Direction des études analytiques : documents de recherche
Dernières tendances en matière de surqualification selon le statut d’immigrant
Résumé
La croissance rapide de l’offre de travailleurs ayant une formation universitaire issus de l’immigration et des établissements d’enseignement nationaux, couplée à une demande relativement faible de main-d’œuvre qualifiée, a soulevé des préoccupations quant à l’utilisation des compétences dans l’économie canadienne. Dans la présente étude on utilise les données des recensements de 2001 à 2016 pour comparer les tendances en matière de surqualification chez les immigrants récents et les jeunes nés au Canada. L’étude montre qu’au cours de cette période de 15 ans, à peine plus de la moitié de la croissance observée chez les travailleurs ayant reçu une formation universitaire correspondait à la croissance des emplois exigeant ce niveau de scolarité. Les immigrants récents ayant une formation universitaire se sont davantage concentrés sur des emplois exigeant moins de scolarité. En comparaison, les jeunes nés au Canada ayant un grade universitaire sont devenus moins susceptibles d’occuper des emplois exigeant des études secondaires ou un niveau de scolarité moins élevé.
Sommaire
Le niveau de scolarité de la population canadienne s’est élevé rapidement au cours des dernières décennies. Il est à craindre que l’expansion de l’éducation ait dépassé la demande, menant à une prédominance croissante de la surqualification. On entend par surqualification les titres scolaires qui excèdent les exigences requises pour exécuter adéquatement des tâches.
Dans la présente étude, on utilise les données du recensement pour documenter l’offre croissante de travailleurs ayant une formation universitaire selon le statut d’immigrant au cours de la période allant de 2001 à 2016. On y examine en outre les tendances en matière de surqualification chez les travailleurs ayant une formation universitaire qui sont des immigrants récents (arrivés au Canada de 1 à 10 ans avant le recensement) et chez les jeunes nés au Canada (âgés de 25 à 34 ans). Pour chaque groupe de population, on étudie la mesure dans laquelle la tendance observée quant au statut de surqualification est associée aux changements apportés aux facteurs que sont les caractéristiques démographiques, l’offre et la demande.
Au cours de cette période de 15 ans, au Canada, le nombre de travailleurs âgés de 25 à 64 ans ayant une formation universitaire a augmenté de 1,7 million, 911 000 d’entre eux étant nés au Canada. Toutefois, le nombre d’emplois exigeant une formation universitaire n’a augmenté que de 857 000 pour tous les travailleurs ayant un grade universitaire. Le type d’emplois s’étant accru chez les travailleurs ayant une formation universitaire variait considérablement selon le statut d’immigrant. Chez les personnes nées au Canada, environ 60 % de la croissance de l’emploi se concentrait dans les postes hautement spécialisés. Chez les immigrants récents, la majeure partie de la croissance de l’emploi résidait dans des postes peu spécialisés et moyennement spécialisés. Dans l’ensemble, les immigrants ayant une formation universitaire représentaient 70 % de la croissance des emplois peu spécialisés, mais seulement 38 % de la croissance des emplois hautement spécialisés.
Ces tendances de la croissance différentielle de l’emploi ont mené à des mouvements divergents de la situation professionnelle selon le statut d’immigrant. Chez les jeunes nés au Canada ayant un grade universitaire, une légère augmentation du taux d’appariement études-profession s’est accompagnée d’une réduction de la surqualification et d’une hausse de la surqualification marginale. L’accroissement de l’offre et l’affaiblissement de la demande de main-d’œuvre spécialisée n’ont pas freiné l’évolution de la situation professionnelle de ce groupe.
À l’opposé, les immigrants récents ont observé une nette baisse du niveau professionnel, prenant la forme d’un recul massif du taux d’appariement études-profession et de hausses correspondantes des taux de surqualification et de surqualification marginale. Une augmentation de la proportion de personnes de leur propre groupe au sein de l’ensemble de la population active (la mesure de l’offre utilisée dans la présente étude) et l’affaiblissement de la demande ont été associés à une dégradation de la situation professionnelle chez les immigrants récents au cours de la période allant de 2001 à 2016.
La présente étude montre que de 2001 à 2016, au Canada, la croissance de l’emploi exigeant une formation universitaire affichait un retard par rapport à l’accroissement de l’offre de travailleurs ayant une formation universitaire. De plus en plus d’immigrants récents ayant une formation universitaire ont occupé des emplois exigeant des études inférieures au niveau universitaire.
1 Introduction
Le niveau de scolarité de la population canadienne s’est élevé rapidement au cours des dernières décennies. De 2001 à 2016, le nombre annuel de diplômés universitaires possédant un baccalauréat ou un grade de niveau supérieur d’un établissement d’enseignement postsecondaire canadien est passé de 164 000 à 267 000 (Statistique Canada, s.d.b). Au cours des années 2000, les arrivées annuelles d’immigrants ayant un grade universitaire variaient entre 78 000 et 103 000 (Citoyenneté et Immigration Canada, 2011)Note . L’offre accrue de diplômés universitairesNote issus du système d’éducation canadien et de l’immigration a fait croître la proportion de travailleurs canadiens âgés de 25 à 64 ans ayant un grade universitaire, qui est passée de 20,6 % en 2001 à 30,6 % en 2016Note .
Il est à craindre que l’expansion de l’éducation ait possiblement dépassé la demande, menant à une prédominance croissante de la surqualification. On entend, par surqualification, les titres scolaires qui excèdent les exigences requises pour exécuter adéquatement des tâches (Davia, McGuinness et O’Connell, 2017; Groot et Maassen van den Brink, 2000). La productivité de la main-d’œuvre et la croissance de l’emploi de haute gamme stagnent depuis les années 2000, en raison d’un ralentissement des industries du savoir et d’une explosion de celles axées sur les ressources (Beaudry, Green et Sand ,2016; Green et Sand, 2015; Hasanzadeh et Khan, 2017). L’économie canadienne a fait l’objet d’un changement structurel, passant du secteur de la fabrication aux industries axées sur les ressources (Brown, 2014; Baldwin et Willox, 2016; Tang, 2017). L’explosion des ressources naturelles a, en outre, stimulé la croissance des secteurs de la construction et des transports, qui ont habituellement une demande limitée en travailleurs ayant une formation universitaire (Tang, 2017).
Comparativement aux travailleurs établis, les nouveaux arrivants sur le marché du travail sont vraisemblablement plus sensibles aux mouvements récents de l’offre et de la demande liées aux travailleurs ayant une formation universitaire. Chez les nouveaux arrivants, les immigrants récents seraient probablement plus sensibles à ces mouvements que ne le sont leurs jeunes homologues nés au Canada en raison des inconvénients auxquels ont souvent à faire face les immigrants sur les marchés de l’emploi, comme la transférabilité limitée du capital humain acquis à l’étranger, les incertitudes des employeurs canadiens à l’égard des titres étrangers et de l’expérience professionnelle cumulée ailleurs, en plus d’une possible discrimination (Banerjee, Verma et Zhang, 2018; Boyd, 2013; Girard et Smith, 2013; Wald et Fang, 2008). Compte tenu de la grande taille de la population des immigrants, qui ne cesse d’augmenter, la tendance en matière de surqualification chez les immigrants ayant une formation universitaire pourrait influer sur la tendance générale au Canada.
