Direction des études analytiques : documents de recherche
Surqualification chez les immigrants titulaires d’un grade universitaire au Canada et aux États-Unis
Résumé
La présente étude vise à comparer les différences en ce qui concerne le décalage entre le niveau de scolarité et les professions des immigrants au Canada et aux États-Unis, opérationnalisé en fonction de la surqualification. On y étudie plus en détail la façon dont les différences entre les pays peuvent être associées à l’offre et à la demande d’immigrants titulaires d’un grade universitaire ainsi que la façon dont ils sont sélectionnés. Au moyen de données comparables et de trois mesures de la surqualification, l’étude a permis de conclure que les immigrants titulaires d’un grade universitaire qui sont arrivés récemment au Canada étaient beaucoup plus susceptibles d’être surqualifiés que leurs pairs ayant immigré récemment aux États-Unis. L’écart en ce qui concerne le taux de surqualification entre les immigrants récents et les personnes nées au pays était beaucoup plus prononcé au Canada qu’aux États-Unis. De plus, tandis que la demande sur le marché du travail était associée à un niveau de surqualification plus faible dans les deux pays, une offre plus grande d’immigrants récents possédant un grade universitaire était associée, de manière positive, à la probabilité qu’il y ait surqualification chez les immigrants récents au Canada, ce qui n’était pas le cas aux États-Unis. En outre, au Canada, le taux de surqualification était beaucoup plus faible chez les immigrants admis en raison d’une certaine forme de sélection par les employeurs (c.-à-d. les immigrants ayant occupé un travail spécialisé au Canada avant l’immigration) par rapport aux immigrants admis directement depuis l’étranger. Dans l’ensemble, la présente étude donne un aperçu de la façon dont le système d’immigration interagit avec les aspects élargis du marché du travail, afin de déterminer les résultats des immigrants sur le marché du travail.
Sommaire
Le Canada et les États-Unis sont deux destinations importantes pour les immigrants et disposent de politiques d’immigration distinctes. Le niveau d’immigration et la taille de l’économie des deux pays diffèrent également. Cependant, les structures gouvernementales, les régimes économiques et l’environnement social des deux pays affichent de nombreuses similarités. Ces similarités et différences fournissent un cadre utile pour réaliser des études comparatives dans le domaine de l’immigration.
La présente étude vise à évaluer le niveau de surqualification chez les immigrants titulaires d’un grade universitaire aux États-Unis et au Canada. Elle repose sur des données comparables de l’American Community Survey de 2014, de 2015 et de 2016, ainsi que du Recensement du Canada de 2016, afin de calculer le taux de surqualification des immigrants et des personnes nées dans chaque pays. Par surqualification, on entend le niveau de scolarité d’un travailleur qui est supérieur au niveau de scolarité requis pour réaliser adéquatement un travail particulier. Trois approches différentes servent à mesurer la surqualification.
Les facteurs sous-jacents possibles des différents taux de surqualification des immigrants aux États-Unis et au Canada font l’objet d’un examen plus approfondi dans la présente étude. L’analyse est fondée sur une hypothèse selon laquelle les politiques d’immigration interagissent avec des aspects élargis du marché du travail dans le pays de destination, ce qui a une incidence sur le rendement économique des immigrants qualifiés. L’étude permet également d’évaluer les mécanismes de sélection des immigrants qui peuvent améliorer la correspondance entre le niveau de scolarité et la profession des immigrants. Les auteurs comparent les taux de surqualification des immigrants titulaires d’un grade universitaire qui ont été admis dans le cadre de différentes catégories d’admission au Canada (p. ex. un système fondé uniquement sur des points contre la sélection par un employeur jumelée à un système de points).
Selon les résultats, les immigrants titulaires d’un grade universitaire récemment arrivés au Canada étaient beaucoup plus susceptibles d’être surqualifiés que leurs pairs ayant immigré récemment aux États-Unis. La différence entre les pays était moins prononcée chez les immigrants de longue date. Les Américains nés au pays étaient même légèrement plus susceptibles d’être surqualifiés que les Canadiens nés au pays. Tandis que les immigrants récents sont plus susceptibles que les personnes nées au pays de faire face à un décalage entre le niveau de scolarité et la profession dans les deux pays, l’écart était beaucoup plus prononcé au Canada qu’aux États-Unis.
Bien que la demande sur le marché du travail soit associée à un niveau de surqualification inférieur chez les immigrants récents des deux pays, une offre supérieure d’immigrants récents titulaires d’un grade universitaire était associée, de manière positive, à la surqualification au Canada, ce qui n’était pas le cas aux États-Unis. Ces résultats donnent probablement à penser qu’une offre élargie d’immigrants titulaires d’un grade universitaire dans une économie plus petite réduit la capacité d’absorption des immigrants dans un pays. Une offre plus faible et une demande plus grande, jumelées à un système de sélection des immigrants en fonction de l’emploi pour les immigrants qualifiés aux États-Unis, font probablement en sorte qu’il y a un meilleur équilibre entre l’offre d’immigrants et la demande nationale sur le marché du travail.
Au Canada, le taux de surqualification était significativement inférieur chez les immigrants sélectionnés par l’intermédiaire de la catégorie de l’expérience canadienne (CEC) par rapport aux immigrants sélectionnés dans le cadre du Programme des travailleurs qualifiés (fédéral) (PTQF). Les immigrants du Programme des candidats des provinces (PCP) affichaient un taux de surqualification supérieur à celui des immigrants du PTQF. Même si la CEC et le PCP ressemblent à des mécanismes de sélection par les employeurs, la CEC sélectionne les travailleurs qualifiés, tandis que le PCP admet de nombreux travailleurs peu qualifiés.
1 Introduction
Le Canada et les États-Unis sont deux destinations importantes pour les immigrants et disposent de politiques d’immigration distinctes. Le système d’immigration du Canada récompense fortement le capital humain, tandis que la réunification des familles est au cœur du système américain. En raison de cette différence principale, les universitaires et les décideurs politiques comparent de plus en plus les deux pays. Les similitudes entre le Canada et les États-Unis, notamment en ce qui a trait à leurs structures gouvernementales, à leurs systèmes économiques et à leur proximité géographique, facilitent la comparaison entre les deux pays. Cependant, il existe d’importantes différences institutionnelles en ce qui concerne leurs politiques d’immigration (Bloemraad, 2011). Les similarités et différences fournissent un cadre utile pour réaliser des études dans le domaine de l’immigration.
Le système de points du Canada a permis à un pourcentage plus élevé d’immigrants ayant un niveau de scolarité élevé et des titres professionnels d’arriver au Canada que ne l’a fait le système en vigueur aux États-Unis (Kaushal et Lu, 2015). Les caractéristiques du capital humain plus favorables des immigrants au Canada, jumelées au contexte d’intégration plus robuste du pays, laissent entendre une plus grande réussite sur le marché du travail. Malgré tout, la littérature semble indiquer le contraire : les immigrants du Canada tirent de l’arrière par rapport à ceux des États-Unis en ce qui concerne le rendement sur le marché du travail (Bonikowska, Hou et Picot, 2011). Cette tendance se maintient même lorsqu’on compare les immigrants titulaires d’un grade universitaire provenant du même pays d’origine et après avoir tenu compte de l’hétérogénéité individuelle non observée (Kaushal et coll., 2016; Wu et coll., 2018). Parmi les explications fréquentes de la différence en ce qui concerne les résultats des immigrants sur le marché du travail au Canada et aux États-Unis, il y a le fait que les immigrants ayant des aptitudes innées élevées ont davantage tendance à opter pour les États-Unis (Clarke, Ferrer et Skuterud, 2019). Cependant, la recherche inductive appuie de manière mitigée cette explication (Kaushal et coll., 2016). En outre, une émigration sélective peut exister chez les personnes nées au Canada, ce qui peut réduire l’écart en matière de résultats sur le marché du travail entre les immigrants et les personnes nées au Canada.
