Direction des études analytiques : documents de recherche
Évolution de l’utilisation d’Internet chez les aînés canadiens

Warning Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

par Jordan Davidson et Christoph Schimmele
11F0019M no 427
Date de diffusion : le 10 juillet 2019

Résumé

Chez les Canadiens âgés de 15 à 64 ans, l’accès à Internet a presque atteint un point de saturation en 2016, mais sa diffusion au sein de la population des aînés a été beaucoup moins grande. Cette étude utilise quatre cycles de l’Enquête sociale générale (2007, 2010, 2013 et 2016) pour décrire la variation des taux d’utilisation d’Internet chez les aînés canadiens et elle permet d’examiner les facteurs sociodémographiques associés à cette utilisation. Les résultats indiquent que l’âge est le principal déterminant de l’utilisation d’Internet chez les aînés, mais que des différences liées au niveau de scolarité et à d’autres caractéristiques démographiques sont également importantes. De 2007 à 2016, l’utilisation d’Internet a doublé pour passer de 32 % à 68 % chez les Canadiens âgés de 65 ans et plus. Pendant cette période, l’écart absolu dans la prévalence de l’utilisation d’Internet entre les aînés et les Canadiens âgés de 45 à 54 ans est passé de 49 à 28 points de pourcentage. Au sein de la population des aînés, l’utilisation d’Internet diminuait de façon progressive à un âge plus avancé. Les différences d’âge actuelles dans l’utilisation d’Internet correspondent probablement à une exposition relativement limitée des aînés canadiens à Internet par l’intermédiaire de leurs réseaux sociaux, ainsi qu’à des différences liées au niveau de scolarité et à d’autres caractéristiques en corrélation avec l’utilisation d’Internet. Cela donne à penser que la diffusion lente de l’utilisation d’Internet au sein de la population des aînés découlait davantage de circonstances historiques que du processus de vieillissement. Compte tenu des taux relativement élevés d’utilisation d’Internet chez les Canadiens d’âge moyen (âgés de 45 à 54 ans) et les aînés plus jeunes, on s’attend à ce que les différences d’âge dans l’utilisation d’Internet continuent de diminuer.

Mots clés : Utilisation d’Internet, âge, aînés, fracture numérique

Sommaire

Depuis 2016, les taux d’utilisation d’Internet chez les Canadiens âgés de 15 à 64 ans ont presque atteint un point de saturation (97,2 %). Cependant, la diffusion des technologies de l’information et des communications (TIC), y compris Internet, a affiché un rythme beaucoup plus lent chez les Canadiens âgés de 65 ans et plus. Étant donné que le Canada est une société vieillissante, il est essentiel de connaître les facteurs associés à l’utilisation d’Internet chez les aînés pour assurer que ces derniers y ont accès. Plusieurs aspects généraux peuvent expliquer les plus faibles taux d’utilisation d’Internet au sein de la population des aînés :

  1. des différences sociodémographiques dans l’exposition aux TIC et des différences connexes liées à la motivation (besoins et intérêt) et aux compétences nécessaires pour utiliser Internet;
  2. des différences dans le niveau de scolarité et d’autres caractéristiques en corrélation avec l’utilisation d’Internet;
  3. une fonction du processus de vieillissement, comme l’intérêt à l’égard de l’utilisation d’Internet qui diminue avec l’âge ou l’apparition de problèmes de santé (p. ex., l’arthrite), compte tenu de l’âge, qui constituent des obstacles.

Les deux premières explications donnent à penser que les différences d’âge actuelles représentent des circonstances historiques et que ces différences diminueront ou disparaîtront à mesure que les jeunes vieilliront et entreront dans la population des aînés. La troisième explication donne à penser que l’âge présente des propriétés intrinsèques qui diminuent l’utilisation d’Internet à mesure que les gens vieillissent.

La présente étude utilise quatre cycles de données de l’Enquête sociale générale (2007, 2010, 2013 et 2016) et des modèles de probabilités prédites en vue d’examiner les tendances dans l’utilisation d’Internet chez les aînés canadiens. L’étude compare d’abord tous les aînés et les personnes autres que les aînés de 45 à 54 ans, puis répartit la population des aînés en quatre groupes d’âge pour fournir une évaluation plus nuancée. L’étude vise trois objectifs :

  1. documenter la variation de l’écart dans les taux d’utilisation d’Internet entre les aînés et les personnes autres que les aînés de 2007 à 2016;
  2. comparer dans quelle mesure l’âge contribue à la manière dont Internet est diffusé chez les aînés et aux différences dans l’utilisation d’Internet chez les aînés;
  3. examiner les facteurs sociodémographiques qui influencent la décision des aînés d’accéder ou non à Internet.

Les taux d’accès à Internet chez les aînés canadiens sont passés de 32,2 % en 2007 à 68,2 % en 2016. Comparativement à la population des personnes autres que les aînés âgée de 45 à 54 ans, l’écart dans l’utilisation d’Internet chez les aînés canadiens a été réduit de 49 à 28 points de pourcentage pendant cette période. En plus de présenter des niveaux plus faibles d’utilisation d’Internet, les aînés canadiens étaient moins susceptibles de déclarer que la technologie améliore leur vie et moins susceptibles d’utiliser les TIC pour communiquer avec les gens, prendre des décisions éclairées ou gagner du temps.

Bien que tous les aînés présentent de plus faibles taux d’utilisation d’Internet que les personnes autres que les aînés, l’écart est beaucoup moins grand chez les aînés de 65 à 69 ans que chez les aînés plus âgés. En outre, le gradient d’âge lui-même dépend de caractéristiques telles que le niveau de scolarité, l’état de santé et la situation familiale. Chez les jeunes aînés présentant des caractéristiques plus avantagées, l’utilisation d’Internet a à l’heure actuelle presque atteint un point de saturation et est également relativement plus grande que chez leurs homologues des groupes plus âgés. Chez les aînés désavantagés, l’utilisation d’Internet est beaucoup moins grande chez les aînés plus jeunes et diminue considérablement chez les groupes plus âgés.

Des différences sociales liées à l’exposition aux TIC (et à l’intérêt à l’égard de l’utilisation d’Internet) et au niveau de scolarité et d’autres caractéristiques semblent constituer les principaux facteurs expliquant le gradient d’âge dans l’utilisation d’Internet chez les aînés. Des facteurs propres au processus de vieillissement semblent également jouer un rôle dans la diminution de l’utilisation d’Internet, mais leur influence est relativement moins grande.

