Le recyclage au Canada
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Avani Babooram et Jennie Wang
Au Canada, on craint que les sites d'enfouissement ne soient bientôt saturés, et il est de plus en plus difficile de trouver de nouveaux sites1. En outre, ces sites d'enfouissement produisent environ 25 % des émissions de méthane au Canada (le méthane est un puissant gaz à effet de serre)2. Le recyclage peut aider à réduire la quantité de déchets enfouis dans les décharges et à préserver les ressources naturelles.
L'accessibilité des programmes de recyclage s'est accrue depuis le milieu des années 1990, et les quantités de matières recyclées par les ménages canadiens n'ont jamais été aussi grandes. Le revenu et le niveau de scolarité ont peu d'incidence sur le comportement de recyclage; les ménages ayant accès à des programmes de recyclage ont tendance à y participer dans une même mesure.
Toutefois, on observe des différences quant au niveau d'accessibilité selon le type de logement. Les Canadiens qui vivent dans une maison individuelle non attenante sont plus susceptibles d'avoir accès à des services de recyclage que ceux qui habitent une maison mobile ou un appartement.
Ce qu'il faut savoir sur cette étude
Quelles quantités de matières recyclons-nous?
Accès et participation des ménages à des programmes de recyclage
Facteurs influant sur le recyclage
Ce qu'il faut savoir sur cette étude
Cette étude est fondée sur les données de l'Enquête sur l'industrie de la gestion des déchets de 2004, 2002 et 2000, de l'Enquête sur les ménages et l'environnement (EME) menée en 2006 dans le cadre du projet des Indicateurs canadiens de durabilité de l'environnement, et de l'Enquête sur les ménages et l'environnement de 1994.
L'Enquête sur l'industrie de la gestion des déchets publie des données sur la quantité de déchets éliminés et réacheminés, par source.
Les matières résidentielles recyclables incluent les matières solides non dangereuses d'origine domestique, notamment les matières qui sont ramassées par les municipalités (par des employés municipaux ou par l'intermédiaire d'entreprises de sous-traitance) et les matières qui sont apportées par les ménages à des dépôts, à des stations de transfert et à des installations d'élimination. Les données ne portent pas sur les déchets produits sur un site industriel et éliminés sur place.
Dans le contexte de l'Enquête sur les ménages et l'environnement, l'accès à un programme de recyclage signifie que les ménages ont déclaré qu'ils avaient accès à un système de collecte exploité par la municipalité ou par une entreprise privée, qu'il s'agisse de collecte porte-à-porte ou de collecte par apport volontaire.
Quelles quantités de matières recyclons-nous?
En 2004, les ménages canadiens ont produit 13,4 millions de tonnes de déchets. Selon l'Enquête sur l'industrie de la gestion des déchets menée par Statistique Canada en 20043, près des trois quarts (73 %) de ces déchets ont été envoyés dans des sites d'enfouissement, tandis que le restant a été recyclé.
La production de déchets résidentiels a augmenté de 2,1 millions de tonnes (19 %) entre 2000 et 2004. Bien qu'une partie de cette croissance soit attribuable à la hausse de population, la majorité de l'augmentation provenait de déchets produits par personne. Les Canadiens produisaient 366 kg de déchets résidentiels par personne en 2000; en 2004, ce chiffre avait grimpé à 418 kg par personne. En comparaison, la production de déchets résidentiels chez nos voisins américains se chiffrait à 440 kg par personne en 20014.
Le recyclage gagne en popularité comme méthode de gestion des déchets. Une partie de la hausse de la production de déchets entre 2000 et 2004, soit les deux tiers, a été neutralisée par un recyclage accru, le reste étant acheminé vers les sites d'enfouissement et vers les incinérateurs. Les ménages canadiens ont envoyé près de 3,6 millions de tonnes de matières au recyclage en 2004, soit une hausse de 65 % par rapport à 2000 (tableau 1).