Deux autres explications possibles sont étudiées dans le présent document. L’une met l’accent sur les facteurs économiques structurels fondamentaux, soit l’offre sur le marché du travail et la demande du marché du travail. Sur le plan de l’offre, le Canada a dépassé les États-Unis en ce qui a trait au pourcentage d’immigrants possédant un grade universitaire qui sont sur le marché du travail. Cependant, sur le plan de la demande, l’économie du Canada représente le dixième de la taille de l’économie américaine. La structure industrielle du Canada est moins axée sur le savoir (Baldwin et Willox, 2016). Regroupées, ces caractéristiques créent une offre plus grande d’immigrants possédant un grade universitaire par rapport à la demande de travailleurs qualifiés sur le marché du travail au Canada comparativement aux États-Unis. Ces aspects généraux du marché du travail du pays d’accueil peuvent interagir avec les politiques d’immigration, ce qui a une incidence sur le rendement économique des immigrants qualifiés. Parmi les autres explications possibles, il y a les différences entre les mécanismes de sélection des immigrants, tout particulièrement le rôle de la sélection par les employeurs pour améliorer la correspondance entre les compétences des immigrants et la demande sur le marché du travail.
Dans la présente étude, la surqualification est employée comme indicateur de l’utilisation des compétences des immigrants, et le taux de surqualification est estimé chez les immigrants titulaires d’un grade universitaire aux États-Unis et au Canada. Des études ont été réalisées sur la surqualification des immigrants au Canada (Banerjee, Verma et Zhang, 2018; Boyd, 2013; Frank 2013; Girard et Smith, 2013; McDonald, Warman et Worswick, 2015; Wald et Fang, 2008) et aux États-Unis (Beckhusen et coll., 2013; Chiswick et Miller, 2009; Mattoo, Meagu et Ozden, 2008). Cependant, aucune étude n’a permis de comparer systématiquement la portée de la question dans les deux pays, afin de comprendre la mesure dans laquelle la surqualification est un défi fréquent que doivent affronter des immigrants dans les deux pays ou d’évaluer les facteurs structurels qui favorisent la surqualification des immigrantsNote .
L’analyse s’appuie sur des données comparables de l’American Community Survey de 2014, de 2015 et de 2016 ainsi que du Recensement du Canada de 2016 pour calculer le taux de surqualification des immigrants et des personnes nées dans chaque pays. Par surqualification, on entend le niveau de scolarité d’un travailleur qui est supérieur au niveau de scolarité requis pour réaliser adéquatement un travail particulier.
2 Sélection des immigrants, structures du marché du travail et surqualification
Parmi les principales différences institutionnelles entre les États-Unis et le Canada, il y a les politiques d’immigration. Depuis le milieu des années 1960, les politiques d’immigration dans les deux pays ont divergé de manière importante (Green et Green, 1999). Les États-Unis maintiennent une politique axée sur la réunification des familles, à la suite de l’adoption de l’Immigration and Naturalization Act de 1965 (Pub. L., 89 à 236), qui a éliminé les quotas propres à la nationalité. La politique fait en sorte que différents membres de la famille peuvent immigrer. Elle est beaucoup plus vaste que les politiques de nombreuses autres destinations des immigrants.
En revanche, le Canada a adopté en 1967 un système de points qui donne de l’importance aux caractéristiques facilitant l’intégration économique des immigrants. Depuis 1993, le Canada a apporté des changements à son système de points, en favorisant l’adoption d’une approche axée sur le capital humain qui accorde davantage la priorité au niveau de scolarité et à la maîtrise des langues officielles (Hou et Picot, 2016). En 2002, le gouvernement canadien a adopté la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (L.C. 2001, ch. 27), qui a permis d’améliorer encore plus l’approche axée sur le capital humain, tout en éliminant les points attribués dans le cas de certaines professions recherchées (en raison, en partie, des difficultés associées au fait de prévoir la demande sur le marché du travail). En 2015, le Canada a lancé le système Entrée express, afin d’accroître l’efficacité de la sélection des immigrants de la composante économique. Le nouveau Système de classement global, qui sert à sélectionner les demandeurs, met davantage l’accent sur l’expérience de travail au Canada, tout en continuant d’accorder de l’importance aux compétences linguistiques et à la scolarité (Hou et Lu, 2017).
En plus des politiques d’immigration, la structure du marché du travail d’un pays a également des répercussions sur les résultats des immigrants sur le marché du travail. Le système d’immigration du Canada engendre une population d’immigrants qualifiés de grande taille par rapport à la taille de la population canadienne. En 2016, la migration permanente annuelle au Canada (0,82 % de la population) représentait plus du double de la migration permanente annuelle aux États-Unis (0,37 % de la population)Note .
L’économie américaine est plus de 10 fois plus grande que l’économie canadienne. En 2016, le produit intérieur brut américain était environ 12 fois plus élevé que celui du Canada (Banque mondiale, 2017). Au cours des années 1990, la croissance économique des États-Unis a été stimulée principalement par une hausse de l’emploi des travailleurs titulaires d’un grade universitaire, mais au Canada, elle a surtout été motivée par les travailleurs n’en ayant pas fait (Ho, Rao et Tang, 2004). En raison de ces conditions macroéconomiques, le marché du travail canadien est plus limité en ce qui concerne sa capacité à accueillir des travailleurs nés à l’étranger, surtout pour des emplois spécialisés correspondant au niveau de scolarité d’un immigrant. Au Canada, le nombre le plus élevé de postes à pourvoir se trouve dans l’industrie des services, comme des postes d’associés de la vente au détail et des fournisseurs de soins, postes qui ne nécessitent pas obligatoirement un grade universitaire (Haider, 2015).
Par conséquent, on s’attend à ce qu’au Canada, les immigrants qualifiés soient plus susceptibles d’être surqualifiés par rapport à leurs pairs vivant aux États-Unis. Cette situation peut être attribuable au fait qu’au Canada, l’offre d’immigrants qualifiés dépasse la demande, surtout chez les immigrants récents qui sont les plus susceptibles d’être surqualifiés (Chiswick et Miller, 2009).
En raison de l’offre plus élevée au Canada, la surqualification des immigrants peut être particulièrement sensible aux facteurs de l’offre. La probabilité de surqualification est plus grande lorsqu’elle est associée à une offre plus élevée d’immigrants titulaires d’un grade universitaire sur le marché du travail local. L’offre élevée peut intensifier la concurrence chez les immigrants possédant un grade universitaire et entre ces immigrants et les personnes nées au pays (Aydemir et Borjas, 2007; Hou et Picot, 2014). À titre de comparaison, une offre plus faible correspond mieux à la demande d’immigrants titulaires d’un grade universitaire aux États-Unis.
La sélection en deux étapes d’immigrants qualifiés parrainés par des employeurs facilite également l’harmonisation entre l’offre d’immigrants qualifiés et la demande de travailleurs qualifiés sur le marché du travail aux États-Unis. Dans le cadre de ce système, les employeurs se chargent principalement de la sélection. Les employeurs parrainent des immigrants dans le cadre de visas H-1B et de demandes de résidence permanente subséquentes. Ainsi, les immigrants qualifiés disposent d’un emploi sûr qui les attend lorsqu’ils arrivent; ils n’ont donc pas à chercher un emploi à leur arrivée, pendant qu’ils s’installent. Dans ce contexte, les conditions de l’offre sont fortement semblables à la demande et à la capacité sur le marché du travail en ce qui concerne les immigrants qualifiés; on s’attend donc à un lien positif plus faible entre l’offre et la surqualification aux États-Unis.
