Balance des paiements du commerce des biens à Statistique Canada : Élargir le niveau de détail géographique jusqu'aux 27 principaux partenaires commerciaux

1. Introduction

À compter de novembre 2014, Statistique Canada publiera les données sur le commerce international des biens sur la base de la balance des paiements (BDP) pour donner plus de détails sur chaque pays partenaire. Dans la publication de ces données, les exportations selon la BDP vers 27 pays et les importations selon la BDP en provenance de 27 pays, appelés les principaux partenaires commerciaux (PPC) du Canada, seront mises en lumière pour la première fois. En réponse à une demande importante d’information sur ces pays depuis quelques années, les données de la BDP sur le commerce des biens seront disponibles pour des pays comme la Chine et le Mexique, le Brésil et l’Inde, la Corée du Sud et nos plus grands partenaires commerciaux de l’Union européenne. En outre, les données de la BDP sur le commerce des biens pour ces pays seront disponibles avec les données désormais trimestrielles sur le commerce des services et les données annuelles sur les investissements directs étrangers pour un grand nombre de ces principaux partenaires commerciaux. Cela facilitera l’analyse, à l’aide de données totalement comparables, du commerce et des investissements internationaux au niveau des pays.

Pour faciliter l’analyse de la forte croissance du commerce ainsi que de la diversification des régimes de commerce au fil du temps, on fera remonter à 1997 la série chronologique du commerce des biens pour ces 27 pays. Jusqu’ici, la répartition géographique du commerce au Canada a été examinée exclusivement par l’analyse des données douanières sur le commerce, sauf pour le commerce avec les États-Unis, le Japon et l’Union européenne, pour lesquels il existe depuis un certain temps des données de la BDP sur le commerce des biens.

On calcule les statistiques de la BDP sur le commerce des biens en appliquant aux données douanières sur le commerce international des biens les concepts de la BDP et les ajustements correspondants, conformément aux normes internationales établies. Un concept qui est au cœur du cadre de données sur la BDP est la saisie du changement de propriété des biens échangés entre pays, ce qui revient à identifier le pays duquel le produit a été acheté. Ce concept contraste avec un concept central des données douanières — le pays d’origine — qui met l’accent sur le lieu où le produit a été cultivé ou fabriqué.

En s’attachant aux pays avec lesquels le Canada fait affaire plutôt qu’à ceux où le bien a été produit, les données de la BDP sur le commerce améliorent et facilitent l’analyse des tendances commerciales du Canada, et donnent une nouvelle perspective sur les relations commerciales du Canada.

L’objectif de cet article est de présenter ces nouvelles mesuresNote 1. Cette note commencera par présenter aux utilisateurs les concepts clés de la BDP, et surtout le concept du changement de propriété. Cela servira à familiariser les analystes avec le cadre de la BDP pour l’analyse des données au niveau des pays, par contraste avec les données douanières sur le commerce. Ensuite, elle présentera une certaine analyse préliminaire pour illustrer les concepts, où l’exemple principal sera le commerce basé sur la BDP avec la Chine. Enfin, elle tracera les grandes lignes de l’expansion des données trimestrielles sur le commerce des services pour dégager de nouvelles estimations du commerce pour les PPC et discuter des travaux à venir dans les statistiques du commerce.Note 2

2. Contexte

Une bonne partie de l’analyse actuelle des régimes de commerce mondiaux du Canada part du principe que les partenaires commerciaux du Canada sont les pays qui produisent ou transforment les biens qu’importe le Canada et qui sont les destinations connues des biens qu’exporte le Canada. Ces concepts clés du commerce — le pays d’origine des importations et la destination finale connue des exportations — sont des normes conceptuelles qui offrent une structure pour la compilation des statistiques et l’analyse des données sur les mouvements transfrontaliers des biens. Comme ces données reflètent la façon dont elles ont été recueillies pour être conformes à la réglementation frontalière, elles sont désignées collectivement comme les données douanières sur le commerce.

