Consommation de mazout lourd au Canada
Consulter la version la plus récente.
Information archivée dans le Web
L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.
Paul McPhie et Anthony Caouette, Division de la fabrication, de la construction et de l'énergie
À l'instar des autres pays industrialisés, la soif d'énergie du Canada ne s'étanche pas au XXIe siècle. Malgré les préoccupations croissantes que suscitent les changements climatiques et la qualité de l'air, les produits pétroliers restent au cœur de la réponse à cette demande d'énergie.
Ces produits pétroliers comprennent le mazout lourd, combustible relativement pauvre dont la consistance rappelle celle du goudron. Le mazout lourd contient généralement plus de soufre que la plupart des produits pétroliers et sa teneur en carbone le place au deuxième rang derrière le charbon.
En 1990, le mazout lourd a servi à produire 419,5 pétajoules d'énergie; en 2005, cette production était tombée à 387,3 pétajoules (tableau 1). Un pétajoule contient une énergie équivalente à environ 30 millions de litres d'essence.
Par conséquent, le mazout lourd a répondu à 4,1 % des besoins totaux du Canada en énergie en 2005, alors qu'il constituait 5,5 % en 1990.
Le présent article traite des tendances de la consommation du mazout lourd au Canada par industrie et par province entre 1990 et 2005, essentiellement d'après les données du Bulletin sur la disponibilité et écoulement d'énergie au Canada (produit no 57-003 au catalogue). Le lecteur intéressé pourra consulter un rapport plus détaillé sur la consommation de mazout lourd à l'adresse http://www.statcan/francais/research/11-621-MIF/11-621-MIF2007062.htm.
L'industrie des pâtes et papiers a de loin contribué le plus à la réduction de la consommation du mazout lourd à l'échelle nationale. De 1990 à 2005, cette industrie a diminué sa consommation de mazout lourd de plus de la moitié. La baisse a été particulièrement forte dans les provinces de l'Atlantique et en Colombie-Britannique et, dans une moindre mesure, au Québec.
En 2005, les provinces de l'Atlantique étaient les plus grandes consommatrices de mazout lourd, représentant 44,4 % de la demande nationale (tableau 2). En 2005, la consommation de mazout lourd par les entreprises de services d'électricité au Canada atlantique a reculé légèrement, comparativement à la consommation d'il y a 15 ans.
Le secteur qui dépend le plus du mazout lourd est le transport maritime, où il représente plus de 60 % de l'énergie consommée; le reste provenait du diesel. Ce secteur est également le seul grand consommateur qui a augmenté sa consommation ces 15 dernières années. Plus de la moitié du mazout lourd est consommé en Colombie-Britannique.
La demande d'énergie est à la hausse
Bien que les Canadiens, à l'instar des citoyens de nombreux autres pays industrialisés, soient inquiets de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre1, leur demande d'énergie continue d'augmenter.
La demande pour toutes les grandes sources d'énergie, soit les produits pétroliers, le gaz naturel et l'électricité, a augmenté au cours des dernières décennies.
En 2005, le Canada a consommé 9 540 pétajoules d'énergie, soit 25 % de plus qu'en 1990 (tableau 1). Parallèlement, les émissions de gaz à effet de serre ont également augmenté de 25 % de 1990 à 20052.
La hausse générale de la demande entre 1990 et 2005 s'est produite de façon plus ou moins égale pour l'ensemble des principales sources. Durant cette période, aucun changement majeur ne s'est produit pour passer de la combustion d'hydrocarbures à des sources d'énergie moins nuisibles et renouvelables comme l'hydroélectricité.
Baisse de la consommation de mazout lourd
Bien que les Canadiens continuent généralement de dépendre des combustibles fossiles, ils deviennent moins dépendants du mazout lourd. En fait, la consommation de mazout lourd en tant que source d'énergie a baissé de 7,7 % entre 1990 et 2005, ayant passé de 419,5 à 387,3 pétajoules. En 2005, le mazout lourd a fourni 4,1 % des besoins totaux en énergie du Canada, en baisse par rapport à 5,5 % en 1990 (tableau 1).
Une modeste partie de cette baisse (moins de 15 %) est attribuable à une diminution de la consommation d'énergie globale des consommateurs de mazout lourd. Plus de 85 % de la baisse est attribuable aux utilisateurs qui ont remplacé le mazout lourd par d'autres sources d'énergie.
Le mazout lourd, bien que n'étant pas une des principales sources d'énergie du pays, reste une source de combustible importante pour certaines industries. Il sert à produire de l'électricité pour les centrales thermiques, à alimenter les chaudières de chauffage et les fours pour certaines industries de la fabrication, notamment l'industrie des pâtes et papiers et l'industrie du raffinage du pétrole. Il est également utilisé pour propulser de grands navires marchands de haute mer et pour chauffer certains grands édifices, le plus souvent d'anciens immeubles commerciaux, institutionnels et résidentiels à logements multiples (tableau 3).
La baisse de la consommation de mazout lourd ne s'est pas produite de façon uniforme chez les principaux consommateurs. Certaines industries ont diminué leur dépendance par rapport à cette source d'énergie, tandis que d'autres secteurs en dépendaient toujours fortement en 2005.