En revanche, la sélection des nouveaux immigrants dans le cadre du système de points au Canada est, en grande partie, réglementée par le gouvernement. De nombreux immigrants arrivent au Canada sans avoir obtenu préalablement un emploi, et doivent s’en chercher un à leur arrivée. Cette situation peut accroître la probabilité que les immigrants soient surqualifiés, surtout à partir des années 1990 et 2000, alors que l’immigration a augmenté de manière régulière, sans égard aux variations de la demande de travailleurs qualifiés. Les fluctuations observées dans le secteur de la haute technologie à la fin des années 1990 et au début des années 2000 illustrent la vulnérabilité des immigrants possédant un grade universitaire dans une économie en évolution (Hou, 2013).
Afin de déterminer le rôle de la sélection par les employeurs pour atténuer le décalage entre le niveau de scolarité et la profession, on compare, dans la présente étude, les taux de surqualification au Canada des immigrants possédant un grade universitaire admis par l’intermédiaire de différents mécanismes. Même si les immigrants qualifiés au Canada sont admis dans le cadre du système de points, le Canada dispose d’un mécanisme d’admission semblable au mécanisme de parrainage des employeurs offert aux États-Unis, c’est-à-dire la catégorie de l’expérience canadienne (CEC). Ces immigrants sont tout d’abord sélectionnés par des employeurs canadiens à titre de travailleurs étrangers temporaires. Leur rendement est évalué, à un moment ultérieur, par leur employeur, afin de déterminer s’ils peuvent conserver leur emploi. C’est pourquoi ils sont considérés comme des immigrants sélectionnés par un employeur. Le taux de surqualification relatif des immigrants ayant suivi une formation qui sont admis par l’intermédiaire du système de points ou de la sélection par un employeur fournit des indications utiles sur l’efficacité de la sélection par les employeurs pour assurer la correspondance des immigrants en fonction de la demande sur le marché du travail. Dans la mesure où la sélection par des employeurs s’avère plus efficace pour combler les besoins de l’économie, la surqualification serait plus courante chez les immigrants qui sont admis par l’intermédiaire du système de points uniquement. Il n’est pas possible de faire une comparaison semblable aux États-Unis, puisque les données sur la catégorie d’entrée ne sont pas disponibles.
La discussion ci-dessus a permis d’établir trois hypothèses :
- Les immigrants au Canada titulaires d’un grade universitaire étaient plus susceptibles d’être surqualifiés que ceux ayant immigré aux États-Unis. Cette situation s’applique particulièrement aux immigrants récents.
- En raison de l’offre plus élevée et de la demande plus faible au Canada, les facteurs de l’offre sur le marché du travail sont associés plus positivement à la surqualification chez les immigrants au Canada, par rapport aux immigrants aux États-Unis.
- Les immigrants admis au Canada uniquement par l’intermédiaire du système de points sont plus susceptibles d’être surqualifiés par rapport aux immigrants qui ont également fait l’objet d’une sélection par un employeur.
3 Données, mesures et méthodes
3.1 Données
Les données sont tirées du fichier de microdonnées représentant 25 % de l’échantillon du Recensement de la population de 2016 de Statistique Canada et de l’American Community Survey (ACS) de 2014, de 2015 et de 2016 téléchargées depuis l’Integrated Public Use Microdata Series (Ruggles et coll., 2017). Des données de l’ACS sur trois ans ont été regroupées pour obtenir un échantillon d’une taille comparable à celui du recensement canadien. Les analyses portent sur les personnes âgées de 25 à 64 ans ayant une profession. L’échantillon de l’étude est limité aux personnes ayant au moins un baccalauréat. L’étude exclut également les nouveaux immigrants arrivés au cours de l’année du recensement ou de l’enquête, en raison des procédures de collecte différentes en vigueur lors de l’ACS et du recensement canadienNote . Après la prise en considération de ces restrictions, l’échantillon de l’étude compte 370 045 immigrants au Canada et 223 608 immigrants aux États-Unis.
3.2 Mesures
3.2.1 Surqualification
La principale variable dépendante est la surqualification. On entend par cela le fait que les titulaires d’un grade universitaire (c.-à-d. ceux possédant au moins un baccalauréat) occupent un poste qui n’exige qu’un diplôme d’études secondaires ou un niveau inférieur. L’étude contient également une définition de la surqualification marginale, laquelle s’applique à une personne possédant un grade universitaire qui occupe un emploi exigeant certaines études postsecondaires de niveau inférieur au baccalauréat. La variable dépendante comporte donc trois catégories : la surqualification, la surqualification marginale et la correspondance entre le niveau de scolarité et la profession. Il est important de faire une distinction entre la surqualification et la surqualification marginale, puisque les travailleurs surqualifiés ont des salaires et un bien-être subjectif inférieurs à ceux des travailleurs légèrement surqualifiés (Frank et Hou, 2018). En outre, les études postsecondaires inférieures au baccalauréat sont plus fréquentes au Canada qu’aux États-Unis.
Il existe trois façons générales de déterminer le niveau de scolarité requis pour une profession (Hartog, 2000). Tout d’abord, il y a l’analyse d’emploi, soit une évaluation de la profession réalisée par des analystes du travail professionnels dans le domaine. Il y a ensuite la mise en correspondance, qui permet d’évaluer le niveau de scolarité réel atteint par les travailleurs actuels dans chaque profession; le niveau de scolarité requis est déterminé en fonction du niveau de scolarité que les travailleurs exerçant la profession indiquée par le répondant ont atteint (c.-à-d. le niveau de scolarité moyen ou par mode des travailleurs exerçant une profession) (Cohn et Khan, 1995). Enfin, il y a l’auto-évaluation subjective des travailleurs ayant le niveau de scolarité minimum requis pour occuper l’emploi. Parmi les trois approches, la méthode de l’analyse d’emploi est prédominante dans la littérature. On considère qu’il s’agit de l’approche dont la conception est supérieure (Hartog, 2000). C’est pourquoi la présente étude est axée sur les résultats des mesures établies selon cette approche.
Trois mesures différentes sont utilisées dans l’étude pour définir les exigences en matière de scolarité d’une profession donnée. En utilisant de multiples mesures, on peut évaluer la robustesse des résultats. Comme il est indiqué ci-dessous, les trois mesures ont permis d’obtenir des résultats très semblables. Deux mesures d’analyse de l’emploi ont été créées en premier pour jumeler les données avec le système américain et le système canadien, respectivement.
Le système américain fournit des renseignements sur la scolarité requise par profession attribuée par le Bureau de la statistique du travail (BLS). Les économistes du BLS attribuent la scolarité habituelle que la plupart des travailleurs doivent avoir dans le cadre d’un emploi à chacune des catégories de la Classification type des professions (CTP) à six chiffres. L’un des huit niveaux de scolarité suivants a été attribué aux professions : doctorat ou diplôme professionnel; maîtrise; baccalauréat; grade d’associé; attestation d’études postsecondaires; quelques études collégiales; aucun diplôme; diplôme d’études secondaires ou équivalent; aucun titre scolaire officiel. La version 2014 de la CTP a été utilisée dans le cadre de la présente étude.