Cependant, il existe d’autres concepts clés concernant les flux du commerce international et ils prennent une importance croissante du fait de la dispersion plus mondialisée de la production de biens. Un de ces concepts, qui constitue le fondement d’une bonne part de l’élaboration des statistiques sur la production mondiale dans les organismes statistiques du monde entier, est la saisie du changement de propriété des biens. Il s’agit d’établir à quel pays une société canadienne a acheté le bien, soit le pays de propriété. Il ne s’agit pas du lieu où le bien a été produit ou transformé avant d’être importé au Canada.

Quant aux flux de commerce du Canada, la meilleure approximation du pays de propriété se fait par l’examen du pays qui a vendu le produit à la société canadienne — une information qui est donnée (en plus du pays d’origine du produit) dans la documentation douanière pour chaque produit qui est importé au CanadaNote 3. Dans bien des cas, le pays de propriété diffère du pays d’origine, en raison de la réalité selon laquelle la production, la propriété de la production et la distribution internationale d’un bien donné ne sont plus confinées à des sociétés individuelles. À titre d’exemple, un bien peut être produit ou assemblé en Chine, sur commande d’une société des États-Unis, du Japon ou d’Allemagne. Dans ce cas, la documentation douanière canadienne indiquera que le pays d’origine est la Chine, vu que c’est là que le bien a été produit; par contre, le pays de propriété dépendra du pays avec lequel la société canadienne importatrice a établi sa relation d’affaires — par exemple la Chine, le Japon, l’Allemagne ou les États-Unis — pour acheter le produit.

Donc, pour ce qui est des données douanières sur le commerce des biens, la valeur des importations de la BDP en provenance d’un pays donné, comme la Chine, est (avec les autres ajustements de la BDP examinés plus loin) le résultat net de :

  • la soustraction de la valeur des biens qui sont produits en Chine, mais que le Canada achète à un autre pays (comme, dans notre exemple, les États-Unis, le Japon ou l’Allemagne);
  • l’ajout de la valeur des biens qui sont produits en dehors de la Chine, mais que le Canada achète à une société chinoise.

Par exemple, en 2013, le Canada a importé pour 50 milliards de dollars de biens dont le pays d’origine est la Chine. En comparaison, le Canada a importé environ pour 30 milliards de dollars de biens qui ont la Chine comme pays de propriété. Lorsque ces deux ensembles de données sont comparés, force est de constater que des biens ayant une valeur totale d’à peu près 20 milliards de dollars qui ont la Chine comme pays d’origine ont été achetés par le Canada dans d’autres pays, surtout aux États-Unis mais aussi à Hong Kong. Par conséquent, le pays de propriété de ces biens d’une valeur de 20 milliards de dollars n’est pas de la Chine mais soit les États-Unis, soit Hong KongNote 4. Par conséquent, la valeur des importations provenant de la Chine basée sur la BDP est très semblable au montant de 30 milliards de dollars obtenu par l’examen des données sur le pays de propriété.

Dans le cas des exportations, le transfert d’une société canadienne au destinataire, la destination connue du produit (que ce dernier soit un intrant dans la production ou le produit final à distribuer), saisit correctement le changement à son nouveau propriétaire, et il n’y a donc pas d’ajustements à prendre en compte concernant les exportations sur la base de la BDP.

Les données sur le commerce basées sur la propriété sont une composante clé du cadre conceptuel de la balance des paiements internationaux et s’appellent les exportations et les importations de biens selon la BDP.

3. Deux mesures distinctes : données douanières et données sur le commerce sur la base de la BDP

Le détail géographique pour les données sur le commerce des biens sur la base de la balance des paiements (données BDP) touchera 27 principaux partenaires commerciaux formés d’un pays unique, qui, collectivement, représentent 94 % de l’ensemble du commerce annuel du CanadaNote 5. Ces nouvelles données seront diffusées en novembre 2014. Avant cette diffusion, les régimes de commerce avec la plupart des partenaires commerciaux du Canada auront fait l’objet d’un examen fondé exclusivement sur les données douanières sur le commerce.

Il importe donc de clarifier que, au moment de la diffusion des nouveaux détails sur les partenaires commerciaux, il y aura deux mesures distinctes du commerce des biens du Canada pour chaque partenaire commercial − les données douanières sur le commerce et les données fondées sur la BDP.

