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Volume 2006, numéro 4 Produire des heures travaillées pour le
SCN
afin de mesurer la productivité : l'expérience canadienne
Renseignements supplémentaires |
Ce qui est produit au CanadaDepuis 2001, les Comptes canadiens de productivité (CCP) produisent des données sur le nombre d'emplois et sur les heures travaillées par catégorie de travailleurs pour les 286 industries des Comptes par industrie et pour les 10 provinces et les 3 territoires du Nord canadien. Avant l'incorporation du SCN de 1993, le programme visait essentiellement à mesurer la croissance de la productivité du travail. Au cours des années 1990, il est devenu clair que nos clients utilisaient également ces données pour comparer les niveaux de productivité. La prise de conscience de cette nouvelle exigence a donné lieu à l'élaboration de la base de données actuelle qui visent à la fois à estimer la tendance et le niveau. Méthodologie MéthodologieLa méthodologie canadienne a été développée dans les années 1960 par des analystes des Comptes de productivité de Statistique Canada. Au cours des années, des améliorations aux données sources ont permis d'apporter plusieurs raffinements à cette méthodologie, mais les principes de base sont demeurés essentiellement les mêmes. En résumé, les CCP produisent des estimations détaillées sur les heures travaillées en estimant d'une part, le nombre d'emplois1 et d'autre part, le nombre annuel d'heures travaillées par emploi. Le volume d'heures travaillées est obtenu en effectuant le produit de ces deux composantes. (Voir l'équation ci-dessous). Lorsqu'ils construisent les estimations sur l'intrant du travail, les CCP visent trois objectifs :
L'utilisation d'une stratégie en deux étapes nous offre plus de degrés de liberté dans la sélection des sources de données nécessaires pour atteindre ces objectifs. E = Nombre d'emplois = Heures annuelles moyennes Vh = Volume d'heures travaillées. Où c = catégorie de travailleurs, i = industrie et r = région. En pratique, il n'existe pas au Canada de source exhaustive mesurant
l'intrant de travail qui soit parfaitement cohérente tant au niveau
conceptuel que de la couverture avec les normes internationales définies
dans le manuel du SCN
de 1993. Les données canadiennes sur les heures travaillées
sont donc dérivées en intégrant les résultats
de plusieurs enquêtes, tant auprès des établissements
qu'auprès des ménages, auxquelles s'ajoutent les résultats
des recensements quinquennaux et des données administratives. Principales sources des données sur l'entrée de travailÀ Statistique Canada, les données sur le facteur travail sont principalement recueillies par l'Enquête sur la population active (EPA) et l'Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH). L'EPA est un sondage mensuel qui recueille des données sur les personnes, les heures travaillées et la masse salariale. Elle est réalisée auprès de 53 000 ménages (environ 100 000 individus de 15 ans et plus) pour une semaine spécifique du mois. Son échantillon est arrimé aux recensements de la population et aux estimations intercensitaires. Elle constitue la référence canadienne pour l'évolution globale du marché du travail. Étant donné sa base de sondage, cette enquête est considérée comme la plus fiable au niveau agrégé. Sa méthodologie est demeurée stable depuis 1976 et la richesse de son questionnaire permet une harmonisation conceptuelle de l'emploi avec le SCN de 1993. Celle-ci requière la comptabilisation des personnes qui cumulent plus d'un emploi et l'exclusion des personnes absentes du travail qui étaient non rémunérées lors de la semaine de l'enquête. Quant au concept d'heures travaillées, il correspond exactement à celui du SCN. Puisqu'il s'agit d'un sondage, cette enquête n'est toutefois pas la source la plus fiable pour la répartition industrielle très détaillée des données2. À cet égard, les données de l'EERH sont plus appropriées. Les industries couvertes par cette enquête sont en effet recensées chaque mois et la codification industrielle des unités de base, l'établissement, est réalisée par l'intermédiaire d'un registre commun des entreprises et en fonction d'un système de classification normalisé (SCIAN). Ce registre est utilisé par toutes les enquêtes auprès des industries. L'EERH obtient mensuellement le nombre d'emplois occupés par des salariés ainsi que leur masse salariale auprès de tous les établissements au Canada à l'exception de l'agriculture, la pêche et la chasse, les services agricoles, les services aux ménages privés, les organisations religieuses et le personnel militaire des services de défense. Depuis 1998, tous les employeurs doivent en effet rapporter la masse salariale et le nombre de leurs employés, idéalement pour la dernière période de paye du mois, aux autorités fiscales (Agence du revenu du Canada) lorsqu'ils défraient leurs déductions salariales3. Compte tenu des données disponibles, notre stratégie consiste