1 Introduction

La fracture numérique fait référence aux « nantis » et aux « démunis » de l’accès aux technologies de l’information et des communications (TIC) et à Internet en particulier (Dewan et Riggins, 2005, 299). Au cours des dernières années, la fracture numérique a représenté une nouvelle source potentielle d’inégalité, car elle a empêché les gens d’avoir accès à des possibilités d’emploi, à des nouvelles et à l’actualité, et à de plus en plus de produits et de services accessibles en ligne (Haight, Quan-Haase et Corbett, 2014). La différence entre les nantis et les démunis n’a pas été le fruit du hasard, mais a plutôt témoigné du statut socioéconomique et d’autres désavantages (Friemel, 2016). Dans les 10 provincesNote , l’utilisation d’Internet chez les Canadiens âgés de 15 à 64 ans avait presque atteint un point de saturation (97,2 %) en 2016, et les caractéristiques sociodémographiques n’exercent plus une grande influence sur l’accès de base à Internet.

Les préoccupations relatives à l’accès à Internet sont justifiées, car Internet est devenu un service public comparable au téléphone. Bien que la fracture numériqueNote  soit disparue chez les Canadiens âgés de 15 à 44 ans, des différences majeures subsistent dans l’utilisation d’Internet chez les groupes plus âgés. L’écart dans l’utilisation d’Internet entre les aînés et les personnes autres que les aînés est appelé la « fracture grise » (Friemel, 2016, 314). On ne sait pas grand-chose sur la fracture grise au Canada, mais des études menées aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie ont signalé que les aînés accusent un sérieux retard par rapport aux personnes autres que les aînés en ce qui a trait à l’adoption d’Internet et que l’âge constitue également une source de différenciation au sein des populations d’aînés (ACMA, 2016; Anderson et Perrin, 2017; Ofcom, 2017).

La relation entre l’âge et l’utilisation d’Internet ne peut être réduite à des problèmes d’accès, comme la barrière des coûts (Lagacé et coll., 2015). Les écarts entre les groupes plus jeunes et plus âgés sont attribués à plusieurs facteurs :

Cet article compare l’accès à Internet par les aînés canadiens et les personnes autres que les aînés canadiens, de 2007 à 2016, en utilisant plusieurs cycles de l’Enquête sociale générale (ESG) de Statistique Canada (Statistique Canada, s.d.a, b, c, d). L’étude décrit comment l’écart dans l’accès à Internet entre ces deux groupes a évolué au fil du temps. Au sein de la population des aînés, les différences dans les expériences vécues au cours de la vie et l’âge chronologique constituent des sources potentielles d’hétérogénéité. Cela suppose que l’écart dans l’utilisation d’Internet entre les aînés et les personnes autres que les aînés met en jeu un gradient d’âge ainsi qu’une fracture numérique. Outre l’âge, des différences liées à d’autres caractéristiques sociodémographiques peuvent également contribuer à l’utilisation d’Internet chez les aînés, en particulier chez les groupes avantagés et désavantagés.

2 Utilisation d’Internet par les aînés, 2007 à 2016

Le graphique 1 présente les tendances dans l’utilisation d’Internet chez les aînés canadiens (65 ans et plus), de 2007 à 2016Note . Chez l’ensemble des aînés, l’utilisation d’Internet a augmenté de façon soutenue, entre 2007 et 2016. En 2007, 32,2 % des aînés utilisaient Internet, et l’utilisation d’Internet au sein de la population des aînés a plus que doublé depuis, atteignant 68,2 % en 2016.

Graphique 1 Utilisation d’Internet par les aînés (65 ans et plus) à certains points de données, 2007 à 2016

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Groupe d’âge (titres de rangée) et 2007, 2010, 2013 et 2016, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Groupe d’âge 2007 2010 2013 2016
pourcentage
65 à 69 ans 46,87 65,99 69,62 84,95
70 à 74 ans 35,46 50,93 59,25 75,30
75 à 79 ans 25,16 35,99 43,41 62,02
80 ans et plus 15,48 22,98 28,75 40,77
Aînés (total) 32,07 46,00 52,40 68,20

À chaque cycle de l’ESG de 2007 à 2016, on a observé une relation négative constante entre l’âge et l’utilisation d’Internet chez les aînés (graphique 1). En 2007, 46,9 % des aînés de 65 à 69 ans étaient des usagers d’Internet, comparativement à 15,5 % des aînés de 80 ans et plus. L’utilisation d’Internet a augmenté chez tous les groupes d’âge des aînés au cours de la décennie qui a suivi, mais des écarts importants ont subsisté. En 2016, 85,0 % des aînés de 65 à 69 ans étaient des usagers d’Internet, comparativement à 62,0 % des aînés de 75 à 79 ans et à 40,8 % des aînés de 80 ans et plusNote . Si l’on compare les aînés de 65 à 69 ans en 2007 aux aînés de 75 à 79 ans en 2016, on peut observer une importante augmentation au sein de la cohorte de la prévalence de l’utilisation d’Internet, qui est passée de 47 % à 62 %.

L’ESG de 2016 comporte aussi des données sur la fréquence d’utilisation d’Internet. L’utilisation régulière d’Internet (définie comme étant une utilisation quotidienne ou quasi quotidienne) a presque atteint un point de saturation (94,9 %) chez les Canadiens âgés de 15 à 64 ans en 2016. Ce chiffre est très semblable aux niveaux globaux d’utilisation d’Internet (97,2 %) de ce groupe d’âge, ce qui indique que ces usagers d’Internet étaient très probablement des usagers quotidiens ou presque quotidiens. À titre comparatif, 61,7 % de tous les aînés ont utilisé Internet tous les jours ou presque tous les jours, allant de 78,5 % des aînés de 65 à 69 ans à 35,7 % des aînés de 80 et plus. Il convient de souligner le pourcentage relativement élevé d’aînés qui semblent avoir été des non-usagers d’Internet. En 2016, 31,8 % des aînés ont déclaré ne pas avoir utilisé Internet au cours du dernier mois, ce qui était 10 fois plus élevé que le taux de non-utilisation observé chez les personnes autres que les aînés (2,8 %). Le groupe des aînés le plus jeune affichait aussi un taux de non-utilisation (15,0 % chez les aînés de 65 à 69 ans) très différent du groupe d’aînés le plus âgé (59,2 % des aînés de 80 ans et plus).

