Profil géographique de la production de fumier de bétail au Canada, 2006

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Nancy Hofmann, Division des comptes et de la statistique de l'environnement

Le fumier1 est un sous-produit de l'élevage du bétail et une source de nombreux éléments fertilisants précieux. L'azote et le phosphore sont des éléments fertilisants particulièrement importants pour la production végétale. Le fumier contient aussi de la matière organique, qui peut contribuer à réduire l'érosion des sols et accroître leur capacité de rétention d'eau.

S'il est vrai que le fumier offre de nombreux avantages, il peut aussi être une source de pollution entraînant des conséquences sur l'environnement et la santé humaine. Par exemple, les bactéries que l'on trouve dans le fumier ont contaminé l'eau potable des municipalités et des puits2. Le fumier peut aussi dégager des odeurs nuisibles (voir l'encadré « Contrôle des odeurs ».)

Le présent article brosse le portrait de la production du fumier au Canada. Il n'a pas pour objet d'établir une corrélation entre la production de fumier et la qualité de l'environnement; il faudrait aussi tenir compte de bien d'autres facteurs, tels que le type de sol, le climat, les précipitations, la topographie et les pratiques de gestion du fumier, dans l'analyse de questions environnementales comme la qualité de l'eau.

De 1981 à 2006, la production totale de fumier au Canada a augmenté de 16 %. L'intensité de la production de fumier, c'est-à-dire la quantité produite dans une région donnée, a grimpé dans environ la moitié des sous-sous-bassins de drainage (SSBD) à l'étude (voir l'encadré « Ce qu'il faut savoir sur la présente étude » pour de plus amples renseignements sur le cadre d'observation par SSBD).

Ce que vous devriez savoir au sujet de la présente étude

La présente étude est fondée sur les données sur le bétail du Recensement de l'agriculture. Les données indiquent le nombre d'animaux sur les fermes le jour du recensement, le 16 mai 2006, et l'on considère que ce nombre demeure inchangé durant l'année, même si en réalité les cheptels de bétail fluctuent.

L'étude visait les vaches de boucherie, les génisses, les vaches laitières, les taureaux, les bouvillons, les veaux, les chevaux, les moutons, les agneaux, les chèvres, les porcs d'engraissement et de finition, les porcelets sevrés ou non, les truies, les verrats, les poulets à griller et à rôtir, les poules pondeuses, les poulettes et les dindes. D'autres animaux au Canada, comme les bisons, les chevreuils et les lapins, n'ont pas été inclus dans l'analyse, puisque leur contribution globale à la production totale de fumier est négligeable, et qu'il n'y a pas encore de consensus sur les coefficients de production de fumier à employer.

Méthodologie

Les stocks de bétail ont été multipliés par des coefficients pour estimer la production quotidienne de fumier par animal. Pour faciliter l'élaboration de ces coefficients, on a consulté Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), des universitaires, des experts-conseils et des organismes non gouvernementaux. L'adresse suivante renvoie à la liste des coefficients utilisés. Les estimations de la production du fumier totalisées par AAC dans le Service national d'information sur les terres et les eaux sont légèrement différentes en raison de l'arrondissement des coefficients.

Les données du recensement sur le bétail ont été affectées aux bassins de drainage selon les procédures établies par AAC, avec le concours de la Division de l'agriculture de Statistique Canada. Voir : Définitions, sources de données et méthodes, 8012, Recensement de l'agriculture : agrégations des fermes de recensement aux géographies environnementales; ou Agriculture et Agroalimentaire Canada, 2008, Données interpolées du Recensement de l'agriculture pour les Pédo-paysages, Cadre Écologique et Aires de drainage du Canada.

Les estimations de la production de fumier sont normalisées selon la superficie totale du sous-sous-bassin de drainage (SSBD) pour permettre les comparaisons de la production totale de fumier entre les bassins de drainage de différentes tailles. Les estimations de l'intensité de la production de fumier qui en résultent, en kilogrammes par hectare, donnent des mesures comparables entre les différentes régions et au fil du temps. Cet indicateur de l'intensité de la production de fumier a déjà été produit pour 1996 et pour 2001, avec comparaisons aux données de 1981. Il faut tenir compte des unités de paysage biophysique, comme les bassins de drainage, les régions écologiques et le pédo-paysage, pour évaluer les indicateurs agro-environnementaux tels que l'intensité de la production de fumier.

La production de fumier peut avoir des conséquences non seulement au niveau des fermes, mais aussi sur d'autres régions du même bassin, qu'elles soient utilisées à des fins agricoles, urbaines ou autres. De plus, la petite taille du SSBD permet d'obtenir des renseignements localisés précieux, ce qui constitue un atout important pour l'équilibre des éléments fertilisants au niveau du bassin hydrologique.

