Les nouveautés en matière de comptes économiques canadiens
Les révisions de 2018 à 2021 des Indicateurs nationaux du tourisme

1. Introduction

Au moment de la diffusion des estimations des Indicateurs nationaux du tourisme (INT) du quatrième trimestre de 2021, en mars 2022, les données pour la période allant du premier trimestre de 2018 au troisième trimestre de 2021 ont été révisées. Les estimations pour l’ensemble de 2021, y compris le quatrième trimestre, ont aussi été révisées avec la publication des estimations des INT du premier trimestre de 2022 en juillet 2022. Le présent article traite des répercussions des données nouvelles et révisées du Système canadien des comptes macroéconomiques (SCCM) présentées lors de ces révisions des INT.

De 2018 à 2021, les dépenses touristiques en valeurs nominales ont été révisées à la hausse pour toutes les années. Les révisions ont été les plus importantes en 2018 et en 2019 (+0,7 et +0,8 milliard de dollars respectivement), tandis qu’elles ont été plus modestes en 2020 (+0,3 milliard de dollars) et en 2021 (+0,1 milliard de dollars).

Le taux de croissance des dépenses touristiques (en valeurs nominales) a été révisé à la hausse pour passer de +5,6 % à +6,4 % en 2018, de +2,9 % à +3,0 % en 2019 et de +10,4 % à +10,7 % en 2021. Ce n’est que pour 2020, année où les dépenses touristiques ont affiché la plus forte baisse jamais enregistrée en raison de la pandémie de COVID-19, que le taux de croissance a été révisé à la baisse pour passer de -49,7 % à -49,8 %.

Sur une base trimestrielle, du premier trimestre de 2018 au quatrième trimestre de 2021, la croissance des dépenses touristiques (en valeurs réelles) a été révisée à la hausse pour huit trimestres, a été révisée à la baisse pour cinq trimestres et était inchangée pour trois trimestres (voir le tableau 1.2).

2. Sources des révisions

Les révisions des INT ont principalement été le résultat des indicateurs nouveaux et révisés du SCCM, tandis que les tableaux des ressources et des emplois (TRE) de 2018 y ont indirectement contribué. Celles-ci sont décrites ci-après.

2.1 Révisions du Système canadien des comptes macroéconomiques

Les révisions annuelles courantes des dépenses de consommation finale des ménages, du produit intérieur brut (PIB) par industrie et de la balance des paiements pour la période allant de 2018 à 2020, en novembre 2021, ont donné lieu à des mises à jour trimestrielles des estimations des INT pour cette période. Les révisions apportées aux mêmes comptes pour 2021, en mai 2022, ont aussi entraîné des mises à jour trimestrielles des INT.

Par suite de ces révisions, de nouveaux renseignements repères provenant d’autres sources, notamment de l’Enquête sur les dépenses des ménages, ainsi que des enquêtes sur les industries du transport, des services de restauration et de l’hébergement, ont été intégrés indirectement dans les INT. Cela a eu des répercussions sur les fluctuations trimestrielles des INT et sur les niveaux annuels pour toutes les années sujettes aux révisions (2018 à 2021).

2.2 Tableaux des ressources et des emplois, 2018

Les données repères des TRE de 2018 publiées en novembre 2021 ont été utilisées pour étalonner les indicateurs dans l’ensemble du SCCM, ce qui a entraîné des révisions de l’offre, de la demande, du PIB et de l’emploi trimestriels des INT du premier trimestre de 2018 au quatrième trimestre de 2021.

3. Répercussions des révisions sur les Indicateurs nationaux du tourisme

3.1 Révisions des composantes de la demande touristique (valeurs nominales)

Les révisions annuelles des composantes de la demande touristique (en valeurs nominales) ont fluctué. En moyenne, au cours de la période de quatre ans, ce sont les autres biens et services touristiques (p. ex. loisirs et divertissements, dépenses effectuées avant un voyage et services de voyage) qui ont le plus contribué à la révision à la hausse (voir le tableau 2). Malgré une légère révision à la baisse en 2021, les autres biens et services touristiques ont été révisés à la hausse de 0,3 milliard de dollars en moyenne pour toutes les années, principalement en raison des révisions à la hausse des dépenses effectuées avant un voyage.

