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- Introduction
- Objectif et envergure de l'enquête
- Conception de l'enquête
- Plan d'échantillonnage
- Collecte des données
- Base de données et préparation des estimations principales
- Conclusion
1 Introduction
L'eau est essentielle en agriculture. Elle sert entre autres à irriguer, pour suppléer à l'insuffisance des précipitations. Elle sert aussi à répandre des pesticides et d'autres liquides pour protéger les cultures, à nettoyer le matériel et les installations, à laver les produits et à les transformer sur place (lors de la mise en conserve par exemple). L'eau est utilisée dans l'élevage pour abreuver les animaux, nettoyer les installations, laver et désinfecter le matériel tels les lactoducs, les salles de traite, les seaux et les réservoirs. Elle peut également servir à la récolte, par exemple pour inonder un champ de canneberges (Statistique Canada, 2009).
Si, dans certaines régions, l'eau pour les activités agricoles provient uniquement des précipitations, d'autres régions dépendent fortement de l'irrigation. Ce fait peut découler de facteurs climatiques et des caractéristiques propres aux différentes cultures, ou encore de la volonté d'accroître le rendement des cultures. Selon les dernières estimations nationales, qui remontent à 2001, le secteur agricole consommait approximativement 10 % de l'eau captée au Canada (Beaulieu, Fric et Soulard, 2007) 1 . Et au cours des dernières décennies, les activités agricoles se sont considérablement développées. Par exemple, entre 1986 et 2006, la superficie des terres cultivées a augmenté de 8 % alors que la surface irriguée a augmenté de 13 % durant la même période selon les données du Recensement de l'agriculture.
La disponibilité des ressources hydriques est donc essentielle aux activités agricoles. Comme pour toutes les autres utilisations qu'on fait de l'eau, l'utilisation à des fins agricoles peut en altérer la qualité. L'épandage d'éléments nutritifs sous forme d'engrais chimiques, de fumier, de compost ou de boues d'épuration, qui vise à améliorer la productivité des terres cultivées, peut avoir une incidence sur la qualité de l'eau. La turbidité élevée (solides en suspension) ainsi que la présence d'agents pathogènes et de pesticides peuvent découler du ruissellement dans les champs et de l'élimination de la végétation sur les rives des cours d'eau. De 1980 à 2005, les dépenses réelles de l'exploitation agricole en produits chimiques, comme les herbicides, les insecticides et les fongicides, ont augmenté de 121 %, tandis que celles pour les engrais chimiques ont augmenté de 54 %. Au cours de la même période, les zones fertilisées ont augmenté de 37 % pour atteindre 250 000 km2 au niveau national (Statistique Canada, 2007, Indicateurs canadiens de durabilité de l'environnement : information socioéconomique).
Dans le but de mieux comprendre les conséquences de ces changements, Statistique Canada a mené, en 2001, une première enquête sur la gestion agroenvironnementale 2 . L'enquête a entre autres évalué les méthodes utilisées pour protéger les étendues d'eau naturelles et pour gérer l'eau utilisée directement sur les fermes canadiennes à des fins agricoles et domestiques, sans toutefois recueillir d'information sur les quantités d'eau utilisée, les systèmes d'irrigation utilisés, les sources d'eau et la qualité de l'eau. Puis, en 2007, Statistique Canada a publié des estimations des volumes d'eau utilisés en agriculture au niveau national pour l'année de référence 2001 (Beaulieu, Fric et Soulard, 2007). Les volumes d'eau utilisés pour l'irrigation y sont estimés par modélisation, à partir des données du Recensement de l'agriculture de 2001 et des coefficients d'irrigation de cultures. Bien que les données du recensement soient très précises, les coefficients font référence à des conditions météorologiques moyennes et ne sont disponibles que pour certains types de cultures. De plus, les données disponibles pour produire ces estimations diffèrent selon la province, ce qui implique certaines lacunes au niveau de la comparabilité et de la cohérence interprovinciale.
L'Enquête sur l'utilisation de l'eau à des fins agricoles a été développée afin de pallier certaines de ces lacunes statistiques. Le présent document est un rapport technique qui explique en détail les objectifs et la portée de l'enquête, en présente la conception et les défis rencontrés, discute du plan d'échantillonnage, de la collecte et de la base de données, et conclut en présentant les résultats. Des recommandations afin d'améliorer les résultats pour les prochains cycles de l'enquête sont également formulées dans le rapport.
2 Objectif et envergure de l'enquête
L'Enquête sur l'utilisation de l'eau à des fins agricoles (EUEA) est une enquête pilote réalisée de 2006 à 2008 en vue de recueillir de l'information sur l'utilisation de l'eau en agriculture, notamment les volumes d'eau utilisés pour l'irrigation, les méthodes et pratiques d'irrigation et les sources et la qualité de l'eau utilisée en agriculture dans les exploitations agricoles canadiennes. L'enquête a pour période de référence la saison de croissance végétative de 2007.
Cette enquête a été élaborée en collaboration avec Environnement Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada. Ces ministères ont offert leur expertise en ce qui a trait aux questions environnementales et agroalimentaires, mais ont aussi pu profiter de cette occasion afin de recueillir certaines informations pour leur propre ministère. Des ententes de partage de données ont été conclues avec ces ministères et différentes organisations provinciales dans le but de maximiser l'utilité des résultats de l'enquête.