Le système canadien repose sur les niveaux de scolarité déterminés par Emploi et Développement social Canada pour quelque 500 groupes de professions dans la Classification nationale des professions (CNP) à quatre chiffres. Dans la CNP, le niveau de compétences est principalement défini comme le niveau et le genre d’études et de formation requis pour accéder à un emploi et en remplir les fonctions. Quatre niveaux de compétence y sont proposés : le niveau A pour un grade universitaire (baccalauréat, maîtrise ou doctorat), le niveau B pour des études postsecondaires partielles, le niveau C pour un diplôme d’études secondaires ou une formation partielle propre à une profession et le niveau D pour des études secondaires ou primaires partielles et une formation en cours d’emploi. La CNP n’attribue pas de niveau de scolarité particulier aux postes de direction. Aux fins de la présente étude, les postes de la haute direction et des cadres intermédiaires spécialisés faisaient partie de la catégorie des compétences de niveau A. Parmi les compétences de niveau B, il y avait les postes des cadres intermédiaires dans le commerce de détail, de gros et des services à la clientèle les postes des cadres intermédiaires des métiers, des transports, de la production et des services d’utilité publique. Dans le cadre de la présente étude, la version de la CNP de 2016 (gouvernement du Canada, s.d.) a été utilisée.
La troisième mesure a été calculée au moyen de données sur le niveau de scolarité requis déclaré par les travailleurs actuels d’une profession obtenues auprès de l’Occupational Information Network (O*NET) (base de données 20.1) (O*NET, s.d.a). Pour chacune des plus de 800 professions ajoutées à la liste, O*NET indique la répartition, en pourcentage, des travailleurs pour 12 catégories de niveaux de scolarité requis, allant d’un niveau inférieur au diplôme d’études secondaires au doctorat et à la formation postdoctorale. Les données sur la scolarité d’O*NET reposent sur un petit nombre d’observations par profession (de 15 à 90, la moyenne s’établissant à 29).
Pour veiller à l’uniformité de l’analyse, le niveau de scolarité requis des professions est regroupé en trois catégories pour les trois mesures : grade universitaire (baccalauréat, maîtrise ou doctorat), quelques études universitaires et études secondaires ou niveau inférieur. Dans le cas des mesures du BLS et de la CNP, chaque profession est associée à un niveau de scolarité requis. Dans le cas d’O*NET, le niveau de scolarité par mode (c.-à-d. le niveau le plus fréquent parmi les trois catégories de niveau de scolarité agrégé) a été choisi comme niveau de scolarité requis.
Le niveau de scolarité requis déterminé à partir de ces trois mesures est associé aux professions de l’ACS et du recensement canadien. L’ACS repose sur le même système de CTP que le BLS. Cependant, il manque les deux à quatre derniers chiffres de certains codes de la CTP dans l’ACS. Pour ces codes de CTP incomplets, le couplage a été fait à un niveau à chiffres supérieur après avoir regroupé le niveau de scolarité requis du BLS avec le niveau à chiffres de la CTP plus élevé correspondant. Le niveau de scolarité par mode ayant les chiffres les plus détaillés a été choisi comme niveau à chiffres supérieur. Le couplage des codes de profession d’O*NET à la CTP a été fait au moyen d’un lien fourni par O*NET (O*NET, s.d.b). Les mesures du BLS et d’O*NET ont été appliquées au recensement canadien en fonction d’une concordance entre les codes de la CTP à six chiffres et les codes de la CNP à quatre chiffres de 2011 (qui ont la même structure que les codes de la CNP de 2016). Cette concordance était fondée sur la similitude entre les descriptions des professions de la CTP et de la CNP (consulter Frenette et Frank, 2017 pour en savoir davantage). La même concordance a été utilisée pour appliquer le niveau de scolarité requis de la CNP à l’ACS.
3.2.2 Facteurs associés à l’offre et à la demande sur le marché du travail
Deux facteurs associés à l’offre et un facteur associé à la demande ont été créés à l’échelle régionale pour prédire le taux de surqualification chez les immigrants titulaires d’un grade universitaire aux États-Unis et au Canada. Les régions américaines sont fondées sur les 449 super régions de microdonnées à grande diffusion (PUMASUPR) dans IPUMS (IPUMS USA, s.d.). Au Canada, les régions sont fondées sur les 76 régions économiques (les trois petites régions économiques des trois territoires sont regroupées) (Statistique Canada, 2016).
Parmi les facteurs associés à l’offre, il y a la proportion d’immigrants récents titulaires d’un grade universitaire (qui étaient au pays depuis 10 ans ou moins) au sein de la population adulte totale et la proportion d’immigrants de longue date titulaires d’un grade universitaire (qui étaient au pays depuis plus de 10 ans) au sein de la population adulte totale. Le facteur de la demande est mesuré en fonction de la part des travailleurs nés au pays dans les industries du savoir. On définit les industries du savoir en fonction des activités de recherche et développement de l’industrie et le niveau de scolarité de sa main-d’œuvre. Il y a 22 industries à quatre chiffres dans le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN), comprenant les fabricants dans les domaines du génie et de la science, les télécommunications, le traitement des données, la conception de systèmes informatiques et les services de consultation (E.W. Clendenning et Associates, 2000). Les travailleurs nés au pays sont utilisés pour calculer la mesure de la demande, parce que leurs conditions sont moins sensibles à l’offre de travailleurs immigrants et aux variations cycliques, ce qui permet de mieux tenir compte des besoins économiquesNote .
Fait important à souligner, ces mesures de l’offre et de la demande ne rendent pas entièrement compte de l’offre et de la demande de travailleurs possédant un grade universitaire. En outre, dans la mesure où les immigrants réussissant moins bien peuvent être plus susceptibles de demeurer dans des régions ayant une concentration plus élevée d’immigrants ou de déménager dans une telle région, et les immigrants plus motivés sont plus susceptibles de déménager dans des régions affichant une forte demande, les mesures obtenues sont potentiellement endogènes. La présente étude laisse supposer que ces tendances sont les mêmes au Canada et aux États-Unis et permet d’évaluer si ces mesures ont des associations semblables avec la surqualification des immigrants dans les deux pays.
3.2.3 Variables de contrôle
De nombreuses caractéristiques démographiques individuelles ont servi de variables de contrôle : l’âge, le sexe (homme = 0; femme = 1), le grade d’études supérieures (baccalauréat = 0; diplôme des cycles supérieurs = 1), l’état matrimonial (marié, divorcé, séparé ou veuf, jamais marié), les compétences linguistiques, le grade obtenu à l’étranger, le nombre d’années écoulées depuis l’immigration et la région d’origine. Les connaissances linguistiques sont mesurées en fonction de la langue principale parlée à la maison. On attribue à cette variable le code associé au fait de parler l’anglais par rapport à d’autres langues aux États-Unis. Au Canada, il est associé au fait de parler l’anglais hors du Québec ou de parler le français au Québec par rapport à d’autres langues. Le diplôme étranger a été obtenu en fonction de l’âge à l’immigration et du nombre d’années d’études mentionnés dans les données américaines (a fait une formation à l’étranger si le niveau de scolarité plus 6 équivaut à moins que l’âge au moment de l’immigration). L’information est directement accessible dans les données canadiennes. Autant pour le Canada que pour les États-Unis, les régions d’origine ont été regroupées en 14 catégories : Amérique du Nord, Amérique centrale, Caraïbes, Amérique du Sud, Europe du Nord, Europe occidentale, Europe du Sud, Europe de l’Est, Afrique, Asie du Sud, Asie du Sud Est, Extrême-Orient, Asie occidentale et autre.