Le Canadien moyen a recyclé 112 kg de matières en 2004, contre 71 kg en 2000. Le taux de recyclage des déchets résidentiels – la quantité de déchets réacheminés par rapport à l'ensemble des déchets produits – a également augmenté entre 2000 et 2004, en 2004, 27 % des déchets résidentiels avaient été recyclés comparativement à 19 % en 2000.
Bien que le recyclage soit à la hausse globalement, il varie de façon assez importante d'une province à l'autre. L'Ontario et le Québec recyclent les plus grandes quantités de matières, mais c'est en Nouvelle-Écosse et en Colombie-Britannique que la quantité de matières recyclées par personne et le taux de recyclage sont les plus élevés.
Parmi les matières recyclées de toutes sources5, les matières organiques représentent la plus forte proportion en poids (22 %), suivies des journaux (17 %) et du carton ondulé et non ondulé (17 %). Les matières telles que les déchets de jardin et de cuisine, le papier, le carton, le métal, le plastique et autres matières peuvent être compostées ou recyclées, bien que l'accessibilité à des programmes de recyclage diffèrent d'une région à l'autre du pays.
Accès et participation des ménages à des programmes de recyclage
Bien qu'il soit utile d'examiner le recyclage en fonction de la quantité de déchets résidentiels recyclés par province, il convient également de s'interroger sur l'accessibilité des programmes de recyclage dans les différentes provinces. Des niveaux d'accessibilité différents pourraient expliquer en partie les différences entre les taux de recyclage qu'affichent les provinces.
Les données de l'Enquête sur les ménages et l'environnement (EME) menée par Statistique Canada en 2006 montrent que, dans l'ensemble, les Canadiens avaient largement accès à des programmes de recyclage du verre, du papier, du plastique et du métal; en effet, 93 % des ménages avaient accès à au moins un programme de recyclage6. Parmi ces ménages, 97 % participaient à au moins un programme de recyclage (graphique 1).

Tableau 2
Ménages ayant accès à des programmes de recyclage et y ayant participé, par province, 2006
On observe une certaine variabilité d'une province à l'autre quant à l'accès et à la participation à des programmes de recyclage (tableau 2). L'Île-du-Prince-Édouard arrivait en tête tant pour l'accès que pour la participation : 99 % des ménages ont déclaré qu'ils avaient accès à au moins un programme de recyclage et qu'ils y participaient.
La Nouvelle-Écosse et l'Ontario se classent parmi les trois premières provinces en ce qui touche l'accès et la participation à des programmes de recyclage du verre, du papier, du plastique et du métal. Dans l'ensemble, 97 % des ménages de la Nouvelle-Écosse et 95 % des ménages de l'Ontario avaient accès à au moins un programme de recyclage. Le recours à un ou à plusieurs programmes était également élevé dans ces régions du pays.
Pour ce qui est des provinces qui tirent de l'arrière quant à l'accessibilité aux programmes de recyclage, on remarque que l'Alberta, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador affichent un résultat inférieur à la médiane. Toutefois, la grande majorité des ménages ayant accès à des programmes de recyclage dans ces provinces utilisaient au moins l'un de ceux-ci.
Le Manitoba se situe sous la valeur médiane pour la participation aux programmes de recyclage. Bien que 90 % des ménages de la province aient accès à des programmes de recyclage, seulement 88 % d'entre eux y ont participé, ce qui fait des Manitobains les moins susceptibles à recycler.
En général, les provinces ont offert un accès assez complet aux programmes de recyclage de différents matériaux. Ainsi, 88 % des ménages avaient accès à des programmes de recyclage du verre et du papier, 87 %, au recyclage du plastique, et 86 %, au recyclage des boîtes métalliques.
Terre-Neuve-et-Labrador faisait toutefois exception : dans cette province, seulement 35 % des ménages pouvaient recycler le papier, 61 % pouvaient recycler le métal, 72 %, le plastique, et 75 % le verre.