L'EUEA fait partie de l'initiative sur les Indicateurs canadiens de durabilité de l'environnement (ICDE). Des données concernant la qualité de l'eau utilisée en agriculture ont été recueillies aux fins des rapports sur les ICDE. Les données seront également utilisées par Agriculture et Agroalimentaire Canada pour appuyer l'élaboration de politiques sur l'utilisation de l'eau et la création de programmes s'adressant aux exploitants qui irriguent au Canada. Finalement, Statistique Canada utilisera l'information recueillie pour parfaire la modélisation des volumes d'eau d'irrigation selon le type de culture afin d'alimenter le système de comptabilité nationale de l'eau.
3 Conception de l'enquête
3.1 Consultations et élaboration du questionnaire
En juin 2006, Statistique Canada a consulté Environnement Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada afin d'établir leurs besoins en données statistiques sur l'utilisation de l'eau en milieu agricole. Cette consultation a eu pour but de développer une seule enquête commune aux différents ministères, réduisant ainsi le fardeau de réponse pour les agriculteurs déjà fortement sollicités par diverses enquêtes. Ces consultations ont permis d'établir que les données les plus demandées concernent principalement les volumes d'eau utilisés en agriculture, les différentes utilisations de l'eau qui sont faites en milieu agricole, les types de cultures qui sont irriguées, les superficies irriguées, les types de systèmes d'irrigation utilisés, la présence d'un système de drainage sur l'exploitation pour éliminer un surplus d'eau, les pratiques d'irrigation permettant la conservation de l'eau et de l'énergie, les sources d'eau utilisées pour l'irrigation et la qualité de l'eau en milieu agricole.
Une fois les besoins en données établis et la méthode d'enquête adoptée, une première ébauche du questionnaire de l'enquête a été élaborée par la Division de l'agriculture de Statistique Canada, en collaboration avec la Division des comptes et de la statistique de l'environnement et les autres ministères impliqués. L'équipe du Centre de ressources en conception de questionnaires de Statistique Canada a été mise à contribution et a fait des recommandations afin d'améliorer l'intelligibilité des questions. Le questionnaire a d'abord été soumis à des groupes de discussion formés d'agriculteurs qui pratiquent l'irrigation dans certaines régions du Canada : en Colombie-Britannique à Kelowna, en Alberta à Lethbridge, en Ontario à Brantford, et au Québec à Saint-Hyacinthe. Le questionnaire a été révisé en tenant compte des commentaires reçus. La seconde ébauche du questionnaire a ensuite été mise à l'essai. Une série d'entrevues cognitives individuelles auprès d'exploitants qui irriguent a été réalisée afin de recueillir leurs impressions et apporter de nouvelles améliorations au questionnaire. Ces efforts ont permis de reformuler certaines questions pour qu'elles soient plus compréhensibles et d'organiser le questionnaire de façon à favoriser la remémoration des informations demandées.
Étant donné la complexité du questionnaire, l'option de l'envoi du questionnaire par la poste n'a pas été retenue. Il a été décidé que l'enquête se ferait par interview téléphonique assistée par ordinateur (ITAO).
3.2 À question complexe, questionnaire complexe
Au Canada, les pratiques agricoles varient d'une région à l'autre. Par exemple, les districts d'irrigation distribuent l'eau dans la plupart des fermes irriguant leurs cultures en Alberta. Par contre, dans l'Est, on ne retrouve pas de districts d'irrigation. Les agriculteurs s'alimentent eux-mêmes en eau. Dans certaines provinces, il faut un permis qui régit les quantités d'eau utilisées pour irriguer. À travers le pays, on n'emploie pas non plus les mêmes systèmes d'irrigations, les mêmes unités de mesure et on n'arrose pas les mêmes types de cultures. Il a donc fallu relever le premier défi d'élaborer un seul questionnaire compréhensible et qui reflète la réalité de toutes les régions, avec des concepts pouvant être utilisés partout au pays, dans les deux langues officielles.
Certaines informations sont restées difficiles à obtenir, malgré les efforts déployés pour créer un questionnaire qui soit intelligible pour tous les répondants. C'est le cas de la principale donnée recueillie par l'enquête, les volumes d'eau utilisés pour l'irrigation.
Un spécimen du questionnaire peut être consulté à la fin du présent rapport (version pdf) ou dans la Base de métadonnées intégrée (BMDI), numéro 5145.
3.2.1 Volumes d'eau
Les systèmes d'irrigation de la grande majorité des agriculteurs ne sont pas équipés de compteurs d'eau. Il est donc impossible de mesurer à la source les volumes déversés dans les champs. Par contre, certains agriculteurs avaient une idée assez précise du nombre de fois qu'ils avaient irrigué et de la profondeur d'eau appliquée à chaque arrosage, ou encore du temps pendant lequel leurs systèmes d'irrigation avaient fonctionné.
Pour faciliter la remémoration de cette donnée, le questionnaire a été construit afin d'offrir au répondant différentes façons de répondre (voir la figure 1 et le questionnaire à la fin du rapport ou dans la BMDI numéro 5145). Dans un premier temps, on a demandé au répondant le nom des cultures qui avaient été produites sur la ferme (question 6). Cette liste a ensuite été utilisée à la question suivante, où davantage d'information était demandée, telle que la superficie en culture et la superficie irriguée, le rendement de chaque culture déclarée, irriguée ou non, la qualité de l'eau utilisée à la ferme, la quantité d'eau appliquée et les systèmes d'irrigation utilisés. L'enquête a aussi récolté quelques informations sur les cultures non irriguées dans le but de comparer les rendements d'une même culture dans une même région, selon qu'elle avait été irriguée ou non.