à capitaliser sur les points forts de chacune des enquêtes
tout en minimisant l'impact de leurs faiblesses. Le choix des sources
des données tient compte du degré de correspondance des
données avec le concept visé; de leur précision relative
à divers niveaux d'agrégation, de l'intégralité
de leur couverture; de leur conformité avec les sources utilisées
pour mesurer la production et de la constance de la méthodologie
dans le temps (aucun bris historique). Estimation du volume d'heures travailléesL'estimation du volume d'heures travaillées se déroule en quatre étapes :
Estimation des heures moyennesPour estimer les heures moyennes, les CCP se fient principalement aux données de l'EPA. Cette enquête comprend une série de questions portant sur l'horaire de travail hebdomadaire des personnes employées. On questionne d'abord les répondants sur leur temps régulier, leur temps supplémentaire qu'il soit rémunéré ou non et leurs heures perdues. On demande finalement au répondant de spécifier le nombre d'heures qu'il a travaillé durant la semaine de référence. Dans le cas où il se serait absenté du travail durant la semaine de référence, on lui demande aussi de mentionner la raison principale de cette absence. Les heures de travail des semaines de référence de l'EPA sont d'abord ajustées pour éliminer les événements ponctuels (congés fériés, grèves, etc.). Puis elles sont interpolées afin de produire des estimations pour toutes les semaines de l'année. Lorsqu'elles sont annualisées, les baisses ponctuelles identifiées par l'enquête sont réintroduites de façon systématique dans le calendrier auxquelles sont ajoutées celles qui n'ont pas été capturées et dont on connaît l'existence. Finalement, une dernière série d'ajustements est apportée afin de tenir compte pour chaque année du jour de la semaine auquel débute ou se termine l'année. (Voir la figure A1). Comme on peut le voir au tableau A2, si les heures travaillées de l'EPA ne sont pas ajustées pour la présence sporadique des congés fériés cela cause un biais sur le niveau et sur la tendance des heures moyennes4. Les interpolations des heures sont calculées par région, industrie et type de travailleur. Un repère global d'heures moyennes annuelles est produit pour chaque région. Au niveau le plus détaillé des industries, les heures moyennes sont annualisées en combinant les heures interpolées et les poids mensuels d'emploi des sources d'information utilisées pour estimer les distributions industrielles d'emploi5. (Voir Intégration des données par industrie). Calcul des repèresAu niveau agrégé, les données sur l'emploi et sur les heures travaillées par emploi pour chaque province et territoire de même que pour les trois catégories d'emploi (salariés, autonomes avec aide rémunérée et autonomes à leur compte) sont principalement tirées de l'EPA. Les résultats de cette enquête servent ici de repère. Pour compléter la couverture spatiale et harmoniser le concept régional d'emploi de cette enquête à celui du SCN6, on y ajoute d'autres sources : le recensement pour estimer les flux interprovinciaux des personnes occupées; les données administratives de l'EERH pour les Territoires du Nord canadien et les réserves autochtones, et des données de la Division des institutions publiques pour les employés des différents paliers de gouvernement. (Pour un exemple, voir le tableau A1). Les données agrégées sur la masse salariale proviennent de données administratives pour l'ensemble de l'économie. Intégration des données par industrieLe détail industriel des matrices initiales d'emplois et de rémunération par province et territoire est élaboré à partir de différentes enquêtes dont le choix varie selon la catégorie d'emplois. Dans le cas des salariés, la source principale des données est l'EERH, sauf pour les industries exclues de cette enquête ainsi que la construction, le commerce de détail, l'hébergement et la restauration7 qui proviennent plutôt de l'EPA. (Étape 1 du tableau A6). Dans le cas des travailleurs autonomes, elle résulte de la réconciliation des données de l'EPA avec la distribution industrielle interpolée à partir des recensements quinquennaux. Ces résultats sont ajustés à des sous-totaux spéciaux de l'EPA8 utilisés comme repères annuels pour chaque province et chacune des catégories d'emplois autonomes (employeur ou propre compte). (Étape 5 du tableau A6). Puisque l'Enquête sur la