Les ménages étaient presque tous également susceptibles à participer à des programmes de recyclage pour toutes les matières recyclables, s'ils y avaient accès, sauf dans le cas du recyclage du papier à Terre-Neuve-et-Labrador et au Nouveau-Brunswick. Le recyclage du papier à Terre-Neuve-et-Labrador n'était que de 74 %, alors qu'il était d'au moins 90 % pour les autres matières recyclables. Seulement 83 % des ménages du Nouveau-Brunswick recyclaient le papier, contre 92 % et plus pour le verre, le métal et le plastique.
L'accessibilité et la participation ont-elles augmenté entre 1994 et 2006?
Dans l'ensemble, l'accès des Canadiens à des programmes de recyclage du verre, du papier, du plastique et du métal a augmenté entre 1994 et 2006 (graphique 2). C'est également le cas dans chacune des provinces à l'exception du Nouveau-Brunswick, où l'accès au recyclage du verre et du métal a diminué légèrement.
La participation des ménages canadiens à des programmes de recyclage s'est accrue entre 1994 et 2006 pour toutes les matières recyclables, tant pour l'ensemble du pays qu'à l'échelon provincial (graphique 3). Les Canadiens ont peut-être été davantage sensibilisés à l'importance du recyclage, ou alors les municipalités ont amélioré leurs programmes et méthodes de collecte.

Graphique 2
Pourcentage des ménages canadiens ayant accès à des programmes de recyclage, 1994 et 2006

Graphique 3
Pourcentage des ménages canadiens ayant accès à des programmes de recyclage et qui y ont participé, 1994 et 2006
Parmi toutes les provinces, c'est l'Île-du-Prince-Édouard qui affiche la plus forte augmentation entre 1994 et 2006. En 2006, l'Île-du-Prince-Édouard a devancé l'Ontario, qui était le meneur en 1994, et s'est placée en tête de peloton pour l'accès et la participation à tous les programmes de recyclage, à une exception près. En 1994, à l'Île-du-Prince-Édouard, l'accessibilité était inférieure à 21 % pour toutes les matières recyclables, et la participation des ménages à chaque programme de recyclage était inférieure à 70 %. En 2006, l'accès et la participation à chacun des programmes de recyclage avaient grimpé à plus de 95 %.
Facteurs influant sur le recyclage
L'accessibilité des programmes de recyclage est l'un des facteurs clés de la participation des Canadiens au recyclage. Bien que l'accès varie selon la province et la municipalité, les résultats de l'EME de 2006 montrent qu'il diffère également selon les caractéristiques sociales et économiques.
De nombreux facteurs influent sur la volonté de recycler, dont les normes sociales, les campagnes de promotion et d'information ainsi que les obstacles au recyclage tels que la méthode de collecte utilisée, l'éloignement des centres de collecte et la nécessité de trier les matières7.
Des études antérieures ont établi un lien entre le revenu, la scolarité et le comportement de recyclage8. Une autre étude, fondée sur les données de l'Enquête sur l'équipement ménager de 1991, montre que la scolarité, le revenu et le fait d'habiter un appartement sont des prédicteurs importants de l'accessibilité des programmes de recyclage, mais que ces facteurs influent nettement moins sur la participation à ces programmes9.
Les résultats de l'EME de 2006 montrent que l'accessibilité aux programmes de recyclage dépend du type de logement. Des différences sont également observables en fonction du revenu et de la scolarité, qui sont d'importants facteurs pouvant déterminer si les ménages possèdent ou louent leur logement, ou s'ils vivent dans une maison non attenante ou un appartement. En moyenne, les Canadiens ayant un niveau de scolarité plus élevé ont également un revenu plus élevé10. Par ailleurs, le revenu du ménage influe sur le type de logement et la taille de celui-ci11.