3 L’écart entre les aînés et les personnes autres que les aînés

Bien que l’utilisation d’Internet chez les aînés ait augmenté de façon soutenue de 2007 à 2016, et plus rapidement chez les personnes autres que les aînés, d’importantes différences ont subsisté entre les aînés et les personnes autres que les aînés. Le tableau 1 présente les écarts absolus dans les taux d’utilisation d’Internet entre les aînés et les Canadiens d’âge moyen (âgés de 45 à 54 ansNote ). Des études précédentes menées au Canada dans le but de mesurer les écarts relatifs dans l’utilisation d’Internet ont révélé que les différences entre les aînés et les personnes autres que les aînés ont diminué au fil du temps. Veenhof et Timusk (2009) ont constaté que, de 2000 à 2007, l’écart relatif entre les Canadiens d’âge moyen et les aînés est passé d’une utilisation 10 fois plus grande à une utilisation quatre fois plus grande. La présente étude est axée sur la variation absolue, et les écarts entre les groupes d’âge sont exprimés sous forme de différences en points de pourcentage.


Tableau 1
Différence dans l’utilisation d’Internet entre les Canadiens d’âge moyen et les aînés, 2007 à 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Différence dans l’utilisation d’Internet entre les Canadiens d’âge moyen et les aînés 2007, 2010, 2013 et 2016, calculées selon pourcentage et points de pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
2007 2010 2013 2016
pourcentage
Canadiens d’âge moyen (45 à 54 ans) 81,2 88,0 89,6 96,2
Aînés (65 ans et plus) 32,2 46,0 52,4 68,2
points de pourcentage
Écart 49,0 41,9 37,2 28,0

En 2007, l’écart absolu dans l’utilisation d’Internet entre les personnes autres que les aînés et les aînés était de 49,0 points de pourcentage (81,2 % des personnes autres que les aînés moins 32,2 % des aînés), cette différence étant passée à 28,0 points de pourcentage en 2016. Dans l’ensemble, l’écart entre les aînés et les Canadiens d’âge moyen s’est considérablement rétréci (de 21 points de pourcentage), mais il était toujours considérable en 2016.

Les différences dans l’utilisation d’Internet entre les personnes autres que les aînés et les aînés semblent être une fonction de la diffusion. Rogers (2003) a décrit la diffusion comme un processus dans le cadre duquel une innovation (p. ex., Internet) se propage auprès des membres d’une population précise au fil du temps. Ce qui distingue les premiers usagers des usagers tardifs est la composition de leurs réseaux sociaux et les différences dans la perception des risques et des avantages de l’innovation. Les travaux de Friemel (2016) sur l’adoption d’Internet chez les aînés suisses confirment l’hypothèse de Rogers, les réseaux sociaux constituant un déterminant clé de la décision des aînés de devenir des usagers d’Internet. De même, des études sur les aînés aux États-Unis et dans d’autres pays d’Europe révèlent que les obstacles à l’adoption d’Internet chez les aînés comprennent le manque de renseignements suffisants sur Internet ou l’absence d’un contact social pour le leur présenter (Anderson et Perrin, 2017; Peacock et Künemund, 2007). Étant donné que bon nombre des aînés dans cette étude étaient semi-retraités ou retraités au moment de l’ESG, leur exposition précédente à Internet était probablement limitée, surtout compte tenu de la diffusion initiale à l’école et dans les milieux sociaux fondés sur le travail.

4 Perception qu’ont les aînés de la technologie

La compatibilité et la complexité perçues d’Internet dépendent de l’âge et se traduisent par ce que Gilleard et Higgs (2008, sous « Introduction ») ont décrit comme des « niveaux différents d’ouverture générationnelle » à l’ère du numérique. La dichotomie de Prensky (2001, 1, 2) opposant les « natifs numériques » et les « immigrants numériques » permet d’expliquer ces différences d’ouverture à l’utilisation des TIC. « Natifs numériques » désigne les générations qui ont grandi à l’ère de l’ordinateur personnel et des TIC. Pour ces générations, l’exposition aux ordinateurs et à Internet à un jeune âge leur a enseigné la langue numérique d’Internet. Elles sont natives de l’ère numérique, connaissent bien les avantages d’Internet et possèdent les compétences nécessaires pour maximiser son utilité.

Les aînés les plus jeunes dans la présente étude sont nés en 1951 et auraient tous eu bien au-delà de 50 ans lorsqu’Internet est devenu courant. On peut décrire bon nombre de ces aînés comme des « immigrants numériques », car ils ont été socialisés avant l’ère numérique et peuvent, par conséquent, avoir des compétences désuètes et des attitudes ayant une incidence sur leur ouverture à l’utilisation d’Internet. Aussi récemment qu’en 2016, il existait des différences d’âge évidentes dans les opinions sur la technologie (voir le tableau 2). De plus, moins d’aînés (48,1 %) que de personnes autres que les aînés (61,4 %) étaient d’avis que la technologie améliorait leur vie, et moins d’aînés utilisaient les TIC pour communiquer avec les gens, prendre des décisions éclairées ou gagner du temps.


Tableau 2
Opinions sur la technologie, 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Opinions sur la technologie Toujours, Souvent, Parfois, Rarement et Jamais, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Toujours Souvent Parfois Rarement Jamais
pourcentage
Les TIC vous aident à communiquer avec les autres
Personnes autres que les aînés (15 à 64 ans) 55,8 28,5 10,5 2,8 2,3
Aînés (65 ans et plus) 22,5 26,2 20,7 10,8 18,3
Les TIC vous aident à prendre des décisions éclairées
Personnes autres que les aînés (15 à 64 ans) 23,0 34,5 29,4 6,6 6,3
Aînés (65 ans et plus) 9,0 20,2 26,7 10,1 31,7
Les TIC vous aident à gagner du temps
Personnes autres que les aînés (15 à 64 ans) 39,8 33,0 19,2 4,0 3,7
Aînés (65 ans et plus) 16,7 20,3 22,8 11,8 26,0

Des données indiquent qu’Internet est moins compatible avec la vie des aînés qu’avec la vie des jeunes. Autrement dit, Internet semble moins correspondre à leurs besoins. Des études précédentes révèlent que le manque d’intérêt est une raison que donnent couramment les aînés pour expliquer leur non-utilisation d’Internet (Morris, Goodman et Brading, 2007; Peacock et Künemund, 2007). Des aînés ont été décrits comme des « refuseurs » (par opposition à « démunis ») en ce qui a trait à l’utilisation d’Internet (Van Deursen et Helsper, 2015, sous « Background » (contexte)). Ces aînés s’estiment trop vieux pour Internet et jugent peu utile de l’utiliser eux-mêmes. Des données de l’Enquête canadienne sur l’utilisation d’Internet (ECUI) de 2012 permettent de faire les mêmes constatations; la raison la plus couramment donnée pour expliquer la non-utilisation chez les aînés canadiens était une combinaison de l’absence de besoin, de l’absence d’intérêt et du manque d’utilité perçue. Cependant, Van Deursen et Helsper (2015) ont conseillé d’éviter d’interpréter le refus d’utilisation strictement comme un choix, car ce refus peut témoigner d’obstacles à l’utilisation d’Internet liés à la connaissance, comme la méconnaissance de ses avantages.

