Aperçus économiques
Répercussions économiques de la pandémie de COVID-19 sur les entreprises canadiennes de toutes les catégories de taille

11-626-X No 119

Cet article d’Aperçus économiques porte sur les répercussions de la COVID-19 sur l’activité économique des entreprises canadiennes de toutes les catégories de taille. Deux mesures de l’activité économique sont examinées, soit les heures effectivement travaillées par les employés participant à la production des entreprises, et la production réelle (sous forme du produit intérieur brut réel, ou PIB) des entreprises. Selon l’analyse, au premier trimestre de 2020, les petites entreprises ont été les plus durement touchées par la pandémie de COVID-19. En effet, les petites entreprises ont affiché une baisse de 9,4 % des heures travaillées au premier trimestre, alors que la diminution pour le secteur des entreprises dans son ensemble s’est chiffrée à 5,6 %. Également au premier trimestre, la production réelle des petites entreprises a reculé de 2,1 %, comparativement à 1,7 % pour le secteur des entreprises dans son ensemble. La diminution des heures travaillées et de la production réelle des petites entreprises a été plus prononcée dans le secteur des services que dans celui des biens.

Les activités des entreprises canadiennes ont été fortement perturbées par les restrictions économiques et les mesures de distanciation physiques instaurées dans le contexte de la pandémie de COVID-19. On s’attend à ce que les perturbations aient des répercussions négatives particulièrement importantes sur les petites et moyennes entreprises, car celles-ci sont grandement concentrées dans les industries liées au voyage et au tourisme, dont celles du transport, des services d’hébergement et de restauration, et des arts spectacles et loisirs, lesquelles ont été les plus durement touchées par la pandémie de COVID-19.

La présente étude porte sur les répercussions de la COVID-19 sur l’activité économique des entreprises canadiennes de toutes les catégories de taille. Deux mesures de l’activité économique sont examinées, soit les heures effectivement travaillées par les employés participant à la production au sein des entreprises, et la production réelle (sous forme du produit intérieur brut réel, ou PIB) des entreprises. La croissance de la production réelle et des heures travaillées au premier trimestre de 2020 est estimée pour toutes les catégories de taille d’entreprise, puis elle est comparée avec la croissance annuelle au cours de la période de 2016 à 2019. Les entreprises sont classées selon la taille de leur effectif : les entreprises de petite taille comptent de 0 à 99 employés, celles de taille moyenne, de 100 à 499 employés, et celles de grande taille, 500 employés ou plus.

Les estimations de la production réelle et des heures travaillées selon la catégorie de taille d’entreprise de Statistique Canada sont fondées sur les données de différentes enquêtes et sur des données administratives, et elles sont habituellement diffusées avec un certain décalage par rapport à la période de référence. Par exemple, le PIB réel et l’emploi selon la catégorie de taille d’entreprise pour les années allant jusqu’à 2015 ont été diffusés en novembre 2019 (ISDE, 2019). Pour évaluer les répercussions économiques de la COVID-19 sur les entreprises canadiennes de toutes les catégories de taille, ce document propose des estimations plus récentes de la production réelle et des heures travaillées selon la catégorie de taille d’entreprise. On y arrive en utilisant des indicateurs avancés de l’activité économique et en combinant plusieurs sources de microdonnées, comme l’Enquête sur la population active (EPA) mensuelle et le Fichier de microdonnées longitudinales des comptes nationaux (FMLCN), auxquelles s’ajoutent les estimations du PIB mensuel de l’industrie et les heures travaillées annuelles de l’industrie.

Les heures travaillées des travailleurs participant à la production selon la catégorie de taille d’entreprise et l’industrie ont été estimées au moyen des données de l’EPA mensuelle. Les résultats de l’EPA de mars 2020 ont été diffusés le 9 avril 2020, et rendent compte des conditions du marché du travail au cours de la semaine du 15 au 21 mars. À ce moment-là, une série de mesures gouvernementales jamais vues liées à la COVID-19 avaient été mises en place, y compris la fermeture d’entreprises non essentielles, des restrictions de voyage et des mesures de santé publique visant à limiter les interactions des Canadiens dans les lieux publics. Toutes ces mesures ont entraîné un ralentissement très prononcé de l’activité économique. En conséquence, les données de l’EPA de mars 2020 rendent compte du ralentissement subi en mars 2020 en raison de la COVID-19.