La présente étude documente en premier lieu, à l’aide de données du recensement, l’offre croissante de travailleurs ayant une formation universitaire selon le statut d’immigrant pour la période allant de 2001 à 2016. On y examine ensuite les tendances en matière de surqualification chez les travailleurs ayant une formation universitaire qui sont des immigrants récents (arrivés au Canada de 1 à 10 ans avant le recensement) et chez les jeunes nés au Canada (âgés de 25 à 34 ans). Pour chaque groupe de la population, on étudie la mesure dans laquelle la tendance observée quant au statut de surqualification est associée aux changements apportés aux facteurs que sont les caractéristiques démographiques, l’offre et la demande.
2 Raisons pour lesquelles le statut d’immigrant joue un rôle important dans la prédominance de la surqualification et les tendances en la matière
La surqualification fait habituellement référence à des titres scolaires excédant les exigences requises pour exécuter adéquatement des tâches (Chen, Smith et Mustard, 2010; Friedland et Price, 2003). Elle apparaît, en partie, parce que le nombre important et croissant de diplômés universitaires exacerbe la concurrence pour des postes spécialisés et rend plus difficile la distinction entre les personnes en fonction de leur niveau de scolarité (Smith, 1986).
La surqualification a des conséquences néfastes sur les travailleurs et sur l’économie d’un pays. De nombreuses études montrent que les travailleurs surqualifiés sont enclins à être moins rémunérés et à avoir des conditions de travail plus précaires que les travailleurs présentant un appariement études-profession (p. ex. Chiswick et Miller, 2009; Fleming et Kler, 2008; Nordin, Persson et Rooth, 2010). Outre une pénalisation sur le plan économique, la surqualification entraîne des coûts psychologiques en ce qui a trait à la satisfaction au travail, à la qualité de vie et à l’état de santé (Bracke, Pattyn et von dem Knesebeck, 2013; Frank et Hou, 2018). La surqualification occasionne une utilisation inefficiente du capital humain et une perte de productivité (Davia, McGuinness et O’Connell, 2017).
Les immigrants et les natifs d’un pays donné font face à la surqualification, mais la prédominance est habituellement plus élevée chez les immigrants des pays développés où les immigrants affluent en grand nombre (Chiswick et Miller, 2009; Galarneau et Morissette, 2008; Green, Kler et Leeves, 2007; Uppal et LaRochelle-Côté, 2014). L’omniprésence de la surqualification au sein des populations d’immigrants concorde avec les théories portant sur l’incapacité à transférer parfaitement le capital humain entre les pays (Chiswick et Miller, 2009; Friedberg, 2000). La qualité de l’enseignement pourrait être inférieure dans certains pays d’origine ou le poste demande peut-être un permis d’exercice particulier dans le pays d’accueil. Même lorsque les études faites à l’étranger sont pertinentes dans le pays d’accueil, les immigrants doivent souvent acquérir des compétences supplémentaires pour que les titres soient transférés (Chiswick et Miller, 2002; Ferrer, Green et Riddell, 2006).
La majorité des études sur la surqualification portent sur des caractéristiques particulières, mais des facteurs structurels comme l’offre et la demande peuvent aussi jouer un rôle de premier plan. Dans une étude comparative entre 13 pays européens, Di Pietro (2002) a observé une corrélation entre la part absolue de travailleurs spécialisés au sein d’une population et les différences en matière de surqualification autoévaluée. D’autres études européennes n’ont pas conclu que la part absolue de travailleurs spécialisés avait un effet indépendant sur la surqualification. Elles ont plutôt montré que des différences structurelles relatives à l’offre par rapport à la demande entraînent des différences en matière de surqualification entre les pays (Croce et Ghignoni, 2012; Davia, McGuinness et O’Connell, 2017; Verhaest et van der Velden, 2013). En effectuant une comparaison entre le Canada et les États-Unis, en 2016, Lu et Hou (2018) ont constaté que la différence en matière de surqualification entre les immigrants et les personnes nées au pays était beaucoup plus importante au Canada, de l’ordre de presque 19 points de pourcentage entre les immigrants récents (moins de 10 ans de résidence) et les personnes nées au Canada. Parallèlement, la différence correspondante observée récemment entre les immigrants et les personnes nées aux États-Unis n’était que de 3 points de pourcentage. Le plus grand nombre d’immigrants ayant une formation universitaire qui arrivent au Canada alors que la demande de main-d’œuvre spécialisée dans l’économie est plus faible semble constituer un des principaux facteurs de cette différence transfrontalière en matière de surqualification des immigrants.
L’évolution de la structure industrielle du Canada au cours des deux dernières décennies ne semble pas avoir généré une demande assez forte pour absorber la croissante rapide de l’offre d’immigrants et de personnes nées au Canada ayant une formation universitaire. Même si les assertions à propos de pénuries imminentes de compétences sont monnaie courante, ce genre de pénuries est probablement limité à des secteurs et à des régions en particulier (Cappelli, 2015; McQuillan, 2013). En 2016-2017, deux tiers des postes vacants au Canada exigeaient seulement des études secondaires, alors que la moitié des chômeurs avait fait des études postsecondaires (Drolet ,2017). Le Bureau du directeur parlementaire du budget a indiqué que la fréquence de la surqualification chez les Canadiens âgés de 25 à 34 ans ayant un grade universitaire a augmenté, pour passer de 32 % en 1991 à 40 % en 2014, en raison de la faible demande des marchés de l’emploi (Bureau du directeur parlementaire du budget, 2015).
Le déséquilibre observé depuis peu entre l’offre et la demande en ce qui a trait aux travailleurs ayant une formation universitaire pourrait avoir diverses répercussions sur les différents groupes de population. De nouveaux arrivants sur le marché de l’emploi, comme les jeunes nés au Canada et les immigrants récents, pourraient être plus sensibles à une faible demande parce que la conjoncture macroéconomique rend encore plus difficile de parvenir à un appariement études-profession que de conserver un appariement existant (Verhaest et van der Velden, 2013). Chez les nouveaux arrivants sur le marché de l’emploi, les immigrants récents ayant un grade universitaire sont plus susceptibles de s’en sortir nettement moins bien que les diplômés canadiens pour les deux raisons suivantes.