Mis à part l'information sur les cultures et la quantité d'eau utilisée, l'EUEA cherchait aussi à établir la prévalence des différents types de systèmes d'irrigation. Puisque plus d'un système d'irrigation peut être utilisé pour une même culture, on a demandé quel volume d'eau avait été déversé et quelle superficie avait été irriguée par chaque système, pour chacune des cultures irriguées.
En divisant ainsi la question pour amener le répondant à déclarer un volume, beaucoup d'information détaillée concernant les pratiques d'irrigation a été recueillie. Toutefois, cette approche a le désavantage de rendre les entrevues fastidieuses lorsqu'une exploitation agricole produit une variété de cultures et possède plusieurs systèmes d'irrigation.
Pour certains répondants, il a été difficile de fournir des réponses pour chaque type de culture, particulièrement dans le cas des producteurs maraîchers, qui produisent souvent une grande variété de légumes dispersés dans les mêmes champs. Si plus de six cultures avaient été irriguées à la ferme durant la période de référence, ou si le répondant n'arrivait pas à répondre à la question 7 au sujet des volumes d'eau par culture et par type de système d'irrigation, le répondant a été dirigé vers deux autres questions, plus générales (figure 1, questions 8 et 9).
Les pratiques agricoles varient d'un endroit à l'autre. Il en va aussi ainsi des unités de mesure utilisées. Afin qu'ils puissent répondre plus facilement, les répondants ont pu choisir parmi une variété d'unités de mesure : profondeur d'eau déversée par unité de superficie (pouces, millimètres par hectare, acre), volume (gallons, litres, mètres cubes, etc.), débit (gallons/heure, litres/secondes, etc.). Plus de 50 % des répondants de l'échantillon qui ont répondu à l'enquête ont pu estimer la quantité d'eau déversée en terme de profondeur d'eau (en pouces ou en mm).
3.2.2 Autres données
Le questionnaire comportait aussi des questions sur la qualité de l'eau, sur la gestion des eaux usées, les pratiques de conservation, les sources d'eau, le traitement de l'eau, la présence d'un système de drainage sur la ferme, etc. Plusieurs de ces questions ont produit de bons résultats, alors que d'autres se sont avérées moins productives. Par exemple, si la question concernant le traitement de l'eau utilisée à la ferme pour en améliorer la qualité a été bien comprise, celle portant sur la gestion des eaux résiduelles s'est avérée moins efficace.
3.3 Recommandations
L'enquête visait à récolter de l'information détaillée sur l'irrigation et les cultures : les quantités d'eau déversées, les cultures irriguées, leur rendement, le type de systèmes d'irrigation utilisés. Ces informations auraient permis de comprendre davantage l'efficacité des systèmes d'irrigation à la ferme et la valeur ajoutée de l'irrigation sur la production des cultures. Cependant, il est recommandé que la complexité du questionnaire, le choix du moment de l'enquête et le type d'outil d'enquête soient revus à la lumière des résultats de l'enquête pilote.
Lors de la conception du prochain cycle de l'enquête, la simplification du questionnaire devrait être une priorité. La collecte d'information sur l'irrigation par type de culture s'est avérée trop ardue pour certains répondants. De plus, la taille actuelle de l'échantillon ne permet pas d'obtenir de l'information statistiquement significative pour ce niveau de détail. Il est recommandé que la prochaine version de l'enquête se limite à estimer l'irrigation pour des catégories plus générales telles que les fruits, la culture maraîchère, les grandes cultures, le foin et les pâturages améliorés, et l'ensilage. L'information détaillée recueillie par la version pilote de l'enquête servira à améliorer les coefficients d'irrigation existants utilisés pour alimenter les modèles d'irrigation.
Une autre recommandation a trait au choix du moment où est tenue l'enquête, ainsi qu'au type d'outil d'enquête employé. Comme la plupart des répondants n'ont pas de compteurs d'eau, il est plus compliqué d'obtenir de l'information sur les volumes d'eau. De plus, en demandant ces informations plusieurs mois après que l'irrigation a eu lieu, on impose un effort supplémentaire au répondant, ce qui ajoute un facteur d'erreur. Les données de l'enquête nous laissent d'ailleurs croire que les volumes d'eau et les superficies déclarés dans l'EUEA seraient sous-estimés (voir section 5). Une enquête sous forme de journal quotidien combiné à un suivi téléphonique pourrait contribuer à obtenir des informations plus exactes. Toutefois, il reste à savoir si les répondants accepteraient cette approche et si elle serait réellement utile. Le sujet a été abordé par les groupes de discussion pour le questionnaire de l'enquête pilote. Il a été conclu, d'une part, que les répondants ne voulaient pas répondre à une enquête lors de la haute saison, mais d'autre part qu'ils auraient aimé pouvoir déclarer leurs activités d'irrigation au fur et à mesure. Il est recommandé d'étudier la faisabilité du recours au journal de bord afin de recueillir les volumes d'eau utilisés pour irriguer.