Cadre du bassin de drainage

Le SSBD est l'unité la plus petite du Réseau hydrographique national du Canada. Les bassins de drainage, aussi appelés bassins hydrologiques ou bassins récepteurs, sont les zones communes de captage de drainage en surface. En 2006, du bétail se trouvait dans un peu moins de 400 de ces SSBD.

Limites

L'une des limites de l'analyse est que l'épandage du fumier peut être plus intensif dans certains SSBD que d'autres en raison de la superficie des terres agricoles adéquates disponibles. L'épandage du fumier peut se faire par des moyens mécaniques ou naturels, c'est-à-dire pendant le pâturage du bétail. De plus, il se peut que tout le fumier ne soit pas épandu dans les SSBD où il est produit. Une partie de ce fumier pourrait être exportée aux SSBD avoisinants.

 

Contrôle des odeurs

Les odeurs générées par les activités agricoles, surtout le fumier, entraînent fréquemment des conflits entre les agriculteurs et leurs voisins sans vocation agricole. En Ontario, l'odeur est à l'origine de plus de la moitié des plaintes associées à l'agriculture reçues par le gouvernement, et le nombre de plaintes est en hausse. Parmi les composantes courantes associées au fumier de bétail, mentionnons le sulfure d'hydrogène et l'ammoniac. Ces composantes se retrouvent plus souvent dans le fumier de porc et de volaille.

Une façon d'atténuer ces plaintes consiste à maintenir une distance adéquate entre les installations agricoles et non agricoles. Divers facteurs influent sur la distance réelle de protection, notamment la taille et le type d'exploitation de bétail. En Ontario, par exemple, l'étable d'une exploitation de 1 800 porcs par année et dotée d'un système couvert de gestion du fumier se situerait, selon le minimum réglementaire, à une distance de protection d'environ 650 mètres des secteurs en zone résidentielle ou d'équipement collectif. En revanche, une ferme laitière composée de 60 vaches laitières et d'un réservoir ouvert pour liquides conserverait une distance de séparation de 394 mètres.

Source(s) : Ministère de l'agriculture, de l'alimentation et des affaires rurales de l'Ontario, 2003, Odour Control on Livestock and Poultry Farms, Factsheet nº 03-111, (site consulté le 23 septembre 2008).

 

Beaucoup de fumier, surtout des bovins
Hausse de la production de fumier : de 1981 à 2006
La production de fumier est concentrée dans certaines régions géographiques
Les sous-sous-bassins de drainage de l'Ontario figurent parmi les plus grands producteurs de fumier

Beaucoup de fumier, surtout des bovins

En 2006, le bétail canadien a produit environ un demi-million de tonnes de fumier par jour, ce qui représente plus de 180 millions de tonnes par an. De ce total, une proportion de 38 % provenait des vaches de boucherie, suivies des vaches laitières (12 %), des veaux (12 %), des génisses (12 %), des bouvillons (10 %), des porcs (9 %), de la volaille (3 %), des chevaux (2 %), des taureaux (2 %) et des moutons (moins de 1 %).

 

Quelle est la quantité de fumier produite par animal?

En général, tous les types de bovins produisent de grandes quantités de fumier : les taureaux (42 kg/jour), les vaches de boucherie (37 kg/jour), les bouvillons (26 kg/jour), les génisses (24 kg/jour) et les veaux (12 kg/jour). Les vaches laitières sont les plus grandes productrices de fumier, à 62 kg par jour, ce qui représente environ 10 % du poids moyen d'une vache.

En revanche, les différentes catégories de porcs, y compris les porcelets sevrés, les truies, les verrats et les porcs de marché, produisent des quantités bien moindres de fumier, soit entre 1 et 4 kg par jour.

Parmi tous les types d'animaux à l'étude, la volaille produit les plus faibles quantités de fumier, chaque oiseau produisant moins d'un kilo de fumier par jour.

Source(s) : Statistique Canada, 2006, Profil géographique de la production de fumier au Canada, 2001, no 21-601-M au catalogue, (site consulté le 19 octobre 2008).

 

Hausse de la production de fumier : de 1981 à 2006

La production du fumier a progressé de 16 %, soit d'une quantité estimative de 25 millions de tonnes de 1981 à 2006, principalement en raison de la croissance du nombre de vaches de boucherie dans les fermes. La quantité de fumier produite par les vaches de boucherie a crû de 44 %, ou 21 millions de tonnes, entre 1981 et 2006 (tableau 1).

