La croissance démographique du Canada et son influence sur l'environnement, de 1956 à 2006
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Nancy Hofmann
Introduction
La population canadienne ne cesse de croître…
L'influence de la population sur l'environnement
Conclusion
Introduction
L'incidence de l'humanité sur l'environnement est complexe : l'affluence et la technologie interviennent dans notre interaction avec notre environnement naturel1,2. L'objet de cette analyse, la croissance démographique humaine, est un autre facteur important. Plus le nombre de personnes est élevé, plus les risques d'incidence sur l'environnement augmentent. La présente analyse porte sur l'influence de la population sur l'environnement. Les prochains articles qui paraîtront dans ce bulletin présenteront un examen approfondi des effets de l'affluence et de la technologie.
La présente analyse fournit les données sur la croissance démographique canadienne de 1956 à 2006. Pour démontrer la façon dont la croissance de la population influe sur l'environnement, cette étude examine le nombre de véhicules automobiles de route immatriculés au fil du temps, un exemple qui démontre comment la croissance démographique, jumelée à la croissance de l'affluence et de la technologie, ont eu une incidence sur l'environnement.
La population canadienne ne cesse de croître…
En 2006, la population mondiale se chiffrait à environ 6,5 milliards de personnes, constituant une croissance considérable par rapport aux 2,8 milliards de 1956 (+130 %). À l'échelle canadienne, la croissance démographique a augmenté à moins vive allure que la moyenne mondiale. Entre 1956 et 2006, la population canadienne a presque doublé, passant de 16 millions à 31,6 millions de personnes (graphique 1).
Les taux de croissance les plus élevés ont été observés à la fin des années 1950 et au début des années 1960 (graphique 2). Au cours du baby-boom des années cinquante et soixante, la hausse du taux de fécondité, des taux de mortalité plus faibles et le nombre accru d'immigrants ont contribué à l'augmentation de la croissance démographique canadienne3. Le déclin de la natalité observé au cours des années suivant le baby-boom et l'augmentation de la mortalité attribuable au vieillissement de la population ont contribué au ralentissement marqué de la croissance démographique4.
Graphique 2
Taux de croissance démographique de la population canadienne, par période de cinq ans, de 1956 à 2006
La plus grande augmentation de la population des cinquante dernières années a été observée en Ontario, mais les taux de croissance les plus élevés ont été enregistrés dans certaines parties du Nord et dans l'Ouest canadien
Au cours des cinquante dernières années, la croissance démographique a grandement varié d'une province à l'autre. La croissance absolue la plus élevée a été observée en Ontario entre 1956 et 2006, période à laquelle la population s'est accrue d'environ 6,8 millions de personnes, représentant près de 45 % de l'augmentation de la population nationale. Totalisant 2,9 millions de personnes de plus en 2006 qu'en 1956, le Québec s'est hissé au deuxième rang global en matière d'augmentation absolue. La Colombie-Britannique et l'Alberta suivent avec, respectivement, des augmentations de 2,7 et de 2,2 millions de personnes.
En matière de taux de croissance, les trois territoires, suivis de la Colombie-Britannique et de l'Alberta, ont connu les plus fortes augmentations (graphique 3). La population du Nord a plus que triplé au cours des cinquante dernières années et a aussi augmenté considérablement en Colombie-Britannique et en Alberta.
Graphique 3 Taux de croissance démographique de la population canadienne, par province et territoire, de 1956 à 2006
Le taux de croissance le plus faible a été enregistré en Saskatchewan, où la population s'est accrue de seulement 10 %. Les provinces dont le taux de croissance a été relativement faible incluent Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Depuis quelques années, ces quatre provinces ont vu décroître leur population. Par exemple, à Terre-Neuve-et-Labrador, la population a fléchi de 7 % entre 1996 et 2001, constituant le déclin provincial le plus élevé pour une période de cinq ans.
L'influence de la population sur l'environnement
Tous les jours, les Canadiens mènent des activités qui ont des effets sur l'environnement. Certains impacts environnementaux sont plus proportionnels à la croissance démographique, alors que d'autres le sont moins. En l'occurrence, la consommation d'eau potable augmente généralement de manière proportionnelle à la population. Cependant, l'usage de l'eau à des fins résidentielles, commerciales et industrielles peut augmenter à des taux plus élevés que la population en raison d'une activité économique accrue.