L'approche du journal quotidien est déjà utilisée dans certaines enquêtes de Statistique Canada. Par exemple, les répondants de l'Enquête sur les dépenses alimentaires 3 doivent inscrire leurs dépenses alimentaires durant deux semaines dans un journal; les répondants de l'Enquête nationale sur l'utilisation des véhicules privés 4 et ceux de l'Enquête sur la consommation de carburant 5 remplissent aussi un journal. Les taux de réponse pour ces enquêtes varient de 56 % (pour l'Enquête sur la consommation de carburant en 1988) à 71 % (pour l'Enquête sur les dépenses alimentaires en 2001, après suivi téléphonique). L'Enquête sur les véhicules au Canada (EVC) utilise également un journal de bord que les répondants doivent remplir durant 28 jours. Les taux de réponse obtenus varient de 50 % à 80 %, selon la province et le type de véhicule 6 . Les taux de réponse pour ces enquêtes s'avèrent plus faibles que ceux obtenus avec l'EUEA (81,4 % à la collecte). Certains journaux étaient inutilisables ou n'ont tout simplement pas été retournés 7 . De plus, puisque ce type d'enquête demande un effort durant toute la période couverte par l'enquête, et que dans le cas de l'EUEA cette période est la plus occupée de l'année, l'enquête doit être conçue pour minimiser le fardeau de réponse.
Une autre option à envisager serait d'installer un compteur d'eau spécifiquement aux fins de l'enquête. Théoriquement, cette option permettrait d'obtenir une mesure plus précise. Il reste toutefois à établir dans quelle mesure cette méthode est faisable.
4 Plan d'échantillonnage
4.1 Population cible et base de sondage
Le plan d'échantillonnage de l'EUEA a été élaboré par la Division des méthodes d'enquêtes auprès des entreprises de Statistique Canada. La population cible de l'enquête comprend toutes les exploitations agricoles qui irriguent. La population de l'enquête inclut les exploitations agricoles ayant un chiffre d'affaires d'au moins 10 000 $ et qui ont déclaré faire de l'irrigation ou posséder du matériel d'irrigation lors du Recensement de l'agriculture de 2006. Sont exclues les fermes des territoires (le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut), les fermes rattachées à une institution (fermes gouvernementales, universitaires ou pénitentiaires), les fermes des réserves indiennes, les pâturages communautaires, les exploitations d'accouvaison et celles qui produisent seulement des sapins de Noël.
La base de sondage a été tirée de la base de données du Recensement de l'agriculture (REAG) de 2006 et contient toutes les exploitations agricoles ayant déclaré une superficie irriguée ou possédant du matériel d'irrigation et qui correspondent aux critères mentionnés au paragraphe précédent. L'unité d'échantillonnage de l'enquête est l'exploitation agricole.
Au Canada, la proportion de fermes qui irriguent est relativement faible et varie selon les provinces en fonction du climat et des cultures. La proportion d'exploitants qui irriguent en Colombie-Britannique se démarque de celle des autres provinces comme l'indique le tableau A, probablement à cause du type de cultures produites, principalement des vergers et des vignobles. Le nombre de serres en Colombie-Britannique pourrait aussi y être pour quelque chose. Dans cette province, 6 % des exploitants agricoles ont déclaré cultiver des produits de serre contre 2 % dans l'ensemble du Canada.
4.2 Taille de l'échantillon
La taille de l'échantillon, déterminée essentiellement en fonction du budget de l'enquête, a été fixée à 2 000 unités pour l'ensemble du Canada, soit un peu moins du huitième de la population visée par l'enquête. Le nombre de fermes faisant partie de l'échantillon a d'abord été réparti entre les provinces proportionnellement à la racine carrée du nombre d'exploitations agricoles par province 8 . Dans le cas de Terre-Neuve-et-Labrador et de l'Île-du-Prince-Édouard, la taille initiale de l'échantillon était si proche de la taille de la population qu'il a été décidé de prendre la totalité de la population pour ces provinces.
Ensuite, le nombre de fermes de chaque province a été réparti entre les strates d'utilisation de l'eau (UE) par une méthode de répartition multidimensionnelle. Un processus de coordination de l'échantillon avec ceux d'autres enquêtes a également été utilisé pour tenir compte du fardeau de réponse cumulé des unités communes à diverses enquêtes. Autrement dit, dans une strate particulière, les unités dont le fardeau cumulé était plus faible avaient plus de chance d'être sélectionnées. Après le tirage de l'échantillon, les unités inactives ont été remplacées par des unités actives afin d'atteindre un échantillon de 2 000 unités pour la collecte des données. Les unités inactives ont été conservées dans l'échantillon afin de représenter la base de sondage, c'est-à-dire pour représenter d'autres unités inactives inconnues.
4.3 Stratification
La stratification consiste à rassembler les répondants en groupes homogènes pour ensuite tirer un échantillon de chacun des groupes, ou « strates ». Cela permet de réduire la taille de l'échantillon total tout en minimisant la variance des estimations produites avec les données d'enquêtes. La stratification assure aussi que les différents groupes de répondants sont représentés dans l'échantillon total. La population de l'enquête a d'abord été stratifiée géographiquement, puis en fonction de la quantité d'eau utilisée pour l'irrigation, étant donné qu'il s'agit là de la principale variable d'intérêt de l'EUEA. La stratification géographique de la population a été faite sur une base provinciale. Au départ, les utilisateurs des données de l'EUEA auraient souhaité une stratification par bassin versant, une unité géographique fréquemment utilisée pour les études hydriques. Cependant la taille de l'échantillon était limitée à 2 000 unités pour ce premier cycle de l'enquête, ce qui représente une quantité insuffisante pour stratifier une enquête nationale par bassin versant.