3.1 Données douanières sur le commerce des biens

Concepts

Les données douanières sur le commerce des biens (disponibles pour tous les pays) visent à saisir les mouvements des marchandises qui sortent du Canada (exportations) ou qui y entrent (importations). Autrement dit, cette approche mesure dans les deux sens le flux physique des marchandises qui passent la frontière. Cela est conforme aux lignes directrices des statistiques du commerce international de marchandises (SCIM)Note 6.

Les concepts clés pour les données douanières sur le commerce sont les suivants. Pour les exportations, la destination finale connue d’un bien que la société canadienne exporte, que ce soit vers les États-Unis, l’Allemagne ou la Chine, détermine qui est le partenaire commercial. Pour les importations, le pays d’extraction, de production ou de dernière transformation du bien — appelé le pays d’origine — détermine le partenaire commercial. Les données douanières sur le commerce des biens sont recueillies conjointement par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), plus généralement appelée les Douanes, et Statistique Canada. Ces données sont ensuite compilées et diffusées par Statistique Canada.

Détails des produits

Les données douanières sur le commerce des biens sont très détaillées. En plus d’indiquer la quantité et la valeur par destination finale du produit exporté, ou par pays d’origine du produit importé, pour tous les partenaires commerciaux du Canada, elles en précisent également les principales caractéristiques. Un code de huit chiffres est attribué aux marchandises exportées et un code de dix chiffres est attribué aux marchandises importées. Ces codes sont le code SH (Système harmonisé) du produit, et les caractéristiques du produit saisies par le code deviennent plus précises avec chaque ajout de deux chiffresNote 7. Par exemple, pour un produit x, au niveau des deux chiffres, un code de chapitre 85 attribué à un produit signifie qu’il est dans le domaine « électronique »; au niveau plus détaillé des quatre chiffres, le code 8528 indique qu’il fait partie des « téléviseurs »; et au niveau intégral des dix chiffres pour les importations (8528.7233.00), il désigne un téléviseur couleur, haute définition, à écran platNote 8. Le mode de transport (routier, ferroviaire, maritime, par pipeline, avion courrier) et la province d’exportation ou d’importation sont d’autres exemples de détails recueillisNote 9. Le niveau de détail disponible pour les données douanières sur le commerce des biens en fait un outil riche et précieux.

Les données douanières sont la principale source de données pour l’examen du lieu de production des produits qu’importe le Canada, pour éclairer les négociations commerciales qui mettent l’accent sur les règles d’origine et le pays d’origine, ainsi que pour effectuer des analyses de produit par partenaire commercial.

3.2 Données sur le commerce des biens dans la balance des paiements

Cadre conceptuel

Les données sur le commerce des biens sur la base de la balance des paiements (ou données BDP) visent à saisir comme ventes (exportations) ou achats (importations) le mouvement international des produits entre propriétaires. Ces opérations sont reflétées dans le compte courant de la BDP et ce concept de changement de propriété se rattache étroitement aux flux de financement associés à cette activité, comme le reflète le compte capital et financier de la BDP. Cela est conforme au manuel du Système de comptabilité nationale (SCN) de 2008 et au manuel de la balance des paiements, sixième édition (BDP6)Note 10.

Avant novembre 2014, les données BDP sur le commerce des biens étaient disponibles pour trois pays (États-Unis, Royaume-Uni et Japon) et trois régions (autres pays de l’Union européenne, autres pays de l’OCDE, et autres pays). Par conséquent, toute analyse des données BDP sur le commerce par partenaire commercial était limitée et excluait notamment l’examen du commerce avec la Chine, le Mexique et d’autres économies émergentes. À cause de cette limitation, les concepts qui constituent le fondement des données BDP sur le commerce des biens n’ont retenu que peu d’attention dans l’analyse par pays. Mais avec l’ajout des détails géographiques, et parce qu’il s’agit d’un concept fondamental de la BDP qui est crucial dans la mesure de la production mondiale pour l’avenir, il devient important de comprendre le commerce sur la base de la BDP. Bien que les données douanières sur le commerce restent précieuses pour l’analyse par produit, les données BDP sur le commerce des biens ont leur place pour faire mieux comprendre la propriété, la production mondiale et la performance macroéconomique du Canada.