L'incidence des transports sur l'environnement n'est pas strictement proportionnelle à la population, mais elle est aussi touchée par l'affluence et la technologie. Le graphique figurant ci-dessous illustre l'influence de la croissance démographique sur l'usage des véhicules automobiles de route, notamment les voitures, les camions, les minifourgonnettes, les véhicules utilitaires sport, les autobus et les motocyclettes.
Effets de la croissance démographique : plus de gens, plus de véhicules
La conduite a de nombreuses incidences sur l'environnement, dont la pollution atmosphérique, les émissions de gaz à effet de serre, l'utilisation de matières premières et d'énergie dans la fabrication des voitures ainsi que la perte d'habitats fauniques au profit de l'expansion des réseaux routiers. En raison de la croissance démographique, le Canada assiste à une augmentation du nombre de véhicules sur la route. Cela a entraîné l'augmentation des effets sur l'environnement.
Entre 1956 et 2006, le nombre de véhicules au Canada s'est accru de 15,8 millions alors que la population a crû d'environ 15,5 millions de personnes (graphique 4). En ce qui a trait aux taux de croissance, le nombre de véhicules automobiles s'est accru de 370 %, bien au-delà du taux de croissance démographique, qui se chiffre à 97 %.
Graphique 4 Croissance démographique et de l'immatriculation des véhicules automobiles routiers, Canada, de 1956 à 2006
L'augmentation du nombre de voitures et de camions à l'échelle nationale est passée devant la croissance démographique essentiellement durant la fin des années 1950, les années 1960 et le début des années 1970, périodes où les taux de croissance quinquennaux de l'immatriculation des véhicules dépassaient d'au moins 15 points de pourcentage les taux de croissance démographique (graphique 5). Depuis quelques années, les taux de croissance démographique et d'immatriculation des véhicules ont été similaires.
Graphique 5 Taux de croissance démographique et de l'immatriculation des véhicules automobiles routiers, Canada, taux de variation quinquennaux, de 1956 à 2006
C'est en Ontario que la croissance démographique et l'augmentation du nombre de véhicules ont été les plus élevées au cours des cinquante dernières années. La partie sud de cette province est d'ailleurs bien connue pour ses problèmes de pollution atmosphérique liée aux transports. Par exemple, entre 1990 et 2004, le sud de l'Ontario a affiché les taux d'augmentation et de concentration les plus élevés de présence d'ozone troposphérique5 au Canada6.
Cependant, le taux de croissance de l'immatriculation des véhicules ontariens a été plus faible que le taux national, alors que le taux de croissance démographique dans cette province s'est accru plus rapidement que le taux national (graphique 6). Les taux de croissance démographique et d'immatriculation de véhicules les plus marqués ont été enregistrés dans les territoires, suivis de l'Alberta.
Graphique 6 Taux de croissance démographique et de l'immatriculation des véhicules automobiles routiers, au Canada et dans les provinces et territoires, de 1956 à 2006
Depuis l'après-guerre jusqu'à ce jour, les taux de propriété de véhicules étaient attribuables aux prix relativement réduits des véhicules et de l'essence, et à l'expansion des réseaux routiers, comme les voies rapides. Les progrès technologiques, notamment en matière de procédés de fabrication efficaces, comme les chaînes de montage automatisées, ont contribué à la réduction du coût des véhicules. Les facteurs socioéconomiques, comme l'augmentation des revenus du ménage, les ménages moins nombreux et le plus grand nombre de femmes parmi la population active ont donné les moyens à plus de familles canadiennes de s'acheter et d'utiliser des véhicules7.
Le déclin du taux de croissance d'immatriculation des véhicules a commencé au cours de la dernière moitié des années 1970 (graphique 5). Une cause possible serait la quasi-saturation du nombre de véhicules par ménage, l'offre étant simplement trop grande pour les besoins et les désirs des ménages canadiens. Par exemple, on comptait un véhicule pour près de quatre Canadiens en 1956. En 1976, ce nombre est passé à un véhicule pour moins de deux personnes et s'est maintenu entre 1,5 et 2 personnes par véhicule jusqu'à ce jour.