3.3 Méthodologie
Des statistiques descriptives ont été tout d’abord produites pour montrer la répartition de la surqualification, de la surqualification marginale et de la correspondance entre le niveau de scolarité et la profession chez les immigrants récents, les immigrants de longue date et les travailleurs nés au pays dans chaque pays. Le fait d’ajouter les personnes nées au pays aux statistiques descriptives permet d’établir les données de référence des conditions du marché du travail dans les deux pays. Pour vérifier la première hypothèse, des modèles de régression multinomiaux ont été appliqués pour examiner les différences entre les pays en ce qui concerne le taux de surqualification, après avoir tenu compte d’un éventail de facteurs démographiques et socioéconomiques. Ces analyses regroupent séparément les données canadiennes et américaines sur les immigrants récents, les immigrants de longue date et les personnes nées au paysNote .
Pour mettre à l’essai la deuxième hypothèse, on a regroupé, aux fins de l’étude, les échantillons d’immigrants aux États-Unis et au Canada (séparant les nouveaux immigrants et les immigrants de longue date), et on a évalué des modèles logit multinomiaux à niveaux multiples prédisant la surqualification chez les immigrants en fonction des facteurs associés à l’offre et à la demande (en tenant compte des caractéristiques individuelles). Une estimation de la variance robuste a servi à tenir compte des erreurs corrélées parmi les observations relatives à un marché du travail local et les variances inégales au sein de marchés du travail locaux.
Pour vérifier la troisième hypothèse, les immigrants au Canada ont été désagrégés par programme de sélection. Leurs niveaux de surqualification correspondants ont été comparés au moyen de modèles logit multinomiaux. Le fait de coupler le recensement canadien avec le Fichier d’établissement des immigrants permet de déterminer les catégories d’admission des immigrants au Canada. Cependant, les données américaines ne permettent pas de mesurer les programmes de sélection, empêchant d’évaluer directement le rôle de la sélection par les employeurs aux États-Unis.
4 Résultats
4.1 Différences entre les pays en ce qui concerne la surqualification des travailleurs immigrants et des travailleurs nés au pays
Le tableau 1 présente le taux de surqualification chez les travailleurs titulaires d’un grade universitaire. Les résultats sont répartis en fonction du statut d’immigration (personnes nées au pays, immigrants récents et immigrants de longue date) et du pays (États-Unis et Canada). Le côté gauche montre la répartition non corrigée. Le côté droit affiche la répartition corrigée en fonction de modèles logit multinomiaux regroupant les données canadiennes et américaines de chaque sous-échantillon (personnes nées au pays, nouveaux immigrants et immigrants de longue date), tout en tenant compte des différences entre les pays en ce qui concerne les variables démographiques énumérées au tableau 2. Les résultats sont présentés pour trois définitions différentes de la surqualification en fonction des normes extraites du BLS, de la CNP et d’O*NET. Pour chaque définition, la variable de la surqualification comporte trois catégories : la surqualification, la surqualification marginale et la correspondance entre le niveau de scolarité et la profession. Les trois catégories totalisent 100 %.
Les résultats montrent des tendances évidentes. Dans l’ensemble, le taux de surqualification était supérieur chez les immigrants par rapport aux personnes nées au pays. En outre, l’écart entre les immigrants et les personnes nées au pays était beaucoup plus grand au Canada qu’aux États-Unis. Les résultats corrigés et non corrigés étaient, de manière générale, semblables, même si les différences en ce qui concerne la surqualification entre les deux pays diminuaient légèrement après correction. Comme le montre le côté droit (définition du BLS), la probabilité prédite de la surqualification était de 42,0 % chez les immigrants récents au Canada, et de 22,9 % chez les personnes nées au pays, soit une différence de 19,1 points de pourcentage. À titre de comparaison, la différence entre les immigrants et les personnes nées au pays était relativement petite aux États-Unis : 29,3 % chez les immigrants récents et 25,6 % chez les personnes nées au pays, soit un écart de 3,7 points de pourcentage. Autrement dit, 42 % des immigrants récents au Canada ayant un baccalauréat occupaient un emploi exigeant, au maximum, un diplôme d’études secondaires. Il en était de même pour seulement 29,3 % des immigrants aux États-Unis. L’écart en matière de surqualification marginale entre les immigrants et les personnes nées au pays était aussi plus important au Canada, même si c’était à un moindre degré.
Le taux de surqualification chez les immigrants de longue date était légèrement plus élevé au Canada qu’aux États-Unis, et la différence avait une ampleur beaucoup plus petite que la différence observée entre les pays chez les immigrants récents. Cette situation pourrait s’expliquer par le fait que les immigrants qui sont arrivés récemment au Canada ne demeurent pas surqualifiés aussi longtemps que leurs pairs ayant immigré aux États-UnisNote .
Les Canadiens nés au pays affichaient un taux de surqualification inférieur à celui des Américains nés au pays, même si la différence était plutôt petite. La principale différence entre les deux pays en ce qui a trait au taux de surqualification chez les immigrants récents était distincte de la différence entre les deux pays chez les personnes nées au pays. Toutes les différences corrigées entre le Canada et les États-Unis qui étaient fondées sur les modèles multinomiaux (côté droit) sont significatives au niveau de 0,001.
Les trois méthodes différentes ont produit des répartitions de la surqualification plutôt divergentes. Pour les deux pays, l’approche axée sur la définition du BLS a produit les taux de surqualification les plus élevés et les taux de surqualification marginale les plus bas. La méthode reposant sur la définition de la CNP a produit les taux de surqualification marginale les plus élevés, et les taux de correspondance entre le niveau de scolarité et la profession les plus bas. L’approche selon la définition d’O*NET a produit les taux de correspondance entre le niveau de scolarité et la profession les plus élevés. Malgré ces différences, l’écart en ce qui concerne les taux de surqualification entre les immigrants récents et les travailleurs nés dans les deux pays et entre les immigrants récents dans les deux pays demeurait similaire, quelle que soit la méthode utilisée.