En étant concentrées uniquement sur les biens, les données douanières sur le commerce demeurent distinctes des services et du reste de l’économie. En outre, bien que les opérations soient vérifiées, leur compilation n’intègre pas d’information provenant d’autres sources de données au sujet du commerce international des biens qui pourraient rendre l’ensemble de données plus complet. Afin de rattacher les concepts de commerce international à d’autres cadres macroéconomiques et de transformer ces données douanières administratives en séries statistiques BDP sur le commerce des biens, on procède à des ajustements, qui (i) reflètent les concepts BDP clés et (ii) complètent les données douanières avec d’autres sources de données.

Les données BDP sur le commerce des biens, par contre, sont intégrées dans le grand tableau du commerce et de l’ensemble de l’économie. Le commerce des biens, avec le commerce des services et les autres composantes du compte courant, en combinaison avec le compte capital et financier, saisit la somme des opérations internationales du Canada avec le reste du monde.

Commerce des services sur la base de la BDP

Dans l’ensemble, les données BDP ont une vaste portée économique et rattachent le commerce des biens à la mesure du reste de l’économie canadienne. Elles situent le commerce des biens comme élément du cadre statistique macroéconomique global, spécifiquement le reste de la BDP et le SCN. La diffusion à venir des données BDP sur le commerce des biens pour les 27 principaux partenaires commerciaux donne de la profondeur à ce cadre statistique macroéconomique pour ce qui est des détails géographiques.

Au départ, le projet s’articulait uniquement autour de l’amélioration de la disponibilité des données sur le commerce des biens, mais il est apparu clairement qu’il serait extrêmement avantageux de produire des estimations trimestrielles du total des services pour le plus grand nombre possible de PPC. Les données annuelles sur le commerce des services sont déjà disponibles pour 50 pays, mais les données trimestrielles ne sont publiées que pour les trois pays et les trois régions mentionnés précédemment (les données pour ces entités géographiques sont disponibles au niveau de l’ensemble de la BDP)Note 11. La disponibilité des données trimestrielles a été facilitée par le projet de remaniement lié au processus de collecte, une amélioration de la méthodologie, le recours accru à d’autres sources de données ces dernières années et l’abrégement global des délais de production des estimations annuelles. Cela a débouché sur un élargissement du champ d’observation de l’enquête trimestrielle, qui a donné la capacité de produire plus de détails par pays dans le communiqué trimestriel sur la BDP.

Il y aura des estimations trimestrielles du total des services pour 24 des 27 PPC du Canada. Cet appariement de la disponibilité des données sur le commerce des biens et services pour les PPC du Canada améliorera considérablement l’analyse de l’ensemble du commerce.

Vue d'ensemble des ajustements de la BDP aux données sur les biens

Les ajustements que le Canada applique aux données douanières sur le commerce des biens pour produire les séries statistiques de la BDP sont relativement considérables et le processus est plus intense que dans de nombreux autres pays. Le principal ajustement, nous l’avons déjà mentionné, est celui qui reflète le changement de propriété du produit et qui entraîne une recompilation des importations en fonction du pays d’exportation plutôt que du pays d’origine (sans ajustement pour les exportations).

En outre, en plus des ajustements « purs » de la BDP, comme l’ajustement pour l’or qui ne traverse pas les frontières, d’autres ajustements de la BDP de Statistique Canada découlent de la confrontation des données avec d’autres sources qui indiquent qu’il serait possible d’améliorer une mesure unitaire ou de prix ou le placement de cette opération dans un mois donné. Ces actions assurent une plus grande uniformité avec le reste des données de la comptabilité nationale. Ainsi, les données douanières sur les exportations de pétrole brut sont remplacées par les données quantitatives provenant d’une enquête de Statistique Canada sur l’énergie et les données sur les prix provenant d’un organisme de réglementation de l’énergie au Canada, l’Office national de l’énergie (ONE)Note 12. On apporte un ajustement semblable pour les exportations de céréales. Par conséquent, en plus de l’ajustement des opérations douanières par l’adoption du pays de propriété, les données BDP sur le commerce des biens sont formées par l’ajout d’opérations qui ne peuvent être saisies dans la documentation douanière. Ces ajustements s’appellent ajustements d’observation (si la quantité du bien est modifiée) ou de valeur (si le prix ou la valeur du bien est modifié)Note 13.