Premièrement, en raison de tous les obstacles qu’ils rencontrent sur le marché de l’emploi, les immigrants récents décrochent habituellement un poste de niveau moindre lorsque la demande est faible et qu’ils doivent rivaliser avec des personnes natives du pays (Kogan, 2004). Comparativement aux travailleurs nés au Canada, au cours des dernières décennies, les immigrants récents ayant un grade universitaire ont enregistré une plus forte dégradation de leur situation sur le marché du travail que les immigrants récents ayant un niveau de scolarité inférieur (Picot, Hou et Qiu, 2016). Depuis les années 2000, les immigrants ayant une formation universitaire ont tendance à avoir des gains moyens pas plus élevés que ceux des personnes nées au Canada titulaires d’un diplôme d’études secondaires (Bonikowska, Hou et Picot, 2011). Par conséquent, il semble que les immigrants ayant une formation universitaire profitent moins d’une nouvelle demande de travailleurs spécialisés que les diplômés nés au Canada.
Deuxièmement, comme le mentionne Card (2009, 2), lorsque des immigrants ayant une formation universitaire constituent des remplaçants imparfaits de leurs homologues nés au pays, les effets concurrentiels des arrivées supplémentaires d’immigrants se font sentir chez les immigrants eux-mêmes. Selon une étude canadienne réalisée à partir de trois décennies de données au niveau des groupes pour la période allant de 1982 à 2010, une augmentation de 10 % de la taille de la cohorte d’immigrants arrivés au pays au cours de la même période était associée à un recul de 0,8 % des gains d’entrée chez les hommes immigrants de la cohorte et à un recul de 0,3 % des gains d’entrée des femmes immigrantes de cette cohorte (Hou et Picot, 2014). Bien que l’offre accrue d’immigrants ayant une formation universitaire intensifie la concurrence entre immigrants, elle a peu d’effet sur les natifs du pays ayant une formation universitaire (Dustmann et Preston, 2012; Manacorda, Manning et Wadsworth, 2012; Ottaviano et Peri, 2012).
Outre les mouvements quant à l’équilibre entre l’offre et la demande, les changements démographiques pourraient aussi influer de maintes façons sur différents groupes de population. Pour les jeunes nés au Canada, la grande expansion du niveau de scolarité et des professions libérales chez les femmes pourraient avoir favorisé une réduction de la surqualification, puisque les femmes nées au Canada sont enclines à afficher un taux de surqualification plus faible que les hommes (Uppal et LaRochelle-Côté, 2014). Parallèlement, l’accroissement de la part des minorités visibles pourrait faire augmenter la surqualification. Chez les immigrants récents, des changements quant aux régions d’origine, la maîtrise d’une langue officielle et les années écoulées depuis l’immigration constituent des facteurs déterminants qui influent sur la tendance relative à leur situation sur le marché du travail (Hou, 2013; Picot et Sweetman, 2012).
Dans le présent article, on examine les tendances divergentes possibles en ce qui a trait à la surqualification entre les personnes issues de différents groupes de population qui ont un grade universitaire, de même que la nature de l’association de la tendance observée dans chaque groupe avec les changements apportés aux facteurs que sont les caractéristiques démographiques, l’offre et la demande. Les immigrants récents devraient observer une plus forte augmentation de la surqualification que les jeunes nés au Canada. De plus, les mouvements de l’offre et de la demande devraient influer de façon plus marquée sur les tendances observées chez les immigrants récents que sur celles observées chez les jeunes nés au Canada.
3 Données, mesures et méthodes
3.1 Données
Les données sont tirées des recensements de la population du Canada de 2001, 2006 et 2016 et des fichiers de microdonnées de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011. L’échantillon de l’étude se limite aux personnes ayant au moins un baccalauréat qui ont travaillé durant la semaine de référence avant le recensement ou à la date de l’enquête. L’étude exclut, en outre, les nouveaux immigrants arrivés durant le recensement ou l’année de l’enquête, parce que la plupart d’entre eux étaient depuis trop peu de temps sur le marché du travail canadien. Après ces restrictions, la taille des échantillons d’immigrants récents variaient de 56 900 en 2001 à 146 500 en 2016. La taille des échantillons de jeunes nés au Canada variaient de 122 000 en 2001 à 217 400 en 2016.
3.2 Mesures
La variable dépendante comportait trois catégories : la surqualification, la surqualification marginale et l’appariement études-profession. La surqualification désignait les personnes ayant une formation universitaire (c.-à-d. au moins un baccalauréat) qui occupaient des emplois exigeant un diplôme d’études secondaires ou un niveau de scolarité moins élevé. La surqualification se rapporte aux cas où des personnes ayant une formation universitaire occupent des emplois exigeant certaines études postsecondaires, mais pas de diplôme universitaire. Un appariement études-profession consiste, pour des personnes ayant une formation universitaire, à occuper des emplois exigeant un grade universitaire.
Il est important de bien distinguer la surqualification marginale, la surqualification et l’appariement études-profession. Comme le montreront les résultats ci-dessous, les jeunes nés au Canada et les immigrants récents ont enregistré une augmentation du taux de surqualification marginale pour la période allant de 2001 à 2016. Par contre, cette augmentation correspond principalement à une réduction du taux d’appariement études-profession chez les immigrants récents et à une réduction du taux de surqualification chez les travailleurs nés au Canada. Par conséquent, la combinaison d’une surqualification marginale et d’une surqualification ou d’un appariement études-profession pourrait masquer les mouvements dynamiques de la répartition des professions selon le statut d’immigrant.
Le niveau de scolarité requis pour exercer une profession repose sur le niveau de scolarité qu’Emploi et Développement social Canada a attribué à environ 500 groupes professionnels dans la Classification nationale des professions (CNP) à quatre chiffres (gouvernement du Canada, s.d.). Le niveau de compétences professionnelles de la CNP se définit principalement par le niveau et le type d’études et de formation requis pour embrasser une profession et en remplir les fonctions. La CNP propose quatre niveaux de compétence : le niveau A de grade universitaire (baccalauréat, maîtrise ou doctorat), le niveau B d’études postsecondaires partielles, le niveau C de diplôme d’études secondaires ou de formation partielle propre à une profession et le niveau D d’études secondaires ou primaires partielles et de formation en cours d’emploi. La CNP n’attribue pas de niveau de scolarité particulier aux postes de direction. Aux fins de la présente étude, les postes de cadres supérieurs et les postes spécialisés de cadres intermédiaires seront traités au niveau A de compétence; le niveau B de compétence est réservé aux cadres intermédiaires dans le commerce de détail, de gros et des services à la clientèle et aux cadres intermédiaires des métiers, des transports, de la production et des services d’utilité publique. Afin de simplifier l’analyse, les niveaux de scolarité exigés pour occuper les postes ont été regroupés en trois catégories : formation universitaire, études postsecondaires partielles, et études secondaires ou niveau de scolarité moins élevé.