Les services d’hébergement ont été révisés à la hausse de 0,2 milliard de dollars en moyenne, la majeure partie de l’augmentation ayant eu lieu en 2018 et en 2019. Les services de restauration ont été révisés à la hausse de 0,1 milliard de dollars en moyenne au cours de la période et connaîtront des augmentations semblables toutes les années.

Les révisions à la baisse des services de transport ont partiellement contrebalancé les révisions à la hausse de la demande touristique de 2018 à 2020. En 2021, les services de transport ont été révisés à la hausse de 0,1 milliard de dollars.

3.2 Révisions des composantes de la demande touristique (taux de croissance en valeurs réelles)

Le taux de croissance annuel des dépenses touristiques (en valeurs réelles) a été révisé à la hausse de 0,3 point de pourcentage en 2018 et en 2021, et est demeuré pratiquement inchangé en 2019 et en 2020 (voir le tableau 3).

Les services de transport ont été la seule composante à être révisée à la baisse en 2018 et 2019, passant de +4,8 % à +4,6 % et de +1,4 % à +1,2 % respectivement. Le taux de croissance de la demande touristique du transport est demeuré inchangé en 2020, à -58,8 %, et il a été révisé à la hausse de 0,5 point de pourcentage en 2021 pour s’établir à -5,4 %.

L’hébergement et les services de restauration ont fait l’objet de révisions à la hausse en 2018 et 2019. Les services d’hébergement ont été révisés à la baisse en 2020, tandis que les services de restauration sont demeurés inchangés. En 2021, le taux de croissance a été révisé à la baisse, passant de +16,8 % à +16,4 % pour les services d’hébergement, et de +13,3 % à +13,7 % pour les services de restauration.

La croissance dans les autres biens et services touristiques a été révisée à la baisse de 0,4 point de pourcentage pour s’établir à +4,0 % en 2021, tandis que les biens et services non touristiques ont été révisés à la hausse de 1,1 point de pourcentage pour se chiffrer à +5,1 %.

3.3 Révisions de l’emploi généré par la demande touristique

L’emploi lié au tourisme a été révisé à la hausse pour toutes les années sujettes aux révisions (de 2018 à 2021) (voir le tableau 4). La plus importante révision de l’emploi lié au tourisme a eu lieu en 2019, passant de 692 000 à 696 400 emplois, le transport et l’hébergement ayant le plus contribué à cette hausse. Par contre, 2021 a connu la plus petite révision pour s’établir à 498 900 emplois, en hausse par rapport au chiffre de 498 500 publié précédemment.

L’emploi lié au tourisme dans l’industrie du transport a été révisé à la hausse de 2 000 emplois en moyenne pour toutes les années, ce qui représente la composante dont la hausse a été la plus importante. Les révisions à la hausse du nombre d’emplois liés au tourisme au cours de la période pour les services de transport, d’hébergement et de restauration ont été partiellement contrebalancées par les révisions à la baisse dans d’autres industries touristiques et industries non touristiques.

La croissance de l’emploi lié au tourisme a été révisée à la hausse de 0,4 et 0,2 point de pourcentage en 2018 et en 2019 respectivement, à la baisse de 0,3 point de pourcentage en 2020, et à la hausse de 0,1 point de pourcentage en 2021.

Le taux de croissance dans l’industrie du transport a été révisé à la hausse de 2018 à 2020, et est demeuré pratiquement inchangé en 2021. Les autres industries touristiques et les industries non touristiques ont enregistré la baisse la plus importante de leur taux de croissance au cours de la période de révision. Les services de restauration étaient la seule composante dont les taux de croissance se situaient en deçà de 0,4 point de pourcentage des estimations publiées précédemment.