4. Application aux nouveaux PPC des ajustements BDP au commerce des biens

Les données BDP sur les exportations et les importations de biens seront publiées par mois, par trimestre et par année pour les PPC du Canada et certains agrégats (pour le rapprochement avec le commerce total) — et les séries chronologiques remonteront à 1997Note 14.

Les 27 PPC représentent la vaste majorité — environ 94 % — du commerce des biens sur la base de la BDP du Canada. En voici, la liste par ordre alphabétique :

  • Algérie
  • Allemagne
  • Arabie saoudite
  • Australie
  • Belgique
  • Brésil
  • Chine
  • Corée du Sud
  • Espagne
  • États-Unis
  • France
  • Hong-Kong
  • Inde
  • Indonésie
  • Iraq
  • Italie
  • Japon
  • Mexique
  • Norvège
  • Pays-Bas
  • Pérou
  • Royaume-Uni
  • Russie
  • Singapour
  • Suisse
  • Taïwan
  • Turquie

4.1 Ajustements de la BDP au commerce des biens

Pour produire les données de la BDP sur le commerce des biens pour les 27 PPC depuis 1997, à part ceux concernant le changement de propriété, il a fallu attribuer des ajustements BDP totaux à chaque partenaire. Pour les ajustements d’observation et de valeur, tout a été mis en œuvre pour repérer les données sources d’origine et utiliser les ventilations au niveau des pays offertes par ces données sources. Si cela peut sembler facile à faire, il faut dire que les systèmes de la fin des années 1990 étaient très différents et qu’ils utilisaient beaucoup plus de papier, si bien que le processus a demandé beaucoup de travail.

À titre d’exemple du processus, les exportations de la variété de grains et de légumineuses produite au Canada sont idéalement saisies par la Commission canadienne des grains (CCG). En consultant les rapports de la CCG depuis 1997, Statistique Canada a pu recréer les ajustements, en trouvant les différences de quantité entre les données de la CCG et les données douanières pour chaque pays de destination et multiplier cette différence par le prix déclaré aux douanes, par mois. La recherche des données sources a été très fructueuse, et peu d’ajustements ont nécessité une autre méthodologie. Dans ces quelques cas, l’ajustement avait tendance à être réparti entre les pays intervenant dans l’échange de la marchandise donnée, par application d’une formule reflétant la distribution du commerce dans une année typique.

4.2 Ajustement du changement de propriété pour le commerce des biens selon la BDP pour les 27 PPC du Canada

Bien que les ajustements BDP d’observation et de valeur puissent être considérables, surtout pour l’analyse du plus récent mois de référence pour lesquels des données complètes n’ont pas été reçues, pour la plupart des pays, c’est l’ajustement du changement de propriété qui donne lieu aux changements de valeur les plus considérables par rapport à leurs valeurs commerciales sur la base douanière.

Le principe du changement de propriété a toujours été reflété dans les données BDP sur le commerce des biens à Statistique Canada, qui sont disponibles pour les exportations totales et les importations totales, et pour les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon et trois régions, comme mentionné précédemment. Cependant, étant donné la possibilité d’examiner les données BDP sur le commerce pour les partenaires commerciaux du Canada représentant la plus grande valeur, il devient essentiel de clarifier comment le concept de propriété change notre interprétation des données sur le commerce avec ces PPC.

Pour ce qui est des données sur les exportations, les exportateurs sont invités à déclarer au mieux de leur connaissance la destination finale de leur produit, ce qui est considéré comme conforme au principe de changement de propriété. Il n’y a donc pas d’ajustement à apporter afin de refléter le changement de propriété dans le cas des exportations. Les différences entre les valeurs à l’exportation sur la base douanière et sur la base de la BDP surviennent à cause d’autres ajustements, mais non par suite d’ajustements de changement de propriété.

En ce qui concerne les importations, il était évident que le pays d’origine ne reflétait pas les changements de propriété. Par conséquent, pour satisfaire à ce principe de BDP, Statistique Canada a adopté le pays d’exportation de chaque produit importé et des importations BDP totales agrégées par partenaire commercial. Les données douanières sur les importations, par contre, sont agrégées en fonction du pays d’origine du produit.