Pour mieux illustrer ces données, en 2006, 83 % des ménages canadiens possédaient ou louaient un véhicule automobile. Près de la moitié des ménages propriétaires de voitures et de camions a indiqué en posséder un(e), alors que 39 % a indiqué en posséder deux et 12 %, trois et plus8. Le ralentissement de la croissance de l'immatriculation de véhicules s'explique peut-être aussi par les coûts croissants d'achat et d'utilisation d'un véhicule.
Un article à paraître traitera de l'usage de la technologie pour contrer les incidences sur l'environnement. Les progrès technologiques en matière de véhicules et de carburant ont permis de réduire les émissions des transports routiers. Entre 1990 et 2005, les oxydes d'azote générés par les véhicules routiers ont chuté de 39 %, et les composés organiques volatils (COV) ont diminué de 60 %9. Toutefois, malgré les améliorations technologiques, les émissions de gaz à effet de serre provenant des transports routiers ont augmenté de 33 % de 1990 à 2005, pour atteindre l'équivalent de 135 mégatonnes de CO210.
Conclusion
Au cours des cinquante dernières années, la population canadienne a doublé. Cette augmentation a entraîné des conséquences sur l'environnement. Toutefois, de nombreux autres facteurs ont aussi contribué à l'incidence des Canadiens sur l'environnement, ce qui rend l'analyse de l'influence de la croissance démographique plus complexe. La croissance démographique constitue donc un élément important de la problématique permettant de comprendre l'incidence de la population sur l'environnement; toutefois, on doit considérer sa relation avec les autres éléments.
Notes
- Au début des années 1970, Ehrlich et Holdren ont formulé une équation simple, de concert avec Commoner, et ont déterminé les trois facteurs à l'origine de l'incidence sur l'environnement. Ainsi, l'incidence (I) a été définie comme le produit de la population (P), de l'affluence (A) et de la technologie (T) (consulter Chertow, 2001).
- Marion Chertow, « The IPAT Equation and Its Variants: Changing Views of Technology and Environmental Impact », Journal of Industrial Ecology, 2001, vol. 4, p. 13-29, mitpress.mit.edu/journals/pdf/jiec_4_4_13_0.pdf (site consulté le 15 mai 2007).
- Statistique Canada, Portrait de la population canadienne en 2006, Recensement de 2006, 2007, n° 97-550-XIF au catalogue de Statistique Canada, www12.statcan.ca/francais/census06/analysis/popdwell/pdf/97-550-XIF2006001.pdf (site consulté le 14 mai 2007).
- Statistique Canada, Portrait de la population canadienne en 2006, Recensement de 2006.
- Les activités humaines contribuent à la formation troposphérique parce qu'elles entraînent une concentration accrue des oxydes d'azote et des composés organiques volatils. Ces deux polluants ont pour source principale l'utilisation des véhicules automobiles.
- Environnement Canada, Statistique Canada et Santé Canada, Indicateurs canadiens de durabilité de l'environnement 2006, Ottawa (Ontario), 2006, n° 16-251-XWF au catalogue de Statistique Canada.
- Statistique Canada, L'activité humaine et l'environnement : statistiques annuelles, 2006, n° 16-201-XIF au catalogue de Statistique Canada, /pub/16-201-x/16-201-x2006000-fra.pdf (site consulté le 23 avril 2006).
- Statistique Canada, Les ménages et l'environnement de 2006, 2007, n° 11-526-XIF au catalogue de Statistique Canada, Ottawa.
- Environnement Canada, Principaux contaminants atmosphériques, 2007, www.ec.gc.ca/pdb/cac/Emissions1990-2015/emissions_f.cfm (site consulté le 17 mai 2007).
- Environnement Canada, Rapport d'inventaire national 1990-2005 : sources et puits des gaz à effet de serre au Canada, 2007, Ottawa (Ontario), Division des gaz à effet de serre.
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