L'enquête étant réalisée pour la première fois, la stratification en fonction de la quantité d'eau utilisée pour l'irrigation s'est faite à partir d'une variable modélisée : « utilisation totale d'eau d'irrigation (UE) ». La variable UE a été obtenue en utilisant les données du REAG de 2006 dans un modèle d'irrigation développé par la Division de l'agriculture de Statistique Canada. Ce modèle tient compte de la province et de la superficie des cultures irriguées, corrigée par le rapport entre la superficie totale irriguée et la superficie totale déclarée. Le modèle utilise une régression logistique permettant de déterminer quelles cultures sont plus susceptibles d'être irriguées, selon la province où elles se situent et la présence ou l'absence de cultures spécifiques sur les fermes. Des coefficients d'irrigation ont ensuite été appliqués aux cultures ayant été relevées par le modèle logistique comme étant irriguées (Beaulieu, Fric et Soulard, 2007). Les coefficients d'irrigation sont disponibles pour les principales cultures irriguées.
Toutefois, il ne semble pas y avoir pas de relation directe entre les volumes d'eau prédits par le modèle et ceux déclarés par les répondants lors de l'enquête (graphique 1). Bien que les raisons de cette divergence puissent être nombreuses (par exemple : année de référence différente, imprécision des coefficients d'irrigation), le modèle servant à la stratification devra être amélioré. Les données recueillies par l'enquête aideront à identifier une variable de stratification ayant une corrélation plus forte avec les volumes d'eau utilisés pour l'irrigation.
Quatre strates d'utilisation d'eau ont été définies : UE nulle (représentant 10 % des observations par province), UE très importante (strate à tirage complet) et deux strates pour les UE intermédiaires. Ces quatre strates ont été observées dans toutes les provinces, à l'exception de l'Île-du–Prince-Édouard et de Terre-Neuve-et-Labrador. Étant donné le faible nombre d'unités dans ces deux provinces, seulement trois strates ont été utilisées; les deux strates intermédiaires ont été regroupées.
4.4 Recommandations
À la lumière des résultats de l'enquête, et en raison particulièrement de l'absence de corrélation entre les valeurs modélisées et celles provenant de l'enquête, il est recommandé que des améliorations soient faites à la variable de stratification, en modifiant par exemple le modèle d'utilisation d'eau ou en adoptant une autre approche.
Pour obtenir des données par bassin versant en vue de répondre à la demande, il n'y a pas d'autre moyen que d'augmenter la taille de l'échantillon, et donc celle du budget de l'enquête. Toutefois, il demeurera vraisemblablement difficile de produire des estimations provinciales pour certaines provinces, pour des raisons de confidentialité ou de manque de fiabilité des données. Dans certaines régions, comme les Maritimes, il se pourrait que soit utilisé un échantillonnage à tirage complet (où toutes les unités de la population de la strate visée sont sélectionnées). Cela assurerait la fiabilité des données.
5 Collecte des données
Afin de réaliser la collecte des données, un programme d'interviews téléphoniques assistées par ordinateur » (ITAO) a été créé. Ce programme a été élaboré et testé par la Division de la recherche et du développement des opérations (devenue la Division des systèmes et de l'infrastructure de collecte), en suivant des lignes directrices créées par la Division de l'agriculture et la Division des méthodes d'enquête auprès des entreprises. Le programme intègre des opérations de révision automatique des données. Par exemple, une vérification initiale de la cohérence des superficies est exécutée automatiquement durant l'entrevue; la superficie irriguée pour une culture et pour une méthode d'irrigation ne peut être supérieure à la superficie totale de l'exploitation ni à la superficie déclarée pour cette culture. Des vérifications de la cohérence des unités de temps sont aussi faites lors de la saisie des données.
Afin de former les intervieweurs en prévision de la tenue de l'enquête, un manuel contenant de l'information sur le programme ITAO, sur le sujet et les objectifs de l'enquête et sur les définitions et les concepts utilisés a été créé. Ce manuel a été distribué à chaque intervieweur, et a été utilisé lors de leur période de formation qui a précédé la tenue de l'enquête.
L'enquête a été menée par quatre équipes distinctes d'intervieweurs :
- les grandes opérations agricoles (12 unités) ont été interviewées par l'équipe des Statistiques sur les grandes entreprises agricoles (SGEA) de la Division de l'agriculture;
- les opérations agricoles du Canada atlantique ont été interviewées par l'équipe du bureau régional d'Halifax;
- les opérations agricoles de la région du Québec et de l'Ontario ont été interviewées par l'équipe du bureau régional de Sherbrooke; et
- les opérations agricoles des provinces de l'Ouest ont été interviewées par l'équipe du bureau régional de Winnipeg.
Quelques jours avant que ces équipes ne commencent la collecte, une lettre a été envoyée à tous les répondants, expliquant la raison de l'enquête et les objectifs ciblés. Cette lettre contenait également une description du type d'information recherché (Statistique Canada, 2007, Enquête sur l'utilisation de l'eau à des fins agricoles de 2007 : Manual de l'intervieweur). Comme le questionnaire a été conçu pour une entrevue téléphonique, il n'a pas été envoyé aux répondants en raison de sa longueur et de sa complexité.
La période de collecte des données s'est étendue du 2 février au 4 mars 2008, mais la plupart des entrevues avaient été complétées deux semaines après le début de la période. Les données ont été recueillies en vertu de la Loi sur la statistique et la participation à l'enquête s'est faite sur une base volontaire. L'échantillon net de l'enquête s'est établi à 1 932 unités, (tableau B) et le taux de réponse de l'enquête a atteint 81,4 % (c'est-à-dire que 81,4 % des questionnaires ont été considérés « remplis » 9 ).