Le pays d’exportation est une deuxième variable saisie dans chaque document douanier canadien, où l’importateur au Canada indique de quel pays il a reçu le produit. La variable du pays d’exportation est donc la variable de substitution retenue pour refléter le pays de propriété. Le pays dans lequel le bien a été produit (ou transformé pour la dernière fois) — son pays d’origine — peut être le même que le pays d’où le Canada a reçu le produit — son pays d’exportation — auquel cas l’opération est attribuée de la même façon pour les données douanières et les données BDP. Là où l’attribution est différente, cela signifie que, par rapport aux données douanières par pays, il y a une réaffectation de la valeur de l’opération d’un pays à l’autre.

Cela change la valeur BDP du commerce avec les PPC respectifs. Comme le montre le graphique 1, l’effet de la compilation des importations selon le pays d’exportation fait passer les importations du Canada en provenance des États-Unis de 248 milliards de dollars à 313 milliards de dollars en 2013, soit une différence de 65 milliards de dollars.

Graphique 1 Commerce de biens entre le Canada et les États-Unis sur une base douanière et sur la base de la BDP, chiffres publiés

Description du graphique 1

Le résultat est un excédent du commerce des biens, en 2013, de 45 milliards de dollars avec les États-Unis plutôt que de 110 milliards de dollars, et un déficit commercial du Canada avec le reste du monde de 53 milliards de dollars plutôt que de 114 milliards de dollars. Cette réaffectation reflète le rôle que jouent les États-Unis comme noyau de production et de distribution en Amérique du Nord. Même si un grand nombre des produits importés sont effectivement « fabriqués dans le monde », le Canada achète le plus souvent ses produits aux États-UnisNote 15.

4.3 Défis accompagnant les nouvelles données sur les PPC

Le niveau supplémentaire de détail géographique pour les données BDP sur le commerce des biens mettra en lumière les chiffres sur le commerce bilatéral pour les PPC du Canada, qui, dans certains cas, sont très différents des chiffres douaniers.

Les différences entre les chiffres douaniers et la BDP du Canada pour les 27 PPC sont principalement le fait des importations et des balances commerciales, en raison de la modification des données douanières sur le commerce des biens, qui sont fondées sur le flux physique de marchandises, pour refléter le concept du changement de propriété. Et bien que cela n’ait pas d’effet sur les chiffres des importations totales, l’attribution des importations par pays d’exportation peut changer sensiblement la distribution géographique des flux commerciaux. De fait, elle explique le plus clair des différences entre les données douanières et les données BDP sur les importations et les balances commerciales avec les principaux partenaires commerciaux du Canada.

Importations canadiennes en provenance de la Chine − Exemple

Ces différences entre les importations sur la base douanière et sur la base de la BDP et les balances commerciales qui en résultent s’expliquent le plus facilement à l’aide de l’exemple du commerce du Canada avec la Chine. Outre qu’elle est notre deuxième partenaire commercial, la Chine est aussi un pays qui compte de nombreuses installations de fabrication et de transformation. Dans un nombre appréciable de cas, une société de l’extérieur de la Chine coordonne la production en Chine ou les ventes finales de biens produits en Chine ou les deux. Avec des chiffres BDP pour la Chine, les exportations vers la Chine en 2013 étaient les mêmes pour les douanes et pour la BDP. Ce résultat était attendu étant donné la similarité des concepts utilisés aux Douanes et dans la BDP pour le calcul des exportationsNote 16.

Cependant, comme le montre le graphique 2 et comme mentionné précédemment, les importations BDP en provenance de la Chine étaient d'environ 20 milliards de dollars moins élevées que les importations douanières, presque entièrement en raison de l’attribution des importations par pays d’exportation plutôt que par pays d’origine.

Graphique 2 Commerce de biens entre le Canada et la Chine sur une base douanière, chiffres publiés, et sur la base de la BDP, diffusion prévue le 27 novembre 2014

Description du graphique 2

De la différence de 20 milliards de dollars, 15 milliards de dollars de biens avaient la Chine comme pays d’origine, mais les États-Unis comme pays de propriété, et le Canada les avait achetés à une société située aux États-Unis. Une part de 4 milliards de dollars était imputée à Hong-Kong comme pays d’exportation, et une autre part de 1 milliard de dollars était répartie entre plusieurs autres pays. Le déficit BDP qui en découle dans le commerce des biens avec la Chine était d’environ 10 milliards de dollars en 2013. Le chiffre le plus souvent cité pour le déficit Canada-Chine est de 30 milliards de dollars sur base douanière, et c’étaient là les seules données disponibles par le passé.