Dans le cadre de l’étude, des variables ont été dérivées pour les marchés de l’emploi locaux afin de saisir les changements temporels de l’offre et de la demande de diplômés universitaires. Les marchés de l’emploi locaux sont fondés sur 76 régions économiques (RE) (Statistique Canada, 2016). Une RE est une région géographique normale composée de comtés ou de districts régionaux au sein de la zone d’influence d’un grand centre urbain ou d’un réseau métropolitain. Le facteur de l’offre se mesure en tant que proportion de personnes ayant une formation universitaire au sein d’un groupe de population (p. ex. les immigrants récents) de la population active totale âgée de 25 à 64 ans dans une RENote . Le facteur de la demande se mesure en tant que proportion de travailleurs des industries du savoir d’une RE qui sont des travailleurs nés au Canada. Les industries du savoir sont définies par leurs activités de recherche-développement et le niveau de scolarité de leur main-d’œuvre. Il s’agit de 22 industries à 4 chiffres du Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN), qui comprennent les fabricants dans les domaines du génie et de la science, les télécommunications, le traitement des données, la conception de systèmes informatiques et les services de consultation (E.Wayne Clendenning & Associates, 2000). Les travailleurs nés au Canada servent à calculer les facteurs de la demande, parce que leurs conditions sont moins sensibles à l’offre de travailleurs immigrants et cernent donc mieux les besoins macroéconomiques.
Plusieurs caractéristiques démographiques individuelles sont comprises dans les variables témoins : âge, sexe (homme = 0, femme = 1), diplôme d’études supérieures (baccalauréat = 0, diplôme professionnel, maîtrise et doctorat = 1), domaine d’études, état matrimonial (marié, divorcé, séparé ou veuf, jamais marié). Le domaine d’études compte 12 catégories : enseignement, beaux-arts, sciences humaines, sciences sociales, commerce, agriculture, génie, sciences appliquées, santé, mathématiques, sciences informatiques et autres. Le modèle réservé aux immigrants comprend, en outre, le nombre d’années écoulées depuis l’immigration, la maîtrise de l’anglais ou du français parlé, les études à l’étranger et la région d’origine. Les études à l’étranger constituent un indicateur du plus haut grade obtenu par les immigrants à l’extérieur du Canada. Pour le Recensement de 2001, cette variable est dérivée de l’âge à l’immigration et du nombre d’années d’études (études à l’étranger si le nombre d’années d’études plus 6 donnent un chiffre inférieur à l’âge à l’immigration). Pour les années suivantes, cette variable est fondée sur le pays autodéclaré de l’établissement institutionnel où le plus haut grade a été obtenu. Les régions d’origine se classent en 13 catégories : Amérique du Nord, Caraïbes, Amérique centrale et Amérique du Sud, Europe du Nord, Europe de l’Ouest, Europe du Sud, Europe de l’Est, Afrique, Asie du Sud, Asiatique du Sud-Est, Asie de l’Est, Asie de l’Ouest et autres. Le modèle réservé aux jeunes nés au Canada comprend l’appartenance à une minorité visible : blanche, asiatique, noire, latino-américaine et autre.
3.3 Méthodologie
Afin de brosser un portrait global de l’offre et de la demande relatives à des travailleurs aux âges d’activité maximale (de 25 à 64 ans) ayant une formation universitaire, des statistiques descriptives sont générées pour montrer les changements de l’offre estimée de la population ayant une formation universitaire, de même que ceux du nombre de travailleurs selon le niveau de scolarité exigé pour exercer leurs professions. Ces statistiques descriptives sont générées séparément pour les immigrants récents et les jeunes nés au Canada (de 25 à 34 ans) ainsi que pour les immigrants de longue date (au Canada depuis plus de 10 ans) et les personnes de 35 à 64 ans nées au Canada. L’analyse porte aussi sur la répartition de la surqualification, de la surqualification marginale et de l’appariement études-profession selon le statut d’immigrant pour tous les travailleurs ayant une formation universitaire.
Pour examiner la mesure dans laquelle les changements observés dans la répartition des professions chez les immigrants récents et les jeunes nés au Canada sont associés aux changements apportés aux facteurs que sont les caractéristiques démographiques, l’offre et la demande, des modèles de régression multinominaux propres au groupe sont appliqués en combinant les ensembles de données des quatre recensements et de l’Enquête nationale auprès des ménages. Trois modèles séquentiels ont été élaborés pour les travailleurs ayant une formation universitaire de chaque groupe de population. La variable dépendante est le statut d’appariement études-profession à trois catégories : la surqualification, la surqualification marginale et l’appariement études-profession. Le premier modèle contient des variables fictives représentant des périodes (2001, 2006, 2011 et 2016) et des variables démographiques. Le deuxième modèle ajoute le facteur de la demande et les effets fixes des RE. De plus, le troisième modèle inclut le facteur de l’offre. Les changements relatifs aux estimations de la répartition des professions de ces trois modèles sont comparés aux changements observés ajustés pour jauger les effets de chaque ensemble de variables indépendantes.
4 Résultats
4.1 Forte hausse de l’offre de personnes ayant une formation universitaire
Le tableau 1 présente le nombre estimé de personnes âgées de 25 à 64 ans ayant un grade universitaire, selon le statut d’immigrant, de 2001 à 2016. L’offre de personnes ayant une formation universitaire au Canada a augmenté rapidement au cours de ces 15 années. De 2001 à 2016, le nombre de personnes de 25 à 64 ans ayant un grade universitaire a augmenté de 66,1 %, tous groupes confondus, par rapport à une augmentation de 3,2 % de la population sans grade universitaire faisant partie de la même tranche d’âge. Environ 47,5 % de l’augmentation du nombre de personnes ayant une formation universitaire étaient attribuables aux immigrants et les 52,5 % restants, aux personnes nées au Canada.
Total | Immigrants récents | Immigrants de longue date | Personnes âgées de 25 à 34 ans nées au Canada |
Personnes âgées de 35 à 64 ans nées au Canada |
|
---|---|---|---|---|---|
nombre | |||||
Population ayant un grade universitaire | |||||
2001 | 3 131 700 | 414 300 | 505 500 | 722 100 | 1 489 800 |
2006 | 3 883 100 | 597 300 | 664 900 | 800 900 | 1 820 000 |
2011 | 4 622 800 | 662 900 | 907 300 | 933 800 | 2 118 800 |
2016 | 5 201 300 | 795 600 | 1 107 900 | 1 015 800 | 2 282 000 |
pourcentage | |||||
Croissance de 2001 à 2016 | 66,1 | 92,0 | 119,2 | 40,7 | 53,2 |
Personnes ayant un grade universitaire au sein de chaque groupe de population | |||||
2001 | 19,5 | 33,8 | 21,5 | 22,9 | 15,9 |
2006 | 22,7 | 46,6 | 24,5 | 25,7 | 18,2 |
2011 | 25,5 | 49,0 | 29,6 | 28,3 | 20,4 |
2016 | 28,0 | 49,9 | 34,2 | 29,9 | 22,1 |
Note : Les chiffres estimés pour la population sont arrondis au multiple de 100 le plus près. Sources : Statistique Canada, recensements de 2001, 2006 et 2016 et Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Puisque la croissance du nombre d’adultes ayant une formation universitaire a de loin dépassé celle du nombre de leurs pairs moins scolarisés, la proportion de personnes ayant une formation universitaire dans la population adulte a augmenté dans chaque groupe de population. En fait, 49,9 % des immigrants récents possédaient au moins un baccalauréat en 2016, comparativement à 33,8 % en 2001. La proportion de personnes ayant une formation universitaire a aussi augmenté, passant de 22,9 % en 2001 à 29,9 % en 2016 chez les jeunes nés au Canada, et de 15,9 % en 2001 à 22,1 % en 2016 chez les personnes de 35 à 64 ans nées au Canada. Bien que les immigrants récents aient été plus scolarisés que les personnes nées au Canada tout au long de la période à l’étude, le niveau de scolarité des personnes nées au Canada a aussi enregistré une hausse marquée.