La production réelle selon la catégorie de taille d’entreprise et l’industrie est estimée au moyen du FMLCN pour les années allant jusqu’à 2017. Après 2017, elles sont projetées à partir des estimations des heures selon la taille d’entreprise tirées de l’EPA. La projection se fonde sur l’hypothèse que la croissance de la productivité selon la taille d’entreprise et l’industrie pendant la période après 2017 est la même que les taux moyens de croissance pour la période de 2014 à 2017.

Les taux de croissance des heures travaillées et de la production réelle au cours du premier trimestre de 2020 sont calculés, aux fins de cette étude, sous forme de variation en pourcentage pendant le trimestre en question par rapport à la moyenne enregistrée pendant les quatre trimestres de 2019. Ce concept de taux de croissance diffère de celui de la croissance du PIB au premier trimestre de 2020 diffusé le 29 mai 2020 (Statistique Canada, 2020a), qui rend compte de la variation en pourcentage entre le premier trimestre de 2020 et le dernier trimestre de 2019Note .

En ce qui concerne les heures travaillées, les résultats montrent que ce sont entreprises de petite et de moyenne taille qui ont été les plus durement touchées par la pandémie de COVID-19 au premier trimestre de 2020. Les entreprises de grande taille sont celles qui ont été les moins touchées. Selon les estimations, au premier trimestre de 2020, les heures travaillées ont diminué de 9,4 % dans les entreprises de petite taille, de 11,1 % dans les entreprises de taille moyenne, et ont augmenté de 1,2 % dans les entreprises de grande taille. Dans l’ensemble, les heures travaillées dans le secteur des entreprises, toutes catégories de taille confondues, ont diminué de 5,6 % au premier trimestre  2020.

Pour ce qui est de la production réelle, ce sont les entreprises de petite taille qui ont été les plus touchées au premier trimestre de 2020, suivies des entreprises de grande taille, puis de celles de taille moyenne. Selon les estimations, la production réelle des petites entreprises a diminué de 2,1 % au premier trimestre, celle des grandes entreprises, de 1,5 %, et celle des entreprises de taille moyenne, de 1,1 %. Dans l’ensemble, au premier trimestre de 2020, la production réelle du secteur des entreprises a reculé de 1,7 % par rapport au niveau moyen enregistré au cours des quatre trimestres de 2019.

Au premier trimestre de 2020, les heures travaillées ont diminué dans le secteur des biens de même que dans celui des services. Dans le secteur de la production de biens, des baisses ont été observées dans les entreprises de toutes les catégories de taille, alors que dans le secteur des services, les baisses étaient concentrées dans les entreprises de petite et de moyenne taille, celles de grande taille ayant enregistré une augmentation au premier trimestre.

La production réelle a aussi reculé dans le secteur des biens aussi bien que dans celui des services, mais elle a été plus prononcée dans ce dernier. Dans le secteur des services, la production réelle a fléchi dans les entreprises de toutes les catégories de taille, alors que dans celui des biens, elle a surtout touché les entreprises de moyenne et grande taille. Dans l’ensemble, les plus fortes baisses de la production réelle ont été enregistrées par les grandes entreprises du secteur des biens, et par les petites entreprises du secteur des services.

Les estimations de la production réelle selon la catégorie de taille d’entreprise et l’industrie sont sensibles à l’hypothèse qui a été utilisée pour projeter la croissance de la production réelle selon la catégorie de taille. Cependant, la conclusion générale en ce qui concerne les répercussions économiques différentielles à l’échelle des catégories de taille d’entreprise et des secteurs est semblable.

Données et estimation

La tâche ici consistait à évaluer le PIB réel et les heures travaillées selon la catégorie de taille d’entreprise et l’industrie du secteur des entreprises au niveau commun de la classification de l’industrie (un mélange de classifications du SCIAN au niveau de 3 et 4 chiffres) pour la période de 2016 au premier trimestre de 2020. Les estimations pour les années antérieures à 2015 se trouvent dans ISDE (2019).

Le FMLCN et l’EPA sont les principales sources de données pour l’estimation.

Le FMLCN a été créé en combinant un certain nombre de sources de données, y compris des dossiers fiscaux administratifs (T2 et T4). La base de données couvre la période de 2000 à 2017, et comprend tous les employeurs au Canada, autant les entreprises constituées en société que les entreprises non constituées en société. Aux fins de cette étude, la base de données a été utilisée pour estimer le PIB et l’emploi selon la catégorie de taille d’entreprise et l’industrie pour les années allant jusqu’à 2017.