L'enquête a été bien reçue par les répondants, malgré l'aspect technique des questions posées 10 . Les questions portant sur les volumes d'eau ont été ardues pour les répondants (la question 7 en particulier; voir le questionnaire à la fin du rapport ou dans la BMDI numéro 5145). Les intervieweurs ont dû poser beaucoup de questions d'approfondissement pour aider les répondants à fournir une réponse. Plusieurs des réponses fournies semblaient très approximatives, et plusieurs répondants ont choisi de ne pas répondre à ces questions. Certains répondants ont également éprouvé de la difficulté à répondre aux questions sur les sources d'eau utilisées par l'exploitation (questions 15 à 17), et celle portant sur la gestion des eaux usées (question 20); les répondants ne semblaient pas savoir à quelles eaux usées le questionnaire faisait référence. Les variables provenant de cette question ne sont pas considérées comme étant suffisamment fiables pour être analysées.
5.1 Recommandations
Ainsi qu'on le note précédemment, c'est pour la question 7 qu'il a été le plus difficile d'obtenir des données exactes. Quand ils ont été interrogés à propos de la précision des réponses obtenues, les responsables de la collecte des données des bureaux régionaux ont souligné qu'il avait fallu poser des questions d'approfondissement pour obtenir une estimation de l'utilisation totale d'eau. En général, il a semblé que les opérations de plus grande taille avaient une meilleure connaissance des volumes d'eau utilisés. Aussi, la pertinence de recueillir de l'information sur les cultures non irriguées a été remise en question à plusieurs reprises, suite aux commentaires des répondants. Il est recommandé de revoir l'approche visant à obtenir les volumes d'eau d'irrigation. D'autres formes de collecte de données pourraient pallier les limites de celle-ci (p. ex. : enquête sous forme de journal de bord, ou installation de compteurs d'eau avec suivi téléphonique). Ces méthodes devront faire l'objet d'une étude de faisabilité.
Il est aussi recommandé que soit revu à la hausse le niveau d'achèvement à atteindre pour qu'un questionnaire soit considéré comme étant « rempli ». Puisque seules les questions portant sur les volumes d'eau étaient nécessaires, la compilation de la base de données de l'enquête a été l'objet d'un travail d'imputation supplémentaire (voir la section suivante sur la préparation de la base de données). Afin de minimiser l'incidence d'un taux d'achèvement plus élevé sur le taux de réponse, il est recommandé que la lettre envoyée aux répondants les informe mieux des objectifs de l'enquête. Une meilleure compréhension des objectifs de l'enquête de la part des répondants devrait se traduire par un meilleur taux d'achèvement du questionnaire. Par exemple, un résumé de la question 7 ou une version abrégée du questionnaire pourrait être inclus dans la lettre afin que les répondants connaissent à l'avance la teneur des questions et comprennent mieux la structure de l'entrevue.
6 Base de données et préparation des estimations principales
La base de données associée au questionnaire est complexe, surtout pour ce qui a trait aux variables de volume d'eau et de superficies irriguées. Les questions ont été conçues de manière à faciliter la tâche aux répondants. Par exemple, les unités de mesure étaient laissées au choix du répondant (comme il est courant de le faire dans les enquêtes), et le répondant avait la possibilité de répondre aux questions sur le volume d'eau et la superficie irriguée de deux façons différentes. Tous les volumes ont été convertis en mètres cubes et les superficies, en hectares. Les unités de temps pour les débits ont toutes été converties en unité de volume choisie / seconde, et les temps d'utilisation des systèmes d'irrigation ont tous été convertis en jours.
Le questionnaire a été formulé pour obtenir le maximum de détails quant à l'eau utilisée pour l'irrigation. Pour la question 7, cela représente 20 variables par culture et par méthode d'irrigation. Avec une possibilité de répondre pour six cultures différentes et avec trois méthodes d'irrigation par culture, la base de données contient 360 variables différentes seulement pour la question 7 (voir le questionnaire à la fin du rapport ou dans la BMDI numéro 5145). De plus, l'information sur les volumes relatifs à chaque système d'irrigation utilisé pouvait aussi être fournie à la question 9. Cela équivaut à 36 variables pour la question 9. Les volumes d'eau utilisés pour l'irrigation et les superficies irriguées ont été dérivés à partir de ces 396 variables.
Les volumes d'eau totaux utilisés par chaque unité répondante ont d'abord été calculés à partir des réponses données à la question 7, et ensuite à partir de celles données à la question 9. Le volume le plus élevé des deux est désigné comme étant le volume d'eau total utilisé par la ferme pour irriguer les cultures, puisque les analyses préliminaires des résultats de l'enquête ont permis de constater la tendance à sous-estimer les volumes d'eau utilisés pour l'irrigation.
La dérivation des superficies irriguées posait aussi un défi. En demandant de l'information aussi détaillée sur les superficies irriguées par type de culture et par système d'irrigation, un problème de double comptabilisation est apparu puisque plus d'un système peut irriguer un même champ et que plusieurs cultures peuvent être réparties dans un même champ. La question 8 se voulait d'ailleurs une question de validation pour vérifier la double comptabilisation des superficies irriguées, mais n'a pu être utilisée qu'en partie, étant donné que seule une fraction des répondants ont pu y répondre (soit ceux n'ayant pas répondu à la question 7 au complet ou qui avaient plus de six cultures). Afin d'assurer la cohérence des données, la somme des superficies irriguées par chacune des méthodes d'irrigation pour une même culture ne devait pas dépasser la superficie totale de la culture. Quand cela était le cas, la superficie irriguée pour cette culture était imputée par sa superficie totale. Le total des superficies irriguées par chacune des fermes répondantes a ensuite été calculé avec le résultat de la question 7, puis avec celui de la question 9, comme c'était le cas pour les volumes d'eau utilisés. La superficie irriguée totale a été sélectionnée de la question 7 ou 9 selon la question qui a été sélectionnée pour le volume d'eau, afin de maximiser la cohérence des données. Les superficies irriguées par type de culture ont été calculées uniquement à partir des données de la question 7, puisque les données sur les types de cultures ne sont disponibles qu'avec cette question.