La complexité perçue de l’utilisation d’Internet constitue un autre obstacle à l’adoption. Anderson et Perrin (2017) ont signalé que les aînés ont relativement moins confiance que les personnes autres que les aînés dans l’utilisation des appareils électroniques et qu’ils ont souvent besoin de l’aide de quelqu’un pour configurer leurs appareils et leur montrer comment les utiliser. Friemel (2016, 332, tableau 4) a constaté que « l’utilisation trop compliquée » et le « grand effort d’apprentissage » constituent les deux principales raisons que donnent les aînés pour expliquer leur non-utilisation, suivies des préoccupations au sujet de la sécurité et des problèmes techniques. Van Volkom, Stapley et Amaturo (2015) ont constaté que les personnes plus âgées sont moins susceptibles que les personnes plus jeunes de percevoir Internet comme convivial, ressentent relativement plus de frustration dans l’utilisation de la technologie que les personnes plus jeunes et estiment que l’innovation est trop rapide pour qu’elles se sentent à l’aise. L’ECUI de 2012 a révélé que bon nombre d’aînés étaient des non-usagers en raison du manque de compétences ou de formation, sans toutefois démontrer l’idée selon laquelle la non-utilisation chez les aînés canadiens était liée aux préoccupations relatives à la technologie ou à la sécurité et à la confidentialité.

5 Gradients d’âge dans la fracture numérique

Le tableau 3 compare la variation des taux d’utilisation d’Internet de 2007 à 2016 chez les Canadiens âgés de 45 à 54 ans à celle des taux observés chez les aînés de différents groupes d’âge. L’écart dans l’utilisation d’Internet entre les personnes d’âge moyen et les personnes âgées de 65 à 69 ans a diminué d’environ 23 points de pourcentage, de 2007 à 2016. En revanche, l’écart entre les personnes d’âge moyen et les aînés de 80 ans et plus a diminué d’environ 10 points de pourcentage. L’écart dans l’utilisation d’Internet entre la population d’âge moyen et les aînés de 70 à 74 ans et de 75 à 79 ans a diminué d’environ 25 et 22 points de pourcentage, respectivement.


Tableau 3
Écart dans l’utilisation d’Internet entre les Canadiens d’âge moyen (45 à 54 ans) et les groupes d’aînés, 2007 à 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Écart dans l’utilisation d’Internet entre les Canadiens d’âge moyen (45 à 54 ans) et les groupes d’aînés. Les données sont présentées selon Âge (en années) (titres de rangée) et 2007, 2010, 2013, 2016 et Variation de 2007 à 2016, calculées selon points de pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Âge (en années) 2007 2010 2013 2016 Variation de 2007 à 2016
points de pourcentage
65 à 69 ans 34,2 21,8 20,1 11,3 -22,8
70 à 74 ans 45,7 37,2 30,1 20,9 -24,7
75 à 79 ans 55,9 52,2 46,4 34,0 -21,9
80 ans et plus 65,6 64,9 61,1 55,4 -10,2

Afin de mieux comprendre l’utilisation d’Internet au sein de la population des aînés, le tableau 4 présente les écarts bruts dans l’utilisation d’Internet entre les groupes d’âge des aînés, et le tableau 5 présente les probabilités prédites de l’utilisation d’Internet chez les aînés. Les résultats présentés dans le tableau 5 reposent sur un modèle de régression multivariée qui tient compte de l’âge, du sexe, de la situation d’emploi, de la taille du ménage, du niveau de scolarité, du lieu de résidence rural ou urbain et de l’état de santé autodéclaré.


Tableau 4
Proportions de l’utilisation d’Internet selon les groupes d’âge, 2007 à 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Proportions de l’utilisation d’Internet selon les groupes d’âge 2007, 2010, 2013 et 2016, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
2007 2010 2013 2016
pourcentage
Aînés (65 ans et plus) 32,2 46,0 52,4 68,2
Âge (en années)
65 à 69 ans 47,0 66,2 69,5 84,9
70 à 74 ans 35,5 50,8 59,5 75,3
75 à 79 ans 25,2 35,8 43,2 62,2
80 ans et plus 15,5 23,1 28,5 40,8

La relation bivariée entre l’âge et l’utilisation d’Internet (tableau 4) demeurait forte lorsque les covariables choisies étaient prises en compte. Il est évident que l’âge lui-même était la principale variable influençant le gradient d’âge dans l’utilisation d’Internet observée de 2007 à 2016. Cependant, les différences observées dans les écarts en pourcentage entre les tableaux bivarié et multivarié indiquent également que les covariables sociodémographiques choisies ont contribué aux gradients d’âge non corrigés présentés dans le tableau 4. La prise en compte de ces variables dans le tableau 5 permet de réduire considérablement l’écart dans l’utilisation d’Internet chez les aînés à chaque point temporel.