Les données de l’EPA ont été utilisées pour estimer les heures effectivement travaillées par les personnes employées selon la catégorie de taille d’entreprise et l’industrie. Les estimations annuelles des heures effectivement travaillées sont tirées des heures travaillées pendant la semaine de référence du mois de référence, dont la moyenne a été calculée sur 12 mois en fonction du nombre de semaines de travail pendant une année. La semaine de référence de l’EPA mensuelle est la semaine dans laquelle se trouve le 15e jour du mois.

Les résultats de l’EPA de mars 2020, qui ont été diffusés le 9 avril 2020, portent sur la semaine de référence du 15 au 21 mars. Pendant celle-ci, une série de mesures gouvernementales liées à la COVID-19 étaient déjà en place. Ces mesures ont entraîné un ralentissement très prononcé de l’activité économique.

Dans les données de l’EPA, plus de 90 % des heures travaillées par des employés rémunérés sont attribuées à des catégories de taille d’entreprise. Cependant, moins de 2 % des heures travaillées des travailleurs autonomes sont attribuées à de telles catégories. Aux fins de cette étude, les travailleurs autonomes sont associés à la catégorie des entreprises de petite taille comptant moins de 99 employés.

La production réelle (PIB) selon la catégorie de taille d’entreprise est calculée à partir du FMLCN pour la période de 2016 à 2017Note . Pour la période de 2018 au premier trimestre de 2020, le PIB est estimé à partir des heures travaillées selon la taille d’entreprise et l’industrie pour cette période, et ces données proviennent de l’EPA. L’estimation tient compte des différences sur le plan du niveau et de la croissance de la productivité du travail (PIB par travailleur) selon la catégorie de taille d’entreprise et l’industrie. On suppose que la croissance de la productivité du travail selon la taille d’entreprise et l’industrie de 2018 au premier trimestre de 2020 est la même que les taux moyens de croissance pour la période de 2014 à 2017.

Les estimations définitives des heures travaillées et du PIB réel selon la catégorie de taille d’entreprise et l’industrie sont étalonnées en fonction des estimations des heures travaillées du programme de la productivité du travail pour la période de 2016 à 2018, et des estimations du PIB réel du programme du PIB mensuel de Statistique Canada pour la période de 2016 à mars 2020. Les deux sont présentés à un niveau détaillé d’agrégat d’industries.

Les proportions relatives du PIB selon la catégorie de taille d’entreprise dans cette étude sont semblables à celles présentées dans Baldwin, Leung et Rispoli (2013). Ces derniers ont utilisé les mêmes définitions de catégories de taille d’entreprise que celles utilisées dans la présente, et ont déterminé qu’en 2008, les entreprises de petite taille représentaient 41 % du PIB nominal en 2008, les entreprises de taille moyenne en représentaient 11 %, et les entreprises de grande taille en représentaient 48 %. Selon les estimations de la présente étude, en 2016, les proportions étaient, respectivement, de 42 %, de 14 % et de 44 %.

Principaux résultats et discussions

Le graphique 1 montre la croissance moyenne annuelle des heures travaillées dans le secteur des entreprises selon la catégorie de taille au cours de la période de 2016 à 2019, ainsi que la croissance au premier trimestre de 2020.

Graphique 1 Taux de croissance des heures travaillées selon la taille d’entreprise, secteur des entreprises, de 2016 au premier trimestre de 2020

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données pour le graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données pour le graphique 1. Les données sont présentées selon Taille d'entreprise (titres de rangée) et 2016 à 2019 et Premier trimestre de 2020, calculées selon pourcentage par année unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Taille d'entreprise 2016 à 2019 Premier trimestre de 2020
pourcentage par année
Petite 0,9 -9,4
Moyenne 3,0 -11,1
Grande 1,4 1,2
Toutes 1,4 -5,6

De 2016 à 2019, les entreprises de taille moyenne ont affiché la plus forte croissance des heures travaillées, suivies des grandes entreprises, puis des petites entreprises. Au cours de cette période, les heures travaillées ont augmenté de 3,0 % par année dans les entreprises de taille moyenne, comparativement à 1,4 % dans les grandes entreprises, et à 0,9 % dans les petites entreprises.

Au premier trimestre de 2020, le secteur des entreprises a enregistré une diminution des heures travaillées, mais ce sont les petites et moyennes entreprises qui ont connu les plus fortes baisses. Les heures travaillées ont diminué de 11,1 % dans les entreprises de taille moyenne et de 9,4 % dans celles de petite taille. En comparaison, les grandes entreprises ont affiché une augmentation de 1,2 %. Dans l’ensemble du secteur des entreprises, les heures travaillées ont fléchi de 5,6 % au premier trimestre.