Les cas où les répondants ont refusé d'autoriser le partage de données avec les autres ministères (tel que spécifié sur le questionnaire) ont été retirés de la base de données afin d'assurer une plus grande cohérence entre les estimations qui proviendront des différents ministères utilisant les données de l'enquête.
6.1 Estimations et validation des résultats
Le calcul des estimations et de la variance a été réalisé en utilisant les poids de sondage appropriés, selon qu'il s'agisse de variables liées aux volumes d'eau ou non. La méthode du jackknife a été utilisée pour calculer la variance afin de tenir compte du plan de sondage complexe. Toutes les estimations dont le coefficient de variation (c.v.) est de 35 % ou plus ont été considérées comme étant trop peu fiables pour être publiées. Les estimations dont le c.v. se situe entre 25 % et 34,99 % sont à utiliser avec prudence et sont identifiées dans les tableaux de résultats. Les c.v. des variables clés sont présentés au tableau C. De plus, pour s'assurer qu'aucune donnée publiée ne permette d'identifier un répondant, les estimations de fréquences sont arrondies aléatoirement.
Les estimations des variables clés de l'enquête (volumes d'eau et superficies irriguées) ont été comparées à des données d'autres sources. Il existe peu de données fiables sur l'utilisation de l'eau en agriculture au Canada, mais certaines provinces examinent les quantités d'eau utilisées pour l'irrigation. Des experts en irrigation de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et de la Saskatchewan ont aussi été consultés afin de valider les données clés de l'EUEA. Certaines données clés ont aussi été comparées aux données du Recensement de l'agriculture.
6.2 Confrontation des données
6.2.1 Fermes irriguant leurs cultures
Le nombre d'exploitations agricoles est à la base des estimations de l'enquête. Si le nombre d'exploitants qui irriguent est biaisé, l'ensemble des résultats de l'enquête le sera aussi. Les données de l'EUEA ont donc été comparées en un premier temps avec celles du Recensement de l'agriculture (REAG).
Le REAG et l'EUEA n'ont pas le même univers de répondants. En fait, l'échantillon de l'EUEA a été tiré d'une sous-population du REAG. Les exploitations dont le revenu n'atteint pas 10 000 $, celles situées sur des réserves indiennes ou dans les territoires, les serres et les producteurs d'arbres de Noël ont été exclus. De plus, l'année de référence du recensement est 2005 11 alors que celle de l'enquête est 2007. Toutefois, l'ordre de grandeur des valeurs au niveau du nombre d'exploitants qui irriguent et des superficies irriguées devrait être comparable. Les données du REAG ont donc été utilisées pour valider le nombre d'exploitants qui irriguent et l'étendue des superficies irriguées.
Au niveau national, il existe une différence d'environ 37 % entre les données du REAG et celles de l'EUEA, en ce qui a trait au nombre d'opérations déclarant avoir irrigué leurs cultures (tableau D) Or, comme on l'a dit, l'enquête ne couvre qu'une sous-population d'exploitants qui irriguent; par exemple, seules les fermes ayant des revenus supérieurs à 10 000 $ sont incluses dans l'enquête. Or, 35,8 % des fermes ont des revenus inférieurs à 10 000 $ au Canada (Statistique Canada, 2009). Puisque les revenus agricoles doivent être suffisants pour investir dans un système d'irrigation, il est attendu que la proportion des exploitations agricoles qui irriguent soit plus faible parmi celles dont le revenu est inférieur à 10 000 $ par rapport à l'ensemble des opérations agricoles. De plus, il convient de rappeler que d'autres différences existent entre l'enquête et le REAG, telle l'année de référence, et que celles-ci influent aussi sur la comparabilité des données.
6.2.2 Superficies irriguées en Alberta
Au dernier REAG, les opérations agricoles ont déclaré avoir irrigué 536 584 hectares en 2005, soit plus de 100 000 hectares de plus que la superficie irriguée estimée avec l'EUEA pour 2007. Comme c'est le cas pour le nombre de fermes pratiquant l'irrigation, les données du REAG couvrent une période et un univers différents de ceux de l'EUEA. On observe tout de même que les superficies irriguées sont relativement stables d'un recensement à l'autre, sauf dans le cas de l'Alberta où elles sont en croissance (graphique 2). Cette légère augmentation n'explique pas la différence de 100 000 hectares entre les deux sources de données.
En Alberta, l'estimation des superficies irriguées est faite à partir des demandes de permis d'irrigation livrés aux opérations qui irriguent leurs terres. Comme il y a des frais rattachés pour chaque acre irrigué, les superficies ne devraient pas être surestimées.
Les estimations des superficies irriguées diffèrent entre le REAG et les estimations provenant de l'Alberta (voir le tableau E). Les superficies irriguées provenant l'EUEA sont de 20 % à 30 % inférieures à celles provenant de la province et du REAG. Les écarts entre les différentes sources de données sont donc importants. Cela illustre la difficulté d'évaluer la fiabilité des données sur l'utilisation de l'eau en milieu agricole.