Tableau 5
Probabilité prédite de l’utilisation d’Internet par les aînés selon les caractéristiques sociodémographiques, 2007 à 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Probabilité prédite de l’utilisation d’Internet par les aînés selon les caractéristiques sociodémographiques. Les données sont présentées selon Caractéristiques sociodémographiques (titres de rangée) et 2007, 2010, 2013 et 2016, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques sociodémographiques 2007 2010 2013 2016
pourcentage
Âge (en années)
65 à 69 ansTableau 5 Note 1 40,8 58,9 63,3 81,3
70 à 74 ans 35,1Note *** 49,7Note *** 58,2Note ** 73,7Note ***
75 à 79 ans 28,3Note *** 39,8Note *** 46,4Note *** 63,8Note ***
80 ans et plus 19,3Note *** 29,4Note *** 35,7Note *** 49,2Note ***
Sexe
HommesTableau 5 Note 1 34,4 48,4 52,4 69,3
Femmes 30,3Note *** 44,1Note *** 52,3 67,4
Emploi
Occupant actuellement un emploi Tableau 5 Note 1 39,4 54,6 60,3 71,9
N’occupant pas d’emploi 31,1Note *** 44,9Note *** 51,3Note *** 67,9
Taille du ménage
Hors familleTableau 5 Note 1 27,7 39,6 47,0 62,7
Vivant avec d’autres personnes 33,8Note *** 48,4Note *** 54,6Note *** 70,6Note ***
Niveau de scolarité atteint
Sans diplôme d’études secondairesTableau 5 Note 1 16,4 21,9 27,9 46,2
Diplôme d’études secondaires 30,7Note *** 46,2Note *** 52,3Note *** 69,1Note ***
Diplôme postsecondaire inférieur au baccalauréatTableau 5 Note 2 41,4Note *** 54,6Note *** 60,7Note *** 76,7Note ***
Baccalauréat ou diplôme supérieur 56,3Note *** 69,7Note *** 76,4Note *** 89,0Note ***
Région
RuraleTableau 5 Note 1 30,1 43,5 50,6 68,2
Non rurale 32,7Note *** 46,7Note *** 52,8 68,3
État de santé
Excellent ou très bonTableau 5 Note 1 37,9 50,2 57,3 72,6
Bon 30,5Note *** 45,8Note *** 51,2Note *** 66,9Note ***
Passable ou mauvais 22,4Note *** 37,2Note *** 41,7Note *** 61,9Note ***

Aux quatre points temporels, la probabilité prédite de l’utilisation d’Internet présentait d’importantes différences entre les groupes d’âge. Comparativement aux Canadiens âgés de 65 à 69 ans, tous les autres groupes d’âge des aînés présentaient des probabilités d’utilisation significativement plus faibles, et ces probabilités affichaient une diminution linéaire avec l’âge. En 2007, la probabilité prédite de l’utilisation d’Internet chez les aînés de 65 à 69 ans était de 40,8 %, comparativement à 35,1 % chez les aînés de 70 à 74 ans, à 28,3 % chez les aînés de 75 à 79 ans et à 19,3 % chez les aînés de 80 ans et plus. Si la probabilité de l’utilisation d’Internet a augmenté chez tous les aînés, de 2007 à 2016, l’écart absolu dans l’utilisation d’Internet entre les groupes d’aînés le plus jeune et le plus âgé a en réalité augmenté, malgré le fait que les écarts relatifs entre eux ont diminué. À titre d’exemple, l’écart absolu entre les aînés de 65 à 69 ans et les aînés de 80 ans et plus s’établissait à 21,5 points de pourcentage en 2007, mais il est passé à 32,1 points de pourcentage en 2016.

Au fil du temps, on s’attend à ce qu’il y ait une augmentation de l’utilisation d’Internet chez les groupes plus âgés à mesure que les jeunes vieillissent. À titre d’exemple, on pourrait s’attendre à observer les taux relativement plus élevés d’utilisation d’Internet des aînés de 70 à 74 ans, en 2007, chez le groupe des aînés de 80 ans et plus en 2016. Si la diffusion de l’utilisation d’Internet témoigne exclusivement de niveaux « d’ouverture générationnelle » à l’utilisation d’Internet, on pourrait présumer que les différences d’âge dans l’utilisation d’Internet disparaîtront éventuellement à mesure que les jeunes vieillissent (Gilleard et Higgs, 2008, sous « Introduction »).

L’utilisation d’Internet avant la retraite est un facteur clé dans l’utilisation et la non-utilisation d’Internet chez les aînés. Les personnes ayant été exposées aux ordinateurs avant la retraite sont neuf fois plus susceptibles d’être en ligne que les aînés qui n’y ont pas été exposés avant la retraite (Friemel, 2016). L’écart grandissant dans l’utilisation d’Internet entre les aînés de 65 à 69 ans et les aînés de 80 ans et plus qu’on peut observer dans le tableau 5 est probablement attribuable à des différences dans l’exposition à Internet en milieu de travail. En 2007, la différence dans l’exposition à Internet entre ces groupes d’âge était probablement moins grande qu’elle l’était en 2016. Bon nombre des aînés de 65 à 69 ans en 2016 auraient travaillé en 2007 et auraient été exposés à Internet au travail, tandis que la plupart des aînés de 80 ans et plus en 2016 auraient pris leur retraite avant qu’Internet devienne courant en milieu de travail, ce qui aurait limité leur exposition à la technologie. En revanche, les aînés les plus jeunes et les plus âgés en 2007 auraient tous pris leur retraite avant qu’Internet devienne courant ou aux environs de cette époque. Par conséquent, la différence dans l’exposition à Internet avant la retraite était plus grande entre les aînés les plus jeunes et les plus âgés en 2016 qu’entre ces groupes d’âge en 2007.

Il serait peut-être trop optimiste de présumer que les différences d’âge disparaîtront complètement au fil du temps, car les problèmes de santé pendant la vieillesse peuvent faire en sorte que des personnes anciennement « connectées » deviennent « déconnectées » (Friemel, 2016, 317). La conception de la technologie et des pages Web constitue un obstacle lié à l’âge qui réduit l’accès des personnes âgées ayant des limitations fonctionnelles, comme les changements dans l’acuité visuelle, la dextérité manuelle et la capacité cognitive (Charness et Boot, 2009; Smith, 2014). Cependant, cette étude révèle que les différences d’âge dans l’utilisation d’Internet subsistent après la prise en compte de l’état de santé autodéclaré. De plus, l’ECUI de 2012 a indiqué que moins de 1 % des aînés canadiens ont signalé qu’une incapacité était la raison pour laquelle ils n’utilisaient pas Internet.

6 Facteurs sociodémographiques

Jusqu’à tout récemment, il existait des différences significatives entre les sexes dans l’utilisation d’Internet chez les aînés, et la probabilité prédite d’utilisation était de 48,4 % chez les hommes et de 44,1 % chez les femmes en 2010, après la prise en compte d’autres caractéristiques sociodémographiques. En 2016, les probabilités prédites s’établissaient à 69,3 % chez les hommes et à 67,4 % chez les femmes, une différence minime et non significative sur le plan statistique.