Tableau 1 Changement dans la production de fumier, par type de bétail, 1981 et 2006

Tableau 1
Changement dans la production de fumier, par type de bétail, 1981 et 2006

La production de fumier a également augmenté pour les autres types de bétail en raison des hausses du nombre d'animaux. La production de fumier des génisses a grimpé de 9 millions de tonnes, celle des veaux, de 5,5 millions de tonnes et celle des porcs, de 5 millions de tonnes. Ces hausses de production de fumier ont été atténuées par les replis de la production de fumier par d'autres types de bétail, en particulier les vaches laitières, qui ont affiché une diminution de 44 % ou 18 millions de tonnes de fumier. Les améliorations de la productivité se traduisent par une production de lait accrue par vache, ce qui permet aux agriculteurs de réduire le nombre de vaches laitières tout en maintenant les mêmes niveaux de production laitière.

La production de fumier est concentrée dans certaines régions géographiques

La production de fumier s'est concentrée dans trois grands groupements en 2006 (carte 1). Ces groupements sont situés dans le centre et le sud de l'Alberta, le sud-ouest de l'Ontario et le sud-est du Québec. D'autres groupements plus petits à production élevée se trouvaient dans le sud du Manitoba, le sud de la Colombie-Britannique et à l'Île du-Prince-Édouard. La production moyenne de fumier dans tous les SSBD ayant du bétail s'est élevée à environ 1 070 kilogrammes de fumier à l'hectare (kg/ha).

Carte 1 Intensité de la production de fumier, par sous-sous-bassin de drainage, 2006

Carte 1
Intensité de la production de fumier, par sous-sous-bassin de drainage, 2006

Les bovins ont produit la grande partie du fumier dans les SSBD à plus forte production en Alberta, tandis que le fumier a été produit par un large éventail d'animaux, y compris la volaille, les bovins, les vaches laitières et les porcs, dans les SSBD à plus forte production du sud de l'Ontario et du Québec. Les porcs ont dominé la production de fumier dans le sud du Manitoba.

Les sous-sous-bassins de drainage de l'Ontario figurent parmi les plus grands producteurs de fumier

Dans l'ensemble, l'intensité de la production de fumier a augmenté dans la moitié des SSBD ayant du bétail de 1981 à 2006, tandis que l'autre moitié a enregistré un repli de la production du fumier à l'hectare.

Le bétail du SSBD de Maitland, en Ontario, situé à l'est du lac Huron, a produit le plus de fumier à l'hectare, soit 8 950 kg/ha (graphique 1). Les SSBD du cours supérieur de la Thames et du cours supérieur de la Grande, aussi en Ontario, ont été respectivement les deuxième et troisième en importance en matière de production de fumier.

Graphique 1 L'Ontario regroupe plusieurs des 10 sous-sous-bassins de drainage les plus grands producteurs de fumier en 2006

Graphique 1
L'Ontario regroupe plusieurs des 10 sous-sous-bassins de drainage les plus grands producteurs de fumier en 2006

Plusieurs des SSBD produisant le plus de fumier se trouvent en Ontario. En effet, parmi les cinq SSBD du pays qui ont affiché des niveaux de production supérieurs à 6 000 kg/ha, quatre sont en Ontario.

Les SSBD où sont survenues les augmentations les plus prononcées de la production de fumier à l'hectare entre 1981 et 2006 se trouvent principalement en Alberta. Le SSBD de Petite rivière Bow a enregistré l'augmentation la plus prononcée, soit environ 3 350 kg/ha (sa production étant passée de 1 750 kg/ha en 1981 à 5 100 kg/ha en 2006). Dans l'ensemble, huit SSBD de l'Alberta ont figuré parmi les dix SSBD ayant enregistré les augmentations les plus prononcées de l'intensité de la production de fumier (graphique 2).

Graphique 2 Les sous-sous-bassins de drainage de l'Alberta ont affiché la plus forte hausse de la production de fumier à l'hectare de 1981 à 2006

Graphique 2
Les sous-sous-bassins de drainage de l'Alberta ont affiché la plus forte hausse de la production de fumier à l'hectare de 1981 à 2006

Les hausses survenues en Alberta ont été largement attribuables à l'augmentation du nombre de bovins. À Petite rivière Bow, par exemple, 30 % de la croissance de la production de fumier a été attribuable à un plus grand nombre de bouvillons, qui ne représentent pourtant qu'un type de bovins. L'augmentation du nombre de porcs a été à l'origine des hausses constatées dans le sud du Manitoba.


Notes :

  1. Pour les besoins de l' article, le fumier englobe les excréments et l'urine du bétail.
  2. Gouvernement de la Saskatchewan, 2007, Illnesses from Water and Food, (site consulté le 26 septembre 2006).
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