4.2 Tendances en matière d’appariement études-profession, selon le statut d’immigrant
Le tableau 2 présente la répartition des travailleurs ayant une formation universitaire, selon le niveau de scolarité exigé pour exercer leurs professions. Le nombre de travailleurs ayant une formation universitaire a augmenté, passant de 2,6 millions en 2001 à 4,3 millions en 2016. Les travailleurs nés au Canada représentaient environ 54 % (911 000 personnes) de cette croissance et les immigrants, 46 % (788 000 personnes). Le nombre total de travailleurs ayant une formation universitaire qui occupaient des postes hautement spécialisés n’a toutefois augmenté que de 857 000. Ainsi, les postes exigeant un grade universitaire n’auront absorbé qu’à peine plus de la moitié de la croissance de la main-d’œuvre ayant une formation universitaire.
Le statut d’immigrant importait beaucoup dans la croissance des différents types d’emplois. Pour ce qui est des travailleurs nés au Canada, jeunes et adultes, ayant un grade universitaire, la croissance de l’emploi pour la période allant de 2001 à 2016 correspondait à environ 60 % de postes hautement spécialisés, 29 % de postes moyennement spécialisés et 11 % de postes peu spécialisés. En comparaison, chez les immigrants récents ayant un grade universitaire, la croissance de l’emploi pour la période allant de 2001 à 2016 correspondait à seulement 30 % de postes hautement spécialisés, 33 % de postes moyennement spécialisés et 37 % de postes peu spécialisés. Les immigrants de longue date s’en sortaient mieux, puisque 46 % de la croissance de l’emploi visait des postes hautement spécialisés. Dans l’ensemble, de 2001 à 2016, la majeure partie de la croissance des emplois peu spécialisés chez les travailleurs ayant une formation universitaire était attribuable aux immigrants. En effet, 70 % de la croissance des emplois peu spécialisés, 48 % de la croissance des emplois moyennement spécialisés et 38 % de la croissance des emplois très spécialisés chez les travailleurs ayant un grade universitaire étaient attribuables aux immigrants.
Pour ce qui est de la répartition en pourcentage, le taux d’appariement études-profession chez tous les travailleurs ayant un grade universitaire a reculé de 4 points de pourcentage, passant de 60,3 % en 2001 à 56,4 % en 2016. Le taux de surqualification a légèrement augmenté, passant de 17,0 % en 2001 à 17,8 % en 2016; parallèlement, le taux de surqualification marginale est passé de 22,8 % en 2001 à 25,8 % en 2016.
Par rapport à la tendance nationale, le taux d’appariement études-profession chez les jeunes nés au Canada n’a cessé d’augmenter de 2001 à 2011, puis il a reculé en 2016 jusqu’à un niveau un peu plus élevé qu’en 2001. Une baisse du taux de surqualification, de 2001 à 2011, suivie d’une légère hausse en 2016 pour atteindre un taux s’élevant à 2 points de pourcentage sous le niveau de 2001 ont été associées à l’augmentation du taux d’appariement études-profession. Tout au long de la période allant de 2001 à 2016, la tendance générale pour les jeunes nés au Canada ayant un grade universitaire correspondait à une amélioration de la situation professionnelle : une baisse de la surqualification, une augmentation de la surqualification marginale et une légère augmentation de l’appariement études-profession.
À l’opposé, le taux d’appariement études-profession accusait un recul beaucoup plus marqué chez les immigrants : environ 6,7 points de pourcentage chez les immigrants de longue date et 8,0 points de pourcentage chez les immigrants récents. Des proportions accrues de surqualification et de surqualification marginale chez ces groupes d’immigrants accompagnaient ces baisses. En 2016, à peine 37,7 % des immigrants récents ayant un grade universitaire occupaient des emplois exigeant une formation universitaire, comparativement à 59,0 % des jeunes nés au Canada. Inversement, 34,6 % des immigrants récents ayant un grade universitaire occupaient des emplois exigeant tout au plus un diplôme d’études secondaires, tandis qu’à peine 16,0 % des jeunes nés au Canada se trouvaient dans la même situation.
Tous | Immigrants récents | Immigrants de longue date | Travailleurs âgés de 25 à 34 ans nés au Canada |
Travailleurs âgés de 35 à 64 ans nés au Canada |
|
---|---|---|---|---|---|
nombre | |||||
Répartition des professions | |||||
2001 | |||||
Surqualification | 447 300 | 98 200 | 78 500 | 115 200 | 155 400 |
Surqualification marginale | 600 400 | 66 400 | 98 800 | 148 700 | 286 500 |
Appariement études-profession | 1 587 900 | 138 600 | 246 600 | 373 200 | 829 500 |
Total | 2 635 600 | 303 200 | 423 900 | 637 100 | 1 271 400 |
2006 | |||||
Surqualification | 615 500 | 162 600 | 118 500 | 126 900 | 207 500 |
Surqualification marginale | 728 200 | 99 800 | 126 600 | 154 100 | 347 700 |
Appariement études-profession | 1 886 300 | 188 000 | 301 800 | 422 400 | 974 100 |
Total | 3 230 000 | 450 400 | 546 900 | 703 400 | 1 529 300 |
2011 | |||||
Surqualification | 636 500 | 154 400 | 150 200 | 120 900 | 210 900 |
Surqualification marginale | 973 800 | 137 600 | 197 600 | 199 900 | 438 700 |
Appariement études-profession | 2 218 100 | 204 000 | 391 500 | 499 700 | 1 122 900 |
Total | 3 828 400 | 495 900 | 739 300 | 820 500 | 1 772 500 |
2016 | |||||
Surqualification | 772 300 | 208 600 | 194 400 | 143 600 | 225 700 |
Surqualification marginale | 1 117 600 | 167 000 | 248 400 | 224 900 | 477 300 |
Appariement études-profession | 2 444 900 | 226 800 | 469 800 | 530 300 | 1 217 900 |
Total | 4 334 800 | 602 500 | 912 600 | 898 900 | 1 920 900 |
pourcentage | |||||
Parts de la répartition des professions | |||||
2001 | |||||
Surqualification | 17,0 | 32,4 | 18,5 | 18,1 | 12,2 |
Surqualification marginale | 22,8 | 21,9 | 23,3 | 23,4 | 22,5 |
Appariement études-profession | 60,3 | 45,7 | 58,2 | 58,6 | 65,2 |
2006 | |||||
Surqualification | 19,1 | 36,1 | 21,7 | 18,0 | 13,6 |
Surqualification marginale | 22,5 | 22,2 | 23,2 | 21,9 | 22,7 |
Appariement études-profession | 58,4 | 41,7 | 55,2 | 60,1 | 63,7 |
2011 | |||||
Surqualification | 16,6 | 31,1 | 20,3 | 14,7 | 11,9 |
Surqualification marginale | 25,4 | 27,7 | 26,7 | 24,4 | 24,8 |
Appariement études-profession | 57,9 | 41,1 | 53,0 | 60,9 | 63,4 |
2016 | |||||
Surqualification | 17,8 | 34,6 | 21,3 | 16,0 | 11,8 |
Surqualification marginale | 25,8 | 27,7 | 27,2 | 25,0 | 24,9 |
Appariement études-profession | 56,4 | 37,7 | 51,5 | 59,0 | 63,4 |
Notes : Les chiffres estimés pour les travailleurs sont arrondis au multiple de 100 le plus près. Les pourcentages pour les catégories de travailleurs peuvent ne pas correspondre à 100,0 % en raison des données arrondies. Sources : Statistique Canada, recensements de 2001, 2006 et 2016 et Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
4.3 Prise en compte des tendances observées chez les immigrants récents et les jeunes nés au Canada
La présente section porte sur la manière dont les tendances observées relativement au statut études-profession sont associées aux changements apportés aux facteurs que sont les caractéristiques démographiques, l’offre et la demande chez les immigrants récents et les jeunes nés au Canada. Le tableau 3 montre les changements apportés à certaines variables indépendantes. Les tableaux 4 et 5 présentent la répartition des professions pour chaque groupe à partir de trois modèles de régression multinominaux.