Pourcentages observés (non corrigés) | Pourcentages corrigés | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
Nés au pays | Immigrants récents | Immigrants de longue date | Nés au pays | Immigrants récents | Immigrants de longue date | |
pourcentage | ||||||
États-Unis | ||||||
Bureau de la statistique du travail des États-Unis | ||||||
Surqualification | 25,8 | 28,9 | 27,4 | 25,6 | 29,3 | 27,4 |
Surqualification marginale | 4,4 | 4,7 | 5,3 | 4,5 | 5,0 | 5,5 |
Correspondance entre le niveau de scolarité et la profession | 69,9 | 66,4 | 67,4 | 69,9 | 65,8 | 67,2 |
Classification nationale des professions du Canada | ||||||
Surqualification | 14,8 | 20,9 | 17,5 | 14,7 | 21,5 | 17,7 |
Surqualification marginale | 23,8 | 19,1 | 22,0 | 23,9 | 19,1 | 22,2 |
Correspondance entre le niveau de scolarité et la profession | 61,4 | 60,0 | 60,5 | 61,4 | 59,5 | 60,1 |
Occupational Information Network | ||||||
Surqualification | 17,6 | 24,0 | 20,6 | 17,3 | 24,3 | 20,7 |
Surqualification marginale | 10,1 | 8,0 | 9,9 | 10,3 | 8,3 | 10,1 |
Correspondance entre le niveau de scolarité et la profession | 72,4 | 68,0 | 69,5 | 72,4 | 67,3 | 69,2 |
Canada | ||||||
Bureau de la statistique du travail des États-Unis | ||||||
Surqualification | 22,8 | 42,3 | 29,4 | 22,9 | 42,0 | 29,4 |
Surqualification marginale | 4,6 | 9,4 | 7,4 | 4,5 | 9,0 | 7,2 |
Correspondance entre le niveau de scolarité et la profession | 72,7 | 48,3 | 63,2 | 72,7 | 49,0 | 63,4 |
Classification nationale des professions du Canada | ||||||
Surqualification | 13,1 | 34,6 | 21,3 | 13,2 | 34,0 | 21,1 |
Surqualification marginale | 24,9 | 27,7 | 27,2 | 24,8 | 27,7 | 27,1 |
Correspondance entre le niveau de scolarité et la profession | 62,0 | 37,7 | 51,5 | 62,0 | 38,2 | 51,8 |
Occupational Information Network | ||||||
Surqualification | 12,9 | 34,7 | 20,8 | 13,0 | 34,4 | 20,6 |
Surqualification marginale | 10,4 | 14,0 | 12,7 | 10,3 | 13,6 | 12,5 |
Correspondance entre le niveau de scolarité et la profession | 76,7 | 51,3 | 66,6 | 76,7 | 52,0 | 66,8 |
Notes : Les chiffres corrigés pour les personnes nées au pays sont fondés sur un modèle multinomial regroupant les personnes nées aux États-Unis et au Canada et tenant compte du groupe racial, de l’état matrimonial, de l’âge, du sexe et du grade d’études supérieures. Les chiffres corrigés pour les immigrants sont fondés sur un modèle multinomial regroupant des immigrants (récents ou de longue date) aux États-Unis et au Canada et tenant compte de l’état matrimonial, de l’âge, du sexe, du grade d’études supérieures, de la région d’origine et du nombre d'années écoulées depuis l’immigration. Toutes les différences corrigées entre le Canada et les États-Unis sont significatives au niveau de 0,001. La somme des pourcentages observés (non corrigés) ou corrigés peut ne pas être égale à 100,0 % en raison de l’arrondissement. Sources : Statistique Canada, Recensement de 2016, et United States Census Bureau, American Community Survey de 2014, de 2015 et de 2016. |
Le tableau 2 permet de comparer les caractéristiques démographiques des travailleurs immigrants récents et de longue date au Canada et aux États-Unis possédant un grade universitaire. Les immigrants des États-Unis titulaires d’un grade universitaire étaient plus susceptibles d’avoir un diplôme d’études supérieures que ceux du Canada. Par rapport à leurs pairs ayant immigré aux États-Unis, les immigrants du Canada étaient plus âgés et plus susceptibles d’être de sexe féminin ou d’être mariés. En ce qui concerne la région d’origine, l’Asie était la principale région d’origine des immigrants récents possédant un grade universitaire dans les deux pays. L’Asie du Sud (p. ex. l’Inde) était relativement surreprésentée aux États-Unis, tandis que l’Asie du Sud-Est et l’Asie occidentale étaient surreprésentées au Canada.
Immigrants récents | Immigrants de longue date | |||
---|---|---|---|---|
Canada | États-Unis | Canada | États-Unis | |
nombre | ||||
Caractéristiques individuelles | ||||
Âge | 39,081 | 36,368 | 46,027 | 45,065 |
proportion | ||||
Femme | 0,483 | 0,423 | 0,493 | 0,484 |
Grade d’études supérieures | 0,425 | 0,463 | 0,374 | 0,422 |
Noir | 0,072 | 0,084 | 0,052 | 0,099 |
Latino-Américain | 0,052 | 0,170 | 0,029 | 0,198 |
Asiatique | 0,640 | 0,499 | 0,572 | 0,414 |
Autre | 0,017 | 0,052 | 0,021 | 0,051 |
Marié | 0,811 | 0,683 | 0,756 | 0,697 |
Séparé, divorcé ou veuf | 0,053 | 0,067 | 0,087 | 0,127 |
Parle la langue officielle à la maison | 0,501 | 0,445 | 0,621 | 0,530 |
A terminé des études à l’étranger | 0,813 | 0,776 | 0,474 | 0,366 |
Amérique du Nord | 0,025 | 0,025 | 0,038 | 0,033 |
Amérique centrale | 0,017 | 0,081 | 0,014 | 0,114 |
Caraïbes | 0,019 | 0,049 | 0,031 | 0,072 |
Amérique du Sud | 0,048 | 0,068 | 0,033 | 0,072 |
Europe du Nord | 0,029 | 0,035 | 0,057 | 0,037 |
Europe de l’Ouest | 0,040 | 0,036 | 0,035 | 0,049 |
Europe méridionale | 0,011 | 0,021 | 0,041 | 0,019 |
Europe de l’Est | 0,066 | 0,060 | 0,106 | 0,077 |
Afrique | 0,118 | 0,073 | 0,086 | 0,061 |
Asie du Sud | 0,224 | 0,262 | 0,158 | 0,129 |
Asie du Sud-Est | 0,176 | 0,090 | 0,100 | 0,131 |
Asie de l’Est | 0,138 | 0,141 | 0,214 | 0,152 |
Asie occidentale | 0,084 | 0,049 | 0,080 | 0,046 |
Océanie et autre | 0,006 | 0,011 | 0,006 | 0,009 |
Nombre d'années écoulées depuis l’immigration | 6,004 | 5,387 | 24,107 | 25,874 |
nombre | ||||
Taille de l’échantillon | 146 503 | 54 063 | 223 542 | 169 545 |
Sources : Statistique Canada, Recensement de 2016, et United States Census Bureau, American Community Survey de 2014, de 2015 et de 2016. |
4.2 Différences entre les pays en ce qui concerne le rôle des facteurs associés à l’offre et à la demande
Le tableau 3 présente les statistiques descriptives des facteurs de l’offre et de la demande. La proportion d’immigrants récents titulaires d’un grade universitaire était beaucoup plus élevée au Canada qu’aux États-Unis, indiquant une offre beaucoup plus grande d’immigrants qualifiés au Canada. La proportion d’immigrants de longue date titulaires d’un grade universitaire était aussi plus élevée au Canada qu’aux États-Unis, même si c’était dans une moindre mesure. La demande de travailleurs qualifiés était plus élevée aux États-Unis. La proportion de travailleurs nés au pays dans les industries du savoir était moins élevée au Canada. Lorsque les facteurs associés à l’offre et à la demande sont pris en considération, le Canada affiche une offre plus grande d’immigrants possédant un grade par rapport à la demande que ne le font les États-Unis.
Immigrants récents | Immigrants de longue date | |||
---|---|---|---|---|
Canada | États-Unis | Canada | États-Unis | |
proportion | ||||
Proportion d’immigrants récents titulaires d’un grade universitaire au sein de la population d’adultes locale | 0,067 | 0,037 | 0,067 | 0,033 |
Proportion d’immigrants de longue date titulaires d’un grade universitaire au sein de la population d’adultes locale | 0,088 | 0,076 | 0,100 | 0,077 |
Proportion de travailleurs nés au pays dans les industries du savoir | 0,082 | 0,101 | 0,085 | 0,098 |
Note : Les moyennes de ces mesures de l’offre et de la demande diffèrent chez les immigrants récents et les immigrants de longue date parce qu’ils sont répartis de manière différente au sein des marchés du travail régionaux, même si la mesure est identique pour les deux groupes du même marché du travail régional. Sources : Statistique Canada, Recensement de 2016, et United States Census Bureau, American Community Survey de 2014, de 2015 et de 2016. |
Le côté gauche du tableau 4 présente les résultats des modèles logit multinomiaux à niveaux multiples prédisant la probabilité de surqualification et de surqualification marginale chez les immigrants récents au Canada et aux États-Unis dans le cadre d’un échantillon combiné. La correspondance entre le niveau de scolarité et la profession est la catégorie de base. Ce tableau est fondé sur la définition du BLS. Le même ensemble de modèles a été évalué au moyen des définitions de la CNP et d’O*NET. Les résultats étaient, en grande partie, uniformes (tableaux accessibles sur demande). Le tableau affiche les coefficients (risques relatifs logarithmiques) associés à une covariable tenant compte d’autres covariables dans le modèle.