L’utilisation d’Internet a souvent lieu en milieu de travail, faisant en sorte que la situation d’emploi est une variable prédictive importante de l’utilisation d’Internet chez les aînés. En 2007, 39,4 % des aînés occupant un emploi au moment de l’ESG étaient des usagers d’Internet, comparativement à 71,9 % des aînés occupant un emploi 2016. La différence dans l’utilisation d’Internet entre les aînés occupant un emploi et n’occupant pas d’emploi a diminué au fil du temps, une différence non significative sur le plan statistique ayant été observée en 2013. Cela témoignait probablement de la diffusion d’Internet à partir du milieu de travail à un plus grand nombre de ménages au fil du temps.

Pendant toutes les périodes, le fait de vivre avec d’autres personnes était associé à une probabilité prédite plus grande de l’utilisation d’Internet que le fait de vivre seul.

Le niveau de scolarité était une variable prédictive importante de l’utilisation d’Internet, mais les différences absolues entre les groupes de niveau de scolarité ont diminué au fil du temps, sauf chez les aînés sans diplôme d’études secondaires. En 2007, 56,3 % des aînés canadiens ayant fait des études universitaires étaient des usagers d’Internet, comparativement à 16,4 % des aînés sans diplôme d’études secondaires, un écart de près de 40 points de pourcentage. En 2016, les taux d’utilisation d’Internet chez ces deux groupes de niveau de scolarité étaient de 89,0 % et de 46,2 %, respectivement, un écart d’environ 43 points de pourcentage. Les écarts entre les aînés ayant fait des études universitaires et les aînés titulaires d’un diplôme postsecondaire inférieur au baccalauréat et les diplômés du secondaire étaient moins grands et ont diminué au fil du temps, mais ils étaient néanmoins considérables et significatifs sur le plan statistique en 2016.

Jusqu’en 2010, il y existait des différences significatives dans l’utilisation d’Internet entre les aînés vivant dans les régions rurales et non ruralesNote . Ces différences ont diminué au fil du temps et étaient non significatives en 2013. En 2016, les probabilités prédites de l’accès à Internet étaient essentiellement les mêmes (s’établissant à 68 %) pour les aînés vivant dans les régions rurales et non rurales. L’infrastructure rurale d’Internet, bien qu’elle demeure lacunaire comparativement au reste du Canada, a constamment été améliorée pendant la période examinée dans cette étude (CRTC, 2011; CRTC, 2019).

L’état de santé est une variable prédictive importante de l’utilisation d’Internet. Une meilleure santé autodéclarée était une variable prédictive systématiquement plus importante de l’utilisation d’Internet, quoique son influence ait en quelque sorte diminué, de 2007 à 2016. L’écart entre les répondants ayant une très bonne ou une excellente santé autodéclarée et ayant une santé autodéclarée mauvaise ou passable était de 15,5 points de pourcentage en 2007 et de 10,7 points de pourcentage en 2016. Cela découlait de l’augmentation plus marquée de l’utilisation d’Internet chez les aînés qui avaient une santé mauvaise ou passable (39 points de pourcentage en neuf ans) par rapport à 35 points de pourcentage chez les aînés ayant déclaré une très bonne ou une excellente santé. Cependant, un écart de plus de 10 points de pourcentage entre ces groupes subsistait en 2016.

Les limites des données dans l’ESG ne permettaient pas d’inclure le revenu du ménage comme variable de contrôle dans les comparaisons de la variation de l’utilisation d’Internet. Cependant, l’ESG de 2016 est couplée à des données fiscales et permet d’examiner l’association du revenu et des différences d’âge dans l’utilisation d’Internet pour cette année. L’ajout du revenu au modèle a peu modifié les écarts examinés ci-dessus (tableau 6). Cependant, le revenu était lui-même une variable prédictive importante de l’utilisation d’Internet, qui a tendance à diminuer lorsque le niveau de revenu est faible. Chez les aînés dont le revenu du ménage se situait entre 60 000 $ et 79 999 $, la probabilité de l’utilisation d’Internet était de 73,0 %, comparativement à 54,1 % chez les aînés ayant un revenu de moins de 20 000 $ et à 79,4 % chez les aînés ayant un revenu de 100 000 $ et plus.


Tableau 6
Probabilité prédite de l’utilisation d’Internet par les aînés selon les caractéristiques sociodémographiques, y compris le revenu du ménage, 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Probabilité prédite de l’utilisation d’Internet par les aînés selon les caractéristiques sociodémographiques. Les données sont présentées selon Caractéristiques sociodémographiques (titres de rangée) et 2016 (sans le revenu), 2016 (avec le revenu) et Différence, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques sociodémographiques 2016 (sans le revenu) 2016 (avec le revenu) Différence
pourcentage
Âge (en années)
65 à 69 ansTableau 6 Note 1 81,3 81,4 -0,1
70 à 74 ans 73,7Note *** 74,0Note *** -0,3
75 à 79 ans 63,8Note *** 63,3Note *** 0,5
80 ans et plus 49,2Note *** 49,2Note *** 0,0
Sexe
HommesTableau 6 Note 1 69,3 69,2 0,1
Femmes 67,4 67,5 -0,1
Emploi
Occupant actuellement un emploi Tableau 6 Note 1 71,9 69,4 2,5
N’occupant pas d’emploi 67,9 68,1 -0,2
Taille du ménage
Hors familleTableau 6 Note 1 62,7 66,7 -4,0
Vivant avec d’autres personnes 70,6Note *** 69,0 1,6
Niveau de scolarité
Sans diplôme d’études secondairesTableau 6 Note 1 46,2 49,4 -3,2
Diplôme d’études secondaires 69,1Note *** 69,8Note *** -0,7
Diplôme postsecondaire inférieur au baccalauréatTableau 6 Note 2 76,7Note *** 76,0Note *** 0,7
Baccalauréat ou diplôme supérieur 89,0Note *** 86,8Note *** 2,2
Revenu du ménage
Moins de 20 000 $Tableau 6 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 54,1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
20 000 $ à moins de 40 000 $ Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 63,7Note * Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
40 000 $ à moins de 60 000 $ Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 68,4Note *** Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
60 000 $ à moins de 80 000 $ Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 73,0Note *** Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
80 000 $ à moins de 100 000 $ Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 69,7Note *** Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
100 000 $ et plus Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 79,4Note *** Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Région
RuraleTableau 6 Note 1 68,2 68,8 -0,6
Non rurale 68,3 68,1 0,2
État de santé
Excellent ou très bonTableau 6 Note 1 72,6 72,3 0,3
Bon 66,9Note *** 66,9Note *** 0,0
Passable ou mauvais 61,9Note *** 62,9Note *** -1,0

Pour illustrer l’importance que peuvent avoir plusieurs facteurs sociodémographiques chez les aînés, des aînés avantagés et désavantagés hypothétiques ont été comparés, selon l’âge, quant aux probabilités prédites de l’utilisation d’Internet en 2016. Un « aîné avantagé » est un aîné ayant fait des études universitaires, ayant une très bonne ou une excellente santé et vivant avec au moins une autre personne. Un « aîné désavantagé » est un aîné sans diplôme d’études secondaires, ayant une santé mauvaise ou passable et vivant seul. Le graphique 2 présente les probabilités prédites pour les aînés désavantagés et avantagés en 2016 dans les différents groupes d’âge.