Le tableau 3 montre que certains changements démographiques, comme des augmentations de la proportion de personnes parlant une langue officielle, de la proportion de personnes ayant obtenu le plus haut grade au Canada et du nombre moyen d’années écoulées depuis l’immigration, entraîneraient une diminution de la surqualification chez les immigrants récents ayant un grade universitaire. Ces facteurs présentent une association négative avec la surqualification dans le modèle multivarié appliqué aux immigrants récents (voir le tableau 1 en annexe). En revanche, d’autres changements démographiques feraient augmenter le taux de surqualification : la forte hausse de la proportion de femmes immigrantes; les proportions accrues d’immigrants en provenance de l’Afrique, de l’Asie du Sud et de l’Asie du Sud-Est; et de plus faibles proportions d’immigrants de l’Europe de l’Est et de l’Asie de l’Est. Chez les immigrants récents, les femmes ont tendance à avoir un niveau de surqualification plus élevé que les hommes (tableau 1 en annexe). Les immigrants récents en provenance de l’Afrique, de l’Asie du Sud et de l’Asie du Sud-Est sont plus susceptibles de se retrouver en situation de surqualification que ceux qui proviennent de l’Europe de l’Est et de l’Asie de l’Est.
Dans les marchés de l’emploi locaux (RE) où vivent des immigrants récents, la proportion de travailleurs des industries du savoir qui sont nés au Canada a reculé, passant de 10,4 % à 8,2 %. Ce changement semble indiquer une baisse généralisée de la demande de travailleurs ayant une formation universitaire. Parallèlement, la proportion d’immigrants récents dans l’ensemble de population active ayant un grade universitaire est passée de 5,3 % en 2001 à 6,5 % en 2016.
À partir des résultats d’une régression multinominale, les estimations du tableau 4 relatives aux immigrants récents montrent qu’une gestion de changements démographiques avait eu tendance à faire augmenter le taux d’appariement études-profession et à faire diminuer le taux de surqualification en 2016. Ces résultats indiquent que des changements démographiques ont été partiellement à l’origine d’une fraction de l’augmentation de la surqualification et de la diminution de l’appariement études-profession chez les immigrants récents de 2001 à 2016. L’ajout au modèle des facteurs sélectionnés de l’offre et de la demande a atténué une grande partie des différences dans la répartition des professions pour la période à l’étude. Dans le modèle définitif, les cotes exprimant la possibilité d’une surqualification au lieu de l’appariement études-profession ne se révélaient plus aussi différentes pour la période allant de 2001 à 2016.
Travailleurs immigrants récents | Travailleurs âgés de 25 à 34 ans nés au Canada | |||
---|---|---|---|---|
2001 | 2016 | 2001 | 2016 | |
nombre | ||||
Âge | 38,34 | 39,08 | 29,48 | 29,51 |
proportion | ||||
Femme | 0,426 | 0,483 | 0,559 | 0,604 |
Grade supérieur | 0,343 | 0,352 | 0,146 | 0,190 |
Marié ou en union libre | 0,792 | 0,811 | 0,588 | 0,577 |
Séparé, divorcé ou veuf | 0,056 | 0,053 | 0,023 | 0,014 |
Blanc | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,930 | 0,841 |
Noir | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,010 | 0,016 |
Latino-américain | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,001 | 0,003 |
Asiatique | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,045 | 0,106 |
Autres groupes | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,014 | 0,035 |
Capacité à parler une langue officielle | 0,383 | 0,501 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Nombre d'années écoulées depuis l’immigration | 5,512 | 6,004 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Plus haut grade obtenu à l’étranger | 0,869 | 0,813 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
États-Unis | 0,029 | 0,025 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Amérique centrale | 0,013 | 0,017 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Caraïbes | 0,016 | 0,018 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Amérique du Sud | 0,024 | 0,048 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Europe du Nord | 0,027 | 0,029 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Europe de l’Ouest | 0,033 | 0,040 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Europe du Sud | 0,040 | 0,011 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Europe de l’Est | 0,141 | 0,066 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Afrique | 0,084 | 0,118 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Asie du Sud | 0,171 | 0,224 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Asie du Sud-Est | 0,115 | 0,176 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Asie de l’Est | 0,231 | 0,138 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Asie de l’Ouest | 0,070 | 0,084 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Océanie et autre | 0,005 | 0,006 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Proportion de travailleurs des industries du savoir qui sont nés au Canada |
0,104 | 0,082 | 0,082 | 0,071 |
Proportion d’immigrants récents ayant une formation universitaire dans la population active |
0,053 | 0,065 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Proportion de personnes âgées de 25 à 34 ans nées au Canada ayant une formation universitaire dans la population active |
Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 0,050 | 0,071 |
... n'ayant pas lieu de figurer Sources : Statistique Canada, recensements de 2001 et 2016. |
Changements observés | Changements ajustés en fonction des | |||
---|---|---|---|---|
données démographiques | données démographiques et de la demande | données démographiques, de la demande et de l'offre | ||
pourcentage | ||||
2001 | ||||
Surqualification | 32,4Note *** | 32,7Note *** | 32,8Note *** | 33,9 |
Surqualification marginale | 21,9Note *** | 21,5Note *** | 22,8Note *** | 23,6Note *** |
Appariement études-profession | 45,7 | 45,8 | 44,4 | 42,4 |
2006 | ||||
Surqualification | 36,1Note *** | 36,9 | 37,1 | 36,9 |
Surqualification marginale | 22,2Note *** | 21,8Note *** | 21,6Note *** | 21,5Note *** |
Appariement études-profession | 41,7 | 41,2 | 41,4 | 41,5 |
2011 | ||||
Surqualification | 31,1Note *** | 30,9Note *** | 30,9Note *** | 31,0Note *** |
Surqualification marginale | 27,7Note *** | 27,6Note *** | 27,5Note ** | 27,5Note * |
Appariement études-profession | 41,1 | 41,4 | 41,6 | 41,4 |
2016 | ||||
Surqualification | 34,6 | 33,8 | 33,7 | 33,2 |
Surqualification marginale | 27,7 | 28,2 | 28,0 | 27,6 |
Appariement études-profession | 37,7 | 38,0 | 38,3 | 39,1 |
Sources : Statistique Canada, recensements de 2001, 2006 et 2016 et Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
Dans les modèles multinomiaux, l’offre d’immigrants récents était associée positivement et significativement à une surqualification et une surqualification marginale (tableau 1 en annexe). La proportion de travailleurs des industries du savoir affichait une association négative avec la surqualification et la surqualification marginale, même si l’association était significative sur le plan statistique seulement pour la surqualification marginale.