Immigrants récents | Immigrants de longue date | |||
---|---|---|---|---|
Surqualification | Surqualification marginale | Surqualification | Surqualification marginale | |
coefficients | ||||
Covariables | ||||
Canada | 0,779Note *** | 0,823Note *** | 0,080 | 0,124 |
Âge | -0,135Note *** | -0,071Note *** | -0,062Note *** | -0,037Note ** |
Âge au carré ÷ 100 | 0,183Note *** | 0,091Note *** | 0,084Note *** | 0,051Note *** |
Femme | 0,269Note *** | 0,715Note *** | 0,069 | 0,577Note *** |
Grade d’études supérieures | -0,870Note *** | -0,654Note *** | -1,053Note *** | -0,937Note *** |
Marié | -0,076Note ** | -0,022 | -0,308Note *** | -0,173Note *** |
Séparé, divorcé ou veuf | 0,278Note *** | 0,199Note ** | -0,010 | 0,017 |
Nombre d’enfants vivant dans le foyer | 0,013 | 0,059Note *** | 0,026Note *** | 0,046Note *** |
Nombre d'années écoulées depuis l’immigration | -0,034Note *** | 0,020Note *** | -0,008Note *** | -0,012Note *** |
Parle la langue officielle à la maison | -0,195Note *** | -0,182Note *** | -0,153Note *** | -0,220Note *** |
A terminé des études à l’étranger | 0,671Note *** | 0,599Note *** | 0,581Note *** | 0,564Note *** |
Amérique du Nord | -0,180Note * | -0,089 | 0,079Note * | 0,023 |
Amérique centrale | 1,251Note *** | 0,929Note *** | 0,877Note *** | 0,606Note *** |
Caraïbes | 1,525Note *** | 1,341Note *** | 0,526Note *** | 0,604Note *** |
Amérique du Sud | 0,749Note *** | 0,663Note *** | 0,470Note *** | 0,398Note *** |
Europe de l’Ouest | 0,116 | 0,043 | 0,210Note *** | 0,123 |
Europe méridionale | 0,609Note *** | 0,480Note ** | 0,153Note * | 0,289Note *** |
Europe de l’Est | 1,032Note *** | 1,135Note *** | 0,272Note *** | 0,597Note *** |
Afrique | 1,007Note *** | 0,954Note *** | 0,242Note *** | 0,332Note *** |
Asie du Sud | 0,566Note *** | 0,719Note *** | 0,421Note *** | 0,567Note *** |
Asie du Sud-Est | 1,427Note *** | 1,247Note *** | 0,443Note *** | 0,671Note *** |
Asie de l’Est | 0,484Note *** | 0,509Note *** | 0,217Note *** | 0,253Note *** |
Asie occidentale | 0,553Note *** | 0,658Note *** | 0,289Note *** | 0,317Note *** |
Océanie et autre | 0,199 | -0,008 | 0,124Note * | 0,274Note ** |
Proportion d’immigrants titulaires d'un grade universitaire au sein de la population d’adultes localeTableau 4 Note 1 | -2,386 | -3,909Note * | -0,614 | -0,546 |
Proportion des travailleurs dans les industries du savoir | -2,655Note * | -2,382Note * | -2,107Note *** | -2,163Note *** |
Canada × proportion d’immigrants titulaires d'un grade universitaire au sein de la population d’adultes localeTableau 4 Note 1 | 9,979Note *** | 10,846Note ** | 0,721 | -0,062 |
Canada × proportion des travailleurs dans les industries du savoir | -7,953Note *** | -5,833 | -0,240 | 2,536Note * |
Constante | 1,080Note *** | -2,319Note *** | 0,544 | -1,872Note *** |
Sources : Statistique Canada, Recensement de 2016, et United States Census Bureau, American Community Survey de 2014, de 2015 et de 2016. |
Il existe un risque beaucoup plus élevé de surqualification chez les immigrants récents au Canada que chez ceux aux États-Unis. L’âge plus avancé, le fait d’être une femme et le fait d’être séparé, divorcé ou veuf étaient tous des caractéristiques associées à une probabilité plus grande de surqualification. Le fait d’avoir un grade d’études supérieures protège les immigrants récents de la surqualification, tout comme une durée de résidence plus longue dans le pays d’accueil. Les immigrants qualifiés ayant de meilleures connaissances linguistiques, comme le mesure le fait de parler la langue officielle à la maison, sont moins susceptibles d’être surqualifiés. En revanche, les immigrants récents obtenant leur plus haut grade à l’étranger sont plus susceptibles d’afficher un risque accru de surqualification. Contrairement aux immigrants de l’Europe du Nord (groupe de référence), de l’Amérique du Nord, de l’Europe de l’Ouest et de l’Océanie, les immigrants de l’Amérique centrale, des Caraïbes, de l’Amérique du Sud, de l’Europe méridionale, de l’Europe de l’Est, de l’Afrique et de l’Asie affichaient tous des taux beaucoup plus élevés de surqualification. Les résultats pour la surqualification marginale sont, en grande partie, semblables aux tendances qui viennent d’être décrites.
En ce qui concerne les facteurs structurels dans le marché du travail, le rôle du facteur associé à la demande était conforme aux attentes et fortement semblable dans les deux pays. Une proportion plus élevée de travailleurs dans les industries du savoir était associée à des niveaux inférieurs de surqualification et de surqualification marginale chez les immigrants récents des États-Unis et du Canada. Le paramètre d’interaction significatif et négatif de la surqualification indique que l’association était plus forte au Canada. Le rôle est semblable dans les deux pays en ce qui concerne la surqualification marginale.
En revanche, l’offre d’immigrants récents possédant un grade universitaire était associée de manière différente à la surqualification dans les deux pays. La proportion d’immigrants récents possédant un grade universitaire n’était pas significativement associée à la surqualification aux États-Unis. Elle était même associée, de manière négative, à la surqualification marginale, ce qui laisse supposer qu’une proportion plus grande d’immigrants ayant suivi une formation réduit, en fait, le risque de surqualification marginale chez les immigrants récents. Toutefois, le paramètre d’interaction est significatif et positif, ce qui indique une forte association positive entre l’offre d’immigrants récents qualifiés et la surqualification au Canada. Autrement dit, une offre élevée d’immigrants fortement scolarisés était significativement associée à une probabilité plus élevée que les immigrants récents au Canada soient surqualifiés.
Le côté droit du tableau 4 montre les modèles multinomiaux à niveaux multiples pour les immigrants de longue date aux États-Unis et au Canada. Tout comme chez les immigrants récents, le facteur associé à la demande était lié, de manière négative, à la surqualification dans les deux pays, même si son rôle devient négligeable en ce qui a trait à la surqualification marginale chez les immigrants de longue date. Contrairement aux immigrants récents, la proportion d’immigrants de longue date possédant un grade universitaire n’était pas significativement associée à la surqualification.
4.3 Le rôle des mécanismes de sélection des immigrants
Le rôle que joue la sélection par les employeurs explique probablement la grande différence entre les deux pays en ce qui concerne la surqualification chez les immigrants récents. Les immigrants qualifiés aux États-Unis sont beaucoup plus susceptibles d’être choisis par des employeurs que leurs pairs au Canada. La catégorie de l’expérience canadienne (CEC) et le Programme des candidats des provinces (PCP) ressemblent aux mécanismes de sélection par les employeurs. Dans la présente étude, ces deux catégories d’immigrants sont comparées aux immigrants admis dans le cadre du Programme des travailleurs qualifiés (fédéral) (PTQF)Note . La majorité des immigrants du PTQF étaient admis directement depuis l’étranger et n’avaient eu aucun contact préalable avec des employeurs canadiens.