population active utilise le Recensement de la population comme valeur repère de ces poids démographiques, les données du marché du travail recueillies à partir de ce médium sont cohérentes avec la première. Réconciliation de l'emploi avec les Comptes par industrieL'étape suivante consiste à réconcilier et à modifier, s'il y a lieu, la matrice initiale de l'emploi et de la masse salariale avec ceux des Comptes par industrie et à contraindre la distribution résultante aux repères provinciaux. Il est important de mentionner que les Comptes par industrie font appel à des sources de données différentes pour estimer les Comptes des entrées-sorties. Notamment, on utilise des données administratives annuelles comme repère des salaires et traitements alors que la répartition industrielle est principalement tirée d'enquêtes spécifiques auprès de chaque industrie9. Dans le processus de réconciliation par industrie, nous tenons compte des événements connus tels que : fermetures et ouvertures d'établissements, mises à pied massives, grèves, pannes de courant, etc., qui entraînent des fluctuations inhabituelles de l'emploi. Les versements de paiements rétroactifs, de bonifications annuelles et d'indemnités de départ qui causent des fluctuations abruptes des salaires sont également considérés (étape 2 du tableau A6). La réconciliation est effectuée simultanément au moyen d'un algorithme. On compare d'abord la masse salariale des enquêtes aux salaires et traitements des salariés des Comptes par industrie. Pour une industrie donnée, le degré d'ajustement de l'emploi dépendra de la variance relative des estimations d'emplois et des salaires moyens de la source des données sur la main-d'oeuvre utilisée en tant qu'estimation initiale. Autrement dit, plus la qualité d'une cellule d'emploi est fiable, moins elle sera altérée par la réconciliation. Nos estimations de variances tiennent compte non seulement des erreurs d'échantillonnage mais également de celles qui ne sont pas dues à l'échantillonnage. Une fois le calibrage de l'emploi complété, le volume d'heures est obtenu par le produit de cet emploi par les heures moyennes calculées précédemment (étape 7 du tableau A6). Finalement, le nombre d'emplois et le volume d'heures sont contraints à leur valeur repère. Un exercice similaire est appliqué aux emplois autonomes par l'intermédiaire des revenus mixtes des entreprises non incorporées des Comptes par industrie. (Étape 5 du tableau A6). Dans les Comptes économiques canadiens, l'industrie de la construction comprend les activités effectuées à contrat de même que celles qui ont été réalisées à propre compte10. Le niveau d'emploi de la construction à propre compte est estimé à partir des masses salariales disponibles ou projetées des Comptes par industrie. L'emploi est ensuite dérivé à partir des taux salariaux relatifs capturés par l'EPA pour les professions susceptibles d'entrer dans cette catégorie. Les emplois estimés sont soustraits de l'industrie de leur employeur et ajoutés à celle de la construction. En 2002, la construction pour propre compte représentait environ 13 % des heures travaillées de l'ensemble des activités de construction au Canada. (Étape 3 du tableau A6). Les données sur l'emploi, les heures travaillées et la rémunération sont non seulement disponibles par industrie, mais aussi pour les grands secteurs du SCN. À cette fin, le secteur non commercial est élaboré à partir des statistiques d'emplois de la Division des institutions publiques et d'une imputation de l'emploi pour les institutions à but non lucratif au service des ménages. Le secteur des entreprises est obtenu de façon résiduelle. (Étape 4 du tableau A6). Points forts et quelques écueilsDes comparaisons de nos résultats avec une enquête sur l'emploi du temps menée en 1998 au Canada tendent à démontrer que notre méthode pour annualiser les heures travaillées est fiable. La dérivation des heures perdues annualisées corrobore également la validité de nos estimations puisque les heures perdues en termes de vacances annuelles et de congés fériés sont cohérentes avec la législation canadienne du travail. (Voir le tableau A3 et le tableau A4). Depuis 2001, des statistiques du travail cohérentes avec le SCN ont été produites par province et territoire à partir de l'année 1997. Chacune de ces régions s'attend à obtenir des données de qualité similaire. Malheureusement, le Canada se compose de régions de tailles et de populations fort différentes et la disponibilité et la qualité des données sur la main-d'oeuvre sont relativement plus faibles pour les régions du Nord et pour les provinces de l'Atlantique.
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