Le calcul d’un indice de dissimilitude entre les répartitions de professions de 2001 et de 2016 pour les résultats observés et les résultats estimés des trois modèles, permet de résumer les effets des trois ensembles de variables indépendantesNote . L’indice de dissimilitude peut aller de 0 à 100, une note élevée indiquant une plus grande différence (changement). L’indice de dissimilitude entre les répartitions de professions de 2001 et de 2016 pour les immigrants récents ayant un grade universitaire s’élevait à 8,0. Il reculait pour se situer à 7,8 après une gestion des changements dans les facteurs démographiques, à 6,1 avec l’ajout au modèle de facteurs sélectionnés de la demande, et à 4,0 avec l’ajout au modèle du facteur de l’offre. Ainsi, environ la moitié du changement de la répartition des professions chez les immigrants récents était prise en compte par les variables indépendantes sélectionnées, les effets combinés des changements de l’offre et de la demande jouant un rôle beaucoup important que les changements démographiques.
Pour ce qui est des jeunes nés au Canada ayant un grade universitaire, des proportions accrues de femmes et de personnes ayant un diplôme d’études supérieures avaient tendance à réduire le taux de surqualification (tableau 3). Alors que chez les immigrants, les femmes étaient plus susceptibles d’avoir un taux de surqualification supérieur à celui des hommes, la tendance était inversée chez les jeunes nés au Canada, comme le montre le modèle multinominal pour les jeunes nés au Canada (tableau 1 en annexe). Toutefois, les minorités visibles affichaient un taux de surqualification plus élevé chez les jeunes nés au Canada : une diminution de la proportion de Canadiens blancs et une augmentation de la proportion de Canadiens noirs et asiatiques avaient tendance à faire augmenter le taux de surqualification. Dans les marchés de l’emploi locaux (RE) où vivent des jeunes nés au Canada, la proportion de travailleurs des industries du savoir qui étaient nés au Canada a reculé, passant de 8,2 % en 2001 à 7,1 % en 2016. En ce qui a trait à l’offre, la proportion de jeunes nés au Canada ayant un grade universitaire dans l’ensemble de la population active a augmenté, passant de 5,0 % en 2001 à 7,1 % en 2016 (tableau 3).
L’indice de dissimilitude entre les répartitions de professions de 2001 et de 2016 pour les jeunes nés au Canada ayant un grade universitaire était faible, soit 2,1, dans les résultats observés. L’indice a légèrement augmenté pour s’établir à 2,4 lorsque les changements démographiques (calculés à partir des estimations du tableau 5) ont été pris en considération. L’indice de dissimilitude a augmenté pour atteindre 3,4 après la prise en compte du facteur de la demande, et est passé à 2,9 avec l’ajout au modèle du facteur de l’offre. Parmi les facteurs de l’offre et de la demande, la proportion de travailleurs des industries du savoir qui étaient nés au Canada affichait la seule association négative et significative avec la surqualification dans le modèle réservé aux jeunes nés au Canada (tableau 1 en annexe). Ces résultats indiquent que les variations de la demande jouent un rôle relativement important dans l’évolution de la structure professionnelle chez les jeunes nés au Canada.
Changements observés | Changements ajustés en fonction des | |||
---|---|---|---|---|
données démographiques | données démographiques et de la demande | données démographiques, de la demande et de l'offre | ||
pourcentage | ||||
2001 | ||||
Surqualification | 18,1Note *** | 18,0Note *** | 18,7Note *** | 18,5Note *** |
Surqualification marginale | 23,3Note *** | 23,2Note *** | 23,6 | 23,7 |
Appariement études-profession | 58,6 | 58,8 | 57,7 | 57,8 |
2006 | ||||
Surqualification | 18,0Note *** | 17,8Note *** | 17,5Note *** | 17,3Note * |
Surqualification marginale | 21,9Note *** | 21,7Note *** | 21,3Note *** | 21,9Note *** |
Appariement études-profession | 60,0 | 60,5 | 61,2 | 60,8 |
2011 | ||||
Surqualification | 14,7Note *** | 14,8Note *** | 14,6Note *** | 14,7Note *** |
Surqualification marginale | 24,4Note *** | 24,6Note ** | 24,6Note * | 24,5 |
Appariement études-profession | 60,9 | 60,6 | 60,8 | 60,8 |
2016 | ||||
Surqualification | 16,0 | 15,6 | 15,3 | 15,6 |
Surqualification marginale | 25,0 | 24,7 | 24,7 | 24,3 |
Appariement études-profession | 59,0 | 59,7 | 60,0 | 60,1 |
Sources : Statistique Canada, recensements de 2001, 2006 et 2016 et Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
5 Discussion et conclusion
Le présent article documente l’évolution de l’offre de travailleurs ayant une formation universitaire selon le statut d’immigrant au Canada. Dans l’article, on compare, en outre, l’appariement études-profession chez les travailleurs immigrants récents et les jeunes nés au Canada ayant une formation universitaire au cours de la période allant de 2001 à 2016, et la façon dont les différentes tendances au sein de chaque groupe sont associées à des changements de facteurs que sont les changements démographiques, l’offre et la demande.