Graphique 2 Probabilité prédite de l’utilisation d’Internet chez les aînés selon le niveau de scolarité, l’état de santé et la situation dans le ménage, 2016

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 65 à 69 ans, 70 à 74 ans, 75 à 79 ans et 80 ans et plus, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
65 à 69 ans 70 à 74 ans 75 à 79 ans 80 ans et plus
pourcentage
Avantagés 97,12 95,26 91,94 84,56
Désavantagés 44,78 32,64 21,60 11,68

Chez les jeunes aînés (65 à 69 ans), la probabilité prédite de l’utilisation d’Internet est de 44,8 % pour les aînés désavantagés et de 97,1 % pour les aînés avantagés. Les aînés avantagés présentent des taux d’utilisation d’Internet atteignant presque un point de saturation et sont en réalité beaucoup plus semblables aux personnes autres que les aînés que tous les autres aînés concernant l’utilisation d’Internet. Il existe aussi une nette différence entre les aînés désavantagés et avantagés dans la relation entre le vieillissement et l’utilisation d’Internet. À 80 ans et plus, la probabilité de l’utilisation d’Internet diminue pour s’établir à 11,7 % chez le groupe des personnes désavantagées, mais elle demeure de 84,6 % chez le groupe des personnes avantagées. Si la diminution est beaucoup plus forte chez le groupe des personnes désavantagées, le fait que l’utilisation d’Internet a également diminué (environ 13 points de pourcentage) chez le groupe des personnes avantagées appuie l’idée selon laquelle des facteurs propres au processus de vieillissement peuvent faire en sorte que des personnes anciennement connectées deviennent déconnectées à un âge plus avancé. La raison de cette diminution liée à l’âge ne semble pas être l’apparition de limitations fonctionnelles avec l’âge, car le groupe des personnes avantagées comprend des aînés en très bonne ou en excellente santé. Il est possible que ces aînés avantagés n’aient pas été exposés à Internet avant la retraite, mais la présente analyse ne permet pas de le relever.

7 Conclusion

De 2007 à 2016, les aînés canadiens étaient moins susceptibles que les personnes autres que les aînés d’être des usagers d’Internet, mais l’écart entre ces groupes a considérablement diminué pendant cette période pour passer d’une différence de 49 points de pourcentage dans les taux d’utilisation à une différence de 28 points de pourcentage. Le pourcentage des aînés qui ont accédé à Internet est passé de 32,2 % en 2007 à 68,2 % en 2016.

Il est probable que les disparités d’âge dans l’utilisation d’Internet continuent de diminuer à mesure que les jeunes Canadiens, qui sont presque tous des usagers d’Internet, deviennent des aînés (Veenhof et Timusk, 2009). Les constatations de la présente étude appuient l’idée selon laquelle les différences d’âge actuelles dans l’utilisation d’Internet représentent en grande partie des différences dans les caractéristiques sociodémographiques et l’exposition à Internet avant la retraite. Les différences d’âge dans l’utilisation d’Internet (c.-à-d., la fracture grise) constituent par conséquent « une question de conjoncture historique » plutôt qu’une simple fonction de l’âge lui-même (Gilleard et Higgs, 2008, sous « Introduction »). Cependant, des facteurs étroitement liés au processus de vieillissement semblent également avoir un effet négatif sur l’utilisation d’Internet.

L’utilisation d’Internet chez les aînés actuels est principalement une question d’usagers réguliers par rapport aux non-usagers, car des usagers occasionnels figurent parmi eux. Il reste à savoir si les non-usagers sont des démunis ou des refuseurs. Comme mentionné précédemment, des données indiquent que les aînés, surtout les aînés plus âgés, sont peu motivés à utiliser Internet, le percevant comme un domaine s’adressant aux jeunes qui correspond peu à leurs besoins et à leurs intérêts. Cependant, ce manque d’intérêt apparent lié à l’âge pourrait témoigner d’une méconnaissance de ce qu’Internet a à offrir. Il s’agit d’un secteur d’intervention potentiel (Peacock et Künemund, 2007). Les aînés peuvent tirer profit de l’utilisation d’Internet à plusieurs égards. Les ressources en ligne comme le réseautage social, la livraison des provisions et d’autres produits essentiels et les activités de loisir peuvent aider les aînés à rester en contact et à éviter l’isolement social (Millward, 2003). Internet constitue également une bonne source d’information pour la planification de la retraite et les renseignements sur les problèmes de santé et les soins autoadministrés, et peut par conséquent favoriser le vieillissement en santé (Veenhof et Timusk, 2009).

Si la plupart des aînés préfèrent utiliser Internet dans le confort de leur propre maison à son utilisation dans des lieux publics, le coût de l’équipement pourrait alors encore poser la question des démunis, même si les politiques tentent de rendre universel l’accès à large bande. L’Enquête canadienne sur l’utilisation d’Internet de 2012 révèle que la majorité des aînés qui accèdent à Internet le font à partir de leur propre maison. Les données de l’Enquête sociale générale de 2016 indiquent que 22,6 % des aînés canadiens (comparativement à 2,1 % des personnes autres que les aînés) ne possèdent pas d’appareil leur permettant de se brancher à Internet. Des études menées dans d’autres pays confirment que le coût demeure un obstacle à l’utilisation d’Internet chez les aînés (Friemel, 2016; Peacock et Künemund, 2007).

La discrimination fondée sur l’âge est un autre facteur qui pourrait décourager l’utilisation d’Internet chez les aînés canadiens. Certains aînés sont mal à l’aise d’utiliser les technologies de l’information et des communications même s’ils y ont physiquement accès. Lagacé et coll. (2015) ont révélé que les stéréotypes liés à l’âge influencent l’utilisation que font les aînés d’Internet, car ils ont une incidence sur la manière dont les aînés se perçoivent et perçoivent leurs capacités. À titre d’exemple, les stéréotypes liés à l’âge à propos de la compétence et des capacités d’apprentissage des aînés peuvent diminuer leur sentiment d’efficacité personnelle, ce qui a tendance à les rendre plus hésitants et impatients dans l’adoption de nouvelles technologies.