Graphique 3 Commerce de biens entre le Canada et la Chine, exportations sur une base douanière, chiffres publiés, et sur la base de la BDP, diffusion prévue le 27 novembre 2014

Description du graphique 3

Bien que les données BDP sur le commerce des biens pour ces 27 principaux partenaires commerciaux puissent offrir de nouvelles perspectives sur le commerce, les données BDP préliminaires pour la Chine révèlent que les tendances peuvent être compatibles avec les points de vue basés sur les données douanières. Ainsi, pour ce qui est du commerce avec la Chine, les exportations sur la base douanière et sur la base de la BDP demeurent semblables et la croissance des exportations est presque identique, comme le révèle le graphique 3.

Quant aux importations, bien que très différentes, leurs valeurs vont dans le même sens, si bien que la tendance des taux de croissance est semblable (voir le graphique 4).

Graphique 4 Commerce de biens entre le Canada et la Chine, importations sur une base douanière, chiffres publiés, et sur la base de la BDP, diffusion prévue le 27 novembre 2014

Description du graphique 4

De même, on peut examiner le commerce des services pour la Chine, par exemple, afin d’avoir une vue d’ensemble du commerce total de biens et services du Canada (voir le graphique 5).

Graphique 5 Commerce de biens et services entre le Canada et la Chine sur la base de la BDP , diffusion prévue le 27 novembre 2014

Description du graphique 5

Enfin, les positions d’investissement sont aussi disponibles pour plusieurs de nos PPC. Poursuivant avec notre exemple de la Chine, avec toutes les données compilées selon les normes de la BDP, il est possible d’analyser le commerce et les investissements dans le temps (voir le graphique 6).

Graphique 6  Investissements direct entre le Canada et la Chine Sur la base de la BDP, diffusion prévue le 27 novembre 2014

Description du graphique 6

Pays de propriété et cohérence avec les données des pays partenaires

Dans les milieux commerciaux internationaux, les asymétries entre les chiffres que déclare le Canada sur le commerce et les flux de commerce déclarés par nos partenaires commerciaux sont source de confusion. Cela tient dans une large mesure aux différences de concepts, aux méthodes, aux sources de données et aux pratiques de compilation — qui ont tous la même influence, ce qui ajoute à la difficulté de suivre les flux des échanges commerciaux. Dans la production des données BDP sur le commerce pour les 27 principaux partenaires commerciaux, si l’on adopte le pays de propriété, en utilisant le pays d’exportation comme variable de substitution, on observe une réduction des asymétries du commerce entre ce que le Canada déclare comme importations en provenance de ses partenaires commerciaux et ce que nos partenaires commerciaux déclarent comme exportations vers le Canada. On a observé que les valeurs des importations du Canada, agrégées par le pays d’exportation, correspondent beaucoup plus étroitement au flux des biens selon l’interprétation des grands partenaires commerciaux du Canada, et en particulier de la Chine et des États-Unis.

Il existe une grande différence entre les importations canadiennes en provenance des États-Unis et les exportations américaines vers le Canada dans les chiffres déclarés sur la base douanièreNote 17. C’est une source de confusion pour les utilisateurs de données étant donné que les importations canadiennes en provenance des États-Unis et les exportations américaines vers le Canada doivent normalement concorder, particulièrement en raison de l’échange des donnéesNote 18. Sur la base de la BDP, qui inclut les importations par pays de propriété, il y a une plus grande cohérence entre les données sur les importations canadiennes et sur les exportations américaines (voir le graphique 7).

Graphique 7 Exportations américaines vers le Canada et importations canadiennes provenant des États-Unis sur une base douanière, chiffres publiés, et sur la base de la BDP, diffusion prévue le 27 novembre 2014

Description du graphique 7

Comme autre exemple, on peut considérer le commerce du Canada avec la Chine (voir le graphique 8), un grand partenaire commercial avec qui il y a toujours eu une grande asymétrie entre les estimations des importations canadiennes en provenance de la Chine et les données chinoises sur les exportations au Canada.