Graphique 2 Taux de croissance de la production réelle selon la taille d’entreprise, secteur des entreprises, de 2016 au premier trimestre de 2020

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données pour le graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données pour le graphique 2. Les données sont présentées selon Taille d'entreprise (titres de rangée) et 2016 à 2019 et Premier trimestre de 2020, calculées selon pourcentage par année unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Taille d'entreprise 2016 à 2019 Premier trimestre de 2020
pourcentage par année
Petite 1,7 -2,1
Moyenne 3,9 -1,1
Grande 2,8 -1,5
Toutes 2,5 -1,7

Le graphique 2 montre le taux de croissance du PIB réel selon la catégorie de taille d’entreprise au cours de la période de 2016 à 2019, ainsi que le taux de croissance du PIB réel pendant le premier trimestre de 2020.

De 2016 à 2019, le PIB réel a augmenté dans toutes les catégories de taille d’entreprise. D’une année à l’autre, il s’est accru de 1,7 % dans la catégorie des entreprises de petite taille, de 3,9 % dans celle des entreprises de taille moyenne, et de 2,8 % dans celle des entreprises de grande taille. Dans l’ensemble, le PIB réel a augmenté de 2,5 % dans le secteur des entreprises au cours de la période de 2016 à 2019.

Au premier trimestre de 2020, le PIB réel a reculé dans toutes les catégories de taille d’entreprise. Ce sont les petites entreprises qui ont connu la plus forte baisse, suivies des grandes entreprises et des entreprises de taille moyenne. Plus précisément, la production réelle des petites entreprises a diminué de 2,1 %, celle des grandes entreprises, de 1,5 %, et celle des entreprises de taille moyenne, de 1,1 %. La production réelle du secteur des entreprises dans son ensemble a reculé de 1,7 % au cours du premier trimestre de 2020.


Tableau 1
Taux de croissance des heures travaillées selon la taille d'entprerise, secteurs des biens et des services
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux de croissance des heures travaillées selon la taille d'entprerise 2016 à 2019 et Premier trimestre de 2020, calculées selon pourcentage par année unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
2016 à 2019 Premier trimestre de 2020
pourcentage par année pourcentage par année
Taille d’entreprise, secteur des biens
Petite -0,1 -7,8
Moyenne 2,5 -5,6
Grande 2,7 -3,7
Toutes 1,3 -6,0
Taille d’entreprise, secteur des services
Petite 1,3 -10,0
Moyenne 3,2 -13,7
Grande 0,9 2,8
Toutes 1,4 -5,4

Le tableau 1 présente le taux de croissance des heures travaillées dans les secteurs des biens et des services, selon la catégorie de taille d’entreprise. Au premier trimestre de 2020, les deux secteurs ont affiché une diminution des heures travaillées. Dans le secteur des biens, des baisses ont été enregistrées dans toutes les catégories de taille d’entreprises, alors que dans celui des services, elle a été concentrée dans la catégorie des entreprises de petite et de moyenne taille, les grandes entreprises ayant observé une augmentation au premier trimestre.


Tableau 2
Taux de croissance de la production réelle selon la taille d'entreprise, secteurs des biens et des services
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux de croissance de la production réelle selon la taille d'entreprise 2016 à 2019 et Premier trimestre de 2020, calculées selon pourcentage par année unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
2016 à 2019 Premier trimestre de 2020
pourcentage par année pourcentage par année
Taille d’entreprise, secteur des biens
Petite 1,5 0,6
Moyenne 2,8 -0,9
Grande 2,9 -2,7
Toutes 2,4 -1,3
Taille d’entreprise, secteur des services
Petite 1,9 -3,5
Moyenne 4,7 -1,3
Grande 2,7 -0,6
Toutes 2,6 -2,0

Au premier trimestre de 2020, la production réelle a diminué aussi bien dans le secteur des biens que dans le secteur des services. C’est ce dernier qui a connu la plus forte baisse, la production réelle y ayant fléchi 2,0 % par rapport à 1,3 % dans le secteur des biens. Alors que la diminution observée dans le secteur des services a touché toutes les catégories de taille d’entreprise, dans le secteur des biens, elle concernait surtout les entreprises de moyenne et de grande taille. Dans l’ensemble, les plus fortes baisses ont été enregistrées par les grandes entreprises du secteur des biens, et par les petites entreprises du secteur des services.