L'industrie des pâtes et papiers a pris la tête de la baisse de consommation
L'industrie des pâtes et papiers a de loin contribué le plus à la réduction de la consommation du mazout lourd entre 1990 et 2005 (graphique 1). Cette industrie a diminué sa consommation de plus de la moitié au cours de cette période, qui a passé de 97,6 pétajoules à 47,8 pétajoules (tableau 4).
Graphique 1
Principaux consommateurs de mazout lourd : baisse dans l'industrie des pâtes et papiers, consommation toujours forte dans les services publics et le transport maritime
La baisse a été la plus forte dans les provinces de l'Atlantique (58,4 %) et en Colombie-Britannique (89,8 %). Au Québec, la baisse a été de 28,7 %.
La lessive de pâte épuisée, qui contient la fibre séparée du bois par un procédé chimique ou mécanique, est une source d'énergie de plus en plus importante pour cette industrie. Elle représentait 34,3 % de tous les besoins énergétiques en 2005.
La combustion de déchets de bois comme source d'énergie a occupé le second rang, derrière la lessive de pâte épuisée, mais a doublé sa part des besoins en énergie de l'industrie des pâtes et papiers, qui a passé de 12,6 % en 1990 à 25,4 % en 2005.
Ces deux sources de combustible combinées comblaient près de 60 % des besoins totaux en énergie de l'industrie des pâtes et papiers en 2005, supplantant les sources d'énergie traditionnelles, comme les combustibles fossiles. L'électricité représentait toujours 24,7 %.
Les services publics dépendent toujours autant du mazout lourd
La consommation de mazout lourd par les entreprises de services publics au Canada atlantique a reculé légèrement, comparativement à la consommation d'il y a 15 ans.
En 2005, les entreprises de services publics au Canada ont utilisé 126,5 pétajoules de mazout lourd, ce qui équivaut au tiers de leur demande énergétique totale (tableau 3). Il s'agit d'une baisse de 10,6 pétajoules, ou de 7,7 %, par rapport au niveau de 1990. Toutefois, la contribution de ce secteur à la diminution générale de la consommation de mazout lourd de 1990 à 2005 a été beaucoup moins importante que celle de l'industrie des pâtes et papiers.
Les entreprises de services publics au Canada atlantique ont dominé quant à la consommation de mazout lourd par les centrales thermiques. Près de 15 % de l'électricité de la région de l'Atlantique provenaient de cette source de combustible en 2005, à peine moins qu'en 1990 (tableau 5). En dehors du Canada atlantique, seules les entreprises de services publics du Québec et de l'Ontario ont brûlé du mazout lourd pour produire de l'électricité, mais celui-ci intervenait pour moins de 1 % de la production dans chacune de ces provinces en 2005.
La demande de mazout lourd est toujours forte dans le transport maritime
Le secteur du transport maritime, où les énergies de remplacement sont limitées, compte uniquement sur deux sources de combustibles pour produire de l'énergie : le mazout lourd, qui représentait en 2005 60,7 % de la consommation de combustible, et le diesel, qui en représentait 39,3 %.
C'est le seul secteur qui a augmenté sa consommation de mazout lourd entre 1990 et 2005. La consommation a augmenté de 12,2 % ayant passé de 60,1 pétajoules en 1990 à 67,5 pétajoules en 2005 (tableau 3). Par contre, la consommation de diesel est restée plutôt constante au cours de cette période.
Il est important de souligner que les ventes de mazout lourd aux navires immatriculés au Canada et à l'étranger sont comprises dans les estimations de la consommation de mazout lourd par le secteur du transport maritime.
En 2005, plus de la moitié (55 %) des ventes de mazout lourd au secteur du transport maritime ont été réalisées en Colombie-Britannique, 23 % l'ont été au Québec, 12 % au Canada atlantique et 10 % en Ontario.
Consommation de mazout lourd en baisse dans les autres secteurs industriels
L'industrie du raffinage du pétrole consomme une partie du combustible qu'elle produit afin de répondre à ses propres besoins en énergie. Cette industrie ainsi que les deux autres principaux consommateurs industriels — l'industrie des métaux de première transformation et l'industrie de l'extraction minière et de l'extraction de pétrole et de gaz — ont réduit leur consommation de mazout lourd entre 1990 et 2005. La consommation de ces trois industries était de 62,6 pétajoules, soit 16,2 %, de la consommation totale de mazout lourd en 2005 (tableau 3). Il convient de souligner que le mazout lourd répond uniquement à une petite partie des besoins totaux en énergie de ces industries, soit moins de 3 %.
Notes
- Brewer, 2007,Public Opinion on Climate Change Issues in the G8+5 Countries, www.usclimatechange.com (site consulté le 26 juillet 2007).
- Environnement Canada, Inventaire canadien des gaz à effet de serre pour 2005 : Résumé des tendances,www.ec.gc.ca/pdb/ ghg/inventory_report/2005/2005summary_f.cfm (site consulté le 25 juillet 2007).
- Date de modification :