6.2.3 Volumes d'eau d'irrigation
Au niveau des volumes d'eau utilisés pour l'irrigation, les différences obtenues entre les estimations de l'enquête et celles de sources provinciales sont assez importantes (voir tableau E). Les volumes d'eau fournis par l'Alberta sont calculés à partir des débits mesurés aux ouvrages de dérivation. Selon le Alberta Agriculture and Rural Development (2008), 1 900 millions de mètres cubes d'eau ont été mesurés aux ouvrages en 2007. Afin d'être comparable à l'EUEA, cette mesure doit être ajustée pour tenir compte des autres utilisations à part l'irrigation, ainsi que pour les pertes en cours de transport. Selon le ministère de l'Agriculture de l'Alberta, seulement 66 % de l'eau dérivée dans les canaux d'irrigation se rend sur les fermes (Irrigation Water Management Study Committee, 2002). Cela correspond à un volume d'eau de 1 254 millions de mètres cubes, pour les districts d'irrigation uniquement. Ceux-ci représentent 80 % de l'irrigation en Alberta (Irrigation Water Management Study Committee, 2002); le volume doit donc être augmenté de 20 % pour tenir compte des autres sources d'irrigation. Cela donne en fin de compte une différence d'environ 30 % entre les deux estimations.
De façon générale, les estimations basées sur les réponses des agriculteurs sont inférieures aux estimations provinciales des volumes d'eau et des superficies irriguées (par exemple, tableau E pour l'Alberta). D'une part, l'EUEA fait appel à la mémoire du répondant pour obtenir des données qui servent à estimer les volumes d'eau utilisés pour l'irrigation. Or, la période de collecte de l'enquête a eu lieu plusieurs mois après la période où les activités d'irrigation ont eu cours. De plus, la consommation d'eau pouvant être un sujet sensible (surtout dans certaines régions où il y a concurrence entre divers utilisateurs), il se peut que les répondants aient eu tendance à sous-estimer les volumes d'eau. D'autre part, les quelques estimés provinciaux qui existent sont basés sur des méthodes d'estimation de qualité inégale. Dans ces circonstances, il est donc difficile de valider l'une ou l'autre des approches.
6.3 Variance élevée des variables clés en Saskatchewan
Les estimations des volumes d'eau utilisés et de la superficie irriguée pour la Saskatchewan présentent un c.v. élevé (24,04 % pour les volumes et 25,82 % pour les superficies, voir le tableau C), ce qui démontre une grande variabilité dans les données. Kulshreshtha et Grant (2007) ont rapporté qu'en Saskatchewan, on retrouvait des différences régionales importantes dans les pratiques d'irrigation. On y retrouve des petites parcelles irriguées dans le sud-ouest tandis que, dans la région du Lac Diefenbaker, l'irrigation est pratiquée à grande échelle. Cela pourrait en partie expliquer le c.v. élevé pour la superficie des terres irriguées en Saskatchewan. Une stratification de l'échantillon tenant compte de ce découpage géographique pourrait atténuer l'effet de ces variations interrégionales sur la variance des résultats.
7 Conclusion
Que l'on travaille à partir de données modélisées ou de données d'enquêtes, il est compliqué de produire de l'information vérifiable sur l'utilisation de l'eau en milieu agricole. D'une part, les modèles se servant de coefficients d'irrigation sont habituellement basés sur des conditions météorologiques moyennes, et sont donc plutôt théoriques. D'autre part, une enquête récolte de l'information auprès des agriculteurs, et si les résultats sont moins théoriques que ceux des volumes modélisés, ils demeurent plus subjectifs et variables.
Cela indique que des modifications devront être apportées lorsque l'enquête sera menée de nouveau, afin de simplifier la tâche aux répondants et d'améliorer la qualité des résultats. D'abord, le type d'outil d'enquête devra être réexaminé. Par exemple, une enquête sous forme de journal de bord faciliterait le rapport des activités d'irrigation. Il faudrait évaluer l'incidence des options sur le fardeau de réponse et, par extension, sur le taux de réponse.
Par ailleurs, des améliorations devront être apportées afin d'augmenter la qualité des données. D'abord, l'information recueillie par l'enquête devra être simplifiée : le niveau élevé de détails inclus dans la version pilote de l'EUEA, bien qu'approprié pour une enquête pilote, sera revu à la baisse. Par exemple, les cultures irriguées seront regroupées dans des catégories plus générales, par exemple les fruits, les grandes cultures et les cultures maraîchères. Cela réduira le fardeau de réponse et le risque de double comptabilisation. Aussi, puisque l'enquête se concentre sur l'irrigation, il serait peut-être judicieux de couper les questions concernant les cultures non irriguées, qui avaient été ajoutées afin de permettre de mieux comprendre l'effet de l'irrigation sur le rendement des cultures.
Pour ce qui est de la ventilation géographique des résultats, la taille de l'échantillon devra être augmentée si la représentation de l'utilisation de l'eau par bassin versant est désirée. Un échantillon à tirage complet devra être considéré dans les régions où l'agriculture est moins prépondérante. La variable de stratification pour le volume d'eau d'irrigation devra également être revue.
Ces améliorations seront apportées au prochain cycle de l'enquête. Pour l'instant, la version pilote de l'enquête a tout de même permis de produire une base de référence valide d'estimations sur l'utilisation de l'eau à des fins agricoles aux niveaux national, régional et provincial. Ces données sont présentées à la section « Tableaux de données ».
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