Les estimations du PIB réel selon la catégorie de taille d’entreprise et l’industrie sont sensibles à l’hypothèse qui a été utilisée pour projeter la croissance de la production réelle selon la catégorie de taille d’entreprise. Les estimations du PIB réel ci-dessus se fondent sur l’hypothèse que la croissance de la productivité selon la taille d’entreprise pour la période après 2017, lorsque des microdonnées ne sont pas accessibles, est égale au taux de croissance moyen de la période de 2014 à 2017 à un niveau détaillé d’agrégat d’industries (86 industries).

Au premier trimestre de 2020, la croissance implicite de la productivité du travail du secteur des entreprises était de 3,8 %. Il s’agit d’un taux beaucoup plus élevé que la croissance annuelle moyenne de 1,1 % enregistrée au cours de la période de 2016 à 2019Note . La diminution des heures travaillées au premier trimestre de 2020 a tendance à être plus élevée dans les industries dont la productivité était relativement faible au cours des années antérieures. Par exemple, les industries des services d’hébergement de restauration et celles des arts, spectacles et loisirs, lesquelles affichent une productivité relativement faible, ont enregistré au premier trimestre des baisses marquées des heures travaillées. Cela entraînerait un effet important de redistribution associé à une modification de la composition des heures travaillées des industries ayant une productivité relativement basse par rapport aux industries ayant une productivité relativement élevée. Selon une analyse de la variation des parts relatives, cet effet de redistribution positif au premier trimestre de 2020 était à l’origine d’environ 30 % de la croissance de la productivité du travail au cours du trimestre. Le 70 % restant de la croissance de la productivité du travail au premier trimestre découle de hausses de la productivité au travail dans les industries dont les parts d’heures travaillées demeurent constantes.

Les données sur la baisse généralisée de la production réelle dans les entreprises canadiennes présentées dans cette étude concordent avec celles de l’Enquête canadienne sur la situation des entreprises (ECSE), laquelle portait sur les répercussions qu’a eues la COVID-19 sur les entreprises au Canada (Statistique Canada, 2020b). Selon les résultats de l’ECSE, près de la moitié des entreprises ont déclaré que leurs revenus au premier trimestre de 2020 avaient baissé de plus de 20 % par rapport à leurs revenus au même trimestre l’année précédente.

Les estimations présentées concernent uniquement l’aspect production de l’économie, et non l’aspect demande, qui aura également des répercussions sur l’activité économique des entreprises canadiennes. De plus, la pandémie de COVID-19 aura aussi, sans aucun doute, une incidence sur les dépenses et les habitudes de consommation. Les entreprises pourraient diriger leurs investissements vers de nouvelles méthodes et technologies, comme l’intelligence artificielle, le commerce électronique et les technologies vertes. Il est aussi probable que les exportations soient également touchées.

L’analyse future mettra l’accent sur l’effet des perturbations subies par la chaîne de valeur mondiale, qui posent de grands risques pour la croissance des petites et des grandes entreprises. Elle peut être réalisée au moyen des tableaux des ressources et des emplois élargis pour estimer l’incidence de la baisse des exportations et de la production sur l’activité économique des entreprises.

Références

Leung, D., L. Rispoli, et B. Gibson. 2011. Les petites, moyennes et grandes entreprises dans l’économie canadienne : mesure de leur contribution au produit intérieur brut en 2005. Série de documents de recherche sur l’analyse économique, no 069. Produit no 11F0027M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa : Statistique Canada.

Baldwin, J. R., D. Leung, et L. Rispoli. 2013. Différences de productivité du travail au Canada selon les catégories de taille d’entreprise, 2002 à 2008. La revue canadienne de productivité, no 032. Produit no 15-206-X au catalogue de Statistique Canada. Ottawa : Statistique Canada.

Balk, Bert M. 2019. « Consistency Issues in the Construction of Annual and Quarterly Productivity Indices ». International Productivity Monitor 37, 2019.

Cross, P., et D. Wyman. 2011. « La relation entre les taux de croissance mensuels, trimestriels, et annuels ». L’Observateur économique canadien. Statistique Canada.

Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDE). 2019. Principales statistiques relatives aux petites entreprises. Ottawa, Canada.

Statistique Canada. 2020a. « Produit intérieur brut, revenus et dépenses, premier trimestre de 2020 » et « Produit intérieur brut par industrie, mars 2020 ». Le Quotidien, 29 mai 2020.

Statistique Canada. 2020b. « Enquête canadienne sur la situation des entreprises : les répercussions de la COVID-19 sur les entreprises au Canada, mars 2020 ». Le Quotidien, 29 avril 2020.


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