Le message clé est que la « fracture grise » dans l’utilisation d’Internet doit être redéfinie en tant que gradient d’âge. Le fait de définir des différences d’âge dans l’utilisation d’Internet en tant que fracture grise entre les personnes autres que les aînés et les aînés peut masquer des inégalités au sein de la population des aînés qui méritent une attention particulière (Friemel, 2016, 314). Bien que les aînés présentent tous de plus faibles taux d’utilisation d’Internet que les personnes autres que les aînés, l’ampleur de l’écart dépend de l’âge. L’écart pour les jeunes aînés est beaucoup moins grand qu’il l’est pour les groupes plus âgés. En outre, le gradient d’âge chez les aînés dépend lui-même de facteurs tels que le niveau de scolarité, l’état de santé et la situation familiale. Chez les aînés présentant ces caractéristiques plus avantageuses, l’utilisation d’Internet a presque atteint un point de saturation pour les jeunes aînés. Bien que l’utilisation d’Internet diminue avec l’âge, cette utilisation demeure également relativement grande dans les groupes plus âgés. Pour les aînés désavantagés, l’utilisation d’Internet est beaucoup moins grande chez les jeunes aînés et diminue considérablement chez les groupes plus âgés. Ces résultats confirment que l’accès à Internet est inégalement réparti au sein de la population âgée.

Références

ACMA (Australian Communications and Media Authority). 2016. « Digital lives of older Australians ». Research Snapshots.

Anderson, M. et A. Perrin. 2017. « Tech adoption climbs among older adults ». Pew Research Center Internet & Technology. (consulté le 17 mai 2019).

Attewell, P. 2001. « The first and second digital divides ». Sociology of Education 74 (3) : 252 à 259.

Charness, N. et W.R. Boot. 2009. « Aging and information technology use: Potential and barriers ». Current Directions in Psychological Science 18 (5) : 253 à 258.

CRTC (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes). 2011. Rapport sur la large bande : Novembre 2011. 22 pages. (consulté le 17 mai 2019).

CRTC (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes). 2019. Rapport de surveillance des communications : 2018. 270 pages. (consulté le 17 mai 2019).

Dewan, S. et F.J. Riggins. 2005. « The digital divide: Current and future research directions ». Journal of the Association for Information Systems 6 (12) : 298 à 337.

Friemel, T.N. 2016. « The digital divide has grown old: Determinants of a digital divide among seniors ». New Media and Society 18 (2) : 313 à 331. Citant la « fracture grise » de A. Morris et H. Brading, « E-literacy and the grey digital divide: a review with recommendations », Journal of Information Literacy 1 (3) : 13 à 28.

Gilleard, C. et P. Higgs. 2008. « Internet use and the digital divide in the English Longitudinal Study of Ageing ». European Journal of Ageing 5 (3) : 233 à 239.

Haight, M., A. Quan-Haase et B.A. Corbett. 2014. « Revisiting the digital divide in Canada: The impact of demographic factors on access to the internet, level of online activity, and social networking site usage ». Information, Communication & Society 17 (4) : 503 à 519.

Lagacé, M., H. Houssein, J. Laplante et A. Tanguay. 2015. « How ageism contributes to the second-level digital divide: The case of Canadian seniors ». Journal of Technologies and Human Usability 11 (4) : 1 à 13.

Millward, P. 2003. « The ‘grey digital divide’: Perception, exclusion, and barriers of access to the Internet for older people ». First Monday 8 (7).

Morris, A., J. Goodman et H. Brading. 2007. « Internet use and non-use: Views of older users ». Universal Access in the Information Society 6 (1) : 43 à 57.

Ofcom. 2017. Adults’ Media Use and Attitudes: Report 2017. 167 pages. (consulté le 17 mai 2019).

Peacock, S.E. et H. Künemund. 2007. « Senior citizens and Internet technology ». European Journal of Ageing 4 (4) : 191 à 200.

Prensky, M. 2001. « Digital natives, digital immigrants ». On the Horizon 9 (5) : 1 à 6.

Robinson, L., S.R. Cotten, H. Ono, A. Quan-Haase, G. Mesch, W. Chen, J. Schulz, T.M. Hale et M.J. Stern. 2015. « Digital inequalities and why they matter ». Information, Communication & Society 18 (5) : 569 à 582.

Rogers, E. 2003. Diffusion of Innovations. Cinquième édition. New York : The Free Press.

Smith, A. 2014. « Older adults and technology use ». Pew Research Center Internet & Technology. (consulté le 17 mai 2019).

Statistique Canada, s.d.a. Enquête sociale générale - La famille, le soutien social et la retraite (ESG) : Information détaillée pour 2007 (Cycle 21). Dernière mise à jour le 24 octobre 2007. (consulté le 30 mai 2019).

Statistique Canada, s.d.b. Enquête sociale générale - L’emploi du temps (ESG) : Information détaillée pour 2010 (Cycle 24). Dernière mise à jour le 26 mai 2009. (consulté le 30 mai 2019).

Statistique Canada, s.d.c. Enquête sociale générale – Identité sociale (IS) : Information détaillée pour 2013 (Cycle 27) Dernière mise à jour le 22 décembre 2014. (consulté le 30 mai 2019).

Statistique Canada, s.d.d. Enquête sociale Générale : Les Canadiens au travail et à la maison (ESG) : Information détaillée pour 2016 (Cycle 30) Dernière mise à jour le 10 novembre 2017. (consulté le 30 mai 2019).

Van Deursen, A. et E. Helsper. 2015. « A nuanced understanding of Internet use and non-use among the elderly ». European Journal of Communication 30 (2) : 171 à 187.

Van Volkom, M., J.C. Stapley et V. Amaturo. 2015. « Revisiting the digital divide: Generational differences in technology use in everyday life ». North American Journal of Psychology 16 (3) : 557 à 574.

Veenhof, B. et P. Timusk. 2009. « Les activités en ligne des baby-boomers et des aînés canadiens ». Tendances sociales canadiennes 88 : 25 à 32. Produit no 11-008-X au catalogue de Statistique Canada.

Date de modification :