Le tableau 5 présente les taux de surqualification chez les immigrants récents titulaires d’un grade universitaire au Canada par catégorie d’admission. Le côté gauche présente les résultats observés, tandis que les résultats du côté droit sont fondés sur des régressions multinomiales, la variable de la surqualification à trois catégories étant utilisée comme variable de résultat, et la classe d’admission à trois catégories, comme variable explicative clé. Les immigrants récents possédant un grade universitaire qui ont été admis par l’intermédiaire de la CEC affichaient un taux de surqualification beaucoup plus bas et un taux de correspondance entre le niveau de scolarité et la profession plus élevé par rapport aux immigrants du PTQF. Les différences entre ces deux catégories ont été légèrement réduites après avoir tenu compte des différences en ce qui a trait aux caractéristiques démographiques (côté droit). Par exemple, en fonction de la définition du BLS, la probabilité prédite de surqualification était de 28,6 % chez les immigrants récents de la CEC et de 37,0 % chez les immigrants du PTQF. Les estimations fondées sur d’autres définitions étaient semblables sur le plan qualitatif. Toutes les différences corrigées entre la CEC et le PTQF étaient significatives au niveau de 0,001. La différence entre la CEC et le PTQF concorde avec l’hypothèse selon laquelle la sélection par les employeurs améliore la correspondance entre le niveau de scolarité et la profession chez les immigrants récents.
Par ailleurs, les immigrants du PCP affichaient un taux de surqualification supérieur à celui des immigrants du PTQF. Toutes les différences corrigées entre le PCP et le PTQF étaient significatives au niveau de 0,001. Cette situation s’explique probablement par le fait que les professions sélectionnées dans le cadre du PCP sont peu spécialisées ou de spécialisation moyenne et que l’échantillon était constitué d’immigrants ayant au moins un baccalauréat. Le désavantage des immigrants du PCP était également attribué, en partie, à leurs caractéristiques démographiques, plus particulièrement à une probabilité plus faible d’avoir un grade d’études supérieures et une probabilité plus grande d’avoir pour origine l’Asie du Sud-Est. Il est probable que certains immigrants titulaires d’un grade universitaire utilisent le PCP comme moyen plus facile d’immigrer, au lieu du système de points.
La grande différence entre la CEC et le PCP donne à penser que la sélection par les employeurs ne permet pas nécessairement aux immigrants d’obtenir des résultats supérieurs sur le marché du travail. Les avantages deviennent évidents seulement lorsque la sélection par les employeurs est associée à des emplois qualifiés, comme c’est le cas pour la plupart des immigrants ayant un visa H-1B aux États-Unis et pour les immigrants de la CEC au Canada.
Pourcentages observés (non corrigés) | Pourcentages corrigés | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
Catégorie d’expérience canadienne | Candidats provinciaux | Travailleurs qualifiés fédéraux | Catégorie d’expérience canadienne | Candidats provinciaux | Travailleurs qualifiés fédéraux | |
pourcentage | ||||||
Bureau de la statistique du travail des États-Unis | ||||||
Surqualification | 26,5 | 49,8 | 36,7 | 28,6 | 43,1 | 37,0 |
Surqualification marginale | 6,3 | 9,1 | 9,7 | 8,2 | 9,6 | 9,3 |
Correspondance entre le niveau de scolarité et la profession | 67,3 | 41,0 | 53,6 | 63,2 | 47,2 | 53,7 |
Classification nationale des professions du Canada | ||||||
Surqualification | 18,2 | 41,2 | 30,1 | 19,7 | 34,8 | 29,6 |
Surqualification marginale | 27,9 | 27,0 | 27,2 | 29,8 | 28,1 | 27,4 |
Correspondance entre le niveau de scolarité et la profession | 53,9 | 31,8 | 42,8 | 50,5 | 37,2 | 43,1 |
Occupational Information Network | ||||||
Surqualification | 19,6 | 43,3 | 28,9 | 21,3 | 36,2 | 28,7 |
Surqualification marginale | 10,6 | 13,0 | 14,3 | 12,9 | 13,7 | 14,5 |
Correspondance entre le niveau de scolarité et la profession | 69,8 | 43,7 | 56,8 | 65,7 | 51,0 | 56,8 |
Notes : Les chiffres corrigés sont fondés sur un modèle multinomial tenant compte de l’âge, du sexe, de l’état matrimonial, du grade d’études supérieures, du nombre d'années écoulées depuis l’immigration, de la langue à la maison, des études faites à l'étranger et de la région d’origine. Toutes les différences corrigées entre la catégorie d’expérience canadienne et le Programme des travailleurs qualifiés fédéraux (PTQF), et entre le Programme des candidats des provinces et le PTQF sont significatives au niveau de 0,001. La somme des pourcentages observés (non corrigés) ou corrigés peut ne pas être égale à 100,0 % en raison de l’arrondissement. Source : Statistique Canada, Recensement de 2016. |
5 Conclusion
La présente étude vise à examiner la prévalence de la surqualification et des facteurs structurels associés à celle-ci chez les immigrants au Canada et aux États-Unis. Selon les résultats, les immigrants titulaires d’un grade universitaire qui sont arrivés récemment au Canada étaient beaucoup plus susceptibles d’être surqualifiés que leurs pairs ayant immigré aux États-Unis. La différence entre les pays était faible chez les immigrants de longue date. Les Américains nés au pays étaient même légèrement plus susceptibles d’être surqualifiés que les Canadiens nés au pays. La différence entre les immigrants récents et les personnes nées au pays est la plus frappante. Tandis que les immigrants récents sont plus susceptibles que les personnes nées au pays de faire face à un décalage entre le niveau de scolarité et la profession dans les deux pays, l’écart était beaucoup plus prononcé au Canada qu’aux États-Unis.
L’étude fournit également des données sur l’incidence des interactions du système d’immigration avec les aspects élargis du marché du travail sur les résultats des immigrants sur le marché du travail. Lorsque la demande de main-d’œuvre qualifiée était élevée, les immigrants étaient plus susceptibles de trouver des emplois correspondant à leur niveau de scolarité dans les deux pays. Une offre plus grande d’immigrants titulaires d’un grade universitaire était associée positivement à la surqualification au Canada, ce qui n’était pas le cas aux États-Unis. Ces résultats indiquent probablement qu’une offre accrue d’immigrants récents titulaires d’un grade universitaire dans une économie plus petite, comme celle du Canada, réduit la capacité d’absorption des immigrants dans un pays. Une offre plus faible et une demande plus grande, jumelées à un système de sélection des immigrants en fonction de l’emploi pour les immigrants qualifiés aux États-Unis, font probablement en sorte qu’il y a un meilleur équilibre entre l’offre d’immigrants et la demande nationale sur le marché du travail. Cependant, l’incidence possible des différences entre les pays en ce qui concerne l’équilibre entre l’offre et la demande et la sélection des immigrants est probablement limitée aux premières années qui suivent l’immigration, puisque la différence en ce qui a trait au niveau de surqualification était faible chez les immigrants de longue date dans les deux pays.
Au Canada, le taux de surqualification était beaucoup plus faible chez les immigrants de la CEC que chez les immigrants du PTQF. Les immigrants du PCP affichaient un taux de surqualification supérieur à celui des immigrants du PTQF. Selon les résultats, on peut conclure que les avantages deviennent évidents seulement lorsque la sélection par les employeurs est associée à des emplois qualifiés, comme c’est le cas pour la plupart des immigrants ayant un visa H-1B aux États-Unis et pour les immigrants de la CEC au Canada.
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