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Le Système de comptabilité nationale (SCN 1993/2008) décrit un certain nombre de mesures du produit et du revenu agrégées qui peuvent être utilisées pour représenter l'activité économique à l'échelle nationale. Concrètement, la plupart des analyses mettent l'accent sur des mesures du produit intérieur brut (PIB), qui est une mesure de la production agrégée de l'économie.
D'autres mesures décrites dans le manuel du Système de comptabilité nationale (1993/2008) comprennent le revenu national brut (RNB) réel et le revenu intérieur brut (RIB), qui sont des mesures d'achats potentiels ou d'absorption réelle qui diffèrent du PIB réel en ce sens qu'elles tiennent compte des augmentations du revenu réel provenant d'autres sources que de la production, principalement de l'effet de l'évolution des termes de l'échange. Dans certains pays et durant certaines périodes, les mesures du RIB réel, du RNB réel et de la production réelle sont suffisamment similaires pour que l'on soit porté à se concentrer sur une seule mesure et, dans ce cas, le PIB a tendance à être la mesure qui est utilisée le plus souvent au Canada. Toutefois, durant le boom qu'ont connu les ressources après 2000, les termes de l'échange du Canada ont changé spectaculairement et les mesures du revenu intérieur brut réel, du revenu national brut réel et de la production réelle ont divergé considérablement (Baldwin et Macdonald, 2010).
La présente étude va au-delà du boom des ressources suivant 2000 et examine si d'autres divergences méritant d'être examinées ont eu lieu au fil du temps, c'est-à-dire des situations où les mesures sommaires du revenu réel produisent des courbes de croissance qui diffèrent de celles d'autres mesures de la production. Elle comprend pour cela un examen des différences entre les deux types de mesures remontant à la période suivant immédiatement la Confédération. L'étude illustre l'utilité des différentes mesures de l'activité économique, lesquelles tiennent compte des sources de croissance du revenu réel non liées à la production, telles que les termes de l'échange qui influent sur le pouvoir d'achat du revenu du Canada généré par le processus de production ou par le flux des revenus primaires par la voie du compte courant. Sur de longues périodes, les mesures de la croissance du revenu réel ont augmenté plus rapidement que celles de la valeur ajoutée réelle brute produite dans l'économie canadienne (PIB réel).
Le tableau de la croissance supplémentaire des mesures du revenu réel du Canada que produisent les sources non liées à la production est impressionnant. Depuis la Confédération, la croissance cumulée du volume du revenu national (RNB réel) mène à des revenus réels en 2010 de 18 % supérieurs à la mesure de production habituellement utilisée, c'est-à-dire le produit intérieur brut réel. La tendance est caractérisée par une longue période initiale de croissance positive de l'écart entre le RNB réel et le PIB réel de 1870 à 1920. Cette période a été suivie de poussées de croissance associées aux deux guerres mondiales qui ont été annulées en partie par les renversements subséquents de la conjoncture. Plus récemment, l'essor des secteurs du pétrole et des ressources observé au cours des années 1970 et après 2000 a fait passer l'écart entre le revenu réel et le produit intérieur brut réel à un niveau encore plus élevé.
Ces résultats s'appliquent aussi au débat de longue date sur les avantages d'une économie canadienne axée sur les ressources sur le plan du bien-être économique. La recherche de moyens pour mesurer directement le lien entre l'importance accordée par une économie aux ressources et le bien-être économique global a compliqué une grande partie de la discussion sur les avantages des économies axées sur les ressources. Au Canada, la principale source des différences de croissance entre le RNB réel et le PIB réel est le comportement de ses termes de l'échange, et ce comportement est lié directement aux prix relatifs des ressources. Le présent document fournit des éclaircissements permettant de mieux comprendre si les tendances à long terme des termes de l'échange associées à la dépendance à l'égard des ressources ont été propices ou nuisibles à la santé économique du Canada.
Le présent document accorde une attention particulière à l'un des aspects de ce débat, à savoir la façon dont les termes de l'échange entre les exportations et les importations du Canada, qui comprennent principalement des ressources naturelles ou des ressources transformées, ont touché le revenu réel canadien. L'étude examine les preuves de fluctuations dans les termes de l'échange et la façon dont ces fluctuations ont influé sur les écarts entre les variations du revenu réel et celles du PIB réel.
Le présent document se concentre initialement sur l'évolution des vagues successives de mise en valeur des ressources et des prix des produits individuels qui constituent les termes de l'échange. Depuis 1870, une série de ressources ont alimenté le développement économique : les produits agricoles et d'origine animale, la foresterie (billes, gros bois d'oeuvre, petit bois d'oeuvre, puis pâte de bois et papier), les métaux non ferreux (zinc, cuivre, plomb, nickel, or) ainsi que le minerai de fer, l'uranium et les diamants, l'électricité et le pétrole et gaz naturel.
Le document va ensuite au-delà de la richesse des données historiques pour utiliser une statistique sommaire cumulant les diverses séries individuelles au niveau agrégé pour évaluer l'effet global de l'évolution des termes de l'échange sur le bien-être. Cet exercice s'appuie sur des mesures standard tirées du Système de comptabilité nationale, notamment le RNB réel, en vue de démontrer que l'effet a été important.
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