Graphique 8 Exportations de la Chine vers le Canada et importations canadiennes provenant de la Chine sur une base douanière, chiffres publiés, et sur la base de la BDP, diffusion prévue le 27 novembre 2014

Description du graphique 8

Il semble qu’en adoptant le pays d’exportation, le Canada et la Chine voient leurs flux commerciaux de la même façon. La situation pourrait s’expliquer par le fait que l’entreprise chinoise sait que l’entreprise américaine est la destination finale du produit et que seule l’entreprise américaine sait que l’entreprise canadienne est la destination finale. L’adoption du concept de pays de propriété confirme de ce fait un flux logique des biens et la façon dont la transaction est saisie dans les données de tous les partenaires commerciaux concernés.

Il faut noter que la mesure fondée sur le pays d’exportation n’est pas une variable de substitution parfaite pour les changements de propriété. Mais, à Statistique Canada, compte tenu de l’intégration du Canada avec les États-Unis et du rôle que jouent les entreprises américaines dans la distribution des biens, cette mesure est considérée comme supérieure au concept du pays d’origine. La cohérence accrue des données des partenaires appuie solidement l’ajustement pour le pays d’exportation.

5. Conclusion

L’adoption du concept du pays de propriété et son application aux 27 des principaux partenaires commerciaux du Canada orientent les statistiques canadiennes du commerce dans la bonne direction. La différenciation entre les échanges de propriétaire à propriétaire est la nouvelle frontière des standards internationaux des statistiques BDP du commerce international. Dans le cadre de la diffusion de ces données, en plus de l’explication des concepts de BDP et de l’analyse des chiffres préliminaires, il est possible de discuter avec les intervenants qui délaissent l’idée d’un « chiffre commercial unique », en faisant ressortir qu’il y a de la place pour des séries de statistiques sur le commerce international sur la base douanière et sur la base de la BDP et que chacune a ses nuances particulières et sa place dans l’analyse du commerce.

À compter de novembre 2014, Statistique Canada établira les données sur le commerce des biens pour 27 des PPC sur la base de la BDP. Cela marque un progrès considérable de la production détaillée d’une série de données facilitant l’intégration des statistiques du commerce international dans le cadre plus vaste de l’économie canadienne. Ce niveau de détails géographiques supplémentaire mettra en lumière les différences du commerce avec nos PPC par rapport aux données douanières que la collectivité du commerce international a l’habitude d’analyser.

Le concept de la prise en compte des changements de propriété fait partie intégrante de la BDP et des comptes d’ajustement qui y sont associés pour la majorité des différences entre les données sur la base de la BDP et sur la base douanière du Canada sur le commerce des biens. L’agrégation des importations par pays d’exportation — retenu en tant que meilleure mesure de substitution du changement de propriété — a des ramifications à la fois pour le calcul des importations en provenance de ces partenaires commerciaux et pour le commerce total avec eux. En particulier, elle réduit les asymétries avec nos principaux partenaires commerciaux en suivant de plus près les données recueillies par ces partenaires; et elle est conforme aux recommandations internationales sur l’enregistrement des flux des échanges commerciaux basés sur la BDP.

En outre, elle accroît nos capacités d’analyse, car pour la première fois, le commerce des biens, le commerce des services et l’investissement international par principal PPC font l’objet d’un examen comparable pour de nombreux partenaires commerciaux, et tout particulièrement la Chine et le Mexique.

À l’avenir, les analystes choisiront les chiffres sur le commerce qui répondront le mieux à leurs besoins, en choisissant les données douanières sur le commerce des biens lorsque l’analyse demandera la richesse de détail offerte par ces données et lorsque le pays où le produit est cultivé ou fabriqué revêt la plus grande importance. Mais ce sont les données BDP sur le commerce des biens qui seront le point d’articulation lorsque l’analyse se concentrera sur les accords globaux de production, les liens avec d’autres mesures macroéconomiques comme le produit intérieur brut ou la propriété des produits.

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