De 2001 à 2016, l’offre de personnes ayant une formation universitaire s’est accrue au Canada. Le nombre de personnes de 25 à 64 ans ayant au moins un baccalauréat a augmenté de 66 %, tandis que le nombre de personnes de la même tranche d’âge n’ayant pas de grade universitaire a diminué d’à peine 3 %. Malgré une proportion beaucoup plus élevée de diplômés universitaires chez les immigrants, surtout les immigrants récents, durant la période à l’étude, le niveau de scolarité de la population née au Canada a aussi enregistré une hausse marquée.
La forte augmentation de l’offre de travailleurs ayant une formation universitaire a dépassé la croissance des emplois exigeant une formation universitaire. Au cours de cette période de 15 ans, au Canada, le nombre de travailleurs âgés de 25 à 64 ans ayant une formation universitaire a augmenté de 1,7 million, 911 000 d’entre eux étant nés au Canada. Toutefois, le nombre d’emplois exigeant une formation universitaire n’a augmenté que de 857 000 pour tous les travailleurs ayant un grade universitaire. La plus faible demande de travailleurs ayant une formation universitaire par rapport à leur offre pourrait en partie s’expliquer par d’importants mouvements structuraux dans l’économie canadienne : un ralentissement des industries du savoir, un recul marqué du secteur de la fabrication et une explosion des industries axées sur les ressources (Beaudry, Green et Sand, 2016; Green et Sand, 2015; Hasanzadeh et Khan, 2017).
Le type d’emplois s’étant accru chez les travailleurs ayant une formation universitaire variait considérablement selon le statut d’immigrant. Chez les personnes nées au Canada, environ 60 % de la croissance de l’emploi se concentrait dans les postes hautement spécialisés. Chez les immigrants récents, la majeure partie de la croissance de l’emploi résidait dans des postes peu spécialisés et moyennement spécialisés. Dans l’ensemble, les immigrants ayant une formation universitaire représentaient 70 % de la croissance des emplois peu spécialisés, mais seulement 38 % de celle des emplois hautement spécialisés.
Ces tendances de la croissance différentielle de l’emploi ont mené à des mouvements divergents de la situation professionnelle selon le statut d’immigrant. Les jeunes nés au Canada ayant un grade universitaire ont affiché une amélioration de leur situation professionnelle, où une légère augmentation du taux d’appariement études-profession s’accompagnait d’une réduction de la surqualification et d’une hausse de la surqualification marginale. L’accroissement de l’offre et l’affaiblissement de la demande en main-d’œuvre spécialisée n’ont pas freiné l’évolution de la situation professionnelle des jeunes nés au Canada, même si le maintien d’une forte demande avait entraîné une amélioration plus marquée. Les jeunes nés au Canada pourraient avoir bénéficié d’une position plus favorable pour tirer profit de la nouvelle demande de travailleurs ayant une formation universitaire. Ils n’éprouvent pas les difficultés souvent rencontrées par les immigrants récents, notamment les obstacles linguistiques et culturels, une transférabilité limitée des compétences, des réseaux sociaux inadéquats et la discrimination.
À l’opposé, les immigrants récents ont enregistré une nette baisse du niveau professionnel, prenant la forme d’un recul massif de l’appariement études-profession et de hausses correspondantes des taux de surqualification et de surqualification marginale. Une augmentation de la proportion des personnes de leur propre groupe au sein de l’ensemble de la population active (la mesure de l’offre utilisée dans la présente étude) et l’affaiblissement de la demande ont été associés à une dégradation de la situation professionnelle chez les immigrants récents de 2001 à 2016. Ces résultats concordent avec les constations d’études antérieures, ce qui indique que la taille des cohortes d’immigrants a des conséquences néfastes sur les chances des immigrants de s’intégrer au marché de l’emploi (Hou et Picot, 2014).
D’une manière générale, la présente étude montre que de 2001 à 2016, au Canada, la croissance de l’emploi exigeant une formation universitaire a accusé un retard par rapport à l’accroissement de l’offre de travailleurs ayant une formation universitaire. Dans une perspective plus large, les immigrants récents ayant une formation universitaire ont occupé de plus en plus d’emplois exigeant des études inférieures au niveau universitaire.
Annexe
Variables | Immigrants récents | Jeunes nés au Canada | ||
---|---|---|---|---|
Surqualification | Surqualification marginale | Surqualification | Surqualification marginale | |
coefficients | ||||
Année (référence : 2016) | ||||
2001 | -0,078 | -0,252Note *** | 0,235Note *** | 0,029 |
2006 | 0,049 | -0,315Note *** | 0,097Note ** | -0,120Note *** |
2011 | -0,151Note *** | -0,075Note * | -0,075Note *** | -0,009 |
Âge | 0,014Note *** | 0,005Note ** | -0,063Note *** | 0,004 |
Femme | 0,232Note *** | 0,060Note ** | -0,065Note ** | -0,078Note * |
Grade supérieur | -1,002Note *** | -0,736Note *** | -1,209Note *** | -0,909Note *** |
Marié ou en union libre | -0,036Note *** | 0,077Note *** | -0,380Note *** | -0,055Note *** |
Séparé, divorcé ou veuf | 0,127Note *** | 0,156Note *** | -0,076Note * | 0,107Note *** |
Capacité à parler une langue officielle | -0,327Note *** | -0,095Note *** | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Nombre d'années écoulées depuis l’immigration | -0,070Note *** | -0,012Note *** | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Plus haut grade obtenu à l’étranger | 0,840Note *** | 0,567Note *** | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Domaines d’études (référence : études) | ||||
Beaux-arts | 0,168Note ** | 0,655Note *** | 2,020Note *** | 2,080Note *** |
Sciences humaines | 0,401Note *** | 0,515Note *** | 1,521Note *** | 1,526Note *** |
Sciences sociales | 0,345Note *** | 0,513Note *** | 1,692Note *** | 1,886Note *** |
Commerce | 0,102 | 0,355Note *** | 1,342Note *** | 1,684Note *** |
Agriculture | 0,091 | 0,439Note *** | 1,456Note *** | 1,892Note *** |
Génie | -0,641Note *** | 0,142 | -0,085 | 0,907Note *** |
Santé | -0,656Note *** | -0,314Note * | -0,437Note *** | 0,055 |
Mathématiques | -0,385Note *** | -0,058 | 0,980Note *** | 1,357Note *** |
Sciences informatiques | -1,390Note *** | -0,910Note *** | -0,374Note *** | 0,173Note *** |
Autres domaines d’études | 0,468Note *** | 0,926Note *** | 1,309Note *** | 1,970Note *** |
Proportion de travailleurs des industries du savoir | -2,334 | -5,850Note * | -6,417Note *** | -2,837Note *** |
Offre de personnes ayant une formation universitaire dans son propre groupe | 6,478Note *** | 6,172Note *** | -1,964 | 3,525 |
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Sources : Statistique Canada, recensements de 2001, 2006 et 2016 et Enquête nationale auprès des ménages de 2011. |
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