forme juridique de l'entreprise, les pratiques de gestion des terres, les superficies en culture, le nombre d'animaux d'élevage et de volailles, le capital agricole, les dépenses et les revenus d'exploitation, et la machinerie, le matériel et l'équipement agricoles. Ces données donnent un tableau complet du secteur agricole au Canada tous les cinq ans, aux échelons national, provincial et territorial, ainsi qu'aux niveaux géographiques inférieurs. Un volet de l’enquête demande aussi aux répondants s’ils ont pratiqué l’irrigation et quelle superficie a été irriguée. En 2006, on a demandé aux répondants d’identifier la superficie irriguée selon le type de culture : fruits, légumes, grandes cultures, foin et pâturage et autres types de culture. La population cible du Recensement de l’agriculture est constituée de toutes les fermes de recensement du Canada. Pour plus de renseignements sur les concepts, méthodologie et qualité des données, voir : Qualité des données.
La version pilote de l'Enquête sur l'utilisation agricole de l'eau a été réalisée en vue de recueillir de l'information sur l'utilisation de l'eau, sur les méthodes et pratiques d'irrigation et sur les sources et la qualité de l'eau utilisée en agriculture par les exploitations agricoles canadiennes. Cette enquête, qui fait partie de l'initiative des Indicateurs canadiens de durabilité de l'environnement (ICDE), est le résultat d'une collaboration entre Statistique Canada, Agriculture et Agroalimentaire Canada et Environnement Canada.
La population ciblée par l'enquête est formée des exploitations agricoles qui pratiquent l'irrigation. La population de l'enquête comprend les exploitations agricoles ayant un chiffre d'affaires d'au moins 10 000 $ qui ont déclaré faire de l'irrigation ou posséder du matériel d'irrigation au Recensement de l'agriculture de 2006. Sont exclus les fermes des territoires (Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut), les fermes des établissements institutionnels (fermes gouvernementales, universitaires ou pénitentiaires), les fermes des réserves indiennes, les pâturages communautaires, les couvoirs seulement et les établissements produisant des sapins de Noël seulement.
La taille de l'échantillon a été fixée à 2 000 unités pour l'ensemble du Canada. Il s'agit d'une enquête à participation volontaire. Les données sont obtenues directement auprès des répondants.
Pour plus de renseignements sur les concepts, méthodologie et qualité des données, voir : Enquête sur l'utilisation de l'eau à des fins agricoles.
Comme l’irrigation sert surtout à pallier le manque d’humidité du sol, on s’attend à ce que les fermes situées dans les régions plus arides utilisent davantage d’eau pour l’irrigation. Au Canada, les régions plus arides se situent surtout dans le centre et le Sud-Est de la Colombie-Britannique, dans le Sud de l’Alberta et dans le Sud-Ouest de la Saskatchewan. Ces régions sont parmi celles ayant reçu les plus faibles précipitations lors de la saison de croissance de 2007 (carte 1).
Carte 1 Précipitations accumulées, saison de croissance, 1er avril au 31 août, 2007
C’est en Colombie-Britannique (33 %), en Alberta (28 %) et en Ontario (19 %) que l’on retrouve la plus grande proportion d’exploitations agricoles ayant irrigué leurs terres en 2007 (graphique 1). Cependant, il est à noter que les pratiques agricoles divergent d’une région à l’autre. Les superficies moyennes des fermes de céréales et d’oléagineux des Prairies canadiennes sont typiquement plus élevées que celles des vergers de la Colombie-Britannique ou celles des fermes de l’Est du pays. Donc, le nombre d’exploitations n’est pas le meilleur indicateur de l’utilisation de l’eau pour l’irrigation.
Graphique 1 Répartition provinciale de l’irrigation en 2007
Bien qu’un plus grand nombre d’irrigateurs se retrouvent en Colombie-Britannique, plus de la moitié de toutes les superficies irriguées du Canada sont situées en Alberta (60 %). On retrouve tout de même 13 % des superficies irriguées en Colombie-Britannique (graphique 1).
Selon les données de la version pilote de l’Enquête sur l’utilisation de l’eau à des fins agricoles, c’est la province de l’Alberta qui fait l’utilisation la plus intense de l’eau pour l’irrigation. Les exploitations agricoles de la province ont utilisé plus d’eau par unité de surface de terre irriguée que les fermes des autres provinces. L’Alberta est aussi en tête de liste au niveau du volume d’eau utilisé pour l’irrigation. L’Alberta représente 73 % du volume d’eau utilisé pour l’irrigation en 2007 (graphique 1). Ensemble, la Colombie-Britannique et la Saskatchewan ont utilisé un autre 20 %. En comparaison, les provinces de l’Atlantique, le Québec et le Manitoba utilisent très peu d’eau pour l’irrigation. L’agriculture y est présente, mais les précipitations y sont plus abondantes que dans les provinces situées à l'ouest.
La version pilote de l’Enquête sur l’utilisation de l’eau à des fins agricoles estime le volume total d’eau utilisée pour l’irrigation au Canada en 2007 à 1 503 millions de mètres cubes1.
Dans l’Ouest du pays, l’eau utilisée à des fins agricoles provient d’une source située à l’extérieur de la ferme dans la plupart des cas. Plus de 70 % des exploitations agricoles des Prairies et 53 % de celles en Colombie-Britannique utilisent de l’eau provenant de l’extérieur de la ferme (graphique 2). En grande majorité, les exploitations agricoles qui s’approvisionnent en eau provenant de l’extérieur de la ferme utilisent des sources d’eau provinciales. Par exemple, l’eau d’irrigation de la plupart des fermes qui irriguent leurs cultures en Alberta est allouée par les districts d’irrigation provinciaux. L’eau provenant de l’extérieur de la ferme doit être transportée à partir d’une source appropriée, soit au moyen de citernes, ou encore, de systèmes de canalisation ou d’aqueducs.
Graphique 2 Sources d’eau utilisées par les exploitations agricoles qui irriguent leurs terres, 2007
Le transport de l’eau n’est pas sans impact sur l’environnement. Bien que des efforts soient déployés pour améliorer l’efficacité des canaux d’irrigation quant à la perte d’eau, une partie de l’eau qui y voyage est perdue soit par évaporation ou par infiltration. Une autre source d’eau livrée à la ferme qui n’est pas négligeable est l’eau du robinet (tableau 2). La Colombie-Britannique se distingue en étant la seule région où un plus grand nombre de fermes s’alimentent en eau souterraine, à partir de puits, plutôt qu’en eau de surface.
Dans l’Est du pays, c’est-à-dire dans les provinces de l’Atlantique, au Québec et en Ontario, les exploitations agricoles s’approvisionnent surtout de sources d’eau situées sur la ferme pour leurs activités agricoles (graphique 2). Elles utilisent davantage l’eau de surface provenant des lacs, des rivières et des étangs situés sur l’exploitation agricole. L’utilisation de l’eau de surface a l’avantage d’être généralement moins coûteuse que l’eau souterraine, qui doit être pompée à la surface.