3.4 Révisions du produit intérieur brut du tourisme (taux de croissance en valeurs réelles)

Les taux de croissance annuels du PIB du tourisme ont été révisés à la hausse en 2018, 2019 et 2021, et ont été révisés à la baisse en 2020 (voir le tableau 6). La révision absolue moyenne était de 0,4 point de pourcentage. En 2021, le PIB du tourisme a été révisé à la hausse de 0,3 point de pourcentage, donnant lieu à une croissance de +5,3 %.

Les industries non touristiques ont fait l’objet de la plus grande étendue des révisions, ayant affiché une révision à la hausse de 1,8 point de pourcentage en 2018 par rapport à une révision à la baisse de 3,5 points de pourcentage en 2020. Les révisions de 2018 étaient principalement attribuables à l’intégration des données des TRE. En 2020, des révisions plus importantes étaient prévues en raison de la volatilité causée par la pandémie de COVID-19, car les indicateurs ont été révisés en tenant compte des nouvelles sources de données disponibles.

4. Politique de révision des Indicateurs nationaux du tourisme

La politique de révision des INT permet d’intégrer périodiquement des données nouvelles et révisées, y compris un étalonnage régulier en fonction du Compte satellite provincial et territorial du tourisme (CSPTT). Les révisions des INT sont le résultat des données nouvelles ou révisées dans les principaux comptes économiques. La politique de révision sert à améliorer la fiabilité et l’exactitude des estimations des séries chronologiques des INT. Elle est inspirée de la politique suivie pour le SCCM, qui régit quatre types de révisions : courantes, annuelles, exhaustives et de changement d’année de base (2012 à l’heure actuelle). Chacune de ces révisions est décrite ci-dessous.

Durant l’année de référence en cours, on peut réviser les estimations établies pour un trimestre donné à n’importe quel trimestre subséquent de la même année. Par exemple, on révise les estimations du premier trimestre lorsque celles se rapportant aux deuxième, troisième et quatrième trimestres de la même année civile sont diffusées. Ces révisions s’appellent des « révisions courantes » et elles permettent d’apporter des améliorations aux estimations par l’intégration des plus récentes données disponibles (y compris les révisions des données de base résultant de déclarations tardives).

Au moment de la diffusion des estimations des premier et quatrième trimestres, on peut réviser toutes les estimations pour un nombre déterminé d’années précédant l’année en cours. Ces révisions annuelles permettent d’intégrer les renseignements les plus à jour provenant, par exemple, des recensements, des enquêtes annuelles, des statistiques fiscales et des comptes publics, qui deviennent disponibles bien après les faits. Le nombre d’années qui peuvent faire l’objet d’une révision reflète la politique de révision du SCCM pour cette année. De plus, lorsqu’un nouvel ensemble de données repères du CSPTT est intégré dans les INT, la période de révision est prolongée rétroactivement au CSPTT précédent. Ainsi, la fenêtre de révision des INT varie selon la fréquence des mises à jour du CSPTT et des révisions apportées aux indicateurs macroéconomiques courants durant l’année.

Les estimations peuvent faire l’objet de révisions exhaustives périodiques visant principalement à introduire de nouveaux concepts, à mettre en œuvre des méthodes améliorées et à ajouter de nouvelles sources de données. Les révisions exhaustives comme celles-ci donnent habituellement lieu à des modifications qui s’appliquent à la série chronologique complète.

On procède normalement à la mise à jour des estimations exprimées en valeurs réelles selon une nouvelle année de référence (2012 à l’heure actuelle), comme dans le cas de la diffusion des INT pour le troisième trimestre de 2018, tous les cinq ans. La mise à jour des séries en prix constants vise à éliminer le biais dans les mesures de la croissance corrigée pour tenir compte de l’inflation, au fur et à mesure que les prix relatifs dans l’économie s’écartent de ceux de l’année de base. La mise à jour des séries en prix constants entraîne uniquement des révisions des indices de prix et des agrégats en prix constants, les agrégats en prix courants n’étant pas touchés.