Ce sont les ménages habitant une maison individuelle non attenante qui affichent le taux d'accès le plus élevé, soit 96 %. Les ménages les moins susceptibles d'avoir l'accès à des programmes de recyclage sont ceux qui vivent dans une maison mobile (90 %) ou un petit immeuble d'appartements (85 %).
Les ménages dont le revenu et le niveau de scolarité sont élevés sont plus susceptibles d'avoir accès à des services de recyclage. En moyenne, 98 % des ménages dont le revenu était supérieur à 80 000 $ avaient accès à un programme de recyclage, comparativement à 89 % de ceux dont le revenu était inférieur à 40 000 $. En outre, 95 % des ménages comptant au moins un diplômé universitaire avaient accès à des programmes de recyclage, contre seulement 87 % des ménages dont aucun des membres n'avait terminé ses études secondaires.
L'EME de 2006 a démontré que la grande majorité des ménages qui avaient accès à des programmes de recyclage participaient à ces programmes. Malgré leur incidence sur l'accès au recyclage, des facteurs tels que le revenu, la scolarité et le type de logement du ménage avaient peu d'incidence sur la participation aux programmes de recyclage.
Lorsqu'ils avaient accès au recyclage, 97 % des ménages participaient à au moins un des programmes offerts, et aucune différence significative n'était observable en fonction du revenu du ménage12. La scolarité n'avait qu'une faible incidence sur le comportement de recyclage.
Lorsque l'accès à des programmes de recyclage était acquis, le type de logement avait lui aussi peu d'incidence sur la propension des ménages à recycler; 97 % des ménages qui vivaient dans une maison individuelle non attenante participaient à un programme de recyclage, contre 95 % des ménages qui habitaient dans de petits immeubles d'appartements.
Notes
- Environnement Canada, Les 3R-V Réduire, Réemployer, Recycler, Valoriser, 2003, www.atl.ec.gc.ca/udo/reuse_f.html (site consulté le 28 mars, 2007).
- Environnement Canada, Rapport d'inventaire national - émissions et absorptions des gaz à effet de serre au Canada : 1990 à 2004, Gatineau, 2006.
- Statistique Canada, Enquête de l'industrie de la gestion des déchets : secteurs des entreprises et des administrations publiques, n° 16F0023X au catalogue de Statistique Canada, 2007.
- Organisation de coopération et de développement économiques, Données OCDE sur l'environnement – Compendium 2004, Paris, 2005.
- On ne dispose pas de données sur les déchets recyclés par type de matière pour le secteur résidentiel. Les données portent sur toutes les sources, incluant le secteur résidentiel, le secteur industriel, commercial et institutionnel (ICI) et le secteur de la construction et de la démolition (CD).
- Statistique Canada, Les ménages et l'environnement de 2006, 2007, n° 11-526-XIF au catalogue de Statistique Canada, Ottawa.
- P. Wesley Schultz, Stuart Oskamp et Tina Mainieri, « Who recycles and when? A review of personal and situational factors », Journal of Environmental Psychology, vol. 15, 2005, p. 105 à 121.
- P. Wesley Schultz, Stuart Oskamp et Tina Mainieri, « Who recycles and when? ».
- Ida E. Berger, « The demographics of recycling and the structure of environmental behaviour », Environment and Behavior, vol. 29, n° 4, juillet, 1997, p. 515 à 541.
- Statistique Canada, Indicateur de l'éducation au Canada : rapport du programme d'indicateurs pancanadiens de l'éducation, n° 81-582-XIF au catalogue de Statistique Canada, 2006.
- Statistique Canada, « Mesurer l'abordabilité du logement », L'emploi et le revenu en perspective, n° 75-001-XWF au catalogue de Statistique Canada, Novembre 2006, vol. 11, n° 11, 2006.
- À un intervalle de confiance de 95 %, aucune différence significative n'était observable dans le comportement de recyclage des différents groupes de revenu.
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